no 61 à 80

61.  21 avril 1900 — Il n'y a jamais de séparation entre Dieu et l'âme crucifiée.   Audio 

Me trouvant dans mon état habituel, j'étais habitée par une certaine peur à cause d'une chose personnelle. Mon doux Jésus vint et me dit: «Les vases sacrés ont besoin d'être nettoyés de temps en temps. Vous êtes des vases sacrés en qui je demeure. Ainsi, il est nécessaire que je vous nettoie de temps en temps, c'est-à-dire que je vous visite par quelque tribulation pour que je puisse vivre en vous avec plus de dignité. Par conséquent, sois calme!»

Ensuite, après que j'eus reçu la sainte communion et qu'il eut renouvelé en moi les souffrances de la crucifixion, il ajouta: «Ma fille, comme elle est précieuse la croix! Regarde-la un peu. Par le sacrement de mon Corps, je me donne à l'âme, je l'unis à moi et je la transforme au point qu'elle devient identifiée à moi. Avec l'assimilation des saintes espèces, cette union spéciale est dissoute, mais pas la croix. Dieu la prend et l'unit à l'âme pour toujours. Et, pour une plus grande sécurité, il s'établit lui-même comme un sceau. Ainsi, Dieu scelle la croix dans l'âme afin qu'il n'y ait jamais de séparation entre Dieu et l'âme crucifiée

62.   23 avril 1900 — La résignation à la Divine Volonté est une huile qui oint et atténue le spasme des plaies de Jésus.  Audio 

Ce matin, me trouvant hors de mon corps, j'ai vu que mon doux Jésus souffrait beaucoup et je lui ai demandé de me faire partager ses souffrances. Il me dit: «Plutôt, je vais te remplacer et tu agiras comme mon infirmière.» Ainsi, il me sembla que Jésus prenait place dans mon lit et que j'étais debout près de lui. J'ai commencé par soulever sa Tête bénie et, une à une, j'ai enlevé toutes les épines qui y étaient enfoncées

Ensuite, j'ai examiné toutes les blessures de son saint Corps; j'ai essuyé leur sang et les ai baisées, mais je n'avais rien pour les oindre et alléger sa souffrance. Alors j'ai vu que de ma poitrine coulait une huile; je l'ai prise pour oindre ses blessures, mais je le faisais avec une certaine crainte parce que je ne savais pas la signification de cette huile. Il me fit comprendre que la résignation à la divine Volonté est une huile qui, pendant qu'on en oint Jésus, allège ses douleurs et ses blessures.

Après que j'eus passé un bon moment à rendre ce service à mon cher Jésus, il disparut, et je me retrouvai dans mon corps.

62b.   24 avril 1900 [Extrait manquant du tome3] — L’EUCHARISTIE ET LA SOUFFRANCE.  Audio 

Ce matin, après avoir reçu la communion, il me sembla que le confesseur voulait que je souffre la crucifixion. En un instant, j’ai vu mon Ange gardien m’étendre sur la croix pour me faire souffrir. Ensuite, j’ai vu mon doux Jésus compatir avec moi.  Il me dit : «Ton soulagement c’est Moi et mon soulagement c’est ta souffrance.»

 Il me manifesta la joie indicible que lui procurait ma souffrance, le soulagement qu’il avait reçu du confesseur qui m’avait transmis sa demande. Il ajouta: «Puisque le sacrement de l’Eucharistie est le fruit de la croix, je suis plus enclin à t’accorder de souffrir après que tu as reçu mon corps. En fait, quand je te vois souffrir, il me semble que ma Passion continue en toi pour le bien des âmes, non pas mystiquement mais réellement, et cela me procure un grand soulagement parce que je recueille alors les vrais fruits de ma Croix et de l’Eucharistie.»

Ensuite, il dit: «Jusqu’à maintenant, c’est l’obéissance qui t’a fait souffrir, veux-tu que je m’amuse encore un peu en renouvelant encore en toi la crucifixion par mes propres mains?» Même si je ressentais encore beaucoup de souffrances vu que les douleurs de la crucifixion que je venais de souffrir étaient encore vives en moi, je lui dis: «Seigneur, je suis entre tes mains, fais de moi ce que tu voudras.»

Alors, Jésus très heureux commença à enfoncer des clous dans mes mains et mes pieds. Je ressentis une douleur si intense que je ne sais comment je suis restée en vie mais j’étais heureuse parce que je rendais Jésus heureux. Après qu’il eut rivé les clous, Il vint près de moi et me dit : «Comme tu es belle, ta beauté augmente au gré de ta souffrance, tu es précieuse à mes yeux. Mes yeux sont blessés quand Je te regarde car je vois mon image en toi.»

Il me dit bien d’autres choses encore dont il serait inutile de rapporter ici, premièrement parce que je suis mauvaise et, deuxièmement, parce que ne me voyant pas comme Jésus me voit, redire ces choses créent en moi de la confusion et de la gêne. J’espère seulement que le Seigneur me rendra bonne et belle ainsi, ma gêne diminuant je pourrai tout écrire, mais pour le moment, je m’arrête ici.

63.   25 avril 1900 — La pureté dans le travail est si grande que celui qui travaille dans le seul but de Me plaire ne fait qu'envoyer de la lumière dans tout son travail.   Audio 

Alors que j'étais hors de mon corps et que je ne voyais pas mon cher Jésus, j'ai dû le chercher longtemps avant de le trouver. Finalement, je l'ai trouvé dans les bras de la Reine Maman, mais il ne me regarda même pas. Qui pourrait dire la souffrance que j'ai ressentie en voyant que Jésus ne se souciait pas de moi! Par la suite, j'ai remarqué sur sa Poitrine une petite perle. Elle était si resplendissante qu'elle inondait de sa lumière toute sa très sainte Humanité. Je lui ai demandé ce qu'elle signifiait.

 Il me dit: «La pureté dans tes souffrances, même les plus petites, que tu acceptes uniquement par amour pour moi, et ton désir de souffrir plus si je te l'accorde, voilà la cause de tant de lumière. Ma fille, la pureté d'intention est d'une telle grandeur que celui qui agit pour l'unique raison de me plaire inonde de lumière tous ses travaux. Celui qui n'agit pas avec droiture ne fait que répandre la noirceur, même dans le bien qu'il fait.»

 Ensuite, j'ai vu que Notre-Seigneur portait sur sa Poitrine un miroir très brillant. Il me sembla que ceux qui marchent dans la droiture sont complètement absorbés par ce miroir et ceux qui ne marchent pas dans la droiture restent en dehors et sont inaptes à recevoir l'empreinte de l'image de Jésus béni.

64.   27 avril 1900  — Jésus à Luisa : « Ton soulagement c'est moi, mon soulagement c'est ta souffrance ».  Audio 

Ce matin, après que j'eus reçu la sainte communion, il me sembla que le confesseur voulait que je souffre la crucifixion. Au même instant, j'ai vu mon ange gardien m'étendre sur la croix pour me faire souffrir. Par la suite, j'ai vu mon doux Jésus en grande sympathie avec moi. Il me dit: «Ta souffrance est mon réconfort.» Et il manifesta une joie indicible pour ma souffrance. Le confesseur qui, par le moyen de l'obéissance, m'avait donné de souffrir, lui avait procuré ce réconfort.

Jésus ajouta: «Puisque le sacrement de l'Eucharistie est le fruit de la croix, pour cette raison je me sens plus désireux de t'accorder de souffrir quand tu as reçu mon Corps, car, quand je te vois souffrir, il me semble que ma Passion continue en toi, pas mystiquement mais réellement, pour le bénéfice des âmes. Et cela est pour moi un grand soulagement, parce que je recueille alors les vrais fruits de ma Croix et de l'Eucharistie.»

Ensuite il dit: «Jusqu'à maintenant, c'est par l'obéissance que tu as souffert. Veux-tu que je m'amuse un peu en renouvelant en toi la crucifixion par mes propres Mains?» Même si je ressentais encore beaucoup de souffrance, vu que les douleurs de la croix étaient encore toutes fraîches en moi, je lui dis: «Va de l'avant, Seigneur, je suis entre tes Mains; fais de moi ce que tu voudras.»

Alors Jésus, très heureux, commença à enfoncer les clous dans mes mains et mes pieds. J'ai senti une telle intensité de douleur que je ne sais pas comment je suis restée en vie. Cependant, j'étais heureuse parce que je rendais Jésus heureux. Après qu'il eut fixé les clous, venant près de moi, il dit: «Comme tu es belle! Et combien ta beauté grandit à travers tes souffrances! Oh! comme tu m'es chère! Mes Yeux sont posés sur toi parce qu'ils trouvent en toi mon image.»

Il a dit bien d'autres choses qu'il m'apparaît inutile de rapporter ici; premièrement, parce que je suis mauvaise et, deuxièmement, parce que je ne saisis pas de quelle manière Jésus me parle, ce qui amène en moi de la confusion et de l'embarras. J'espère que le Seigneur me rendra bonne et belle. Ainsi, avec la diminution de ma gêne, je serai capable de tout écrire. Mais, pour le moment, je m'arrête ici.

65.   1 mai 1900  — Si l'Eucharistie est un dépôt de gloire future, la croix est le déboursé pour l'acheter. La croix et l'Eucharistie sont complémentaires.   Audio 

Après que j'eus reçu la sainte communion, mon doux Jésus, plein de bonté, se montra à moi. Il me sembla que le confesseur voulait que je subisse la crucifixion, mais ma nature sentait de la répugnance à s'assujettir à cela. Mon doux Jésus, pour m'encourager, me dit:

«Ma fille, si l'Eucharistie est un gage de gloire future, la croix est la monnaie avec laquelle acheter cette gloire. L'Eucharistie est le baume qui prévient la corruption; elle est comme ces herbes aromatiques qui, lorsque les cadavres en sont oints, ils sont préservés de la corruption. Elle donne l'immortalité à l'âme et au corps. La croix, de son côté, embellit l'âme; elle est si puissante que, s'il y a eu contraction de dettes, elle est une garantie pour l'âme. Elle acquitte chaque dette et, après qu'elle a satisfait pour toutes, elle crée pour l'âme un trône magnifique en vue de la gloire future. La croix et l'Eucharistie sont pour ainsi dire complémentaires.»

Puis il ajouta: «La croix est mon lit fleuri: non pas parce que j'ai peu souffert ses douleurs terribles mais parce que, par elle, j'ai ouvert un nombre incommensurable d'âmes à la grâce. J'ai vu par elle s'élever tant de belles fleurs qui ont produit tant de délicieux fruits célestes. Ainsi, quand j'ai vu tant de bien, j'ai regardé ce lit de souffrances comme un délice; je me réjouissais dans la croix et les souffrances.

Toi aussi, ma fille, accepte les souffrances comme tes délices, prends plaisir à être crucifiée sur ma Croix. Non, non! je ne veux pas que tu craignes la souffrance comme si tu étais une personne paresseuse. Courage! Travaille comme une personne courageuse, et prépare-toi à souffrir.»

Pendant qu'il parlait, j'ai vu que mon bon ange gardien était prêt à me crucifier. De moi-même j'ai étendu les bras et l'ange me crucifia. Le bon Jésus se réjouissait de ma souffrance. J'étais bien contente qu'une âme aussi misérable que moi puisse donner de la joie à Jésus. Il me semblait que c'était un grand honneur pour moi de souffrir par amour pour lui.

66.   3 mai 1900  — Si le Seigneur n'envoyait pas de croix sur la terre, Il serait comme le père qui n'a pas d'amour pour ses enfants...   Audio 

Ce matin, je me suis trouvée hors de mon corps et j'ai vu les cieux parsemés de croix: des petites, des moyennes et des grandes. Les plus grandes donnaient plus de lumière. C'était très beau de voir tant de croix, plus resplendissantes que le soleil, ornant le firmament.

 Après cela, il me sembla que les cieux s'ouvrirent. On y voyait et entendait la fête qui avait été préparée par les bienheureux en l'honneur de la Croix. Ceux qui avaient souffert davantage étaient les plus célébrés en ce jour. On distinguait d'une façon spéciale les martyrs ainsi que ceux qui avaient souffert secrètement (les âmes victimes). En ce séjour béni, la Croix et ceux qui avaient souffert le plus étaient particulièrement honorés.

Pendant que je voyais cela, une voix résonnait au plus haut des cieux et disait: «Si le Seigneur n'envoyait pas de croix sur la terre, il serait comme le père qui n'a pas d'amour pour ses enfants et qui, plutôt que de les vouloir honorés et riches, les veut déshonorés et pauvres.»

Le reste de ce que j'ai vu de cette fête, je n'ai pas de mots pour l'exprimer. Je le sens en moi, mais je ne sais pas comment l'exprimer. Ainsi donc, je me tais.

67.   9 mai 1900  — L'agitation de Luisa trouble le repos de Jésus. Le mystère de la Très Sainte Trinité - le mystère de l'homme, créé à l'image de Dieu par ces trois Puissances: mémoire, intelligence, volonté.   Audio 

Après plusieurs jours de privation et de trouble, je me suis trouvée ce matin plus particulièrement troublée. Mon adorable Jésus vint et me dit: «Par ton trouble, tu as dérangé mon doux repos. Ah oui! tu m'empêches de poursuivre mon repos.» Qui pourrait dire combien je fus humiliée en entendant que j'avais perturbé le repos de Jésus! Alors, je devins calme pour un temps, mais, par la suite, je me suis retrouvée plus troublée qu'avant, car je ne savais pas où tout cela allait aboutir.

Après quelques paroles de Jésus, je me suis trouvée hors de mon corps et, regardant la voûte des cieux, j'y ai vu trois soleils. L'un semblait placé à l'est, l'autre à l'ouest et le troisième au sud. Ils rayonnaient d'un tel éclat que les rayons de l'un se fondaient avec ceux des autres. Cela donnait l'impression qu'il n'y avait qu'un seul soleil. Il me semblait percevoir le mystère de la Très Sainte Trinité ainsi que le mystère de l'homme, créé à l'image de Dieu par ces trois Puissances.

J'ai aussi compris que ceux qui étaient dans cette lumière étaient transformés: leur mémoire par le Père, leur intelligence par le Fils et leur volonté par le Saint-Esprit. Combien d'autres choses j'ai comprises que je suis incapable d'exprimer.

68.   13 mai 1900  — Luisa dit: «Ah! Seigneur! apporte-moi de l'aide et ne me laisse pas ainsi abandonnée, même si c'est ce que je mérite.»  Audio 

Le même état continuait, et peut-être pire encore, quoique je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas me troubler, comme le demandait l'obéissance. Néanmoins, je ne cessais de sentir la pesanteur de l'abandon qui m'écrasait et même m'anéantissait. «Ô Dieu, quel terrible état! Au moins dis-moi: où t'ai-je offensé? Quelle est la cause de cela? Ah! Seigneur! si tu continues de cette manière, je pense que je n'aurai plus la force.»

Finalement, Jésus se montra. Mettant sa Main sous mon menton dans un geste de compassion, il me dit: «Pauvre fille, comme tu es exténuée!» Puis, me faisant partager ses souffrances, il disparut à la vitesse de l'éclair, me laissant plus affligée qu'auparavant. Je me sentais comme s'il n'était pas venu depuis longtemps. Je me sentais angoissée de vivre encore. Ma vie était une continuelle agonie. «Ah! Seigneur! apporte-moi de l'aide et ne me laisse pas ainsi abandonnée, même si c'est ce que je mérite.»

69.   17 mai 1900  — Luisa, avec une autre "âme victime", empêche en grande partie un fléau.  Audio 

Le même état de privation et d'abandon continuait. Je me trouvai hors de mon corps et j'ai vu un déluge accompagné de grêle. Il semblait que plusieurs villes étaient inondées et qu'il y avait beaucoup de dommages. Cela me plongeait dans une grande consternation et je voulais contrer ce fléau; mais comme j'étais seule, sans la compagnie de Jésus, j'ai senti mes pauvres bras trop faibles pour le faire. Puis, à ma grande surprise, j'ai vu une vierge venir (il me sembla qu'elle était d'Amérique). Elle de son côté et moi de l'autre, nous réussissions à contrer en grande partie ce fléau. Par la suite, quand nous nous sommes rejointes, j'ai remarqué que cette vierge portait les signes de la Passion: elle portait une couronne d'épines comme moi.

Puis, un être ressemblant à un ange dit: «Ô puissance des âmes victimes! Ce que nous, les anges, sommes incapables de faire, elles peuvent le faire par leurs souffrances. Oh! si les hommes savaient seulement le bien qui vient de ces âmes, le bien privé autant que le bien public, ils s'affaireraient à implorer Dieu pour que ces âmes se multiplient sur la terre.»

Après cela, nous étant recommandées l'une l'autre au Seigneur, nous nous sommes quittées.

70.   18 mai 1900  — «Essayez de remplir votre intérieur de moi et de l'imprégner de toutes les vertus jusqu'à ce qu'il déborde. »  Audio 

J'étais encore privée de mon adorable Jésus. Au mieux, il se montrait comme une ombre. Oh! que d'amertume cela me causait! Combien de larmes je versais!

Ce matin, après l'avoir attendu et cherché, je le trouvai près de moi, très affligé, avec la couronne d'épines transperçant sa Tête. Je la lui enlevai très doucement et la mis sur ma propre tête. Oh! combien méchante je me sentis en sa présence! Je n'avais pas la force de dire un seul mot. Avec compassion, il me dit: «Courage! Ne sois pas effrayée! Essaye de remplir ton intérieur de ma présence et de toutes les vertus. Quand je viendrai causer le débordement en toi, je t'amènerai au Ciel et toutes tes privations seront terminées.» 

Puis, d'un ton affligé, il ajouta: «Prie, ma fille, parce qu'il y a trois jours de préparés, trois jours éloignés l'un de l'autre, des jours de tempêtes, de grêle, de tonnerre et d'inondations qui vont grandement ravager les hommes et les plantes. »

Ayant dit cela, il disparut, me laissant un peu soulagée, mais avec une interrogation: qui sait quand le débordement dont il a parlé arrivera? Et si jamais il arrive, peut-être que j'aurai à m'en prémunir.

71.   20 mai 1900  —  Le silence intérieur est nécessaire pour pouvoir se reposer en Dieu.  Audio 

Me trouvant hors de mon corps, il me sembla que nous étions dans la nuit: j'ai vu l'univers entier, l'ordre parfait de la nature, le ciel étoilé, le silence de la nuit. Il me semblait que tout avait une signification. Pendant que je contemplais cela, il me sembla voir Notre-Seigneur qui me disait:

«Toute la nature invite au repos. Mais qu'est le vrai repos? C'est le repos intérieur, le silence de tout ce qui n'est pas Dieu. Tu vois les étoiles scintiller d'une lumière modérée, pas éblouissante comme celle du soleil, le silence de toute la nature, du genre humain et des animaux. Tous cherchent une place, un refuge où être en silence et se reposer de la fatigue de la vie, chose qui est nécessaire pour le corps et beaucoup plus pour l'âme.

«Il est nécessaire de se reposer dans son propre centre qui est Dieu mais, pour pouvoir le faire, le silence intérieur est nécessaire, au même titre que, pour le corps, le silence extérieur est nécessaire afin de pouvoir dormir paisiblement. En quoi donc consiste ce silence intérieur? À faire taire ses passions en les tenant en échec, à imposer le silence à ses désirs, ses inclinations et ses sentiments, en somme, à tout ce qui n'est pas Dieu. Et quel est le moyen de parvenir à cela? Le moyen unique et indispensable est de démolir son être selon la nature en le réduisant à rien, comme c'était sa situation avant qu'il soit créé. Quand il a été réduit à rien, il faut le recouvrer en Dieu.

«Ma fille, toute chose a commencé dans le néant, même cette grande machine de l'univers que tu regardes et qui a tant d'ordre. Si, avant d'avoir été créée, elle avait été quelque chose, je n'aurais pas pu y faire intervenir ma Main créatrice pour la créer avec une telle maîtrise, si parée et splendide. J'aurais eu à défaire d'abord tout ce qui aurait existé avant, puis à tout refaire comme il m'aurait plu.

«Tous mes travaux dans l'âme débutent à partir du néant; quand il y a un mélange d'autre chose, ce n'est pas convenable pour ma Majesté d'y descendre et d'y travailler. Mais, quand l'âme est réduite à néant et qu'elle vient vers moi, plaçant son être dans le mien, alors je travaille comme le Dieu que je suis et elle trouve son vrai repos

Qui pourrait dire tout ce que j'ai compris à partir de ces propos de Jésus béni? Oh! que mon âme serait heureuse si je pouvais défaire mon pauvre être pour pouvoir recevoir la divine Essence de mon Dieu! Oh! comme je pourrais alors être sanctifiée! Mais quelle folie m'habite! Où est mon cerveau pour que je ne l'aie pas encore fait? Quelle est cette misère humaine qui, plutôt que de rechercher ce vrai bien et de voler très haut, se contente de ramper sur le sol et de vivre dans la saleté et la corruption?

Ensuite, mon bien-aimé Jésus m'amena à l'intérieur d'un jardin où il y avait beaucoup de gens qui se préparaient à assister à une fête. Seulement ceux qui recevaient un uniforme pourront y assister. Mais peu recevaient cet uniforme. Un grand désir de le recevoir me vint. J'insistai tant que je l'obtins. Étant arrivée à l'endroit où je devais recevoir l'uniforme, une vénérable dame m'habilla d'abord de blanc et me mit une épaulette céleste d'où pendait une médaille de la sainte Face de Jésus. Cette médaille était aussi un miroir qui, si on le regardait, permettait de distinguer les plus petits péchés de son âme, à l'aide de la lumière qui se dégageait de la sainte Face.

La dame prit un manteau d'or très fin et m'en couvrit complètement. Il me semblait qu'ainsi vêtue, je pouvais rivaliser avec toutes les vierges de la communauté. Pendant que cela se passait, Jésus me dit: «Ma fille, il suffit que tu sois ainsi habillée. Quand la fête débutera, je t'y t'amènerai. Pour l'instant, retournons voir ce que fait le genre humain.» Ainsi, après m'avoir promenée dans les environs, il me ramena à mon corps.

72.   21 mai 1900  — L'âme doit tout spiritualiser en elle-même et arriver à se faire comme si elle était un esprit pur.  Audio 

Ce matin, mon adorable Jésus n'est pas venu. Cependant, après que je l'eus attendu un long moment, il vint. En me caressant, il me dit: «Ma fille, sais-tu quel but je poursuis en ce qui te concerne?» Après une pause, il poursuivit: «En ce qui te concerne, mon but n'est pas d'accomplir en toi des choses éclatantes ou d'accomplir par toi des choses qui mettraient en relief mon travail. Mon but est de t'absorber dans ma Volonté et de faire que nous ne fassions qu'un, que tu sois un parfait modèle de conformité de la volonté humaine avec la Volonté divine, ce qui est l'état le plus sublime pour un humain, le plus grand prodige. C'est le miracle des miracles que je projette d'accomplir en toi.

«Ma fille, pour que nos volontés deviennent parfaitement une, ton âme doit être spiritualisée. Elle doit m'imiter. Pendant que je remplis l'âme en l'absorbant en moi, je me fais pur Esprit et je fais en sorte que personne ne puisse me voir. Cela correspond au fait qu'il n'y a en moi aucune matière, mais que tout en moi est très pur Esprit. Si, dans mon Humanité, je me suis revêtu de matière, c'était seulement pour, qu'en tout, je ressemble à un homme et que je sois pour l'homme un modèle parfait de spiritualisation de la matière. L'âme doit tout spiritualiser en elle et en venir à être comme un pur esprit, comme si la matière n'existait plus en elle. Ainsi, nos volontés peuvent parfaitement ne faire qu'un.

«Si, de deux objets, on veut n'en former qu'un, il est nécessaire que l'un renonce à sa propre forme pour épouser celle de l'autre; autrement, ils ne parviendront jamais à ne former qu'une seule entité. Oh! quelle serait ta bonne fortune si, en te détruisant toi-même pour devenir invisible, tu devenais capable de recevoir parfaitement la forme divine! En étant ainsi absorbée en moi, et moi en toi, formant tous deux un seul être, tu finirais par posséder la divine Fontaine et, comme ma Volonté contient tout bien, tu finirais par posséder tout bien, tout don, toute grâce: tu n'aurais pas à chercher ces choses ailleurs qu'en toi-même. 

«Puisque les vertus n'ont pas de frontière, la créature immergée dans ma Volonté peut aller aussi loin qu'une créature puisse aller, parce que ma Volonté cause l'acquisition des vertus les plus héroïques et les plus sublimes qu'aucune créature ne peut surpasser. La hauteur de la perfection que l'âme dissoute dans ma Volonté peut atteindre est si grande qu'elle finit par agir comme Dieu. Et ceci est normal parce qu'alors l'âme ne vit plus dans sa propre volonté, mais dans celle de Dieu. Tout étonnement doit alors cesser, puisqu'en vivant dans ma Volonté, l'âme possède la Puissance, la Sagesse et la Sainteté, ainsi que toutes les autres vertus que Dieu lui-même possède.

«Ce que je te dis présentement suffit pour que tu tombes en amour avec ma Volonté et que, moyennant ma grâce, tu coopères autant que tu le peux pour parvenir à tant de biens. L'âme qui en vient à vivre uniquement dans ma Volonté est la reine de toutes les reines, et son trône est si haut qu'il atteint le Trône même de l'Éternel. Elle entre dans les secrets de la très auguste Trinité. Elle participe à l'Amour réciproque du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Oh! combien tous les anges et tous les saints l'honorent, les hommes l'admirent et les démons la craignent, voyant en elle l'Essence divine!»

«Ô Seigneur, quand me feras-tu toi-même parvenir à cet état, vu que je suis incapable de faire quoi que ce soit par moi-même!»

 Qui pourrait dire toute la lumière intellectuelle que le Seigneur infusa alors en moi sur l'unité de la volonté humaine avec la Volonté divine! La profondeur des concepts est telle que ma langue n'a pas les mots pour les exprimer. J'ai péniblement été capable de dire ce petit peu, encore que mes paroles sont des non-sens comparées à ce que le Seigneur me fit comprendre très clairement par sa divine lumière.

73.   24 mai 1900  —  «Ma bien-aimée, apporte-moi des fleurs et entoure-moi complètement, car je languis d'Amour.»«Et toi, mon bien-aimé Jésus, donne-moi quelques fruits...» Audio 

J'étais très affligée à cause de la privation de mon adorable Jésus. Au mieux, il se montrait comme une ombre, le temps d'un éclair. J'avais le sentiment que je ne pourrais plus le voir comme avant.

Alors que je me trouvais au sommet de mon affliction, il se montra tout fatigué, comme s'il avait grand besoin de réconfort. Portant ses Bras à mon cou, il me dit: «Ma bien-aimée, apporte-moi des fleurs et entoure-moi complètement, car je languis d'Amour. Ma fille, le doux parfum de tes fleurs sera un réconfort pour moi et un remède pour mes souffrances, car je languis, je faiblis.» Je lui ai immédiatement répondu: «Et toi, mon bien-aimé Jésus, donne-moi quelques fruits, car mon oisiveté et l'insuffisance de mes souffrances augmentent ma propre langueur à une telle extrémité que je faiblis et me sens mourir. Ainsi, je pourrai non seulement te donner des fleurs, mais aussi des fruits pour atténuer ta langueur.»

Jésus me dit: «Oh! comme nous nous comprenons bien! Il me semble que ta volonté fait un avec la mienne.» Pour un moment, je me sentis soulagée comme si l'état dans lequel je me trouvais voulait cesser. Mais, peu de temps après, je me retrouvai plongée dans la même léthargie qu'auparavant. Je me sentais seule et abandonnée, privée de mon plus grand Bien.

74.   27 mai 1900  —  Jésus rassure Luisa sur l'union effective de leurs deux volontés et Luisa demande à Jésus la force d'endurer la souffrance de son absence lorsqu'il doit exercer Sa justice.    Audio 

Ce matin, je me sentais plus affligée que jamais à cause de la privation de mon plus grand Bien. Il se montra et me dit: «Comme un vent violent attaque les gens et pénètre dans leur intérieur de manière à secouer la personne entière, ainsi mon Amour et ma Grâce attaquent et pénètrent le coeur, l'esprit et les parties les plus intimes de l'homme. Cependant, l'homme ingrat rejette ma grâce et m'offense, me causant une peine amère.»

J'étais très confuse à propos de quelque chose et je me sentais broyée en moi-même, quoique je n'osais dire un mot. Je pensais: «Comment se fait-il qu'il ne vient pas? Et quand il vient, que je ne le vois pas clairement? Il semble que j'ai perdu sa clarté; je me demande si je verrai sa belle Figure comme avant.»

 Pendant que je réfléchissais ainsi, mon doux Jésus me dit: «Ma fille, pourquoi as-tu peur, puisqu'à travers l'union de nos volontés ta destinée est au Ciel?» Et, voulant m'encourager et sympathiser avec mon chagrin, il ajouta: «Tu es ma nouvelle Oeuvre. Ne te chagrine pas à l'extrême si tu ne me vois pas clairement. Je te l'ai dit l'autre jour: je ne viens pas ici comme à l'accoutumée, parce que je veux punir les gens. Si tu me voyais clairement, tu comprendrais clairement ce que je fais. Et puisque ton coeur est greffé sur le mien, il souffrirait comme le mien. Pour t'épargner ces souffrances, je ne me montre pas clairement.»

Je répliquai: «Qui pourrait dire les tourments dans lesquels tu laisses mon pauvre coeur! Ô Seigneur, donne-moi la force d'endurer la souffrance.»

75.   29 mai 1900  — Jésus voit très peu Luisa car il doit exercer Sa justice et, il pleure abondamment mais personne n'a pitié de lui. Audio 

Pendant que je poursuivais dans le même état, je me sentais complètement opprimée et j'avais le plus grand besoin d'aide pour pouvoir supporter d'être privée de mon Bien suprême. Jésus béni, compatissant avec moi, me montra pendant quelques instants sa Face dans l'intérieur de mon coeur, mais pas clairement cette fois encore. Me faisant entendre sa Voix très douce, il me dit: «Courage, ma fille! Laisse-moi terminer de punir et, plus tard, je viendrai comme avant.»

Pendant qu'il parlait ainsi, je lui demandai en mon esprit: «Quelles sont les punitions que tu as commencé d'envoyer?» Il répondit: «La pluie continuelle qui tombe est pire que la grêle et elle aura de tristes conséquences sur les gens.»

Après avoir dit cela, il disparut et je me trouvai hors de mon corps dans un jardin. Là, j'ai vu les récoltes desséchées sur les vignes. Je me suis dit: «Pauvres gens, pauvres gens, que vont-ils faire?» Pendant que je disais cela, j'ai vu à l'intérieur du jardin un petit garçon qui pleurait si fort qu'il assourdissait ciel et terre, mais personne n'avait pitié de lui. Quoique tous l'entendaient pleurer, ils ne faisaient pas attention à lui et ils le laissaient seul et abandonné. Une pensée me vint à l'esprit: «Qui sait, c'est peut-être Jésus.» Mais je n'en étais pas sûre. Venant près de l'enfant, j'ai dit: «Quelle est la raison de tes pleurs, bel enfant? Puisque tous t'ont laissé abandonné à tes larmes et aux souffrances qui t'oppriment et qui te font pleurer si fort, veux-tu venir avec moi?»

Mais qui aurait pu le calmer? À peine arriva-t-il à répondre oui à travers ses pleurs. Il voulait venir. Je l'ai pris par la main pour l'amener avec moi. Mais, à ce moment même, je me retrouvai dans mon corps.

76.   3 juin 1900  [2 juin 1900 (77) d’après le site Italien] —  Un esprit humble et doux sait respecter tout le monde et interprète toujours bien les affaires des autres.   Audio 

Ce matin, alors que je poursuivais dans le même état, j'ai vu mon adorable Jésus dans mon coeur. Il dormait. Son sommeil amena mon âme à tomber endormie comme lui, si bien que je ressentais toutes mes puissances internes engourdies et que je ne pouvais rien faire d'autre. Parfois, j'essayais de ne pas dormir, mais je n'y arrivais pas. Jésus béni se réveilla et envoya trois fois son haleine en moi. Ces respirations semblèrent complètement absorbées en moi. Puis, il sembla que Jésus ramena en lui-même ces trois mêmes respirations. Alors je me suis sentie complètement transformée en lui. Qui pourrait dire ce qui m'arriva par la suite? Oh! l'union inséparable entre Jésus et moi! Je n'ai pas les mots pour l'exprimer. Après cela, il me sembla que je pus me réveiller. Brisant le silence, Jésus me dit:

 «Ma fille, j'ai regardé et regardé; j'ai cherché et cherché, parcourant le monde entier. Puis, j'ai porté mes Yeux sur toi, j'ai trouvé ma satisfaction en toi et je t'ai choisie parmi un millier.» Puis, se tournant vers certaines personnes qu'il voyait, il leur dit: «Le manque de respect pour les autres est un manque de vraie humilité chrétienne et de douceur, parce qu'un esprit humble et tendre sait comment respecter chacun et toujours interpréter positivement les actions des autres

Ayant dit cela, il disparut sans que j'aie pu lui dire un seul mot. Puisse mon bien-aimé Jésus être toujours béni! Que tout soit pour sa gloire!

77.   3 juin 1900 [6 juin selon le texte Italien] —  « La Justice me fait violence. Cependant, l'Amour que J'ai pour le genre humain me fait violence plus encore.  — Luisa crucifiée épargne des châtiments à Corato. »   Audio 

Mon adorable Jésus continuait de ne pas se laisser voir clairement. Ce matin, après que j'eus reçu la sainte communion, le confesseur me proposa la crucifixion. Pendant que je me trouvais dans ces souffrances, Jésus béni, comme attiré par elles, se montra clairement. Ô Dieu! qui pourrait dire les souffrances qu'il supportait et l'état pénible dans lequel il se trouvait pendant qu'il était forcé d'envoyer des punitions sur la terre. J'éprouvai une très grande compassion pour lui. Si les gens avaient vu cela! Même si leurs coeurs avaient été durs comme le diamant, ils se seraient brisés comme du verre fragile. Je l'ai supplié de se calmer, d'être heureux, et de me faire souffrir pour que les gens soient épargnés. Ensuite, je lui ai dit:

«Seigneur, si tu ne veux pas écouter mes prières, je sais que c'est ce que je mérite. Si tu ne veux pas avoir pitié des gens, tu as raison, parce que nos iniquités sont très grandes. Mais je te demande une faveur: que tu aies pitié pendant que tu punis tes images. Par l'Amour que tu as pour toi-même, je te demande de ne pas envoyer de punitions dès maintenant. Tu enlèves le pain de tes enfants et tu les fais mourir! Oh non! ce n'est pas dans la nature de ton Coeur d'agir de cette manière! Je vois que la souffrance que tu ressens est telle que si c'était en son pouvoir, elle te donnerait la mort!»

Tout affligé, il me dit: «Ma fille, c'est la Justice qui me fait violence. Cependant, l'Amour que j'ai pour le genre humain me fait violence plus encore. Ainsi, d'avoir à punir les créatures plonge mon Coeur dans une angoisse mortelle.» Je lui dis: «Seigneur, décharge ta Justice sur moi et ton Amour ne sera plus tenaillé par elle. Je t'en supplie, laisse-moi souffrir et épargne-les, au moins en partie!»

 Comme s'il s'était senti obligé par ma prière, il vint près de ma bouche et y versa de la sienne un peu de l'amertume épaisse et dégoûtante qu'il portait. À peine avalée, elle produisit en moi de telles souffrances que je me sentis près de mourir. Jésus béni me soutint dans ma souffrance, faute de quoi je serais morte. (Cependant, ce ne fut qu'un peu de son amertume qu'il versa. Que serait devenu son Coeur adorable qui en contenait tant!) Après, il soupira comme s'il avait été soulagé d'un poids et il me dit:

 — «Ma fille, ma Justice avait décidé de détruire toute la nourriture des hommes mais, maintenant, vu que par amour tu as pris sur toi un peu de mon amertume, elle consent à en laisser le tiers.

 Oh! Seigneur! c'est très peu, lui dis-je. Laisse-en au moins la moitié.

— Non, ma fille, sois contente.

Mon Seigneur, si tu ne veux pas me rendre heureuse pour tout, rends-moi au moins heureuse pour Corato et pour ceux qui m'appartiennent.

Aujourd'hui, la grêle qui devait causer de grands dommages est préparée. Pendant que tu es dans les souffrances de la croix, va à cet endroit hors de ton corps sous la forme d'une crucifiée et mets en fuite les démons d'au-dessus de Corato, car ils ne seront pas capables de supporter la vue d'une personne crucifiée et ils iront ailleurs.» 

Ainsi, j'allai hors de mon corps sous la forme d'une crucifiée et j'ai vu la grêle et les éclairs qui étaient près de commencer à tomber au-dessus de Corato. Qui peut dire la peur des démons à la vue de ma forme de crucifiée, comment ils prirent la fuite, comment dans leur rage ils se mordaient les doigts. Puisqu'ils ne pouvaient pas s'en prendre à moi, ils allèrent jusqu'à s'attaquer à mon confesseur qui, ce matin, m'avait accordé la permission de souffrir la crucifixion. Ils furent forcés de s'enfuir de moi devant le signe de la Rédemption. Après qu'ils eurent fui, je revins en mon corps, demeurant avec une bonne dose de souffrances. Que tout soit pour la gloire de Dieu!

78.   7 juin 1900  — La justice elle-même est l'amour le plus pur envers les hommes.  Audio 

Mes souffrances formaient une douce chaîne me liant à mon doux Jésus, le faisant venir presque continuellement et le stimulant à me verser d'autres amertumes. Quand il vint, il me prit dans ses Bras pour me donner de la force et versa en moi d'autres amertumes. Je lui dis: «Seigneur, alors que tu déverses en moi une partie de tes souffrances, je te prie de me rendre heureuse en m'accordant ce que je t'ai déjà demandé, c'est-à-dire que les humains reçoivent au moins la moitié de la nourriture dont ils ont besoin pour se nourrir (cf. texte du 3 juin 1900).»

Il me dit: «Ma fille, pour te plaire, je te remets les clefs de la Justice avec la connaissance de ce qui est absolument nécessaire pour punir le genre humain. Avec cela, tu feras ce que tu veux. Ainsi, n'es-tu pas contente?» 

En entendant cela, je fus consolée et je me suis dit en moi- même : «Si c'est à moi de décider, je ne punirai personne.» Mais quel ne fut pas mon désenchantement quand Jésus béni me donna une clef et me plaça au centre d'une lumière d'où je vis tous les attributs de Dieu, y compris celui de la Justice. Oh! comme tout est ordonné en Dieu! Si la Justice punit, c'est dans l'ordre des choses. Si elle ne punissait pas, elle ne serait pas en harmonie avec les autres attributs divins. 

Je me suis vue comme un misérable ver au centre de cette lumière, voyant que, si je le voulais, je pouvais contrer le cours de la Justice. Mais alors je détruirais l'ordre et j'irais contre l'homme lui-même, car même la Justice est pur Amour envers les hommes. Ainsi, je me trouvai totalement confuse et embarrassée.

Pour me dégager, je dis à Notre-Seigneur : «Dans cette lumière, je comprends les choses différemment. Si tu me laisses faire, je ferai pire que toi. En conséquence, je n'accepte pas les clefs de la Justice. Ce que j'accepte et je veux, c'est que tu me fasses souffrir et que tu épargnes les personnes. Je ne veux rien savoir du reste!» Souriant à ce que je venais de dire, Jésus ajouta: «Tu veux te libérer des clefs de la Justice, mais tu me fais encore plus violence en me laissant avec ces mots: laisse-moi souffrir et épargne-les!»

Je répliquai: «Seigneur, ce n'est pas que je ne veux pas me montrer raisonnable, c'est parce que ce n'est pas ma besogne, mais la tienne; la mienne c'est d'être victime. Par conséquent, fais ta besogne et je ferai la mienne. N'est-ce pas bien ainsi, mon cher Jésus?»

Me manifestant son accord, il disparut.

79.   10 juin 1900  — Le cœur de Jésus est torturé en punissant les créatures.  Audio

Il me semble que mon adorable Jésus continue d'appliquer sa Justice en déversant un peu de ses punitions sur moi et le reste sur les gens. Ce matin, quand je me suis retrouvée avec Jésus, mon âme se déchira en voyant la torture que son très doux Coeur éprouvait quand il punissait les créatures! Son état de souffrance était si grand qu'il ne pouvait s'empêcher de gémir continuellement. Il portait sur sa divine Tête une cruelle couronne d'épines qui transperçait sa Chair à une telle profondeur que sa Tête apparaissait n'être qu'une masse d'épines. Alors, pour le soulager, je lui dis: «Dis-moi, mon Dieu, ce qui t'arrive? Permets-moi d'enlever ces épines qui te font tant souffrir!»

Mais Jésus ne répondit rien. Il n'écouta même pas ce que je disais. Je commencai donc à enlever ses épines une à une, puis la couronne elle-même que je plaçai sur ma tête. Pendant que je faisais cela, j'ai vu que, dans un endroit éloigné, il y avait un tremblement de terre qui détruisait les gens. Alors Jésus disparut et je suis revenue à mon corps, mais avec une très grande affliction à la pensée de l'état de souffrance de Jésus et des désastres qui affectaient la pauvre humanité.

80.   12 juin 1900  —  Jésus dit : "Je ne veux pas envoyer de fouets, mais c'est la justice qui m'y oblige".   Audio 

Ce matin, quand mon aimable Jésus vint, je lui ai dit: «Seigneur que fais-tu? Il me semble que tu vas trop fort avec ta Justice.» Comme je voulais continuer de parler pour excuser la misère humaine, Jésus m'imposa le silence en me disant: «Garde silence si tu veux que je reste avec toi! Viens, embrasse-moi et honore tous mes Membres souffrants par tes actes d'adoration habituels.» J'ai commencé par sa Tête et, ensuite, un à un, j'ai passé à chacun de ses autres Membres. Oh! combien de blessures profondes et horribles couvraient son très saint Corps! À peine eu-je fini qu'il disparut, me laissant avec très peu de souffrances et avec la frayeur qu'il allait déverser son amertume sur les gens, cette amertume qu'il n'avait pas eu la bonté de déverser sur moi.

Après quelque temps, le confesseur vint et je lui racontai ce que je venais de vivre. Il me dit: «Aujourd'hui, quand tu feras ta méditation, tu lui demanderas de te faire souffrir la crucifixion afin qu'il arrête d'envoyer des punitions.»

Pendant ma méditation, Jésus m'apparût et je le priai de faire comme mon confesseur avait proposé. Sans m'accorder la moindre attention, il sembla me tourner le dos et s'endormir afin que je ne le dérange pas. Je me sentis mourir de peine parce qu'il ne donnait pas suite à la demande de mon confesseur. Ramassant mon courage, je le pris par le bras pour le réveiller et je lui dis: «Seigneur, que fais-tu? Est-ce là tout le respect que tu as pour ta vertu favorite d'obéissance? Où sont toutes les louanges que tu as dites concernant cette vertu? Où sont les honneurs que tu lui as prodigués, au point de dire que tu es secoué par elle, que tu ne peux lui résister et que tu te sens subjugué par l'âme qui la pratique. Et maintenant, il semble que tu ne te soucies plus d'elle?»

Pendant que je disais cela (et bien d'autres choses qui demanderaient beaucoup de temps si je voulais les écrire), Jésus béni fut secoué comme par une très vive douleur. Il poussa un cri et, sanglotant, me dit: «Moi non plus je ne veux pas envoyer de punitions, mais c'est la Justice qui me force à le faire. Cependant, toi, par tes paroles, tu me piques au vif. Tu touches à une chose très délicate pour moi, une chose que j'aime beaucoup, au point que je n'ai pas voulu d'autre honneur ou titre que celui de l'obéissance. Ce n'est donc pas parce que je ne me soucie pas de l'obéissance que je ne te fais pas partager les souffrances de la Croix, c'est la Justice qui me force à agir ainsi.»

 Après qu'il eut dit cela, il disparut en me laissant contente, mais avec un déplaisir dans mon âme, comme si mes paroles avaient été la cause du cri du Seigneur! Daigne me pardonner, ô mon Jésus!