📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Audio  du tome 2 (IG)


Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 2


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française de — Book of Heaven 

par l'équipe de bénévoles de Guy Harvey

1 .    28 février 1899 — Luisa écrit par obéissance.     Audio

Sur l'ordre de mon confesseur, en ce 28e jour du mois de février de l'an 1899, je commence à écrire ce qui, jour après jour, se passe entre Notre-Seigneur et moi. En vérité, je ressens une très grande répugnance à le faire. L'effort que cela me demande est si grand que seul le Seigneur peut savoir à quel point mon âme est torturée. Ô sainte obéissance, ton lien est si puissant que toi seule peux me persuader d'aller de l'avant et, outrepassant les montagnes presque infranchissables de mes répugnances, tu me lies à la Volonté de Dieu et du confesseur. Ô mon saint Époux, plus mon sacrifice est grand, plus j'ai besoin de ton aide. Je ne te demande rien sauf que tu me tiennes dans tes bras et me soutiennes. Avec ton aide, je parviendrai à ne dire que la vérité, uniquement pour ta gloire et pour ma plus grande confusion.

Ce matin, vu que le confesseur célébrait la messe, j'ai pu recevoir la communion. Mon esprit était dans une mer de confusion à cause de ce que le confesseur m'a demandé: écrire tout ce qui se passe en mon for intérieur. En recevant Jésus, j'ai commencé à lui parler de ma grande peine, de mes insuffisances et de bien d'autres choses. Cependant, Jésus ne semblait pas s'intéresser à ma souffrance et ne disait rien. Une lumière éclaira mon esprit et je me suis dit: «C'est peut-être à cause de moi que Jésus ne se manifeste pas comme d'habitude.» Aussi, de tout mon coeur, je lui ai dit: «Oh! je t'en prie, mon Seigneur et mon Tout, ne sois pas indifférent envers moi, car tu me brises le coeur de douleur! Si c'est à cause de l'écriture, qu'il en soit ainsi. Même si je dois y sacrifier ma vie, je promets de le faire.» Alors Jésus changea d'attitude et me dit avec douceur: «Que crains-tu? Ne t'ai-je pas toujours assistée auparavant? Ma lumière t'enveloppera entièrement et tu pourras ainsi la manifester.»


La pureté d'intention.    Audio

Pendant que Jésus me parlait, j'ai aperçu le confesseur à ses côtés. Jésus lui disait: «Tout ce que vous faites se rend jusqu'au ciel; vos pas, vos paroles et vos actions parviennent jusqu'à moi. Avec quelle pureté devez-vous donc agir! Si vos actions sont pures, c'est-à-dire faites pour moi, j'en fais mes délices et je les sens m'entourer comme autant de messagères qui me font penser à vous continuellement. Mais si elles sont faites pour des motifs terrestres et vils, j'en suis importuné.» Pendant qu'il disait cela, il prit les mains du confesseur et, les levant au ciel, il dit: «Que vos yeux soient toujours tournés vers le haut; vous êtes du ciel, travaillez pour le ciel!»

Ces propos de Jésus m'ont amenée à penser que si on agit ainsi, tout se passe pour nous comme lorsqu'une personne quitte sa maison pour emménager dans une autre. Que fait-elle? D'abord, elle y transfert tous ses biens et, ensuite, elle s'y rend elle-même. De la même manière, nous expédions d'abord nos oeuvres vers le ciel afin de nous y préparer une place et, au temps fixé par Dieu, nous nous y rendons nous-mêmes. Oh! quel merveilleux cortège nos oeuvres nous feront!


La foi.    Audio

Pendant que je regardais le confesseur, je me suis souvenue qu'il m'avait demandé d'écrire sur la foi selon ce que Jésus m'a enseigné. Je songeais à cela quand, soudain, le Seigneur m'attira si fortement vers lui que j'ai senti que je quittais mon corps pour me joindre à lui dans la voûte des cieux. Il me dit: «La foi, c'est Dieu.»

Ces mots émettaient une lumière si intense qu'il m'apparaît impossible de les expliquer; cependant, je ferai de mon mieux. J'ai compris que la foi, c'est Dieu lui-même. Comme la nourriture matérielle donne vie au corps pour qu'il ne meure pas, la foi donne vie à l'âme. Sans la foi, l'âme est morte. La foi vivifie, sanctifie et spiritualise l'homme; elle l'aide à garder les yeux fixés sur l'Être suprême de sorte qu'il n'apprenne rien des choses d'ici-bas, si ce n'est à travers Dieu. Oh! le bonheur de l'âme qui vit dans la foi! Son envol se fait toujours vers le ciel. Elle se voit toujours en Dieu. Quand vient l'épreuve, sa foi l'élève vers Dieu et elle se dit: «Oh! je serai d'autant plus heureuse et riche au ciel!»

Les choses de la terre l'ennuient, elle les déteste et les piétine. L'âme remplie de foi ressemble à une personne riche à millions, possédant de vastes royaumes et à qui quelqu'un voudrait offrir un sou. Que dirait cette personne? Ne serait-elle pas insultée? Ne lancerait-elle pas ce sou au visage de la personne qui l'a ainsi interpellée? Et si ce sou était recouvert de boue comme les choses de ce monde et qu'on voulait seulement le lui prêter? Alors, la personne dirait: «Je possède d'immenses richesses et tu oses m'offrir ton misérable sou boueux et, de plus, pour un temps seulement?» Elle refuserait l'offre immédiatement. Telle est l'attitude de l'âme de foi en regard des biens de ce monde.

Revenons maintenant à l'idée de la nourriture. Quand une personne absorbe de la nourriture, son corps est non seulement sustenté, mais la substance absorbée se transforme en son corps. Ainsi en est-il de l'âme qui vit dans la foi. En se nourrissant de Dieu, elle absorbe la substance de Dieu et, en conséquence, elle lui ressemble de plus en plus; elle est transformée en lui. Puisque Dieu est saint, l'âme qui vit dans la foi devient sainte; puisque Dieu est puissant, l'âme devient puissante; puisque Dieu est sage, fort et juste, l'âme devient sage, forte et juste. Il en va ainsi pour tous les attributs de Dieu. En somme, l'âme devient un petit Dieu. Oh! que cette âme est bienheureuse sur la terre et le sera encore plus au ciel!

J'ai aussi compris que les mots «je vous épouserai dans la foi» que le Seigneur adresse à ses âmes bien-aimées signifient que, dans le mariage mystique, le Seigneur dote l'âme de ses propres vertus. Cela ressemble à ce qui arrive à deux époux: en mettant leurs biens en commun, les biens de l'un ne sont plus distincts de ceux de l'autre; tous deux en sont propriétaires. Dans notre cas, cependant, l'âme est pauvre et tous ses biens viennent du Seigneur. La foi est comme un roi au milieu de sa cour: toutes les autres vertus l'entourent et la servent. Sans la foi, les autres vertus sont sans vie.

Il m'apparaît que Dieu communique la foi à l'homme de deux façons: d'abord par le baptême et, ensuite, en libérant dans l'âme une particule de sa substance, ce qui lui procure le don de faire des miracles, de ressusciter les morts, de guérir les malades, d'arrêter le soleil, etc. Oh! si le monde avait la foi, la terre serait transformée en un paradis terrestre!

Oh! comme est haut et sublime l'envol de l'âme qui s'exerce à la vertu de foi. Elle agit comme ces petits oiseaux timides qui, par crainte des chasseurs ou des pièges, font leur nid au sommet des arbres ou dans des endroits élevés. Quand ils ont faim, ils descendent chercher leur nourriture puis retournent aussitôt à leur nid. Les plus prudents ne mangent même pas au sol; pour plus de sûreté, ils transportent leurs becquées jusqu'à leur nid où ils avalent leur nourriture.

L'âme qui vit de la foi est gênée par les biens de ce monde et, par crainte d'y être attirée, elle ne les regarde même pas. Sa demeure est plus haut, au-delà des choses de la terre, plus particulièrement dans les plaies de Jésus-Christ. Au creux de ces saintes plaies, elle gémit, crie, prie et souffre avec son époux Jésus à la vue de la misère où gît l'humanité. Alors que l'âme vit dans les plaies de Jésus, ce dernier lui donne une parcelle de ses vertus pour qu'elle se les approprie. Cependant, même si elle reconnaît ces vertus comme siennes, elle sait qu'en réalité elles proviennent du Seigneur.

Il arrive à cette âme ce qui advient à une personne qui reçoit un cadeau. Que fait- elle? Elle l'accepte et en devient propriétaire. Mais, à chaque fois qu'elle le regarde, elle se dit: «Cet objet est à moi, mais c'est telle personne qui me l'a donné.» Ainsi en est-il pour l'âme que le Seigneur transforme en son image en lui communiquant une particule de son Être divin. Vu que cette âme déteste le péché, elle a de la compassion pour les autres âmes et prie pour celles qui se dirigent vers le précipice. Elle s'unit à Jésus-Christ et s'offre comme victime afin d'apaiser la justice divine et d'éviter aux créatures les châtiments qu'elles méritent. Si le sacrifice de sa vie est nécessaire, oh! avec quelle joie elle le fera, ne serait-ce que pour le salut d'une seule âme!


Comment Luisa perçoit Dieu.    Audio

Quand le confesseur m'a demandé de lui expliquer comment je percevais Dieu, je lui ai répondu qu'il m'était impossible de répondre à sa question. Le soir venu, mon doux Jésus m'est apparu et m'a presque fait des reproches à cause de mon refus, puis il a fait passer en moi deux rayons très lumineux. Par le premier, j'ai compris intellectuellement que la foi est Dieu et que Dieu est la foi. C'est ainsi que, ci-dessus, j'ai pu essayer de dire quelque chose sur la foi. Maintenant, à la suite du deuxième rayon, je vais tenter d'expliquer comment je perçois Dieu.

Quand je suis hors de mon corps et me trouve dans les hauteurs des cieux, j'ai l'impression de voir Dieu comme à l'intérieur d'une lumière. Dieu semble être lui-même cette lumière. Dans cette lumière se trouvent la beauté, la force, la sagesse, l'immensité, la hauteur et la profondeur infinies. Dieu est présent même dans l'air que nous respirons; ainsi, nous le respirons et nous pouvons faire de lui notre propre vie.

Rien n'échappe à Dieu et rien ne peut lui échapper. Cette lumière semble être complètement voix, malgré qu'elle ne parle pas; elle semble être complètement action, malgré qu'elle est toujours au repos. Elle est partout, malgré qu'elle a son propre centre. Ô Dieu, comme tu es incompréhensible! Je te vois, je sens ta présence, tu es ma vie et tu t'enfermes en moi, mais tu restes immense et ne perds rien de toi-même.

J'ai vraiment l'impression de bégayer et de ne rien dire de valable sur Dieu. Pour m'exprimer avec des mots humains, je dirai que je vois des reflets de Dieu un peu partout dans la création: à certains endroits, ces reflets sont beauté; à d'autres, ils sont parfum; à d'autres, ils sont lumière, plus spécialement dans le soleil. Le soleil m'apparaît comme particulièrement représentatif de Dieu. Je vois Dieu comme caché à l'intérieur de cette sphère qui est le roi de tous les astres. Qu'est-ce que le soleil? Rien d'autre qu'un globe de feu. Ce globe est unique mais ses rayons sont multiples. Le globe représente Dieu et ses rayons, les attributs infinis de Dieu.

Le soleil est à la fois feu, lumière et chaleur. La Très Sainte Trinité est ainsi représentée par le soleil, le feu représentant le Père, la lumière, le Fils et la chaleur, le Saint-Esprit. Bien que le soleil soit feu, lumière et chaleur, il est un. De même que dans le soleil on ne peut séparer le feu de la lumière et de la chaleur, ainsi la puissance du Père, celle du Fils et celle du Saint-Esprit sont inséparables et on ne peut concevoir que le Père a préséance sur le Fils et le Saint-Esprit, ou vice versa, car tous trois ont la même origine éternelle.

Au même titre que la lumière du soleil se diffuse partout, Dieu est présent partout par son immensité. Cependant, la comparaison avec le soleil est ici défaillante puisque le soleil ne peut atteindre les endroits où sa lumière ne peut pénétrer alors que Dieu est présent absolument partout.

Dieu est pur esprit. Le soleil s'ajuste aussi à cet aspect de Dieu puisque ses rayons pénètrent partout alors que nul ne peut les saisir. À l'instar du soleil qui n'est aucunement affecté par la laideur des objets qu'il peut éclairer, Dieu voit toutes les iniquités des hommes tout en demeurant parfaitement pur, saint et immaculé.

Le soleil répand sa lumière sur le feu mais ne se consume pas, sur la mer et les rivières, mais ne se noie pas. Il illumine tout, féconde tout, donne vie à tout par sa chaleur, mais il ne perd rien ni de sa lumière ni de sa chaleur. Malgré tout le bien qu'il fait aux créatures, il n'a besoin de personne et reste toujours le même: majestueux, brillant et immuable. Oh! comme il est facile de voir les attributs divins à travers le soleil! Par son immensité, Dieu est présent dans le feu mais ne se consume pas; il est présent dans la mer mais ne se noie pas; il est présent sous nos pas mais n'est pas écrasé. Il donne à tous sans s'appauvrir et n'a besoin de personne. Il voit tout et entend tout. Il connaît chaque fibre de nos coeurs et chacune de nos pensées bien que, étant pur esprit, il n'a ni yeux ni oreilles.

L'homme peut se priver de la lumière du soleil et de ses effets bénéfiques, mais cela n'affecte en rien le soleil: tout le mal résultant de cette privation retombe sur l'homme sans que le soleil en soit le moindrement affecté. En péchant, le pécheur s'éloigne de Dieu et perd ainsi la jouissance de sa présence bénéfique, mais cela n'affecte aucunement Dieu; le mal revient en propre au pécheur.

La rondeur du soleil symbolise l'éternité de Dieu qui n'a ni commencement ni fin. La lumière du soleil est si intense qu'on ne peut le fixer longtemps sans en être ébloui. Si le soleil se rapprochait des hommes, ceux-ci seraient réduits en cendres. Il en va ainsi concernant le Soleil divin: aucun esprit créé ne peut le pénétrer; si on tentait de le faire, on en serait ébloui et confondu.

Si, pendant que nous habitons encore notre corps mortel, le divin Soleil voulait nous manifester tout son amour, nous serions réduits en cendres. Bref, Dieu sème des reflets de lui-même dans toute la création et cela crée en nous l'impression de le voir et de le toucher. Ainsi, nous sommes continuellement rejoints par lui.

Après que le Seigneur m'eut dit les mots: «La foi, c'est Dieu», je lui ai demandé: «Jésus, m'aimes-tu?» Il répondit: «Et toi, m'aimes-tu?» Je repris: «Oui, Seigneur, et tu sais que, sans toi, j'ai l'impression qu'il n'y a pas de vie en moi.» Jésus poursuivit: «Donc, tu m'aimes et je t'aime! Alors, aimons-nous et restons toujours ensemble.» C'est ainsi que se termina notre rencontre, au moment où l'avant-midi prenait fin.

Qui pourrait dire tout ce que mon esprit a saisi concernant le divin Soleil? J'ai l'impression de le voir et de le toucher partout. Je m'en sens revêtue, à l'intérieur et à l'extérieur. Cependant, même si je sais certaines choses sur Dieu, dès que je le vois, j'ai l'impression de n'avoir rien compris. Pire encore, il me semble n'avoir dit que des sottises. J'espère que Jésus me pardonnera toutes mes sottises.

2 .    10 mars 1899 - Le Seigneur fait voir à Luisa de nombreux châtiments.     Audio

J'étais dans mon état habituel quand mon aimable Jésus s'est montré aigri et affligé. Il m'a dit: «Ma fille, ma justice est devenue trop lourde et les offenses que je reçois de la part des hommes sont si nombreuses que je ne peux plus les supporter. Ainsi, la faux de la mort aura bientôt beaucoup à moissonner, d'une manière subite ou par des maladies. Les châtiments que j'enverrai seront si nombreux qu'ils constitueront comme une sorte de jugement.»

Je ne peux dire le nombre de châtiments qu'il m'a montrés et à quel point j'en fus terrifiée. La douleur que j'en éprouve est si grande que je trouve qu'il serait préférable de me taire. Mais, puisque l'obéissance l'exige, je continue. J'ai cru voir des rues jonchées de chair humaine, le sol inondé de sang et plusieurs villes assiégées par des ennemis qui n'épargnaient même pas les enfants. On aurait dit des furies sorties de l'enfer n'ayant de respect ni pour les prêtres ni pour les églises. Le Seigneur semblait envoyer un châtiment du ciel — je ne sais ce que c'était —; il m'a semblé que tous, nous allions recevoir un coup mortel et que certains en mourraient alors que d'autres s'en remettraient.

J'ai aussi vu des plantes mourir et bien d'autres malheurs affecter les moissons. Oh! mon Dieu! quelle douleur de voir ces choses et d'être obligé d'en parler! «Ah! Seigneur, apaise-toi! J'espère que ton sang et tes plaies pourront nous guérir. Plutôt, déverse tes châtiments sur la pécheresse que je suis, car je les mérite; ou encore, prends-moi et fais de moi ce que tu veux. Mais, tant que je vivrai, je ferai tout pour m'opposer à ces châtiments.»

3.    13 mars 1899 — Toute la création nous parle de l'amour de Dieu pour les hommes et leur apprend à l'aimer.    Audio

Ce matin, mon bien-aimé Jésus s'est montré sous un aspect sévère et non pas plein de douceur et d'affabilité comme à l'accoutumée. Mon esprit était dans une mer de confusion et mon âme anéantie, surtout à cause des châtiments que Jésus m'avait montrés ces derniers jours. En voyant Jésus dans cet état, je n'ai pas osé lui parler. Nous nous sommes regardés en silence. Ô mon Dieu, quelle souffrance! Soudain, j'ai aussi vu le confesseur et, en m'envoyant un rayon de lumière intellectuelle, Jésus dit:

«Charité! La charité n'est rien d'autre qu'un déversement de l'Être divin sur toute la création qui, tout entière, parle de mon amour pour les hommes et les invite à m'aimer. Par exemple, la plus petite fleur des champs dit à l'homme: "Vois, par mon parfum délicat et en regardant toujours vers le ciel, je rends hommage à notre Créateur. Toi aussi, que tes actions soient parfumées, pures et saintes; n'offense pas notre Créateur en l'affligeant de la mauvaise odeur des actions mauvaises. Ô homme, je t'en prie, ne sois pas insensé en regardant toujours la terre; regarde plutôt vers le ciel. Ta destinée, ta patrie, se trouve là-haut. Là se trouve notre Créateur et il t'attend."

«L'eau qui coule continuellement devant les yeux des hommes leur dit: "Regarde, je viens de la nuit et je dois couler et courir jusqu'à ce que je retourne à l'endroit d'où je viens. Toi aussi, ô homme, cours, mais cours vers le sein de Dieu d'où tu viens. Oh! je t'en prie, ne cours pas sur les mauvais chemins, ceux qui mènent au précipice. Sinon, malheur à toi!"

«Même les animaux les plus sauvages disent à l'homme: "Vois, ô homme, combien tu dois être féroce vis-à-vis de tout ce qui n'est pas Dieu. Quand quelqu'un s'approche de nous, nous semons la peur par nos rugissements, de sorte que personne n'ose plus nous approcher et venir déranger notre solitude. Toi aussi, quand la puanteur des choses terrestres, c'est-à-dire de tes passions violentes, risquent de te faire tomber dans l'abîme du péché, tu peux éloigner tout danger par le rugissement de tes prières et en fuyant les occasions de péché." Et ainsi de suite pour toutes les autres créatures. D'une seule voix, elles se disent entre elles et répètent à l'homme: "Vois, ô homme, notre Créateur nous a créées par amour pour toi et nous sommes toutes à ton service. Ne sois donc pas ingrat. Nous t'en prions, aime! Nous te le répétons, aime! Aime notre Créateur!"»

Ensuite, mon aimable Jésus me dit: «Tout ce que je désire, c'est que tu aimes Dieu et que tu aimes ton prochain par amour pour Dieu. Vois combien j'ai aimé les hommes, eux qui sont tellement ingrats! Comment veux-tu que je ne les châtie pas?» 

À ce moment, j'ai cru voir une terrible tempête de grêle et un grand tremblement de terre causant de grands dommages, au point de détruire les plantes et les hommes. Alors, l'âme remplie d'amertume, j'ai dit à Jésus: «Mon toujours aimable Jésus, pourquoi es-tu si indigné? Si les hommes sont ingrats, ce n'est pas tant par malice que par faiblesse. Ah! s'ils te connaissaient seulement un peu, comme ils seraient humbles et palpitants d'amour pour toi! Je t'en prie, apaise-toi. Épargne plus particulièrement ma ville Corato ainsi que mes proches.» Pendant que je disais cela, j'ai cru comprendre qu'il allait quand même se passer quelque chose à Corato, mais que ce serait peu comparativement à ce qui allait se passer dans les autres villes.

4.    14 mars 1899 —L'homme mauvais oblige Dieu à le châtier.     Audio

Ce matin, en me transportant avec lui, mon très doux Jésus m'a fait voir la multitude des péchés qui se commettent sur la terre. Il m'est impossible de les décrire tellement ils sont horribles et nombreux. Dans les airs, j'ai pu apercevoir une étoile énorme dont le centre contenait du feu noir et du sang. C'était tellement horrible à voir qu'il serait préférable de mourir plutôt que de vivre en des temps aussi tristes. Ailleurs, on voyait des volcans aux cratères multiples qui inondaient de lave le pays voisin. On apercevait aussi des gens fanatiques qui ne cessaient d'allumer des incendies.

Pendant que je regardais cela, mon aimable Jésus me dit tout affligé:

«As-tu vu comment ils m'offensent et ce que je leur prépare? Je me retire de la terre des hommes.» 

Pendant qu'il me disait cela, nous sommes revenus dans mon lit et j'ai compris qu'à cause de ce retrait de Jésus, les hommes allaient commettre encore plus de méfaits, plus de meurtres, et se dresser les uns contre les autres. Ensuite, Jésus prit place dans mon coeur et se mit à sangloter en disant: «Ô homme, comme je t'aime! Si tu savais à quel point cela me chagrine d'avoir à te châtier! Mais ma justice m'y oblige. Ô homme, ô homme, comme je suis navré de ta destinée!» Puis il éclata en sanglots, répétant plusieurs fois ces mots.

Comment exprimer la pitié, la peur, le tourment qui envahit mon âme, surtout en voyant Jésus tellement affligé. J'ai essayé de lui cacher ma peine du mieux que j'ai pu et, pour le consoler, je lui ai dit: «Ô Seigneur, jamais tu ne châtieras l'homme comme cela! Divin Époux, ne pleure pas. Comme tu l'as déjà fait tant de fois, tu déverseras tes châtiments sur moi; tu me fera souffrir et, ainsi, ta justice ne t'obligera pas à châtier ton peuple.» Jésus continuait de pleurer et je lui répétai: «Écoute-moi un peu; ne m'as-tu pas placée dans ce lit afin que je sois victime pour les autres? Peut-être n'aurais-je pas été prête à souffrir les fois précédentes pour que tu épargnes tes créatures? Pourquoi ne veux-tu pas m'écouter maintenant?» Malgré mes pauvres paroles, Jésus n'arrêtait pas de pleurer.

Alors, n'en pouvant plus, j'ai ouvert la digue de mes larmes moi aussi en disant: «Seigneur, si tu as l'intention de châtier les hommes, moi non plus je ne peux supporter de voir souffrir à ce point tes créatures. Par conséquent, si tu veux vraiment leur envoyer des fléaux et que mes péchés me rendent indigne de souffrir à leur place, je veux partir, je ne veux plus vivre sur cette terre.» Ensuite, le confesseur est venu et, comme il m'a interpellé par l'obéissance, Jésus se retira et tout s'est terminé.

Le lendemain matin, je voyais toujours Jésus réfugié au fond de mon coeur et, même là, des gens venaient le fouler aux pieds. Je faisais tout mon possible pour le libérer et, se tournant vers moi, il me dit: «Vois-tu à quel point les hommes sont devenus ingrats? Ils m'obligent à les châtier. Je ne puis faire autrement. Et toi, ma chère fille, après m'avoir vu tant souffrir, puisses-tu porter les croix avec encore plus d'amour, et même avec délices.»

5.    18 mars 1899 — La charité est simple.     Audio

Ce matin, mon bien-aimé Jésus a continué de se manifester dans mon coeur et, voyant qu'il était un peu plus joyeux, j'ai pris mon courage à deux mains et je l'ai supplié de réduire les châtiments. Il m'a dit: «Oh! ma fille, qu'est-ce qui t'incite à me supplier de ne pas châtier mes créatures?» Je lui répondis: «Parce qu'elles sont à ton image et, quand elles souffrent, toi aussi tu souffres.» 

Il poursuivit en soupirant: «La charité m'est chère à un point que tu ne peux comprendre; elle est simple comme mon être est simple. Quoique simple, mon être est immense, au point qu'il n'existe aucun lieu où il ne pénètre. Il en va ainsi de la charité: étant simple, elle se diffuse partout. Elle n'a d'égards pour personne en particulier, qu'il s'agisse d'un ami ou d'un ennemi, d'un citoyen ou d'un étranger, elle aime tout le monde.» 

6.    19 mars 1899 — Le diable peut parler de vertu, mais il ne peut infuser la vertu dans l'âme.      Audio

Ce matin, quand Jésus s'est montré, j'ai eu peur que ce ne soit pas lui, mais le diable. Après mes protestations habituelles, il me dit: «Fille, ne crains pas, je ne suis pas le démon. D'ailleurs, si le démon parle de vertu, c'est d'une vertu à l'eau de rose et non pas d'une vertu véritable. Il ne peut infuser la vertu dans l'âme, mais seulement en parler. Si, parfois, il fait croire à l'âme qu'il veut qu'elle fasse quelque bien, elle ne saurait y persévérer et, pendant qu'elle le fait, elle est nonchalante et agitée.

«Je suis le seul à pouvoir m'infuser dans les coeurs afin qu'ils pratiquent la vertu et qu'ils souffrent avec courage, sérénité et persévérance. D'ailleurs, depuis quand le diable recherche-t-il la vertu? Ce sont plutôt les vices qu'il recherche. Alors, ne crains pas et sois paisible.»

7.    20 mars 1899 — Si le monde est dans un état si triste, c'est parce qu'il n'obéit pas à ses chefs, dont Dieu est le premier.     Audio

Ce matin, Jésus m'a transportée hors de mon corps et m'a montré plusieurs personnes se disputant. Oh! comme il était peiné! En le voyant ainsi souffrir, je l'ai prié de verser en moi sa souffrance. Il n'a pas voulu le faire, vu qu'il persiste dans son intention de châtier le monde. Cependant, après beaucoup d'insistance de ma part, il a fini par m'exaucer en déversant en moi un peu de sa souffrance.

Ensuite, quelque peu soulagé, il m'a dit: «La raison pour laquelle le monde est dans un état si lamentable, c'est qu'il a perdu tout esprit de soumission à ses chefs. Et comme Dieu est le premier chef contre lequel il se rebelle, il a perdu toute soumission à l'Église, à ses lois et à toute autorité légitime. Ah! ma fille, qu'adviendra-t-il de tous ces êtres infectés par le mauvais exemple de ceux-là mêmes qui sont appelés à être leurs chefs, leurs supérieurs, leurs parents, etc.? Ah! nous arrivons au point où ni les parents, ni les rois, ni les princes ne seront respectés. Ils seront comme des vipères s'empoisonnant mutuellement.

«Tu peux ainsi voir à quel point les châtiments sont nécessaires et pourquoi la mort doit en venir à détruire presqu'entièrement mes créatures; le petit nombre des survivants apprendra, aux dépens des autres, à devenir humble et obéissant. Par conséquent, laisse-moi faire; n'essaie pas de m'empêcher de châtier mon peuple.»

8.   31 mars 1899 — La valeur de la souffrance.      Audio

Ce matin, mon adorable Jésus s'est montré sur la croix et m'a communiqué ses souffrances en disant: «Nombreuses sont les plaies dont j'ai souffert sur la croix; il n'y avait cependant qu'une seule croix. Ainsi, nombreuses sont les voies par lesquelles j'attire les âmes à la perfection, mais il n'y a qu'un seul ciel où ces âmes doivent se rassembler. Si l'âme rate ce ciel, il n'en existe aucun autre qui puisse lui offrir une éternité bienheureuse.»

Il ajouta: «Il n'y avait qu'une croix, mais cette croix était formée de diverses pièces de bois. Ainsi, il n'y a qu'un ciel mais, dans ce ciel, il y a différentes places, plus ou moins glorieuses, attribuées selon le degré de souffrances que l'on aura supporté ici-bas. Ah! si on savait combien la souffrance est précieuse, on se ferait concurrence les uns avec les autres pour souffrir davantage! Mais cette science n'est pas reconnue et, ainsi, les hommes détestent ce qui pourrait les rendre plus riches pour l'éternité.»

9.    3 avril 1899 — Sans la confiance, l'humilité est fausse.     Audio

Après quelques jours de privation et de larmes, j'étais toute confuse et anéantie. Intérieurement, je répétais sans cesse: «Dis-moi, ô mon Bien, pourquoi t'es-tu éloigné de moi? En quoi t'ai-je offensé pour que tu ne viennes plus ou que, lorsque tu viens, tu reste presque caché et silencieux. Je t'en prie, ne me fais plus attendre car mon coeur ne peut plus le supporter!»

Finalement, Jésus se manifesta un peu plus clairement et, en me voyant tellement anéantie, il me dit: «Si tu savais combien j'aime l'humilité. L'humilité est la plus petite des plantes, mais ses branches s'élèvent jusqu'au ciel, entourant mon trône et pénétrant profondément dans mon Coeur. Les branches produites par l'humilité correspondent à la confiance. En somme, pas d'humilité vraie sans la confiance. L'humilité sans la confiance est une fausse vertu.»

Ces paroles de Jésus montrent que mon coeur était non seulement anéanti, mais aussi découragé.

10.    5 avril 1899 — Jésus cache Luisa dans l'ombre de son amour.      Audio

Mon âme continuait de se sentir anéantie et dans la crainte de perdre Jésus. Il se montra soudainement et me dit: «Je te garde à l'ombre de ma charité et, puisque cette ombre pénètre partout, mon amour te maintient cachée partout et en tout. Pourquoi donc as-tu peur? Comment pourrai-je t'abandonner alors que tu es si profondément ancrée dans mon amour?»

J'aurais aimé lui demander pourquoi il ne se manifestait pas comme d'habitude, mais il disparut sans me donner le temps de dire un seul mot. Ô mon Dieu, quelle souffrance!

La Charité : voir le point no 3

11.    7 avril 1899 —Luisa réconforte Jésus. Jésus lui dit: «Je veux que tu sois l'objet de mon contentement.»      Audio

J'étais toujours dans le même état. Ce matin, j'étais plus particulièrement plongée dans l'amertume. J'avais presque perdu l'espoir que Jésus vienne. Oh! que de larmes versées! C'était la dernière heure et Jésus n'était toujours pas venu. Mon Dieu, que faire? Mon coeur battait très fort. Ma douleur était si intense que je me sentais à l'agonie. Intérieurement, je dis à Jésus: «Mon bon Jésus, ne vois-tu pas que je suis mourante! Dis-moi au moins qu'il est impossible de vivre sans toi. Malgré mon ingratitude face à toutes tes grâces, je t'aime beaucoup et, pour réparer mon ingratitude, je t'offre la cruelle souffrance que me cause ton absence. Viens, Jésus! Sois patient, tu es si bon! Ne me fais plus attendre! Viens! Ah! ne sais-tu pas que l'amour est un cruel tyran! N'as-tu aucune compassion pour moi?»

J'étais dans cet état lamentable quand Jésus vint finalement. D'une voix remplie de compassion, il me dit: «Je suis là, ne pleure plus, viens à moi!» En un instant, je me trouvai hors de mon corps en sa compagnie; je le regardais, mais avec une telle crainte de le perdre à nouveau que mes larmes se mirent à couler à flots. Jésus poursuivit: «Non, ne pleure plus! Vois comme je souffre; regarde ma tête, les épines y ont pénétré si profondément qu'on ne les voit plus. Vois les nombreuses blessures et le sang sur tout mon corps. Approche- toi et console-moi.»

En me concentrant sur ses souffrances, j'oubliai quelque peu les miennes. Je commençai par celles de sa tête. Oh! j'étais si navrée de voir les épines si profondément enfoncées dans sa chair qu'on pouvait à peine les retirer! Pendant que je m'appliquais à le faire, il gémissait sous la douleur. Quand j'eus fini de lui arracher sa couronne d'épines toute brisée, je l'ai tressée à nouveau puis, sachant quel grand plaisir on peut donner à Jésus en souffrant pour lui, je l'ai enfoncée sur ma propre tête. Ensuite, il m'a fait embrasser ses plaies une à une et, pour certaines, il a voulu que j'en suce le sang. Je faisais tout ce qu'il désirait, quoiqu'en silence. La Très Sainte Vierge vint et me dit: «Demande à Jésus ce qu'il veut faire de toi.»

12.    9 avril 1899 — Jésus réconforte Luisa relativement aux souffrances que lui cause son absence.      Audio

Ce matin, Jésus est venu et m'a transportée dans une église. Là, j'ai assisté à la sainte messe et j'ai communié de ses mains. Ensuite, je me suis accrochée si fort à ses pieds que je ne pouvais plus m'en détacher. Me rappelant la souffrance des derniers jours causées par son absence, j'avais tellement peur de le perdre de nouveau que je lui ai dit en pleurant: «Cette fois, je ne te laisserai pas partir car, quand tu me quittes, tu me fais trop souffrir et trop attendre.»

Jésus me dit: «Viens dans mes bras que je te réconforte et te fasse oublier les souffrances de ces derniers jours.» Comme j'hésitais à le faire, il me tendit les mains et me releva. Puis il me serra sur son Coeur en disant: «N'aie pas peur, car je ne t'abandonnerai pas. Ce matin, je veux te faire plaisir. Viens avec moi dans le tabernacle.» Ainsi, nous nous sommes retirés dans le tabernacle. Là, tantôt il m'embrassait et je l'embrassais, tantôt je me reposais en lui et lui se reposait en moi, tantôt je pouvais voir les offenses qu'il recevait et je faisais des actes de réparation en conséquence. Comment décrire la patience de Jésus dans le saint sacrement? Le simple fait d'y penser me laisse tout ébahie.

Puis Jésus me fit voir le confesseur qui venait pour me ramener à mon corps et il me dit: «C'est assez maintenant, va, car l'obéissance t'appelle.» Alors, j'ai senti que mon âme revenait dans mon corps et que, de fait, le confesseur m'interpellait au nom de l'obéissance.

13.    12 avril 1899 — L'hypocrisie offense Jésus profondément.      Audio

Aujourd'hui, Jésus est venu sans trop se faire attendre. Il m'a dit: «Tu es mon tabernacle. Pour moi, être dans le saint sacrement, c'est comme être dans ton coeur; même que je trouve en toi quelque chose de plus: je peux partager mes souffrances avec toi et t'avoir avec moi comme victime devant la justice divine, ce que je ne trouve pas dans le sacrement. En disant cela, il s'est réfugié en moi.

Pendant qu'il était en moi, il me faisait ressentir tantôt les piqûres des épines, tantôt les souffrances de la croix, tantôt les souffrances de son Coeur. Je vis, autour de son Coeur, une tresse de fils barbelés qui le faisait beaucoup souffrir. Ah! quelle pitié je ressentais à le voir ainsi souffrir! J'aurais voulu prendre sur moi sa souffrance et, de tout coeur, je le suppliai de me donner ses blessures et sa souffrance.

Il me dit: «Fille, ce qui offense le plus mon Coeur ce sont les messes sacrilèges et l'hypocrisie.» J'ai cru comprendre par ces mots qu'une personne peut extérieurement exprimer de l'amour et des louanges au Seigneur et être intérieurement prête à l'empoisonner; elle peut sembler extérieurement glorifier et honorer Dieu alors qu'elle recherche intérieurement la gloire et les honneurs pour elle-même. Toute oeuvre accomplie par hypocrisie, même la plus sainte en apparence, est empoisonnée et remplit d'amertume le Coeur de Jésus.

14.    16 avril 1899 — Les offenses faites à Jésus par les siens.      Audio

J'étais dans mon état habituel quand Jésus m'invita à aller voir ce que faisaient ses créatures. Je lui dis: «Mon adorable Jésus, ce matin, je n'ai pas envie d'aller voir à quel point on t'offense; restons plutôt ici tous les deux.»

Mais Jésus insista pour que nous allions nous promener. Voulant lui faire plaisir, j'ai dit: «Si tu veux sortir, allons dans des églises car, là, on t'offense moins.» Nous nous sommes donc rendus dans une église mais, là aussi, il était offensé, même plus qu'ailleurs, non pas parce qu'on y commet plus de péchés qu'ailleurs, mais parce que les offenses qui y sont commises proviennent de ses bien-aimés, de ceux-là mêmes qui devraient se dépenser corps et âme pour son honneur et sa gloire. Voilà pourquoi ces offenses blessent si profondément son Coeur. J'ai vu des âmes dévotes qui, à cause de préoccupations futiles, ne s'étaient pas bien préparées à la communion; au lieu de penser à Jésus, leur esprit était occupé par des vétilles. Ah! comme Jésus a pitié de ces âmes qui s'apitoient sur elles- mêmes! Elles fixent leur attention sur des bagatelles, sans le moindre regard pour Jésus.

Jésus me dit: «Ma fille, vois comme ces âmes m'empêchent de déverser mes grâces en elles. Je ne m'arrête pas aux bagatelles mais à l'amour avec lequel on vient à moi. Au lieu de se préoccuper des choses de l'amour, ces âmes s'attachent à des fétus de paille. L'amour peut détruire la paille mais, même abondante, la paille ne peut augmenter l'amour le moindrement. C'est même le contraire, la paille des préoccupations personnelles amoindrit l'amour. Le pire pour ces âmes, c'est qu'elles deviennent perturbées et perdent beaucoup de temps. Elles aiment passer des heures à parler avec leur confesseur de toutes ces vétilles, mais ne prennent jamais de courageuses résolutions pour surmonter ces futilités.

«Et que devrais-je dire, ô ma fille, au sujet de certains prêtres? On peut dire qu'ils agissent de façon quasi satanique en devenant des idoles pour les âmes qu'ils dirigent. Oh! oui! ce sont surtout ces fils qui transpercent mon Coeur, car si les autres m'offensent davantage, ils offensent les membres de mon corps, tandis que ceux-là m'offensent là où je suis le plus sensible, c'est-à-dire, au plus profond de mon Coeur.»

Comment décrire les tourments de Jésus? En disant ces mots, il pleurait amèrement. J'ai fait de mon mieux pour le consoler. Puis, ensemble, nous sommes revenus à mon lit.

15.    21 avril 1899 — Jésus, le plus pauvre des pauvres.     Audio

Ce matin, j'étais dans mon état habituel quand, soudainement, je me suis trouvée dans l'incapacité de bouger. J'ai pris conscience que quelqu'un entrait dans ma petite chambre, refermait la porte, et s'approchait de mon lit. J'ai cru que cette personne était entrée furtivement sans que ma famille s'en aperçoive. Qu'allait-il donc m'arriver? J'avais une telle peur que mon sang se figeait dans mes veines et que je tremblais de tout mon être. Mon Dieu, que faire? Je me disais: «Ma famille ne l'a pas vu; je suis tout engourdie et je ne peux me défendre ni appeler à l'aide. Jésus, Marie, aidez-moi! Saint Joseph, défends-moi!»

Quand j'ai réalisé qu'il grimpait sur mon lit pour se blottir contre moi, ma peur fut telle que j'ouvris les yeux et lui demandai: «Dis-moi qui tu es?» Il répondit: «Le plus pauvre des pauvres; je suis sans abri. Je viens à toi si tu veux bien me garder avec toi dans ta petite chambre. Vois, je suis si pauvre que je n'ai même pas de vêtements; mais tu vas t'occuper de cela.» Je l'ai bien regardé. C'était un garçon d'environ cinq ou six ans, sans vêtements, sans chaussures; il était très beau et gracieux. Je lui répondis: «Quant à moi, je te garderais volontiers, mais que va dire mon père? Je ne suis pas libre de faire ce que je veux. J'ai des parents qui m'en empêchent. Quant à des vêtements pour toi, je peux y pourvoir par mes pauvres travaux et je me sacrifierai s'il le faut. Mais il m'est impossible de te garder ici. D'ailleurs, n'as-tu pas un père, une mère, un chez-toi?»

Le petit garçon répondit tristement: «Je n'ai personne. Oh! je t'en prie, ne me laisse plus errer, prends-moi avec toi!» Je ne savais que faire. Comment le garder? Une pensée effleura mon esprit: «Serait-ce Jésus? Ou peut-être un démon venu pour me troubler?» De nouveau, je lui dis: «Dis-moi au moins qui tu es.» Il répéta: «Je suis le plus pauvre des pauvres.» Je repris: «As-tu appris à faire le signe de la croix? Oui, dit-il. Alors, fais-le. Je veux voir comment tu le fais.» Il a donc fait le signe de la croix. Après, j'ajoutai: «Peux-tu réciter le "Je te salue Marie?"  Oui, répondit-il, mais si tu veux que je le récite, faisons-le ensemble.»

Je commençai le "Je te salue Marie" et il le disait avec moi quand, soudain, la plus pure lumière jaillit de son front. Alors, dans le plus pauvre des pauvres, j'ai reconnu Jésus. En un instant, par sa lumière, il me fit perdre conscience et m'attira hors de mon corps. Je me sentais toute confuse devant lui, surtout à cause de mes nombreuses rebuffades. Je lui dis: «Mon cher petit, pardonne-moi. Si je t'avais reconnu, je ne t'aurais pas refusé d'entrer. Et puis, pourquoi ne m'as- tu pas dit que c'était toi? J'ai tant de choses à te dire. Je te les aurais dites au lieu de perdre mon temps à des banalités et à craindre inutilement. D'ailleurs, pour te garder, je n'ai pas besoin de ma famille. Je suis libre de te garder, car tu ne permets à personne de te voir.» Pendant que je parlais ainsi, il partit, me laissant avec ma peine de ne pas avoir pu lui dire tout ce que je voulais. Tout s'est terminé ainsi.

16.    23 avril 1899 — Ne se préoccuper ni des louanges ni des mépris provenant des créatures.       Audio

Aujourd'hui, j'ai médité sur les dangers pour nos âmes provenant des louanges humaines. Alors que je m'examinais pour voir s'il y avait en moi complaisance face aux louanges humaines, Jésus m'a dit: «Lorsqu'un coeur est rempli de la connaissance de soi, les louanges des hommes sont comme les vagues de la mer qui montent et débordent, mais sans jamais dépasser leurs frontières. Quand les louanges font entendre leurs clameurs et s'approchent du coeur, voyant que celui-ci est entouré des murs solides de la connaissance de soi, elles n'y trouvent pas de place et se retirent sans causer de dommages. Tu ne dois accorder aucune importance ni aux louanges ni aux mépris provenant des créatures.»

17.    26 avril 1899 — Luisa prie pour la guérison d'un défaut de langue chez son confesseur. La grandeur des âmes dépouillées.      Audio

Aujourd'hui, pendant que mon aimable Jésus se manifestait, j'avais l'impression qu'il projetait en moi des rayons de lumière me pénétrant complètement. Soudain, je me trouvai hors de mon corps en compagnie de Jésus et de mon confesseur. Aussitôt, j'ai prié mon bien-aimé Jésus d'embrasser mon confesseur et de se blottir quelque temps dans ses bras (Jésus était enfant). Pour me faire plaisir, il a promptement embrassé le confesseur sur la joue, mais sans se détacher de moi. Toute déçue, je lui ai dit: «Mon petit Trésor, j'aurais voulu que tu l'embrasses non pas sur la joue, mais sur la bouche afin que, touchées par tes lèvres très pures, les siennes soient sanctifiées et guéries de leur faiblesse. Ainsi, elles pourraient annoncer ta parole plus librement et sanctifier les autres. Je t'en prie, exauce-moi!»

Jésus lui donna alors un baiser sur la bouche et dit: «Je suis tellement fier des âmes détachées de tout, non seulement sur le plan affectif, mais aussi sur le plan effectif, [planification, prévisions, besoins détaillés] qu'au fur et à mesure qu'elles se dépouillent, ma lumière les envahit et elles deviennent transparentes comme le cristal, de sorte que rien n'empêche la lumière de mon soleil de pénétrer en elles, contrairement aux bâtiments et aux autres choses matérielles par rapport au soleil matériel.»

Il ajouta: «Ah! ces âmes croient se dépouiller mais, en réalité, elles se revêtent de choses spirituelles et même de choses corporelles, car ma providence s'occupe d'une façon particulière des âmes dépouillées. Ma providence les accompagne partout; elles semblent n'avoir rien, mais elles possèdent tout.»

Ensuite, nous avons quitté le confesseur pour nous rendre auprès de plusieurs personnes pieuses qui semblaient travailler uniquement pour leurs intérêts personnels. S'avançant au milieu d'elles, il dit: «Malheur à vous qui travaillez uniquement dans le but de gagner de l'argent! Vous avez déjà votre récompense.»

18.    2 mai 1899 — L'Église est modelée sur le ciel.     Audio

Ce matin, Jésus m'est apparu tellement affligé et souffrant qu'il a provoqué dans mon coeur beaucoup de compassion. Je n'ai pas osé l'interroger. Nous nous sommes regardés en silence. De temps en temps, il me donnait un baiser puis, à mon tour, je l'embrassais. Il s'est montré ainsi à quelques reprises. La dernière fois, il m'a fait voir l'Église en me disant

«L'Église est modelée sur le ciel. À l'instar du ciel où il y a un chef, qui est Dieu, ainsi que de nombreux saints de conditions, d'ordres et de mérites différents, il y a dans mon Église un chef, qui est le pape — avec, sur sa tête, la tiare à triple couronne symbolisant la Très Sainte Trinité — de même que de nombreuses personnes dépendant de lui, soit les dignitaires, les divers ordres, supérieurs et inférieurs. Tous sont là pour embellir mon Église. Chacun se voit confié un rôle, selon sa position dans la hiérarchie. Les vertus qui découlent de l'accomplissement fidèle de leurs rôles dégagent un tel arôme que la terre et le ciel en sont parfumés et illuminés. Le peuple est attiré par ce parfum et cette lumière, et est ainsi conduit vers la vérité.

«À la suite de ce que je viens de te dire, je te demande [de] t'arrêter un moment aux membres infectés de mon Église qui, au lieu de l'inonder de lumière, la recouvrent de ténèbres. Quels ennuis ils lui causent!»

Ensuite, j'aperçus le confesseur près de Jésus. Jésus le fixa d'un regard pénétrant et, se tournant vers moi, il me dit: «Je veux que tu aies pleinement confiance en ton confesseur, même dans les plus petites choses, de sorte qu'il n'y ait aucune différence entre lui et moi; chaque fois que tu lui feras confiance en écoutant ses paroles, je serai du même avis que lui.»

Ces mots de Jésus m'ont rappelé certaines tentations du démon qui m'avaient rendue un peu méfiante. Mais, par sa vigilance, Jésus m'a corrigée et, à l'instant même, je me suis sentie délivrée de cette méfiance. Que le Seigneur soit béni à jamais, lui qui prend si grand soin de mon âme misérable et pécheresse!

19.    6 mai 1899 — Luisa cherche Jésus parmi les anges.     Audio

Ce matin, Jésus s'est à peine montré. Mon esprit était confus et je n'arrivais pas à m'expliquer son absence quand, soudain, je me suis sentie entourée de nombreux esprits — des anges, je pense. De temps à autre, alors que j'étais au milieu d'eux, je regardais autour de moi dans l'espoir d'au moins sentir le souffle de mon Bien-Aimé, mais rien n'indiquait sa présence. Tout à coup, j'ai senti une douce haleine derrière mes épaules et j'ai aussitôt crié: «Jésus, mon Seigneur!»

Il répondit: «Luisa, que veux-tu?» Je poursuivis: «Jésus, mon Bien-Aimé, viens, ne reste pas derrière mes épaules car je ne peux te voir. Je t'attendais et je t'ai cherché tout l'avant-midi. J'ai cru pouvoir te trouver au milieu de ces esprits angéliques entourant mon lit. Mais je ne t'ai pas trouvé. Alors, je suis devenue très fatiguée, car, sans toi, je ne peux me reposer. Viens, nous nous reposerons ensemble.» Alors, Jésus vint près de moi et me soutint la tête.

Les anges dirent à Jésus: «Seigneur, elle t'a très vite reconnu, non pas au son de ta voix, mais à ton souffle, et elle t'a appelé aussitôt!» Jésus leur répondit: «Elle me connaît et je la connais. Elle m'est aussi intime que la pupille de mon oeil.» Pendant qu'il disait cela, je me suis retrouvée dans les yeux de Jésus. Comment expliquer ce que j'ai ressenti dans ces yeux très purs? Même les anges en étaient étonnés!

20.    7 mai 1899— La pureté d'intention.     Audio

À plusieurs reprises au cours de la journée, pendant que je méditais, Jésus est venu près de moi. Il m'a dit: «Ma personne est entourée des actions des âmes comme d'un vêtement. Plus leurs intentions sont pures et leur amour intense, plus elles me donnent de splendeur; de mon côté, je leur donne plus de gloire, à tel point qu'au jour du jugement, je les ferai connaître au monde entier afin qu'on sache combien elles m'ont honoré et combien je les honore.»

D'un air affligé, il ajouta: «Ma fille, qu'adviendra-t-il des âmes ayant fait tant d'actions, même bonnes, sans pureté d'intention, par habitude ou par égoïsme? Quelle honte elles éprouveront au jour du jugement en voyant ces actions, bonnes en soi, mais tarées à cause de leurs intentions imparfaites; au lieu de leur faire honneur, elles seront source de honte pour elles et pour bien d'autres. En fait, ce n'est pas la grandeur des actions qui m'importe mais l'intention avec laquelle elles sont faites.»

Jésus est demeuré silencieux quelque temps pendant que je réfléchissais aux paroles qu'il m'avait dites sur la pureté d'intention et aussi sur le fait qu'en faisant le bien, les créatures doivent mourir à elles-mêmes et ne faire qu'un avec le Seigneur.

Jésus ajouta: «Il en est bien ainsi: mon Coeur est infiniment grand, mais la porte pour y entrer est très étroite. Personne ne peut venir combler son vide, sauf les âmes dépouillées et simples. Puisque sa porte est étroite, la moindre petite entrave — l'ombre d'un attachement, une intention qui n'est pas droite, une action qui n'a pas pour but de me plaire — les empêche de venir s'y délecter. L'amour du prochain pénètre dans mon Coeur mais, pour cela, il doit être tellement uni à mon propre amour qu'il ne fasse qu'un avec lui, qu'on ne puisse distinguer son amour du mien. Je ne peux considérer comme mien l'amour du prochain, s'il n'est pas transformé en mon propre amour.»