no 21 à 40

21.    22 février 1904 — Le grand cadeau d'une âme victime. Audio

Ce matin, me trouvant dans mon état habituel, quand j'ai vu mon Jésus béni, j'ai aussi vu des personnes qui souffraient. Je priai Jésus de les libérer de leurs souffrances, même au prix de me faire souffrir à leur place. Jésus me dit: «Si tu veux souffrir, tu peux le faire pendant que tu es victime. Mais, après, quand la victime s'en viendra au Ciel, ta ville et même les gouvernants verront le vide qui s'ensuivra. Oh! combien ils reconnaîtront alors le grand bien que je leur avais donné en leur donnant une âme victime!»

22.    12 février 1904 — Luisa parle avec quelques prêtres au sujet de l'église de San Cataldo. Audio

J'avais oublié de mentionner ce que je vais maintenant écrire par obéissance, bien qu'il ne s'agisse pas de choses certaines, car il manquait la présence de Notre-Seigneur.

Je me trouvais hors de mon corps et il me semblait que j'étais à l'intérieur d'une église où il y avait plusieurs vénérables prêtres et, avec eux, des âmes du purgatoire et de saintes personnes en train de discuter au sujet de l'église de San Cataldo. Ils disaient presque avec certitude que nous allions obtenir ce que nous voulions. Moi, en entendant cela, j'ai dit: «Comment cela se peut-il? L'autre jour, le bruit courrait que le Chapitre avait perdu la cause. Il n'est donc pas possible de l'obtenir par le moyen du tribunal. La municipalité ne veut pas l'accorder et vous dites qu'elle sera obtenue?»

Ils dirent: «Malgré toutes ces difficultés, la cause n'est pas perdue. Et même s'ils arrivent à lever la main pour la démolir, on ne pourra pas dire que la cause est perdue, parce que saint Cataldo saura bien défendre son temple. Pauvre Corato, s'ils arrivaient à faire cela!»

Ils poursuivirent: «Les premiers objets ont été rapportés. La Vierge couronnée est déjà transportée dans sa maison. Toi, va devant la Madone et prie-la pour qu'elle achève de nous accorder la grâce qu'elle a commencé de nous obtenir.» Je suis sortie de cette église pour aller prier, mais, pendant ce temps, je me suis retrouvée dans mon corps.

23.    4 mars 1904 — L'âme doit vivre dans les hauteurs. On ne peut nuire à l'âme qui vit dans les hauteurs. Audio

Je me trouvais très affligée et souffrante à cause de la perte de mon bon Jésus. Dès que je l'ai vu, il m'a dit: «Ma fille, ton âme doit chercher à imiter le vol de l'aigle, c'est-à-dire, elle doit chercher à se maintenir dans les hauteurs, au-dessus de toutes les choses basses de cette terre. Elle doit se maintenir si haut qu'aucun ennemi ne puisse l'atteindre, car l'âme qui vit dans les hauteurs peut atteindre ses ennemis, mais ceux-ci ne peuvent l'atteindre.

«Non seulement elle doit vivre dans les hauteurs, mais elle doit essayer d'avoir la pureté et l'acuité visuelle de l'aigle. En vivant dans les hauteurs, par l'acuité de sa vue, elle pourra pénétrer les choses divines, non d'une manière passagère, mais en les ruminant jusqu'à en faire sa nourriture de prédilection et en méprisant toute autre chose.

«Elle saura aussi pénétrer dans les nécessités des autres, ne craignant pas de descendre parmi eux pour leur faire du bien et, s'il le faut, pour leur donner sa vie. À travers la pureté de son regard, elle saura faire de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain un seul amour, rectifiant tout pour Dieu. Telle doit être l'âme qui veut me plaire.»

24.    5 mars 1904 — La croix est pour l'âme assignation, avocat et juge pour la prise de possession du Royaume éternel. Audio

Ce matin, je me sentais très souffrante en plus d'être affligée de l'absence de mon Jésus. Après m'être donné beaucoup de peine, Jésus est venu brièvement et m'a dit:

«Ma fille, les souffrances et les croix sont des assignations à comparaître que j'envoie à l'âme. Si elle accepte ces assignations (par exemple un avertissement d'acquitter une dette ou de faire une acquisition pour la vie éternelle) en se résignant à ma Volonté, en me rendant grâce et en adorant mes saintes dispositions, nous sommes immédiatement d'accord, et elle évitera de nouvelles assignations, avec implication d'avocats, pour finalement subir la condamnation du juge.

«Si l'âme répond avec résignation et action de grâce, cela suppléera à tout parce que la croix lui servira d'assignation, d'avocat et de juge sans qu'elle ait besoin d'autre chose pour parvenir à la possession du Royaume éternel. Au contraire, si l'âme n'accepte pas l'assignation, penses-y toi-même, dans quel abîme de malheurs et d'embarras elle se jette, et quelle sera la rigueur du juge dans sa condamnation pour avoir rejeté la croix? La croix comme juge est beaucoup plus indulgente, plus compatissante, plus inclinée à enrichir l'âme plutôt que de la juger, plus inclinée à l'embellir plutôt qu'à la condamner.»

25.    12 mars 1904 — Menaces de guerre. Toute l'Europe sur les épaules de Luisa. Audio

Comme Luisa était malade, je lui ai imposé de dicter. (1) Ne pouvant désobéir, c'est avec grande répugnance qu'elle m'a dicté ce qui suit:

Comme j'étais très souffrante, je m'étais plainte à Notre-Seigneur parce qu'il ne m'avait pas emmenée avec lui au Ciel. Jésus béni m'a dit: «Ma fille, courage dans ta souffrance! Ne t'afflige pas du fait que je ne t'ai pas encore emmenée au Ciel. Il faut que tu saches que toute l'Europe repose sur tes épaules et que son avenir, bon ou mauvais, dépend de tes souffrances. Si tu demeures forte et constante dans la souffrance, les choses qui arriveront seront plus supportables. Mais si tu n'es pas forte et constante dans la souffrance, ou si je t'emmène au Ciel, les choses seront tellement graves que l'Europe sera menacée d'invasion et d'être saisie par des étrangers.»

Jésus m'a aussi dit: «Si tu demeures sur la terre et que tu souffres beaucoup avec désir et constance, tout ce qui arrivera de châtiments en Europe servira à faire triompher l'Église. Et si l'Europe n'en profite pas, elle restera obstinée dans le péché et tes souffrances te serviront de préparatif à ta mort sans que l'Europe en ait profité.»


(1) C'est le directeur spirituel de Luisa, le Père Gennaro de Gennari, qui parle ici.  

26.    14 mars 1904 — Jésus demande le silence à Luisa parce qu'il veut châtier. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel. Après m'être donné beaucoup de peine, Jésus béni est sorti de mon intérieur et, comme je voulais lui parler, il mit son doigt sur ma bouche en me disant: «Tais-toi, tais-toi.» Je fus mortifiée de cela et je n'osai pas ouvrir la bouche. En me voyant aussi mortifiée, il ajouta: «Ma très chère fille, à cause de la nécessité des temps, il faut garder le silence; si tu me parles, ta parole me liera les mains et je ne parviendrai jamais à châtier comme il convient, et nous devrons toujours recommencer. Par conséquent, il est nécessaire qu'entre toi et moi il y ait un long moment de silence.» Pendant qu'il disait cela, il sortit un écriteau sur lequel était écrit: «Décret: fléaux, souffrances et guerres.» Puis, il disparut.

27.   16 mars 1904 — La véritable résignation ne scrute pas les choses, mais elle adore en silence les dispositions divines. La croix est festive, joyeuse et désirable. Audio

Ce matin, me trouvant dans mon état habituel, je me suis trouvée sur les épaules d'une personne qui semblait vêtue comme un agneau. Elle avançait d'un pas lent. En avant d'elle, il y avait une espèce de voiture qui avançait plus vite. Dans mon intérieur, je me suis dit: «Cette personne avance lentement et je voudrais aller à l'intérieur de cette voiture qui avance plus vite.»

Je ne sais pas pourquoi, mais, dès que j'ai pensé à cela, je me suis trouvée à l'intérieur de cette voiture avec des gens qui m'ont dit: «Qu'as-tu fait? Pourquoi as-tu laissé le Pasteur? Ce Pasteur, puisque sa vie se passe dans les champs, possède toutes les herbes médicinales, salutaires ou nocives. En restant avec lui, on peut toujours être en bonne santé. Si on le voit vêtu comme un agneau, c'est pour qu'il ressemble aux agneaux afin que ceux-ci s'approchent de lui sans crainte. Et, s'il marche lentement, c'est parce que cela est plus sécuritaire

En entendant cela, je me suis dit: «Puisqu'il en est ainsi, je voudrais être auprès de lui afin de lui parler de ma maladie.» À cet instant même, je l'ai trouvé tout près de moi. Tout heureuse, je lui ai dit à l'oreille: «Bon Pasteur, si tu es si expert, donne-moi quelque chose pour mes maux, je suis dans un si grand état de souffrance! Comme je voulais parler davantage, il m'a coupé la parole en disant: «La véritable résignation — pas une résignation imaginaire — ne scrute pas les choses, mais elle adore en silence les dispositions divines.» Pendant qu'il disait cela, une ouverture se fit dans sa toison de mouton et je vis le visage de Notre-Seigneur avec sa tête couronnée d'épines.

Ne sachant pas quoi dire, je gardai le silence, contente d'être auprès de lui. Il dit: Tu as oublié de dire à ton confesseur une autre chose au sujet de la croix.» J'ai dit: «Mon adorable Seigneur, je ne me souviens pas. Répète-la-moi et je la dirai.» Il me dit: «Ma fille, parmi les nombreux fruits de la croix, il y a la joie. En effet, quand on reçoit un cadeau, que fait-on? On fait un festin, on se réjouit, on est content. Puisque la croix est le cadeau le plus précieux et le plus noble, et qu'il est fait par la personne la plus grande et la plus unique qui soit, c'est ce cadeau qui plaît le plus et apporte le plus de joie, comparativement à tous les autres cadeaux que l'on puisse recevoir. Tu peux toi-même mentionner d'autres fruits de la croix.»

Je répondis: «Comme tu le dis, on peut dire que la croix est festive, radieuse, joyeuse et désirable.» Il répliqua: «Bien! tu as bien parlé! Cependant, l'âme n'arrive à expérimenter ces effets que quand elle est parfaitement résignée à ma Volonté et m'a tout donné d'elle, sans rien retenir. Et moi, pour ne pas me faire surpasser en amour par la créature, je lui donne tout de moi, y compris la croix. L'âme, en la reconnaissant comme un don de moi, fait la fête et se réjouit.»

28.     20 mars 1904 — Tout découle de la foi. Audio

Ce matin, je me sentais toute découragée et aigrie par la perte de mon adorable Jésus. Pendant que je me trouvais dans cet état, il me fit entendre sa très douce voix en disant: «Tout découle de la foi. Celui qui est fort dans la foi est fort dans la souffrance. La foi fait trouver Dieu partout, le fait voir dans chaque action. Tout ce qui se présente est pour l'âme une nouvelle révélation divine. Donc, sois forte dans la foi, car si tu es forte dans la foi dans tous les états et circonstances, la foi t'administrera des forces et fera en sorte que tu sois toujours unie à Dieu.»

29.   9 avril 1904 — Un acte de parfaite résignation suffit pour que l'âme soit purifiée de toute imperfection involontaire. Audio

Ce matin, je devais recevoir la sainte Eucharistie et la pensée suivante vint à mon esprit: «Que dira mon bien-aimé Jésus quand il viendra dans mon âme? Il dira: "Comme cette âme est laide, mauvaise, froide et abominable!" Et il fera se consumer les espèces rapidement pour ne pas demeurer en contact avec cette âme si laide. "Mais que veux-tu de moi? Malgré que je suis si mauvaise, tu dois pourtant avoir la patience de venir parce que, de toute façon, j'ai besoin de toi et je ne peux pas me passer de toi."»

Pendant ce temps, Jésus sortit de mon intérieur et me dit: «Ma fille, il ne faut pas t'affliger de cela. Il ne faut pas grand-chose pour y remédier. Il te suffit d'un acte parfait de résignation à ma Volonté pour pouvoir être purifiée de toutes ces bêtises dont tu parles. Et moi je te dirai le contraire de ce que tu penses. Je te dirai: «Comme tu es belle! Je sens en toi le feu de mon amour et le parfum de mes fragrances. Je veux faire ma demeure perpétuelle en toi.» Ensuite, il disparut.

Quand mon confesseur vint, je lui racontai tout. Il me répondit que ce que je disais n'était pas exact parce que c'est la souffrance qui purifie l'âme et que la résignation n'a aucun rapport avec cela. Donc, après avoir reçu la communion, j'ai dit à Jésus: «Seigneur, le Père m'a dit que ce que tu m'as dit n'est pas exact. Explique-toi mieux et fais-moi connaître la vérité.» Avec bienveillance, Jésus me dit: «Ma fille, quand on parle de péchés volontaires, alors il faut la souffrance. Mais quand on parle d'imperfections, de faiblesses, de froideur ou autres, où l'âme n'a rien mis d'elle-même, alors un acte de parfaite résignation suffit. Alors, au besoin, l'âme est purifiée, car, en faisant cet acte, l'âme rencontre ma Divine Volonté qui purifie la volonté humaine et l'embellit de ses qualités. Ensuite l'âme s'identifie avec moi.»

30.   10 avril 1904 — Trois titres lient complètement l'âme de Luisa à Jésus : souffrances assidues, réparations perpétuelles, amour persévérant. Audio

Ce matin, j'étais habitée par la crainte que, en me voyant encore si mauvaise, Jésus béni me laisse. Alors, je le sentis sortir de mon intérieur et il me dit: «Ma fille, pourquoi te préoccupes-tu de pensées inutiles et de choses inexistantes? Sache que tu as trois titres qui, comme trois petites cordes, te lient complètement à moi de sorte que je ne peux te laisser. Ces titres sont: souffrances assidues, réparations perpétuelles et amour persévérant. Si, en tant que créature, tu persistes en cela, le Créateur pourra-t-il être moins que sa créature en se laissant surpasser par elle? Cela est impossible.»

31.   11 avril 1904 — Jésus remercie Luisa. Audio

J'étais dans mon état habituel. Après m'être donné beaucoup de peine, j'ai vu brièvement mon adorable Jésus. Il m'a dit: «Toi qui me voulais tant, qu'est-ce que tu veux? de quoi te soucies-tu le plus?» J'ai répondu: «Seigneur, je ne veux rien; mon principal souci, c'est toi seul.» Jésus reprit: «Comment, tu ne veux rien? Demande-moi quelque chose: la sainteté, ma grâce, les vertus, car je peux tout te donner.»

De nouveau, j'ai dit: «Rien, rien! Je ne veux que toi seul, de même que tout ce que tu veux.» Jésus poursuivit: «Donc, tu ne veux rien de plus? Moi seul te suffis? Tes désirs n'ont pas d'autre vie en toi que moi seul? Alors, toute ta confiance doit être en moi seul, parce que, même si tu ne veux rien, tu obtiendras tout.» Puis, il disparut comme un éclair.

Je restai très peinée, surtout parce que, même si je le lui demandais de toutes mes forces, il ne revenait pas. Je me suis dit: «Moi, je ne veux rien, je ne m'occupe que de lui, et il semble que lui ne se soucie aucunement de moi. Je ne comprends pas comment son bon Coeur peut en arriver à cela?» Et je me disais beaucoup d'autres sottises de ce genre.

Alors, il est revenu et m'a dit: «Merci, merci! Qu'est-ce qui est le plus grand? Que le Créateur remercie la créature ou que la créature remercie le Créateur? Sache que, quand tu m'attends et que je retarde mon arrivée, je te remercie. Quand je viens immédiatement, c'est toi qui es obligée de me remercier. Ça te semble donc peu de choses que ton Créateur se mette dans la situation de te remercier?» Moi, je suis restée toute confuse.

32.    12 avril 1904 — La paix est le plus grand trésor. Audio

Ce matin, je me sentais perturbée à cause de l'absence de Jésus béni. Après m'être beaucoup battue, il s'est montré brièvement et m'a dit: «Ma fille, quand un fleuve est exposé aux rayons du soleil, en le regardant, on voit le même soleil que celui qui est dans le ciel. Mais cela arrive quand le fleuve est calme, sans qu'aucun vent ne vienne troubler ses eaux. Mais, si les eaux sont troublées, malgré que le fleuve soit totalement exposé au soleil, on ne voit rien, tout est confus.

Il en va ainsi pour l'âme exposée aux rayons du Soleil divin. Si elle est calme, elle aperçoit le Soleil divin en elle, elle sent sa chaleur, elle voit sa lumière et elle comprend la vérité. Mais, si elle est troublée, bien qu'elle ait le Soleil divin en elle, elle n'éprouve rien d'autre que de la confusion et du trouble. Si donc tu as à coeur de demeurer unie à moi, garde ta paix comme ton plus grand trésor.»

33.    14 avril 1904 — Si l'âme donne à Dieu la nourriture d'un amour patient, Dieu donnera à l'âme le doux pain de sa grâce. Audio

Je poursuis dans mon état habituel, mais toujours avec une immense amertume dans mon âme à cause de la privation de mon Jésus béni. Il vient au plus quand je n'en peux plus et après que je me sois presque persuadée qu'il ne viendra plus.

Quand je l'ai vu, il portait un calice dans sa main. Il m'a dit: «Ma fille, en plus de la nourriture de l'amour, donne-moi aussi le pain de ta patience, parce que l'amour patient et souffrant est une nourriture plus substantielle et plus fortifiante. S'il n'est pas patient, l'amour est léger et sans substance. Si tu me donnes cela, je te donnerai le doux pain de ma grâce.»

Pendant qu'il disait cela, il m'a donné à boire ce qui se trouvait à l'intérieur du calice qu'il tenait dans sa main. C'était comme une liqueur douce que je ne puis identifier. Puis, il disparut.

Par la suite, je vis autour de mon lit beaucoup de personnes étrangères: des prêtres et des laïcs hommes et femmes qui semblaient être venus me visiter. Plusieurs de ces personnes dirent à mon confesseur: «Rends-nous compte de cette âme, de tout ce que le Seigneur lui a manifesté, de toutes les grâces qu'il lui a données, car le Seigneur nous a dit que, en 1882 (≃1865 + 16ans), il avait choisi une victime et que le signe pour la reconnaître était qu'il l'a maintenue jusqu'à ce jour dans l'état de jeune femme dans lequel elle se trouvait quand il l'a choisie, sans qu'elle soit affectée par le vieillissement.»

Pendant que ces personnes disaient cela, je ne sais comment, je me suis vue telle que j'étais quand je me suis couchée sur mon lit, même après toutes ces années dans cet état de souffrance.

34.   16 avril 1904 — Jésus et Dieu le Père parlent sur la miséricorde. Audio

Étant dans mon état habituel, je me suis trouvée hors de mon corps et j'ai vu une multitude de gens à un endroit où on entendait des bruits de bombes et des coups de fusil. Des personnes tombaient mortes ou blessées, et celles qui restaient fuyaient vers un palais avoisinant, mais leurs ennemis les poursuivaient et les tuaient toutes.

Je me suis dit: «Comme j'aimerais que le Seigneur soit là pour leur dire: «Ayez pitié de ces pauvres gens.» Je me suis mise à sa recherche et je l'ai trouvé sous la forme d'un petit enfant, mais il grandit peu à peu jusqu'à l'atteinte de l'âge parfait. Alors, je me suis approchée de lui et je lui ai dit: «Aimable Seigneur, ne vois-tu pas la tragédie qui se passe? Tu ne veux donc plus user de ta miséricorde? Peut-être considères-tu comme inutile cet attribut qui a toujours tant glorifié ta Divinité incarnée et qui formait une couronne spéciale sur ton auguste tête, qui était aussi coiffée d'une autre couronne que tu voulais et aimais tant, une couronne d'âmes?»

Pendant que je disais cela, Jésus me dit: «Ça suffit, ça suffit! Ne va pas plus loin! Tu veux parler de la miséricorde? Et la justice, qu'en ferons-nous? Je te l'ai dit et je te le redis: il est nécessaire que la justice suive son cours.» Je répondis: «Donc, il n'y a pas de remède. Alors, pourquoi me laisser sur cette terre, puisque je ne peux plus t'apaiser ni souffrir à la place de mon prochain? S'il en est ainsi, il est préférable que tu me fasses mourir.»

Pendant ce temps, je vis une autre personne derrière les épaules de Jésus béni. Jésus me dit en me faisant signe des yeux: «Présente-toi à mon Père et vois ce qu'il te dira.» Toute tremblante, je me suis présentée. Dès qu'il m'a vue, il m'a dit: «Pourquoi es-tu venue à moi?» Je répondis: «Bonté adorable, Miséricorde infinie, en sachant que tu es la miséricorde même, je suis venue pour te demander la miséricorde, la miséricorde pour tes propres images, la miséricorde pour les oeuvres que tu as créées, la miséricorde pour tes créatures.»

Dieu le Père me répondit: «Donc, c'est la miséricorde que tu veux. Mais, si tu veux la vraie miséricorde, c'est après que la justice se sera déversée que la miséricorde produira des fruits grands et abondants.» Ne sachant quoi répondre, je dis: «Père infiniment saint, quand les serviteurs et les gens dans le besoin se présentent devant leur maître ou devant des gens riches, si ceux-ci sont bons, même s'ils ne donnent pas tout ce qui est nécessaire, ils donnent toujours quelque chose. Et moi qui ai fait le bon geste de me présenter devant toi, le Maître absolu, la Richesse sans limites, la Bonté infinie, ne vas-tu pas donner à cette pauvresse que je suis quelque chose de ce qu'elle t'a demandé? Le maître n'est-il pas plus honoré et plus content quand il donne plutôt que quand il refuse ce qui est nécessaire à ses serviteurs?»

Après un moment de silence, le Père dit: «Par amour pour toi, je ferai "cinq" au lieu de "dix".» Ayant dit cela, le Père et le Fils disparurent. Alors, en beaucoup de lieux sur la terre, surtout en Europe, je vis se multiplier les guerres, les guerres civiles et les révolutions.

35.    21 avril 1904 — Les créatures qui ont le titre de victime peuvent lutter avec la justice. Audio

En poursuivant dans mon état habituel, il m'a semblé qu'il y avait autour de mon lit des personnes qui priaient Notre-Seigneur, mais je ne portais pas attention à ce qu'elles voulaient. Je portais seulement attention au fait qu'il était tard et que Jésus ne s'était pas encore montré. Oh! comme mon coeur se tourmentait en craignant qu'il ne vienne pas. Je me disais: «Seigneur béni, nous sommes à la dernière heure et tu n'es pas encore venu; de grâce, épargne-moi cette peine, fais-toi au moins voir.»

Pendant que je disais cela, Jésus sortit de mon intérieur et dit à ceux qui étaient autour de moi: «Il n'est pas permis aux créatures de lutter avec ma justice; cela est seulement permis à celles qui ont le titre de victime. Non seulement il leur est permis de lutter avec ma justice, mais il leur est aussi permis de jouer avec ma justice. Et cela, parce que, quand on lutte ou qu'on joue, on subit facilement des coups, des défaites et des pertes, et la victime est prête à recevoir les coups, à se résigner dans les défaites et dans les pertes, sans porter attention à ses pertes ou à ses souffrances, mais seulement à la gloire de Dieu et au bien du prochain. Si je veux m'apaiser, j'ai ici ma victime qui est prête à lutter et à recevoir sur elle toute la fureur de ma justice.»

On voit bien que les personnes autour de mon lit priaient pour apaiser le Seigneur. Je fus mortifiée et amère en entendant ces paroles de Notre-Seigneur.

36.    26 avril 1904 — L'habit ne fait pas le moine. Audio

Ce matin, étant hors de mon corps, je me suis trouvée avec l'Enfant Jésus dans les bras. Nous étions entourés de plusieurs prêtres et autres personnes dévotes, dont plusieurs se laissaient aller à la vanité, au luxe et à la mode. Il me semble qu'ils se disaient entre eux le vieux proverbe: «L'habit ne fait pas le moine.»

Jésus béni me dit: «Ma bien-aimée, oh! que je me sens spolié de la gloire que me doivent les créatures et qu'elles me refusent avec impudence, même celles qui se disent dévotes!» En entendant cela, je dis à l'Enfant Jésus: «Cher Petit de mon coeur, 🙏 récitons trois Gloria Patri avec l'intention de donner à la Divinité toute la gloire que lui doivent les créatures. Ainsi, tu recevras un peu de réparation.» Jésus dit: «Oui, oui, récitons-les.» Et nous les avons récités ensemble. 🙏 Ensuite, nous avons récité un Ave Maria avec l'intention de donner à la Reine Mère toute la gloire que lui doivent les créatures.

Oh! comme il était bon de prier avec Jésus béni! Je me sentais tellement bien que je lui dis: «Mon Bien-Aimé, comme je voudrais faire ma profession de foi dans tes mains en récitant avec toi le Credo!» Jésus répondit: «🙏 Tu réciteras le Credo seule parce que c'est à toi de le faire et non pas à moi. Tu le diras au nom de toutes les créatures afin me donner plus de gloire et d'honneur.»

Alors, je plaçai ma main dans celle de Jésus et récitai le Credo. Ensuite, Jésus béni me dit: «Ma fille, il me semble que je me sens soulagé et que les noirs nuages de l'ingratitude humaine, surtout ceux des dévots, se sont éloignés. Ah! ma fille, les actions extérieures des créatures pénètrent grandement en leur intérieur en plaçant un vêtement sur leur âme; et quand la touche divine arrive à l'âme, celle-ci ne la sent pas vivement parce que des vêtements sales la recouvrent; alors, comme elle n'éprouve pas la vivacité de la grâce, celle-ci est soit rejetée, soit infructueuse.

Oh! qu'il est difficile de rechercher les plaisirs et le luxe extérieurement et de mépriser ces choses intérieurement! Ma fille, vois par toi-même la douleur de mon Coeur de voir en ces temps mes grâces rejetées par toutes sortes de gens. Alors que la vie de mes créatures provient totalement de moi et que toute ma consolation est de les assister, elles repoussent mon aide. Toi, viens partager mes souffrances et compatis à mon amertume.»

Ayant dit cela, il disparut. Et je suis restée tout affligée par les souffrances de mon adorable Jésus.

37.   29 avril 1904 — La vie divine se manifeste à travers les paroles, les oeuvres et les souffrances, mais c'est à travers les souffrances qu'elle se manifeste le plus. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, je me suis trouvée entourée de trois vierges qui me prirent et voulaient me crucifier de force. Mais comme je n'avais pas vu Jésus béni, toute craintive, je leur résistai.

Voyant ma résistance, elles me dirent: «Très chère petite soeur, ne crains pas à cause du fait que notre Époux ne soit pas là; laisse-nous commencer à te crucifier et, attiré par la vertu de tes souffrances, le Seigneur viendra. Nous venons du Ciel et, comme nous avons vu les très graves maux qui doivent survenir en Europe, nous sommes venues pour te faire souffrir afin qu'ils soient atténués.»

Alors, elles me transpercèrent les mains et les pieds avec des clous, mais avec une telle cruauté que j'ai cru que j'allais mourir. Pendant que je souffrais, Jésus béni vint. Me regardant d'un oeil sévère, il me dit: «Qui t'a commandé de te plonger dans ces souffrances? À quoi me sers-tu alors? À m'empêcher d'être libre de faire ce que je veux, et à être un continuel obstacle à ma justice?» Je me suis dit intérieurement: «Que veut-il de moi? Je ne voulais pas cela non plus. C'est elles qui m'ont incité et il s'en prend à moi!» Mais je ne pouvais pas parler à cause de la douleur.

En voyant la sévérité de Notre-Seigneur, ces vierges me firent souffrir davantage en retirant et en replantant les clous, et elles m'approchèrent de Jésus en lui montrant mes souffrances. Plus je souffrais, plus il semblait que Jésus s'apaisait. Quand elles l'ont vu plus apaisé et presque attendri par mes souffrances, elles partirent et me laissèrent seule avec Notre-Seigneur. Alors, Jésus m'assista et, pour m'encourager, il me dit: «Ma fille, ma vie se manifeste à travers les paroles, les oeuvres et les souffrances, mais c'est à travers les souffrances qu'elle se manifeste le plus.»

À ce moment, mon confesseur vint pour m'appeler à l'obéissance. En partie à cause de mes souffrances et en partie parce que le Seigneur ne me laissait pas, j'étais incapable d'obéir. Alors, je me suis plainte à mon Jésus en lui disant: «Seigneur, comment se fait-il que mon confesseur soit ici à cette heure? Pourquoi est-il venu si tôt?» Jésus me répondit: «Je veux qu'il soit avec nous pour quelque temps, et aussi qu'il participe à mes grâces. Quand quelqu'un fréquente une maison continuellement, il participe à ses pleurs et à ses joies, à sa pauvreté et à ses richesses. Il en est ainsi du confesseur. N'a-t-il pas participé à tes mortifications et à tes privations? Maintenant, il participe à ma présence.»

Il me sembla que Jésus le fit participer à sa force divine en lui disant: «La vie de Dieu dans l'âme est l'espérance et, plus l'âme espère, plus il y a de vie divine en elle. Et comme la vie divine comporte la puissance, la sagesse, la force, l'amour, etc., ainsi l'âme se sent arrosée comme par autant de ruisseaux qu'il y a de vertus divines. Ainsi, la vie divine continue de croître en elle. Mais, si elle n'espère pas dans le domaine spirituel, et aussi dans le domaine corporel — car le domaine corporel participe aussi —, la vie divine ira en s'amenuisant jusqu'à ce qu'elle s'éteigne complètement. Par conséquent, espère, espère toujours.»

Alors, avec difficulté, je reçus la sainte communion. Ensuite, je me suis trouvée hors de mon corps et je vis trois hommes ayant la forme de chevaux sauvages qui se déchaînaient sur l'Europe en faisant beaucoup de massacres. Il semblait qu'ils voulaient impliquer une grande partie de l'Europe dans des guerres féroces, comme à l'intérieur d'un filet. Tous tremblaient à la vue de ces démons incarnés et beaucoup périssaient.

38.   1er mai 1904 — L'oeil qui se délecte uniquement des choses du Ciel a la vertu de voir Jésus, tandis que l'oeil qui se délecte des choses de la terre a la vertu de voir les choses de la terre. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel et j'étais en train de penser à Notre-Seigneur au moment où il est arrivé au Calvaire, au moment où il a été dévêtu, et au moment où il a été abreuvé de fiel. Je lui disais: «Mon adorable Seigneur, je ne vois sur toi que des vêtements de sang et de plaies; pour ton goûter et ton plaisir, que du fiel et de l'amertume; pour ton honneur et ta gloire, que de la confusion, des opprobres et la croix. De grâce, après avoir tant souffert, 🙏 fais que je regarde les choses de la terre comme rien d'autre que des excréments et de la boue, que je ne trouve de plaisir qu'en toi seul, et que mon honneur ne soit rien d'autre que la croix.»

Se faisant voir, Jésus me dit: «Ma fille, si tu avais fait autrement, tu aurais perdu la pureté de ton oeil; il y aurait eu un voile devant ta vue t'empêchant de me voir. En fait, l'oeil qui se délecte uniquement des choses du Ciel a la vertu de me voir, tandis que l'oeil qui se délecte des choses de la terre a la vertu de voir les choses de la terre, car, en voyant les choses autrement que ce qu'elles sont, c'est ainsi qu'on les aime.»

39.   28 mai 1904 — La mortification renverse tout et immole tout à Dieu. Audio

Poursuivant dans mon état habituel, je vivais une très grande amertume à cause de la privation continuelle de mon adorable Jésus. Se faisant voir, il me dit: «Ma fille, la première bombe que l'on doit faire exploser dans l'âme, c'est la mortification. Quand cette bombe est lancée dans l'âme, elle renverse tout et immole tout à Dieu. Dans l'âme, c'est comme s'il y avait beaucoup de palais, mais des palais remplis de vices tels que l'orgueil, la désobéissance, etc. Renversant tout dans l'âme, la bombe de la mortification y construit autant d'autres palais, mais des palais de vertus, immolant tout et sacrifiant tout à la gloire de Dieu.» Ayant dit cela, Jésus disparut.

Peu de temps après, le démon vint pour me molester. Sans prendre peur, je lui ai dit: «Pourquoi veux-tu me molester? Si tu veux me montrer combien tu es courageux, prend une tige et bas-moi jusqu'à ce que je n'aie plus une goutte de sang, à condition que chaque goutte de sang que je perdrai soit une preuve d'amour, de réparation et de gloire que je donnerai à mon Dieu.» Il me dit: «Je n'ai pas de tige avec moi pour te battre et, si je vais en chercher une, tu ne m'attendras pas.» Je répondis: «Vas-y, je t'attendrai ici.»

Ainsi, il est parti et je suis restée avec l'intention ferme de l'attendre. Mais, à ma grande surprise, j'ai vu qu'il avait rencontré un autre démon et qu'ils se disaient: «C'est inutile d'y retourner; pourquoi la battre si cela doit causer notre perte? Il est bon de faire souffrir celui qui ne veut pas souffrir, car il pourrait offenser Dieu. Mais, avec celui qui veut souffrir, nous nous faisons du mal par nos propres mains.» Le démon n'est donc pas revenu, et j'en fus contrariée.

40.  30 mai 1904 — La Passion de Jésus sert de vêtement à l'homme. L'orgueil transforme en démons les images de Dieu. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel et j'étais en train de méditer et d'offrir la Passion de Notre-Seigneur, surtout son couronnement d'épines. Je priais Jésus pour qu'il donne la lumière aux esprits aveugles et qu'il se fasse connaître, car il est impossible de connaître Jésus et de ne pas l'aimer. Alors, mon adorable Jésus sortit de mon intérieur et me dit:

«Ma fille, que de ruines l'orgueil fait dans les âmes! Il forme un mur entre la créature et Dieu, et il transforme mes images en démons. Si cela t'afflige tant que les créatures soient aveugles au point de ne pas comprendre et de ne pas voir l'abîme dans lequel elles se trouvent, et si cela te tient tant à coeur que je les aide, ma Passion sert de vêtement à l'homme pour couvrir ses grandes misères, pour l'embellir et lui rendre tous les biens qu'il a perdu par le péché. Je t'en fais le don afin que tu t'en serves pour toi et pour ceux que tu veux.»

En entendant cela, une grande crainte m'envahit. Vu la grandeur du don, je craignais de ne pas savoir l'utiliser et, par conséquent, de déplaire au Donateur. Je dis à Jésus: «Seigneur, je ne me sens pas la force d'accepter un tel don. Je suis totalement indigne d'une telle faveur. Il vaut mieux que tu en disposes toi-même, toi qui es tout et qui connais tout. Toi seul sais à qui il convient d'appliquer ce si précieux vêtement. Pauvre moi, qu'est-ce que je connais? S'il est nécessaire qu'il soit appliqué à quelqu'un et que je ne le fasse pas, quel compte sévère ne me demanderas-tu pas?»

Jésus me répondit: «Ne crains pas. Le Donateur te donnera la grâce de ne pas rendre ce don inutile. Crois-tu que je peux te faire un don pour te faire du tort? Non, jamais!»

Je n'ai pas su quoi répondre tout en demeurant épouvantée et en suspens, et je me proposai d'écouter ce que me dira dame obéissance. Il va sans dire que ce vêtement n'est rien d'autre que tout ce que Notre-Seigneur a opéré, tout ce qu'il a mérité et tout ce qu'il a souffert, à la suite de quoi la créature reçoit ce vêtement pour couvrir sa nudité dépouillée de vertus, reçoit la richesse pour s'enrichir, la beauté pour se rendre belle, et le remède à tous ses maux. Ayant rapporté cela à dame obéissance, elle m'a dit d'accepter.