no 41 à 60

41.   3 juin 1904 — Pour celui qui se laisse dominer par la croix, celle-ci détruit dans l'âme trois royaumes qui sont le royaume du monde, le royaume du démon et le royaume de la chair. Elle y construit trois autres royaumes qui sont le royaume spirituel, le royaume divin et le royaume éternel. Audio

Ce matin, comme Jésus béni ne venait pas, je me sentais tout opprimée et fatiguée. Quand il vint, il me dit: «Ma fille, n'accepte pas de te fatiguer de souffrir, mais agis plutôt comme si, à chaque nouvelle heure, tes souffrances commençaient. En fait, si l'âme se laisse dominer par la croix, celle-ci détruit en elle trois mauvais royaumes qui sont le royaume du monde, le royaume du démon et le royaume de la chair, et elle y construit trois bons royaumes qui sont le royaume spirituel, le royaume divin et le royaume éternel.» Ensuite, Jésus disparut.

42.   6 juin 1904 — Il faut du courage, de la fidélité et une très grande attention pour suivre ce que la Divinité opère en nous. Audio

Me trouvant dans mon état habituel, mon Jésus se fit voir brièvement dans mon intérieur, d'abord seul et, ensuite, accompagné des deux autres Personnes divines, tous trois dans un profond silence. En leur présence, je continuais mon travail intérieur habituel, et il semblait que le Fils s'unissait à moi, alors que, pour ma part, je ne faisais que le suivre. Tout n'était que silence et, dans ce silence, je ne faisais rien d'autre que de m'identifier avec Dieu. Tout mon intérieur, mes affections, mes battements de coeur, mes désirs et mes respirations devenaient de profonds actes d'adoration à la Majesté suprême.

Après avoir passé quelque temps dans cet état, il me sembla que les trois Personnes divines parlaient, mais d'une seule voix. Elles disaient: «Notre fille bien-aimée, il te faut du courage, de la fidélité et une très grande attention pour suivre ce que la Divinité opère en toi, car, tout ce que tu fais, ce n'est pas toi qui le fais, tu ne fais rien d'autre que de donner ton âme comme résidence à la Divinité. Il t'arrive comme à une pauvre femme qui n'a pour habitation qu'une masure que le roi lui demande pour y habiter, et que la femme accorde au roi en faisant tout ce qu'il veut. Alors, par le fait que le roi habite cette masure, celle-ci est remplie de richesses, de noblesse, de gloire et de tous les biens. Mais, à qui tout cela appartient-il? Au roi. Et si le roi quitte cette masure, que reste-t-il à la pauvre femme? Il ne lui reste que sa pauvreté.»

43.  10 juin 1904 — Jésus parle de la beauté de l'homme. Audio

Je poursuivais dans mon état habituel et, dès que mon adorable Jésus vint, il me dit tout triste et tout souffrant: «Ah! ma fille, si l'homme se connaissait lui-même, comme il se garderait de se souiller par le péché! Car sa beauté, sa noblesse et sa spécificité sont si grandes que toutes les beautés et toute la diversité des choses créées sont englobées en lui. En effet, toutes les autres choses de la nature ont été créées pour le service de l'homme, et lui, il devait être supérieur à toutes. En conséquence, il devait posséder en lui toutes les qualités des autres choses créées. Comme toutes les autres choses furent créées pour l'homme et que celui-ci fut créé uniquement pour Dieu, pour faire ses délices, non seulement l'homme devait-il englober en lui tout le créé, mais il devait le surpasser au point d'être l'image de la Majesté suprême. Cependant, insouciant de tous ces biens, l'homme ne fait que se souiller des plus laides saletés.» Ensuite, Jésus disparut.

Je compris qu'il nous arrive à nous comme à une pauvre personne qui a reçu un vêtement en tissu d'or enrichi de pierres précieuses. Comme elle connaît peu ce genre de choses et ne connaît pas sa valeur, elle laisse ce vêtement exposé à la poussière, le salit facilement et le considère comme un vêtement de peu de valeur, de sorte que si on vient à le lui enlever, elle en souffre peu ou pas du tout. Tel est notre aveuglement en regard de nous-mêmes.

44.  15 juin 1904 — La créature n'est rien d'autre qu'un petit récipient rempli de parcelles divines. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel. Dès qu'il vint, Jésus me dit: «Ma fille bien-aimée, la créature m'est si chère et je l'aime tant que si elle comprenait cela, son coeur éclaterait d'amour. En la créant, je ne l'ai faite autre qu'un petit récipient rempli de parcelles divines: elle possède des parcelles de tout mon Être — attributs, vertus, perfections — selon la capacité que je lui ai donnée. Et cela, afin que je puisse trouver en elle des petites notes correspondant à mes notes et, ainsi, pouvoir parfaitement me délecter et m'amuser avec elle.

«Quand l'âme traite avec les choses matérielles et les laisse entrer dans son petit récipient rempli de divin, quelque chose de divin sort d'elle et quelque chose de matériel entre en elle: quel affront pour la Divinité et quel mal pour l'âme! Il faut faire très attention à ne pas laisser entrer dans l'âme des choses matérielles, s'il s'avère nécessaire de traiter avec elles. Toi, ma fille, sois attentive. Autrement, si je vois en toi des choses qui ne sont pas divines, je ne me ferai plus voir par toi.

45.  17 juin 1904 — La consommation de la volonté humaine en Dieu unit l'âme à Dieu et place la puissance divine entre ses mains. Audio

Ce matin, après m'être bien battue, Jésus béni est venu et m'a dit: «Ma fille, vois tout ce que l'on dit au sujet des vertus et de la perfection. Cependant, tout cela aboutit à un seul point: la consommation de la volonté humaine en Dieu. Ainsi, plus la créature est consumée en Dieu, plus on peut dire qu'elle contient tout et qu'elle est parfaite.

«Les vertus et les bonnes oeuvres sont des clés qui ouvrent les trésors divins à la créature et lui font acquérir plus d'amitié, d'intimité et de commerce avec Dieu. Cependant, seule la consommation [de sa volonté humaine en Dieu] fait d'elle une seule chose avec Dieu et met à sa disposition la puissance divine.

45b.  19 juin 1904   [Extrait manquant du tome6] —  Jésus parle de châtiments.  Audio

Me trouvant dans mon état habituel, j’ai senti mon adorable Jésus près de moi qui me disait: «Ma fille, dans quelle étape douloureuse l'Église est-elle sur le point de d'entrer? En ces temps, toute la gloire appartient à ces esprits qui, ne prenant pas soin des chaînes et des douleurs, ne font que briser le chemin épineux qui sépare la société et Dieu".

Puis, il a ajouté: «Il y a une soif de sang humain chez l'homme. Lui de la terre, et moi du ciel, nous contribuerons par des tremblements de terre, des incendies, des ouragans, des malheurs, pour en faire mourir une bonne partie".

46.   20 juin 1904 — Les âmes victimes sont les "filles de la miséricorde". Audio

Après m'être donné beaucoup de peine, Jésus béni est venu et m'a dit: «Ma fille, la perfidie humaine est arrivée au point d'épuiser ma miséricorde. Cependant, ma bonté est si grande qu'elle constitue les "filles de la miséricorde", afin que cet attribut ne soit pas épuisé. Il s'agit des âmes victimes qui sont en pleine possession de la Divine Volonté après avoir détruit leur propre volonté. Le récipient que j'ai donné à ces âmes en les créant est pleinement actif et, ayant reçu une parcelle de ma miséricorde, elles l'administrent au profit des autres. Bien entendu, pour ce faire, ces âmes doivent être dans la justice.»

J'ai dit: «Seigneur, qui peut prétendre être dans la justice?» Il me répondit: «Celui qui ne commet pas de péchés graves et s'abstient de commettre volontairement même les plus petits péchés véniels.»

47.    29 juin 1904 — Le signe pour reconnaître que Dieu se retire de l'homme. Audio

Ce matin, me trouvant dans mon état habituel, mon adorable Jésus se fit voir brièvement et me dit: «Ma fille, le signe que ma justice ne peut plus supporter l'homme et est sur le point d'envoyer de graves châtiments, c'est quand l'homme ne peut plus se supporter lui-même. En effet, rejeté par l'homme, Dieu se retire de lui et lui fait ressentir tout le poids de sa nature, du péché et des misères. Et l'homme, incapable de supporter ce poids sans l'aide divine, cherche une façon de se détruire. C'est l'état dans lequel se trouve la présente génération.»

48.    14 juillet 1904 — La vie est une consommation continuelle. Audio

Mes journées sont de plus en plus douloureuses à cause de la privation presque continuelle de mon adorable Jésus. Je ne sais pas comment, mais je sens que mon âme, et même mon corps, sont consumés à cause de cette séparation. Quel supplice dévorant! Mon seul et unique réconfort est la Volonté de Dieu, parce que, si j'ai tout perdu, y compris Jésus, seule la Volonté de Dieu, sainte et douce, demeure en mon pouvoir. Aussi, ressentant que mon corps se fait lui aussi dévorer, je me réjouis à la pensée qu'il ne prendra pas trop de temps à fondre et, par conséquent, qu'un jour ou l'autre, le Seigneur m'appellera à lui, ce qui mettra fin à cette si dure séparation.

Ce matin, après beaucoup de lutte — oh! quelle lutte! — Jésus est venu brièvement et m'a dit: «Ma fille, la vie est une consommation continuelle. L'un la consume pour les plaisirs, un autre pour les créatures, un autre pour pécher, un autre pour ses intérêts personnels, quelques-uns pour leurs caprices. Il y a toutes sortes de consommations. Celui qui se consume tout en Dieu pourra dire avec certitude: "Seigneur, ma vie s'est consumée dans l'amour pour toi. Non seulement je me suis consumé, mais je suis mort uniquement pour ton amour." C'est pourquoi, si tu te sens continuellement consumée à cause de ta séparation de moi, tu peux dire que tu meurs continuellement en moi et que tu subis beaucoup de morts par amour pour moi. Si tout ton être se consume pour moi, si grande soit cette consommation, autant tu acquiers de divin en toi.»

49.   22 juillet 1904 — La stabilité révèle que la vie divine progresse dans l'âme. Audio

Je poursuivais dans mon état habituel. Dès que Jésus béni vint, il me ditMa fille, quand l'âme se propose de ne pas pécher ou de faire quelque bien, mais n'agit pas selon cette décision, c'est que ses résolutions n'ont pas été prises avec sa volonté entière et que la lumière divine n'a pas eu de vrai contact avec son âme. En fait, quand la volonté est sincère et que la lumière divine lui fait connaître le mal à éviter ou le bien faire, l'âme n'a pas de peine à mettre en pratique ce qu'elle s'est proposé.

«D'un autre côté, si la lumière divine ne décèle pas de stabilité dans l'âme, elle ne lui envoie pas la lumière nécessaire pour l'aider à éviter telle chose ou à faire telle autre. Il pourrait bien y avoir des moments de malchance ou d'abandon chez la créature et aussi des moments où elle voudrait changer de vie, mais, immédiatement, sa volonté humaine change. En somme, au lieu d'une véritable bonne volonté, il y a un mélange de passions s'activant selon les vents. La stabilité révèle le progrès de la vie divine dans l'âme, car, puisque Dieu est immuable, celui qui possède Dieu partage son immuabilité dans le bien.»

50.    27 juillet 1904 — Tout doit être scellé dans l'amour. Audio

Je me trouvais dans mon état habituel quand mon adorable Jésus sortit de mon intérieur. Il me tenait la tête soulevée parce que j'étais très fatiguée de l'avoir attendu si longtemps. Il me dit: «Ma fille, pour celui qui m'aime véritablement, tout ce qui lui arrive, intérieurement ou extérieurement, revient au même parce qu'il vit tout dans la Divine Volonté. De tout ce qui lui arrive, rien ne l'inquiète, puisqu'il regarde tout comme venant de la Divine Volonté. Pour lui, tout est consumé dans la Divine Volonté; son centre et son but sont uniquement elle. Il se meut toujours en elle comme à l'intérieur d'un cercle, sans jamais trouver le chemin pour en sortir. Il fait d'elle sa nourriture continuelle.» Cela dit, Jésus disparut.

Plus tard, il revint et ajouta: «Ma fille, fais en sorte que, pour toi, tout soit scellé dans l'amour. Si tu penses, tu dois penser dans l'amour; si tu parles, si tu opères, si ton coeur palpite, si tu désires, tu dois faire tout cela dans l'amour. Même pour un seul désir qui se présente et qui n'est pas amour, restreins-le à être amour; ensuite, laisse-le aller.» Pendant qu'il disait cela, il me semble qu'il toucha tout mon être avec sa main en y plaçant beaucoup de sceaux d'amour.

51.  28 juillet 1904 — L'âme détachée de tout ressent, contemple et embrasse Dieu. Audio

Ce matin, me trouvant dans mon état habituel, Jésus béni vint brièvement et me dit: «Ma fille, quand l'âme est détachée de tout, elle trouve Dieu en toute chose. Elle le trouve en elle-même, elle le trouve en dehors d'elle, elle le trouve dans les créatures, de sorte qu'on peut dire que toute chose se transforme en Dieu pour l'âme détachée de tout. Non seulement elle trouve Dieu, mais elle le contemple, le ressent et l'embrasse. Comme elle le trouve en tout, tout lui donne l'occasion de l'adorer, de le prier, de lui rendre grâce, de s'attacher plus intimement à lui. Cela dit, tes lamentations à cause de mes absences ne sont pas tout à fait raisonnables. Si tu me ressens dans ton intérieur, c'est signe que je suis non seulement à l'extérieur de toi, mais aussi à l'intérieur de toi, comme dans mon propre centre.»

Au début, j'ai oublié de dire que c'est la Maman Reine qui m'a amené Jésus. Et comme je le priais afin qu'il ne me laisse pas privée de lui, il m'a répondu par ce que je viens d'écrire.

52.   29 juillet 1904 — La foi fait connaître Dieu, mais la confiance le fait trouver. Audio

Je poursuivais dans mon état habituel. Dès que j'ai vu mon adorable Jésus, je lui ai dit: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Jésus répliqua: «Dieu, Dieu, Dieu seul! Ma fille, la foi fait connaître Dieu, mais la confiance le fait trouver, de sorte que la foi sans la confiance est une foi stérile. Bien que la foi possède d'immenses richesses pour enrichir l'âme, si la confiance est absente, la foi reste toujours pauvre et dépourvue de tout.»

Pendant qu'il disait cela, je me sentais attirée en Dieu et je restais absorbée en lui comme une gouttelette d'eau dans l'immense océan. En le regardant, je ne voyais aucune frontière, ni en hauteur ni en largeur; le ciel et la terre, les âmes bienheureuses et les âmes pèlerines étaient tout immergées en Dieu.

Je voyais aussi des guerres comme celle entre la Russie et le Japon (1), les milliers de soldats qui mouraient ou allaient mourir, bien que, de par la justice, la victoire appartiendra au Japon. Et j'ai vu des nations européennes comploter des guerres, même contre d'autres nations d'Europe. Mais qui pourrait dire tout ce que j'ai vu de Dieu et en Dieu? Voilà pourquoi je m'arrête ici.

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(1): [ La guerre russo-japonaise se déroule du 8 février 1904 au 5 septembre 1905. Elle oppose l'Empire russe à l'empire du Japon, lequel, victorieux, gagna par le traité de Portsmouth la péninsule du Guandong et la moitié méridionale de l'île de Sakhaline. Asa]

53.    30 juillet 1904 — Le détachement que doivent avoir les prêtres.  Audio

Ce matin, Jésus béni ne venait pas et moi, me trouvant hors de mon corps, j'allais et venais à la recherche de mon suprême et unique Bien. Comme je ne le trouvais pas, mon âme se sentait mourir à chaque instant. Ce qui augmentait mon tourment, c'était que, pendant que je me sentais mourir, je ne mourais pas. Si j'avais pu mourir, j'aurais atteint mon but de me trouver pour toujours dans mon centre qui est Dieu.

Oh ! séparation, comme tu es amère et douloureuse! Il n'y a pas de souffrance qui puisse se comparer à toi. Oh ! divine privation, tu consumes et transperces, tu es une épée à double tranchant qui coupe d'un côté et brûle de l'autre! La souffrance que tu donnes est immense, aussi immense que Dieu est immense.

Pendant que je me déplaçais en errant, je me suis trouvée dans le purgatoire. Mes douleurs et mes pleurs semblaient augmenter la souffrance de ces pauvres âmes privées de leur Vie qui est Dieu. Parmi elles, il semblait y avoir plusieurs prêtres, dont un qui semblait souffrir plus que les autres. Il me dit: «Mes graves souffrances proviennent du fait que, dans ma vie, j'ai été très attaché aux intérêts de ma famille, aux choses terrestres et un peu à quelques personnes. Cela fait beaucoup de tort à un prêtre, au point de lui former une cuirasse de fer couverte de boue qui l'enveloppe comme un vêtement, et seuls le feu du purgatoire et le feu de la privation de Dieu — comparé au second, le premier disparaît¹ — peuvent détruire cette cuirasse. Oh! comme je souffre; mes souffrances sont indicibles! Prie, prie pour moi!» Quant à moi, je me sentis encore plus tourmentée et je revins dans mon corps.

Plus tard, je vis comme une ombre de Jésus béni. Il me dit: «Ma fille, que cherches-tu? Pour toi, il n'y a aucun autre soulagement et secours que moi seul.» Ensuite, il disparut comme un éclair. Je me suis dit: «Ah! il me dit que lui seul est tout pour moi et, pourtant, il a le courage de me laisser sans lui!»

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😇 ¹ En comparaison, le feu de la privation de Dieu est plus souffrant que le feu du purgatoire. 

54.   31 juillet 1904 — La volonté humaine falsifie et profane même les œuvres les plus saintes. Audio

Poursuivant dans mon mauvais état, il me semble que mon Jésus est venu plus d'une fois et que je l'ai vu comme un enfant entouré comme d'une ombre. Il m'a dit: «Ma fille, ne ressens-tu pas la fraîcheur de mon ombre? Reste en elle et tu te sentiras rafraîchie.» Il me sembla que nous nous reposions ensemble dans son ombre et que, tout près de lui, je me sentais totalement revigorée. Il poursuivit en disant: «Ma bien-aimée, si tu m'aimes, je ne veux pas que tu regardes à l'intérieur ou à l'extérieur de toi, ou que tu te demandes si tu as chaud ou si tu as froid, si tu fais beaucoup ou peu de choses, si tu souffres ou si tu te réjouis. Tout cela doit être détruit en toi et tu dois seulement t'interroger pour savoir si tu fais tout ce que tu peux pour moi et si tu fais tout pour me plaire. Les autres choses, aussi élevées, sublimes ou valeureuses, ne peuvent me plaire ou contenter mon amour. 

«Oh! combien d'âmes falsifient la vraie dévotion et profanent les œuvres les plus saintes avec leur volonté propre, en se recherchant toujours elles-mêmes. Même dans les choses saintes, si on recherche sa propre manière, son propre goût et sa satisfaction personnelle, si on se trouve soi-même, on s'éloigne de Dieu et on ne le trouve pas.»

55.   4 août 1904 — L'état des bienheureux dans le Ciel a un rapport avec la façon dont ils se sont comportés avec Dieu sur la terre. Audio

Ce matin, quand il est venu, Jésus béni me transporta hors de mon corps et, me tenant par la main, il me conduisit sous la voûte des cieux, d'où on pouvait voir les bienheureux. On entendait leurs chants. Oh! comme ils nageaient en Dieu! On voyait leur vie en Dieu et la vie de Dieu en eux, ce qui semblait être l'essentiel de leur félicité. Il me sembla aussi que chaque bienheureux est un nouveau ciel dans cette demeure bénie — chaque ciel distinct des autres — en conformité avec la manière dont il s'était comporté avec Dieu sur la terre.

Quelqu'un a-t-il cherché à aimer Dieu davantage sur la terre? Il l'aimera davantage dans le Ciel et recevra de Dieu un amour toujours nouveau et grandissant. Tel autre a-t-il cherché à glorifier Dieu davantage sur la terre? Dieu béni lui donnera une gloire toujours grandissante, une gloire calquée sur la gloire divine. Et ainsi de suite pour toutes les autres façons de se comporter avec Dieu sur la terre.

On peut donc dire que ce qu’on fait pour Dieu sur la terre, nous le continuerons dans le Ciel, mais avec une plus grande perfection. Autrement dit, le bien que nous faisons sur la terre n'est pas temporaire, mais il durera éternellement et il resplendira continuellement devant Dieu et autour de nous.

Oh! comme nous serons heureux de voir que la gloire que nous donnerons à Dieu, et aussi notre propre gloire, viendront de ce bien minime réalisé d'une façon bien imparfaite sur la terre. Si tous pouvaient voir cela, oh! comme ils s’efforceraient davantage d'aimer le Seigneur, de le louer, de lui rendre grâce, etc., afin de pouvoir le faire avec une plus grande intensité dans le Ciel. Mais, qui peut tout dire? Il me semble que je suis en train de dire beaucoup de sottises sur ce bienheureux séjour. Mon esprit en garde l'idée, mais ma bouche ne trouve pas les mots. Cela dit, je poursuis.

Jésus me transporta ensuite sur la terre. Oh! que les malheurs de la terre sont horribles en ces tristes temps! Pourtant, il semble que ce ne soit rien comparé à ce qui va venir, autant du côté laïque que du côté religieux. Il semble qu’on réduira en lambeaux notre bonne et sainte mère l'Église ainsi que ses enfants.

Ensuite, Jésus me ramena dans mon corps en me disant: «Dis-moi un peu, ma fille, ce que je suis pour toi? » Je répondis: «Tout, tu es tout pour moi, rien n'entre en moi sauf toi seul!» Jésus poursuivit: «Moi, je suis tout pour toi, il n'y a rien de toi qui ne sorte de moi, je trouve toutes mes délices en toi. Ainsi, par ce que je suis pour toi, tu peux voir ce que tu es pour moi.» Cela dit, Jésus disparut.

56.     5 août 1904 — Jésus est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Audio

Poursuivant dans mon état habituel, Jésus est venu brièvement en se présentant comme Roi et Seigneur de toutes choses. Il avait une couronne royale sur la tête et un sceptre de commande à la main. Il m'a dit en latin (j'écris ce que j'ai pu comprendre): «Ma fille, je suis le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. À moi seul reviennent les hommages royaux que les créatures me doivent. En ne me les rendant pas, elles ne me reconnaissent pas comme Créateur et Maître de tout.»

Pendant que Jésus disait cela, il semblait tenir le monde dans sa main. Il le tournait et le retournait dans le but que les créatures se soumettent à son autorité et à sa royauté. Je vis aussi comment Notre-Seigneur gouvernait et dominait sur mon âme avec une maîtrise telle que je me sentais totalement immergée en lui. Il gouvernait mon esprit, mes affections et mes désirs comme par un courant électrique. Jésus dirigeait tout et gouvernait sur tout.

57.    6 août 1904 — La privation de Jésus est une souffrance de feu qui enflamme, consume et anéantit. Elle vivifie et constitue la vie divine. Audio

La matinée s'est déroulée dans une grande amertume à cause de la privation de mon suprême et unique Bien. J'étais hors de mon corps. Ma souffrance était si grande que ce que je trouvais en moi, je voulais le détruire parce que je le voyais comme un empêchement à trouver Dieu, mon tout. N'y arrivant pas, je criais, je pleurais et je courais plus vite que le vent. Je voulais tout bouleverser, tout mettre sens dessus dessous pour trouver la vie qui me manquait.

Oh! privation, comme ton amertume est grande et toujours nouvelle! Cette amertume étant toujours nouvelle, l'âme éprouve toujours de nouveau ta souffrance. C'est comme si une chair se séparait en de nombreux lambeaux, lesquels se débattent pour leur vie, cette vie qu'ils ne peuvent trouver que s'ils trouvent Dieu qui est plus que leur vie. Qui pourrait décrire l'état dans lequel je me trouvais?

Pendant ce temps, les saints, les anges et les âmes du purgatoire accoururent et firent une couronne autour de moi. Ils m'empêchaient de courir, compatissaient avec moi et m'assistaient. Cela était inutile pour moi parce que je ne trouvais pas celui qui seul pouvait alléger ma souffrance et me restituer la vie. En pleurant, je criais plus fort: «Dites-moi où je puis le trouver. Si vous voulez avoir pitié de moi, ne tardez pas à me le montrer. Je n'en peux plus!»

Après cela, Jésus sortit du fond de mon âme en feignant de dormir et de ne pas se préoccuper de mon pauvre état. Malgré qu'il ne se préoccupait pas de moi et qu'il dormait, seulement à le voir, je respirais sa vie comme on respire l'air. Je dis: «Ah! il est avec moi!» Cependant, je n'étais pas libérée de ma douleur; il ne me prêtait même pas attention. Par après, il se réveilla et me dit: «Ma fille, les autres tribulations peuvent servir de pénitences, d'expiations et de satisfactions, mais seulement la privation [de moi] est une souffrance de feu qui enflamme, consume, anéantit et ne s'arrête que quand la vie humaine est détruite. En consumant, elle vivifie et constitue la vie divine.»

58.   7 août 1904  — Les premiers à persécuter l'Église seront les religieux. Audio

Étant dans mon état habituel, je me suis trouvée entourée d'anges et de saints qui m'ont dit: «Il est nécessaire que tu souffres davantage à cause des choses qui sont sur le point d'arriver contre l'Église. Si ces choses n'arrivent pas maintenant, elles viendront avec le temps, mais avec plus de modération et moins d'offenses à Dieu.»

J'ai dit: «La souffrance est-elle en mon pouvoir? Si le Seigneur me donne la souffrance, je souffrirai volontiers.» À ce moment, ils m'ont saisie et conduite devant le trône de Notre-Seigneur pour qu'il me fasse souffrir. Venant à notre rencontre sous la forme du Crucifié, Jésus béni me partagea ses souffrances. Durant presque toute la matinée, j'ai subi des renouvellements de la crucifixion.

Ensuite, Jésus m'a dit: «Ma fille, les souffrances détournent ma juste indignation et renouvellent la lumière de la grâce dans les esprits humains. Ah! ma fille, crois-tu que ce sont les laïques qui seront les premiers à persécuter mon Église? Ah! non, ce seront les religieux, les chefs eux-mêmes! Présentement, ils prétendent être des fils, des pasteurs, mais, en réalité, ils sont des serpents venimeux qui s'empoisonnent eux-mêmes et empoisonnent les autres. Ils commenceront à déchirer cette bonne Mère l'Église et, par après, les laïques suivront.»

Ensuite, l'obéissance m'ayant appelée, le Seigneur s'est retiré rempli d'amertume.

59.    8 août 1904 — Il faut chercher Jésus à l'intérieur de soi et non à l'extérieur. Tout doit être enfermé dans un seul mot : amour. Celui qui aime Jésus est un autre Jésus. Audio

Tandis que je continuais de lutter, mon adorable Jésus vint brièvement. Bien que je le sentais près de moi et que j'essayais de le saisir, il m'échappait et m'empêchait presque d'aller hors de mon corps à sa recherche. Après avoir beaucoup lutté, il se fit voir juste un peu et me dit: «Ma fille, ne me cherche pas à l'extérieur de toi, mais en toi, dans les profondeurs de ton âme, parce que si tu vas à l'extérieur et que tu ne me trouves pas, tu souffriras beaucoup et seras incapable de le supporter. Si tu peux me trouver plus facilement, pourquoi veux-tu lutter davantage?» Je lui dis: «C'est parce que je pense que quand je ne te trouve pas immédiatement en moi, je peux te trouver à l'extérieur. C'est l'amour qui me pousse à faire ainsi.»

Jésus reprit: «Ah! c'est l'amour qui te pousse à cela? Tout, tout doit être enfermé dans un seul mot: amour. L'âme qui n'enferme pas tout dans l'amour, on peut dire qu'elle ne comprend rien à l'art de m'aimer. À mesure que l'âme m'aime davantage, le cadeau de la souffrance grandit en elle.»

Tout étonnée et affligée, j'interrompis Jésus et lui dis: «Ma Vie et mon Bien suprême, parce que je souffre peu ou que je ne souffre pas du tout, alors je t'aime peu ou je ne t'aime pas du tout? Je suis effrayée par la seule pensée que je ne t'aime pas. Mon âme en ressent un vif mécontentement et je me sens presque offensée par toi!»

Jésus répondit: «Je n'ai pas l'intention de te décevoir; ta déception pèserait sur mon Coeur plus que sur le tien. De plus, tu ne dois pas regarder seulement les souffrances corporelles, mais aussi les souffrances spirituelles ainsi que ton désir de souffrir. Si l'âme désire vraiment souffrir, pour moi, c'est comme si elle souffrait. Donc, calme-toi et ne sois pas inquiète, et laisse-moi continuer à te parler.

«N'as-tu jamais observé deux amis intimes? Oh ! comme chacun cherche à imiter l'autre et à le reproduire en lui-même! Chacun reproduit la voix, les manières, les pas, les oeuvres, les vêtements de l'autre, de sorte qu'il peut dire: "Celui qui m'aime est un autre moi-même et, ainsi, je ne peux pas faire autrement que de l'aimer."

«C'est ainsi que je fais avec l'âme qui m'enferme complètement en elle comme dans un petit cercle d'amour. Je me sens totalement reproduit en elle et, en me retrouvant en elle, je l'aime de tout mon Coeur. Je ne peux pas faire autrement que de demeurer avec elle parce que, si je la laissais, je me laisserais moi-même.» Pendant qu'il disait cela, il disparut.

60.    9 août 1904 — Ce n'est pas par les œuvres que vient le mérite de l'homme, mais uniquement par l'obéissance à la Divine Volonté. Audio

Après s'être fait attendre, Jésus vint brièvement comme un éclair, et je me suis trouvée intérieurement et extérieurement totalement remplie de lumière. Je suis incapable de dire ce que mon âme a expérimenté et compris dans cette lumière. Je vais seulement dire ce que Jésus béni m'a dit par la suite: «Ma fille, ce n'est pas par les œuvres que vient le mérite de l'homme, mais uniquement par l'obéissance à la Divine Volonté. Tellement que, tout ce que j'ai fait et tout ce que j'ai souffert au cours de ma vie se réalisa par obéissance à la Volonté du Père.

«Mes mérites sont incommensurables parce qu'ils furent tous obtenus à travers l'obéissance divine. Je ne regarde pas tant la multiplicité et la grandeur des œuvres, mais plutôt leur rapport avec l'obéissance à Dieu, soit directement, soit indirectement à travers l'obéissance à la personne qui me représente.»