no 41 à 60

41.   22 juin 1899 —Luisa ne veut pas que Jésus dorme.  Audio

Ce matin, mon doux Jésus poursuivit avec ses petits jeux et ses plaisanteries. Il posait ses mains sur mon visage comme s'il voulait me caresser mais, au moment de le faire, il disparaissait. Il revenait ensuite, m'entourant le cou de ses bras comme pour une étreinte et, lorsque j'étendais les bras pour l'embrasser, il disparaissait comme l'éclair et je ne pouvais pas le trouver. Comment décrire la douleur de mon coeur?

Pendant que j'étais écrasée par cette mer de souffrance, au point de sentir la vie m'abandonner, la Reine du ciel vint, portant l'Enfant Jésus dans ses bras. Nous nous sommes embrassés tous les trois, la Maman, le Fils et moi. Ainsi, j'eus le temps de dire à Jésus: «Mon Seigneur Jésus, j'ai l'impression que tu m'as retiré ta grâce.» Il répondit: «Petite sotte! Comment peux-tu dire que je t'ai retiré ma grâce alors que j'habite en toi? Qu'est ma grâce, sinon moi-même?» Je demeurai plus confuse qu'avant, réalisant que j'étais incapable de parler et que, dans les quelques mots prononcés, je n'avais dit que des sottises. Ensuite, la Reine Mère disparut et il m'a semblé que Jésus s'était enfermé en moi et qu'il y était resté.

Durant ma méditation, il s'est montré dormant à l'intérieur de moi. Je le regardais en me délectant de son beau visage mais sans le réveiller, heureuse de pouvoir au moins le voir. Tout à coup, la belle Reine Mère est revenue. Elle le sortit de mon coeur et le secoua vivement pour le réveiller. Quand il fut réveillé, elle le déposa dans mes bras encore une fois en disant: «Ma fille, ne le laisse pas dormir car, s'il dort, tu verras ce qui va se passer!»

Un orage s'annonçait. À moitié endormi, le bébé tendit ses deux petites mains autour de mon cou et, en me serrant, il dit: «Maman, laisse-moi dormir.» Je dis: «Non, non, mon Trésor, ce n'est pas moi qui veux t'empêcher de dormir, c'est notre Dame Marie qui ne le veut pas. Je te prie de lui faire plaisir. On ne peut rien refuser à une maman et encore moins à cette maman! Après l'avoir tenu éveillé quelque temps, il disparut et tout s'est terminé ainsi.

42.   23 juin 1899 — Luisa aperçoit le confesseur en compagnie de Jésus; elle prie pour lui.    Audio


Après que j'eus entendu la sainte messe et reçu la communion, mon aimable Jésus se manifesta dans mon coeur; j'ai alors senti que je quittais mon corps mais sans la compagnie de Jésus. J'aperçus cependant mon confesseur et, puisqu'il m'avait dit: 

«Notre-Seigneur va venir après la communion et tu le prieras pour moi», je lui ai dit: «Père, vous m'avez dit que Jésus allait venir, mais il n'est pas encore venu.» Il me répondit: «C'est parce que tu ne sais pas le chercher. Regarde bien, car il est en toi.»

Je me suis mise à chercher Jésus en moi et j'ai aperçu ses pieds qui dépassaient à l'extérieur de moi. Je les ai aussitôt saisis et j'ai tiré Jésus vers moi. Je l'ai embrassé partout et, en apercevant la couronne d'épines sur sa tête, je la lui ai enlevée et l'ai placée dans les mains du confesseur en lui demandant de l'enfoncer sur ma tête. Il le fit mais, malgré ses efforts, il n'arrivait pas à enfoncer une seule épine. Je lui dis: «Poussez plus fort, n'ayez pas peur de me faire trop souffrir car, voyez-vous, Jésus est là pour me fortifier.»

Malgré ses efforts répétés, il n'y arrivait pas. Alors il me dit: «Je ne suis pas assez fort; ces épines doivent pénétrer dans tes os et je n'ai pas la force de le faire. Je me suis tournée vers Jésus en lui disant: «Tu vois bien que le père ne sait pas comment l'enfoncer. Fais-le un peu toi-même.» Jésus étendit les mains et, en un instant, il fit pénétrer toutes les épines dans ma tête. Cela me causa une grande satisfaction en même temps qu'une souffrance indescriptible.

Ensuite, le confesseur et moi avons prié Jésus de déverser son amertume en moi afin qu'il épargne les créatures des nombreux fléaux qu'il leur destine, comme cela semblait se passer à ce moment-là, car la grêle s'apprêtait à tomber non loin d'ici. En réponse à nos prières, le Seigneur en a fait tomber seulement un peu.

Puis, comme le confesseur était encore là, j'ai commencé à prier pour lui en disant à Jésus: «Mon bon et cher Jésus, je te prie d'accorder ta grâce à mon confesseur afin qu'il soit selon ton Coeur, et aussi de lui donner la santé physique. Tu as vu comment il a coopéré, non seulement en retirant la couronne d'épines de ta tête, mais aussi en te laissant la placer sur ma tête. S'il n'a pas réussi à l'enfoncer dans ma tête, ce n'est pas parce qu'il ne voulait pas te soulager, c'est parce qu'il manquait de force. Donc, raison de plus pour que tu l'exauces. Alors, dis-moi, ô mon seul et unique Bien, vas-tu le guérir à la fois dans son âme et dans son corps?»

Jésus m'entendit mais ne répondit rien. Je le suppliai encore avec insistance en disant: «Je ne te quitterai pas et n'arrêterai pas de prier tant que tu ne m'auras pas promis de lui accorder ce que je te demande.» Mais il n'a encore rien dit. Ensuite, nous nous sommes trouvés en compagnie de plusieurs personnes assises autour d'une table, en train de manger. Il y avait une portion pour moi. Jésus me dit: «Ma fille, j'ai faim.» Je lui répondis: «Je te donne ma portion. N'es-tu pas content?» Il reprit: «Oui, mais je ne veux pas qu'on me voit.» Je poursuivis: «Eh bien, je ferai semblant de la prendre pour moi et te la donnerai sans qu'on s'en aperçoive.» C'est ce que nous avons fait.

Au bout d'un certain temps, Jésus se leva, approcha ses lèvres de mon visage et se mit à jouer un air de trompette avec sa bouche. Toutes ces gens se mirent à pâlir et à trembler en se disant: «Que se passe-t-il? Que se passe-t-il? Nous allons mourir!» Je dis à Jésus: «Seigneur Jésus, que fais-tu? Comment se fait- il? Jusqu'à présent, tu voulais passer inaperçu et maintenant tu t'amuses! Fais attention! Arrête de faire peur à ces gens! Ne vois-tu pas qu'ils sont tous effrayés?» Il répondit: «Cela n'est encore rien. Qu'arrivera-t-il quand, soudainement, je jouerai plus fort? Ils seront tellement saisis qu'un grand nombre mourront de frayeur!» Je repris: «Mon adorable Jésus, que dis-tu là? Tu veux toujours exercer ta justice? Pitié, pitié pour ton peuple, je t'en supplie!»

Alors Jésus arbora son air doux et bienveillant et moi, apercevant encore le confesseur, je recommençai à l'importuner à son sujet. Il me dit: «Je rendrai ton confesseur comme un arbre greffé dans lequel le vieil arbre n'est plus reconnaissable, ni dans son âme ni dans son corps et, en gage de cela, je t'ai placée entre ses mains en tant que victime, afin qu'il puisse en bénéficier.»

43.   25 juin 1899 — Trois joies spirituelles associées à la foi.    Audio

Ce matin, Jésus a continué de ne se manifester que de temps à autre en me partageant un peu de ses souffrances. Le confesseur était parfois avec lui. En voyant ce dernier, et vu qu'il m'avait confié certaines de ses intentions, j'ai supplié Jésus de lui accorder ce qu'il demandait.

Pendant que je le priais ainsi, Jésus se tourna vers le confesseur en disant: «Je veux que la foi t'inonde comme les eaux de la mer inondent les bateaux. Et puisque je suis la foi, tu seras inondé par moi qui possède tout, qui peux tout et qui donne librement à quiconque a confiance en moi. Sans même que tu penses à ce qui arrivera, ni quand cela arrivera, ni de quelle façon tu agiras, je serai là pour te venir en aide selon tes besoins.»

Il ajouta: «Si tu t'exerces à t'immerger dans la foi, alors, pour te récompenser, j'infuserai en ton coeur trois joies spirituelles. D'abord, tu percevras clairement les choses de Dieu et, en faisant des choses saintes, tu seras rempli d'une telle allégresse et d'une telle joie, que tu en seras complètement imprégné. Deuxièmement, tu ressentiras de l'indifférence à l'égard des choses du monde et de la joie pour les choses célestes. Troisièmement, tu seras parfaitement détaché de tout et les choses qui exerçaient autrefois un attrait sur toi deviendront des embêtements. Cela, je l'ai déjà infusé en toi pendant un certain temps. Ton coeur sera inondé de cette joie dont jouissent les âmes dépouillées, ces âmes dont le coeur est tellement rempli de mon amour qu'elles ne sont pas distraites par les choses extérieures qui les entourent.»

44.   4 juillet 1899 — Savoir garder son coeur dans la paix. [«Le Coeur de ma Mère n'a pas connu le moindre trouble intérieur.»]   Audio

Ce matin, Jésus a renouvelé en moi les douleurs de la crucifixion. Notre Reine Mère était là et, à son sujet, Jésus m'a dit: «Mon Royaume était dans le Coeur de ma Mère, puisque son Coeur n'a jamais connu la moindre agitation. C'est tellement vrai que, même dans la mer houleuse de la Passion, alors qu'elle a supporté d'indicibles souffrances et que son Coeur fut transpercé par le glaive de la douleur, elle n'a pas connu le moindre trouble intérieur. Ainsi, comme mon Royaume est un Royaume de paix, j'ai pu l'établir en elle et y régner librement sans aucun obstacle.»

Jésus revint plusieurs fois, et moi, consciente de mon état de pécheresse, je lui ai dit: «Mon Seigneur Jésus, je me sens totalement recouverte de blessures et de péchés graves. Oh! je t'en prie, je t'en supplie, prends pitié de cette misérable créature que je suis!» Jésus me répondit: «N'aie pas peur, car il n'y a pas de péchés graves. Bien sûr, il faut avoir en horreur le péché, mais il ne faut pas s'en troubler, car le trouble, quelle qu'en soit la source, ne fait jamais de bien à l'âme.»

Il ajouta: «Ma fille, comme moi, tu es une victime. Que toutes tes actions brillent des mêmes intentions pures et saintes que les miennes afin que, en voyant ma propre image en toi, je puisse librement t'inonder de mes grâces et, qu'ainsi ornée, je puisse te présenter comme victime odorante à la divine justice.»

45.   9 juillet 1899 — Jésus partage ses souffrances avec l'âme afin d'y continuer sa Passion.    Audio

Ce matin, Jésus voulut renouveler en moi les douleurs de sa crucifixion. D'abord, il m'a transportée hors de mon corps sur une montagne et m'a demandé si j'acceptais d'être crucifiée. Je répondis: «Oui, mon Jésus, je me languis pour rien d'autre que ta croix.»

À l'instant même, une énorme croix apparut. Il m'y étendit et m'y cloua de ses propres mains. Quelles douleurs atroces j'ai ressenties dans mes mains et mes pieds, surtout que les clous étaient épointés et très difficiles à enfoncer. Mais, en compagnie de Jésus, j'ai pu tout supporter. Quand il eut fini de me crucifier, il me dit : «Ma fille, j’ai besoin de toi pour continuer ma Passion. Puisque mon corps glorieux ne peut plus souffrir, je me sers de ton corps pour continuer à souffrir ma Passion et pouvoir t'offrir comme une vivante victime de réparation et d'expiation devant la justice divine.» 

Ensuite, j'ai cru voir le ciel s'ouvrir et une multitude de saints en descendre. Tous étaient armés d'une épée. Au sein de cette multitude, une voix tonitruante se fit entendre, disant: «Nous venons défendre la justice de Dieu et la venger sur les hommes qui ont tellement abusé de sa miséricorde!» Qu'est-ce qui se passa sur la terre au moment de cette descente des saints? Tout ce que je peux dire, c'est que plusieurs se battaient, que certains étaient en fuite et que d'autres se cachaient. Tous semblaient épouvantés.

46.   14 juillet 1899 — Jésus ne quitte pas ceux qui l'aiment.   Audio

Ces jours-ci, Jésus se montre rarement. Ses visites sont comme l'éclair: alors que j'espère pouvoir le contempler longuement, il disparaît rapidement. Si, parfois, il reste un moment, c'est presque toujours en silence. Et s'il parle un peu, dès qu'il est parti, il semble reprendre sa parole et sa lumière, de sorte que je ne me souviens plus de ce qu'il a dit et que mon esprit reste aussi confus qu'auparavant. Quelle misère! Mon doux Jésus, aie pitié de ma misère et sois miséricordieux!

Sans vouloir m'étendre sur mes activités quotidiennes, je vais maintenant rapporter quelques paroles qu'il m'a adressées au cours des derniers jours. Je me souviens qu'à un moment où je me lamentais parce qu'il m'avait abandonnée, il appela à lui de nombreux anges et saints et leur dit: «Écoutez ce qu'elle dit: elle dit que je l'ai abandonnée. Expliquez-lui un peu: est-il possible que j'abandonne ceux et celles qui m'aiment? Elle m'a aimé, comment puis-je donc l'abandonner?» Les saints étaient d'accord avec le Seigneur et j'en restai profondément humiliée et plus confuse qu'auparavant.

À une autre occasion, après lui avoir dit: «À la fin, tu vas m'abandonner complètement», Jésus m'a répondu: «Fille, je ne peux t'abandonner et, comme preuve de cela, j'ai déversé mes souffrances en toi.» Ensuite, alors que j'entretenais la pensée suivante: «Pourquoi, Seigneur, as-tu permis la venue du confesseur? Tout aurait pu se passer entre toi et moi», je me trouvai à l'instant même hors de mon corps, étendue sur une croix. Mais il n'y avait personne pour m'y clouer. J'ai commencé à prier le Seigneur de venir me crucifier. Il est venu et m'a dit

«Vois-tu comme il est nécessaire qu'un prêtre soit au centre de mes oeuvres? Il est simplement une aide pour compléter ta crucifixion. En effet, on ne peut se crucifier soi-même, on a besoin d'un autre.»

47.   18 juillet 1899  — Comment Jésus-Hostie et l'âme s'attirent et s'attachent l'un à l'autre.   Audio

Les choses se passent presque toujours de la même façon. Cette fois, il m'a semblé que Jésus-Hostie était là dans mon coeur, m'inondant de nombreux rayons provenant de la sainte hostie. Plusieurs fils sortant de mon coeur s'entrelaçaient avec les rayons émanant de l'hostie. J'avais l'impression que, par son amour, Jésus m'attirait à lui et que, par ces fils, mon coeur l'attirait et le liait entièrement à moi.

48.   22 juillet 1899 — La croix rend l'âme transparente. Comment éviter le précipice.   Audio

Ce matin, mon adorable Jésus s'est montré portant à son cou une croix en or toute brillante qu'il regardait avec grande satisfaction. Soudain, le confesseur surgit et Jésus lui dit: «Les souffrances de ces derniers jours ont augmenté la splendeur de ma croix, à tel point que c'est pour moi un délice de la regarder.»

Ensuite, se tournant vers moi, il me dit: «La croix donne à l'âme une telle splendeur qu'elle en devient toute transparente. De même qu'on peut donner toutes les couleurs à un objet transparent, la croix, par sa lumière, donne à l'âme des facettes aussi variées que splendides. D'autre part, sur un objet transparent, on peut facilement détecter les poussières, les moindres taches et même les ombres. Il en va ainsi avec la croix: puisqu'elle rend l'âme transparente, elle lui permet de repérer ses plus petits défauts et ses moindres imperfections, à tel point qu'aucune main de maître ne peut faire mieux que la croix pour transformer l'âme en une demeure digne du Dieu du ciel.» Qui pourrait dire tout ce que j'ai compris au sujet de la croix et à quel point l'âme qui la possède me paraît enviable!

Ensuite, il m'a transportée hors de mon corps et je me suis trouvée au sommet d'un très haut escalier sous lequel il y avait un précipice. Les marches de cet escalier étaient mobiles et tellement étroites qu'on pouvait à peine y poser la pointe des pieds. Le plus terrifiant était le précipice lui-même et le fait que l'escalier ne possédait ni rampe ni appui; si quelqu'un tentait de s'agripper aux marches, celles-ci s'arrachaient. En voyant que la plupart des gens tombaient, j'étais glacée jusqu'aux os. Cependant, il fallait absolument escalader ces marches.

Je me suis donc engagée dans l'escalier, mais après deux ou trois marches, voyant combien je risquais de tomber dans l'abîme, j'ai supplié Jésus de venir à mon secours. Sans que je sache trop comment, il s'est trouvé près de moi et m'a dit: «Ma fille, ce que tu viens de voir, c'est le chemin que tout homme doit parcourir sur cette terre. Les marches mobiles sur lesquelles on ne peut même pas s'appuyer sont les choses de la terre. Si un homme tente de s'appuyer sur ces choses, au lieu de l'aider, elles le poussent à tomber en enfer. Le moyen le plus sûr consiste à grimper et à voler presque, sans toucher le sol, sans regarder les autres et en gardant les yeux fixés sur moi, afin de recevoir aide et force. Ainsi, on peut facilement éviter le précipice.»

49.   28 juillet 1899  — La croix est la plus belle marque de noblesse que Jésus puisse imprimer dans une âme.   Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu sous une apparence aussi magnifique que mystérieuse. Il portait à son cou une chaîne recouvrant entièrement sa poitrine. À une des extrémités de cette chaîne, pendait une espèce d'arc et, à l'autre, un genre de carquois rempli de pierres précieuses et de joyaux. Dans sa main, il tenait une lance. Il me dit: «La vie humaine est un jeu: certains jouent pour le plaisir, d'autres pour l'argent, d'autres jouent leur propre vie, etc. Moi aussi je m'amuse à jouer avec les âmes. Quels sont donc les tours que je leur joue? Ce sont les croix que je leur envoie. Si elles les acceptent avec résignation et m'en remercient, je m'amuse et joue avec elles, me délectant immensément, recevant beaucoup d'honneur et de gloire, et les amenant à faire les plus grands progrès.»

Pendant qu'il parlait, il me toucha avec la lance. Toutes les pierres précieuses qui garnissaient l'arc et le carquois se détachèrent et se transformèrent en des croix et des flèches pour blesser les créatures. Quelques créatures, mais très peu, se réjouirent, embrassèrent ces croix et ces flèches et engagèrent le jeu avec Jésus. D'autres, au contraire, attrapèrent ces objets et les lancèrent à la face de Jésus. Oh! comme il en était affligé! Quelle perte pour ces âmes! Jésus ajouta: «Voilà la soif pour laquelle j'ai crié sur la croix. N'ayant pu l'étancher entièrement à ce moment-là, je me délecte en continuant de l'étancher dans les âmes de mes bien-aimés qui souffrent. Ainsi, quand tu souffres, tu soulages ma soif.»

Comme il est revenu plusieurs autres fois, je l'ai supplié de libérer mon confesseur souffrant. Il me dit: «Ma fille, ne sais-tu pas que la plus belle marque de noblesse que je puisse imprimer dans une âme, c'est la croix?»

50.   30 juillet 1899  — Ne pas juger son prochain.   Audio

Ce matin, suivant son habitude, Jésus m'a transportée hors de mon corps. Nous avons rencontré une foule de gens dont la plupart s'acharnaient à vouloir juger la conduite des autres sans regarder la leur. Mon bien-aimé Jésus me dit: «La façon la plus sûre d'agir avec droiture envers son prochain, c'est de ne pas regarder ce qu'il fait, parce que regarder, penser et juger, c'est la même chose. Quand on regarde son prochain, on fraude sa propre âme: on n'est pas honnête avec soi-même, ni avec son prochain, ni avec Dieu.»

Ensuite, je lui ai dit: «Mon unique Bien, il y a longtemps que tu ne m'as pas embrassée.» Alors nous nous sommes embrassés. Puis, comme s'il voulait me réprimander, il ajouta: «Ma fille, ce que je te recommande, c'est de chérir mes paroles, car elles sont éternelles et pures comme moi; en les gravant dans ton coeur et en les faisant fructifier, tu travailles à ta sanctification et, en récompense, tu reçois la splendeur éternelle. Si tu agis autrement, ton âme s'étiole et tu es en dette avec moi.»

51.   31 juillet 1899 — Communication intellectuelle entre Jésus et Luisa.  Audio

Jésus est revenu ce matin, mais en silence. Néanmoins, j'étais très heureuse car, tant que j'avais mon Trésor Jésus avec moi, j'étais parfaitement satisfaite. Dès que je l'ai aperçu, j'ai compris plusieurs choses au sujet de sa beauté, de sa bonté et de ses autres qualités. Cependant, comme tout s'est passé dans mon esprit et par communication intellectuelle, ma bouche ne peut rien exprimer sur ces choses. Je garde donc le silence.

52.   1er août 1899 — Jésus affectionne les âmes pures.   Audio

Ce matin, mon très gentil Jésus m'a transportée hors de mon corps et m'a fait voir la corruption dans laquelle gît l'humanité. C'était horrifiant! Alors que j'étais au milieu des gens, Jésus, au bord des larmes, me dit: «Ô homme, comme tu t'es défiguré et avili! Je t'ai créé afin que tu sois mon temple vivant, mais tu es devenu la demeure du diable. Regarde, même les plantes, recouvertes de feuilles, avec leurs fleurs et leurs fruits, t'enseignent le respect et la modestie que tu dois avoir pour ton corps. Mais, en perdant toute modestie et toute réserve naturelle, tu es devenu pire que les animaux, à tel point que je ne peux te comparer à rien d'autre. Tu étais mon image, mais je ne te reconnais plus. Je suis tellement horrifié par tes impuretés qu'un seul regard vers toi me donne la nausée et m'oblige à m'éloigner.»

Pendant qu'il parlait, j'étais torturée par la douleur de voir mon Bien-Aimé si triste. Je lui ai dit: «Seigneur, c'est vrai que tu ne peux plus trouver rien de bon en l'homme et qu'il est devenu tellement aveugle qu'il ne peut même plus respecter les lois de la nature. Si donc tu ne regardes que l'homme, tu voudras lui envoyer des châtiments. C'est pourquoi je te prie de poser ton regard sur ta miséricorde et ainsi, tout sera arrangé.»

Jésus me dit: «Fille, soulage-moi un peu de mes souffrances.» En disant cela, il retira la couronne d'épines qui était enfoncée sur son adorable tête et il l'enfonça sur la mienne. J'éprouvai de très vives douleurs, mais j'étais contente de voir que Jésus était soulagé. Ensuite, il dit: «Fille, j'aime beaucoup les âmes pures; autant je suis obligé de fuir les âmes impures, autant je suis attiré par les âmes pures comme par un aimant, et je viens habiter en elles. À ces âmes, je prête volontiers ma bouche afin qu'elles parlent avec ma langue et, qu'ainsi, elles n'aient aucun effort à faire pour convertir les âmes. Je me délecte non seulement à perpétuer ma Passion en ces âmes — et ainsi à continuer en elles la Rédemption —, mais je prends aussi plaisir à faire s'épanouir mes propres vertus en elles.»

53.   2 août 1899 — Importance de l'accueil de la grâce.   Audio

Ce matin, mon adorable Jésus s'est montré tout affligé et presqu'en colère contre les hommes, menaçant de leur envoyer les châtiments habituels et de faire mourir subitement les gens par les éclairs, la grêle et le feu. Je l'ai supplié avec insistance de s'apaiser et il m'a dit: «Les iniquités qui montent de la terre au ciel sont si nombreuses que si les prières et les souffrances des âmes victimes cessaient pour un quart d’heure, je ferais sortir le feu des entrailles de la terre et j'en inonderais la population.»

Il ajouta: «Regarde toutes les grâces que je devais déverser sur les créatures. Comme elles n'y correspondent pas, je suis forcé de les retenir. Pire encore, elles m'obligent à changer ces grâces en châtiments. Sois attentive, ô ma fille, afin de bien correspondre aux multiples grâces que je déverse en toi, car la correspondance à mes grâces est la porte qui me laisse entrer dans un coeur pour y faire ma demeure.

«Cette correspondance est comme cet accueil chaleureux et affable que l'on donne quand quelqu'un vient nous visiter, de telle sorte qu'attiré par ces politesses, le visiteur se sent obligé de revenir et se sent même incapable de partir. Tout est dans l'accueil à mon égard et, suivant la façon dont les âmes m'accueillent et me traitent sur la terre, je les accueillerai et les traiterai au ciel. En leur ouvrant toutes grandes les portes du ciel, j'inviterai toute la cour céleste à venir les accueillir et je les ferai asseoir sur les trônes les plus sublimes. Pour les âmes qui n'auront pas correspondu à mes grâces, ce sera le contraire.»

54.   7 août 1899 — Notre néant versus la beauté de Jésus.  Audio

Ce matin, mon aimable Jésus ne venait pas. Après une très longue attente, il est enfin arrivé. Je me sentais si confuse et anéantie que je ne pouvais rien lui dire. Il me dit: «Plus tu t'anéantiras et apprendras à reconnaître ton néant, plus mon Humanité te communiquera ses vertus et t'inondera de sa lumière.»

Je lui répondis: «Seigneur, je suis tellement méchante et laide que j'ai horreur de moi. Que suis-je à tes yeux?» Jésus reprit: «Si tu es laide, je peux te rendre belle.» En disant ces mots, une lumière émanant de lui se dirigea vers mon âme et j'eus l'impression qu'il me transmettait sa beauté. Puis, tout en m'embrassant, il me dit: «Comme tu es belle, belle de ma propre beauté. Voilà pourquoi je suis attiré vers toi et porté à t'aimer.» Ces paroles me laissèrent plus confuse que jamais! Que tout soit pour sa gloire!

55.   8 août 1899 — Jésus trouve son repos dans l'âme résignée.  Audio

Il continuait à se montrer brièvement et presqu'en colère contre les hommes. Mes supplications pour qu'il déverse en moi son amertume ne l'ébranlaient pas. Sans prêter attention à mes propos, il me dit: «La résignation absorbe tout ce qu'il y a de dégoûtant dans l'homme et le rend acceptable. Elle greffe dans l'âme mes propres vertus. Une âme résignée est toujours en paix et je trouve en elle mon repos.»

56.   10 août 1899 — Beauté de la simplicité.   Audio

Ce matin, quand mon doux Jésus est venu, il m'a transportée hors de mon corps et a ensuite disparu. Étant seule, j'ai vu deux candélabres de feu qui descendaient du ciel pour ensuite se fractionner en de nombreux éclairs et en une pluie de grêle s'abattant sur la terre, occasionnant de grands tourments pour les plantes et les hommes. L'horreur et la véhémence de l'orage étaient telles que les gens ne pouvaient ni prier ni retourner à leurs domiciles. Comment dire la peur que j'éprouvais?

Je me suis mise à prier afin d'apaiser le courroux du Seigneur. Quand il est revenu, j'ai remarqué qu'il tenait en main une barre de fer au bout de laquelle il y avait une boule de feu. Il me dit: «J'ai longtemps retenu ma justice et c'est avec raison qu'elle veut sévir sur les créatures qui ont osé détruire toute justice. Oh! oui! je ne trouve aucune justice en l'homme! Il s'est totalement contrefait par ses paroles et ses actes. Tout en lui n'est que fraude et injustice dont son coeur est à ce point envahi qu'il n'est plus qu'un fatras de vices. Pauvres hommes, comme vous vous êtes avilis!»

Tout en parlant, il se mit à faire tourner la barre dans sa main, comme s'il allait blesser quelqu'un. Je lui dis: «Seigneur, que fais-tu?» Il répondit: «Ne crains pas; tu vois cette boule de feu? Elle va incendier la terre, mais elle ne frappera que les méchants; les bons seront épargnés.» Je repris: «Ah! Seigneur! Qui est bon? Nous sommes tous méchants. Je t'en supplie, tourne ton regard, non pas vers nous, mais vers ton infinie miséricorde; ainsi, tu seras apaisé.»

Jésus poursuivit: «La justice a pour fille la vérité. Comme je suis l'éternelle vérité et que je ne peux induire en erreur, ainsi l'âme juste fait briller la vérité dans tous ses actes. Puisqu'elle possède la lumière de la vérité, si quelqu'un tente de la tromper, elle débusque immédiatement la tromperie. Et, avec cette lumière, elle ne trompe ni son voisin, ni elle-même et ne peut être trompée. La justice et la vérité ont pour fruit la simplicité, qui est une autre de mes qualités.

«Je suis tellement simple que je peux pénétrer partout et que rien ne peut m'arrêter. Je pénètre le ciel et les abîmes, le bien et le mal. Même en pénétrant le mal, mon être ne peux se salir ni recevoir le moindre ombrage. Il en est de même pour l'âme qui, par la justice et la vérité, possède le magnifique fruit de la simplicité. Cette âme pénètre le ciel, pénètre les coeurs pour les conduire à moi et pénètre tout ce qui est bon. Quand elle se trouve parmi les pécheurs et qu'elle voit le mal qu'ils font, elle n'en est pas salie car, par sa simplicité, elle écarte promptement le mal. La simplicité est si belle que mon Coeur est profondément touché par un seul regard d'une âme simple. Cette âme fait l'admiration des anges et des hommes.»

57.   12 août 1899 — Jésus transforme Luisa en lui-même et lui enseigne la manière de pratiquer la charité.   Audio

Ce matin, après une courte attente, mon adorable Jésus est venu et m'a dit: «Ma fille, ce matin, je veux te rendre tout à fait conforme à moi. Je veux que tu penses avec mes pensées, que tu regardes avec mes yeux, que tu écoutes avec mes oreilles, que tu parles avec ma langue, que tu agisses avec mes mains, que tu marches avec mes pieds et que tu aimes avec mon Coeur.»

Ensuite, Jésus a uni ses attributs (ceux mentionnés ci-haut) aux miens et j'ai réalisé qu'il était aussi en train de me donner sa propre forme. De plus, il m'a donné la grâce de m'en servir comme il le fait lui-même. Puis il a dit: «Je déverse de grandes grâces en toi. Garde-les bien!» Je répondis: «Étant remplie de tant de misères, j'ai bien peur, ô mon bien-aimé Jésus, de faire un mauvais usage de tes grâces. Ce que je crains le plus, c'est ma langue qui, trop souvent, me fait manquer à la charité envers mon prochain.»

Jésus poursuivit: «N'aie pas peur, je vais t'enseigner la manière de parler à ton prochain. Premièrement, lorsqu'on te raconte quelque chose sur ton prochain, interroge-toi et vois si tu n'es pas toi-même coupable de ce défaut car, dans ce cas, vouloir corriger ton prochain serait le scandaliser et m'indigner moi-même. Deuxièmement, si tu n'as pas ce défaut, lève-toi et essaie de parler comme j'aurais parlé. De cette façon, tu parleras avec ma propre langue et, ainsi, tu ne manqueras pas à la charité. Au contraire, par tes paroles, tu feras du bien à ton prochain et à toi-même et tu me rendras honneur et gloire.»

58.   13 août 1899 — Jésus emprunte la forme de Luisa.   Audio

Il s'est encore manifesté ce matin, mais brièvement, en menaçant encore d'envoyer des châtiments. Alors que je m'employais à l'apaiser, il s'est éloigné aussi vite que l'éclair. La dernière fois qu'il est venu, il s'est montré crucifié. Je me suis placée près de lui pour baiser ses plaies très saintes, faisant des actes d'adoration quand, soudain, au lieu de voir Jésus, c'est ma propre forme que j'ai aperçue. J'étais très surprise et j'ai dit: «Seigneur, qu'est-ce qui se passe? Suis-je en train de m'adorer moi-même? Je ne peux pas faire ça!»

Alors il est revenu à sa propre forme et m'a dit: «Ne sois pas surprise si j'ai emprunté ta forme. Puisque je souffre continuellement en toi, qu'y a-t-il d'étonnant que j'aie emprunté ta physionomie? D'ailleurs, si je te fais souffrir, n'est-ce pas pour faire de toi une image de moi?» Je demeurai toute confondue et Jésus disparut. Que tout concoure à sa gloire et que son saint nom soit béni à jamais!

59.   15 août 1899 — La charité lie et ordonne toutes les autres vertus. On célèbre l'Assomption de Marie dans le ciel. La beauté du "Je te salue, Marie".   Audio

Ce matin, mon très doux Jésus avait le coeur en fête et tenait en mains un bouquet des plus belles fleurs. Se blottissant dans mon coeur, tantôt il s'entourait la tête de ces fleurs, tantôt il les tenait dans ses mains, le coeur dans la joie et l'allégresse. Il célébrait comme s'il avait obtenu une grande victoire. Se tournant vers moi, il me dit: «Ma bien-aimée, ce matin, je suis venu mettre les vertus en ordre dans ton coeur. Les autres vertus peuvent demeurer séparées les unes des autres, mais la charité lie et ordonne toutes les autres. Voici ce que je veux faire en toi concernant la charité.»

Je lui dis: «Mon seul et unique Bien, comment pourrais-tu faire cela, étant donné que je suis si méchante et pleine de défauts? Si la charité engendre l'ordre, ces défauts et ces péchés ne sont-ils pas la cause du désordre qui souille mon âme?» Jésus reprit: «Je vais tout purifier et la charité va tout remettre en ordre. D'ailleurs, quand je laisse une âme participer aux souffrances de ma Passion, il ne peut y avoir de péchés graves; tout au plus quelques fautes vénielles involontaires. Mais, étant de feu, mon amour consume toute imperfection.» Alors, de son Coeur, Jésus fit couler un ruisseau de miel dans mon coeur. Avec ce miel, il purifia tout mon intérieur et, ainsi, tout en moi fut remis en ordre, unifié et marqué du sceau de la charité.

Ensuite, j'ai senti que je quittais mon corps et que je pénétrais dans la voûte des cieux en compagnie de mon aimable Jésus. C'était grande fête partout: au ciel, sur la terre et au purgatoire. Tous étaient inondés d'une joie et d'une jubilation nouvelles. Plusieurs âmes sortaient du purgatoire et montaient au ciel comme des éclairs, afin d'assister à la fête de notre Reine Mère. Moi aussi, je me suis faufilée dans cette foule immense composée d'anges, de saints et d'âmes du purgatoire fraîchement arrivées.  Ce ciel était tellement immense que, en comparaison, les cieux que nous voyons sur la terre n'ont l'air que d'un petit trou.

Regardant tout autour, je ne vis qu'un ardent soleil répandant des rayons fulgurants qui me pénétraient et me rendaient transparente comme le cristal. Ainsi, mes petites taches apparurent clairement de même que la distance infinie entre le Créateur et sa créature. Chaque rayon de ce soleil avait un accent particulier: les uns brillaient de la sainteté de Dieu, d'autres de sa pureté, d'autres de sa puissance, d'autres de sa sagesse, et ainsi de suite pour les autres vertus et attributs de Dieu. Devant ce spectacle, mon âme touchait son néant, ses misères et sa pauvreté; elle se sentait anéantie et tombait face contre terre devant le Soleil éternel que nul ne peut voir face à face.

La Très Sainte Vierge, quant à elle, semblait totalement absorbée en Dieu. Pour pouvoir participer à la fête de cette Reine Mère, il nous fallait regarder à partir de l'intérieur du soleil; on ne pouvait rien voir à partir d'autres points d'observation. Pendant que j'étais tout anéantie devant le Divin Soleil, bébé Jésus, que la Reine Mère tenait dans ses bras, me dit:

«Notre Maman est dans le ciel. Je te donne la tâche d'agir comme ma maman sur la terre. Et comme ma vie est continuellement objet de mépris, de douleurs et d'abandon de la part des hommes et que, durant son séjour sur la terre, ma Mère était ma fidèle compagne dans toutes mes souffrances (elle a toujours voulu me soulager en tout, dans la mesure de ses forces), toi aussi, en imitant ma Mère, tu me tiendras fidèlement compagnie dans toutes mes souffrances en souffrant à ma place autant que possible. Et quand tu ne le pourras pas, tu essaieras au moins de me réconforter. Sache, cependant, que je te veux tout à moi. Je serai jaloux de ta moindre respiration si elle ne m'est pas dédiée. Quand je verrai que tu ne seras pas totalement concentrée à me plaire, je ne te laisserai aucun repos.»

Par la suite, j'ai commencé à agir comme sa maman. Oh! quelle attention il me fallait exercer pour lui être agréable! Afin de lui plaire, je ne pouvais même pas jeter un regard ailleurs. Tantôt il voulait dormir, tantôt il désirait boire, tantôt il voulait être caressé; je devais toujours être prête à exaucer tous ses désirs. Il m'a dit: «Maman, j'ai mal à la tête. Oh! je t'en prie, soulage-moi!» Aussitôt, j'examinai sa tête et, y trouvant quelques épines, je les lui enlevai et le fit reposer en soutenant sa tête de mes bras. Pendant qu'il se reposait, il se dressa subitement en disant: «Je ressens un poids et une telle souffrance dans mon Coeur que je me sens mourir. Essaie de voir ce qu'il y a.»

En scrutant l'intérieur de son Coeur, je trouvai tous les instruments de sa Passion. Je les retirai un à un et les plaçai dans mon propre coeur. Ensuite, voyant qu'il était soulagé, je commençai à le caresser et à l'embrasser en lui disant: «Mon seul et unique Trésor, tu ne m'as même pas laissée assister à la fête de notre Reine Mère ni entendre les premiers cantiques que les anges et les saints ont chantés pour elle!»

Il me répondit: «Le premier cantique qu'ils ont chanté fut le "Je te salue, Marie" vu que, par cette prière, on lui adresse les plus belles louanges, les plus grands honneurs et que, en l'entendant, la joie qu'elle ressentit en devenant Mère de Dieu se renouvelle. Si tu veux, nous allons le réciter ensemble en son honneur. Quand tu viendras au paradis, je te ferai revivre la joie que tu aurais goûtée si tu avais été de la fête avec les anges et les saints dans le ciel.»

Nous avons donc récité ensemble la première partie du "Je te salue, Marie." Oh! comme ce fut doux et émouvant de saluer notre très sainte Maman en compagnie de son Fils bien-aimé! Chaque mot que Jésus prononçait était porteur d'une immense lumière par laquelle j'ai compris bien des choses au sujet de la Très Sainte Vierge. Mais, comment raconter toutes ces choses compte tenu de mon inaptitude? Je les passe donc sous silence.

60.   16 août 1899 — Luisa continue d'agir comme la maman de Jésus.   Audio

Jésus désire encore que j'agisse comme sa mère. Il s'est manifesté à moi sous la forme du plus gracieux petit bébé en train de pleurer. Afin d'apaiser ses pleurs, je me suis mise à chanter en le tenant dans mes bras. Quand je chantais, il cessait de pleurer mais, dès que j'arrêtais, il se remettait à pleurer.

Je préfère garder le silence concernant ce que je chantais, d'abord parce que je ne me souviens pas très bien, étant alors hors de mon corps, et aussi parce que, de toute façon, on ne peut se souvenir de tout ce qui arrive. Je préfère garder le silence aussi parce que je pense que mes paroles étaient sottes. Cependant, dame obéissance, souvent très impertinente, ne veut pas renoncer. Je vais donc la contenter, même si ce que je vais écrire est farfelu. On dit que dame obéissance est aveugle mais, quant à moi, je crois qu'elle voit tout puisqu'elle remarque la moindre petite chose et que, quand on ne fait pas ce qu'elle demande, elle devient impertinente au point de ne plus nous laisser aucun repos. Donc, pour garder la paix avec elle, et compte tenu de ce qu'elle est si bonne quand on lui obéit et qu'on peut tout obtenir à travers elle, je vais écrire ce dont je me souviens avoir chanté à Jésus:


Petit Bébé, tu es petit et fort,
de toi j'attends tout réconfort.
Petit Bébé, gracieux et beau,
même les étoiles sont éprises de toi.
Petit Bébé, prends mon coeur,
remplis-le de ton amour.
Petit Bébé, tendre petit,
fais-moi petit bébé aussi.
Petit Bébé, tu es un paradis,
je me délecte de ton sourire éternel!