📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Audio  du tome 3 (IG)  


Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 3


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française de — Book of Heaven 

par l'équipe de bénévoles de Guy Harvey

Le Tome 3 ne contient pas de titres. Les titres ici sont ceux du site Italien ou ceux du site Lumen Luminis, selon le cas qui semble le plus approprié.

1.   1er novembre 1899  — L'Église est dans un bien triste état de décrépitude. Pour la soutenir, Luisa accepte d'être une victime. Cet état se terminera par une terrible purification, après quoi émergera son plus grand triomphe, et la paix. Audio

Alors que j'étais dans mon état habituel, je me suis soudainement trouvée hors de mon corps, à l'intérieur d'une église. Là, il y avait un prêtre qui célébrait le Sacrifice divin. Il pleurait amèrement et disait: «La colonne de mon Église n'a pas d'endroit où se reposer!» 

Pendant qu'il disait cela, j'ai vu une colonne dont le sommet touchait le ciel. À la base de cette colonne, se trouvaient des prêtres, des évêques, des cardinaux et d'autres dignitaires. Ils soutenaient la colonne. J'observais de très près. À ma surprise, j'ai vu que, parmi ces personnes, l'une était très faible, une autre à moitié putréfiée, une autre infirme, une autre couverte de boue. Très peu étaient en condition pour soutenir la colonne. En conséquence, cette pauvre colonne vacillait. Elle ne pouvait rester ferme à cause des coups qu'elle recevait au bas. 

À son sommet se tenait le Saint-Père qui, avec des chaînes d'or et des rayons émanant de toute sa personne, faisait tout ce qu'il pouvait pour stabiliser la colonne et pour attacher et éclairer les personnes qui se trouvaient plus bas (bien que quelques-unes s'échappaient pour être plus libres de pourrir ou de devenir plus boueuses). Il s'efforçait aussi d'attacher et d'éclairer le monde entier. 

Comme je regardais tout cela, le prêtre qui célébrait la messe (je pense que c'était Notre- Seigneur, mais je n'en suis pas sûre) m'appela près de lui et me dit:  «Ma fille, regarde dans quel piteux état se trouve mon Église! Ces personnes mêmes qui devraient la soutenir, la démolissent. Ils la frappent et vont jusqu'à la diffamer. Le seul remède pour moi est de faire couler beaucoup de Sang pour en former comme un bain afin de pouvoir laver cette boue putride et guérir ces blessures profondes. Lorsque, par ce Sang, ces personnes seront guéries, fortifiées et belles, elles pourront être des instruments capables de maintenir mon Église stable et ferme.» Et il ajouta: «Je t'ai appelée pour te demander si tu veux être une victime et, ainsi, être une tutrice pour supporter cette colonne en ces temps si incorrigibles.» 

En premier lieu, j'ai senti un frisson me traverser, car j'avais peur de ne pas avoir la force. Ensuite, je me suis offerte et je me suis vue entourée de plusieurs saints, anges et âmes du purgatoire qui, avec des fouets et d'autres instruments, me tourmentaient. Au début, j'ai eu peur. Par la suite, plus je souffrais, plus mon désir de souffrir augmentait, et je goûtais la souffrance comme un très doux nectar. Et il me vint cette pensée: «Qui sait? Peut-être que ces douleurs seront un moyen de consumer ma vie et de m'amener à prendre mon dernier envol vers mon unique Bien!» 

Mais après avoir subi de dures souffrances, j'ai vu, à mon grand regret, que ces souffrances ne consumaient pas ma vie. Ô Dieu, quelle douleur de constater que cette fragile chair m'empêche de m'unir à mon éternel Bien! 

Puis j'ai vu un massacre sanglant sur les gens qui étaient au bas de la colonne. Quelle horrible catastrophe! Ceux qui ne furent pas victimes étaient très peu nombreux. L'audace des ennemis alla aussi loin que de tenter de tuer le Saint-Père! 

Ensuite, il me sembla que ce sang versé et ces victimes constituaient le moyen de rendre forts ceux qui restaient, de telle manière qu'ils devinrent aptes à soutenir la colonne sans qu'elle vacille. Ah! que d'heureux jours se levèrent par la suite! Des jours de triomphe et de paix. La face de la terre sembla renouvelée. La colonne acquit son lustre et sa splendeur première. À distance, je salue ces heureux jours qui vont donner tant de gloire à l'Église et tant d'honneur à ce Dieu qui en est la tête! 

2.   3 novembre 1899 — Jésus plaisante avec Luisa; sa Divinité habite habituellement en elle.  Audio

Ce matin, mon aimable Jésus vint et me transporta hors de mon corps à l'intérieur d'une église, puis il me laissa là, seule. Me trouvant en présence du Très Saint Sacrement, je fis mon adoration coutumière. Ce faisant, j'étais tout yeux pour voir si je n'apercevrais pas mon doux Jésus. Justement, je l'ai vu sur l'autel sous la forme d'un enfant qui m'appelait de ses gracieuses petites Mains. Qui aurait pu décrire mon contentement? J'ai volé vers lui et, sans autre pensée, je l'ai serré dans mes bras et je l'ai embrassé. 

Mais pendant ces simples gestes, il prit un aspect sérieux, me montra qu'il n'appréciait pas mes baisers et commença à me repousser. Cependant, ne prêtant pas attention à cela, je continuai et lui dis: «Mon cher Amour, l'autre jour tu voulus te manifester à moi avec des baisers et des embrassades et je t'ai accordé toute liberté. Aujourd'hui, c'est moi qui veux me manifester à toi. Ah! accorde-moi la liberté de le faire!» 

Cependant, il continuait de me repousser. Voyant que je ne cessais pas, il disparut. Qui pourrait dire combien je fus mortifiée et anxieuse quand je me suis retrouvée en mon corps? Un peu plus tard, il revint. Comme je désirais lui demander pardon pour mes impertinences, il me pardonna en me manifestant sa tendresse. Il me dit en m'embrassant: «Délice de mon coeur, ma Divinité habite en toi continuellement. Comme tu inventes de nouvelles choses pour faire mes délices, ainsi je veux faire envers toi.» Ainsi, j'ai compris que c'était une blague qu'il m'avait faite. 

3.   4 novembre 1899 — Pour discerner si c'est le Seigneur ou le diable qui intervient dans l'âme, il faut regarder les effets internes.   Audio

Mon Jésus ne s'étant pas présenté ce matin, le démon a essayé de se montrer à moi en prenant l'aspect de Jésus. N'ayant pas perçu les effets habituels, j'ai commencé à avoir des doutes. Je me suis signée, puis j'ai tracé le signe de la croix sur lui. Se voyant signé, le démon trembla. Je l'ai immédiatement repoussé, sans le regarder. 

 Un peu plus tard, mon cher Jésus vint. Mais, ayant peur que ce soit encore l'esprit malin, j'ai essayé de le repousser en invoquant l'aide de Jésus et de Marie. Pour me rassurer, Jésus me dit: «Ma fille, pour détecter si c'est moi ou non, ton attention doit se porter sur les effets intérieurs que tu ressens, en te demandant s'ils te poussent à la vertu ou au vice car, étant vertu, ma Nature ne peut communiquer à mes enfants rien d'autre que des choses vertueuses.» 

4.   6 novembre 1899 — Luisa s'offre comme victime, pour apaiser le Seigneur de punir le peuple, mais Jésus l'en empêche. L'importance de ne plaire qu'au Seigneur. Audio

Mon adorable Jésus me transporta hors de mon corps et me montra des rues remplies de chair humaine. Quel carnage! Je suis horrifiée rien que d'y penser. Il me montra quelque chose qui était arrivé dans les airs; beaucoup moururent soudainement. Cela se passait dans le mois de mars

Selon mon habitude, je l'ai prié de garder son calme et de protéger ses propres images de tourments si cruels et de guerres si sanglantes. Comme il portait sa couronne d'épines, je la lui ai prise et l'ai placée sur ma propre tête, dans le but de l'apaiser. Mais, à mon grand chagrin, j'ai vu que presque toutes les épines étaient restées cassées sur sa Tête très sainte, de sorte qu'il n'en restait que très peu pour me faire souffrir

Jésus se montra sévère, sans presque m'accorder d'attention. Il me ramena dans mon lit, et je me suis vue les bras étendus et souffrant les douleurs de la crucifixion. Il prit mes bras, les croisa et les attacha avec une petite corde dorée. Sans chercher à comprendre la signification de cela, et pour briser son air sévère, je lui dis: «Mon très doux Amour, je t'offre les gestes de mon corps, gestes que toi-même as faits, et tous les autres gestes que je pourrai faire dans le seul but de te plaire et de te glorifier. Ah oui! je désire que les mouvements de mes paupières, de mes lèvres et de tout mon être soient faits uniquement pour te plaire! Accorde, ô bon Jésus, que tous mes os et mes nerfs témoignent continuellement de mon amour pour toi!» 

Il me dit: «Tout ce qui est fait dans le but de me plaire uniquement brille tellement devant moi qu'il attire mon divin Regard. J'aime tant ces actes, même si ce n'est que de bouger une paupière, que je leur donne la valeur qu'ils auraient si je les faisais moi-même. Au contraire, les actes bons en eux-mêmes, et même grands, qui ne sont pas faits pour moi seul, sont comme des ors rouillés, éclaboussés, qui ne brillent pas; je ne leur accorde même pas un regard!» 

Alors je dis: «Ah! Seigneur! Comme il est facile à la poussière de souiller nos actions!» Et Jésus reprit: «On ne doit pas remarquer la poussière car elle sera secouée. Ce qu'on doit remarquer, c'est l'intention.» 

Pendant qu'il disait cela, Jésus attacha mes bras. Je lui dis: «Ô Seigneur, que fais-tu?» Il répondit: «Je fais cela parce que, lorsque tu es dans la position de la crucifixion, tu m'apaises. Et comme je veux châtier les personnes, je t'attache ainsi les bras.» Ayant dit cela, il disparut. 

5.   10 novembre 1899 — Le lien qui unissait la Divinité et l'humanité, et formait un seul anneau, c'est l'obéissance.  Audio

Pendant plusieurs jours, je fus en opposition avec Jésus parce que je lui demandais d'être libérée et qu'il ne le voulait pas. Tantôt il se montrait endormi, tantôt il m'imposait le silence. Ce matin, mon confesseur me commanda plus d'une fois de demander à Jésus de me libérer. Mais Jésus ne faisait pas attention. 

Contrainte par l'obéissance, je dis à Jésus: «Mon aimable Jésus, quand as-tu contrevenu à l'obéissance? Ce n'est pas moi qui veux être libérée, c'est le confesseur qui veut que tu cesses de me faire souffrir la crucifixion. Condescends donc à cette vertu d'obéissance si prédominante chez toi, cette vertu qui tissa ta Vie toute entière et qui te conduisit à ton Sacrifice sur la Croix.» 

Jésus répondit: «Tu veux vraiment me faire violence en te prévalant de l'anneau de l'obéissance, celui qui a uni mon Humanité à ma Divinité!» Comme il disait cela, il prit l'aspect du Crucifié et il partagea avec moi les douleurs de la crucifixion. Que le Seigneur soit toujours béni et que tout soit fait pour sa Gloire! 

Puis je me sentis comme libérée. 

6.   11 novembre 1899 — En ces temps tristes, la puissance même des miracles rendrait les hommes plus incrédules. Audio

Alors que j'étais dans mon état habituel, je me trouvai subitement hors de mon corps et il me sembla que je circulais partout sur la terre. Oh! comme elle était inondée d'iniquités. C'était horrible à voir! 

 À un endroit, je trouvai un prêtre menant une vie sainte et, à un autre, une vierge dont la vie était sainte et sans faute. Tous les trois avons échangé sur les nombreux châtiments que le Seigneur inflige et sur les nombreux autres qu'il s'apprête à infliger. Je leur dis: «Que faites-vous? Êtes-vous ajustés à la Justice divine?» 

Ils me répondirent: «Nous sommes conscients de toute la gravité de ces tristes temps et de ce que l'homme ne se rendra pas, même si un apôtre était suscité ou si le Seigneur envoyait un autre saint Vincent Ferrier qui, par des miracles et de grands signes, essayait de l'amener à la conversion. L'homme a atteint une telle obstination et un tel degré d'insanité que même des miracles ne le feraient pas bouger de son incrédulité. Ainsi, par stricte nécessité, pour le bien de l'homme, pour endiguer cette mer pourrie qui inonde la terre, et pour la gloire de notre Dieu si outragé, l'humanité est confrontée à la Justice. Nous ne pouvons que prier et nous offrir comme victimes pour que ces châtiments amènent la conversion des peuples.» 

Et ils ajoutèrent: «Et toi, que fais-tu? N'es-tu pas ajustée à la Justice divine comme nous?» Ce à quoi je répondis: «Ah non! je ne le peux pas. L'obéissance m'en empêche, bien que Jésus l'aimerait bien. Et comme l'obéissance doit prévaloir par-dessus tout, il est nécessaire pour moi d'être en opposition avec Jésus béni, ce qui m'afflige beaucoup.» Ils reprirent: «Il faut se conformer à l'obéissance.» 

 Après cela, je revins en mon corps alors même que je n'avais pas encore vu mon très cher Jésus. Je voulus savoir de quelle partie du monde ce prêtre et cette vierge étaient. Jésus me dit qu'ils étaient du Pérou. 

7.   12 novembre 1899 — Jésus permet à Luisa d'arrêter un fléau qui était sur le point de toucher la terre.  Audio

Ce matin, mon aimable Jésus vint et me transporta hors de mon corps. Et j'ai vu quelque chose qui allait être déplacé du ciel pour toucher la terre. J'étais si effrayée que j'ai crié en disant: «Ah! que fais-tu Seigneur? Quelle destruction surviendra si cela arrive! Tu dis que tu m'aimes et tu veux m'effrayer? Ne fais pas cela! Non, non! Tu ne peux pas faire cela! Je ne le veux pas!» 

Compatissant, Jésus me dit: «Ma fille, n'aie pas peur! Quand donc accepteras-tu que je fasse quelque chose? Faudrait-il que je ne te laisse rien voir quand je châtie les gens? Je vais fortifier ton coeur comme un tronc d'arbre afin que tu sois capable de supporter ce que tu vois.» 

À ce moment, il sortit de mon coeur comme un tronc d'arbre. Au sommet, il y avait deux branches qui formaient comme une fourche. L'une des branches s'éleva dans les airs et s'empara de ce qui se déplaçait. Ainsi, la chose fut arrêtée. L'autre branche semblait toucher le sol. 

Ensuite, je revins en mon corps. J'ai prié Jésus de s'apaiser. Il me sembla s'être si bien rendu à ma demande qu'il me partagea les douleurs de la Croix. Puis il disparut. 

8.   13 novembre 1899 — Jésus, alors qu'il semblait ne pas vouloir être apaisé, remercia ensuite chaleureusement celui qui s'occupait à maintenir son bras indigné.  Audio

Ce matin, mon adorable Jésus semblait agité. Il ne faisait qu'aller et venir. À un moment, il restait avec moi. Au moment d'après, comme attiré par son ardent Amour envers les créatures, il allait voir ce qu'elles faisaient. Il sympathisait beaucoup avec elles sur ce qu'elles souffraient, à tel point qu'il était pris par leurs souffrances plus qu'elles-mêmes. 

Plusieurs fois, par ses pouvoirs sacerdotaux, mon confesseur contraignit Jésus à me faire souffrir ses douleurs afin qu'il soit apaisé par mes souffrances. Quoique Jésus semblait ne pas vouloir être apaisé, il devenait reconnaissant par la suite et, de bon coeur, remerciait le prêtre de s'être occupé d'arrêter son Bras vengeur. Il me faisait partager une souffrance, puis une autre. Oh! qu'il était émouvant de le voir dans cet état! Cela brisait mon coeur de compassion. Plusieurs fois il me dit

«Conforme-toi à ma Justice, car je ne peux plus la retenir. Ah! l'homme est trop ingrat! De tous côtés, il me contraint à le châtier; il m'arrache lui-même les châtiments des mains. Si tu savais comme je souffre quand je déploie ma Justice. Mais c'est l'homme lui-même qui me force. Par le fait que j'ai acheté sa liberté au prix de mon Sang, il devrait m'être reconnaissant. Mais, au contraire, pour me faire un plus grand mal, il invente de nouvelles manières de rendre mon Sang inutile.» 

 Pendant qu'il disait cela, il pleurait amèrement. Pour le consoler, je lui dis: «Mon doux Bien, ne t'afflige pas. Je vois que ton affliction est davantage reliée à la nécessité que tu ressens de châtier les gens. Ah non! Puisse-t-il n'en jamais être ainsi. Puisque tu es tout pour moi, je veux être tout pour toi. En conséquence, envoie tes châtiments sur moi. Je suis une victime toujours à ta disposition. Tu peux me faire souffrir tout ce que tu voudras. Ainsi, ta Justice sera apaisée de quelques degrés et tu seras réconforté dans les afflictions que tu ressens en voyant souffrir les créatures. J'ai toujours été contre l'application de ta Justice car, lorsque l'homme souffre, tu souffres plus que lui.» 

9.   17 novembre 1899 — Si le confesseur n'avait pas fait usage du pouvoir sacerdotal, bien des catastrophes se seraient produites. Audio

Mon aimable Jésus continuait à se montrer affligé. Ce matin, notre Reine Maman vint avec lui. Il me sembla qu'elle m'amenait Jésus pour que je l'apaise et qu'avec elle je le prie de me faire souffrir pour sauver les gens. Il me dit que ces jours derniers, si je ne m'étais pas interposée pour empêcher l'application de sa Justice, et si le confesseur n'avait pas usé de ses pouvoirs sacerdotaux pour lui demander de me faire souffrir, conformément à ses intentions, plusieurs catastrophes seraient arrivées. 

À cet instant, j'ai vu le confesseur et j'ai immédiatement prié Jésus et la Reine Mère pour lui. Tout tendre, Jésus dit: «Dans la mesure où il prendra soin de mes intérêts en me priant et en s'engageant à renouveler les autorisations pour que je puisse te faire souffrir dans le but d'épargner les gens, alors je prendrai soin de lui et je l'épargnerai. Je suis prêt à faire cet arrangement avec lui.» 

Après cela, je regardai mon doux Bien. J'ai vu qu'il tenait deux éclairs dans ses Mains. L'une représentait un grand tremblement de terre et l'autre, une guerre accompagnée de beaucoup de morts subites et de maladies contagieuses. Je l'ai prié pour qu'il verse sur moi ces éclairs; je voulais presque les prendre de ses Mains. Mais, pour m'empêcher de les prendre, il s'éloigna de moi. J'ai essayé de le suivre et, ainsi, je me suis retrouvée hors de mon corps. Jésus disparut et je restai seule. 

Alors, je suis allée faire un tour et je me suis retrouvée dans des endroits où c'était la saison des récoltes. Il semblait qu'il y avait là des bruits de guerre. Je voulais m'y rendre pour aider les personnes, mais les démons m'empêchaient d'aller où ces choses étaient sur le point d'arriver. Ils me frappaient pour m'empêcher d'aider les gens. Il usèrent de tant de violence qu'ils me forcèrent à reculer. 

10.   19 novembre 1899 — L'orgueil ronge la grâce. Audio

Mon adorable Jésus vint. Avant son arrivée, mon esprit pensait à certaines choses qu'il m'avait dites dans les années passées (et dont je ne me souvenais plus très bien). Un peu pour me les rappeler, il me dit: «Ma fille, l'orgueil ronge la grâce. Dans le coeur des orgueilleux, il n'y a que le vide rempli de fumée, ce qui produit l'aveuglement. L'orgueil fait d'une personne sa propre idole. L'orgueilleux n'a pas son Dieu en lui-même; par le péché, il le détruit dans son coeur. En érigeant un autel dans son coeur, il se place au-dessus de Dieu et il s'adore.» 

Ô Dieu, quel abominable monstre est ce vice! Il me semble que si l'âme était attentive à ne pas le laisser entrer en elle, elle serait libre de tout autre vice. Mais si, pour sa plus grande infortune, elle se laisse dominer par cette monstrueuse mère, celle-ci donne naissance à tous ses enfants ingouvernables que sont les autres péchés. Ô Seigneur, préserve-moi de l'orgueil! 

11.   21 novembre 1899 — Tout le plaisir de l'âme doit être de contempler Jésus.  Audio

Ce matin, mon très aimable Jésus venait tout juste d'arriver quand il m'a dit: «Ma fille, tout ton plaisir doit être de te regarder en moi. Si tu fais toujours cela, tu attireras en toi toutes mes qualités, ma physionomie et mes traits. En échange, mon plaisir et mon plus grand contentement seront de me regarder en toi.» 

Ayant dit cela, il disparut. Alors que je réfléchissais à ce qu'il venait de me dire, il revint soudain. Mettant sa sainte Main sur ma tête, il tourna ma face vers la sienne et ajouta: «Aujourd'hui, je veux me réjouir un peu en me regardant en toi.» 

Ainsi, dans un grand frisson, je revis toute ma vie. Une telle terreur s'empara de moi que je me sentis mourir, car je vis qu'il me regardait très intensément, se regardant en moi, désirant se réjouir dans mes pensées, mes regards, mes paroles et tout le reste. Je me suis dit en mon intérieur: «Ô Dieu, est-ce que je te réjouis ou est-ce que je t'aigris?». 

À ce moment, notre chère Reine Maman vint à mon aide. Tenant une robe très blanche dans ses Mains, elle me dit avec beaucoup d'amabilité: «Ma fille n'aie pas peur. Je veux t'habiller de mon Innocence. De cette manière, se regardant en toi, mon cher Fils trouvera en toi les plus grandes délices que l'on puisse trouver chez une créature humaine.» 

Elle m'habilla avec cette robe et me présenta à mon cher Bien en lui disant: «Mon cher Fils, accepte-la à cause de moi, et réjouis-toi en elle.» Toutes mes peurs me laissèrent et Jésus se réjouit en moi et moi en lui. 

12.   24 novembre 1899 — Amertume de Jésus pour les prêtres.  Audio

Ce matin, mon doux Jésus vint et me transporta hors de mon corps. Le voyant rempli d'amertume, je l'ai supplié de verser cette amertume en moi. Mais, même si je l'ai beaucoup prié, je n'arrivais pas à obtenir qu'il le fasse. Cependant, ma respiration devint amère, puisque je m'étais approchée de sa Bouche pour recevoir son amertume.

Pendant ce temps, j'ai vu un prêtre qui mourait. Je n'étais par sûre de son identité, compte tenu de ce que j'avais une intention de prière pour un prêtre malade. Je ne pouvais pas savoir si c'était lui ou un autre. Et j'ai dit à Jésus: «Seigneur, que fais-tu? Ne vois-tu pas le manque de prêtres qu'il y a dans Corato pour que tu veuilles nous en prendre un autre!»

Sans faire attention à moi et avec une main menaçante, Jésus dit: «Je les détruirai! J'en détruirai encore plus!»

13.   26 novembre 1899 — L'amour et la pureté avec lesquels Luisa souffre attirent la satisfaction des Trois Personnes Divines. Pour mériter la grâce de souffrir davantage, Luisa confesse ses fautes devant la Très Sainte Trinité. Audio

Pendant que j'étais très souffrante, mon aimable Jésus vint. Il mit son Bras derrière mon cou comme pour me soutenir. Étant tout près de lui, j'ai voulu adorer ses saints Membres, en commençant par sa très sainte Tête. À ce moment, il me dit: «Ma bien-aimée, j'ai soif. Laisse-moi étancher ma soif dans ton amour, car je ne peux plus me retenir.» Alors, prenant l'aspect d'un enfant, il se plaça dans mes bras, commença à se nourrir, et sembla même prendre un très grand plaisir à cela. Il en fut complètement rafraîchi et désaltéré.

 Ensuite, voulant presque jouer avec moi, il traversa mon coeur de part en part avec une lance qu'il tenait dans sa Main. J'en ai ressenti une douleur très grande, mais j'étais très contente de souffrir, spécialement parce que c'était par les Mains de mon seul et unique Bien! Je l'ai invité à me faire souffrir par de plus grandes déchirures encore car, de là, provenait le plaisir et la douceur que je goûtais.

Pour me rendre plus heureuse, Jésus déchira mon coeur, le prit dans ses Mains et, avec la même lance, le coupa au milieu et y trouva une croix très blanche et resplendissante. La prenant dans ses Mains, il se réjouit grandement et me dit: «L'amour et la pureté avec lesquels tu as souffert ont produit cette croix. Je me réjouis beaucoup de la manière dont tu souffres; non seulement moi, mais aussi le Père et le Saint-Esprit.»

En un instant, j'ai vu les trois Personnes divines qui, m'entourant, se réjouissaient en regardant cette croix. Mais je me suis plainte en disant: «Grand Dieu, ma souffrance est trop petite; je ne suis pas contente avec seulement la croix, je veux aussi les épines et les clous; et si je ne les mérite pas parce que je suis indigne et pécheresse, vous pouvez certainement me donner les dispositions pour que je les mérite.»

M'envoyant un rayon de lumière intellectuelle, Jésus me fit comprendre qu'il voulait que je confesse mes péchés. Je me suis sentie presque anéantie devant les trois Personnes divines, mais l'Humanité de Notre-Seigneur infusa en moi la confiance. Me tournant vers lui, j'ai dit le confiteor puis j'ai commencé à confesser de mes péchés. Comme je me trouvais toute plongée dans mes misères, une voix vint du milieu d'eux et me dit: «Nous te pardonnons. Ne pèche plus.»

J'ai cru que j'allais recevoir l'absolution de Notre-Seigneur mais, le moment venu, il disparut. Un peu plus tard, il revint sous la forme du Crucifié et partagea avec moi les douleurs de la Croix.

14.   27 novembre 1899 — Celui qui possède la grâce garde le paradis en lui-même.  Audio

Ce matin, mon cher Jésus n'est pas venu. Après beaucoup de difficultés, je l'ai à peine entrevu. Pour me plaindre de son retard, je lui ai dit: «Seigneur béni, pourquoi as-tu tant tardé? Peut- être as-tu oublié que je ne peux être sans toi? Aurais-je perdu ta grâce, pour que tu ne viennes plus?»

Interrompant mon discours plaintif, il me dit: «Ma fille, sais-tu ce que fait ma grâce? Ma grâce rend heureux les âmes qui ont la vision béatifique de même que les voyageurs sur la terre, avec cette différence: les âmes qui ont la vision béatifique jouissent et se réjouissent elles-mêmes et les voyageurs sur la terre travaillent à ma promotion. Celui qui possède la grâce porte en lui le Paradis, car posséder la grâce n'est rien d'autre que de me posséder. Et puisque moi seul suis l'objet enchanteur qui enchante tout le Paradis et qui forme tout le bonheur des bienheureux, en possédant la grâce, l'âme possède son Paradis où qu'elle soit.»

15.   28 novembre 1899 — « Si tu pouvais comprendre combien Je t'aime, ton propre amour te paraîtrait comme imperceptible comparativement au Mien.»  Audio

Mon délicieux Jésus vint, plein d'affabilité. Il était comme un ami intime qui fait beaucoup de compliments à son ami et lui témoigne son amour. Les premiers mots qu'il me dit furent: «Ma bien-aimée, si tu savais seulement combien je t'aime! Je me sens puissamment attiré à t'aimer. Mes simples délais à venir me demandent beaucoup d'efforts et sont de nouvelles raisons qui me font venir te remplir de grâces nouvelles et de charismes célestes. Si tu pouvais comprendre combien je t'aime, ton propre amour te paraîtrait comme imperceptible comparativement au mien.»

Je lui dis: «Mon doux Jésus, ce que tu dis est vrai, mais moi aussi je t'aime beaucoup. Et si tu dis que mon amour comparé au tien est à peine perceptible, c'est parce que ta Puissance est sans limite et la mienne très limitée. Je ne peux faire que ce qui m'est donné par toi. Ceci est tellement vrai que lorsque me vient le désir de souffrir davantage pour mieux te témoigner le grand amour que j'ai pour toi, si tu ne me concèdes pas de souffrir, cela n'est pas en mon pouvoir et je suis contrainte à me résigner à être inutile, comme je l'ai toujours été par moi-même. La souffrance est en ton Pouvoir. Quelle que soit la manière que tu veuilles utiliser pour me manifester ton Amour, tu peux le faire quand tu le veux. Mon Bien-aimé, donne-moi le même pouvoir que toi et je te montrerai ce que je sais faire pour te manifester mon amour. Dans la mesure où tu me donnes ton Amour, dans la même mesure je te donnerai le mien.»

Il écoutait avec grand plaisir mes paroles insensées et, presque pour me mettre à l'épreuve, il me transporta hors de mon corps à l'entrée d'un endroit profond, noir et plein de feu liquide (la simple vue de cet endroit me causait horreur et frayeur). Il me dit: «Voici le purgatoire où sont rassemblées de nombreuses âmes. Tu iras dans cet endroit pour souffrir et libérer ces âmes qui me plaisent; tu le feras par amour pour moi.»

 Un peu en tremblant, je lui dis: «Pour ton Amour, je suis prête à tout; mais tu dois venir avec moi parce que, si tu me laisses, je ne serai pas capable de te trouver et tu me feras beaucoup pleurer.» Il répondit: «Si je vais avec toi, que sera ton purgatoire? Avec ma présence, tes douleurs seront changées en joies et en contentements.» Je lui dis: «Je ne veux pas y aller seule. Nous irons dans ce feu ensemble, tu seras derrière moi; ainsi je ne te verrai pas et j'accepterai cette souffrance.»

J'allai donc dans ce lieu rempli de denses ténèbres. Il se mit derrière moi. Effrayée qu'il puisse me laisser, je pris ses Mains et je les tenais pressées dans mon dos. Qui pourrait décrire les douleurs que ces âmes souffrent? Elles sont certainement inexplicables à des personnes vêtues de chair humaine. Par ma présence dans ce feu, ces douleurs furent amoindries et les ténèbres furent dissipées. Beaucoup d'âmes sortirent, et les autres furent soulagées. Après avoir été là pendant environ un quart d'heure, nous quittâmes.

Cependant, Jésus gémissait beaucoup. Je lui dis: «Dis-moi, mon Bien, pourquoi gémis-tu? Ma chère Vie, j'en suis peut-être la cause; c'est peut-être parce que je ne voulais pas aller dans cet endroit de douleurs? Dis-moi, dis-moi, as-tu beaucoup souffert en voyant souffrir ces âmes? Que ressens-tu?»

Il me répondit: «Ma bien-aimée, je me sens tout rempli d'amertume, si bien que je ne peux plus les contenir; je suis près de les verser sur la terre.» Je lui dis: «Non, non, mon doux Amour, tu les verseras sur moi, ne veux-tu pas?» Je me suis donc approchée près de sa Bouche et il versa dans la mienne une liqueur très amère et en telle abondance que je ne pouvais la contenir. Je le priai pour qu'il me donne la force de la garder. Autrement, j'aurais fait ce que je ne voulais pas qu'il fasse, c'est-à-dire que je l'aurais versée sur la terre et j'aurais beaucoup regretté d'avoir fait cela.

Il semble qu'il me donna la force, même si les souffrances étaient si grandes que je me sentais faiblir. Me prenant dans ses Bras, Jésus me soutint et me dit: «Avec toi, on doit nécessairement se soumettre. Tu deviens si importune que je me sens obligé de te contenter.»

16.   30 novembre 1899 — Combien de douleurs donnent à Jésus les membres de son corps mystique.  Audio

Mon adorable Jésus vint comme à l'accoutumée. Cette fois, je l'ai vu quand il était à la colonne. Se détachant par lui-même, il se jeta dans mes bras pour être pris en pitié. Je l'ai pressé sur moi et j'ai commencé à sécher et à placer ses Cheveux tout encroûtés de Sang. Je les baisais, de même que ses Yeux et sa Face, et je faisais des actes variés de réparation. Quand j'arrivai à ses Mains et que je lui enlevai la chaîne, avec grand étonnement, j'ai remarqué que, même si la Tête était celle de Jésus, les membres étaient de beaucoup d'autres personnes, religieuses spécialement. Oh! combien étaient nombreux les membres infectés donnant plus de ténèbres que de lumière!

 Sur la gauche étaient ceux qui faisaient souffrir le plus Jésus. Il y avait là des membres malades, pleins de blessures profondes remplies de vers, et d'autres qui étaient rattachés à ce corps à peine par un nerf. Ah! comme cette Tête divine souffrait et vacillait au-dessus de ces membres! Sur le côté droit se tenaient ceux qui étaient mieux, c'est-à-dire, les membres sains, resplendissants, couverts de fleurs et de rosée céleste, et dégageant de délicieuses odeurs.

La Tête divine, au-dessus des membres, souffrait beaucoup. C'est vrai qu'il y avait des membres resplendissants qui étaient comme de la lumière pour la Tête, qui la ravivaient et lui donnaient une très grande gloire, mais le plus grand nombre étaient des membres infectés.

Ouvrant sa très douce Bouche, Jésus me dit: «Ma fille, combien de douleurs ces membres me donnent! Ce corps que tu vois est le corps mystique de mon Église, duquel je me glorifie d'être la Tête. Mais quelles déchirures cruelles ces membres font dans le corps. Il semble qu'ils se stimulent l'un l'autre à me tourmenter davantage.»

Il m'a dit d'autres choses sur ce corps, mais je ne me souviens plus très bien. Aussi, je m'arrête ici.

17.   2 décembre 1899 — La croix a la vertu de disposer l'âme à la grâce.  Audio

Pendant que j'étais très affligée à cause de certaines choses qu'il ne m'est pas permis de dire ici, mon aimable Jésus, désirant me réconforter, vint d'une manière toute nouvelle. Il me sembla habillé de bleu ciel, tout orné de petites clochettes d'or qui tintaient quand elles se frappaient entre elles et qui émettaient un son jamais encore entendu. À ce spectacle et au son charmant des clochettes, je me suis sentie enchantée et soulagée de mon affliction qui, comme une fumée, se dissipa.

 Je serais restée là en silence (les puissances de mon âme étaient tellement étonnées), si Jésus béni n'avait pas brisé le silence en me disant: «Ma fille bien-aimée, ces clochettes sont autant de voix qui te parlent de mon Amour et qui t'invitent à m'aimer. Maintenant, laisse-moi voir combien de clochettes tu as qui me parlent de ton amour et qui m'appellent à t'aimer!»

 En rougissant, je lui dis: «Oh! Seigneur, que dis-tu? Je n'ai rien, sinon mes défauts habituels.» Prenant pitié de ma misère, il poursuivit: «Tu n'as rien, c'est vrai, mais je veux t'orner de mes propres clochettes pour que tu aies plein de voix avec lesquelles m'appeler et me montrer ton amour.»

 Ensuite, il me sembla qu'il entourait ma taille d'une bande décorée de ces petites clochettes. Puis, je restai silencieuse. Il ajouta: «Aujourd'hui, j'ai le plaisir de rester avec toi; dis-moi quelque chose.» Je lui dis: «Tu sais que tout mon contentement est d'être avec toi! Quand je t'ai, j'ai tout! Quand je te possède, il me semble que je n'ai rien d'autre à désirer ou à dire.»

 Il poursuivit: «Fais-moi entendre ta voix qui réjouit mon Ouïe. Conversons ensemble un peu. Je t'ai souvent parlé de la croix. Aujourd'hui, laisse-moi t'entendre m'en parler

Je me suis sentie toute confuse. Je ne savais pas quoi dire. Mais lui, pour m'aider, m'envoya un rayon de lumière intellectuelle, et j'ai commencé à dire: «Mon Bien-Aimé, qui peut te dire ce qu'est la croix et ce qu'elle fait? Seulement ta Bouche peut parler dignement de la sublimité de la croix! Mais puisque tu veux que je t'en parle, je le ferai.

«La croix soufferte par toi, Jésus-Christ, me libère de l'esclavage du démon et m'unit à la Divinité par un lien indissoluble. La croix est fertile et donne naissance à la grâce en moi. La croix est légère, elle me désillusionne du temporel et me dévoile l'éternité. La croix est un feu qui réduit en cendres tout ce qui n'est pas de Dieu, jusqu'à vider le coeur de toute petite poussière qui pourrait s'y trouver.

«La croix est une monnaie d'une valeur inestimable. Si j'ai la bonne fortune de la posséder, je deviens enrichie d'une monnaie éternelle apte à faire de moi la plus riche du Paradis, car la monnaie qui circule dans le Ciel provient des croix souffertes sur la terre.

«La croix m'amène à me connaître moi-même. Elle me donne aussi la connaissance de Dieu. La croix greffe sur moi toutes les vertus. La croix est le noble siège de la Sagesse incréée qui m'enseigne les doctrines les plus hautes, les plus subtiles et les plus sublimes. Elle me dévoile les mystères les plus secrets, les choses les plus cachées, les perfections les plus parfaites, toutes choses cachées aux plus savants et aux plus sages du monde.

 «La croix est cette eau bienfaisante qui me purifie et qui nourrit en moi les vertus. Elle les fait croître. Elle me quitte après m'avoir conduite à la vie éternelle.

 «La croix est cette céleste rosée qui préserve et embellit en moi le beau lys de la pureté. La croix nourrit l'espérance. La croix est le flambeau de la foi agissante. La croix est ce bois solide qui préserve et maintient toujours enflammé le feu de la charité. La croix est ce bois sec qui fait s'évanouir et se disperser la fumée de l'orgueil et de la vaine gloire, et qui produit dans l'âme l'humble violette de l'humilité.

 «La croix est l'arme la plus puissante pour assaillir les démons et me défendre de toutes leurs emprises. L'âme qui possède la croix fait l'envie et l'admiration de tous les anges et de tous les saints, et la rage et la colère des démons. La croix est mon paradis sur la terre, tel que si le Paradis d'en haut est jouissance, celui d'ici-bas est souffrance.

 «La croix est la chaîne d'or très pur qui me relie à toi, mon plus grand Bien, et qui forme la plus intime union qui puisse être en me faisant me transmuer en toi, mon Objet bien-aimé, jusqu'à ce que je me sente perdue en toi et que je vive de ta Vie même.»

 Après que j'eus dit cela — je ne sais si c'est un non-sens —, mon aimable Jésus se réjouit grandement et, pris par un transport d'Amour, me baisa partout et me dit: «Bravo, bravo, ma bien-aimée! Tu as bien parlé! Mon Amour est feu, mais pas comme un feu de la terre qui rend stérile tout ce qu'il pénètre et réduit tout en cendres. Mon Feu est fertile et rend stérile seulement ce qui n'est pas vertu. À tout le reste, il donne vie. Il fait germer de belles fleurs, donnant des fruits très exquis et formant le jardin céleste le plus délicieux.

«La croix est si puissante et je lui ai communiqué tant de grâces qu'elle est plus efficace que les sacrements eux-mêmes. Il en est ainsi parce que lorsqu'on reçoit le sacrement de mon Corps, les dispositions et le libre concours de l'âme sont nécessaires pour qu'on en reçoive mes grâces. Ils peuvent souvent manquer, tandis que la croix a la puissance de disposer l'âme à la grâce.»

18.   21 décembre 1899 — Jésus dit : "Je suis le réceptacle des âmes pures".  Audio

Ce matin, brisant un long silence, mon aimable Jésus me dit: «Je suis le réceptacle des âmes pures.» En me disant cela, il me donna une lumière intellectuelle qui me fit comprendre plusieurs choses sur la pureté. Mais je ne puis traduire en mots que très peu ou rien du tout de ce que je ressens dans mon intellect. Cependant, la très honorable dame obéissance veut que j'écrive quelque chose, même si ça risque de manquer de sens. Pour la contenter, elle seule, je dirai mes sottises sur la pureté.

 Il m'apparaît que la pureté est le plus noble joyau qu'une âme puisse posséder. L'âme qui possède la pureté est investie d'une lumière candide. En la regardant, Dieu y voit sa propre Image. Il se sent tellement attiré par cette âme qu'il en tombe amoureux. Son Amour pour elle est si grand qu'il lui donne son Coeur très pur comme refuge. D'ailleurs, seulement ce qui est pur et sans tache peut entrer dans son Coeur.

L'âme qui possède la pureté garde en elle la splendeur première que Dieu lui a donnée au moment de sa création. Rien en elle n'est souillé ou ignoble. Comme une reine qui aspire aux noces du Roi céleste, cette âme préserve sa noblesse jusqu'à ce que la noble fleur qu'elle est soit transplantée dans le jardin céleste.

Cette fleur virginale a un parfum distinctif! Elle s'élève au-dessus de toutes les autres fleurs, au-dessus des anges eux-mêmes. Elle se distingue par une beauté différente, tellement que tous sont pris d'estime et d'amour pour elle! Ils la laissent passer librement pour qu'elle atteigne l'Époux divin. La première place auprès de Notre-Seigneur est donnée à cette noble fleur. C'est pourquoi Notre-Seigneur se réjouit tant de marcher au milieu de ces lys qui parfument et la terre et le Ciel. Il se plaît d'autant plus à être entouré de ces lys, qu'il est lui- même le premier, le plus noble et l'exemple de tous les autres.

Oh! comme il est beau de voir une âme vierge! Son coeur ne respire aucun autre souffle que celui de la pureté et de l'innocence. Elle n'est obscurcie par aucun amour qui n'est pas de Dieu. Même son corps dégage la pureté. Tout est pur en elle. Elle est pure dans ses pas, dans ses actions, dans son discours, dans ses regards, dans ses mouvements. Simplement à la regarder, on reçoit sa fragrance.

Quels charismes, quelles grâces, quel amour réciproque, quelles amoureuses ingénuités entre l'âme pure et son Époux Jésus! Seulement celui qui la côtoie peut en dire quelque chose. Cependant tout ne peut être dit. Et je ne sens pas que je sois habilitée à parler sur ce sujet. C'est pourquoi je fais silence et je passe.

19.   22 décembre 1899 — Dieu se manifeste à l'âme avec puissance, avec des nouvelles et avec amour.  Audio

Ce matin, mon adorable Jésus n'est pas venu. Cependant, après avoir attendu un bon moment, il se montra plusieurs fois, mais très rapidement, presque comme l'éclair. Il semblait que je voyais une lumière plutôt que Jésus. De cette lumière, la première fois qu'il est venu, j'ai entendu une voix qui m'a dit: «Je t'attire de trois manières pour que tu m'aimes: par mes bienfaits, par mon attraction et par la persuasion.»

Qui pourrait dire combien de choses j'ai alors comprises? Par exemple que, pour attirer notre amour, Jésus béni fait descendre sur nous une pluie de bienfaits. Et voyant que cette pluie bienfaisante n'arrive pas à attirer notre amour, il va aussi loin que de se rendre plaisant et charmant. Et quels sont ses moyens d'attraction? Ce sont les douleurs souffertes par amour pour nous, allant jusqu'à mourir sur la Croix en répandant un déluge de Sang, où il devint si attrayant et si agréable que ses bourreaux et ses plus féroces ennemis tombèrent en amour avec lui. Et pour nous persuader davantage et pour rendre notre amour plus fort et plus stable, il nous a laissé la lumière de ses saints exemples et de sa doctrine céleste qui dissipe les ténèbres de cette vie et nous conduit au salut éternel.

 La deuxième fois qu'il est venu, il m'a dit: «Je me manifeste aux âmes à travers la Puissance, les Nouvelles, et l'Amour. La Puissance est le Père Créateur; les Nouvelles sont la Parole; l'Amour est le Saint-Esprit.»

Il me semble que, par sa Puissance, Dieu se manifeste à l'âme à travers toute la Création. La Toute-Puissance de Dieu se manifeste à travers tous les êtres. Le ciel, les étoiles et tous les autres êtres nous parlent d'un Être suprême, d'un Être incréé et de sa Toute-Puissance. Le plus savant des hommes, avec toute sa science, ne peut même pas créer un vil rat. Et cela nous dit qu'il doit y avoir un Être incréé, un Être très puissant, qui a créé, qui a donné la vie et qui soutient tous les êtres. Oh! comme tout l'univers nous manifeste, en notes claires et en lettres indélébiles, Dieu et sa Toute-Puissance! Celui qui ne le voit pas est aveugle, et aveugle volontaire. Avec ses Nouvelles, il me semblait que Jésus béni, en descendant du Ciel, vint en personne sur la terre pour nous donner des nouvelles de ce qui est invisible pour nous. Par combien de voies ne s'est-il pas manifesté!

Oh! combien d'autres choses j'ai comprises, mais mes capacités de les décrire sont trop faibles. Je crois que chacun, par lui-même, comprend le reste. Aussi, je ne prolongerai pas sur ce sujet.

20.   25 décembre 1899 — Depuis que Jésus est né, il a toujours gardé son cœur offert en sacrifice pour glorifier le Père, pour la conversion des pécheurs et pour les personnes qui lui ont été les plus fidèles compagnons dans ses souffrances. Audio

J'ai passé un bon nombre de jours dans la presque totale privation de mon plus grand et seul Bien, dans l'aridité de coeur, sans être capable de pleurer sur la grande perte que je vivais, même si j'offrais cette aridité à Dieu en lui disant: «Seigneur, reçois cela comme un sacrifice de ma part. Toi seul peux ramollir mon coeur si dur.»

Finalement, après une longue période de souffrance, ma chère Maman Reine vint, portant sur son Sein l'Enfant céleste, tout tremblant et enveloppé d'un vêtement de toile. Elle le mit dans mes bras en me disant: «Ma fille, réchauffe-le de ton affection, car mon Fils est né dans la pauvreté extrême, dans un total abandon des hommes et dans la plus grande austérité.»

Ah! comme il était mignon dans sa céleste beauté! Je l'ai pris dans mes bras et je l'ai serré pour le réchauffer, car il avait froid, n'ayant sur lui qu'une simple couverture de toile.

Après que je l'eus réchauffé autant que je le pouvais, ouvrant ses Lèvres pourpres, mon tendre petit Bébé me dit: «Me promets-tu d'être toujours une victime par amour pour moi, comme je le suis par amour pour toi?»

Je lui répondis: «Oui mon petit Trésor, je te le promets.» Il poursuivit: «Je ne suis pas satisfait de seulement ta parole, je veux un serment et une signature avec ton sang.» Alors je lui dis: «Si l'obéissance le veut, je le ferai.»

Il sembla tout content et poursuivit: «À partir du moment de ma naissance, mon Coeur a toujours été offert en sacrifice pour glorifier le Père, pour la conversion des pécheurs et pour les personnes qui m'entouraient et qui étaient mes plus fidèles compagnons dans mes douleurs. Ainsi, je veux que ton coeur soit continuellement dans cette attitude, offert en sacrifice à ces trois fins

Comme il disait cela, la Reine Maman voulait l'Enfant pour le rafraîchir de son très doux Lait. Je le lui remis et elle exposa son Sein pour le porter à la Bouche du divin petit Garçon. Et moi, rusée, voulant faire une blague, je commençai à sucer avec ma bouche. Dès l'instant que je fis cela, ils disparurent, me laissant à la fois contente et peinée. Que tout soit pour la gloire de Dieu et pour la confusion de la misérable pécheresse que je suis.