no 81 à 100

81.   14 juin 1900  — «Par la croix, ma Divinité est absorbée dans l'âme. La croix la fait ressembler à mon Humanité et copie en elle mes Oeuvres.»   Audio 

Je souffrais beaucoup. Quand il vint, mon adorable Jésus sympathisa beaucoup avec moi et me dit: «Ma fille, pourquoi souffres-tu tant? Laisse-moi te réconforter un peu.» Cependant, il souffrait plus que moi! Il baisa mon âme et m'attira hors de mon corps. Il prit mes mains dans les siennes, plaça mes pieds sur les siens et ma tête contre la sienne. Comme j'étais heureuse de me trouver dans cette position! Même si les clous et les épines de Jésus me donnaient des souffrances, j'aurais voulu qu'elles augmentent. Elles me donnaient de la joie. Jésus aussi semblait content parce que, de cette manière, il me gardait près de lui. Il me semble qu'il me soulageait et que j'étais un réconfort pour lui.

Dans cette position, nous sommes sortis. Ayant rencontré le confesseur, j'ai immédiatement prié pour lui et j'ai dit au Seigneur d'être assez bon de lui faire goûter la douceur de sa Voix. Pour me plaire, Jésus se tourna vers lui et lui parla de la croix en disant: «Par la croix, ma Divinité est absorbée dans l'âme. La croix la fait ressembler à mon Humanité et copie en elle mes Oeuvres.»

Ensuite, nous nous sommes promenés dans les environs. Oh! que de spectacles navrants nous avons vus; mon âme en était transpercée de part en part! Nous avons vu les graves iniquités des hommes, eux qui ne se conforment même pas à la Justice. Au contraire, ils se lancent contre elle avec furie, comme s'ils voulaient être blessés deux fois plus. Et nous avons vu la grande misère vers laquelle ils se dirigent.

Puis, dans un grand chagrin, nous nous sommes retirés. Jésus disparut et je réintégrai mon corps.

82.   17 juin 1900  —  «Ma fille, agir en Dieu et rester dans la paix, c'est la même chose. »   Audio 

Ce matin, Jésus béni n'est pas venu. J'en ai ressenti de l'anxiété. Quand il vint, il me dit: «Ma fille, agir en Dieu et rester dans la paix, c'est la même chose. Si tu es affectée par quelque trouble, c'est le signe que tu t'es éloignée quelque peu de Dieu, parce que se mouvoir en lui et ne pas avoir une paix parfaite est impossible. En Dieu, tout est paix.» Puis il ajouta: «Ne sais- tu pas que les privations sont à l'âme ce que l'hiver est aux plantes: pendant l'hiver leurs racines s'enfoncent plus profondément et je les fortifie afin qu'elles puissent fleurir en mai.»

 Il me transporta ensuite hors de mon corps et je lui présentai plusieurs requêtes. Ensuite, il disparut et je revins dans mon corps, habitée par un grand désir d'être toujours parfaitement unie à lui afin que je puisse toujours demeurer dans sa Paix.

83.   18 juin 1900  — «Ma fille, le Ciel et le monde créé démontrent l'Amour de Dieu. Mon Corps blessé démontre mon Amour pour les hommes.»  Audio 

Comme Jésus persistait à ne pas venir, j'ai essayé de méditer sur le mystère de la flagellation. Pendant que je le faisais, il s'est montré très blessé et tout ensanglanté. Dès que je l'ai aperçu, il me dit:

«Ma fille, le Ciel et le monde créé démontrent l'Amour de Dieu. Mon Corps blessé démontre mon Amour pour les hommes. Ma nature divine et ma nature humaine sont inséparables et ne forment qu'une seule personne. Par elles, je n'ai pas seulement satisfait à la Justice divine, mais j'ai aussi travaillé au salut des hommes. Et, pour convoquer chacun à aimer Dieu et le prochain, non seulement j'ai donné moi-même l'exemple sur ce point, mais j'en ai fait un précepte divin. Mes Plaies et mon Sang enseignent à chacun le chemin de l'amour et le devoir pour tous de se préoccuper du salut des autres

Puis, d'un air attristé, il ajouta: «L'Amour est pour moi un tyran sans pitié! Pour le satisfaire, non seulement j'ai vécu toute ma vie mortelle en de continuels sacrifices, jusqu'à mourir sur la Croix, mais je me suis donné comme Victime perpétuelle dans le sacrement de l'Eucharistie. De plus, j'ai fait appel à quelques-uns de mes enfants bien-aimés, dont toi-même, pour être des victimes en souffrances continuelles pour le salut du genre humain. Ah oui! mon Coeur ne trouve ni la paix ni le repos s'il ne se livre pas aux hommes! Cependant l'homme me répond avec une ingratitude extrême!»

Ayant dit cela, il disparut.

84.   20 juin 1900  — Les iniquités des hommes provoquent la Justice de Jésus mais celle-ci heurte Son Amour pour les hommes ce qui déchire son Coeur. Jésus demande à Luisa de ne pas augmenter sa douleur en voulant faire obstacle à cette Justice. L'humilité la plus sublime exige de fuir tout raisonnement, de se fondre en Dieu.  Audio 

Ce matin, alors que j'étais hors de mon corps et que je n'étais pas avec mon plus grand Bien, je suis partie à sa recherche. J'étais sur le point de m'évanouir de fatigue quand je l'ai senti dans mon dos. Il me retenait. Je l'ai tiré devant moi et lui ai dit: «Mon Bien-Aimé, ne sais-tu pas que je ne peux pas vivre sans toi? Et toi tu me fais attendre jusqu'à ce que je m'évanouisse! Dis-moi au moins pour quelle raison? En quoi t'ai-je offensé pour que je sois sujette à de si cruelles tortures, à un si douloureux martyre?»

M'interrompant, Jésus me dit: «Ma fille, ma fille, n'augmente pas la torture de mon Coeur. Elle est extrême, dans une lutte constante, parce que beaucoup me violentent sans arrêt. Les iniquités des hommes me font violence en provoquant ma Justice. Ils me forcent à les punir. Et, par le fait que ma Justice heurte mon Amour pour les hommes, mon Coeur est déchiré d'une manière tellement douloureuse que je me sens mourir.

«Tu me fais violence toi aussi à chaque fois où, ayant pris connaissance des punitions que je donne, tu me forces à ne pas les donner. Sachant que tu ne peux pas faire autrement en ma présence et pour ne pas exposer mon Coeur à des luttes plus grandes, je m'abstiens de venir. Renonce à me violenter pour que je vienne: laisse-moi donner libre cours à ma fureur et cesse d'aggraver mes souffrances par tes interventions.

«Pour ce qui est du reste, sache que la plus sublime humilité exige de fuir tout raisonnement et de s'abîmer dans son néant. Si on fait ainsi, alors, sans trop s'en rendre compte, on se fond en Dieu. Cela amène l'union la plus intime entre l'âme et Dieu, le plus parfait amour pour Dieu et le plus grand avantage pour l'âme, parce que, en quittant sa propre raison, on acquiert la Raison divine. En renonçant à tout regard sur elle-même, l'âme n'est pas intéressée à ce qui lui arrive et elle parvient à un langage complètement céleste et divin. L'humilité donne à l'âme un vêtement de sécurité. Enveloppée de ce vêtement, l'âme demeure dans la paix la plus profonde, toute ornée pour plaire à son Jésus bien-aimé.»

Qui pourrait dire combien je fus surprise par ces paroles de Jésus. Je ne savais que lui dire. Il disparut et je me retrouvai dans mon corps, calme oui, mais extrêmement affligée; d'abord à cause des afflictions et des luttes dans lesquelles était plongé mon cher Jésus et aussi parce que je craignais qu'il refuse dorénavant de venir. Qui pourrait endurer ça? «Ô Seigneur! donne-moi la force d'endurer cet insupportable martyre. Pour ce qui est du reste, dis tout ce que tu voudras, moi je ne négligerai aucun moyen, j'userai de toutes les ruses pour que tu viennes.»

85.   24 juin 1900  —  «Si je n'envoie pas de punitions sur eux, je ferai du mal à leur âme, parce que seule la croix nourrit l'humilité.»   Audio 

Après que j'eus traversé quelques jours de privation, il se montra comme une ombre, à la vitesse de l'éclair. Et je me trouvai engourdie, comme endormie, ne comprenant pas ce qui m'arrivait. Plongée dans cette léthargie, une seule souffrance m'atteignait: il me semblait qu'il m'arrivait la même chose qu'à Lui, c'est-à-dire que j'étais privée de tous mes moyens. La personne plongée dans cet état ne peut ni se plaindre, ni se défendre, ni faire appel à quelque moyen que ce soit pour se libérer de son infortune. Pauvre elle! Elle dort! Si elle était éveillée, elle saurait certainement comment se défendre contre son infortune.

Tel était mon misérable état! Il ne m'était pas permis de gémir, de soupirer, de verser une seule larme, même si j'avais perdu de vue mon Jésus, lui qui est tout mon amour, tout mon bonheur, mon plus grand Bien. Autrement dit, pour que je ne sois pas blessée par son absence, il me berça pour m'endormir et il me laissa. «Ô Seigneur, réveille-moi pour que je puisse voir mes misères et savoir au moins ce qui me manque.» Et, pendant que j'étais dans cet état, j'entendis à l'intérieur de moi Jésus béni: il gémissait sans arrêt. Ses gémissements blessèrent mes oreilles. M'éveillant un peu, je lui dis:

«Mon seul et unique Bien, à travers tes plaintes, j'ai perçu l'état très souffrant dans lequel tu es. Cela t'arrive parce que tu veux souffrir seul et que tu ne me laisses pas partager tes souffrances! Au contraire, tu m'as bercée pour m'endormir sans rien me laisser comprendre. Je comprends d'où tout cela provient: ta Justice est ainsi plus libre pour punir.

«Mais oh! aie pitié de moi, parce que sans toi je suis aveugle. Toi qui es si bon, tu as besoin d'avoir quelqu'un qui te tienne compagnie, qui te réconforte, qui, de quelque façon, amoindrisse ta colère. Quand tu verras tes images périr dans la misère, peut-être que tu te plaindras davantage et que tu me diras: "Oh! si tu avais été plus appliquée à me réconforter, si tu avais pris sur toi les souffrances de mes créatures, je ne verrais pas mes Membres si torturés." N'est-ce pas vrai, mon très patient Jésus? Par pitié, réagis un peu et laisse-moi souffrir à ta place!»

Pendant que je disais cela, il gémissait continuellement, comme s'il voulait de la pitié et du réconfort. Mais moi, voulant le soulager en partageant ses souffrances, je tirai sur lui, comme pour le forcer. Ainsi, à la suite de mes prières ferventes, il étendit dans mon intérieur ses Mains et ses Pieds cloués et me partagea un peu de ses souffrances.

Par la suite, prenant une pause dans ses gémissements, il me dit: «Ma fille, les tristes temps que nous vivons me forcent à cela, parce que les hommes sont devenus si arrogants que chacun se prend pour Dieu. Si je n'envoie pas de punitions sur eux, je ferai du mal à leur âme, parce que la croix seule est nourriture pour l'humilité. Si je ne fais pas ainsi, je finirai par leur faire manquer le moyen de devenir humbles et de sortir de leur étrange folie. Je fais comme un père qui partage le pain pour que tous ses enfants se nourrissent; mais quelques-uns ne veulent pas de ce pain; au contraire, ils le rejettent à la face de leur père. Cela n'est pourtant pas la faute du pauvre père! Je suis comme cela. Aie pitié de moi dans mes afflictions.»

Ayant ainsi parlé, il disparut, me laissant à moitié endormie, ne sachant pas si je devais complètement me réveiller ou si je devais encore dormir.

86.   27 juin 1900  — Ce que Jésus veut de l'âme, c'est qu'elle ne se reconnaisse plus en elle-même, mais qu'elle ne se reconnaisse qu'en lui.   Audio 

Jésus continuait de me garder endormie. Ce matin, pendant quelques minutes, je me suis trouvée complètement éveillée; j'ai compris mon misérable état et j'ai ressenti l'amertume de la privation de mon plus grand Bien. J'ai versé quelques larmes quand je lui ai dit: «Mon toujours bon Jésus, pourquoi ne viens-tu pas? Ce ne sont pas des choses à faire: blesser une de tes âmes et ensuite la laisser! Puis, pour ne pas lui laisser savoir ce que tu fais, tu la plonges dans le sommeil! Oh! viens, ne me fais pas attendre davantage.»

Pendant que je disais cela et bien d'autres idioties semblables, il vint et m'entraîna hors de mon corps. Alors que je voulais lui dire mon pauvre état, il m'imposa le silence et me dit: «Ma fille, ce que je veux de toi, c'est que tu te reconnaisses en moi, et non en toi-même. Ainsi, tu ne te souviendras plus de toi, mais de moi seul. T'ignorant toi-même, tu ne reconnaîtras que moi. Dans la mesure où tu t'oublieras et te détruiras toi-même, tu avanceras dans ma connaissance, tu te reconnaîtras uniquement en moi. Quand tu feras ainsi, tu ne penseras plus avec ton cerveau, mais avec le mien. Tu ne regarderas plus avec tes yeux, tu ne parleras plus avec ta bouche, les battements de ton coeur ne seront plus les tiens, tu ne travailleras plus avec tes mains, tu ne marcheras plus avec tes pieds. Tu regarderas avec mes Yeux, tu parleras avec ma Bouche, tes battements de coeur seront les miens, tu travailleras avec mes Mains, tu marcheras avec mes Pieds.

«Et pour que cela se produise, c'est-à-dire que l'âme ne se reconnaisse qu'en Dieu, elle doit retourner à ses origines, c'est-à-dire à Dieu, de qui elle vient. Elle doit se conformer entièrement à son Créateur; tout ce qu'elle tient d'elle-même et qui n'est pas en conformité avec ses origines, elle doit le réduire à néant. De cette manière seulement, nue et dépouillée, elle pourra retourner à ses origines, se reconnaître uniquement en Dieu et travailler en accord avec la fin pour laquelle elle a été créée. Pour se conformer complètement à moi, l'âme doit devenir invisible comme moi

Pendant qu'il disait cela, j'ai vu la punition terrible des plantes desséchées et comment cela doit aller encore plus loin. J'ai à peine pu lui dire: «Ô Seigneur! que fera le pauvre peuple!» Et lui, dans le but de ne pas faire attention à moi, disparut à la vitesse de l'éclair. Qui pourrait dire quelle fut l'amertume de mon âme de me retrouver en mon corps sans avoir pu lui dire un seul mot me concernant ou concernant mon prochain, ou concernant ma tendance à dormir, avec laquelle j'étais encore aux prises!

87.   28 juin 1900  —  Luisa remet en question "son état" parce que Jésus ne veut pas qu'elle l'empêche de punir les créatures; alorsJésus lui offre de suspendre son état de victime.   Audio 

Ce matin, j'étais extrêmement affligée à cause de la privation de mon tendre Jésus. Dès que je l'ai vu, il m'a dit: «Ma fille, combien de déguisements seront démasqués en ces temps de punitions, car les punitions actuelles ne sont qu'un présage de celles que je t'ai montrées l'année dernière.»

Pendant qu'il disait cela, je pensais en moi-même: «Qui sait si le Seigneur va continuer de faire ce qu'il fait: alors qu'il souffre beaucoup en punissant, il ne vient pas partager ses souffrances avec moi et il me traite de façon inhabituelle. Qui pourrait endurer ça? Qui me donnera la force de vivre ça?» Répliquant à ma pensée, Jésus me dit piteusement: «Voudrais- tu que je suspende ton état de victime et que je te le fasse reprendre plus tard?»

À ces mots, j'expérimentai une grande confusion et une grande amertume, voyant que par la réalisation de cette proposition le Seigneur m'éloignerait de lui. Je ne savais que faire: accepter ou refuser. J'aurais bien aimé consulter mon confesseur. Quoiqu'il en soit, sans attendre ma réponse, Jésus disparut, me laissant avec un glaive dans le coeur, celui de me sentir rejetée par lui. Ma douleur était si grande que je n'ai pu rien faire d'autre que de pleurer amèrement.

88.   29 juin 1900  —  Nous vîmes qu'il régnait partout un profond silence, une grande tristesse et le deuil.   Audio 

Pendant que je continuais d'être triste, mon adorable Jésus eut pitié de moi: il vint et il sembla me soutenir de ses Bras. Il m'entraîna hors de mon corps et, ensemble, nous vîmes qu'il régnait partout un profond silence, une grande tristesse et le deuil. Ce spectacle fit si grande impression sur mon âme que mon coeur devint angoissé. Jésus me dit: «Ma fille, quittons ce qui nous afflige et reposons-nous ensemble.»

 En disant cela, il commença à me caresser et à me réconforter par de doux baisers. Cependant, ma confusion était si grande que je n'osais pas lui rendre la pareille. Il me dit: «Alors que je te rafraîchis par de chastes baisers et des caresses, ne veux-tu pas me rafraîchir en me donnant toi aussi des baisers et des caresses?» Ces mots me mirent en confiance et je lui rendis la pareille. Puis il disparut.

89.   2 juillet 1900  —  La croix qui fit fuir la tempête me semblait être la petite souffrance que Jésus partageait avec moi.   Audio 

Je continuais d'être affligée et triste comme un être stupide. Ce matin, Jésus n'est pas venu du tout. Le confesseur vint et suggéra la crucifixion. En premier lieu, Jésus béni ne fut pas d'accord. Quand il se montra à moi, il me dit: «Qu'est-ce que tu veux? Pourquoi veux-tu me blesser en me forçant à te crucifier? Je t'ai déjà dit qu'il est nécessaire que je punisse le peuple

 Je répliquai: «Seigneur, ce n'est pas moi; c'est par obéissance que je fais cette demande.» Il reprit: «Puisque c'est par obéissance, je veux que tu partages ma crucifixion. Pendant ce temps, je vais me reposer un peu.» Et il me fit partager les souffrances de la Croix. Pendant que je souffrais, il vint près de moi et sembla se reposer.

 Puis je vis un nuage menaçant dont la simple vue inspirait la frayeur. Chacun disait: «Cette fois nous allons mourir!» Pendant que tous étaient effrayés, une croix rayonnante s'éleva entre Jésus et moi; elle fit disparaître la tempête (il semblait que c'était un ouragan accompagné de tonnerre qui emportait des édifices). La croix qui fit fuir la tempête me semblait être la petite souffrance que Jésus partageait avec moi. Que le Seigneur soit béni et que tout soit pour son honneur et sa gloire.

90.   3 juillet 1900  —  Sois silencieuse et obéis!   Audio 

Ce matin, après avoir reçu la sainte communion, j'ai vu mon adorable Jésus et je lui ai dit: «Mon bien-aimé Seigneur, pourquoi ne veux-tu pas être apaisé?» Interrompant mes paroles, il dit: «Pourtant les punitions que j'envoie ne sont rien en comparaison de celles qui sont préparées.»

 Pendant qu'il disait cela, j'ai vu devant moi beaucoup de personnes infectées par une maladie soudaine et contagieuse dont elles mouraient (la grippe espagnole). Saisie de terreur, je dis à Jésus: «Seigneur, voudrais-tu cela pour nous aussi? Que fais-tu? Si tu veux faire cela, tire-moi de cette terre, car mon âme ne peut rester pour voir des choses si pénibles. Qui me donnera la force d'être dans cet état?»

 Pendant que je donnais libre cours à mon affliction, ayant pitié de moi, Jésus me dit: «Ma fille, n'aie pas peur de ton état d'assoupissement. Cela veut dire que même si je suis avec le peuple, c'est comme si je sommeillais, comme si je ne les voyais pas et ne les entendais pas. Et je t'ai mise dans le même état que moi. Pour le reste, si tu n'aimes pas cela, je te l'ai déjà dit: veux-tu que je suspende ton état de victime?» Je lui répondis: «Seigneur, l'obéissance ne veut pas que j'accepte la suspension.» Il reprit: «Bien, alors, que veux-tu de moi? Sois silencieuse et obéis!»

 Qui pourrait dire à quel point j'étais affligée et combien mes puissances internes me semblaient engourdies? Je vivais comme si je ne vivais pas. «Ô Seigneur, aie pitié de moi! Ne me laisse pas dans un état si pitoyable!»

91.   9 juillet 1900  —  L'âme qui est vraiment mienne ne doit pas seulement vivre pour Dieu, mais en Dieu.   Audio 

Le même état continuait. Il empirait même. Si parfois Jésus se montrait comme une ombre, avec la rapidité de l'éclair, c'était presque toujours dans le silence. Ce matin, j'étais au sommet de mon affliction à cause de mon sommeil continuel. Il se montra et me dit:

 «L'âme qui est vraiment mienne ne doit pas seulement vivre pour Dieu, mais en Dieu. Tu dois essayer de vivre en moi car, en moi, tu trouveras la fontaine de toutes les vertus. En te maintenant au milieu des vertus, tu seras nourrie de leur parfum, si bien que tu seras remplie comme après un bon repas et que tu ne feras rien d'autre que de dégager une lumière et un parfum célestes. Établir sa résidence en moi est la vraie vertu qui a le pouvoir de donner à l'âme la forme de l'Être divin.»

 Après ces paroles, il disparut. Quittant mon corps, mon âme se mit à sa poursuite, mais il s'était déjà enfui et je ne pus le retrouver. Soudain, je fus remplie d'amertume en voyant une grêle terrible causant de grandes destructions, des éclairs produisant des incendies et d'autres choses qui avaient été préparées. Alors, plus affligée que jamais, je réintégrai mon corps.

92.   10 juillet 1900  —  La différence entre vivre pour Dieu et vivre en Dieu.   Audio 

Alors que je poursuivais dans la même confusion, Jésus béni se montra brièvement et me fit comprendre que je n'avais pas écrit tout ce qu'il m'avait dit le jour précédent au sujet de la différence entre vivre pour Dieu et vivre en Dieu. Il reprit sur le même sujet en disant:

 «En vivant pour Dieu, l'âme peut être soumise à des troubles et des amertumes, se montrer instable, sentir la pesanteur de ses passions et des interférences des choses terrestres. Mais, pour l'âme qui vit en Dieu, c'est complètement différent. Comme elle vit dans une autre personne, elle laisse ses propres pensées pour épouser celles de l'autre. Elle épouse son style, ses goûts et, plus encore, elle quitte sa propre volonté pour prendre celle de l'autre. Pour qu'une âme puisse vivre dans la Divinité, elle doit laisser tout ce qui lui appartient en propre, se priver de tout et laisser ses propres passions. En un mot, tout abandonner pour tout trouver en Dieu.

 «Quand l'âme a beaucoup grandi en légèreté, elle est capable d'entrer par la porte étroite de mon Coeur pour vivre en moi de ma Vie même. Même si mon Coeur est très grand, tel qu'il n'a pas de limite, sa porte d'entrée est très étroite. Seulement celui qui est dépouillé de tout peut y entrer. Cela est juste parce que je suis le Très Saint. Je ne permettrais à personne qui serait un étranger à ma Sainteté de vivre en moi. C'est pourquoi, ma fille, je te dis: essaie de vivre en moi et tu posséderas le paradis anticipé.»

 Qui pourrait dire à quel point j'ai compris le sens de ce «vivre en Dieu»? Ensuite, il disparut et je me retrouvai dans le même état qu'auparavant.

93.   11 juillet 1900  —  Jésus dit à Luisa : "En rappelant en toi mes souffrances, tu viendras apaiser ma fureur".   Audio 

Ce matin, après avoir reçu la sainte communion, je poursuivais dans le même état de confusion. J'étais complètement repliée sur moi-même quand j'ai vu mon adorable Jésus venir à moi précipitamment. Il me dit: «Ma fille, amoindris un peu ma colère, autrement...» Tout effrayée, je lui dis: «Que veux-tu que je fasse pour diminuer ta colère?» Il me répondit: «En appelant sur toi mes souffrances.»

 Alors j'ai eu l'impression qu'il interpella le confesseur à l'aide d'un rayon de lumière. Celui-ci manifesta immédiatement la volonté que je souffre la crucifixion. Le Seigneur béni agréa et je me suis trouvée dans des souffrances si grandes que j'ai eu l'impression que mon âme allait quitter mon corps. Quand je me suis sentie sur le point de mourir et que je me réjouissais parce que Jésus allait recevoir mon âme, le confesseur m'a dit: «Assez!».

 Alors Jésus m'a dit: «L'obéissance t'appelle!» Je répondis: «Seigneur, je veux vraiment continuer.» Jésus reprit: «Que veux-tu de moi? L'obéissance continue de t'appeler!» Il sembla que cette nouvelle intervention de mon confesseur ne me faisait plus marcher vers la souffrance. L'obéissance se montra bien cruelle pour moi car, au moment même où je croyais avoir atteint le port, je fus repoussée pour poursuivre la navigation. En effet, bien que je souffrais, je ne sentais pas que j'allais mourir.

 Mon bon Seigneur me dit: «Ma fille, aujourd'hui ma colère avait atteint ses limites, à tel point que non seulement j'aurais détruit les plantes, mais aussi le genre humain lui-même. Si tu n'avais pas amoindri ma colère, c'est ce qui serait arrivé. Et si le confesseur lui-même n'était pas intervenu en rappelant en toi mes souffrances, je n'aurais même pas eu un regard pour lui. Il est vrai que les punitions sont nécessaires, mais il est aussi nécessaire, quand ma fureur augmente trop, que quelqu'un l'apaise. Autrement, j'enverrais beaucoup de punitions!» Puis il me sembla voir Jésus bien fatigué se plaindre en disant: «Mes enfants, mes pauvres enfants, comme je vous vois appauvris!»

 Puis, à ma surprise, il me fit comprendre qu'après s'être un peu calmé, il devait poursuivre avec les punitions. Mes souffrances avaient servi seulement à l'empêcher de trop s'emporter contre le peuple. Ô Seigneur, sois apaisé et aie pitié de ceux que tu appelles "tes enfants".

94.   14 juillet 1900  —  Le décret des peines est signé, il ne reste plus qu'à décider du moment de l'exécution.  Audio 

Il me semble que j'ai passé plusieurs jours en compagnie de Jésus béni sans que mon être soit absorbé par la léthargie du sommeil, alors que nous nous donnions réciproquement du réconfort. Cependant, j'avais peur qu'il me replonge dans ce sommeil!

 Ce matin, après qu'il m'eut rafraîchie avec du lait qui descendait de sa bouche et qu'il déversait en moi, je le réconfortai en lui enlevant sa couronne d'épines pour la fixer sur ma tête. Très affligé, il me dit: «Ma fille, le décret des punitions est signé. La seule chose qu'il reste à faire est de fixer le temps de l'exécution

95.   16 juillet 1900  —  Couvrir son âme avec les vêtements des vertus et de la grâce est immensément plus nécessaire que de couvrir son corps de vêtements.   Audio 

Ce matin mon adorable Jésus n'est pas venu. Cependant, après une longue attente, il est venu et m'a dit:

 — «Ma fille, le mieux est de me faire confiance puisque je suis la paix. Même si j'envisage d'envoyer des punitions, tu dois rester en paix, sans le moindre trouble.

 Ah! Seigneur, tu reviens toujours à elles, les punitions. Sois apaisé une fois pour toutes et ne parle plus de punitions, car je ne peux pas me soumettre à ta Volonté à cet égard!»

— Je ne peux pas être apaisé! reprit Jésus. Que dirais-tu si tu voyais une personne nue qui, au lieu de couvrir sa nudité, se préoccupait de s'orner de joyaux, omettant de se couvrir?

Ce serait horrible de la voir ainsi et, certainement, je la trouverais blâmable.

— Bien! Telles sont les âmes. Dépouillées de tout, elles n'ont plus les vertus pour se couvrir. C'est pourquoi il est nécessaire de les frapper, de les fouetter, de les assujettir à des privations pour les faire entrer en elles-mêmes et les amener à prendre soin de leur nudité. Couvrir son âme avec les vêtements des vertus et de la grâce est immensément plus nécessaire que de couvrir son corps de vêtements. Si je n'éprouvais pas ces âmes, cela signifierait que j'accorderais plus d'attention aux vétilles que sont les choses concernant le corps et que je n'accorderais pas d'attention aux choses les plus essentielles, celles qui concernent l'âme.»

Ensuite, il sembla tenir une petite corde dans ses mains avec laquelle il attacha mon cou. Il attacha aussi sa Volonté à cette corde. Il fit de même pour mon coeur et mes mains. Ainsi, il sembla qu'il m'attachait toute entière à sa Volonté. Puis il disparut.

96.   17 juillet 1900  —  Ma fille, je t'attendais pour pouvoir me reposer un peu en toi, car je ne peux tenir plus longtemps! Oh! Donne-moi du réconfort!»   Audio 

Après avoir reçu la sainte communion, je n'ai pas vu Jésus béni comme à l'accoutumée. Après l'avoir longtemps attendu, j'ai senti que je quittais mon corps. Alors je l'ai trouvé. Il me dit aussitôt: «Ma fille, je t'attendais pour pouvoir me reposer un peu en toi, car je ne peux tenir plus longtemps! Oh! donne-moi du réconfort!» Immédiatement, je l'ai pris dans mes bras pour lui plaire. J'ai vu qu'il avait à l'épaule une blessure profonde qui éveillait la pitié et même le dégoût. Il se reposa quelques minutes. J'ai ensuite vu que sa blessure était guérie. Puis, entre l'émerveillement et la surprise, le voyant soulagé, je pris mon courage à deux mains et lui dis:

 «Seigneur béni, mon pauvre coeur est tourmenté par la peur que tu ne m'aimes plus. J'ai très peur que ton indignation s'abatte sur moi. Tu ne viens plus comme avant et tu ne partages plus ton amertume avec moi. Tu ne me donnes plus ce qui est bon pour moi: la souffrance. En me privant de la souffrance, tu en viens même à me priver de toi-même. Oh! donne la paix à mon pauvre coeur. Rassure-moi, dis-moi que tu m'aimes, promets-moi que tu continueras de m'aimer?

 — Oui, oui, je t'aime vraiment!

Comment puis-je en être sûre? Si tu aimes vraiment une personne, tu dois lui donner tout ce qu'elle veut! Je te dis: "ne punis pas les personnes!" et tu les punis; ou "déverse ton amertume en moi" et tu ne le fais pas. Je trouve que cette fois, tu vas trop loin. Comment donc puis-je être sûre que tu m'aimes?

Ma fille, tu vois les punitions que j'envoie mais tu ne vois pas celles que je retiens. Combien d'autres punitions j'aurais envoyées et combien de sang j'aurais fait couler n'eût été des quelques personnes qui m'aiment et que j'aime d'un amour spécial!»

 Après cela, il me sembla que Jésus s'était dirigé à l'endroit où la destruction de la chair humaine s'opérait. Mais moi, qui voulais le suivre, je n'en eus pas la permission et, à mon plus grand regret, je me retrouvai dans mon corps.

97.   18 juillet 1900  — Où va l'aveuglement des hommes qui, en voulant blesser Jésus, se blessent eux-mêmes de leurs propres mains! Audio 

J'étais dans mon état habituel. Lorsque j'ai vu mon adorable Jésus, j'ai vu en même temps de nombreuses personnes qui commettaient beaucoup de péchés. J'en suis devenue très affligée. Ces péchés prirent ma direction pour venir blesser mon bien-aimé Seigneur qui se trouvait dans mon coeur. Quand Jésus repoussa ces péchés, ils retournèrent vers les personnes d'où ils provenaient et ils créèrent beaucoup de ruines, assez pour horrifier les coeurs les plus durs. Totalement affligé, Jésus me dit: «Ma fille, vois où l'aveuglement de l'homme le conduit. Pendant qu'il essaie de me blesser, il se blesse lui-même.»

98.   19 juillet 1900  —  « N'est-ce pas un moindre mal de faire souffrir une seule personne au lieu de tant de pauvres gens!»   Audio 

Ce matin, après que j'eus attendu mon adorable Jésus toute la nuit et une grande partie de la matinée, il n'a pas eu la bonté de venir. Fatiguée de l'attendre et dans un moment d'impatience, j'ai entrepris de quitter mon état habituel tout en pensant que ce n'était pas là la Volonté de Dieu. Pendant que j'essayais de sortir de mon corps, mon tendre Jésus, se laissant à peine voir, entra dans mon coeur et me regarda en silence. Dans l'impatience qui m'habitait, je lui dis: «Mon bon Jésus, pourquoi es-tu si cruel? Peut-on se montrer plus cruel qu'en laissant une âme à la merci du cruel tyran de l'amour qui la maintient en agonie constante? Oh! tu as changé: de l'amant que tu étais, tu est devenu un tyran!»

 Pendant que je disais cela, j'ai vu devant moi beaucoup de personnes mutilées. J'ai dit: «Oh! Seigneur! que de chair humaine mutilée! que d'amertume et de souffrance! Oh! n'y aurait-il pas moins de souffrance si j'avais satisfait pour ces personnes dans mon propre corps! N'est-ce pas un moindre mal de faire souffrir une seule personne au lieu de tant de pauvres gens!»

 Pendant que je disais cela, Jésus continua de me regarder fermement. Je ne peux dire s'il était content ou mécontent. Il me dit: «Et pourtant, ce n'est que le commencement du jeu, ce n'est rien comparé à ce qui vient!» Puis il disparut, me laissant dans une mer d'amertume.

99.   21 juillet 1900  — L'effusion de sang est nécessaire pour purger le camp de Jésus des eaux empoisonnées et pestiférées.   Audio 

Après avoir passé un jour absorbée par le sommeil au point que je ne me comprenais plus et après avoir reçu la sainte communion, j'ai senti que je sortais de mon corps. N'ayant pas trouvé mon seul et unique Bien, j'ai commencé à errer comme dans le délire. Pendant que je le faisais, j'ai senti une personne dans mes bras; elle était si complètement recouverte que je ne pouvais pas voir qui elle était. Incapable de résister, je déchirai la couverture et j'ai vu mon Tout si ardemment et longuement désiré. En le voyant, je commençai à me répandre en plaintes et en diverses idioties.

 Mais, pour diminuer mon impatience et mon délire, Jésus baisa la misérable créature que je suis. Ce baiser divin ramena en moi la paix. Il réduisit mon impatience au point que je ne savais plus quoi dire. Oubliant toutes mes misères, je me suis alors souvenu des pauvres créatures et j'ai dit à Jésus:

 «Sois apaisé, ô doux Seigneur! Épargne ces personnes de si cruelles destructions! Allons ensemble dans ces régions où ces choses arrivent pour que nous puissions encourager et consoler tous ces chrétiens dans un si triste état.

 — Ma fille, me répondit Jésus, je ne veux pas t'amener car ton coeur ne supporterait pas la vue d'un tel carnage.

Ah! Seigneur! comment peux-tu permettre cela

Il est absolument nécessaire que je nettoie ces régions parce que, dans ces champs où j'ai semé, il a poussé beaucoup de mauvaises herbes et d'épines qui sont devenues des arbres. Et ces arbres épineux ne font qu'attirer des eaux empoisonnées et pestiférées dans ces lieux. Si quelques épis sont demeurés intacts, ils ne reçoivent que piqûres et puanteur, de telle sorte qu'aucun autre épi ne peut fleurir. Ces épis ne peuvent fleurir parce que, premièrement, le sol est recouvert de toute espèce de mauvaises plantes et, deuxièmement, ils reçoivent de continuelles piqûres qui ne leur laissent aucune paix. D'où le besoin de destruction pour révéler toutes les mauvaises plantes et aussi le besoin de sang versé pour purifier ces champs de leurs eaux empoisonnées. Pour cette raison, je n'ai pas voulu t'amener. Le nettoyage est nécessaire, pas seulement aux endroits où j'ai déjà envoyé des punitions, mais aussi dans tous les autres endroits.»

Qui pourrait décrire la consternation de mon coeur en entendant ces paroles de Jésus! J'ai néanmoins insisté pour aller voir ces champs. Mais, ne faisant pas attention à moi, Jésus disparut. En essayant de le retrouver, j'ai rencontré mon ange gardien et quelques âmes du purgatoire qui me firent rebrousser chemin, ce qui me força à réintégrer mon corps.

100.   23 juillet 1900  —  Il ne peut y avoir de cruauté en Jésus;  tout est amour.  Audio 

Ce matin, mon adorable Jésus vint et me fit voir une machine dans laquelle il semblait que beaucoup de membres humains étaient écrasés. Nous étions là comme deux témoins des terrifiants châtiments à venir. Qui pourrait dire la consternation de mon coeur à cette vue? Me voyant si consternée, Jésus béni me dit: «Ma fille, éloignons-nous de ce qui nous afflige tant et réconfortons-nous en jouant un peu ensemble.»

 Qui pourrait dire ce qui se produisit alors entre Jésus et moi: les marques d'amour exquises, les ruses, les doux baisers, les caresses que nous nous donnions l'un à l'autre. Mon Jésus bien- aimé me surpassa dans ce jeu car, de mon côté, je défaillais, ne pouvant contenir tout ce qu'il me donnait. Je lui ai dit: «Mon Bien-Aimé, assez, assez! je n'en peux plus! je défaille! mon pauvre coeur n'est pas assez grand pour tant recevoir! c'est assez pour le moment!»

Voulant me réprimander pour mes paroles de l'autre jour, il me dit avec amabilité: «Fais-moi entendre tes plaintes; dis-moi: suis-je cruel? Mon Amour pour toi s'est-il changé en cruauté?» Rougissante, je lui dis: «Non, mon Seigneur, tu n'es pas cruel quand tu viens; mais quand tu ne viens pas, c'est alors que tu es cruel!»

 Souriant, il répondit: «Tu continues de dire que je suis cruel quand je ne viens pas? Non, non, il ne peut pas y avoir de cruauté en moi. Tout est Amour en moi. Sache que si mon comportement est cruel, comme tu dis, c'est en fait l'expression d'un plus grand Amour.»