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61.   17 août 1899 — Le pouvoir de "dame obéissance".     Audio

Ce matin, après avoir communié, j'ai dit à mon aimable Jésus: «Comment se fait-il que cette vertu d'obéissance soit si impertinente, et même parfois capricieuseIl me répondit: «Si cette noble dame est telle que tu le dis, c'est parce qu'elle doit faire mourir tous les vices et, puisqu'elle doit donner la mort, elle doit être forte et courageuse. Pour arriver à ses fins, elle doit parfois user de caprices et d'impertinence. Cela étant nécessaire pour ceux qui doivent tuer le corps, pourtant si fragile, cela est encore plus nécessaire quand il faut tuer les vices et les passions, lesquels peuvent revenir à la vie alors qu'on pensait les avoir tués.

«Oh! oui! il n'y a pas de vraie paix sans obéissance et, si l'on croit jouir d'une certaine paix sans elle, c'est une fausse paix. La désobéissance s'accorde bien avec nos passions, mais jamais l'obéissance. Quand on s'éloigne de l'obéissance, on s'éloigne de moi, le roi de cette noble vertu, et on court à sa perte.

«L'obéissance tue la volonté propre et déverse dans l'âme les grâces divines par torrents. On peut dire que l'âme obéissante ne fait plus sa propre volonté mais celle de Dieu. Peut-on connaître une vie plus merveilleuse et plus sainte que la vie dans la Volonté de Dieu? Dans la pratique des autres vertus, même les plus sublimes, l'amour de soi peut toujours se glisser, mais, dans la pratique de l'obéissance, jamais.»

62.   18 août 1899— La lumière de la vérité met de l'ordre dans l'âme.     Audio

Ce matin, lorsque mon adorable Jésus est venu, je lui ai dit: «Mon bien-aimé Jésus, j'ai parfois l'impression que tout ce que j'écris est absurde.» Il me répondit: «Ma parole est non seulement vérité, mais aussi lumière. Quand la lumière pénètre dans une chambre noire, que fait-elle? Elle chasse les ténèbres et rend visibles les objets qui s'y trouvent, qu'ils soient laids ou beaux, ou que la chambre soit en ordre ou en désordre. D'après l'état de la chambre, on peut alors deviner quelle genre de personne l'habite.

Dans cet exemple, la chambre représente l'âme humaine. Quand la lumière de la vérité y pénètre, elle y chasse les ténèbres et on peut y distinguer le vrai du faux, le temporel de l'éternel. En conséquence, l'âme peut éloigner d'elle les vices et mettre de l'ordre dans ses vertus. Comme ma lumière est sainte (c'est ma Divinité même) elle ne peut que transmettre la sainteté et l'ordre à l'âme dans laquelle elle pénètre, celle-ci ayant l'impression que des lumières de patience, d'humilité, de charité, etc., émanent d'elle. Si ma parole produit en toi de tels signes, pourquoi craindre?»

Ensuite, Jésus pria le Père pour moi en disant: «Père très saint, je te prie pour cette âme. Fais qu'elle accomplisse parfaitement notre très sainte Volonté en tout. Fais, ô adorable Père, que ses actions soient conformes aux miennes, sans aucune distinction, afin que je puisse réaliser en elle mes desseins.»

Comment décrire la force qui s'est infusée en moi à la suite de cette prière de Jésus? Mon âme fut revêtue d'une telle force que je me sentais capable d'endurer mille martyres pour accomplir la très sainte Volonté de Dieu, si elle me le demandait. Que soit remercié à jamais le Seigneur, toujours si miséricordieux envers la pauvre pécheresse que je suis!

63.   21 août 1899— Plaire uniquement à Jésus.     Audio

Après avoir passé deux jours à souffrir, mon bienveillant Jésus s'est montré plein de douceur et d'affabilité. Intérieurement, je me disais: «Le Seigneur est bon avec moi, mais je ne trouve en moi rien qui puisse lui plaire.» Jésus me dit: «Ma bien-aimée, au même titre que tu n'éprouves aucune satisfaction si tu ne te trouves pas en ma présence, occupée à me parler et à me plaire uniquement; de même je trouve mon plaisir et ma consolation à venir vers toi à être avec toi et à parler avec toi. Tu ne peux comprendre l'influence qu'une âme, dont l'unique but est de me plaire, peut avoir sur mon Coeur, et la force d'attraction qu'elle exerce sur moi. Je me sens tellement liée à cette âme que je me sens obligé de faire ce qu'elle désire.»

J'ai compris qu'il parlait ainsi parce que, ces derniers jours, quand je souffrais terriblement, je répétais sans cesse intérieurement: «Mon Jésus, tout par amour pour toi! Que ces souffrances soient autant d'actes de louanges et d'hommages pour toi! Qu'elles soient autant de voix qui te glorifient et de preuves de mon amour pour toi!»

64.   22 août 1899— Jésus affermit les vertus de Luisa.     Audio

Plein d'amabilité et de majesté, mon cher Jésus continue de venir. Il me dit: «La pureté de mes regards brille dans tous tes actes qui sont ainsi transformés en splendeurs qui me consolent des choses immondes que je vois chez les créatures.» À ces mots, je devins toute confuse et n'osai rien dire.

Voulant m'égayer, Jésus me dit ensuite: «Dis-moi, que désires-tu?» Je lui répondis: «Quand tu es là, comment pourrais-je désirer autre chose?» Il me redemanda plusieurs fois de lui dire ce que je désirais. En le regardant, je vis la beauté de ses vertus et je lui dis: «Mon très doux Jésus, donne-moi tes vertus

Ouvrant son Coeur, il en fit sortir des rayons correspondant à ses diverses vertus qui, pénétrant dans mon coeur, affermirent mes propres vertus. Il me dit: «Que désires-tu encore?» Me souvenant qu'au cours des derniers jours, une douleur spéciale empêchait mes sens de se dissoudre en Dieu, je lui répondis: «Mon bienveillant Jésus, fais que la douleur ne m'empêche pas de me perdre en toi.» En posant sa main sur cette partie douloureuse de mon corps, il diminua la violence des spasmes afin que je puisse mieux me recueillir et me perdre en lui.»

65.   27 août 1899— L'impact des visites de Jésus.     Audio

Ce matin, en apercevant mon doux Jésus, j'ai eu peur que ce ne soit pas lui mais le diable voulant me tromper. Voyant ma peur, il me dit: «Quand c'est moi qui visite l'âme, toutes ses puissances intérieures sont anéanties et elle reconnaît son néant. Voyant l'âme ainsi anéantie, mon amour se transforme en de nombreux ruisseaux venant la fortifier dans le bien. Quand c'est le diable, c'est tout le contraire qui se produit.»

66.   30 août 1899— L'homme a perdu son sens religieux. Menaces de châtiments.     Audio

Ce matin, mon bien-aimé Jésus me transporta hors de mon corps et me fit voir la décadence de la foi chez les hommes ainsi que des préparatifs de guerre. Je lui dis: «Ô Seigneur, l'état du monde sur le plan religieux est désolant à fendre l'âme. Il me semble que la religion, qui ennoblit l'homme et le fait tendre vers un but éternel, n'est plus reconnue. Le plus triste, c'est que la religion est ignorée par ceux-là mêmes qui se disent religieux et qui devraient donner leur vie pour la défendre et la raviver.»

D'un air affligé, Jésus me dit: «Ma fille, la raison pour laquelle les hommes vivent comme des bêtes, c'est qu'ils ont perdu leur sens religieux. Des temps encore plus tristes viennent pour eux à cause de l'aveuglement profond dans lequel ils se sont plongés. Mon Coeur souffre de les voir ainsi. Le sang qui sera versé par toutes sortes de personnes, séculiers et religieux, ravivera cette sainte religion et lavera le reste de l'humanité. En les civilisant à nouveau, la religion retrouvée leur fera retrouver leur noblesse. C'est donc nécessaire que le sang soit versé et que les églises elles-mêmes soient presque toutes détruites, afin qu'elle puissent être restaurées et retrouver leur prestige et leur splendeur première.»

Je passe sous silence les cruels tourments que les hommes devront subir dans les temps à venir, parce que je ne m'en souviens pas très bien et que je n'en vois pas très clairement le déroulement. Si le Seigneur veut que j'en parle, il me donnera plus de lumière et je pourrai alors écrire davantage là-dessus. Pour l'instant, je m'arrête ici.

67.   31 août 1899 — Le confesseur exige, au nom de l'obéissance, que Luisa cesse de parler à Jésus.     Audio

Après que le confesseur m'eut demandé au nom de l'obéissance de dire à Jésus, quand il viendrait: «Je ne peux pas te parler, éloigne-toi», j'ai cru que c'était une farce et non une directive véritable. Alors, quand Jésus vint, oubliant presque l'ordre reçu, je lui ai dit: «Mon bon Jésus, vois ce que le père veut faire.» Jésus me répondit: «L'abnégation, ma fille.» Je repris: «Mais, Seigneur, il s'agit d'une chose sérieuse. Cela concerne le rejet de toi; comment puis-je faire cela?» Pour la seconde fois, Jésus dit: «L'abnégation.» Je poursuivis: «Mais, Seigneur, que dis-tu? Crois-tu vraiment que je puisse vivre sans toi?» Pour la troisième fois, Jésus me dit: «Ma fille, l'abnégation.» Ensuite, il disparut.

Qui pourrait dire ce que j'ai ressenti en voyant que Jésus voulait que je sois disposée à obéir sur ce point!

68.   1er septembre 1899 — Lutte cruelle de Luisa afin d'obéir. L'âme identifiée à Jésus ne peut être séparée de lui. L'obéissance, cette puissante guerrière, était tout pour Jésus.     Audio

En arrivant, le confesseur m'a demandé si je lui avais obéi. Après lui avoir dit comment tout s'était passé, il a renouvelé sa consigne, à savoir que, pour aucune considération, je ne devais parler à Jésus, mon seul et unique Soutien, et que je devais le repousser s'il se présentait. Ayant donc compris que ce qu'il me demandait était réellement au nom de l'obéissance, je me suis dit intérieurement: «Flat Voluntas Tua en cela aussi.» Oh! comme cela m'a coûté! Quel cruel martyre! C'était comme si un clou me transperçait le coeur de part en part.

Mon habitude d'appeler Jésus, mon seul Bien, de languir sans cesse après lui, fait partie de mon être autant que ma respiration et les battements de mon coeur. Vouloir arrêter cela, c'est comme vouloir empêcher quelqu'un de respirer ou de laisser battre son coeur. Comment peut-on vivre ainsi? Cependant, l'obéissance doit prévaloir. Ô mon Dieu, quelle douleur, quelle torture! Comment peut-on empêcher un coeur de languir après l'être qui est toute sa vie? Comment arrêter un coeur de battre? De toute son énergie, ma volonté s'efforçait de retenir mon coeur, mais quelle vigilance constante il lui fallait.

De temps à autre, ma volonté devenait fatiguée et découragée, et mon coeur se sauvait en appelant Jésus. S'en apercevant, ma volonté s'efforçait davantage d'arrêter mon coeur, mais elle ratait souvent son coup. C'est pourquoi il m'a semblé que j'étais continuellement en état de désobéissance. Oh! quel contraste dans ma vie, quelle guerre sanglante, que d'agonies pour mon pauvre coeur! Ma souffrance était telle que j'ai cru en mourir. Si j'avais pu mourir, ç'aurait été un réconfort pour moi. Je vivais les affres de la mort sans mourir.

Après avoir versé d'abondantes larmes tout le jour et toute la nuit, et comme je me trouvais dans mon état habituel, mon bienveillant Jésus vint, et moi, obligée par l'obéissance, je lui dis: «Seigneur, ne viens pas, car l'obéissance ne le permet pas.» Avec compassion et voulant me fortifier, Jésus fit sur moi un grand signe de croix de sa main créatrice et me quitta.

Comment décrire le purgatoire dans lequel je me trouvais? Il ne m'était pas permis de m'élancer vers mon unique Bien, ni même de l'appeler ou de languir après lui! Ah! les bienheureuses âmes du purgatoire peuvent au moins l'appeler, s'élancer, crier leur détresse à leur Tout bien-aimé. Il leur est seulement défendu de le posséder, tandis que moi, je suis également privée de ces consolations. Je ne fis que pleurer la nuit entière.

Ma faible nature n'en pouvant plus, l'adorable Jésus vint et, comme il semblait vouloir me parler, je lui ai aussitôt dit: «Ma chère Vie, je ne peux pas te parler. Je t'en prie, ne viens pas, car l'obéissance ne le permet pas. Si tu veux faire connaître ta volonté, va le voir.»

Pendant que je parlais, j'aperçus le confesseur. S'approchant de lui, Jésus lui dit: «Cela est impossible pour mes âmes. Je les maintiens tellement immergées en moi afin que nous ne formions qu'une seule substance que ça devient impossible de nous distinguer l'un de l'autre! C'est comme lorsque deux substances sont mélangées, elles se transfusent l'une dans l'autre et, si on veut ensuite les séparer, cela est impossible. De même, c'est impossible de séparer mes âmes de moi.» Ayant dit cela, il disparut, et je suis restée avec ma peine, encore plus grande qu'avant. Mon coeur battait si fort que j'ai senti craquer ma poitrine.

   Audio

Après, je ne saurais expliquer comment, je me suis trouvée hors de mon corps et, oubliant l'ordre reçu, je me suis promenée à travers la voûte des cieux en pleurant, en criant et en cherchant mon doux Jésus. Tout à coup, je l'aperçus se dirigeant vers moi et se jetant dans mes bras tout brûlant et langoureux. M'étant vite rappelé la consigne reçue, je lui ai dit: «Seigneur, ne me tente pas ce matin. Ne sais-tu pas que l'obéissance ne veut pas?»

Il me répondit: «Le confesseur m'a envoyé; voilà pourquoi je suis venu.» Je repris: «Ce n'est pas vrai! Serais-tu un démon venant pour me tromper et me faire manquer à l'obéissance?» Il poursuivit: «Je ne suis pas un démon.» Je dis: «Si tu n'es pas un démon, faisons ensemble le signe de la croix.»

Alors, tous deux, nous avons fait le signe de la croix. Ensuite, j'ajoutai: «Si c'est vrai que le confesseur t'a envoyé, allons ensemble le voir afin qu'il puisse déterminer si tu es Jésus-Christ ou un démon; alors seulement, je serai convaincueNous sommes donc allés voir le confesseur et, comme Jésus était un enfant, je le déposai dans ses bras en disant: «Mon père, discernez vous-même: est-ce là mon doux Jésus, ou bien un démon?»

Pendant que l'Enfant était dans les bras du père, je lui ai dit: «Si tu es réellement Jésus, baise la main du confesseur.» J'ai pensé que si c'était le Seigneur, il s'abaisserait à baiser la main du confesseur, et que si c'était le démon, il refuserait. Jésus baisa non pas la main de l'homme, mais celle du prêtre revêtu d'autorité. Ensuite, le confesseur m'a semblé discuter avec lui pour voir s'il était bien Jésus. Voyant que c'était le cas, il me le remit. Malgré cela, mon pauvre coeur ne pouvait savourer les caresses de mon bien-aimé Jésus parce que je me sentais encore lié par l'obéissance et, qu'ainsi, je ne voulais pas l'ouvrir ni même prononcer un seul mot d'amour.

Ô sainte obéissance, comme tu es puissante! En ces jours de martyre, je te vois comme la plus puissante guerrière, armée de la tête aux pieds, avec des sabres, des dards et des flèches, et munie de tous les instruments pour blesser. Et lorsque tu t'aperçois que mon pauvre coeur fatigué et attristé a besoin de réconfort, de trouver sa Source rafraîchissante, sa Vie, le Centre qui l'attire comme un aimant, me regardant de tes mille yeux, tu m'infliges de tous côtés des blessures cruelles. Ah! je t'en prie, aie pitié de moi et ne sois pas si cruelle!

Pendant que j'entretenais ces pensées, j'entendis la voix de mon adorable Jésus me disant à l'oreille: «L'obéissance était tout pour moi et je veux qu'elle soit tout pour toi. C'est l'obéissance qui m'a fait naître et c'est elle qui m'a fait mourir. Les blessures que je porte sur mon corps sont toutes des blessures et des marques que l'obéissance m'a infligées. Tu as raison de dire qu'elle est comme la plus puissante guerrière, armée de toutes sortes d'armes pour blesser. En fait, elle ne m'a pas laissé une seule goutte de mon sang, elle a déchiré ma chair en pièces, elle a disloqué mes os pendant que mon pauvre Coeur, épuisé et sanglant, cherchait quelqu'un de compatissant pour le consoler.

«Agissant comme le plus cruel des tyrans, l'obéissance ne fut satisfaite qu'après m'avoir sacrifié sur la croix et m'avoir vu rendre mon dernier souffle comme victime d'amour. Et pourquoi cela? Parce que le rôle de cette très puissante guerrière est de sacrifier les âmes. Elle ne s'occupe — qu'à faire la guerre féroce contre les âmes qui ne se sacrifient pas entièrement. Ça lui est égal qu'une âme souffre ou pas, qu'elle vive ou meure. Elle vise uniquement à gagner, ne s'occupant de rien d'autre. C'est pourquoi on la nomme "Victoire", car elle conduit à toutes les victoires; lorsque l'âme semble mourir, c'est alors que commence sa vraie vie.

«À quelles grandeurs l'obéissance ne m'a-t-elle pas conduit? Par elle, j'ai vaincu la mort, j'ai écrasé l'enfer, j'ai libéré l'homme de ses chaînes, j'ai ouvert le ciel et, comme un roi victorieux, j'ai pris possession de mon Royaume, non seulement pour moi, mais pour tous mes enfants ayant bénéficié de ma Rédemption. Ah! oui! c'est vrai qu'elle m'a coûté la vie, mais le mot "obéissance" résonne comme une douce musique à mon oreille, et c'est pourquoi j'aime tellement les âmes obéissantes.»

Je reprends maintenant mon récit là où je l'avais laissé. Au bout d'un certain temps, le confesseur est venu et, après lui avoir transmis les paroles dites plus haut, il a maintenu sa consigne, c'est-à-dire que je dois continuer à agir de la même façon avec Jésus. Je lui ai dit: «Père, permettez-moi au moins de laisser mon coeur libre de dire à Jésus quand il viendra: "Ne viens pas, car nous ne pouvons pas nous parler."»

Le confesseur m'a répondu: «Fais ce que tu peux pour l'en empêcher. Si tu ne peux pas, laisse-le libre.»

69.   2 septembre 1899 — Fin de la consigne du confesseur.     Audio

Avec cette consigne un peu mitigée, mon coeur s'est remis à vivre, mais cela ne l'a pas empêché d'être encore torturé de mille façons. En fait, quand dame obéissance voyait que mon coeur cessait de battre pendant un certain temps en cherchant son Créateur (dans l'espérance de pouvoir se reposer en lui pour renouveler ses forces), elle s'abattait sur moi et me blessait de toutes parts avec ses griffes. La simple répétition du triste refrain: «Ne viens pas, car nous ne pouvons pas nous parler» était pour moi le plus cruel des martyres.

Alors que j'étais dans mon état habituel, mon doux Jésus est venu et je lui ai dit le "triste refrain" en question. Alors, sans plus, il est parti. Une autre fois, quand je lui ai dit: «Ne viens pas, car l'obéissance ne le permet pas», il m'a dit: «Ma fille, que la lumière de ma Passion soit toujours présente à ton esprit car, à la vue de mes très amères souffrances, les tiennes te paraîtront minimes. De plus, en réfléchissant à la cause principale de mes souffrances, qui est le péché, tes moindres imperfections te paraîtront graves. Par contre, si tu ne fixes pas ton regard sur moi, la moindre souffrance te deviendra un fardeau et tu considéreras tes fautes graves comme sans importance.» Ensuite, il disparut.

Après quelque temps, le confesseur est venu et, quand je lui ai demandé si je devais continuer ainsi, il m'a dit: «Non, tu peux lui dire tout ce que tu veux et le garder auprès de toi aussi longtemps que tu le désires.» Cela m'a libérée en ce sens que je n'avais plus à lutter autant face à la puissante guerrière qu'est l'obéissance. S'il avait poursuivi encore avec la même consigne, il serait vite parvenu à me faire mourir physiquement. En réalité, cela aurait été pour moi une grande victoire, car je me serais ainsi unie à mon Bien suprême pour de bon et non plus par intervalles comme auparavant. Inutile de dire que j'en aurais grandement remercié dame obéissance. Je lui aurais chanté le cantique de l'obéissance, c'est-à-dire le cantique des victoires. Ensuite, en riant, je me serais moquée de sa force!

Pendant que j'écrivais ces lignes, un oeil radieux et enchanteur m'est apparu et une voix m'a dit: «Et moi, je me serais uni à toi et j'aurais ri avec toi, car ç'aurait également été ma victoire.» Je répliquai: «Ô chère obéissance, après avoir ri ensemble, je t'aurais laissée à la porte du paradis en te disant "adieu" et non pas "à la prochaine", afin de ne plus jamais avoir affaire à toi. De plus, j'aurais pris bien soin de ne pas te laisser entrer.»

70.   5 septembre 1899 —Jésus conduit l'âme à la perfection petit à petit.     Audio

Ce matin, j'étais tellement abattue et je me trouvais si méchante que j'avais peine à me supporter moi-même. Lorsque Jésus est arrivé, je lui ai parlé de mon misérable état. Il m'a dit:

«Ma fille, ne te décourage pas. C'est ma façon habituelle d'agir: amener l'âme à la perfection petit à petit et non pas d'un seul coup, de manière à ce qu'elle ait toujours conscience qu'il manque quelque chose et qu'elle ait à faire tous les efforts nécessaires pour obtenir ce qui lui manque. Ainsi, elle me plaît davantage et se sanctifie encore plus. Et moi, attiré par ses actes, je me sens obligé de lui accorder de nouvelles faveurs célestes. De plus, un échange totalement divin s'établit entre l'âme et moi.

«Si, à l'opposé, l'âme possédait en elle la plénitude de la perfection, c'est-à-dire toutes les vertus, elle n'aurait pas à faire d'efforts et il lui manquerait l'amorce nécessaire pour que le feu s'allume entre le Créateur et sa créature.»

Que le Seigneur soit à jamais béni!

71.   9 septembre 1899 — La foi, l'espérance et la charité sont la base de la vie spirituelle. L'âme est un temple vivant pour Dieu.     Audio

Jésus vint comme à l'accoutumée, mais sous un aspect tout nouveau. On aurait dit qu'un tronc d'arbre, comportant trois racines, sortait de son Coeur blessé et se penchait pour pénétrer dans le mien, duquel ressortait de nombreuses branches chargées de fleurs, de fruits, de perles et de pierres précieuses qui brillaient comme les plus resplendissantes étoiles. À l'ombre de cet arbre, mon aimable Jésus s'amusait follement, d'autant plus que plusieurs perles tombant de l'arbre formaient une magnifique parure pour sa très sainte Humanité. Il me dit:

«Ma très chère fille, les trois racines du tronc d'arbre sont la foi, l'espérance et la charité. Le fait que ce tronc sort de mon Coeur pour pénétrer dans le tien signifie que tout le bien que possède une âme vient de moi, et que les créatures ne possèdent rien d'autre que leur néant, lequel me donne la liberté de pénétrer en elles pour faire ce que je veux. Cependant, il y a des âmes qui s'opposent à moi et choisissent de faire leur propre volonté. Pour elles, le tronc ne produit ni branches, ni fruits, ni rien de bon.

«Les branches de cet arbre, avec ses fleurs, ses fruits, ses perles et ses pierres précieuses, sont les différentes vertus qu'une âme possède. Qu'est-ce qui donne vie à un si bel arbre? Évidemment, ce sont ses racines. C'est donc dire que la foi, l'espérance et la charité englobent tout et sont le fondement de l'arbre qui ne peut rien produire sans elles.»

J'ai compris que les fleurs représentent les vertus, les fruits, les souffrances, et que les perles et les pierres précieuses représentent les souffrances vécues par pur amour pour Dieu. Voilà pourquoi ces objets forment une si magnifique parure pour Notre-Seigneur.

Assis à l'ombre de cet arbre, Jésus me regardait avec une tendresse toute paternelle, puis, dans un élan d'amour irrésistible, il me serra fortement contre lui en disant: «Comme tu es belle! Tu es ma colombe, ma demeure bien-aimée, mon temple vivant où je me plais d'habiter avec le Père et le Saint-Esprit. Ta soif continuelle de moi me console des offenses continuelles que je reçois des créatures. Sache que l'amour que j'ai pour toi est si grand que je dois partiellement le cacher pour que tu ne perdes pas la raison et ne meures pas.

«En effet, si je te manifestais complètement mon amour, non seulement tu perdrais la raison, mais tu ne pourrais plus vivre; ta faible nature serait consumée par les flammes de cet amour. Pendant qu'il parlait, je me sentais toute confuse et j'avais l'impression d'enfoncer dans l'abîme de mon néant parce que je me voyais remplie d'imperfections. J'ai surtout noté mon ingratitude et ma froideur devant tant de grâces reçues du Seigneur. Mais j'espère que tout pourra concourir à sa gloire et à son honneur et qu'il voudra bien, dans un élan de son amour, vaincre ma dureté de coeur.

72.   16 septembre 1899 — Valeur des souffrances vécues uniquement pour Dieu.    Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu et, comme j'ai eu peur que ce soit le diable, je lui ai dit: «Laisse-moi faire le signe de la croix sur ton front.» Après l'avoir fait, je me suis sentie rassurée. Mon Jésus bien-aimé avait l'air fatigué et il voulait se reposer en moi. À la suite de mes souffrances des derniers jours, j'étais également fatiguée, surtout parce que ses visites se faisaient très rares et que je sentais le besoin de me reposer en lui, moi aussi. Après un bref échange, il me dit:

«La vie du coeur, c'est l'amour. Je suis comme un malade brûlant de fièvre qui cherche un soulagement contre le feu qui le dévore. Ma fièvre, c'est l'amour. Où donc puis-je trouver le soulagement approprié contre le feu qui me consume? Je le trouve dans les souffrances et les labeurs de mes âmes bien-aimées qui les vivent uniquement par amour pour moi. Très souvent, j'attends le bon moment pour qu'une âme se tourne vers moi et me dise: "Seigneur, c'est uniquement par amour pour toi que j'accepte cette souffrance." Ah! oui! ce sont là les meilleurs soulagements pour moi; ils me réjouissent et éteignent le feu qui me consume.»

Ensuite, Jésus s'est jeté dans mes bras, tout langoureux, pour se reposer. Pendant qu'il se reposait, j'ai compris bien des choses au sujet des paroles qu'il venait de me dire, surtout celles concernant les souffrances vécues par amour pour lui. Oh! quelle monnaie d'inestimable valeur! Si tout le monde le savait, il y aurait concurrence entre nous pour souffrir davantage. Mais je crois que nous sommes tous trop myopes pour reconnaître la valeur de cette monnaie.

73.   19 septembre 1899 — Fruits de la foi, de l'espérance et de la charité.     Audio

Ce matin, j'étais un peu bouleversée, surtout à cause de la peur que ce ne soit pas Jésus mais un démon, et que mon état ne soit pas voulu par Dieu. Mon adorable Jésus est venu et m'a dit: «Ma fille, je ne veux pas que tu perdes ton temps à penser à cela. Tu te laisses distraire de moi et ma nourriture provenant de toi vient à manquer. Je veux que tu ne penses qu'à m'aimer et à demeurer totalement abandonnée à moi car, ainsi, tu pourras m'offrir une nourriture qui m'est très agréable, non seulement de temps à autre comme présentement, mais continuellement. Ne trouves-tu pas que c'est en m'abandonnant ta volonté, en m'aimant, en devenant une nourriture pour moi, ton Dieu, que tu trouveras ta plus grande satisfaction

Ensuite, il me montra son Coeur contenant trois globes de lumière qui, par la suite, n'en formèrent qu'un, et il poursuivit son exposé: «Les globes de lumière que tu aperçois dans mon Coeur sont la foi, l'espérance et la charité que j'ai offertes comme cadeaux à l'humanité souffrante pour la rendre heureuse. Aujourd'hui, je veux te faire un cadeau spécial.» Pendant qu'il parlait, de nombreux rayons jaillirent des globes de lumière et entourèrent mon âme comme d'une espèce de filet.

Il poursuivit: «Voici comment je désire que tu occupes ton âme. Tout d'abord, envole-toi sur les ailes de la foi et, avec sa lumière, plonge en toi-même. Tu pourras ainsi connaître et acquérir de plus en plus de connaissances à mon sujet, moi ton Dieu. En me connaissant davantage, tu te sentiras anéantie en voyant ton néant et tu ne sauras où trouver un appui. Alors, élève-toi plus haut et plonge dans la mer immense de l'espérance, formée de tous les mérites que j'ai acquis durant ma vie mortelle, ainsi que des douleurs de ma Passion offerts en cadeau à l'humanité.

«C'est uniquement par ces mérites que tu peux espérer posséder les biens immenses de la foi; il n'y a pas d'autre moyen. Lorsque tu prendras possession de mes mérites comme s'ils étaient tiens, ton "rien" ne se sentira plus dissous dans le néant, mais se sentira revivre; il sera embelli et enrichi, attirant ainsi sur lui les regards divins. L'âme aura perdu sa timidité et l'espérance lui donnera force et courage afin qu'elle devienne stable comme un pilier au milieu des intempéries, c'est-à-dire que les diverses tribulations de la vie ne l'ébranleront aucunement.

«Par l'espérance, non seulement l'âme plonge-t-elle sans peur dans les richesses immenses de la foi, mais elle se les approprie; elle va jusqu'à s'approprier Dieu lui-même. Ah! oui! l'espérance permet à l'âme d'obtenir tout ce qu'elle veut; elle est la porte du ciel, le seul moyen d'y entrer, car "qui espère tout, obtient tout". Et quand l'âme aura réussi à s'approprier Dieu lui-même, elle se trouvera devant l'océan immense de la charité et, emportant avec elle la foi et l'espérance, elle s'y plongera pour ne plus faire qu'un avec son Dieu.»

  Audio

Mon très aimable Jésus ajouta: «Si la foi est roi et la charité, reine, l'espérance est la mère médiatrice et pacificatrice. Il pourra y avoir divergences entre la foi et la charité, mais l'espérance étant un lien de paix, elle convertit tout en paix. L'espérance est le soutien, le rafraîchissement. Quand l'âme s'élève par la foi, elle voit la beauté et la sainteté de Dieu ainsi que l'amour par lequel elle est aimée de lui. Ainsi, elle est portée à aimer Dieu. Cependant, consciente de sa misère, du peu de choses qu'elle sait faire et de son manque d'amour, elle se sent mal à l'aise et troublée. Elle ose à peine s'approcher de Dieu.

«Alors, cette mère médiatrice se place entre la foi et la charité et commence à jouer son rôle de pacificatrice. Elle redonne la paix à l'âme, la pousse à se relever, lui donne des forces nouvelles et la conduit devant le "roi foi" et la "reine charité." Elle leur présente des excuses au nom de l'âme, lui donne une nouvelle effusion de mérites et les supplie de la recevoir. Alors la foi et la charité, les yeux fixés sur cette mère médiatrice si tendre et compatissante, accueillent l'âme et, ainsi, Dieu trouve en elle ses délices. Pareillement, l'âme trouve ses délices en Dieu.»

Ô sainte espérance, comme tu es admirable! Une âme remplie de toi est semblable à un noble voyageur en marche pour aller prendre possession d'une terre qui sera toute sa fortune. Comme il est inconnu et qu'il traverse des terres qui ne lui appartiennent pas, certains se moquent de lui, d'autres l'insultent, certains lui arrachent ses vêtements, d'autres vont jusqu'à le battre et même à le menacer de mort. Que fait le noble voyageur au milieu de toutes ces contrariétés?

En est-il troublé? Pas du tout! Au contraire, il se moque de ceux qui lui font toutes ces difficultés, car il est convaincu que plus il souffrira, plus il sera honoré et glorifié lorsqu'il prendra possession de sa terre; il incite même les gens à le tourmenter davantage. Il reste toujours calme et jouit d'une paix quasi parfaite. Au milieu des insultes, il reste tellement calme qu'il dort dans le sein de son Dieu tant désiré, alors que d'autres autour de lui demeurent éveillés. Qu'est-ce qui donne une telle paix et une telle fermeté à ce voyageur? C'est l'espérance des biens éternels et, comme ils lui appartiennent de droit, il est prêt à tout pour les posséder. En songeant qu'ils seront à lui, il les aime de plus en plus. C'est ainsi que l'espérance conduit à l'amour.

Comment décrire tout ce que mon bien-aimé Jésus me montra? Je préférerais ne rien dire, mais je constate que dame obéissance, au lieu de se montrer amicale, prend l'allure guerrière et s'empare de ses armes pour me faire la guerre et me blesser. Oh! je t'en prie, ne prends pas si vite les armes, rentre tes griffes, calme- toi, car je vais t'obéir de mon mieux afin que nous restions amies.

Quand une âme est plongée dans l'immense mer de la charité, elle connaît d'ineffables délices et savoure des joies indicibles. Tout devient amour en elle: ses soupirs, ses battements de coeurs et ses pensées sont autant de voix mélodieuses qu'elle fait résonner aux oreilles de son Dieu qu'elle aime tant. Ces voix sont remplies d'amour et appellent Dieu. Et lui, attiré et blessé par elles, réplique par ses propres soupirs et battements de coeur ainsi que par tout son Être divin, appelant continuellement l'âme à lui.

Qui pourrait dire à quel point l'âme est blessée par ces appels divins? Elle se met à délirer comme sous l'effet d'une forte fièvre; elle court, presque folle, et va se plonger dans le Coeur de son Bien-Aimé afin d'y trouver un rafraîchissement; elle boit à torrents les délices divines. Enivrée d'amour, elle compose des cantiques d'amour pour son très doux Époux. Comment dire tout ce qui se passe entre l'âme et Dieu? Comment parler de cette charité qui est Dieu lui-même?

Je vois une lumière immense et mon esprit en demeure stupéfait. Je me fixe tantôt sur un point, tantôt sur un autre et, alors que j'essaie de décrire ce que je vois, je ne fais que balbutier. Ne sachant que faire, je garde le silence pour l'instant et je crois que dame obéissance me pardonnera car, si elle se fâchait contre moi, elle n'aurait pas raison cette fois. Elle aurait tous les torts, puisqu'elle ne m'a pas donné une plus grande facilité d'expression. Avez-vous compris, très révérende dame obéissance? Gardons la paix sans argumenter davantage!

74.   21 septembre 1899 — Démêlés de Luisa avec l'obéissance. Raison d'être de son état de victime.     Audio

Mais qui l'aurait cru? Même si c'est elle qui a tort et que j'ai de la difficulté à m'exprimer, dame obéissance a pris la mouche et s'est mise à agir comme un cruel tyran, allant jusqu'à m'empêcher de voir mon aimable Bien, ma seule et unique Consolation. Comme on peut le voir, cette dame agit parfois comme une petite fille. Lorsqu'elle veut quelque chose et qu'elle ne l'obtient pas en demandant poliment, elle remplit alors la maison de ses cris et de ses pleurs jusqu'à ce qu'on acquiesce à sa demande. Bravo! Je ne croyais pas que tu étais comme ça! Même si je bafouille, tu veux que j'écrive sur la charité. Ô mon Dieu, toi seul peut la rendre plus raisonnable, car c'est évident que ça ne peut continuer comme ça!

Je t'en prie, obéissance, redonne-moi mon doux Jésus, ne me prive plus de la vision de mon plus grand Bien. Je te promets que, même en bafouillant, j'écrirai comme tu le veux. Je te demande seulement la grâce de me laisser me reposer pendant quelques jours, car mon esprit est trop petit et ne peut plus supporter d'être immergé dans ce vaste océan qu'est la charité divine, surtout parce que j'y vois plus clairement mes misères et ma laideur et, qu'en voyant l'amour de Dieu pour moi, j'ai l'impression de perdre la raison. Je sens que ma faible nature va s'écrouler, n'en pouvant plus. D'ici là, je vais m'occuper à faire d'autres écrits.

Ceci dit, je poursuis avec mes pauvres écrits. Mon esprit étant occupé à faire ce que j'ai déjà mentionné, je me disais: «À quoi serviront ces écrits si je ne les mets pas en pratique moi-même? Ils serviront à ma condamnation!» Pendant que je réfléchissais ainsi, Jésus est venu et m'a dit: «Ces écrits serviront à faire connaître celui qui te parle et t'habite. Et s'ils ne te servent pas à toi, ma lumière éclairera ceux qui les liront

Je ne saurais dire combien je fus mortifiée à la pensée que ceux qui liraient ces écrits pourraient bénéficier des grâces qui y sont attachées, et non pas moi qui les reçois et les mets sur papier! Ces écrits ne vont-ils pas me condamner? À la seule pensée qu'ils vont tomber entre les mains d'autres personnes, mon coeur est accablé de douleur. Dans ma profonde affliction, je me disais: «Quelle est la raison d'être de mon état si ma condamnation doit en résulter?» Alors mon très aimable Jésus revint et me dit: «Ma vie fut nécessaire pour le salut du monde, et comme je ne peux plus vivre sur la terre, je choisis qui je veux pour m'y remplacer, afin que la Rédemption se poursuive. Voilà la raison d'être de ton état.»

75.   22 septembre 1899  — Répugnance de Luisa à écrire.     Audio

Par les paroles que mon doux Jésus m'a dites hier, j'ai senti un clou transpercer mon coeur. Toujours aussi bienveillant envers la misérable pécheresse que je suis, il est venu et m'a dit avec compassion: «Ma fille, je ne veux plus que tu t'affliges ainsi. Sache que tout ce que je te fais écrire n'est rien d'autre qu'un reflet de toi-même et de la perfection à laquelle j'ai conduit ton âme

Ah! mon Dieu! Quelle répugnance j'éprouve à écrire ces mots, puisqu'ils ne me paraissent pas véridiques. Je ne comprends pas encore ce que signifient la vertu et la perfection, mais l'obéissance veut que j'écrive. Et il vaut mieux pour moi ne pas résister afin de ne pas être aux prises avec elle. Cela d'autant plus qu'elle a un visage à deux faces... Si je fais ce qu'elle dit, elle se montre comme une dame et me caresse comme l'amie la plus fidèle, me promettant tous les biens du ciel et de la terre. Si, par contre, elle détecte l'ombre d'une difficulté dans sa relation avec moi, alors, sans crier gare, elle se transforme en guerrière munie de toutes les armes pour blesser et détruire. Ô mon Jésus, quel genre de vertu est l'obéissance pour que sa seule pensée nous fasse trembler!

J'ai dit à Jésus: «Mon bon Jésus, à quoi bon m'accorder tant de grâces si elles remplissent d'amertume toute ma vie, surtout à cause des heures durant lesquelles je suis privée de ta présence? Le simple fait de savoir qui tu es et de qui je suis privée est pour moi un martyre. Tes grâces ne servent qu'à me faire vivre dans l'amertume continuelle.»

Jésus me répondit: «Quand une personne a savouré la douceur d'un mets sucré et qu'elle est ensuite forcée de prendre un mets amer, elle doit doubler son désir de sucré afin d'oublier l'amer. Il est bon qu'il en soit ainsi car, si elle goûtait toujours au sucré sans jamais goûter à l'amer, elle n'apprécierait pas autant le sucré. Si, d'autre part, elle mangeait toujours des mets amers, sans jamais avoir goûté au sucré, elle ne pourrait pas désirer les mets sucrés, puisqu'elle ne les connaîtrait pas. Ainsi, les deux sont utiles.» Je repris: «Mon Jésus, si patient avec mon âme misérable et ingrate, pardonne-moi. J'ai l'impression que, cette fois, j'ai été trop curieuse.» Il continua: «Ne sois pas si perturbée. C'est moi qui soulève des difficultés dans ton for intérieur afin d'avoir l'occasion de converser avec toi et de t'instruire.»

76.   25 septembre 1899  — Luisa, défenseur de Jésus et des créatures.     Audio

Intérieurement, je me disais: «Si ces écrits tombaient entre les mains d'une personne, elle pourrait dire: "Elle doit être une bonne chrétienne puisque le Seigneur lui accorde tant de grâces," ignorant que, en dépit de tout, je suis encore si mauvaise. Voilà comment les gens peuvent se leurrer, autant sur ce qui est bien que sur ce qui est mal. Ah! Seigneur! toi seul connais la vérité et le fond des coeurs!»

Pendant que j'entretenais ces pensées, mon Jésus vint et me dit: «Ma bien-aimée, et si les gens savaient que tu es mon défenseur et le leur!» Je lui répondis: «Mon Jésus, que dis-tu?» Il reprit: «N'est-il pas vrai que tu me défends contre les souffrances qu'ils m'infligent en te plaçant entre eux et moi, que tu prends sur toi les coups qu'on veut m'asséner ainsi que ceux que je devrais faire tomber sur eux? Et si, parfois, tu n'absorbes pas les coups à ma place, c'est que je ne le permets pas, et cela à ton plus grand regret et accompagné de tes plaintes auprès de moi. Pourrais-tu nier cela?»

«Non, Seigneur, répondis-je, je ne peux nier cela, mais je reconnais que c'est quelque chose que tu as toi-même infusé en moi. Voilà pourquoi je dis que si j'agis ainsi, ce n'est pas parce que je suis bonne. Voilà aussi pourquoi je me sens si confuse quand je t'entends dire de telles choses.»

77.   26 septembre 1899  — La Très Sainte Vierge est un prodige de grâces. Vision abstraite et vision intuitive de Dieu.    Audio

Ce matin, mon adorable Jésus est venu et m'a transportée hors de mon corps mais, à mon grand regret, je ne le voyais que de dos. Malgré mes supplications de me laisser voir sa sainte face, rien ne changeait. Je me disais: «Serait-ce à cause de mes manques d'obéissance à écrire qu'il ne veut pas me montrer sa face adorable?» Je pleurais. Après m'avoir laissée pleurer un bout de temps, il s'est retourné et m'a dit: «Je ne tiens pas compte de tes refus car ta volonté est tellement unie à la mienne que tu ne peux vouloir que ce que je veux. Ainsi, malgré tes répugnances, tu te sens attirée comme par un aimant à faire ce qui t'est demandé. Tes répugnances ne servent qu'à rendre ta vertu d'obéissance plus belle et lumineuse. C'est pourquoi j'ignore tes refus.»

Ensuite, j'ai contemplé son très beau visage et j'ai ressenti un contentement indescriptible. Je lui ai dit: «Mon très doux Amour, si c'est pour moi un tel délice de te voir, comment cela pouvait-il être pour notre Reine Mère lorsqu'elle te portait dans son sein très pur? Quels contentements, que de grâces ne lui as-tu pas accordés?» Il répondit: «Ma fille, les délices et les grâces déversées en elle étaient si grandes et si nombreuses que ce que je suis par nature, ma Mère l'est devenue par grâce. Puisqu'elle était sans péché, ma grâce régnait librement en elle; il n'y a rien de mon Être que je ne lui aie communiqué.»

À cet instant, j'ai cru voir notre Reine Mère comme un autre Dieu, mais à une différence près: pour Dieu, la divinité est par nature alors que, pour Marie très sainte, tout lui fut accordé par grâce. J'étais stupéfaite! Je dis à Jésus: «Mon cher Bien, notre Mère a pu recevoir tant de dons parce que tu te laissais voir intuitivement par elle. J'aimerais savoir comment tu te manifestes à moi; est-ce par vision abstraite ou par vision intuitive? Qui sait, ce n'est peut-être même pas par vision abstraite!» Jésus me répondit: «J'aimerais te faire comprendre la différence entre les deux. Par la vision abstraite, l'âme contemple Dieu alors que, par la vision intuitive, l'âme entre en Dieu et participe à l'Être divin. Combien de fois n'as-tu pas participé à mon Être? Ces souffrances, qui semblent presque naturelles chez toi, cette pureté qui te permet d'en arriver à ne plus sentir ton corps, et bien d'autres choses! Ne t'ai-je pas communiqué ces choses en t'attirant à moi intuitivement

Je m'exclamai: «Ah! Seigneur, c'est tellement vrai! Et moi, combien peu de gratitude je t'ai exprimée pour tout cela? Combien peu j'ai correspondu à tant de grâces? Je rougis rien que d'y penser! Je t'en prie, pardonne-moi et fais que le ciel et la terre sachent que je suis l'objet de ton infinie miséricorde!»

78.   30 septembre 1899 — La patience dans les tentations est une nourriture pour Jésus.    Audio

J'ai vécu l'enfer pendant plus d'une heure. En effet, pendant que je regardais une image de l'Enfant Jésus, une pensée, rapide comme l'éclair, disait à l'enfant:

«Comme tu es laid!» Je me suis efforcée d'ignorer cette pensée et de ne pas me laisser troubler par elle afin d'éviter le piège du démon. Malgré mes efforts, cet éclair diabolique pénétra dans mon coeur et il me semblait que je haïssais Jésus. Oh! oui! je me sentais comme si j'étais en enfer avec les damnés. Je sentais en moi l'amour transformé en haine! Ô mon Dieu, quelle souffrance que de se sentir incapable de t'aimer! J'ai dit à Jésus: «Seigneur, c'est vrai que je ne suis pas digne de t'aimer, mais accepte au moins cette souffrance que j'éprouve présentement: vouloir t'aimer sans le pouvoir

Après avoir passé plus d'une heure dans cet enfer, j'en suis sortie grâce à Dieu. Comment exprimer à quel point mon pauvre coeur était affligé et affaibli par cette guerre entre la haine et l'amour? J'étais exténuée, presque sans vie. Ensuite, je suis revenue à mon état habituel, mais accablée par ce profond épuisement! Mon coeur et toutes mes puissances intérieures qui, habituellement, recherchent leur unique Bien avec une ardeur indescriptible et ne s'arrêtent que lorsqu'ils l'ont trouvé, puis se reposent et le savourent avec le contentement le plus exquis, cette fois, étaient inertes. Ô mon Dieu, quel coup cruel pour mon coeur!

Ensuite, mon bienveillant Jésus est venu et sa présence consolante m'a aussitôt fait oublier que j'avais visité l'enfer, à tel point que je n'ai même pas demandé pardon à Jésus. Mes puissances intérieures, si profondément humiliées et fatiguées, se reposaient maintenant en lui. Tout était silencieux. Il n'y avait que l'échange de quelques regards d'amour qui blessaient nos deux coeurs.

Après avoir gardé un profond silence durant quelque temps, Jésus me dit: «Ma fille, j'ai faim. Donne-moi quelque chose.» Je répondis: «Je n'ai rien à te donner.» Mais, à cet instant même, j'aperçus un pain et le lui donnai. Il le dégusta avec beaucoup de plaisir.

Dans mon for intérieur, je me disais: «Ça fait quelques jours qu'il ne m'a pas parlé.» Comme s'il voulait répondre à ma pensée, il me dit: «Parfois, l'époux est heureux d'échanger avec son épouse pour lui confier ses secrets les plus intimes. D'autres fois, il aime encore mieux se délecter en se reposant pendant que chacun contemple la beauté de l'autre. Cela est nécessaire car, après s'être reposés et avoir goûté la beauté l'un de l'autre, ils s'aiment davantage et se remettent au travail avec plus de force pour négocier et défendre leurs intérêts. C'est ce que je fais avec toi. N'es-tu pas heureuse?»

Le souvenir de l'heure passée en enfer m'a traversé l'esprit et je lui ai dit: «Seigneur, pardonne-moi mes nombreuses offenses à ton égard.» Il répondit: «Ne t'afflige pas, ne sois pas perturbée. C'est moi qui conduis l'âme dans l'abîme profond afin de pouvoir la conduire au ciel plus rapidement.» Ensuite, il m'a fait comprendre que ce pain que j'avais trouvé, c'était la patience avec laquelle j'avais supporté cette heure de lutte sanglante.

Ainsi donc, la patience déployée, l'humiliation subie et l'offrande à Dieu de nos souffrances pendant la tentation sont un pain nourrissant pour Jésus qu'il accepte avec grand plaisir.

79.   1er octobre 1899  — Jésus parle avec amertume de l'abus des sacrements.     Audio

Ce matin, mon adorable Jésus s'est manifesté en silence. Il avait l'air très affligé et une épaisse couronne d'épines était enfoncée sur sa tête. Mes puissances intérieures étaient silencieuses et je n'ai pas osé dire un mot. Voyant que sa tête le faisait beaucoup souffrir, très délicatement, je lui ai enlevé sa couronne. Ah! quels spasmes douloureux le secouèrent! Ses plaies se sont rouvertes et le sang coulait abondamment. C'était à fendre l'âme. J'ai placé la couronne sur ma tête et lui-même m'a aidé à l'enfoncer profondément. Tout cela se passait en silence.

Quelle ne fut pas ma surprise quand, au bout d'un moment, j'ai vu que les créatures, par leurs offenses, remettaient une autre couronne sur sa tête! Ô humaine perfidie! Ô incomparable patience de Jésus! Il ne disait rien, évitant presque de regarder qui étaient ses offenseurs. Encore une fois, je la lui retirai et, remplie d'une tendre compassion, je lui dis: «Mon cher Bien, ma douce Vie, raconte-moi un peu, pourquoi ne me dis-tu rien? Tu n'as pas l'habitude de me cacher tes secrets! Oh! je t'en prie! parlons un peu ensemble; ainsi, nous pourrons exprimer la tristesse et l'amour qui nous oppressent.»

Il me répondit: «Ma fille, tu soulages beaucoup mes peines, mais sache que si je ne te dis rien, c'est que tu m'obliges toujours à ne pas châtier mes créatures. Tu veux t'opposer à ma justice et, si je ne fais pas ce que tu demandes, tu en es déçue et je souffre encore plus de ne pas t'avoir donné satisfaction. Alors, pour éviter tout mécontentement de part et d'autre, je me tais

Je lui dis: «Mon bon Jésus, aurais-tu oublié que tu souffres davantage après avoir exercé ta justice? C'est lorsque je te vois souffrir dans tes créatures que je suis davantage en alerte et portée à te prier de ne pas les châtier. Et quand je vois ces mêmes créatures se tourner contre toi comme des vipères venimeuses prêtes à te tuer parce qu'elles se voient en train de subir tes châtiments, ce qui d'ailleurs provoque encore plus ta justice, alors je n'ai pas l'âme à dire "Fiat Voluntas Tua."»

Il reprit: «Ma justice n'en peut plus. Je me sens blessé par tous: par les prêtres, les personnes dévotes et les laïcs, surtout à cause des abus des sacrements. Certains n'y accordent aucune importance et les méprisent même. D'autres les reçoivent simplement pour en faire un sujet de conversation ou pour leur bon plaisir. Ah! comme mon coeur est torturé quand je vois les sacrements perçus comme des images en couleur ou comme des statues de pierre qui, de loin, semblent vivantes et animées mais qui, de près, provoquent la désillusion. On les touche et on ne trouve que du bois, du papier, de la pierre, en somme des objets inanimés. 

Pour une bonne part, voilà comment les sacrements sont perçus: des bricoles n'ayant que des apparences.

«Et que dire de ceux qui se trouvent plus souillés que purs après les avoir reçus? Que dire aussi de l'esprit mercantile qui règne parmi ceux qui les administrent? C'est triste à en pleurer! Ils sont prêts à tout pour de misérables sous, au point de perdre leur dignité. Et là où il n'y a rien à gagner, ils n'ont ni mains ni pieds pour bouger un tant soit peu. Cet esprit mercantile habite tellement leur âme qu'il déborde à l'extérieur à tel point que les laïcs eux-mêmes en sentent la puanteur; ils en sont scandalisés et en arrivent à ne plus croire à leurs paroles.

«Ah! personne ne m'épargne! Il y en a qui m'offensent directement et d'autres qui, disposant de moyens pour empêcher beaucoup de mal, ne s'en donnent pas la peine. Je ne sais vers qui me tourner! Je vais les châtier de façon à les rendre impuissants ou même à les détruire complètement. Des églises resteront désertes car il n'y aura personne pour y administrer les sacrements.»

Remplie de crainte, je l'interrompis en disant: «Seigneur, que dis-tu? Si certains abusent des sacrements, il y a aussi plusieurs bonnes personnes qui les reçoivent dans de bonnes dispositions et qui souffriraient beaucoup si elles ne pouvaient les recevoir.» Il reprit: «Leur nombre est trop restreint! Et puis, leurs souffrances d'être privées des sacrements servira de réparation envers moi et en feront des victimes de réparation pour ceux qui en abusent.»

Qui pourrait dire combien je fus tourmentée par ces paroles de mon bien-aimé Jésus. J'espère que, grâce à son infinie miséricorde, il va s'apaiser.

80.   3 octobre 1899  — Luisa discute avec dame obéissance. Les prêtres doivent se distancer des intérêts terrestres.   Audio

Ce matin, mon très patient Jésus s'est une fois de plus montré affligé. Je n'osais pas lui dire un mot de peur qu'il reprenne son discours plaintif au sujet des prêtres. C'est que l'obéissance veut que j'écrive tout, même les choses qui touchent l'exercice de la charité envers le prochain. C'est si pénible pour moi que j'ose discuter avec cette dame, même si elle peut à tout instant se transformer en une très puissante guerrière tout équipée pour me terrasser. J'étais tellement tendue que je ne savais que faire. Il me semblait impossible d'écrire sur la charité envers le prochain à la suite des lumières que Jésus m'avait données. Je sentais mon coeur dardé de mille aiguillons; ma langue collait à mon palais et le courage me manquait.

Alors j'ai dit: «Chère dame obéissance, vous savez combien je vous aime et, à cause de cet amour, je vous donnerais volontiers ma vie, mais je sais que je ne peux le faire. Voyez à quel point mon âme est torturée. Oh! je vous en prie, ne soyez pas si impitoyable envers moi. S'il vous plaît, discutons ensemble de ce qu'il serait le plus approprié de dire.»

Alors son courroux s'est un peu apaisé et elle m'a dicté ce qui était essentiel, résumant en peu de mots les différentes choses qu'il fallait dire. À certains moments, cependant, elle voulait être plus explicite et je lui disais: «Il suffit qu'ils comprennent le sens en réfléchissant. N'est-il pas préférable de tout dire en un mot plutôt qu'en plusieurs?» Parfois, elle cédait et, parfois, c'était moi qui cédais. Au total, j'ai l'impression que nous avons bien travaillé ensemble.

Mais de quelle patience il faut user avec cette sainte obéissance. Elle est une vraie dame, car il suffit de lui concéder le droit de diriger pour qu'elle se transforme en un doux agneau, se sacrifiant au travail et permettant à l'âme de se reposer dans le Seigneur pendant qu'elle la protège de son oeil vigilant pour que personne ne la moleste ou interrompe son sommeil. Et, pendant que l'âme sommeille, que fait cette noble dame? À la sueur de son front, elle s'empresse de compléter le travail, ce qui est stupéfiant et incite à l'aimer.

Pendant que j'écris ces mots, j'entends dans mon for intérieur une voix disant: «Mais, qu'est donc l'obéissance? Que comporte-t-elle? De quoi se nourrit-elle?» Puis Jésus me fait entendre sa voix mélodieuse en disant: «Veux-tu savoir ce qu'est l'obéissance? C'est la quintessence de l'amour. Elle est le plus grand, le plus pur, le plus parfait amour découlant du plus douloureux sacrifice; elle invite l'âme à s'anéantir afin de vivre de nouveau en Dieu. Étant très noble et divine, l'obéissance ne tolère rien d'humain dans l'âme. Toute son attention vise à détruire ce qui n'est pas noble et divin dans l'âme, c'est-à-dire l'amour de soi. Une fois que cela est accompli, elle travaille seule pendant qu'elle laisse l'âme se reposer en paix. L'obéissance, c'est moi-même.»

Qui pourrait dire combien j'étais étonnée et ravie d'entendre ces paroles de mon bien-aimé Jésus. Ô sainte Obéissance, comme tu es incompréhensible! Je me prosterne à tes pieds et je t'adore. Je te prie d'être mon guide, mon maître et ma lumière sur le chemin ardu de la vie, pour que je puisse atteindre avec certitude le port éternel.

Je m'arrête ici en m'efforçant de ne plus penser à cette vertu car, autrement, je ne pourrai cesser d'en parler. La lumière que je reçois la concernant est telle que je pourrais écrire sans fin à son sujet. Mais autre chose m'appelle. Je reprends donc où j'en étais.

J'ai donc vu mon doux Jésus affligé et, me souvenant que l'obéissance m'avait dit de prier de tout mon coeur pour une certaine personne, je l'ai recommandée au Seigneur. Par la suite, Jésus m'a dit: «Ma fille, puissent toutes ses oeuvres ne briller que par ses vertus. Je lui recommande surtout de ne pas se mêler de choses d'intérêt familial. S'il possède des biens, qu'il les donne. Il devrait laisser faire les choses par ceux à qui elles reviennent sans s'embourber dans les choses de la terre. Autrement, il fera face aux problèmes des autres et, ayant voulu s'en mêler, tout leur poids tombera sur ses épaules.

«À cause de ma miséricorde, j'ai permis qu'ils ne deviennent pas plus prospères et, au contraire, plus pauvres, afin de leur apprendre qu'il est inconvenant qu'un prêtre se mêle des choses terrestres. D'autre part — et ceci est de ma bouche —, tant qu'ils ne toucheront pas aux choses terrestres, les ministres de mon sanctuaire ne manqueront jamais de leur pain quotidien. Quant à ceux-là, si je leur avais permis de s'enrichir, ils auraient souillé leur coeur et n'auraient eu d'égards ni pour Dieu ni pour leurs obligations. Étant maintenant perturbés et fatigués de leur état, ils voudraient en secouer le joug, mais ils ne le peuvent pas; c'est là leur punition pour s'être mêlés de choses qui n'étaient pas de leur ressort.»

Ensuite, j'ai recommandé à Jésus une personne malade. Alors Jésus m'a montré les plaies que cette personne lui avait infligées. Je l'ai supplié de me laisser réparer pour elle et il m'a semblé que les plaies de Jésus guérissaient.  Ensuite, rempli de bienveillance, il m'a dit: «Ma fille, aujourd'hui tu as rempli l'office d'un habile médecin, car tu as non seulement tenté d'appliquer un baume sur les plaies que ce malade m'a infligées, mais aussi de les guérir. Ainsi, je me sens soulagé et apaisé.»

J'ai compris qu'en priant pour un malade, on remplit le rôle de médecin pour Notre-Seigneur qui souffre dans ces êtres créés à son image.