📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.


Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 1


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française de — Book of Heaven 

par l'équipe de bénévoles de Guy Harvey

📌 PRÉCISIONS SUR LE TOME 1 

Luisa a écrit ce tome plusieurs années après le début de sa Vie Mystique; c'est pour cela qu'il ne contient pas de date.

L'édition de Guy Harvey a subdivisé ce tome en "55 titres" alors que le site Italien: Adveniat regnum tuum fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra  l'a subdivisé en "80 titres". Les chapitres correspondant à ces 80 titres sont ajoutés en "rouge". 

1.    Luisa commence à écrire. —  Audio 

Un grand sacrifice m'est imposé par la sainte obéissance. Je dois écrire ce qui s'est passé entre moi et mon Jésus bien-aimé pendant une période de plus de 16 ans. Je me sens écrasée par la tâche¹. Néanmoins, quoique confuse, je veux m'appliquer de mon mieux. Je crois en Jésus, mon Époux bien-aimé, qui pourra me rendre la tâche tolérable. Ainsi, je pourrai la remplir pour la plus grande gloire de Dieu et pour l'amour que je nourris pour la noble vertu d'obéissance.

«Je commence donc, ô Jésus, en Toi, avec Toi, et pour Toi. Je n'ai pas confiance en moi, mais j'ai foi en Toi. Sans Toi, je ne peux rien faire. Puisse cet écrit, du commencement à la fin, être fait pour ta plus grande gloire, pour la croissance de mon amour envers toi et  pour ma plus grande confusion.»

__________

¹ Luisa a écrit le présent tome 1 du «Livre du Ciel» à la même époque que le tome 2, et que peut-être d'autres textes. Ce tome nous fournit des précisions biographiques intéressantes sur la préparation exceptionnelle dont elle fut gratifiée en vue de sa mission comme messagère de la Divine Volonté sur la terre.


AUTRE TRADUCTION "AVEC LA PRIÈRE DU DÉBUT" 
(Audio) AsaBern

✝️ Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.  

Par pure obéissance, je commence à écrire.

Tu sais, ô Seigneur, le sacrifice qu'il me coûte, tel que je me soumettrais à mille morts plutôt que d'écrire une seule ligne des choses qui se sont passées entre moi et Toi. Oh mon Dieu! ma nature tremble, elle se sent écrasée et presque défaite à cette seule pensée.  Oh! s'il te plaît! donne-moi la force, ô Vie de ma vie, que je puisse accomplir la sainte obéissance!  Toi qui as donné l'inspiration au confesseur, donne-moi la grâce de pouvoir exécuter ce que Tu as ordonné de moi.

Oh! Jésus, oh! Époux, oh! ma force! vers Toi je me lève, vers Toi je viens, dans tes bras je me présente, je m'abandonne, je me repose.  Oh! s'il te plaît, soulage-moi dans mon affliction et ne me laisse pas seul et abandonnée!  Sans ton aide, je suis sûre que je n'aurai pas la force de réaliser cette obéissance qui me coûte tant, je me laisserai vaincre par l'ennemi, et je crains d'être écrasée par Toi, justement, à cause de ma désobéissance.

Oh!  s'il te plaît! regarde-moi encore et encore, ô Saint Époux, dans tes bras, vois combien de ténèbres m'entourent; elles sont si épaisses qu'elles ne permettent pas à un atome de lumière d'entrer dans mon âme. Oh! mon Soleil mystique, Jésus, fais briller cette lumière dans mon esprit, afin qu'elle dissipe les ténèbres et que je puisse me souvenir sans contrainte des grâces que Tu as données à mon âme. Oh! Soleil éternel, déchaîne un autre rayon de lumière dans la partie intime de mon cœur, et purifie-la de la boue dans laquelle elle se trouve, enflamme-la et consume-la de ton amour, afin que mon cœur, qui, plus que tout, a expérimenté les douceurs de ton amour, puisse les manifester clairement à celui à qui il est obligé de le faire.

Oh ! mon Soleil Jésus, un rayon de lumière de plus sur mes lèvres, pour que je puisse dire la pure vérité, dans le seul but de savoir si c'est vraiment Toi, ou plutôt une illusion de l'ennemi. Mais, ô Jésus, comme je me vois encore pauvre en lumière dans tes bras.  Oh! s'il te plaît! contente-moi, Toi qui m'aimes tant, continue à m'envoyer de la lumière. Oh! mon Soleil, mon très Beau, je veux entrer jusqu'au centre, afin de rester complètement immergée dans cette lumière très pure. Ô Soleil Divin, que cette lumière me précède, me suive, m'entoure partout et pénètre dans chaque recoin intime de mon intérieur, afin que mon être terrestre soit consumé, et que Tu le transformes complètement en ton Être Divin.

Très Sainte Vierge, Mère aimable, venez à mon secours, obtenez-moi de votre doux Jésus et du mien, la grâce et la force pour effectuer cette obéissance.  Saint Joseph, mon cher protecteur, assistez-moi dans cette circonstance qui est la mienne. Saint Michel Archange, défendez-moi de l'ennemi infernal, qui met tant d'obstacles dans mon esprit pour me faire faillir à cette obéissance.  L'Archange Saint Raphaël et toi, mon Ange gardien, venez m'assister et m'accompagner, et diriger ma main, afin que je n'écrive que la vérité.

Que tout soit pour l'honneur et la gloire de Dieu et pour moi, toute la confusion. Ô Saint Époux, viens à mon aide! En considérant les nombreuses grâces que tu as accordées à mon âme, je me sens horrifiée et effrayée, pleine de confusion et de honte de me voir toujours aussi mauvaise et ne pas solliciter tes grâces.  Mais, mon aimable et doux Jésus, pardonne-moi, ne te retire pas de moi, mais continue à déverser ta grâce en moi, afin que tu fasses de moi un triomphe de ta miséricorde.

Je commence. Avec une neuvaine de la fête de Noël, à l'âge de dix-sept ans environ,.....

2.   Neuvaine préparatoire à la fête de Noël.     Audio (AsaBern)  

Début de la narration :
Neuvaine en préparation du Saint Noël. 

À l'âge de 17 ans, je voulais, par la pratique journalière de la méditation, de divers actes de vertu et de diverses mortifications, me préparer à la fête de Noël, c'est-à-dire à la fête de la Nativité de mon toujours aimable Jésus. Et tout ceci, pendant la durée d'une neuvaine. D'une manière spéciale, je voulais honorer les neuf mois pendant lesquels Jésus avait choisi de rester dans le Sein virginal de la Sainte Vierge en faisant pendant neuf jours neuf méditations par jour concernant le mystère béni de l'Incarnation


Premier excès d'Amour

Dans une méditation, j'avais choisi d'aller au Paradis par la pensée. Je m'imaginais la Très Sainte Trinité dans un concile décisif, planifiant de racheter la race humaine tombée dans la plus sordide misère, de laquelle, sans l'action divine, elle ne serait jamais capable de se relever, pour parvenir à une vie nouvelle d'absolue liberté. J'ai ensuite vu le Père prenant la décision d'envoyer son Fils Unique sur la terre, celui-ci acquiesçant au désir du Père, et le Saint-Esprit accordant son plein accord — le tout pour le salut des hommes.

Tout mon être s'émerveillait d'un si grand mystère d'Amour réciproque entre les Personnes Divines, un Amour formidable liant entre elles les Personnes Divines et s'irradiant sur les hommes. Je considérai ensuite l'ingratitude de ceux-ci, rendant inopérant un si grand Amour.

Je serais restée dans cet état toute la journée, plutôt que pendant juste une heure, si Jésus ne m'avait pas fait entendre une voix intérieure me disant: «C'est assez pour le moment. Viens avec moi et tu verras d'autres et plus grands excès de mon Amour envers toi.»

 

Deuxième excès d'Amour

Ma pensée était amenée à considérer mon toujours aimable Jésus, résidant dans le sein très pur de Marie Vierge et Mère. J'étais étonnée que notre grand Dieu, qui ne peut être contenu par les cieux, voulait, par Amour pour les hommes, devenir si petit et être confiné à un espace si restreint, jusqu'à ne pouvoir ni bouger ni respirer.

Comme cette considération me consumait d'amour pour mon Jésus nouveau-né, il me dit intérieurement: «Vois combien je t'aime! Par pitié, fais-moi un peu de place dans ton coeur. Sors-y tout ce qui n'est pas de moi, afin que j'y aie un peu plus d'aise pour bouger et respirer.» Mon coeur se sentit alors broyé d'amour pour lui. Donnant libre cours à mes pleurs, je demandais pardon pour mes fautes, promettant d'être toujours toute à lui. Cependant, je devais constater que je répétais la même promesse jour après jour et que, à ma grande confusion, je retombais toujours dans les mêmes fautes. Ceci me causait une grande souffrance. Et je me suis exclamée: «Ah! mon Jésus, comme tu as toujours été bienveillant envers la misérable créature que je suis, et que tu l'es encore! Aie toujours pitié de moi!».

 

Fin (du début) de la Neuvaine

C'est ainsi que se sont passées ma deuxième et ma troisième heure de méditation. Et j'ai ainsi continué jusqu'à la neuvième heure, que j'ai omise, à cause de mes insipides et regrettables distractions. Cependant, la voix me demanda de poursuivre avec les méditations de la neuvaine, m'avertissant que si je ne le faisais pas, je n'aurais aucun répit, aucune paix. Et j'essayais d'imaginer comment je pourrais mieux le faire, parfois agenouillée, parfois prosternée jusqu'à terre. Il y avait des fois où ma famille m'empêchait de le faire pendant que je travaillais. Mais je voulais toujours satisfaire mon si bon Jésus.

C'est de cette façon que je passai tous les jours de ma sainte neuvaine, jusqu'à la veille du jour où mon bien-aimé Jésus me donna une récompense inhabituelle et inespérée. C'était la nuit avant Noël. J'étais seule et sur le point de terminer mes méditations quand, soudain, je ressentis en moi un courant de ferveur inhabituelle et me suis trouvée en présence du très gracieux bébé Jésus. Il était si beau et si charmant! Mais à cause du manque d'amour qui lui était donné par les créatures ingrates, il tremblait de froid. Il agissait comme s'il voulait m'embrasser. J'étais ravie de joie. Je me suis levée immédiatement et j'ai couru pour l'embrasser. Mais quand j'ai essayé de le serrer dans mes bras, il disparut. Ceci arriva par trois fois, et chaque fois je n'ai pu l'embrasser.

J'en fus très contrariée. Et toute pénétrée d'amour, je suis tombée dans une ivresse amoureuse — c'est difficile pour moi de mettre tout ça dans des mots, car je n'ai pas la bonne manière de m'exprimer. Je ne nie pas que j'étais toute transformée d'amour par Jésus. Cette ferveur inhabituelle dura plusieurs jours. Ensuite, elle diminua graduellement. Pendant longtemps, je n'ai laissé transpirer absolument rien de tout cela à qui que ce soit.

Par la suite, la voix à l'intérieur de moi ne m'a jamais laissée. Comme je continuais à tomber, la voix me réprimandait après chacune de mes fautes coutumières. Elle me corrigeait et m'enseignait que je devais tout faire très bien. Elle me donnait un nouveau courage quand je tombais et elle me faisait promettre d'être plus vigilante dans le futur.

À présent, Notre-Seigneur continue d'agir avec moi comme un bon père envers son enfant, de toujours ramener l'enfant égarée dans le chemin de la vertu, de toujours user d'efforts paternels pour la garder à son devoir, afin qu'elle produise pour Dieu honneur et gloire, et qu'elle recherche toujours la couronne enviable de la vertu. Mais hélas, pour ma honte et ma confusion, je dois m'exclamer: «Ô Jésus, comme j'ai été ingrate envers toi !»

Pour prier la fin de la neuvaine de Noël

3.   Jésus agit dans l'âme de Luisa, la détachant du monde extérieur.   Audio

"Donnez-moi votre volonté et cela me suffit."

Puis mon Bon et Divin Maître commença à dégager mon coeur de toutes les affections qui l'attachaient aux créatures. Il vint à moi et, comme à l'accoutumée, me dit par une voix intérieure: 

«Je suis ton Tout. Je mérite d'être aimé de toi d'un amour égal à celui que j'ai pour toi. Si tu ne laisses pas le petit monde de tes pensées, de tes affections et de tes sentiments pour les créatures, je ne pourrai pas entrer complètement en ton coeur et en prendre possession d'une façon permanente. Le constant murmure de tes pensées t'empêche d'entendre clairement ma Voix, ce qui m'empêche de déverser en toi mes grâces et de te faire tomber complètement en amour avec moi. Je suis un Époux très jaloux. Promets-moi que tu seras mienne totalement. Moi je me mettrai au travail pour faire de toi ce que je veux. Tu dis la vérité quand tu dis que tu ne peux rien faire par toi-même. Mais n'aie pas peur, je ferai tout pour toi. Donne-moi ta volonté: ce sera suffisant pour moi.»

Il me répétait souvent cela à l'occasion de la Sainte Communion. Je m'abîmais alors en pleurs de regrets et je promettais que, plus que jamais, j'allais être à lui totalement. Et si, à ce moment, je prenais conscience que je n'agissais pas en accord avec sa Volonté, je lui demandais pardon et je lui déclarais que vraiment je voulais l'aimer de tout mon coeur. Et sachant que, privée de son aide, je ferais bien pire, je lui demandais de ne pas m'abandonner. Jésus, me faisant entendre sa Voix dans mon coeur, me disait : «Non! Non! Je serai avec toi partout où tu iras pour observer toutes tes actions et diriger et unifier tous les mouvements et les désirs de ton coeur.»


« Imitez-moi quand j'étais dans la maison de Nazareth. » 

Je pensais à lui constamment. Quand il m'arrivait de me laisser distraire par des conversations avec ma famille ou des paroles sans importance ou non nécessaires, j'entendais rapidement sa Voix me dire: «Ces conversations ne me plaisent pas. Elles remplissent ta pensée avec des choses qui ne m'intéressent pas. Elles entourent ton coeur de sentiments nuisibles, qui rendent inefficaces les grâces dont je t'inonde, toi si faible et sans vie. Oh! essaie de m'imiter comme quand j'étais dans la maison de Nazareth: ma pensée était occupée seulement parce qui concernait la Gloire de mon Père et le salut des âmes. Ma Bouche s'ouvrait seulement pour dire des choses saintes et pour persuader d'autres personnes de réparer pour les offenses commises contre mon Père. Ainsi, les coeurs brisés par le chagrin étaient attirés; et, adoucis par la grâce, ils étaient amenés à mon Amour.  Devrais-je te parler des conférences spirituelles que j'avais avec ma Mère et mon père putatif? Tout ce qui était dit rappelait Dieu. Tout ce qui était fait était pour Dieu et se rapportait à lui. Ne peux-tu pas en faire autant?»


J'ai regardé toutes les créatures en Dieu.

Ainsi je devenais muette intérieurement et toute confuse. Je désirais être seule dans la mesure du possible. Je confessais à Jésus mes faiblesses et demandais son aide et ses grâces pour être ponctuelle à exécuter ce qu'il me demandait. Je confessais aussi que, par moi-même, je ne pouvais rien faire, si ce n'est le mal. Et malheur à moi quand ma pensée ou mon coeur occasionnellement se détournait de Jésus et s'intéressait à des personnes que j'aimais. Vivement et brusquement, sa Voix revenait alors et disait sur un ton sec: «Est-ce ceci ta manière de m'aimer? Qui t'a aimée autant que moi? Sache que-si tu n'arrêtes pas, je me retirerai et te laisserai seule, à tes propres moyens.» À la suite de tels et si nombreux reproches, je sentais mon coeur se briser. Je ne pouvais que pleurer abondamment et implorer son pardon.

Un matin, après avoir reçu la Sainte Communion, il me donna une claire vision du grand Amour qu'il avait pour moi, ainsi qu'une vision de l'amour inconstant et volage que les créatures ont pour lui. Mon coeur fut totalement saisi et, à partir de ce moment, j'étais incapable d'aimer qui que ce soit, si ce n'est lui seul. 

Il m'enseignait aussi comment aimer les créatures sans me séparer de lui, en voyant chaque personne comme une image de Dieu. Par exemple, si quelque bonne chose venait à moi, je devrais reconnaître que lui, le moteur premier est l'auteur de ce bien et qu'il se sert de créatures pour me prodiguer son Amour.  

Si, d'autre part, il m'arrivait d'être affectée par quelque mal, je devrais penser que Dieu le permettait pour mon bien spirituel ou corporel. Ainsi, mon coeur se sentirait attiré vers Dieu et attaché à lui. En voyant Dieu dans les créatures, mon estime pour celles-ci en serait rehaussée. Si elles me contrariaient, je me sentirais obligée de les aimer à travers Dieu et de croire qu'elles m'apportent des mérites pour mon âme. Si les créatures m'approchaient avec des louanges et des applaudissements, je les recevrais avec dédain et me dirais: «Aujourd'hui elles m'aiment. Demain elles pourraient me haïr. Les créatures sont volages.» Ainsi mon coeur acquit une liberté que je ne peux exprimer par des mots.

4.   Jésus continue son travail dans l'âme de Luisa, la dégageant d'elle-même et purifiant son Coeur.    Audio

« Au-dessus de toi j'ai fait de superbes dessins. »

Après que mon Divin Précepteur m'eut coupée du monde extérieur, m'ayant séparée des créatures et libérée des pensées et des affections pour elles, il commença à purifier l'intérieur de mon coeur.  Sa douce Voix résonnait souvent à mes oreilles en disant :

«Maintenant que nous sommes seuls, il n'y a rien pour nous déranger.  N'es-tu pas plus contente maintenant, qu'au temps où tu cherchais à plaire à ceux qui vivaient autour de toi? Ne vois-tu pas qu'il est plus facile de plaire à moi seul, plutôt que de plaire à plusieurs?  En retour, nous agirons comme si toi et moi nous étions seuls dans le monde. Promets-moi de m'être fidèle et je verserai en toi des grâces qui t'émerveilleront. J'ai de grands desseins sur toi, que je pourrai réaliser seulement  si tu corresponds à ce que je te demande et si tu te conformes à ma Volonté. Je me réjouirai en faisant de toi une image parfaite de moi. Tu m'imiteras en tout ce que j'ai fait dans mon Humanité, de ma Naissance à ma Mort. N'aie aucun doute de la réussite, parce que je t'enseignerai peu à peu comment faire.»


 "Tu resteras près de moi comme un enfant."

Au jour le jour, spécialement après la Sainte Communion,  il me parlait de ce dont je devais me préoccuper  sans dépasser le seuil de la fatigue, afin de faire mieux fructifier les grâces qui m'étaient accordées. La première chose dont il me parla, fut la nécessité de purifier l'intérieur de mon coeur et de m'anéantir, afin d'acquérir l'humilité. Dans ce but, il me disait souvent:

«Pour que je puisse déverser mes grâces dans ton coeur, il est nécessaire que tu te convainques que, par toi-même tu n'es capable de rien. Je comble de mes dons et de mes grâces les âmes qui hésitent à s'attribuer à elles-mêmes les bons effets de leurs travaux faits avec ma grâce. Je les regarde avec beaucoup d'approbation. Les âmes qui considèrent mes dons et mes grâces comme si elles les avaient acquises par elles-mêmes, commettent beaucoup de larcins. Elles devraient se dire : «Les fruits qui sont produits dans mon jardin  ne doivent pas m'être attribués à moi, pauvre et misérable créature, mais sont le résultat des dons qui m'ont été accordés à profusion par l'Amour divin.»

Souviens-toi que je suis généreux et que je verse des torrents de grâces sur les âmes qui reconnaissent leur néant, qui n'usurpent rien pour elles-mêmes, et qui comprennent que tout s'accomplit par le moyen de ma grâce. Ainsi, en voyant ce qui se passe en elles, ces âmes me sont non seulement reconnaissantes, mais elles vivent dans la peur de perdre mes grâces, mes dons et mes faveurs si elles ne me plaisent plus.

Je ne peux pas entrer dans les coeurs qui sont enfumés par l'orgueil et qui sont si boursouflés d'eux-mêmes qu'ils n'ont pas de place pour moi. Ils ne font pas crédit à mes grâces et, de chute en chute, ils vont à leur ruine. C'est pourquoi je veux que très souvent, voire continuellement, tu fasses des actes d'humilité. Tu dois être comme un bébé dans les langes qui, incapable de bouger ou de marcher dans la maison par lui-même, doit se fier à sa mère pour tout. Je veux qu'ainsi tu restes près de moi comme un nouveau-né, demandant toujours mon aide et mon assistance, reconnaissant ton néant, attendant tout de moi.»

Jésus conduit l'âme à la vérité de son néant.

En faisant ainsi, je suis devenue une petite et je me suis anéantie. Si bien que, quelquefois, je sentais tout mon être dissous et démembré, incapable de faire un pas ou de prendre une respiration sans l'assistance de Jésus. J'essayais de mon mieux de le satisfaire en tout, en devenant humble et obéissante.

5.   Jésus amène Luisa à la conscience de son néant.   Audio

Comparant l'état de vie auquel Jésus m'appelait et celui dans lequel j'avais toujours vécu, je me sentais envahie par le chagrin. J'avais honte de regarder les personnes parce que je me sentais comme une des plus grandes pécheresses au monde. J'avais le goût de me retirer dans ma chambre, loin des créatures, et de me dire: «Si seulement ils savaient à quel point j'ai été pécheresse et combien de grâces le Seigneur m'a accordées, ils seraient horrifiés. J'espère que Jésus ne leur permettra pas de me connaître, parce que s'ils le savaient, je pourrais me suicider.»

En dépit de cela, le jour suivant, alors que je recevais Jésus dans le Saint Sacrement, mon coeur était joyeux de se voir si anéanti. Jésus me dit encore d'autres choses sur l'état du parfait anéantissement auquel il m'appelait. Il me faisait des suggestions, toujours différentes de celles de la précédente visite. Je peux affirmer sans me tromper que chacune des nombreuses fois où Jésus me parlait, il se servait d'une approche différente pour expliquer les causes et les effets de la vertu qu'il voulait insuffler en moi.  S'il l'avait voulu, il aurait pu parler sur la même vertu un millier de fois de plus, et d'un millier de façons différentes: «Oh! mon Divin Professeur, comme tu es savant, comme je suis ingrate de ne pas vivre selon ce que tu espères de moi!» 


L'âme regrette les péchés et les manquements commis.

Je confesse que ma pensée a toujours recherché la vérité et a toujours cherché à se conformer à ce que Jésus m'enseignait. Mais j'ai souvent perdu ce désir d'une manière ou d'une autre. Je ne pouvais pas accomplir ce que Jésus me demandait, même à la fin. À cause de cela, je m'humiliais davantage moi-même. Je confessais ma nullité. Par la suite, je promettais d'être plus attentive et disposée. En dépit de tout cela, je n'aurais jamais pu réussir à faire le bien que sa perfection requérait s'il ne m'avait pas assistée continuellement. Il me disait souvent:

«Si tu avais été plus humble et plus près de moi, tu n'aurais pas fait ce travail si pauvrement. Mais parce que tu pensais que tu pouvais commencer, continuer et finir le travail sans moi, tu l'as réussi, mais pas selon mes désirs à moi. Pour cette raison, demande mon assistance au commencement de tout ce que tu entreprends. Assure-toi que je sois toujours présent pour travailler avec toi. Ce que tu fais sera complété avec perfection. Sache que si tu fais toujours cela, tu acquerras la plus grande humilité. Si tu fais le contraire, l'orgueil rentrera en toi et elle étouffera cette très belle vertu d'humilité qui a été semée en toi.»

Ainsi il me donnait beaucoup de lumière et de grâces et me faisait voir la laideur du péché d'orgueil. L'orgueil est la plus terrible ingratitude envers Dieu et le plus grand affront qu'on puisse lui faire; il aveugle l'âme complètement, il l'amène à tomber dans une grande impiété, et il la conduit à sa ruine.

6.   L'âme doit être contrite de ses péchés, mais Jésus ne veut pas qu'elle s'attarde au passé.    Audio

Les grâces extraordinaires qui m'étaient données par Jésus me laissaient dans une grande tristesse par rapport au passé et dans une peur vive concernant l'avenir. Ne sachant que faire pour réparer les dommages du passé, j'essayais des mortifications choisies de mon propre chef. Je demandais aussi des mortifications à mon confesseur, mais elles ne m'étaient pas toujours consenties. Toutes les pénitences que je faisais me semblaient insignifiantes. Parce que j'étais incapable de changer le passé et que je ne savais que faire d'autre, je me mettais à pleurer à la pensée de mes péchés passés. Je me tournai finalement vers mon toujours aimable Jésus

La peur d'être loin de lui me hantait, et la peur qu'ensuite il m'en coûte plus cher encore, me laissait sans savoir vraiment quoi faire. Qui pourrait dire combien de fois je courais vers Jésus à l'intérieur de mon coeur pour lui demander mille pardons, le remercier pour les nombreuses grâces qu'il m'accordait et lui demander de rester toujours près de moi. Souvent, je lui disais: «Vois-tu, mon bon Jésus, combien de temps j'ai perdu et combien de grâces j'ai gaspillées, alors que j'aurais pu augmenter mon amour pour toi, mon plus grand Bien et mon Tout!»


Jésus ne veut pas qu'il perde du temps à penser à son passé. 

Alors que d'une manière un peu ennuyeuse je continuais à lui parler ainsi, Jésus me réprimanda sévèrement en me disant: «Je ne veux pas que tu reviennes sur le passé. Sache que lorsqu'une âme convaincue de ses péchés, s'humilie en recevant mon sacrement de pénitence, elle devient plus disposée à mourir plutôt que de m'offenser de nouveau. C'est un affront à ma Miséricorde et un obstacle à mon Amour que de persister mentalement à remuer la boue du passé. Mon Amour ne peut accorder à une âme de prendre son envol vers le Ciel si elle reste plongée dans des pensées affreuses et des idées noires sur le passé. Sache que je ne me souviens plus du mal que tu as commis, ayant parfaitement tout oublié. Vois-tu en moi quelque rancoeur, ou même une ombre de mauvaise humeur envers toi?»

Et je repris: «Non, mon Seigneur, mon coeur se brise quand je pense à ta Bonté, à ta Gentillesse et à ton Amour envers moi, en dépit de mon ingratitude.» Et il me répondit en disant: «Très bien, mon enfant. Mais pourquoi veux-tu revenir sur le passé? Comme il serait beaucoup mieux si nous pensions à notre amour l'un pour l'autre! Essaie d'uniquement me plaire dans l’avenir et tu seras toujours en paix.» 

7.   La créature doit garder son regard fixé sur Jésus, et n'agir qu'avec lui et que pour lui.    Audio

À partir de ce moment, pour satisfaire mon adorable Jésus, je ne pensais vraiment plus au passé. Cependant, je l'ai souvent imploré pour qu'il m'enseigne comment faire réparation pour mes péchés passés. Et il me dit: «Tu vois bien que je suis prêt à t'accorder ce que tu désires: essaie de te souvenir de ce que je t'ai dit il y a quelque temps. La meilleure chose à faire est d'imiter ma vie. Dis-moi maintenant ce que tu veux.»

Je lui répondis: «Seigneur, j'ai besoin de tout, car je n'ai rien.» Et Jésus poursuivit: «Très bien, n'aie pas peur, car petit à petit nous ferons tout. Je sais comment tu es faible. C'est de moi que tu recevras la force, la persévérance et la bonne volonté.


Car les créatures de l'âme doivent disparaître ;
elles ne doivent regarder que Jésus, et n'agir qu'avec Jésus et pour Jésus.

 Fais ce que je t'ai dit. Je veux que tes efforts soient honnêtes. Tu dois garder un oeil sur moi et l'autre sur ce que tu fais. Je veux que tu saches faire abstraction des personnes, pour que, quand on te demande de faire quelque chose, tu le fasses comme si la demande venait directement de moi. Les yeux fixés sur moi, ne juge personne. Ne regarde pas pour voir si la tâche est douloureuse, dégoûtante, facile ou difficile. Tu fermeras tes yeux à tout cela et tu les ouvriras sur moi, sachant que je suis en toi et que je surveille ton travail.

«Dis-moi souvent: «Seigneur, donne-moi la grâce de bien faire du commencement à la fin tout ce que j'entreprends, et que j'agisse seulement pour toi. Je ne veux plus être l'esclave des créatures.» Fais ainsi pour que, quand tu marches, tu parles, tu travailles, ou fais n'importe quoi d'autre, tu agisses seulement pour ma satisfaction et mon plaisir. Quand tu subis des contradictions ou reçois des blessures, je veux que tu aies les yeux fixés sur moi et que tu croies que tout cela vient de moi et non pas des créatures.

«Fais comme si, de ma bouche, tu entendais ceci: «Ma fille, je veux que tu souffres un peu. Par ces souffrances, je te ferai belle. Je veux enrichir ton âme de nouveaux mérites. Je veux travailler sur ton âme pour que tu deviennes comme moi.» Et pendant que tu endures tes souffrances pour mon Amour, je veux que tu me les offres en me remerciant de t'avoir fait gagner des mérites. En le faisant, tu compenseras avantageusement pour ceux qui t'ont fait du mal ou qui t'ont fait souffrir. Ainsi tu marcheras tout droit devant moi. Ces choses ne te dérangeront pas, et tu connaîtras une paix parfaite

8.   La créature doit mourir à elle-même et ne vivre que pour Dieu. Pour cela, elle a besoin d'esprit de charité et d'esprit de mortification.    Audio

Que vos œuvres, même les plus petites, soient investies de charité

Après une période de temps où je faisais ce que Jésus me demandait, il m'entretint de l'esprit de mortification. Il me fit comprendre que toutes les choses, même les sacrifices héroïques et les plus grandes vertus seront considérés comme rien s'ils ne sont pas faits par amour pour lui. Si les mortifications ne sont pas motivées du commencement à la fin par l'amour de lui, elles sont insipides et sans mérite. Il me disait : 

«La charité (= Amour) est la vertu qui donne aux autres vertus leur lustre et les actions faites sans la charité sont des oeuvres mortes. Mes Yeux ne font pas attention aux actions qui ne sont pas faites en esprit de charité. Elles n’atteignent pas mon Coeur. Par conséquent, sois attentive et fais tes actions, même les plus petites, en esprit de charité et de sacrifice. Fais-les en moi, avec moi et pour moi. Je ne reconnaîtrai pas tes actions comme miennes si elles ne portent pas les deux sceaux, celui de tes sacrifices et mon propre Sceau. Comme la monnaie doit avoir l'image du roi imprimée sur elle pour être acceptée comme valable par les sujets du roi, ainsi tes actions doivent porter la marque de la Croix pour être acceptées par moi.


S'ils n'ont pas la greffe avec ma croix, ils ne peuvent avoir aucune valeur.

«Nous ne nous préoccuperons plus maintenant de travailler à éliminer tes affections pour les créatures, mais ton affection pour toi-même. Je veux te faire mourir à toi-même pour que tu puisses vivre seulement pour moi. Je veux imprimer en toi rien d'autre que ma Vie. C'est vrai qu'il t'en coûtera davantage, mais prends courage et n'aie pas peur. Moi avec toi et toi avec moi, nous ferons tout.»

Il me donnait de nouvelles idées en ce qui concerne l'anéantissement de soi-même. Il me disait: «Tu n'es pas, et tu ne dois pas te considérer plus qu'une ombre qui passe rapidement et qui t'échappe quand tu essaies de l'attraper. Si tu veux voir en toi-même quelque chose qui soit digne de moi, considère que tu n'es rien.  Alors moi, heureux de ton véritable abaissement, je verserai mon Tout en toi.»

En me disant cela, mon bon Jésus imprimait dans ma pensée et mon coeur un tel anéantissement que j'aurais voulu me cacher dans le gouffre le plus profond.  Sachant qu'il m'était impossible de lui cacher ma honte, et pendant que je poursuivais dans la destruction de mon estime personnelle, il me dit: «Approche-toi de moi, appuie-toi sur mon bras; je te soutiendrai et je te donnerai la force de toujours travailler pour moi, de tout faire pour moi. »

9.    L'âme doit totalement mourir à elle-même et on doit mortifier sa volonté dans tous ses choix.   Audio

L'âme doit d'abord faire mourir sa propre volonté à tous égards,
la mortifiant constamment en tout.

Étant infiniment parfait, Dieu ne peut que désirer que chacune de ses oeuvres tende à sa perfection spécifique. Si donc tout ce qu'il a créé tend naturellement vers sa perfection et ne peut cesser de marcher vers son amélioration, alors, à bien plus forte raison, une créature à laquelle Dieu a donné une intelligence et une volonté personnelles ne peut laisser son perfectionnement stagner, si elle veut vraiment que Dieu trouve en elle son plaisir. Créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, l'homme peut atteindre la plus haute perfection s'il s'applique à se conformer à la Volonté de Dieu et à correspondre aux grâces qui lui sont accordées par lui.

Si le Seigneur est près de moi et veut que je m'appuie sur son Bras, et si, par sa seule attirance, il me presse de me jeter dans ses Bras paternels, et si, de plus, il veut que je prenne toute ma force en lui afin de bien faire toutes choses, ne suis-je pas une idiote si je refuse cette grâce et que je ne me soumette pas à sa Divine Volonté ? C'est pourquoi, moi, plus que toute autre créature, je crois qu'il est de mon devoir de toujours suivre mon adorable Jésus, lui qui me dit:

« Par toi-même, tu es aveugle, mais n'aie pas peur. Ma Lumière, maintenant plus que jamais, sera ton guide. Je serai en toi et avec toi pour faire des choses merveilleuses. Suis-moi en toute chose et tu verras. Pour un temps, je me placerai devant toi comme un miroir, et tout ce que tu auras à faire sera de me regarder, de m'imiter et de ne pas me perdre de vue.

La première chose que tu dois faire est de mortifier ta volonté et de détruire ton ego qui désire tout, sauf le bien.» Ta volonté doit être sacrifiée devant moi, pour que ma Volonté et la tienne ne fassent qu'un. Es-tu satisfaite de cela? Alors prépare-toi à des interdits de ma part, tout particulièrement par rapport aux créatures.»

Comme le vent fait bouger les pétales de la fleur, qui laisse ainsi voir le fruit minuscule qui se développe, ainsi est notre volonté départie de son expression personnelle, comme me l'a dit Jésus. Et quand viennent les mises en garde, je dois me conformer. Par exemple, si je ne me levais pas immédiatement à mon réveil le matin, j'entendais intérieurement sa Voix me dire: «Tu te reposais confortablement pendant que je n'avais pas de lit, mais plutôt ma Croix. Vite, vite, lève-toi! Ne sois pas si complaisante!» Et si je portais mon regard trop loin quand je marchais, il me grondait en disant: «Je ne veux pas que ton regard s'étende au-delà du nécessaire, afin que tu ne trébuches pas.»

Si je me trouvais dans la campagne, entourée de plantes, d'arbres et de fleurs variées, il me disait: «J'ai tout créé par Amour pour toi, et toi, par amour de moi, refuse-toi ce plaisir.»  Si, à l'église, je fixais mon regard sur des décorations sacrées, il me réprimandait en disant: «Quelles délices y a-t-il pour toi, à part moi?» Si en travaillant, j'étais assise confortablement, il me disait: «Tu es trop confortable. Tu ne considères pas que ma Vie en fut une de souffrances continuelles!» Et, vivement, pour le satisfaire, je m'assoyais seulement sur la moitié de la chaise. Si je travaillais lentement et paresseusement, il me disait: «Dépêche-toi et viens vite demeurer avec moi en prière...»

Occasionnellement, il m'assignait un travail à faire dans un temps donné et je me mettais à l'oeuvre pour lui plaire. Quand je ne venais pas à bout de ma besogne, je lui demandais de l'aide. Plusieurs fois il m'aidait en faisant le travail avec moi afin que je sois libre plus tôt, généralement pas pour me divertir, mais pour avoir plus de temps pour la prière. Il arrivait parfois que, par moi-même ou avec lui, le travail qui devait m'occuper toute la journée était terminé en peu de temps. Il m'attirait alors vers la prière et me tenait complètement absorbée par la contemplation des nombreuses grâces accordées par lui aux créatures.

Après un certain temps, je commençai à me sentir plus impliquée et j'aurais aimé rester en prière indéfiniment; je n'expérimentais jamais la fatigue ou l'ennui, et je me sentais si bien, qu'il me semblait n'avoir besoin d'aucune autre nourriture que celle qui me venait de la prière. Mais Jésus me corrigeait en disant: «Dépêche-toi, ne tarde pas! Je veux que tu manges par amour pour moi. Prends la nourriture qui sera absorbée par ton corps. Demande que mon Amour s'unisse au tien, afin que mon Esprit s'unisse à ton âme et que ton être tout entier soit sanctifié par mon Amour.»

Occasionnellement, pendant que je mangeais, j'aimais un aliment et je continuais de le manger. Et Jésus me disait: «As-tu oublié que je n'avais pas d'autre désir que de me mortifier par Amour pour toi? Arrête de manger cela et tourne-toi vers quelque chose pour lequel tu n'as aucun désir.»

De cette manière, Jésus essayait de tuer ma volonté, même dans les plus petites choses, pour que je vive seulement en lui. Ainsi, il me permettait de faire l'expérience des paradoxes de l'amour, de l'amour entièrement saint et tourné vers lui.

Quand approchait le jour où j'allais pouvoir communier, je ne faisais rien le jour et la nuit d'avant, excepté de me préparer à le recevoir le mieux possible. Je ne fermais pas les yeux pour le sommeil à cause des actes d'amour continuels que je faisais à Jésus. Je disais souvent: «Hâte-toi, Seigneur, je ne peux plus attendre. Raccourcis les heures, fais que le soleil aille plus vite, car mon coeur défaille du désir de la Sainte Communion.»

Et Jésus me répondait: «Je suis seul et je languis sans toi. Ne te désole pas que tu ne puisses dormir. C'est un sacrifice que de demeurer à distance de ton Dieu — ton Époux, ton Tout —, lui qui reste éveillé par Amour pour toi. Viens et sens les offenses qui sont continuellement commises contre moi par les créatures. Ah! ne me refuse pas le soulagement de ton aimable compagnie. Les palpitations de ton amour unies aux miennes effaceront partiellement l'amertume que beaucoup d'offenses me donnent jour et nuit. Je ne te laisserai pas seule avec tes souffrances et tes afflictions. Plutôt je te rendrai la pareille par ma compagnie.»

Au lever du jour, j'allais à l'église avec un grand désir de recevoir Jésus dans le Saint Sacrement. J'approchais mon confesseur sans lui dire un mot de ce désir. Plus d'une fois il me dit: «Aujourd'hui je veux que tu sois privée de la Sainte Communion.» Ceci était si dur pour moi que souvent je commençais à pleurer; mais je ne voulais pas révéler à mon confesseur l'amertume que mon coeur ressentait. Puisque Jésus voulait que je me résigne aux désappointements, je cédais pour qu'il ne me gronde pas. Il voulait que j'aie une complète confiance en lui, lui mon plus grand Bien. Souvent je lui ouvrais mon coeur et lui disais:

«Oh! mon doux Amour, est-ce que ceci est le fruit de cette vigile que nous avons faite tous les deux cette nuit? Qui aurait pu imaginer qu'après tant d'attentes et de désirs, j'aurais à me passer de toi! Je sais bien que je dois t'obéir en tout. Mais, dis-moi mon bon Jésus, puis-je rester sans toi? Qui me donnera la force qui me manque présentement? Est-ce que j'aurai le courage et la force de quitter l'église sans t'amener à la maison avec moi? Je ne sais pourtant que faire d'autre. Mais toi, ô mon Jésus, si tu le désires, tu peux remédier à tout ça!»

Une fois, pendant que je parlais ainsi, j'ai ressenti une chaleur inhabituelle en moi. Ensuite une flamme d'amour fut allumée en moi et j'entendis sa Voix me dire intérieurement: «Sois calme, sois calme, je suis déjà dans ton coeur. Pour quelle raison es-tu effrayée? Ne sois pas triste. Je veux moi-même sécher tes larmes. Pauvre petite, c'est vrai, tu ne pourrais pas vivre sans moi, n'est-ce pas?»

Je m'émerveillai de ces Paroles de Jésus et du travail qu'il accomplissait en moi. Anéantie à l'intérieur de moi-même, je me tournai vers mon Jésus et lui dis: «Si je n'avais pas été aussi méchante, tu n'aurais pas inspiré à mon confesseur de me rebuter comme il l'a fait!» Et j'implorai Jésus de ne pas permettre de tels paradoxes, car, sans lui, je ne pourrais pas m'empêcher de mal faire et je ferais nombre d'étourderies. Parce que Jésus veut rendre mon âme amoureuse et l'amener à souffrir par Amour, il m'a conduite à me plonger dans l'océan infini de sa Passion.

10.   La première vision de Jésus souffrant.   Audio

Jésus veut faire tomber l'âme amoureuse de la souffrance par amour pour lui,
c'est pourquoi il la conduit à se plonger dans la mer sans bornes de sa Passion.

Un jour, après la Sainte Communion, Jésus Tout Amour me donna tant d'affection que je m'émerveillai et lui dis: «Jésus, pourquoi tant de tendresse envers moi, moi si méchante et si incapable de répondre à ton Amour?  Sachant que je dois t'aimer de retour, j'ai peur que tu me laisses à cause de mon indifférence. Cependant je te vois plutôt toute bonté et me presse sur toi plus que jamais.»

Alors, aimablement comme toujours, il me dit: «Ma bien-aimée, les choses du passé n'ont rien fait de plus que de te préparer un peu. Maintenant j'en viens au travail. Je veux que ton coeur soit disposé à entrer dans l'immense océan de mon atroce Passion, si bien que, quand tu auras vraiment compris l'intensité de mes Souffrances, tu pourras comprendre l'Amour qui me consumait quand je souffrais pour toi. Dis-toi ceci: «Quel est celui qui a tant souffert pour moi? Et que suis-je, moi, si vile créature?»  Et tu ne repousseras pas les blessures et les peines de la passion que tu souffriras par amour pour moi. Enflammée par l'amour, ton âme acceptera la croix que j'ai préparée pour toi. Quand tu considéreras tout ce que moi, ton Professeur, j'ai souffert pour toi, ta souffrance te semblera une ombre. Elle te semblera douce et tu atteindras un point où tu ne pourras plus vivre sans souffrance.»

À ces mots, je me sentis plus désireuse de souffrir. Néanmoins, ma nature tremblait à la pensée des souffrances que j'aurais à endurer. Aussi, j'ai prié Jésus de me donner assez de force et de courage et de me faire expérimenter l'amour à travers les souffrances auxquelles il m'appelait. Par cette requête, je n’ai pas voulu l'offenser, ni tirer parti du grand Pourvoyeur de dons qu'il est. Mais Jésus, dans tout son Amour et sa Douceur poursuivit ainsi:

«Ma chère, ceci va de soi. Si une personne qui entreprend quelque chose ne ressent pas un transport d'amour pour ce qu'elle entreprend, elle ne peut être motivée pour accomplir son travail. D'autre part, ceux qui entreprennent quelque chose de mauvaise foi, même s'ils l'achèvent, ne recevront pas ma récompense. Quant à toi, pour tomber en amour avec ma Passion, tu dois avant tout considérer, calmement et dans la méditation, tout ce que j'ai enduré pour toi, afin que ton jugement se conforme au mien, qui ne ménage rien par Amour pour l'aimé.»

Ainsi encouragée par Jésus, je commençai à méditer sur sa Passion, ce qui fit beaucoup de bien à mon âme. Je puis assurer que ce bien me vint de la fontaine de la Grâce et de l'Amour. À partir de ce moment, la Passion de Jésus fit son chemin dans mon coeur, mon âme et mon corps — dans lequel les souffrances de la Passion seront manifestées. Je devins immergée dans la Passion comme dans une immense mer de Lumière qui, avec ses chauds rayons, embrasait mon être tout entier d'amour pour Jésus, Lui qui a tant souffert pour moi.

Plus tard, cette immersion me fera comprendre clairement la patience et l'humilité, l'obéissance et la charité de Jésus, et tout ce qu'il endura par Amour pour moi. Voyant quelle grande distance il y avait entre lui et moi, je me sentais complètement anéantie. Les rayons qui me submergeaient me semblaient comme des réprimandes me disant silencieusement: «Un Dieu si patient! Et qu'en est-il de toi? Un Dieu si humble, assujetti à ses ennemis! Et qu'en est-il de toi?  Un Dieu de toute Charité qui souffre beaucoup pour toi! Et qu'en est-il de toi? Où sont les souffrances que tu portes par amour pour lui? Où sont-elles?»

Occasionnellement, Jésus me parlait des douleurs de son Agonie et de ses Souffrances d'Amour pour moi. Et j'en étais émue jusqu'aux larmes. 

La première vision de Jésus dans la douleur.

Un jour, pendant que je travaillais et que je méditais sur les cruelles souffrances de Jésus, ma tête devint oppressée au point que j'en perdais la respiration. Par peur qu'il m'arrive quelque chose de sérieux, je voulus faire diversion en sortant sur le balcon. Là, je vis une foule immense de gens passant dans la rue. Ils conduisaient mon très gentil Jésus, le poussant et le tirant. Jésus portait sa Croix sur son Épaule. Il était exténué et suait le sang. Il faisait pitié au point d'émouvoir une pierre. Il leva les yeux vers moi pour me demander du secours.

Qui pourrait décrire le chagrin que j'ai alors ressenti? Qui pourrait décrire l'effet que cette épouvantable scène eut sur moi? Je suis rapidement retournée dans ma chambre, ne sachant plus où je me trouvais. Mon coeur était brisé de douleur et j'ai commencé à pleurer en me disant: «Comme tu souffres, mon bon Jésus! Je souhaiterais pouvoir t'aider à te libérer de ces loups enragés, ou souffrir des douleurs et des tortures pour toi, pour te donner du soulagement. Ô mon Dieu, permets que je souffre à tes côtés. Ce n'est pas juste que tu souffres tant par Amour pour moi, une pécheresse, et que moi je ne souffre rien pour toi!»

Vous ne pourrez vraiment me ressembler qu'à travers la souffrance.

Jésus alluma tant d'amour en moi pour sa douce souffrance que c'était plus dur pour moi de ne pas souffrir. Ce vif désir qui prit vie en moi ne s'est jamais éteint. Dans la Sainte Communion, je ne demandais rien d'autre plus ardemment: qu'il me soit permis de faire l'expérience de douces souffrances similaires aux siennes. Quelquefois il me satisfaisait en enlevant de sa Couronne une épine qu'il jetait dans mon coeur. Occasionnellement, il enlevait les clous de ses Mains et de ses Pieds et les jetait en moi, ce qui me causait des douleurs très grandes, mais jamais égales aux siennes.

À d'autres occasions, il me semblait que Jésus prenait mon coeur dans ses Mains et qu'il le serrait si fort que la douleur me faisait perdre l'usage de mes sens. De peur que les gens autour de moi puissent noter ce qui m'arrivait, je le priais en disant: «Mon Jésus, donne-moi la grâce de souffrir sans que mes souffrances soient perçues par les autres.» Je fus satisfaite pour quelque temps, mais à cause de mes péchés, mes souffrances étaient parfois observées par les autres.

11.   Jésus prive Luisa de toute consolation sensible pour qu'elle apprenne la résignation et l'humilité.    Audio

Un jour, après la Sainte Communion, Jésus me dit: «Ta souffrance ne peut pas être similaire à la mienne, parce que tu souffres avec ma Présence. Je vais t'aider. Je veux te laisser seule un peu. Sois plus attentive qu'avant, parce que je ne te donnerai pas la Main pour te supporter et t'aider en tout. Tu agiras et tu souffriras avec bonne volonté, sachant que mes Yeux seront fixés sur toi, même si je ne me laisse plus voir ni ressentir par toi. Si tu me restes fidèle, je te récompenserai quand je reviendrai. Si tu es infidèle, je viendrai te punir.»

À ces paroles, je devins horrifiée et lui dis: «Seigneur, toi qui es ma Vie et mon Tout, dis-moi comment je peux vivre sans toi, mon Dieu! Qui me donnera la force de bien me conduire? Toi seul as été, es et seras ma force et mon soutien. Est-il possible que, maintenant, tu veuilles me laisser à mes seuls moyens, privée de ta présence, après que tu m'aies invitée à laisser le monde extérieur et tout ce qui va avec. As-tu oublié que je suis méchante et que sans toi je ne peux rien faire de bien


Jésus veut que l'âme touche de la main son propre néant et
se dispose à la plus profonde humilité, et la prive donc de toute consolation
et de toute grâce sensible, en se cachant d'elle.

Et Jésus, doucement et calmement, me répondit: «Je ferai cela pour que tu puisses comprendre ce que tu vaux sans moi. Ne désespère pas. Je te ferai cela pour ton plus grand bien, pour préparer ton coeur à recevoir les nouvelles grâces dont je vais t'inonder. Jusqu'à présent, je t'ai aidée visiblement. Maintenant, invisiblement, je te ferai sentir ton néant en te laissant seule avec toi-même. Je vais faire en sorte que tu atteignes la plus profonde humilité. Et je te donnerai mes grâces, les meilleures, pour te préparer pour les hauts niveaux auxquels je te destine. Ainsi, plutôt que de désespérer, sois joyeuse et remercie-moi, parce que, plus tu traverseras cette mer orageuse rapidement, plus vite tu atteindras le port. Plus les tests auxquels je te soumettrai seront sévères, plus seront grandes les grâces que je t'accorderai. Sois courageuse car, bientôt, je viendrai te consoler dans ton chagrin.»

Alors il me bénit et se retira. Qui pourrait exprimer la douleur que je ressentis, le vide qui envahit mon coeur, les larmes que je versai, quand je vis mon Jésus qui, pendant qu'il me bénissait, me quittait. Néanmoins, je m'étais résignée à sa Très Sainte Volonté. Et après avoir embrassé sa Main mille fois, cette Main qui me bénissait de loin, je lui dis: «Au revoir Saint Époux, au revoir! Souviens-toi de ta promesse que tu vas me revenir bientôt! Aide-moi toujours et fais que je sois totalement tienne.»

Et je me vis complètement seule. C'était comme si la fin arrivait pour moi. Parce que Jésus avait été mon Tout, sans lui je n'avais maintenant plus aucune consolation. Tout autour de moi se changeait subitement en amer chagrin. Il me semblait entendre les créatures se moquer de moi et me répéter dans un langage muet: «Tu vois ce que te fait ton Amoureux, ton Bien-Aimé; où est-il maintenant?» Quand je regardais l'eau, le feu, les fleurs, même les pierres familières de ma chambre, tout semblait dire: «Ne vois-tu pas que toutes ces choses sont de ton Époux? Tu as le privilège de voir ses oeuvres, mais tu ne peux pas le voir, lui!» Et je leur disais: «Oh! vous, les créatures de mon Seigneur, donnez-moi des nouvelles de lui! Dites-moi où je peux le trouver! Il m'a dit qu'il reviendra bientôt, mais qui parmi vous peut me dire quand il reviendra, quand je le verrai à nouveau?»

Dans cet état, chaque jour me semblait une éternité. Les nuits étaient des veilles sans fin, les heures et les minutes étaient comme des siècles et ne m'amenaient que des désolations. Je me sentais sur le point de m'effondrer. Mon coeur et ma respiration s'arrêtaient, et je me sentais parfois comme si tout mon être était gelé, envahi par une sensation de mort.

Les membres de ma famille remarquèrent que ça n'allait pas. Ils en parlaient beaucoup entre eux et attribuaient ma souffrance à une maladie physique. Ils insistaient pour que je rencontre le médecin. Cela se fit, mais ne m'apporta aucun bien. Pour ma part, je continuais à me souvenir de ce que le bon Jésus m'avait promis, de ce qu'il avait fait en moi, de l'onction de sa grâce. Je me remémorais une à une ses douces et tendres Paroles. Je me rappelais aussi ses réprimandes paternelles pour me rappeler au devoir de l'aimer.

Mon âme sait qu'elle est incapable de faire quoi que ce soit sans Jésus et que tout lui est dû. Il est le vrai directeur spirituel qui enseigne à mon âme comment rester humble et abandonnée à travers la prière, la Sainte Communion et les visites au Saint Sacrement.

12.   Par elle-même, l'âme n'est capable de rien. Elle doit tout à Jésus.   Audio

Ne pas reconnaître que tout ce qui a été accompli en moi est redevable à la surabondance des grâces du Seigneur serait pure fourberie de ma part. Sans ses grâces et sa lumière, en effet, je n'aurais rien fait de bien: que du mal. Qui d'autre que mon aimable Jésus m'a éloignée des frivolités du monde? Qui a suscité en moi le désir si fort de faire une neuvaine pour Noël, avec neuf méditations par jour portant sur l'Incarnation de Jésus, lesquelles m'ont apporté du Ciel tant de grâces et de lumières surnaturelles? Quelle était cette voix intérieure qui me prévenait que je n'aurais aucun répit ni aucune paix si je ne faisais pas ce que Jésus me demandait? Qui me fit tomber en amour avec lui en me faisant voir le ravissant bébé Jésus?

N'était-ce pas Jésus qui agissait avec moi comme mon professeur, m'instruisant, me corrigeant, me réprimandant, amenant mon coeur à se départir de ses affections, infusant en moi les véritables esprits de mortification, de charité et de prière? Il ouvrit en moi la voie qui me conduisit à l'immense mer de sa Passion. C'est par lui que j'expérimentai la douceur de la souffrance et l'amertume quand je ne souffre pas. Ces choses n'ont-elles pas toutes été faites par sa grâce?

Maintenant qu'il me joue un tour en se retirant de ma vue, j'expérimente à fond que, sans lui, je ne ressens pas cet amour sensible comme avant. Je ne vois plus la lumière dans mes méditations, je ne suis plus capable de rester absorbée en méditation pendant deux ou trois heures. Pendant que j'essaie de faire ce que j'avais l'habitude de faire avant, j'entends se répéter en moi ces mots: «Si tu me restes fidèle, je viendrai te récompenser. Si tu es infidèle, je te punirai.» Je n'ai vraiment plus le succès que j'avais quand il était auprès de moi visiblement et sensiblement.

Dans cet état de privation, je passais tous mes jours dans une presque totale amertume, dans le silence et l'anxiété. J'attendais Jésus qui ne venait toujours pas comme il l'avait promis: «Je reviendrai à toi bientôt.» Mon seul réconfort était de le recevoir dans le Saint Sacrement, parce que, comme je l'espérais, je le trouvais là. Quand je répétais mes supplications, j'étais presque toujours satisfaite. Mon coeur battait plus vite, quoique pas de la même manière « ineffable » qu'avant. Il m'avait un peu sévèrement mise à l'épreuve, sans rien me dire.


L'âme éprouve qu'elle n'est capable de rien sans Jésus et qu'elle lui doit tout.

Quand, finalement, la période de disette fut terminée et que, de mon mieux, j'avais terminé tout ce que Jésus voulait, je l'ai senti de nouveau dans mon coeur: «Petite Fille de ma Volonté, dis-moi tout ce que tu veux. Dis-moi ce qui s'est passé en toi, tes doutes, tes peurs et tes difficultés, Ainsi je peux t'enseigner comment te conduire dans le futur quand je serai absent.» Alors, je lui racontai fidèlement ce qui m'était arrivé:

«Seigneur, sans toi j'ai été incapable de bien faire. Depuis le début, la méditation me dégoûte beaucoup. Je n'ai pas eu le courage de t'offrir tout cela. Je n'ai pas voulu rester en communion avec toi, parce que l'attirance de ton Amour me manquait. Le vide et la douleur que je ressentais m'ont fait éprouver les agonies de la mort. Pour contrer la souffrance de rester seule, j'essayais de tout compléter. Quand je tardais, il me semblait que je perdais du temps. La peur qu'à ton retour tu me punisses de mes infidélités me faisait continuer. Mes souffrances intérieures augmentaient quand je pensais que toi, mon Dieu, tu es continuellement offensé. Je ne pouvais pas faire d'actes de réparation ni de visites au Saint Sacrement sans toi. Toi, tu aurais pu m'aider, mais je ne pouvais pas te trouver. Maintenant que tu es avec moi, dis-moi ce que j'aurais dû faire.»


Jésus, le véritable directeur spirituel, l'instruit sur la façon
de se maintenir dans l'état de ténèbres et d'abandon.

En me parlant tendrement, il me dit: «Tu avais tort d'être si troublée. Ne savais-tu pas que je suis l'Esprit de Paix. La première chose que je t'avais recommandée n'était-elle pas que ton coeur ne soit pas angoissé? En prière, quand tu te sens dispersée, ne pense à rien et sois en paix. Ne cherche pas les raisons pour lesquelles ta prière est aride, parce que ceci cause davantage de distractions. Humilie-toi plutôt, crois aux mérites de la souffrance, et reste tranquille.

«Comme un agneau qui permet au couteau du tondeur de l'érafler légèrement, toi, quand tu te vois secouée, battue et seule, sois résignée à ma Volonté ; remercie-moi du fond du coeur, et reconnais-toi digne de souffrir. Offre-moi, tes désappointements, tes ennuis et tes détresses en sacrifice de louange, de satisfaction et de réparation pour les offenses qui me sont faites. Tes prières s'élèveront alors comme une fragrance d'encens jusqu'à mon Trône. Elles blesseront d'amour mon Coeur. Elles t'attireront de nouvelles grâces et de nouveaux dons de mon Esprit-Saint. Le démon, te voyant humble, résignée et inébranlable dans ton néant, n'aura plus la force de t'approcher. Il se mordra les lèvres de désappointement. Conduis-toi de cette manière et tu acquerras des mérites, non pas des démérites comme tu le pensais.


"Quand tu te trouveras sans moi, offre-moi ces douleurs en soulagement
de mon agonie la plus amère". 

«En ce qui concerne la Sainte Communion, je ne veux pas que tu sois triste quand tu ne n'attardes pas là, privée de la puissance magnétique de mon Amour. Fais de ton mieux pour bien me recevoir, et remercie-moi après m'avoir reçu. Demande-moi les grâces et l'aide dont tu as besoin et ne t'inquiète pas. Ce que je te fais souffrir à la Sainte Communion n'est qu'une ombre comparé à ma souffrance à Gethsémani. Si tu es si en détresse maintenant, qu'en sera-t-il lorsque je te ferai participer à ma flagellation, aux épines et aux clous? Je te dis ceci parce que les pensées que je te donne actuellement concernant des souffrances majeures pourront te donner plus de courage dans les souffrances mineures. Quand tu es seule et que tu agonises après la Communion, pense à l'Agonie de mort que j'ai soufferte pour toi au Jardin de Gethsémani. Tiens-toi près de moi pour que tu puisses comparer ta souffrance à la mienne.

«C'est vrai que tu auras encore à te sentir seule et sans moi. Alors tu devras me voir seul et abandonné par mes plus grands amis. Tu les trouveras endormis parce qu'ils ont omis leurs prières. Par les lumières que je te donnerai, tu me verras dans de terribles souffrances, entouré d'aspics, de vipères venimeuses et de chiens féroces qui représenteront les péchés passés des hommes, leurs péchés actuels, ceux à venir, et tes propres péchés. Mon Agonie pour ces péchés était si écrasante que je me suis senti dévoré vivant. Mon Coeur et ma Personne tout entière se sentaient enserrés comme dans un pressoir à vin. Je transpirais le sang au point de mouiller le sol. Et ajoute à tout ceci l'abandon de mon Père. Dis-moi, quand ta souffrance a-t-elle atteint ce degré?

Si tu te trouves privée de moi, privée de consolations, pleine d'amertume, débordante de douleurs et d'angoisses, alors pense à moi. Essaie de sécher mon Sang et soulage ma très amère Agonie en m'offrant tes légères peines. De cette manière tu recommenceras à t'attarder avec moi après la Communion. Ceci ne veut pas dire que tu ne souffrais pas, car la privation de moi est par elle-même la douleur la plus dure et la plus amère que je puisse infliger aux âmes qui me sont chères. Sache aussi que tes souffrances et ta conformité à ma Volonté me donnent beaucoup de soulagements et de consolations.


"Quand tu te retrouveras sans moi, je veux que tu me rendes
visite trente-trois fois par jour, honorant mes années." 

«Quant aux visites que tu me fais et aux actes de réparation que tu me fais dans le Sacrement de mon Amour — que j'ai institué pour toi —, sache que je continue de revivre et de souffrir tout ce que j'ai souffert dans les trente-trois années de ma vie mortelle. J'aime naître dans le coeur des mortels; de cette manière, j'obéis à celui qui m'appelle du Ciel à m'immoler moi-même sur l'autel. Je m'humilie moi-même en attendant, en appelant, en enseignant, en illuminant.

«Quiconque le veut, peut revenir à moi à travers les sacrements. Aux uns je donnerai des consolations, à d'autres la force: je prierai le Père pour qu'il leur pardonne. J'en enrichis quelques-uns; je me marie à d'autres; je reste vigilant pour tous. Je défends ceux qui veulent être défendus. Je divinise tous ceux qui veulent être divinisés. J'accompagne ceux qui veulent de la compagnie. Je pleure pour l'imprudent et l'insouciant. Je me maintiens en adoration perpétuelle pour que l'harmonie universelle soit ramenée sur la terre et pour qu'y soit accompli le dessein divin suprême, qui est l'absolue glorification du Père dans le parfait hommage qui lui est dû, mais qui ne lui est pas donné par toutes les créatures. Pour cela, je vis ma Vie Sacramentelle.

 Audio (Suite)

«Pour me retourner l'Amour infini que j'ai pour les créatures, je veux que tu me visites trente-trois fois par jour pour honorer les années que mon Humanité a vécues sur la terre pour toi et pour tous. Joins-toi à mon Sacrement d'Amour, gardant toujours en mémoire mes intentions pour l'expiation, la réparation, l'adoration et l'immolation. Tu feras ces trente-trois visites en tout temps, à chaque jour et où tu seras: et je les recevrai comme si elles étaient faites à ma Présence Sacramentelle.

«Chaque matin, ta première pensée sera pour moi, Prisonnier d'Amour. Tu me donneras alors ton premier souhait d'amour. Ce sera notre première rencontre intime. Nous demanderons l'un à l'autre comment nous avons passé la nuit, puis nous nous encouragerons l'un l'autre. Ta dernière pensée et affection de la soirée sera celle de recevoir ma Bénédiction, pour que tu puisses te reposer en moi, avec moi et pour moi. Tu prendras ce dernier baiser d'amour avec la promesse de t'unir à moi dans le Saint Sacrement. Tu feras d'autres visites du mieux que tu pourras, suivant les occasions, te concentrant entièrement sur mon Amour.»

Pendant que Jésus parlait, j'ai senti sa grâce se déverser dans mon coeur, comme s'il voulait me consumer dans son Amour. Ma pensée devint confuse et noyée dans une immense Lumière d'Amour. Cela m'a enhardie et je l'ai prié comme suit: «Mon bon Professeur, je t'implore de rester toujours tout près de moi, pour que, sous ta direction, je sois toujours disposée à bien faire. La preuve m'a été donnée que je peux tout bien faire avec toi et que, sans toi, je fais tout de travers.» Et, toujours tendrement, Jésus ajouta: «J'essayerai de te satisfaire sur ce point, comme je l'ai fait sur beaucoup d'autres. Je veux seulement ta bonne volonté et je te donnerai à profusion l'aide que tu attends de moi.»

Oh! comme il était doux avec moi, mon bon Jésus. Jamais il ne manquait à ses promesses. À la vérité, je dois admettre qu'il en faisait toujours plus qu'il me promettait. Et moi, par la suite, j'arrivais à lui plaire. En agissant avec lui, j'éliminais de mon coeur tout doute ou toute perplexité, même si on me disait que ce qui se passait en moi n'était qu'une évasion fantaisiste. Pendant les jours que j'avais passés sans Jésus, je n'arrivais même pas à une bonne pensée. J'étais incapable de dire un seul mot en esprit de charité. Je n'avais pas de bons sentiments pour quiconque.

13.   Jésus insiste pour que l'âme s'embellisse et s'enrichisse toujours davantage, et qu'elle s'unisse intimement à lui pour soutenir la terrible lutte contre les démons.    Audio

Pendant que Jésus était près de moi, il me parlait et me permettait de le voir. Et je comprenais bien que s'il venait à une âme d'une manière inhabituelle, il n'avait pas d'autre pensée que de préparer cette âme à recevoir de nouvelles et plus lourdes croix. Sa stratégie est d'attirer l'âme par la grâce afin qu'elle s'attache à son Amour. Son objectif est que l'âme en vienne à ne plus s'opposer à lui.

"Je veux prouver votre loyauté." 

Un jour, après la Sainte Communion, je me sentais attachée à lui comme avec des lacets dorés. Il me teint des propos amoureux tels que: «Es-tu vraiment disposée à faire ce que je veux? Si je te demandais le sacrifice de ta vie, serais-tu disposée, par amour pour moi, à le faire de bonne grâce? Sache que si tu es prête à faire tout ce que je veux, alors, de mon côté, je ferai tout ce que tu veux.»


Et je lui répondis: «Mon Amour et mon Tout, est-il possible que tu me donnes quelque chose de plus beau, de plus saint, de plus adorable que toi-même? Aussi, pourquoi me demandes-tu si je suis prête à faire ce que tu désires? Il y a longtemps que je t'ai livré ma volonté: elle t'est acquise, même si ton désir était de me déchirer en morceaux. Oui, je suis disposée à cela, si cela te plaît. Je me suis abandonnée à toi, saint Époux. Fais en moi et sur moi tout ce qui te plaît. Fais avec moi tout ce que tu désires, mais donne-moi toujours de nouvelles grâces, puisque je ne peux rien faire par moi-même.»

Et Jésus me dit: «Es-tu vraiment prête à faire tout ce que je te demande?» À cette question, qu'il me posait pour la deuxième fois, je me suis sentie écrasée et anéantie. Et je lui ai dit: «Mon toujours aimable Jésus, dans mon néant, je suis toujours craintive et vacillante. Tu sembles te méfier de moi, alors que moi je te fais confiance complètement. Je sens mon âme prête à surmonter toutes les épreuves auxquelles tu voudras bien me soumettre.»

Alors Jésus poursuivit: «Très bien! Je veux purifier ton âme de tout défaut qui pourrait faire obstacle à mon Amour en toi. Je veux savoir si tu m'es vraiment fidèle, assez pour être toute mienne. Et pour que tu me prouves que tout ce que tu m'as dit est vrai, je vais te mettre à l'épreuve dans une très âpre bataille. Tu n'as rien à craindre et tu ne souffriras d'aucun mal. Je serai ton bras et ta force, et je me battrai à tes côtés.

La bataille est prête et les ennemis sont cachés dans les ténèbres, prêts à te livrer une bataille sanglante. Je leur donnerai la liberté de t'attaquer, de te tourmenter, de te tenter de toutes les façons, de manière à ce que, quand tu seras libérée — grâce aux armes de tes vertus, lesquelles tu brandiras en opposition à leurs vices, —  tu pourras triompher d'eux pour toujours. Tu te trouveras alors en possession de plus grandes vertus. Tu seras comme un roi victorieux, tout décoré de médailles, retournant glorieusement dans son royaume et rapportant d'immenses richesses.

«Et je ne ferai pas qu'enrichir ton âme de nouveaux mérites et dons, mais je me donnerai aussi à toi. Pour cette raison, prends courage, car après ta victoire, je ferai ma résidence stable et permanente en toi. Nous serons alors unis pour toujours. C'est vrai que je vais te soumettre à une très rude épreuve, à une rageuse et sanglante bataille, car les démons ne te donneront ni repos ni trêve, pendant le jour et la nuit. Mais tu devras toujours garder en mémoire ceci: commence la bataille en mon nom ; invoque continuellement ce bouclier de sécurité. Utilise mon nom comme le sceau d'achèvement de ce très douloureux combat, qui commencera, se continuera, et se terminera victorieusement dans ma Volonté. Ma Volonté te rendra complètement semblable à moi. Il n'y a pas d'autre voie, d'autre manière pour parvenir à la victoire. Tu seras plus tard bien récompensée.»


"Sache que je ne te laisserai jamais tenter
au-delà de tes forces".
 

Je ne puis décrire quelles furent ma peur et ma consternation en entendant mon bon Jésus prédire cette furieuse bataille contre les démons. J'ai senti mon sang se geler dans mes veines et mes cheveux se dresser sur ma tête. Mon imagination était remplie de noirs fantômes voulant me dévorer vivante. Déjà, je me sentais entourée de tous côtés d'esprits infernaux. Dans cet état angoissant, je me tournai vers Jésus et lui dis:

«Mon Seigneur, aie pitié de moi, s'il te plaît; ne me laisse pas seule avec mon âme si découragée. Ne vois-tu pas que les démons me pressent avec rage. Ils ne vont même pas laisser ma poussière derrière moi. Comment m'est-il possible de leur résister si tu me quittes? Tu connais ma froideur, mon esprit volage et mon inconstance. Je suis si méchante que, sans toi, je ne peux rien faire, que du mal.

Mon Bien, au moins donne-moi beaucoup de grâces nouvelles pour que je ne t'offense pas davantage. N'es-tu pas conscient des souffrances qui torturent mon âme? La seule pensée que tu pourrais me laisser seule dans cette épreuve diabolique me terrifie. Qui me donnera la force pour m'engager dans un tel combat? À qui dois-je adresser mes supplications pour obtenir des instructions pratiques sur la manière de triompher de l'ennemi? 

«Quoi qu'il en soit, je bénis ta Sainte Volonté. Forte de tes Paroles, et inspirée par celles que ma Très Sainte Mère a dites à l'archange Gabriel, je te dis de toute la force de mon coeur: «Je suis ta servante, fais de moi selon ta Volonté, qui est Vie éternelle.»

Jésus me répondit: «Ne te chagrine pas. Sache que je ne permettrai jamais aux démons de te tenter au-delà de ta capacité. Sache que je ne permets jamais à une âme qui bataille contre les démons de périr. En fait, j'évalue en premier la force de l'âme, je lui donne ma grâce actuelle, puis je la conduis dans la bataille. Si une âme tombe occasionnellement, ce n'est jamais parce que je lui refuse ma grâce sollicitée par ses prières continuelles, mais parce qu'elle n'est pas restée unie à moi. Quand cela arrive, l'âme doit supplier pour être plus sensible à mon Amour, duquel elle s'est détachée. Elle n'a pas réalisé que moi seul peux remplir à satiété le coeur de l'homme. Quand une âme est remplie de son propre raisonnement, elle dévie de la voie sûre de l'obéissance, croyant témérairement que son propre jugement est plus exact et mieux balancé que le mien. Ce n'est pas une surprise qu'elle tombe alors.

J'insiste donc pour que, par-dessus tout, tu sois constamment en prière, même si cela pouvait signifier souffrir des douleurs au point d'en mourir. Cependant, ne néglige pas les prières que tu fais habituellement. Quand tu te sentiras plus particulièrement menacée, invoque-moi avec des prières confiantes, et sois certaine que je t'aiderai

Je veux que tu ouvres ton coeur à ton confesseur et que tu lui fasses connaître tout ce qui se passe en toi actuellement, de même que tout ce qui doit arriver dans le futur, en n'omettant rien. Fais tout ce qu'il te dira sans délai. Souviens-toi que tu seras entourée de ténèbres épaisses — aussi épaisses que la noirceur éprouvée par un aveugle. Ton obéissance aux indications de ton confesseur sera la main amie qui te guidera, les yeux qui, comme la lumière et le vent, dissiperont les ténèbres. 

Entre dans la bataille sans frénésie. Une armée ennemie est très consciente de la force et du courage de son adversaire. Si tu affrontes l'ennemi sans avoir peur, tu seras capable de soutenir les plus violentes batailles. Les démons craignent beaucoup l'âme entraînée dont le courage est basé sur moi. Supportée par moi, elle devient invincible contre tout démon qui se présente à elle. Apeurés et terrifiés, les démons essaient alors de s'enfuir, mais en sont incapables parce qu'ils sont forcés par ma Volonté d'endurer une grande et ignominieuse défaite. Sois courageuse. Si tu m'es fidèle, je te comblerai de force et d'abondantes grâces pour triompher d'eux.» 

14.   Luisa réussit dans son terrible combat contre les démons.    Audio

Luisa passe une terrible épreuve en luttant contre des démons. 

Qui pourra décrire le changement qui se fit en moi? Oh! quelle horreur me saisit! L'amour pour mon aimable Jésus que je sentais si fort un moment plus tôt se changea subitement en haine féroce, me causant d'indescriptibles souffrances. Mon âme se sentit torturée à la pensée que ce Dieu qui avait été si bienveillant envers moi était maintenant abhorré et blasphémé comme s'il était un implacable ennemi. J'étais incapable de regarder son image, parce que je ressentais une rage terrible. Mon incapacité de tenir dans mes mains les grains de mon chapelet et de les baiser me mettait en pièces. Une telle résistance en moi me fit trembler de la tête aux pieds. Oh! mon Dieu, quelle torture! Je crois que s'il n'y avait pas de souffrance en enfer, la souffrance de ne pas aimer Dieu constituerait l'enfer. Ainsi l'enfer était, est, et sera horrible!

Parfois, les démons plaçaient devant moi toutes les grâces dont Dieu m'avait gratifiée, faisant en sorte qu'elles m'apparaissent n'avoir été que de pures inventions de ma fantaisie. Et ils insistaient pour que j'aie une existence plus libre et plus confortable. Alors que, naguère, les grâces m'apparaissaient réelles, les démons me semonçaient maintenant en disant: «Vois-tu le grand bien que Jésus voulait pour toi? Vois comment tu as été récompensée pour avoir répondu à ses grâces! Il t'a laissée entre nos mains, comme tu le mérites. Maintenant tu es à nous, entièrement à nous. Tout est fini pour toi! Tu es devenue notre jouet! Il n'y a plus aucune espérance qu'il t'aime encore.»

À ces paroles infernales, je me suis sentie envahie par un inexprimable mépris de Dieu et par un extrême désespoir pour mon salut. Alors que je tenais une image sainte dans mes mains, je fus, par l'indignation et le désespoir, entraînée à la mettre en pièces. L'ayant fait, je pleurais des larmes brûlantes et je ne cessais d'embrasser les morceaux déchirés. Si on m'avait demandé comment ces choses étaient arrivées, j'aurais dit que je ne le savais pas et que je fus forcée de le faire. Je suis maintenant convaincue que l'acte de les déchirer vint du démon avec une force incontrôlable et que mes baisers étaient l'effet de la grâce opérant en moi.

Immédiatement après, en réfléchissant sur ce qui m'arrivait, j'ai senti mon âme torturée par le chagrin. En voyant ce qu'ils avaient fait, les démons croyaient qu'ils avaient gagné et ils jubilaient. Ils me ridiculisaient et, avec des cris et des bruits infernaux, ils me disaient: «Vois comment tu es devenue nôtre! Tout ce qu'il nous reste à faire est de t'amener en enfer corps et âme, et c'est ce que nous allons bientôt faire.»

Les pauvres démons ne pouvaient pas voir à l'intérieur de mon âme. Là j'étais toujours unie à Jésus, pour qui j'avais un océan de bons désirs et pour qui je pleurais et j'embrassais sans cesse les morceaux d'image. Ils se fâchaient quand ils me voyaient prier et me prosterner par terre. De temps en temps, ils tiraient sur ma robe ou remuaient la chaise où je m'appuyais. Ils me faisaient parfois si peur que j'en oubliais de prier et que je me mettais à croire que je pourrais me libérer d'eux toute seule.

Ces choses arrivaient souvent la nuit quand j'étais au lit. Pour faire venir le sommeil, je priais mentalement. Mais quand ils s'en apercevaient, ils me molestaient en tirant sur les draps et les oreillers. Ainsi, incapable de fermer les yeux pour dormir, je restais éveillée comme une personne qui sait qu'un ennemi qui a juré de lui ôter la vie est tout près, attendant le bon moment pour asséner le coup fatal. J'étais forcée de garder les yeux ouverts pour pouvoir résister quand ils viendraient me prendre pour m'amener en enfer. Dans cet état d'esprit, mes cheveux se dressaient sur ma tête comme des aiguilles et tout mon corps était couvert d'une sueur froide qui glaçait mon sang et me pénétrait jusqu'à la moelle des os. Mes nerfs détraqués par la peur devenaient convulsifs.

À d'autres moments, je me sentais fortement incitée au suicide. Par exemple, en passant près d'un puits, j'ai senti une forte pulsion à m'y jeter pour mettre fin à mes jours. Consciente de l'habileté des démons, je fuyais, évitant toute occasion où ils pourraient m'attaquer. Néanmoins, je continuais d'entendre des propos diaboliques dans le genre de: «Il est inutile pour toi de vivre après avoir commis tant de péchés. Ton Dieu t'a abandonnée, parce que tu lui as été infidèle.»

Les démons me laissaient croire que j'avais commis beaucoup de crimes méchants, jamais commis auparavant, et qu'il était en conséquence inutile pour moi d'espérer que Dieu me fasse miséricorde. Dans le tréfonds de mon être j'entendais: «Comment peux-tu vivre si hostile à Dieu, si froide envers lui? Connais-tu ce Dieu que tu as tant torturé, blasphémé et haï? Tu osais offenser ce grand Dieu qui t'entoure de tous côtés? Et n'oublie pas que tu l'offensais devant ses propres yeux. Maintenant que tu l'as perdu, qui te donnera quelque paix?»

Entendant ces discours, j'éprouvais tant de détresse que je me sentais sur le point de mourir. Me mettant à pleurer, je priais de mon mieux. Pour augmenter ma terreur, les démons poursuivaient avec des vexations inhabituelles, en me battant sur chaque partie de mon corps, en pénétrant mon corps avec des aiguilles pointues, et en m'étouffant à la gorge pour me faire croire que j'étais en train de mourir.

Une fois, pendant que j'étais prosternée et que je priais le bon Jésus d'avoir pitié de moi et de me soutenir avec de nouvelles grâces pour que je puisse résister aux provocations diaboliques, j'ai senti la terre s'ouvrir sous mes pieds et des flammes rouges émerger du sol et m'envelopper. Et au moment où ces flammes se retirèrent, les démons firent un violent essai pour m'entraîner dans les profondeurs. Mais par mes invocations à Jésus, ils me laissèrent libre et sans mal.

Après cette expérience, comme après bien d'autres où je me sentais à l'article de la mort, mon très miséricordieux Jésus vint me réanimer et me redonner vigueur. Après m'avoir ravivée, il me fit comprendre qu'il n'y avait aucune offense dans tout ce qui m'arrivait, parce que ma volonté en éprouvait de la répugnance et que la pensée de l'ombre même d'un péché ajoutait à ma souffrance. Il m'incita à ne pas m'occuper du diable, qui était un esprit sauvage et menteur. Il me dit: «Prends patience et continue de souffrir avec tous ces désagréments, car, éventuellement, tu auras la paix totale.»  Alors il disparut, me laissant seule et habitée d'un nouvel esprit.

De temps en temps, Jésus venait à moi avec des paroles réconfortantes, spécialement quand j'étais tentée de mettre fin à mes jours ou exposée à de nouveaux et brusques tourments diaboliques. À ces occasions, il m'apparaissait tout rayonnant et en fête. Il émettait des rayons surnaturels de Lumière, et l'expression qu'il prenait aurait été impossible à percevoir par quelqu'un qui n'aurait jamais eu la pleine capacité de comprendre ces choses.

Plus tard, je me suis trouvée engagée dans une nouvelle bataille où, remplie de doutes, je tombai dans un profond état de tristesse et d'anxiété. Je veux vous parler ici de l’hostilité des démons par rapport à la Sainte Communion. Ils trouvaient toutes sortes de raisons pour m'empêcher de recevoir le sacrement. Ils réussissaient à me convaincre qu'après tant de péchés et de haine envers Dieu, il était effronté de m'approcher de lui et de recevoir le Dieu Sacrement. Ils réussissaient aussi à me convaincre que si je recevais la Communion, Jésus ne viendrait pas et qu'à la place un très méchant démon viendrait avec plusieurs tourments violents pour causer ma mort éternelle.

Il est vrai qu'après la Sainte Communion, je recevais d'indescriptibles et mortelles souffrances. J'en étais réduite à l'état d'immobilité; mais je récupérais immédiatement quand j'invoquais le nom de Jésus ou quand je me rappelais que l'obéissance requérait que je ne reste pas dans cet état. Je demandais parfois à mon confesseur la permission de m'abstenir de communier pour ne pas éprouver cette agonie de mort, mais il me demandait de recevoir le sacrement quand même. Cependant, en plusieurs occasions, je me suis abstenue, prévoyant la guerre que me feraient les démons. D'autres fois, je communiais sans préparation ou remerciements pour ne pas trop souffrir.

Dans les soirées, pendant que je priais ou que je méditais, les démons me terrifiaient et m'empêchaient de prier, d'abord en éteignant ma lampe, ensuite en émettant des bruits assourdissants ou des plaintes qui ressemblaient à celles de personnes mourantes. Il est impossible de dire tout ce que ces chiens infernaux me faisaient pour semer la terreur en moi ou pour m'empêcher de faire de bons actes spirituels.


Jésus enseigne à Luisa la manière d'utiliser pour chasser ces esprits infernaux,
et donc [elle] réussit l'épreuve à laquelle le Seigneur l'a soumise. 

Audio (Suite)

J'ai vécu cette cruelle épreuve durant trois ans, à l'exception d'un sursis d'environ une semaine, où les attaques étaient mitigées. 

Quiconque n'a pas été appelé par Dieu à soutenir de tels combats aura probablement de la difficulté à croire que j'aie pu vivre de telles épreuves. Cependant, pour ceux qui croient et veulent savoir comment mener ces luttes, je dirai que Dieu, à la Sainte Communion, m'enseigna comment combattre ces esprits infernaux. Il me suggéra de les ignorer, de les défier comme s'ils étaient des fourmis, de les réduire à la plus basse humiliation.

Il me conseilla aussi de méditer profondément sur Dieu dans la prière et la contemplation, de méditer plus particulièrement sur les Plaies sacrées de Notre-Seigneur, et d'unir mon esprit à Jésus qui souffrit dans son Humanité pour racheter l'homme de la perte de la grâce, pour l'élever à la vie surnaturelle et lui communiquer l'esprit de «Jésus Triomphant», c'est-à-dire de Jésus qui a triomphé du monde.

En vérité, dès que je commençai à mettre en pratique ces enseignements de Jésus, je ressentis tant de force et de courage que, en quelques jours, toute peur avait disparu. Quand les démons chahutaient, je leur disais de façon réprobatrice: «On voit bien que vous, misérables crapules, vous n'avez aucune manière d'occuper votre temps autre que de satisfaire votre goût pour les idioties. Continuez et quand vous serez fatigués vous arrêterez. Pendant ce temps, moi, infime créature, j'ai autre chose à faire. Par le moyen de la prière, je veux faire mon chemin vers la sainte Maison de Jésus, afin de pouvoir aimer et souffrir davantage.»

À de tels propos, les démons, enragés, faisaient encore plus de bruit. Ils m'approchaient avec ostentation et une violence invraisemblable. Pendant qu'ils feignaient de me prendre pour me conduire ailleurs, leurs bouches infernales dégageaient une puanteur horrible et suffocante qui m'enveloppait totalement. J'essayais d'arrêter tout cela avec courage et énergie en leur disant:

«Menteurs que vous êtes, vous feignez avoir du pouvoir pour m'amener, mais, si c'était vrai, vous l'auriez fait dès la première fois. Vous ne racontez que des mensonges, et ce qui vous est permis par le Dieu Tout-Puissant est pour mon bien. Vous chantez votre refrain jusqu'à ce que vous mourriez de rage et de dépit, tandis que moi je me sers de vos tourments pour obtenir la conversion d'un grand nombre de pécheurs. J'ai accepté de souffrir à la demande de mon bon Jésus, et je le fais pour le salut des âmes par l'union de ma volonté à la sienne.»

À la suite de ces propos, ils hurlaient et grondaient comme des chiens enchaînés essayant d'attraper un voleur. Avec un grand calme — plus qu'avant, — je disais: «N'avez-vous rien d'autre à faire? Vous avez complètement manqué votre coup et une âme vous a été reprise et est retournée dans les bras de mon bon Jésus. Vous avez maintenant une bonne raison de vous lamenter.»

Si les démons sifflaient, je me moquais d'eux en disant: «Vous, pauvres infortunés, vu que vous ne vous sentez pas bien, je vais vous soulager de votre maladie.» Et je me prosternais et priais pour la conversion des pécheurs les plus endurcis en faisant des actes d'amour à mon miséricordieux Jésus pour la conversion des âmes pécheresses. Voyant cela, ils essayaient par tous les moyens de m'empêcher de prier. J'offrais alors cette nouvelle souffrance en réparation pour les outrages continuellement commis contre Dieu et je disais ironiquement: «Vile engeance, n'avez-vous pas honte de vous abaisser aussi bas que d'essayer de faire peur au pur néant que je suis? Ne vous comportez-vous pas comme des êtres idiots et ridicules?»

Alors, se mordant les lèvres, ils sacraient et hurlaient des invectives contre moi, essayant de me faire sacrer et haïr le bon Seigneur. Ressentant des douleurs indicibles en les entendant blasphémer le Saint Nom de Dieu, je réfléchissais sur la bonté du Seigneur qui mérite l'amour total des êtres doués de raison. Ensuite je transformais en prière l'amère souffrance que les démons provoquaient en moi, l'offrant à Dieu en réparation des blasphèmes commis contre lui par ceux qui ne se rappellent de lui qu'à travers les jurons. Je disais avec ferveur: «Accepte mes actes d'amour et de reconnaissance en compensation du manque d'amour et de reconnaissance des pécheurs.»

Mais cela n'arrêtait pas les démons. Ils se servaient de toutes les ruses possibles pour m'inciter au désespoir. Pour contrer ce désespoir, je leur disais: «Je ne me sens pas préoccupée par ce qui m'attend dans le futur, à savoir si j'irai au Ciel ou en enfer. Je veux seulement aimer le Bon Dieu et le faire aimer par les autres. Le temps présent m'est donné, non pas pour vivre dans le futur, mais pour vivre en harmonie avec Dieu et le rendre toujours plus favorable à moi, moi qui ai été créée par sa Bonté et son Amour. Je laisse la question du Paradis et de l'enfer entre ses Mains. Ma seule préoccupation est d'aimer et de faire aimer mon Dieu. Il me donnera ce qu'il voudra: j'accepte tout d'avance pour sa gloire.»

Et je leur disais aussi: «Sachez que cette doctrine m'est enseignée par mon bon Professeur, Jésus-Christ. Il m'a enseigné que le moyen le plus efficace pour acquérir le Paradis est de tout faire pour ne jamais l'offenser volontairement, même au prix de sa vie, de ne pas craindre d'avoir mal agi quand il n'y a pas en soi la volonté de mal faire. C'est votre tactique, misérables esprits infernaux, d'essayer de décourager les personnes naïves en créant en elles des doutes et des peurs, non pour les amener à aimer Dieu davantage, mais pour les amener au désespoir total. Sachez que je n'ai pas l'intention de réfléchir pour savoir si, oui ou non, j'ai mal fait. Mon intention est de toujours aimer Dieu davantage. C'est suffisant que j'aie cette intention, même s'il m'arrive parfois d'offenser Dieu. Dégagée de toute peur, mon âme se sent libre de parcourir les cieux à la recherche de mon seul Bien.»

Qui pourrait décrire la colère des démons quand ils constataient que leurs manoeuvres tournaient à leur confusion. Ils espéraient des gains, mais enregistraient des pertes. D'un autre côté, à la suite de leurs tentations et pièges, mon âme semblait acquérir un amour plus ardent pour Dieu et mon prochain. Quand les démons me battaient et m'humiliaient, je suivais les enseignements inspirés en moi par Jésus et je le remerciais, offrant tout pour l'expiation des offenses commises continuellement dans le monde.

Souvent les démons essayaient de me pousser au suicide. Et je leur disais: «Ni vous ni moi n'avons le droit de détruire notre vie. Vous pouvez me tourmenter, mais le résultat est que je gagne davantage. Vous n'avez pas le pouvoir de m'enlever la vie. Et pour contrer votre dépit démentiel, je veux toujours vivre en Dieu, l'aimer davantage, lui être utile, et me souvenir de mon prochain, offrant pour lui tout ce que vous me faites subir.»

Il comprirent finalement qu'il n'y avait pour eux aucune espérance d'obtenir de moi ce qu'ils voulaient et que, par leur harcèlement, ils perdaient beaucoup d'âmes. Alors ils arrêtèrent pour de longues périodes, avec l'intention de recommencer quand je m'y attendrais le moins. 

15.   Luisa voit Jésus— Souffrant pour la deuxième fois. Elle accepte le rôle de victime.   Audio

"J'ai vu Jésus-Christ entouré de nombreux ennemis".

Voyant mon mauvais état de santé, ma famille m'envoya à la campagne pour y reprendre des forces. Mais Dieu continuait en moi son action en m'appelant à un nouvel état de vie. Un jour, à la campagne, les démons voulurent faire un dernier assaut. Ce fut si dur pour moi que je vins sur le point de perdre connaissance. Vers le soir, j'ai en fait perdu connaissance et je fus réduite à l'état de moribonde. C'est à ce moment que j'ai vu Jésus entouré d'innombrables ennemis. Quelques-uns le battaient durement, d'autres le frappaient de leurs mains, et d'autres enfonçaient les épines dans sa Tête. Il en y avait qui disloquaient ses jambes et ses bras, le mettant presque en pièces. Ensuite ils le placèrent tout meurtri dans les bras de la Sainte Vierge.


"En vous offrant de souffrir ce qu'il souffre, vous le soulagerez
de tant de souffrances". 

Comme cela se passait à distance, la Vierge Mère, chagrinée et en larmes, m'invitait à m'approcher en disant: «Tu vois, mon enfant, ce qu'ils ont fait à mon Fils! Réfléchis un peu comment l'homme traite Dieu, son Créateur et son plus grand Bienfaiteur. L'homme ne donne à mon Fils ni repos ni répit et me l'amène tout brisé. Médite sur les offenses énormes que commettent les hommes en traitant Dieu de cette manière ainsi qu'aux terribles punitions que Dieu leur Père ne manquera pas de leur donner.»

Pendant une vision, j'essayais d'apercevoir Jésus agonisant et j'ai vu son Corps sanglant, plein de plaies, tout coupé et laissé pour mort. Je ne voulais pas qu'il souffre ainsi. Je ressentais un si grand chagrin pour lui que, si on me l'avait permis, je serais morte mille fois pour lui et j'aurais souffert la même âpre Passion que lui. À cette vision, j'avais honte de mes petites souffrances causées par les démons, comparées à celles endurées par Jésus pour les hommes.


"Je me suis offerte tout entière à lui et à la Vierge,
prête à faire ce qu'elle voulait". 

Ensuite, Jésus, me dit: «As-tu observé les énormes offenses commises contre moi par ceux qui marchent sur le chemin d'iniquité? Beaucoup, inconsciemment, ont une propension pour le mal et, d'abîme en abîme, tombent dans le chaos infernal. Viens avec moi et offre-toi toi-même. Viens devant la Justice divine comme victime de réparation pour les nombreuses violations commises contre cette Justice, pour que mon Père Céleste veuille donner la conversion aux pécheurs qui, les yeux fermés, boivent à la fontaine empoisonnée du mal.

Sache cependant qu'un double champ s'ouvre devant toi: un plus souffrant et un autre de souffrances moins sévères. Si tu refuses, le premier, tu ne pourras pas participer aux grâces pour lesquelles tu as bravement combattu. Mais si tu acceptes, sache que je ne te laisserai plus seule et que je viendrai en toi pour souffrir tous les outrages commis contre moi par les hommes. C'est là une grâce très singulière qui n'est donnée qu'à quelques-uns. Parce que la plupart ne sont pas prêts à entrer dans l'univers de la souffrance. Deuxièmement, c'est une grâce que je t'ai promise, celle de t'élever à une gloire proportionnelle aux souffrances que je te présenterai. Et, troisièmement, je te donnerai l'assistance, la gouverne et le réconfort de ma Très Sainte Mère, à qui est donné le privilège de t'accorder toutes grâces, — même la grâce des grâces —, dans la mesure de ta coopération. Cet immense bien te semble-il petit ? Essaie-le et tu te retrouveras élevée au-dessus de tous les mortels.

Ainsi il me confiait à sa Très Sainte Mère qui, avec joie, semblait m'accepter. Avec reconnaissance, je m'offrais à Jésus et à la Très Sainte Vierge, prête à me soumettre à tout ce qu'ils voudraient de moi.

Quand je suis revenue de cet acte de déférence envers Dieu, où ma volonté s'était conformée à celle de Jésus, je me suis retrouvée dans de terribles souffrances d'anéantissement dont je n'avais jamais connu l'expérience jusqu'alors. Je me voyais comme une misérable indigente, comme un ver de terre qui ne sait rien d'autre que de ramper sur le sol. Pour cette raison, je me suis tournée vers Dieu et je Lui ai dit:

«Aide-moi, ô mon bon Jésus. Ton Omnipotence en moi et en dehors de moi est si lourde qu'elle m'écrase totalement. Je vois bien que si tu ne me soulages pas, je finirai anéantie dans mon néant. Donne-moi de souffrir, je l'accepte; cependant, je te prie de me donner plus de force, parce que dans cet état, je sens que je vais mourir.»

À compter de ce jour, j'eus plus de grâces et d'aide. Les visites du Seigneur et de la Très Sainte Vierge alternaient presque continuellement, surtout quand j'avais été attaquée par les démons, car, plus j'étais disposée à la souffrance, plus ils étaient furieux contre moi.


"Notre Seigneur a enlevé sa couronne et s'est approché
de moi et m'a demandé si je l'acceptais".


Les souffrances qui m'étaient infligées par les démons étaient indescriptibles. Mais elles me semblent maintenant comme des ombres, comparées aux souffrances acceptées par Jésus, dont l'intention était d'expier et de réparer pour les très grandes et très nombreuses offenses commises par les hommes contre Dieu. Mais moi, qui crois en Dieu, qui tombe et me relève, qui suis parfois dépressive, parfois consolée, je suis disposée à souffrir pour sa plus grande Gloire et pour le bien de mon prochain, comme Dieu le veut. 

16.   La victime poursuit sa mission en participant aux souffrances de Jésus couronné d'épines, pour réparer pour les péchés, spécialement ceux d'orgueil. Début du jeûne de Luisa.    Audio

Après quelques jours, alors que je m'étais accoutumée à être une victime, et après plusieurs invitations de Jésus et de sa Très Sainte Mère, je me suis sentie encore une fois sur le point de m'évanouir. Alors Jésus s'approcha de moi et me dit tendrement:

«Mon enfant, vois comment les hommes, qui n'ont aucun amour pour moi, me font souffrir. En ces tristes temps, leur orgueil est si grand qu'il a même infecté l'air qu'ils respirent. Son odeur s'est répandue partout et a atteint le Trône du Père dans le Ciel. Comme tu peux le comprendre, cette misérable condition a fermé pour eux les portes du Ciel. Ils n'ont plus d'yeux pour voir la Vérité, parce que le péché d'orgueil a complètement obscurci leur cerveau et produit la dépravation de leur coeur. En les voyant ainsi perdus, je souffre d'intolérables souffrances. Oh! donne-moi du soulagement et des réparations pour les si nombreuses fautes commises contre moi. Ne veux-tu pas amoindrir la souffrance que cette terrible couronne d'épines produit en moi

À ces mots, je ressentis beaucoup de honte et d'anéantissement et je répondis immédiatement: «Mon très doux Jésus, remplie de confusion, terrifiée de te voir perdre ton Sang, et en t'entendant parler si tendrement, j'ai oublié de te demander cette couronne afin que je puisse soulager ta souffrance. Maintenant que tu me l'offres, je t'en remercie et je te prie de me donner de nouvelles grâces pour bien la porter.»

Là-dessus, Jésus enleva sa couronne, et après l'avoir bien installée sur ma tête et m'avoir encouragée à bien souffrir, il disparût. Qui pourrait décrire les atroces spasmes que j'ai ressentis en revenant à moi-même. À chaque mouvement de ma tête, les douleurs devenaient plus grandes. Je sentais les épines pénétrer dans mes yeux, mes oreilles, ma nuque, et jusqu'à ma bouche, déclenchant des spasmes, de telle manière que je ne pouvais prendre aucune nourriture. Pendant deux à trois jours, je suis restée dans cet état de souffrance. En m'abstenant de manger, je diminuais les spasmes. Quand ils se calmaient et que je recommençais à prendre un peu de nourriture pour me restaurer, mon Jésus immédiatement et sensiblement prenait ma tête dans ses Mains et serrait. Les douleurs étaient renouvelées et plus intenses qu'avant. Parfois je perdais complètement mes sens et m'évanouissais.

Dès le commencement mon état de victime fut doublé par mon inquiétude au sujet de ma volonté de souffrir pour mon bon Jésus et par les continuels tracas causés à ma famille qui, me voyant souffrir et se voyant incapable de m'amener à prendre quelque nourriture, croyait que j'avais contracté cette indisposition parce que je ne voulais plus rester à la campagne. Ils attribuaient chaque refus de nourriture à mes caprices, ayant pour objectif mon retour rapide en ville.

Ma nature se rebellait contre cette double souffrance. Mais comme ma famille n'était pas une composante importante de ma souffrance mon Seigneur me taquinait en me menaçant de me retirer sa grâce si j'avais du ressentiment contre ma famille. 

17.   Souffrances de Luisa provenant de sa famille. Sa grande répugnance à ce que quelqu'un remarque ce qui lui arrivait. Jésus voit à ce que rien ne soit remarqué.    Audio

Souffrant de la famille. La plus grande peur et répugnance de Luisa que les autres
puissent remarquer sa souffrance et ce qui lui arrive. 

Un soir, j'étais assise à la table et je souffrais d'une façon qui m'empêchait d'ouvrir la bouche. Ma famille, d'abord avec douceur, puis avec indignation, exigea que j'obéisse et que je mange. Incapable de les satisfaire, je commençai à pleurer. Afin de ne pas être vue ainsi, je me suis retirée dans ma chambre, où j'ai continué à pleurer. J'ai supplié mon Jésus et la Sainte Vierge de me donner la force de supporter cette épreuve. Pendant ce temps, je faiblissais et, de tout mon coeur je dis:

«Mon bon Seigneur, c'est un dur tourment pour moi de voir ma famille si ennuyée par ce qui m'arrive, et cela pour une si injuste raison. Ne permets pas qu'ils me voient dans cet état.  Je préférerais mourir, plutôt que de leur laisser connaître ce qui se passe entre nous deux. Ce sentiment est si fort en moi que, sans trop que je sache pourquoi, je ne puis m'empêcher de me cacher pour que personne ne puisse me voir ainsi.

«Quand je suis surprise et que je n'ai pas le temps de dissimuler mes souffrances et mes larmes, je me sens anéantie et comme si tout mon être fondait comme de la neige dans un feu. Mon corps éprouve alors une chaleur anormale qui me fait transpirer abondamment et qui, par la suite, me fait trembler de froid. Ô mon bon Jésus, seulement toi peux changer cet état de choses. Garde-moi cachée de la vue des autres. Donne à ma famille de réaliser que je ne m'éloigne d'eux que pour prier. Et j'aimerais beaucoup, ô mon Dieu, que ce qui m'arrive ne soit connu que de toi.»

Pendant que je me soulageais de mon fardeau par des pleurs, des prières et des promesses, Jésus se montra à moi entouré d'innombrables ennemis qui lui hurlaient toutes sortes d'insultes. Quelques-uns le piétinaient, d'autres lui tiraient les cheveux, d'autres encore le blasphémaient avec des sarcasmes diaboliques. Mon adorable Jésus semblait vouloir se dégager des pieds puants qui l'oppressaient et il regardait autour comme s'il cherchait un ami qui le libérerait. Je remarquai qu'il n'y avait là personne pour lui offrir de l'aide.

Réalisant l'affront immense qui était fait à Jésus, je pleurais beaucoup. J'aurais aimé me rendre au milieu de ces loups enragés pour le libérer, mais je me suis rendu compte que je n'étais pas capable, et je n'ai pas osé. Aussi, de loin, j'ai fait de ferventes prières à Jésus pour qu'il me rende digne de souffrir l'épreuve à sa place —  tout au moins en partie —, et je disais: «Ah! Jésus, si seulement je pouvais prendre ce fardeau pour te soulager et te libérer de ces ennemis.»

Et pendant que je disais cela, ces ennemis furieux, comme s'ils avaient entendu ma prière, se jetèrent sur moi comme des chiens enragés: ils me battaient, me tiraient les cheveux et me piétinaient. 


« Ne t'ai-je pas toujours dit que ce que je veux de toi est une imitation de ma vie ? 

Je ressentais de la joie en moi, quand j'ai réalisé que, même de loin, j'étais en mesure d'accorder à Jésus quelque soulagement. Alors me voyant joyeuse, les ennemis disparurent. Puis Jésus s'approcha pour me consoler, même si je n'osais dire un seul mot. Il brisa le silence et dit:

«Mon enfant, tout ce que tu as vu qu'on me faisait n'est rien comparé aux nombreuses offenses commises contre moi par les hommes. Leur aveuglement les tient submergés dans les choses terrestres, ce qui les rend sans pitié et cruels envers moi et envers eux-mêmes. Ils ont répudié chaque vérité surnaturelle en se donnant complètement à la recherche de l'or.  Ceci les a jetés dans la boue ; et ils sont tombés dans la complète négligence en regard de leur vie éternelle.

«Ô mon enfant, qui élèvera une digue contre cette monstrueuse vague d'ingratitudes, qui augmente toujours dans le monde des faux plaisirs? Qui aura pitié et me délivrera de tant de personnes qui me font saigner et qui vivent noyés dans la puanteur des choses terrestres?  Viens avec moi et prie, pleure et offre des réparations pour les offenses qu'ils commettent contre mon Père.

Ils sont aveuglés, sans esprit ni coeur. Ils n'ont d'yeux que pour les choses terrestres. Ils s'opposent à moi et piétinent mes nombreuses grâces comme si elles étaient de la boue. Ils placent tout ce que j'ai fait pour eux sous leurs pieds mondains.

«Oh! toi au moins, élève-toi contre ce que tu connais du monde; abhorre et hais tout ce qui ne m'appartient pas; chéris toujours les choses du Ciel. Maintenant que tu m'as vu souffrir, ne t'inquiète pas des blessures qui te viennent de ta famille. Il y a des insultes bien plus grandes. Aie mon honneur dans ton cœur et fais des réparations pour les nombreuses offenses commises continuellement contre moi. Et pense à la perte de beaucoup d'âmes. Oh! ne me laisse pas seul avec de si nombreuses déceptions qui me déchirent le Coeur.

Sache que tout ce que tu souffres maintenant n'est rien, en comparaison de ce que tu souffriras dans le futur. N'ai-je pas répété plusieurs fois que je veux de toi une imitation de ma Vie. Vois comme tu es différente de moi! Aussi, prends courage et n'aie pas peur, car tu arriveras à trouver une manière de m'aider.»


 Audio (Suite)

Après ces Paroles de Jésus, au moment où je suis revenue à moi, j'ai remarqué que j'étais entourée de membres de ma famille qui pleuraient et qui étaient bouleversés. Ils pensaient que j'étais sur le point de mourir.

Ils se dépêchaient pour me conduire à la ville pour être examinée par des médecins. J'étais incapable d'expliquer ce qui m'arrivait. Je voyais bien que ma famille était consciente du problème physique que je vivais et que j'allais devoir me soumettre à un examen médical.

Aussi, je pleurais et je me suis plainte à Jésus en lui disant: «Combien de fois, mon bon Jésus, t'ai-je dit que je veux souffrir avec toi, mais en secret seulement! C'est ma seule joie! Pourquoi m'en prives-tu? Oh! quand donc aurai-je la paix avec ma famille? Toi seul, mon bon Jésus, tu peux arranger tout ça. S'il te plaît, fais en sorte qu'ils n'aient pas à craindre autant. Ne vois-tu pas comme ils sont tristes? N'entends-tu pas ce qu'ils disent et ont l'intention de faire! Certains pensent d'une manière, d'autres d'une autre. Quelques-uns veulent que j'essaye un remède, d'autres un autre. Tous les yeux sont tournés vers moi; on ne me laisse jamais seule et cela m'empêche de retrouver ma paix perdue. S'il te plaît, aide-moi dans ces inquiétudes — les unes pires que les autres — qui me font faiblir.»

À ces paroles, mon bon Jésus me dit avec douceur: «Mon enfant, ne sois pas attristée par cela.  Comme une personne morte, essaie plutôt de t'abandonner dans mes Bras.

Pendant que tes yeux sont fixés sur ce qu'ils font et disent à ton sujet, je ne suis pas libre d'agir en toi comme je le veux. Ne veux-tu pas me faire confiance? N'as-tu pas fait l'expérience de mon Amour pour toi? Sache que tout ce que je permets qu'il t'arrive, soit par les démons, soit par les créatures, ou sous mon action directe, est pour ton bien. Tout est fait pour guider ton âme vers cet état final que j'ai prévu pour toi. Pour cette raison, je veux que tu fermes les yeux, que tu restes en paix dans mes Bras, et que tu ne regardes pas autour pour examiner ce qui t'arrive. Tu perds ainsi ton temps et tu risques de ne pas atteindre l'état de vie auquel tu as été appelée.

«Ne sois pas préoccupée par les personnes qui t'entourent. Accepte leurs silences. Sois joyeuse et soumise en tout. Conduis-toi de manière à ce que ta vie, tes pensées, tes battements de coeur, tes respirations et tes affections soient des actes de réparation continuels pour apaiser la Justice divine. Offre-moi tout.»

Après que Jésus m'eut enseigné cela, il disparut. Je m'efforçais de faire de mon mieux pour être soumise à la Divine Volonté. Parfois je pleurais amèrement, parce que ma famille me plaçait dans des conditions difficiles et m'obligeait à subir des examens médicaux. Ils décidèrent que ma maladie n'était qu'une question de nerfs. Ils me prescrirent de marcher, de prendre des bains froids et d'avoir des distractions continuelles. Ils décidèrent aussi que, pendant ma période d'ajustement, ils ne modifieraient pas mon entourage, car un tel changement pourrait aggraver plutôt qu'améliorer ma situation.

À partir de ce jour, il s'établit une guerre de feintes et de silences entre ma famille et moi. L'un m'empêcherait d'aller à l'église, un autre m'enlèverait ma liberté en étant constamment présent à la maison, un autre me convaincrait de prendre mes médicaments, et les autres feraient pression pour que je suive l'avis du docteur qui voulait même que je sois gardée la nuit. Néanmoins, il était facile pour eux de remarquer qu'il m'arrivait des choses qu'ils ne pouvaient pas comprendre.

Après une longue période de temps, incapable de supporter tout cela plus longtemps, je ramassai mon courage et me plaignis à mon Seigneur: Ô mon bien-aimé Jésus, comme il m'est devenu difficile de supporter ma famille. La situation a atteint un point tel qu'ils me privent de choses qui me sont particulièrement chères. Je suis privée d'à peu près tout, même des sacrements. Qui aurait deviné que j'atteindrais un état où je serais incapable  de m'approcher de toi dans les sacrements, ou de simplement te rendre visite? Qui sait où cet état de choses finira? Ô Jésus, donne-moi une aide nouvelle et ta force. Autrement ma nature va craquer.»

Là-dessus, Jésus se laissa voir et reprit vivement: «Courage, mon enfant. Je suis venu t'aider. Pourquoi as-tu peur? Souviens-toi que j'ai souffert par rapport à toutes sortes de personnes. Quelques-unes pensaient d'une manière, d'autres d'une autre. Les choses les plus saintes que je faisais étaient jugées par quelques-uns comme mauvaises. J'étais même accusé d'être possédé du démon. D'autres me regardaient avec mauvaise volonté et avec des regards haineux. Ils cherchaient des manières pour m'enlever la vie. Ma présence pour beaucoup était devenue intolérable. J'étais jugé mauvais par les méchants, alors que j'étais une consolation pour les bons. Aussi, ne veux-tu pas devenir comme moi et désirer souffrir, au moins en partie, les souffrances que j'ai endurées pour les créatures?»

Et je répondis: «J'embrasse tout par amour pour toi, mon Seigneur.» 

18.   Pendant sa vie sur la terre, il était pénible également pour Jésus que ses souffrances soient connues par d'autres.    Audio

La croix de savoir que ses souffrances sont connues des autres ; et
c'était aussi une punition de Jésus. 

Je vécus plusieurs années de cette manièresouffrant par les démons, par les créatures, et par Jésus lui-même qui me mettait à part pour partager ses souffrances. Avec le temps, j'atteignis un point où j'avais honte de moi-même: je rougissais quand j'étais vue par quelqu'un. D'ailleurs, même à l'époque où j'étais en bonne santé, le simple fait de rencontrer quelqu'un ou d'avoir à converser avec les autres, y compris avec les gens de ma famille, était pour moi un grand sacrifice. Dans cet état de souffrance, maintenant plus que jamais, je faisais l'expérience d'embarras et de troubles stupéfiants.

Voyant que le traitement prescrit par le premier médecin était sans effet, ma famille me fit voir par d'autres médecins, qui eux aussi furent incapables d'améliorer ma santé. Fondant en larmes, je dis à mon bien-aimé Jésus: «Seigneur, ne vois-tu pas que mes souffrances deviennent plus apparentes, pas seulement pour ma famille, mais aussi pour beaucoup d'étrangers qui, maintenant, connaissent mon affaire? Je suis confuse et je sens que ceux qui me regardent me montrent du doigt comme si j'avais fait quelque choses de honteux, ou comme si ma souffrance était contagieuse. Je ne peux pas t'exprimer la détresse que cela me cause. Qu'est-ce qui m'est arrivé pour que ces terribles peurs me reviennent encore et encore? En fait, si on les examine attentivement, on voit bien qu'elles sont injustifiées. Toi seulement, ô Jésus, tu peux me libérer d'une telle publicité et de telles appréhensions. Toi seul peux permettre que mes souffrances restent secrètes. Je supplie ta Bonté de m'entendre

En premier, Notre-Seigneur fit comme s'il ne m'entendait pas. Et ma souffrance augmentait. Ensuite, il eut pitié de moi et dit: «Viens à moi, mon enfant, je veux te consoler. Parce que tu souffres, tu as raison de te lamenter. Mais rappelle-toi combien plus j'ai souffert par Amour pour toi. D'une certaine façon, mes souffrances étaient cachées elles aussi. Néanmoins la Volonté de mon Père était que je souffre publiquement. Là-dessus j'ai fait face à tous les mépris, les disgrâces et les confusions, même d'être privé de mes vêtements: je suis apparu nu devant une très grande foule. Peux-tu imaginer une plus grande confusion que celle-là?

Ma nature ressentait elle aussi ce type de confusion, mais mon Esprit était fixé sur la Volonté de mon Père. J'offrais cette épreuve en réparation des nombreuses indécences commises sans broncher devant le Ciel et la terre, ces orgueilleuses ostentations qui sont accomplies avec cran comme des actes grandioses. J'ai dit à mon Père: «Père Saint, accepte ma confusion et ma disgrâce en réparation des nombreux péchés commis effrontément en public, et qui sont parfois de grands scandales pour les petits enfants. Pardonne à ces pécheurs et donne-leur la lumière céleste pour qu'ils puissent réaliser la laideur du péché et revenir dans la voie de la vertu.»

«Et si tu veux m'imiter, n'as-tu pas aussi à participer à ce genre de souffrances, que j'ai supporté pour le bien de tous? Ne sais-tu pas que les plus beaux cadeaux que je puisse donner aux âmes qui me sont chères, ce sont les croix et les épreuves ressemblant à celles que j'ai vécues dans mon Humanité? Tu es seulement une petite enfant sur le chemin de la croix et donc tu te sens très faible. Quand tu seras plus vieille et que tu auras compris combien il est précieux de simplement souffrir, alors le désir de le faire deviendra plus grand. Pour cette raison, appuie-toi contre moi et repose-toi, et tu acquerras la force et l'amour de la souffrance

19.   Luisa doit rester au lit pendant de longues périodes. Son impossibilité de manger devient plus manifeste. Appelé pour une première fois, son confesseur la libère de son état de pétrification.    Audio

Luisa est obligée de rester au lit pendant des périodes de temps; l'incapacité à manger
est accentuée. Le confesseur est appelé pour la première fois,
qui la libère de l'état de pétrification. 

Après avoir vécu six ou sept ans (mois) dans ces souffrances, j'empirai et fus forcée de rester au lit. Très souvent, je m'évanouissais et ma bouche et ma mâchoire se fermaient si fort que je ne pouvais prendre aucune nourriture. Quand je réussissais à avaler quelques gouttes de liquide, immédiatement je devais les régurgiter en vomissant continuellement, ce qui m'arrivait toujours pendant mes plus sévères souffrances.

Après dix-huit jours de médications sans résultat, un confesseur fut appelé pour me confesser. Quand il vint et me trouva dans cet état de pétrification, il me plaça sous obéissance et m'ordonna de me libérer moi-même de cet état de léthargie mortelle. Il fit le signe de la Croix et m'aida à me libérer moi-même de cette maladie nerveuse. Quand je fus guérie, il me dit: «Dis-moi ce qui ne va pas.» Je demeurai silencieuse sur tout, mais je lui dis seulement: Père, cela doit être quelque chose du démon.»

Sans autre interrogation, il me dit: «N'aie pas peur, ce n'est pas le démon. Et si c'est lui, moi, au Nom de Dieu, je le chasserai de toi.» Alors, je récupérai la liberté de mouvement pour mes bras et la capacité de librement ouvrir ma bouche.

Après que le confesseur fut parti, je pensai à ce qui était arrivé. Je conclus que ce qui s'était passé était un miracle qui s'était produit par la sainteté de ce prêtre. Je pensai en moi-même: «Si j'avais continué dans cet état, ma vie se serait terminée en un rien de temps. Mais me voilà plutôt engagée dans une vie nouvelle.»

Je serai toujours reconnaissante à Dieu de m'avoir redonné la santé par la sainteté de son ministre. Je ne peux cependant pas cacher le fait que, dans ma situation, j'étais résignée à mourir et que, étant maintenant libre, je regrettais de ne pas être déjà morte. 


"Ils ont envoyé chercher le confesseur et j'ai été libre". 

Mais Jésus ne permit pas que je meure, car il voulait compléter ses desseins sur moi. Ainsi, en un jour, il me montra qu'il voulait que je sois une victime à perpétuité. De temps à autre, il me ramenait à mon ancien état, mais seulement quand j'étais seule.

Après avoir recouvré la santé, je retournai à l'église pendant une période de temps pour satisfaire à mes devoirs religieux. Quand je recevais Jésus dans la Sainte Communion, il me disait quand réserver du temps pour les souffrances. Quelquefois il désignait l'heure à laquelle il reviendrait. Parce que mes souffrances m'étaient annoncées à l'avance par Jésus lui-même, je ne crus pas qu'il fut nécessaire d'en parler à mon confesseur. Car, à la seule pensée de pouvoir annoncer à l'avance mes souffrances, je serais devenue l'âme la plus fière du monde, même si j'étais guidée par la sainteté de mon père spirituel. Aussi, pendant longtemps, ma souffrance était soulagée, non par une assistance humaine, mais par Jésus qui faisait tout.

Il arriva qu'après m'avoir fait partager ses souffrances, Jésus ne me donna pas la capacité de retrouver mes sens par moi-même. Ainsi, ma famille dut faire revenir le confesseur. Après qu'il m'eut fait recouvrer mes sens, il me dit: «À partir de ce jour, quand tu viendras à l'église, ou avant la communion, ou après ton action de grâce, viens me voir dans le confessionnal et je te donnerai la bénédiction pour que tu puisses te sortir toi-même de ton état de souffrance sans que j'aie besoin d'aller chez toi

20.   Une nouvelle et très lourde croix pour Luisa: l'obligation, en tant que victime, de se soumettre aux prêtres.    Audio

Une nouvelle croix très dure pour Luisa : l'assujettissement, en tant que victime,
au pouvoir des prêtres. Des souffrances très douloureuses qu'il a dû supporter de leur part. 

Un matin, après la Communion, Notre-Seigneur me fit comprendre que, en ce jour même, alors que je serai en complet état de léthargie, il m'invitera à lui tenir compagnie en participant aux souffrances que lui faisaient subir certains hommes pervers. Sachant que mon confesseur était à la campagne, je dis à Jésus: «Mon bon Jésus, si tu veux me transférer tes douleurs, aie la bonté de me réanimer toi-même, car, si ma famille voulait faire chercher le confesseur, il ne serait pas disponible.»

Le Seigneur, dans toute sa bonté, me dit: «Mon enfant, ta confiance doit être placée pleinement en moi. Sois tranquille, confiante et résignée de manière à ce que tout en toi repose en moi. Cela rendra ton âme lumineuse et fera que toutes tes passions resteront calmes. En attirant ton âme par mes rayons de lumière, j'en prendrai possession et je la transformerai pleinement en moi, faisant de ta vie ma propre Vie.»

Après ces Paroles, je ne pouvais m'opposer à lui et me résignai à sa Volonté. J'offris la Sainte Communion que je venais de vivre comme si elle était ma dernière. Ainsi, devant le Saint Sacrement, je fis à Jésus un dernier adieu et quittai l'église. En dépit de ma résignation, je me sentais un peu inconfortable quand je pensais à ce qui allait m'arriver. Aussi je pleurai et je priai pour que le Seigneur me communique des forces neuves pour me raviver si je perdais connaissance.

Ce jour-là, je fus surprise par l'attaque qui me plongea dans cet état mortel. Ce fut une très amère, nouvelle et extrêmement lourde souffrance pour moi. Ce fut la pire et la plus lourde que j'avais subie jusque-là.

En entrant dans cet état de souffrances extrêmes, je me résignai à faire la Volonté de Dieu et j'étais prête à mourir. Voyant mon état, ma famille envoya chercher un prêtre — autre que mon confesseur habituel qui était absent. Ce prêtre, je le dis dans la charité, qui pouvait avoir l'intention de m'aider, refusa de venir à la maison. Ainsi, pendant dix jours, je fus dans cet état de pétrification mortelle, mais sans mourir. Finalement, au onzième jour, le confesseur que j'avais eu pour ma première communion vint. Il me réanima comme mon autre confesseur le faisait.

De cet événement, je compris deux choses: (premièrement) ce n'est pas seulement la sainteté des prêtres qui réanime mes sens, mais le pouvoir de Dieu lié au sacerdoce de ses ministres. Deuxièmement, je compris que le dessein de Dieu sur moi était de me soumettre à la subjectivité de ses ministres. À partir de ce moment, je fus impliquée dans une guerre de longue durée avec plusieurs prêtres. Ils disaient que je feignais mon état pour avoir l'air d'une sainte. Quelques-uns disaient que je méritais d'être battue à coups de bâtons et de fouets pour que je ne retombe plus dans cet état lamentable. D'autres disaient que j'étais possédée du démon. Ils disaient aussi d'autres choses sur moi qu'il vaut mieux ne pas répéter.

Je ne savais que faire. Ma famille croyait que c'était leur devoir d'alléger ma souffrance et cherchait des prêtres qui viendraient. Dieu sait combien de refus ils ont essuyés. Je ne pouvais plus le supporter. Ma pauvre mère, plus spécialement, pleurait des rivières de larmes. Quant à moi, je restais tranquille. Que Dieu veuille pardonner à tous ceux qui me causaient ces souffrances. J'aimerais que le Seigneur dédommage cent fois tous ceux qui souffraient avec moi, spécialement ma mère.

Vous pouvez imaginer combien était pénible ma sujétion à ces prêtres, parce que j'avais absolument besoin d'un prêtre pour me réanimer. Dieu sait combien de fois j'ai prié Jésus, pleurant beaucoup pour être libérée de cette pénible sujétion. Et combien de fois je lui ai résisté quand il me redemandait d'être victime, pour que je partage ses plus dures souffrances! Je résistais parfois violemment. Je disais à mon bon Jésus: «Seigneur, je veux bien accepter l'état de victime, pourvu que tu me promettes que tu me réanimeras sans l'intervention d'un prêtre. Autrement, je ne veux pas me soumettre à ce si pesant joug.» J'ai même résisté de cette manière pendant trois jours. Mais qui peut résister à Dieu, quand il veut un sacrifice inconditionnel.

Pendant ces trois jours où je résistai à Dieu, je lui rappelais sa promesse en disant toute en larmes: «Seigneur, tu ne tiens pas la promesse que tu m'as faite. Tu m'as dit que tout se passerait entre toi et moi seulement. Maintenant, tu veux qu'une troisième personne me réanime et qu'elle me force éventuellement à lui révéler ce qui se passe entre toi et moi. N'as-tu pas remarqué les étranges refus et les humiliations que ma famille doit endurer de la part de ces prêtres qui ne nous croient pas? Et tu dis que ce n'est pas convenable que je puisse me réanimer moi-même? Ne pourrions-nous pas éviter ces complications et rester paisibles. Je serais contente de prendre sur moi tes souffrances aussi souvent que tu aimes, et toi tu pourrais être content parce que tu me réanimerais quand tu le voudrais. Et ainsi tu ne serais pas insatisfait de moi par rapport à mon acceptation de ta Volonté.»

Tout ce que je disais ne servait à rien. Jésus restait silencieux et feignait ne pas m'entendre. Cela semblait comme s'il ne voulait pas m'accorder ce que je pensais être convenable et saint. Plutôt il me dit: «Mon enfant n'aie pas peur. Je suis celui qui donne la nuit et le jour. Présentement, c'est un temps pour la nuit, mais le temps pour la lumière viendra bientôt. Sache que c'est ma coutume de manifester mes oeuvres à travers les prêtres. Je leur ai donné la faculté de savoir, de juger, et d'encourager l'âme à agir sans perplexité, en accord avec le critère du Lévitique. Mes prêtres ont aussi le pouvoir de suspendre ou d'ignorer ce qui, en accord avec leurs considérations, ne rencontre pas le critère de la Révélation.»

Il est inutile de vous dire qu'après ces Paroles de Jésus, je restai muette, avec l'intention de me soumettre à sa Volonté clairement exprimée. Mais puis-je rester silencieuse après avoir été, pendant quatre ans, forcée d'obéir alors que j'étais confrontée à tant de choses étranges et contradictoires? Parce qu'on me l'a commandé, je dirai ce qui suit: Les prêtres de ce temps me soumettaient à de très pénibles épreuves. Par exemple, ils permirent que je reste immobilisée et pétrifiée pendant plus de dix-huit jours consécutifs: c'était vraiment une mort sans mourir, parce que j'étais immobilisée dans tous les sens du mot et  que je ne pouvais pas prendre une seule goutte d'eau ni satisfaire mes besoins naturels. En bref, j'étais comme une morte (alors que je vivais encore) et j'étais à la merci de prêtres qui,  délibérément et pour me narguer, me firent continuer de vivre dans une condition de mort.

Dieu seul sait ce que j'ai vécu pendant ces quatre années de vrai martyre. Quand un prêtre enfin décidait de me réanimer, il n'avait même pas la courtoisie de dire: «Prends patience et fais ce que Dieu attend de toi.» Plutôt, avec de rudes réprimandes dans le genre qu'on fait à des personnes dissolues ou désobéissantes, il disait des choses comme: «Mon opinion bien considérée est que tu appliques tes talents d'une bien mauvaise manière.»