no 41 à 55

41.   Préparation finale pour le mariage mystique: l'anéantissement de soi et le désir de toujours souffrir davantage.  Audio

Le plus grand malheur n'est pas de souffrir.

Je ne peux pas décrire ce qui était derrière les douces et attirantes Paroles de Jésus. Je peux seulement dire qu'elles attisèrent en moi un désir de souffrir qui semblait presque naturel, une faim pour toutes les sortes de souffrances. À partir de ce moment, j'ai considéré comme une grande infortune que d'en être privée.

Par la suite, je fis mes méditations coutumières sur ce que Jésus m'avait dit. Et encore une fois, il se présenta à moi et me dit: «Mon épouse, il est nécessaire que tu aies les prédispositions d'esprit qui t'amènent à être plus portée à l'anéantissement de toi-même. Ceci doit précéder ta grande inclination à souffrir de plus en plus. Sache que l'anéantissement de toi-même te mérite non seulement la grâce de souffrir, mais dispose ton âme à bien souffrir.  Il servira de manteau à ta souffrance. Il remplacera pour toi les souffrances les plus aiguës. Le désir de souffrir apporte ta vraie et réelle souffrance.»

42.   Renouvellement au Ciel du mariage mystique de Luisa en présence de la Très Sainte Trinité.    Audio

En présence de la Sainte Trinité et de toute la Cour Céleste,
il renouvela le mariage. 

Ce doux discours de Jésus imprégna dans mon âme les vérités qu'il m'enseignait. Et j'étais plus que jamais excitée du désir ardent de devenir totalement sienne, en accord avec sa Volonté. Il revint et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il m'attira hors de moi-même. Mon âme suivit la charmante attirance de son Amour et, à ses côtés, elle surmonta toutes les difficultés en traversant les cieux. Et, sans même avoir remarqué qu'elle avait quitté la terre, mon âme se trouva en Paradis, en présence de la Très Sainte Trinité et de toute la Cour céleste, pour le renouvellement du mariage mystique entre Jésus et mon âme, lequel avait déjà été célébré sur la terre au jour de la Pureté de la Vierge Marie, en présence de Marie elle-même qui, avec sainte Catherine, assistaient à cette première célébration.

Onze mois plus tard, en la fête de la Nativité de la Très Sainte Vierge12, Jésus voulait pour ce mariage la sanction des trois Personnes Divines. Il présenta un anneau de trois pierres précieusesune blanche, une rouge et une verte et il le donna au Père qui bénit cet anneau et le redonna à son Fils. Le Saint-Esprit tint ma main droite, et Jésus plaça l'anneau à mon annulaire. À ce moment,  l'une après l'autre, les trois Personnes Divines me donnèrent le baiser ainsi qu'une bénédiction particulière.

Comment décrire la confusion que je ressentis quand je me suis trouvée en présence de la Très Sainte Trinité pour cette cérémonie. Je peux seulement dire que de me trouver devant la Trinité et tomber face contre terre fut pour moi un seul et même geste. Je serais restée prosternée de cette manière indéfiniment si Jésus, l'Époux de mon âme, ne m'avait pas encouragée à me relever et à rester debout en leur présence. Mon coeur ressentit une grande jubilation, et en même temps une crainte respectueuse devant une telle majesté, au milieu de cette Lumière éternelle émanant de l'Essence et de la Sainteté de Dieu, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.

Le langage humain, parlé ou écrit, est incapable de faire comprendre toutes les impressions divines qui touchèrent mon âme à ce moment. En conséquence, il est pour moi préférable de garder sous silence certaines autres choses, pour ne pas gaffer davantage.

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12 C'était le 8 septembre 1889. Luisa avait 24 ans. Cette date est d'autant plus importante qu'elle est celle où le Don de la Divine Volonté lui fut accordé.

43.   Les trois Personnes Divines établissent leur résidence permanente dans l'âme de Luisa et lui font cadeau de la Divine Volonté.    Audio

Je me sentais déifiée; je ne vivais plus,
mais Ils vivaient en moi. 

Je vais maintenant vous parler de ce qui arriva quand mon âme revint dans mon corps; je vous parlerai aussi de celui qui me tint captive dans le charme de ce qui venait de m'arriver. Je sentis en moi les souffrances d'une personne en train de mourirQuelques jours plus tard, Jésus me ranima complètement. Je me souviens qu'en recevant la Sainte Communion, j'ai perdu la sensation de mon corps et que, par mon âme, j'ai perçu être en présence de la Sainte Trinité — telle que je l'avais vue au Paradis.

Mon âme se prosterna immédiatement en adoration et m'amena à confesser mon néant. Je me suis sentie m'écrouler complètement; je pouvais à peine dire un mot. La voix d'une des trois Personnes me dit: «Prends courage et ne sois pas effrayée. Nous sommes prêts à t'accepter comme nôtre et à prendre une possession totale de ton âme.» Pendant que j'entendais cette voix, j'ai vu la Sainte Trinité entrer en moi et prendre possession de mon coeur en disant: «Dans ton coeur nous ferons notre demeure permanente.»

Je ne peux pas décrire le changement qui s'établit en moi. Je me suis sentie comme si j'avais été évincée de moi-même, c'est-à-dire comme si je ne vivais plus en moi-même. Très assurément, les Personnes Divines vivaient en moi et moi en elles. Il semblait que mon corps était devenu leur demeure la demeure du Dieu Vivant. Je ressentais la présence royale des trois Personnes Divines qui, sensiblement, agissaient à l'intérieur de moi. Je pouvais entendre leurs Voix clairement, mais comme résonnant au-delà de moi. Tout se passait comme s'il y avait des personnes dans une pièce voisine et que, soit à cause de la proximité, soit à cause de l'intensité des voix, je pouvais entendre clairement tout ce qu'elles se disaient entre elles.

Ensuite mon bien-aimé Jésus me dit que je devrai le chercher pour chacun de mes besoins, pas à l'extérieur de moi, mais à l'intérieur de moi. Parfois, quand il était à l'extérieur de moi je l'appelais. Alors il me répondait promptement et nous nous parlions comme deux personnes se parlent l'une à l'autre.

Cependant, je dois confesser qu'il se dissimulait parfois si bien que je ne pouvais même pas le ressentir.  Alors j'aurais parcouru le ciel, la terre et les mers pour le retrouver. Une fois, par exemple, alors que je le cherchais intensément dans les larmes et l'anxiété, Jésus me fit entendre sa Voix en mon intérieur et me dit: «Je suis ici avec toi. Ne regarde pas ailleurs pour me trouver. Je me repose en toi et je veille sur toi.» Alors, entre la surprise et la joie de l'avoir trouvé en moi, je lui ai dit: «Jésus, mon Bien, pourquoi m'as-tu laissée parcourir les cieux, la terre et les mers à te chercher ce matin, alors que, pendant tout ce temps, tu étais à l'intérieur de moi ? Pourquoi n'as-tu pas dit au moins «je suis ici», pour m'éviter de m'épuiser à te chercher où tu n'étais pas? Vois, mon doux Bien, ma chère Vie, comme je suis fatiguée. Je me sens faible. Tiens-moi dans tes Bras. Je me sens comme si j'allais mourir.» Alors, Jésus me prit dans ses Bras pour que je puisse me reposer et recouvrer mon énergie perdue.

À une autre occasion, alors que Jésus était caché en moi et que je le cherchais, il me laissa le voir à l'intérieur de moi et ensuite il sortit de mon coeur. Dès l'instant d'après, je vis les trois Personnes Divines sous la forme de trois très charmants bébés avec un seul corps et trois têtes distinctes, dans une singulière et très attirante beauté. Je ne peux pas décrire mon bonheur, spécialement parce que ces trois bébés me permettaient de les tenir dans mes bras. J'embrassais chacun d'eux, et ils me retournaient mes baisers.  L'un s'appuyait sur mon épaule droite, un autre sur mon épaule gauche, et  le troisième restait entre les deux.

Combien je me réjouissais de cette grande merveille  qui m'était offerte par mon Dieu, à moi infime créature! Si j'en regardais un, j'en voyais trois. Quand j'en tenais un dans mes bras, soudain j'en tenais trois. Que j'en aie tenu un ou trois, la pesanteur semblait être la même. Je ressentais beaucoup d'amour pour les trois. J'étais attirée autant vers l'un que vers les trois ensemble.

Je vois que j'ai beaucoup parlé, mais j'aurais vraiment préféré passer toutes ces choses sous silence. Cependant, puisque je dois obéir à celui qui dirige mon âme, je vais continuer.

44.   Un deuxième mariage pour Luisa: son mariage avec la Croix.    Audio

"Mon épouse, les vertus s'affaiblissent si elles ne sont
pas confirmées, fortifiées par la greffe de la croix". 


Je poursuivrai en disant que Jésus me parlait souvent de sa Passion. Il essayait de prédisposer mon âme à l'imitation de sa Vie. Une fois il me dit: «Mon épouse, en plus du mariage déjà fait, un autre reste à faire: le mariage avec la Croix. Sache que les vertus deviennent douces et aimables quand elles sont évaluées et fortifiées à l'ombre de la Croix. Avant que je vienne sur la terre, la souffrance, la pauvreté, la maladie et tous les genres de croix étaient vus comme des infamies. Mais, ayant été vécue par moi, la souffrance fut sanctifiée et divinisée. Son apparence changea: elle devint douce et gratifiante.

Une âme qui reçoit cette bonne chose de moi est plus qu'honorée, parce qu'elle reçoit mon endossement et devient enfant de Dieu. Celui qui ne regarde la croix qu'en superficie expérimente l'opposé. Il trouve la croix amère et il commence à se plaindre, vu qu'il la perçoit comme un mal. Mais quand il la reçoit comme un bien, elle crée en lui la joie.»

Et il ajouta: «Mon épouse, je ne désire rien de plus que de te crucifier comme avant, en ton âme et en ton corps.» Après que Jésus m'eut dit cela, j'ai senti en moi une telle infusion du désir d'être crucifiée avec lui que je lui ai dit: «Mon Jésus, mon Amour, vite crucifie-moi avec toi!»

Et je me suis dit: «Quand il reviendra, la première chose que je lui demanderai, celle que je considère comme la plus importante, sera la souffrance pour mes péchés et la grâce d'être crucifiée avec lui. Et il me semble que je serai satisfaite, car par la crucifixion, je pourrai tout obtenir.»

Finalement, un matin, mon bien-aimé Jésus m'apparut sous la forme de Jésus Crucifié. Il me dit que vraiment il me voulait crucifiée avec lui, et pendant qu'il disait cela, j'ai vu des rayons de lumière émaner de ses Plaies sacrées, et des clous se diriger vers moi. À ce moment, mon désir d'être crucifiée par Jésus fut si grand que je me sentis consumée par l'amour de la souffrance.

Cependant, je fus subitement saisie d'une grande peur qui me fit trembler de la tête aux pieds. Je faisais l'expérience d'un grand anéantissement de moi-même et je me suis sentie indigne de recevoir une grâce aussi rare que celle-là. Et je n'osais plus dire: «Seigneur crucifie-moi avec toi.» Mais Jésus semblait attendre mon consentement avant de m'accorder cette si singulière grâce. Je fus tourmentée par cela pendant quelque temps. Mon âme ressentait un ardent désir de demander cette grâce et, en même temps, un sentiment d'indignité m'habitait. Ma nature était secouée et tremblait; effrayée, elle hésitait à demander à Jésus la crucifixion.

Pendant que j'étais dans cet état, mon bien-aimé Jésus m'incitait mentalement à accepter cette grâce. Connaissant sa Volonté, je repris courage et lui dis: «Mon Saint Époux et mon Amour Crucifié, je te supplie de m'accorder la grâce d'être crucifiée avec toi. Je te demande aussi qu'il n'y ait aucun signe visible sur moi de cette grâce. Oui, donne-moi rapidement chacune de tes souffrances, donne-moi tes plaies, mais ne dévoile pas tout ce qui m'arrive aux autres. Que ce soit entre toi et moi seulement.»

Cette grâce me fut accordée et, bientôt, des rayons de lumière et des clous partirent de Jésus Crucifié et  vinrent me blesser,  pénétrant mes mains et mes pieds. Et un autre rayon de lumière, plus resplendissant, accompagné d'une lance, vint transpercer mon coeur.

Je ne peux pas décrire le bonheur et la douleur simultanés — douleur plus grande que toutes mes autres — que je ressentis à cet heureux moment. Aussi grands qu'étaient plus tôt ma peur et mon tremblement, la paix et le contentement que j'expérimentais maintenant étaient encore plus grands.

Ma souffrance était si intense que je croyais que la douleur dans mes mains, mes pieds et mon coeur annonçaient ma mort. J'ai senti les os de mes mains et de mes pieds être brisés en tout petits morceaux; et j'ai senti la pénétration des clous dans chaque blessure. Je confesse que le doux contentement obtenu par ces Plaies ne peut être décrit par des paroles. Mon émerveillement augmentait en intensité en même temps que la puissance de la douleur qui, non seulement me faisait me sentir mourante, mais, en même temps, me revigorait et me faisait sentir que je n'étais pas mourante. Et rien n'apparaissait à l'extérieur de mon corps qui, cependant, subissait des spasmes et des douleurs aiguës.

Mon confesseur vint et m'interpella en vertu de l'obéissance. Il libéra mes bras paralysés par une pression nerveuse. Mentalement je ressentais des douleurs où les rayons et les clous avaient pénétré. Mon confesseur commanda en vertu de l'obéissance que tout cesse immédiatement. En vérité, la douleur intense qui m'avait rendue inconsciente, cessa immédiatement. Oh! quel miracle la sainte obéissance entraîna pour moi. Combien de fois je me suis ainsi trouvée en collusion avec ma soeur la mort.

Par l'obéissance, Jésus guérit tous les spasmes et douleurs de mort qui m'habitaient, et rapidement, restaura ma vie. J'admets honnêtement que si ces souffrances n'avaient pas été mitigées par mon confesseur, j'aurais eu de la difficulté à m'assujettir à elles. Puisse le Seigneur être toujours béni pour avoir accordé à ses ministres le pouvoir d'enlever à la mort ses proies. Et j'espère que tout cela a toujours été pour la plus grande Gloire de Dieu et le salut des âmes.

Je dois aussi signaler que pendant que je vivais ces souffrances mortelles, les choses mentionnés plus haut ne laissaient aucune trace sur mon corps. Quand je retombais dans ces souffrances, je voyais les Plaies de Jésus clairement imprimées sur mon corps. Il semblait que les Plaies de Jésus Crucifié, qui avaient été infligées sur mes mains, mes pieds et mon coeur, étaient les mêmes que celles de Jésus.

Ce que je viens de dire décrit mon mariage avec la Croix et les douleurs souffertes dans ma première crucifixion. J'ai vécu tant d'autres crucifixions dans les années subséquentes qu'il m'est impossible de les énumérer toutes. Mais, puisque je dois en parler, je raconterai les principales et les plus rapprochées, jusqu'à l'année 1899.

45.   Jésus explique à Luisa le vrai sens des souffrances endurées pour les péchés.    Audio

« Je veux moi-même vous disposer à vous faire ressentir
la douleur de vos péchés ». 


Chaque fois que Jésus revenait à moi après m'avoir fait souffrir la crucifixion, je lui répétais invariablement: «Mon bien-aimé Jésus, donne-moi de vraies douleurs pour mes péchés afin qu'ils soient consumés par le chagrin et la contrition de t'avoir offensé, et qu'ils soient effacés de mon âme et de ta mémoire. Permets à mes souffrances de surpasser chaque affection que j'ai nourrie pour le péché, afin que, lorsque mes péchés seront éliminés et détruits, je puisse plus intimement me presser contre toi.»

Une fois, après que j'eusse demandé une telle grâce à Jésus, il me dit aimablement: «Puisque tu es si peinée de m'avoir offensé, je veux te préparer moi-même pour l'expiation. Ainsi tu pourras comprendre la laideur du péché et l'intensité de la douleur causée à mon Coeur. Dis ces paroles avec moi: «Si je traverse l'océan, même si je ne te vois pas, tu es toujours dans l'océan. Si je foule le sol, tu es sous mes pieds. J'ai péché!» Puis, en murmurant et presqu'en pleurant, il ajouta: «Je t'ai quand même aimée et préservée!»

Après que Jésus m'eut dit ces paroles, j'ai commencé à comprendre beaucoup de choses qu'il m'est impossible d'exprimer. Je peux dire que ce fut seulement alors que j'ai apprécié l'Immensité et la Grandeur de Dieu, ainsi que sa Présence dans toute chose. Grâce à ses attributs, pas même une ombre de mes pensées n'échappe à Dieu. Mon néant, comparé à sa grande Majesté, est moins qu'une ombre.

Dans les mots «j'ai péché», j'ai compris  la laideur du péché, sa malice et sa témérité, ainsi que l'énorme affront qui est fait à Dieu par seulement un moment de satisfaction et de plaisir. En entendant les paroles «je t'ai quand même aimée et préservée», je fus saisie de fortes souffrances et je me suis sentie sur le point de mourir. Il me fit sentir l'immensité de l'Amour qu'il avait pour moi, même si, par une simple action mauvaise, je l'ai rabaissé au niveau d'un plaisir, par lequel je l'ai offensé et presque tué.

«Ô Seigneur, puisque j'ai été ingrate et mauvaise envers toi, et que tu as été si bon pour moi, aie pitié de moi  en me faisant toujours ressentir la contrition de mes péchés,  dans la mesure de l'amour que tu as et que tu auras toujours pour moi.»

46.   Les souffrances de Luisa sauvent un homme de la mort et la damnation.     Audio

«Ma fille, veux-tu t'offrir une victime
pour le salut de cette âme
?» 

Au moment où mon très aimable Jésus me fit comprendre combien il y avait de malice dans le péché et  dans ceux qui le commettent, j'ai compris que, par malice et ingratitude, l'homme ose considérer Dieu comme valant moins qu'un très vil plaisir. Même si j'étais soucieuse d'éviter la moindre transgression,  j'avais toujours peur de l'ombre même d'un péché qui pourrait momentanément se présenter à mon esprit. Je ressentais tant de dégoût et d'embarras pour les péchés de mon passé que je croyais être la pire de toutes les pécheresses. Aussi, quand apparut mon Jésus, je n'ai fait que lui demander plus de souffrances pour mes péchés ainsi que l'actualisation de sa promesse de crucifixion.

Un matin, alors que je ressentais d'une manière plus aiguë que d'habitude le désir de toujours souffrir davantage, mon très aimable Jésus vint. Il m'attira hors de mon corps et transporta mon âme vers un homme qui, à l'aide d'un fusil, venait d'être attaqué, et était sur le point de mourir et de perdre son âme. Alors Jésus me fit pénétrer en lui en me faisant comprendre le chagrin de son Coeur pour la perte appréhendée de cette âme.

Si on savait à quel point Jésus souffre pour la perte d'une âme, je suis sûre qu'on ferait tout son possible pour en sauver une de la damnation éternelle. Alors que j'étais avec Jésus pendant cette rafale de balles, il me serra très fort sur lui et murmura à mon oreille: «Mon épouse, veux-tu t'offrir comme victime pour le salut de cette âme et prendre sur toi toutes les souffrances qu'il mérite pour ses graves péchés?»

Je répondis: «Très certainement, mon Jésus. Place sur moi tout ce qu'il mérite, pourvu qu'il soit sauvé et que tu le ramènes à la vie.» Ensuite Jésus me fit revenir à mon corps et je me suis sentie immergée dans des souffrances si grandes que je ne pouvais pas comprendre comment je pouvais survivre.

Après être restée dans cet état de souffrances pendant plus d'une heure, Jésus fit en sorte que mon confesseur vienne à moi et me réanime. Quand il me demanda ce qui m'avait causé cette grande souffrance, je lui ai raconté tout ce que j'avais vu et vécu pendant ce temps très court et j'ai pointé la partie de la ville où le meurtre s'était produit. Il me confirma par la suite que ce meurtre avait bel et bien eu lieu à l'endroit exact que je lui avais indiqué et m'a dit que tous croyaient l'homme mort. Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas être mort, parce que Jésus m'avait promis qu'il épargnerait son âme et le garderait en vie. En vérité, j'ai intercédé fortement auprès de Dieu pour qu'il empêche que son esprit quitte son corps. Il fut confirmé plus tard qu'il avait survécu et que lentement il avait recouvré la santé. Il vit maintenant. Que Dieu soit béni!

47.   La valeur précieuse de la Croix. Jésus renouvelle plusieurs fois la crucifixion pour Luisa.     Audio

Donnez-moi la croix.

En ce qui a trait à mon très grand désir d'être crucifiée avec Jésus, par amour pour lui et pour l'expiation pour mon passé, Jésus vint à moi et, comme précédemment, il fit sortir mon âme de mon corps. Il me transporta à la place sainte où il souffrit sa douloureuse Passion et il me dit:

«Mon épouse, si chacun savait l'incommensurable bien qu'est la Croix et comment elle rend l'âme précieuse, chacun désirerait ce bien et le considérerait comme indispensable, comme un joyau d'une valeur inestimable. Quand je suis descendu du Ciel sur la terre, je n'ai pas choisi les richesses du monde, mais j’ai considéré plus digne et plus méritoire de choisir les soeurs de la Croix:  la pauvreté,  l'ignominie et  la souffrance la plus brutale. Et pendant que je les portais, je désirais ardemment que le temps de ma Passion et de ma Mort arrive au plus tôt, puisque par elles j'allais opérer le salut des âmes.»

Pendant qu'il me parlait, Jésus me fit ressentir la joie qu'il éprouvait en souffrant. Ses paroles allumèrent dans mon coeur un ardent désir de souffrir. Je ressentis un saint transport d'émotion et un désir d'être semblable à lui, le Crucifié. Avec le peu de voix et de force que j'avais en moi, je le suppliais en disant: «Saint Époux, donne-moi la souffrance et donne-moi ta Croix pour que je puisse mieux connaître combien tu m'aimes; autrement je serai toujours dans l'incertitude par rapport à ton Amour pour moi. J'ai renoncé à tout pour toi!»

Par la suite, dans la joie plus que jamais à cause de ma supplication, Jésus me permit de m'étendre sur une des croix qui se trouvaient là; quand je fus prête, je l'ai supplié de me crucifier. Affectueusement il prit un clou et commença à l'enfoncer dans ma main et, de temps en temps, il me demandait: «Est-ce que ça fait trop mal? Veux-tu que je continue?»

«Oui, oui, continue Bien-Aimé, malgré ma douleur. Je suis tellement contente que tu me crucifies.» Quand il commença à clouer mon autre main, le bras de la croix s'avéra trop court, alors qu'avant il était de la bonne longueur. Alors Jésus enleva le clou déjà enfoncé et dit: «Mon épouse, nous devons trouver une autre croix. Repose-toi et rafraîchis- toiJe suis incapable de décrire la mortification que j'ai ressentie à ce moment. Ainsi donc, je n'étais pas digne de cette souffrance!

Ces blagues furent répétées plusieurs fois. Quand les bras de la croix furent appropriés, la longueur de la croix ne l'était pas. À une autre occasion, pour que Jésus n'ait pas à me crucifier, quelque chose manquait pour ma crucifixion. Jésus trouvait toujours quelque prétexte pour la reporter à une autre fois. Oh! quelle amertume mon âme expérimentait de ces conflits répétés avec mon Jésus. Plusieurs fois, j'étais justifiée de me plaindre à lui, parce qu'il me refusait la vraie souffrance. À plusieurs occasions, d'un ton amer, je lui ai dit: «Mon Bien-Aimé, il semble que tout finit à la blague. Par exemple, tu m'as dit plusieurs fois que tu m'amènerais dans le Paradis une fois pour toute. Mais, à chaque fois tu m'as fait revenir sur terre pour habiter mon corps à nouveau. Tu m'as dit que tu aimerais me crucifier pour que je puisse faire ce tu as fait; toutefois, tu n'as jamais permis que j'atteigne une complète crucifixion. Et Jésus disait: «Oui, je le ferai bientôt. N'en doute pas. Ce sera fait.»

48.  Les récompenses de la croix. À la place de la croix qu'elle avait reçue, Luisa en reçut une autre, plus grande.   Audio

"Pour vous-même, vous ne devez avoir d'autre but
que la croix et cela suffira à tout". 

Finalement, un matin, au jour de l'Exaltation de la Sainte Croix13, Jésus apparut et rapidement me transporta encore une fois à la sainte place de Jérusalem. Il m'a fait contempler plusieurs choses ayant trait au mystère et aux vertus de la croix. Après, il me dit tendrement:

«Mon amour, veux-tu être belle? Médite sur la Croix et elle te donnera les plus beaux traits que l'on puisse trouver au Paradis et sur la terre. Alors tu te feras aimer de Dieu, lui qui possède en lui-même la Beauté infinie. En toi s'est développé le désir de posséder le Paradis avec toutes ses richesses. Veux-tu être remplie d'immenses richesses, pas pour un court temps, mais pour l'éternité? Sois toujours amoureuse de la Croix. Elle te fournira toutes les richesses, du plus petit sou, que représente la moindre des souffrances, aux plus incalculables sommes qui sont obtenues des croix les plus lourdes. Cependant, alors que l'homme est devenu avide de se procurer le plus petit profit d'une simple monnaie temporelle, qu'il devra rapidement abandonner, il n'a pas une seule pensée pour acquérir un sou des biens éternels. Et parce que j'ai compassion de l'irréflexion de l'homme en regard de son bien éternel, tendrement je lui offre de l'aider. Lui, plutôt que d'en être reconnaissant, il se rend indigne de mes dons et il m'offense par son obstination. Vois-tu, mon enfant, combien il y a d'aveuglement dans cette pitoyable humanité?

La Croix, cependant, amène tous les triomphes, les plus grandes acquisitions et les plus grandes victoires. C'est pourquoi tu ne dois avoir aucun autre but que la Croix. Cela sera suffisant pour pourvoir à tout. Et, aujourd'hui, je veux te faire plaisir en te crucifiant complètement sur la croix, laquelle, jusqu'à ce moment, ne t'allait pas parfaitement. Tu dois savoir que cette croix est celle qui t'a attirée à mon Amour et qui m'induit à te crucifier sur elle complètement. La croix que tu as eue jusqu'à maintenant, je l'apporterai au Paradis comme un signe de ton amour. Je la montrerai à la Cour céleste comme un témoignage de ton amour pour moi. À sa place, j'en ai une plus pesante et plus douloureuse que je t'amène pour répondre à ton désir de souffrance et pour permettre à mon Dessein éternel sur toi de se réaliser

Après avoir dit cela, Jésus m'apparut devant la croix que j'avais eue jusque là. Moi, dans un plein bonheur, je suis allée vers elle, je l'ai couchée par terre et je me suis étendue dessus. Et pendant que j'étais là, prête à la crucifixion, les cieux s'ouvrirent. Saint Jean l'Évangéliste vint, apportant la croix dont Jésus m'avait parlé. Ensuite la Vierge Marie arriva entourée d'une phalange d'anges. Ils me tirèrent de ma croix et m'installèrent sur la plus grande apportée par saint Jean. Un frisson froid et mortel s'empara de moi. Cependant je sentais encore une flamme d'amour dans mon coeur, qui me fit avoir hâte de souffrir sur cette croix.

Au signal de Jésus, un ange s'empara de la première croix et l'amena avec lui au Paradis. Pendant ce temps, Jésus, de ses propres mains et assisté par la Vierge Marie, commença à me crucifier. Debout, les anges et saint Jean présentaient les clous et les autres objets nécessaires à ma crucifixion.

Pour l'acte de ma crucifixion, mon très tendre Jésus montrait tant de joie et de bonheur que j'aurais souffert pas une, mais un millier de crucifixions, aussi bien que d'autres souffrances pour augmenter sa douce Satisfaction. À ce moment, il semblait que les Cieux étaient décorés pour une nouvelle fête de gloire pour moi: pour avoir fait plaisir à Jésus, pour avoir libéré par des prières abondantes des âmes du Purgatoire, pour avoir intercédé pour des pécheurs mal disposés et pour la conversion de plusieurs autres. Mon bien-aimé Jésus les fit tous participer au bien qui fut produit par mon ardente disposition envers les souffrances inhérentes à la crucifixion.

Quand tout fut terminé, je me sentis comme si je nageais dans une mer de contentement mêlée à une mer de souffrances inouïes. La Reine Mère se tourna vers Jésus et dit: «Mon Fils, aujourd'hui est un jour de gloire; à cause de tes propres souffrances et pour l'achèvement de tout ce qui a été fait avec Luisa, j'aimerais que tu transperces son coeur d'une lance et que tu lui mettes une couronne d'épines sur la tête.» Répondant au désir de sa Mère, Jésus prit une lance et transperça mon coeur de part en part. Au même moment, les anges présentèrent une couronne d'épines à la Très Sainte Vierge. Elle, avec mon consentement et avec la plus grande satisfaction, la plaça tendrement sur ma tête.

Quel jour mémorable ce fut pour moi! On peut dire que, vraiment, ce fut un jour de souffrances inouïes et de joies ineffables. Et, pour mon plaisir et pour supporter ma fragilité naturelle, Jésus resta à mon côté tout le jour. À cause de la sévérité de la souffrance, la crucifixion aurait échoué sans sa grâce.

À ma grande joie, Jésus permit à de nombreuses âmes du Purgatoire de rentrer au Paradis conséquemment à mes souffrances. Elles descendaient du Paradis accompagnées d'anges. Elles entouraient mon lit et me rafraîchissaient avec leurs chants célestes. C'étaient des cantiques de joie et des hymnes de louanges à la magnificence de Dieu.

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13 C'était un 14 septembre, vraisemblablement en l'année 1890 (éd. Guy Harvey) ou 1899 (site italien)

49.   Nouvelle participation de Luisa à la Passion de Jésus.    Audio

Après cinq ou six jours de souffrances intenses, je remarquai à mon vif regret que, de jour en jour, ma souffrance diminuait. Elle se serait arrêtée complètement si je n'avais pas insisté auprès de mon Époux Jésus de s'en tenir à diminuer leur intensité, sans tout arrêter. Je ressentais en moi le désir très fort de ces douces souffrances. Et je le fis connaître à mon bon Jésus en le priant de renouveler la crucifixion que j'avais déjà vécue. Jésus, sans s'opposer, était satisfait de moi et, de temps en temps, il me faisait plaisir en transportant mon âme de nouveau aux Saints Lieux, à Jérusalem. Et là il me faisait plus ou moins prendre part aux souffrances qu'il expérimenta durant sa Passion.

Parfois, il me faisait souffrir la flagellation, parfois le couronnement d'épines, parfois le portement de la Croix, ou encore la crucifixion. Il plaisait à Jésus de me faire souffrir l'un ou l'autre de ces mystères. Parfois aussi, en un jour, il me faisait souffrir son entière Passion, en me donnant plus de douceur et en même temps plus de souffrance. Mon coeur tombait en agonie quand c'était Jésus lui-même qui souffrait la Passion et que moi je n'avais pas à la souffrir avec lui. J'étais agitée et anxieuse si je ne pouvais pas au moins entrer en partie dans sa souffrance.

Je me retrouvais souvent avec la Vierge Marie à regarder Jésus subir les souffrances les plus sévères à cause des offenses perpétrées par des hommes sauvages, plus sauvages que les soldats qui se saisirent de Jésus et qui le mirent à mort. C'est alors que je devins convaincue que pour celui qui aime, il est plus facile de souffrir lui-même que de voir souffrir la personne aimée.

50.   La sagesse de la Croix.   Audio

"La croix est un livre qui sans tromperie et en notes claires vous
dit et vous fait distinguer le saint du pécheur". 

Je me sentais stimulée par mon amour envers mon bien-aimé Jésus. Je le suppliais de renouveler souvent, très souvent, mes crucifixions, afin qu'au moins partiellement je puisse alléger ses souffrances. Jésus me disait souvent:

«Ma bien-aimée, la Croix convenablement embrassée et désirée, distingue le prédestiné du réprouvé, lequel est opiniâtrement opposé à la souffrance. Sache qu'au jour du Jugement universel, celui qui fut fidèle et persévérant sentira la caresse de la Croix et sera extasié quand il la verra apparaître, alors que le réprouvé sera saisi d'une horrible peur. Mais, actuellement, ma bien-aimée, personne ne peut dire avec assurance si celui-ci ou celui-là sera sauvé ou éternellement perdu.

«Par exemple si, quand se présente la Croix, quelqu'un l'embrasse avec résignation et patience, la baise de temps en temps, remercie celui qui la lui envoie et me suit, c'est un signe évident et quasi certain qu'il sera parmi les sauvés. Si, d'un autre côté, quand la croix se présente, quelqu'un en devient irrité, la méprise et essaie d'y échapper à tout prix, alors on peut voir là un signe qu'ils se dirige vers l'enfer. Si, pendant sa vie, une personne m'injurie quand elle regarde la Croix, — alors au jour du Jugement elle me maudira, puisque la vue de la Croix la conduira à une éternelle terreur.

La Croix est la marque du vrai chrétien. Comme un livre ouvert, elle dit tout. Elle distingue clairement et sans déconvenue le saint du pécheur, le parfait de l'imparfait, le fervent du tiède. Elle donne la lumière au bien-pensant, elle distingue le bon du mauvais, elle révèle jusqu'à un certain point qui devrait être dans le Paradis et qui devrait y occuper une place prééminente. Toutes les vertus deviennent modestes et respectueuses devant la Croix. Et sais-tu quand les vertus acquièrent le plus de luminosité et de splendeur? C'est quand elles sont bien greffées à la Croix.»

Comment pourrais-je décrire la profusion de flammes d'amour pour la Croix que Jésus infusa dans mon coeur par ces Paroles. Je fus saisie par un engouement si grand de souffrir que si Jésus n'avait pas contenté mon coeur en renouvelant souvent — très souvent — ma crucifixion, j'aurais certainement été tourmentée par des élans incontrôlables d'amour. Parfois, après avoir renouvelé ma crucifixion, Jésus disait:

«Bien-aimée de mon Coeur, puisque tu désires ardemment la fragrance que mes souffrances dégagent à partir de la Croix, je satisfais tes désirs en crucifiant ton âme et en te communiquant chacune de mes souffrances; mais si tu n'étais pas si peu disposée à démontrer à chacun combien tu m'aimes, je voudrais aussi sceller ton corps de mes Plaies sanglantes et visibles. Je veux dans ce but t'enseigner la prière suivante à dire pour obtenir cette grâce: «Ô Très Sainte Trinité, baignée dans le Sang de Jésus-Christ, je me prosterne devant ton Trône et, dans une profonde adoration, je te supplie par les sublimes vertus de Jésus, de m'accorder la grâce d'être toujours crucifiée.»

Malgré le fait que j'ai toujours eu une grande aversion — que j'ai encore — pour tout ce qui pourrait paraître à la vue des autres, je consentis à ce que Jésus m'infuse un plus grand désir d'être crucifiée selon sa Volonté. Et ne voulant pas m'opposer à ce qu'il crucifie mon corps et mon âme, j'ai rapidement renouvelé mon acceptation avec ardeur et détermination.

Par la suite, je lui ai dit: «Saint Époux, les signes extérieurs n'apparaissent jamais sur moi. Si, occasionnellement et sans penser, j'ai pu sembler accepter ces signes, je n'ai vraiment pas voulu consentir à cela. Tu sais comment j'ai toujours aimé que ma vie soit cachée. Puisque tu veux renouveler ma crucifixion, alors je te supplie de me donner la souffrance permanente sans allègement d'aucune sorte. Mais je désire seulement une chose: je ne veux pas de signe extérieur qui m'amènerait à l'embarras et la gêne.»


Seigneur, je m'accuse devant ta présence d'avoir péché par orgueil. 

Je n'étais pas seulement tourmentée par le fait que quelque signe extérieur aurait pu se manifester sur mon corps, puisque, sans penser, j'avais implicitement consenti à la Volonté de Jésus en ce sens, mais j'étais aussi tourmentée par la pensée de mes péchés passés. J'ai souvent demandé à Jésus la contrition et la grâce de leur rémission. Je lui ai ensuite dit que je ne serai en paix et contente que quand j'aurai entendu de sa Bouche: «Tes péchés sont pardonnés.»

51.   Luisa confesse ses péchés à Jésus.   Audio

Mon bien-aimé Jésus, qui ne nous refuse jamais rien concernant notre progrès spirituel, me dit un jour d'une manière qui était plus condescendante qu'à l'accoutumée:

«Aujourd'hui je veux agir moi-même comme ton confesseur. Tu me confesseras tous tes péchés. Et pendant que tu le feras, je te ferai voir toutes les offenses que tu as commises et toutes les souffrances qu'elles m'ont causées. Tu comprendras ce qu'est le péché, selon la capacité de l'intelligence humaine. Et tu préféreras mourir plutôt que de m'offenser à nouveau. Attentive à cela, anéantis-toi et médite un peu: «Celle qui n'est rien a du ressentiment envers Celui qui est Tout. Le Tout aurait pu faire disparaître le rien de la face de la terre. Le rien est assez infâme pour se dire contrarié par son Créateur, malgré le fait qu'il a été plus que toléré, mais aimé. Reviens de ton néant, et avec des sentiments d'amour récite le confiteor.»

En entrant dans mon néant, j'ai découvert toute ma misère et tous mes péchés. Et, me retrouvant en la Présence royale du Christ, mon Juge, j'ai commencé à trembler comme une feuille. Je n'avais pas assez de force pour prononcer les paroles du confiteor. Je serais restée dans cette grande confusion, incapable de dire un mot, si mon Seigneur Dieu, Jésus-Christ, n'avait pas infusé en moi une nouvelle force et un nouveau courage en me disant: «Enfant de mon Amour, n'aie pas peur. Car même si actuellement je suis ton Juge, je suis aussi ton Père. Prends courage et allons de l'avant.»

Confuse et humiliée, j'ai récité le confiteor et me voyant complètement couverte par le péché, j'ai saisi la gravité de mon affront à mon Seigneur pour avoir entretenu en moi des pensées de vrai orgueil. Je lui ai dit: «Seigneur, je m'accuse devant ta Majesté du péché d'orgueil.» Alors Jésus dit: «Viens près de mon Coeur amoureux et écoute. Ressens le tourment cruel que, par ton orgueil, tu as causé à mon Coeur généreux.»

Et moi, tremblante, j'écoutai son Coeur. Comment décrire ce que j'ai entendu et compris en seulement quelques instants! Mon Coeur, tremblant d'amour, battait avec tant de force que je pensais qu'il allait éclater. En fait, plus tard, il m'a semblé que mon coeur avait été brisé par le chagrin, déchiré en morceaux et détruit. Après avoir expérimenté tout cela, je me suis exclamée plusieurs fois: «Oh! comme l'orgueil humain est cruel! Il est si cruel que s'il en avait le pouvoir, il irait jusqu'à détruire l'Être Divin!»

Ensuite, j'ai imaginé l'orgueil humain comme un ver très laid aux pieds du grand Roi. Il se lève et se gonfle de manière à se faire croire qu'il est quelque chose. Et ans sa grande audace, il commence petit à petit à ramper et à monter sur le costume du Roi, jusqu'à ce qu'il atteigne sa Tête. Voyant la couronne d'or du Roi, il veut la lui prendre et la placer sur sa propre tête. Il veut ensuite enlever au Roi son vêtement royal, le détrôner, et utiliser tous les moyens pour lui enlever la vie. Le ver ne sait même pas quel genre d'être il est. Dans son orgueil, il ne sait pas que le Roi pourrait le détruire, l'écraser sous ses pieds, détruire ses rêves dorés d'un simple souffle.

Les orgueilleux sont des effrontés, des présomptueux et des ingrats. Victimes de sottes illusions et avec leur tête gonflée par l'orgueil, ils s'insurgent avec indignation et passion contre ceux qui sont moins orgueilleux qu'eux.

C'est moi que j'ai vu dans ce ver laid et misérable aux pieds du divin Roi. J'ai senti mon âme chanceler dans la confusion et la peine, à cause de l'affront que je Lui avais fait; mon coeur expérimenta l'agonie terrible que Jésus souffrit à cause de mon orgueil. Après cela, Jésus me laissa seule. Je continuai à méditer sur la laideur du péché d'orgueil. Je ne peux pas décrire la grande souffrance que cela me causa.

Quand j'eus bien réfléchi sur ce que Jésus m'avait dit, il revint et me fit continuer ma confession. Tremblante plus qu'avant, je confessai les pensées et les paroles que j'avais entretenues contre ses désirs exprimés, et aussi mes péchés d'omission. J'ai confessé tout cela avec tant de chagrin et d'amertume d'âme que j'étais terrifiée de ma petitesse et de mon audace d'avoir offensé un Dieu si bon qui, malgré mes offenses, m'avait aidée, préservée et nourrie.

S'il ressentait de l'indignation envers moi, c'était à cause de sa haine du péché, et rien d'autre. Au contraire, sa Bonté envers moi, une pécheresse, a toujours été très grande. Il me fit pardonner même quand, devant la Justice divine, il exposa mes faiblesses et mes fragilités. En échange, il me donna plus de grâces et de force avec lesquelles fonctionner. C'était comme s'il avait ôté le mur qui séparait mon âme de Dieu à cause du péché.

Si les gens comprenaient la Bonté de Dieu et la laideur du péché, ils banniraient complètement le péché de la terre. Ils seraient saisis par de grands remords et par la contrition pour leurs péchés, ou ils mourraient. S'ils savaient l'infinie Bonté de Dieu, ils se rendraient à elle. Et les choisis trouveraient auprès de Dieu une immense fontaine de grâces dédiées à leur sanctification et à leur béatification.

Quand Jésus vit que je ne pouvais plus porter l'angoisse et l'amertume du péché, il se retira, me laissant plongée dans mes réflexions sur le mal fait par le péché. Dans sa Bonté de toujours, il me préserva du Jugement de son Père et il me donna des grâces nouvelles. Après un long intervalle, Jésus revint de nouveau pour me permettre de continuer ma confession qui, quoique interrompue par moments, dura environ sept heures. Quand le très aimable Jésus eut fini d'entendre ma confession, il quitta sa position de Juge et assuma celle d'un Père aimant.

J'étais habitée par la constatation inexorable que mon chagrin, pourtant grand, était insuffisant à me faire expier comme je le méritais pour mes offenses perpétrées contre mon Dieu. Jésus, pour me dérider, dit: «Je veux ajouter un supplément. Je vais appliquer les mérites de mes souffrances du Jardin de Gethsémani à ton âme. Cela suffira à satisfaire à la Justice divine.»

Je me sentis alors mieux disposée à recevoir l'absolution de Jésus pour mes péchés. Aussi, prosternée à ses pieds, pleinement humiliée et confondue, je lui ai dit: «Dieu Très Grand, j'implore ta Miséricorde et ton Pardon pour mes péchés si nombreux et graves. Je désirerais que mes capacités soient multipliées à l'infini pour que je puisse adéquatement faire l'éloge de ton infinie Miséricorde. Ô Père Céleste, pardonne le grand affront que je t'ai fait en péchant contre toi, et daigne me donner ton paternel pardon.»

Jésus me dit alors: «Promets-moi de ne plus jamais pécher. Tiens-toi loin de l'ombre même du péché.» Je répondis: «Oh! oui! je le promets un millier de fois et je désire mourir plutôt que d'offenser mon Créateur, mon Rédempteur et mon Sauveur. Jamais! Jamais plus!» Sur quoi Jésus leva sa Main droite, prononça les paroles de l'absolution, et permit à une rivière de son Sang Précieux de couler sur mon âme.

52.   Les effets de la confession faite à Jésus. Cette expérience fut renouvelée plusieurs fois.   Audio

Je me sentais tout trempée de Grâce. 

Après que Jésus eut lavé mon âme par son Précieux Sang et qu'il m'eut donné son Absolution, je me suis sentie renaître à une vie nouvelle et inondée plus que jamais de la plénitude de la grâce. Cet événement créa en moi une impression que je n'oublierai jamais. Chaque fois qu'il revient à ma mémoire, une joie singulière monte dans mon âme et un tressaillement envahit tout mon être. Et je le revis dans les plus petits détails, comme s'il était en train de se produire.

Remplie des souvenirs du passé, j'étais envahie d'élans anxieux de correspondre, dans la mesure du possible, aux grâces singulières que le Seigneur continuait de m'accorder, soit en me revigorant et me ramenant à l'état de victime, soit en me disposant plus particulièrement à vivre dans sa Divine Volonté, ce qui commandait les plus grandes grâces divines et la plus grande participation de ma part.14  Et puisque je ne suis rien, je devais tout recevoir de Dieu, puis travailler à infuser chez d'autres les grâces reçues, un peu comme un médecin qui, avec le sang d'un autre, entreprend une transfusion sur quelqu'un pour l'aider à recouvrer la santé. Et je devais soigneusement veiller à ce que tout retourne à Dieu.

Dans ce but, mon bien-aimé Jésus commença par m'attirer hors de mon corps, en me coupant de tout ce qui pouvait me séparer de lui, et en me réduisant à l'état de victime permanente. Le très patient Jésus voulait que je sois toujours prête quand il voudrait me donner une part de ses travaux ou de ses souffrances. Il faisait cela pour satisfaire à la Justice divine offensée par les continuelles aberrations du genre humain, ou pour prévenir ou arrêter la flagellation impitoyable qu'on lui fait subir.

Pour renouveler mes énergies perdues, Jésus me donnait souvent des grâces particulières, l'une de celles-ci étant l'absolution mentionnée plus haut, qui me fut conférée plusieurs fois. Parfois, quand je me confessais à un prêtre, j'expérimentais des effets différents et inhabituels sur mon âme. Et quand la confession était terminée, Jésus lui-même se substituait au confesseur. Il prenait l'apparence du confesseur, et moi, croyant que je parlais à mon confesseur, j'ouvrais mon coeur et je dévoilais l'état de mon âme, ses peurs, ses doutes, ses souffrances, ses anxiétés et ses besoins. Mais, par les réponses que je recevais et par la gentillesse de la Voix, qui parfois alternait avec celle de mon confesseur, je découvrais qu'il s'agissait de nul autre que Jésus. Il était si affable! Et les effets intérieurs que j'expérimentais n'étaient pas ordinaires. Parfois c'était Jésus dès les débuts: il entendait ma confession, qu'elle soit ordinaire ou extraordinaire, et il me donnait l'absolution.

Si je voulais raconter tout ce qui se passa entre Jésus et moi, ça prendrait beaucoup de temps et ça pourrait être considéré comme une fable. Aussi, je passerai à quelque chose de plus facile à accueillir.

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14 Viennent ici des remarques et des explications sur ce que veut dire «vivre dans la Divine Volonté».

53.   Fin de la narration. Une nouvelle guerre entre l'Italie et l'Afrique.   Audio

L'année prochaine, ce sera la guerre


Neuf mois avant que la chose ne soit arrivée, Jésus m'avait avisée de la deuxième guerre entre l'Italie et l'Afrique. Et voici comment:

Mon Jésus béni, m'avait fait sortir de mon corps. Alors que, transformée, je le suivais, il me fit parcourir un long chemin parsemé de cadavres humains baignant dans leur sang. Cela m'était montré comme une rivière inondant la route. À ma grande horreur, Jésus me fit voir les corps abandonnés et exposés à une température peu clémente aussi bien qu'à la rapacité d'animaux carnivores, puisqu'il n'y avait personne pour s'occuper des enterrements.

Terrifiée, je demandai à Jésus: «Saint Époux, qu'est-ce que tout cela signifie? Et Jésus me répondit: «Sache que dans l'année qui vient, il y aura la guerre. L'homme s'abandonne à tous les vices et aux passions charnelles. Je veux ma revanche sur la chair qui pue le péché.»

Je ne doutais pas de ce que Jésus disait, mais j'espérais néanmoins que dans les prochains neuf mois, l'homme charnel mettrait un frein à ses passions et que, à la vue de sa conversion, Jésus suspendrait la guerre prévue. Mais que dire de ceux qui se vautrent dans la boue de leurs passions et qui, plutôt que de se convertir, s'y enfoncent davantage. Et c'était arrivé précédemment que l'Italie et l'Afrique parlèrent d'abord de guerre, puis, tôt après, ils s'engagèrent dans une dure guerre résultant en beaucoup de souffrances et de dommages des deux côtés.

Alors, plus que jamais, je m'offris moi-même à mon bon Jésus, pour qu'il diminue le nombre des victimes de cette guerre. Je m'offris pour les âmes qui, malgré mes prières et mes supplications envers la Miséricorde de Dieu, ne seraient pas en état de grâce et seraient jetées dans l'enfer quand elles paraîtraient devant Dieu.

Mais Jésus ne m'écouta pas. Une fois de plus, il me fit sortir de mon corps. Le suivant, je fus à Rome en un instant. Là j'entendis beaucoup de voix et j'appris la situation décrite plus haut. Jésus me fit pénétrer avec lui dans le parlement, dans la salle du conseil, où les députés se livraient à un chaud débat sur la manière de mener la guerre pour être sûrs de la victoire. La discussion se poursuivait avec beaucoup de mots pompeux, d'orgueil et de fanatisme pitoyables. Mais ce qui fit la plus grande impression sur moi, c'est qu'ils étaient tous sectaires et agissaient sous la pression du démon, à qui ils avaient vendu leur âme dans le but d'avoir une fin de guerre victorieuse.

J'étais horrifiée d'apprendre cela et je me disais en moi-même: «Que d'hommes tristes et sauvages; que de tristes temps, plus tristes encore que ceux qui y vivent!» Il me semblait que Satan régnait parmi eux, puisque leur entière confiance était placée en lui plutôt qu'en Dieu. Et c'était du démon qu'ils attendaient la victoire.

Pendant qu'ils étaient engagés dans un débat chaud et rigoureux, ils s'éloignaient les uns des autres, même s'ils voulaient unir leurs différences. Jésus, sans être vu, était au milieu d'eux. Entendant leurs tristes propositions, il pleurait sur leurs misérables propos. Après qu'ils eurent fait leurs plans pour mener leur guerre sans Dieu, ils se vantaient très présomptueusement, se disant plus que jamais sûrs de la victoire.

Alors, comme s'ils étaient encore là pour l'écouter, Jésus dit d'un ton de voix menaçant: «Vous avez une grande confiance en vous-mêmes, mais je vous humilierai; et alors vous mesurerez la grandeur de vos pertes pour ne pas avoir invoqué l'aide et l'intervention de Dieu qui est l'auteur de tout bien. Cette fois, l'Italie ne sera pas victorieuse. Elle expérimentera plutôt une défaite totale.»

Comment décrire combien mon coeur souffrit de ces paroles de Jésus, et de combien de manières j'essayais de pacifier mon aimable Jésus, pour qu'au moins la guerre ne soit pas si meurtrière. Comme toujours, je m'offris comme victime d'expiation et je demandai au Seigneur de m'accorder les plus grandes souffrances et d'épargner l'Italie d'une telle flagellation. Mais Jésus me dit: «Je resterai ferme pour que l'Afrique soit victorieuse sur l'Italie. Et je t'accorderai seulement ceci: l'Afrique victorieuse n'envahira pas le sol italien pour y continuer la guerre. La punition est juste, puisque l'Italie la mérite pour son mode de vie licencieux, pour sa foi perdue et parce qu'elle met sa confiance dans le démon plutôt qu'en Dieu.»

Tout ce qui me fut dit à ce moment-là, ou en d'autres circonstances, je l'ai expliqué à mon confesseur sous l'obéissance. Et il me dit: «Il ne me semble pas vraisemblable que l'Italie sera vaincue par l'Afrique, puisque la civilisation moderne de l'Italie possède toutes sortes d'armes offensives et défensives que ne possède pas l'Afrique.»

Quand les Paroles de Jésus se confirmèrent, mon confesseur me dit: «Mon enfant, il n'y a pas de plan, pas de sagesse et pas de force qui aient un peu de valeur, s'ils n'originent pas de Dieu.»

54.   Les différentes manières utilisées par Jésus pour parler à Luisa. [PRÉCISION]   Audio

Les différentes manières dont le Seigneur m'a parlé. 

J'aurais pu terminer ici ce récit des plus importantes choses qui me sont arrivées avec Jésus à compter de l'âge de 16 ans à venir jusqu'à aujourd'hui, si mon confesseur ne m'avait pas obligée de raconter les diverses manières utilisées par Jésus pour communiquer avec moi. Elles sont variées, mais je les réduirai à quatre.

Une première manière

1. Jésus fait connaître à l'âme ce qu'il veut faire et il fait sortir l'âme de son corps. Ceci peut arriver en un instant. L'âme sort du corps d'une manière si soudaine que le corps lève pour suivre l'âme mais reste finalement comme s'il était mort. L'âme, quant à elle, suit Jésus dans sa course et voyage dans l'univers: terre, mers, montagnes et cieux, et elle termine dans les régions du Purgatoire ou dans l'éternelle Demeure de Dieu.

Quelquefois l'âme sort du corps plus calmement. En fait, c'est comme si le corps se reposait en étant insensible et absorbé en Dieu. Ensuite, quand Jésus part, l'âme essaie de le suivre partout où il va. Dans chaque cas le corps reste comme pétrifié et ne sent rien du monde extérieur, même si le monde entier devait être secoué ou si le corps était transpercé, brûlé ou coupé en pièces.

Je peux dire que pour les deux manières, j'étais hors de mon corps et loin de l'endroit où Jésus m'avait prise. Quand j'étais loin des limites de la terre, au Purgatoire ou au Paradis, et que je voyais mon confesseur venir chez moi pour me réanimer, alors, en un clin d'oeil et au commandement de Jésus, je me retrouvais dans mon corps.

Jésus voulait ma parfaite obéissance à mon confesseur. Les premières fois que cela arriva, je m'inquiétais, je m'agitais et j'étais anxieuse de revenir à mon corps à temps pour être disponible à mon confesseur quand il voudrait me réveiller. Et je devais être obéissante! Je confesse que je n'étais jamais en retard pour rentrer dans mon corps quand le confesseur m'attendait à mon petit lit. Toutefois, si Jésus ne s'était pas hâté de ramener mon âme à mon corps, j'aurais avec entêtement résisté à la voix du confesseur, puisque j'avais le choix de laisser Jésus, mon plus grand Bien ou de me soumettre à la voix de mon confesseur. Je disais à Jésus: «Je vais à mon confesseur qui m'appelle à l'obéissance, mais je reviendrai rapidement à mon Bien-Aimé, aussitôt qu'il sera parti. Je te supplie de ne pas me faire attendre longtemps.»

Dans les deux cas, Jésus n'avait pas à parler à mon âme pour que je le comprenne. À cause de la lumière qu'il communique à mon esprit, il me faisait comprendre directement ce qu'il voulait me signifier. Oh! combien nous nous comprenons quand nous sommes ensemble!

Ce type de communication intellectuelle par laquelle Jésus se fait comprendre est très rapide. Beaucoup de choses sublimes sont apprises en un clin d'oeil — plus qu'on pourrait apprendre en lisant des livres le temps d'une vie. Cette communication est si élevée et sublime qu'il est impossible à l'intelligence humaine d'exprimer en mots tout ce qu'une âme peut ainsi recevoir en un simple instant.

Oh! quel sage et ingénieux professeur qu'est Jésus! En un clin d'oeil il fait apprendre beaucoup de choses que d'autres n'arriveraient pas à faire apprendre en plusieurs années. C'est parce que les enseignants de la terre n'ont pas cette puissance de communiquer leur science. Pas plus qu'ils ne peuvent maintenir l'attention de leurs disciples sans qu'il y ait effort et fatigue.

Les voies de Jésus sont si douces, tendres et gentilles qu'aussitôt que l'âme découvre cela, elle se sent attirée à lui; et elle ne peut rien faire d'autre que de courir derrière lui à la vitesse maximum. Sans le réaliser, l'âme se trouve transformée en lui de telle manière qu'elle ne peut pas faire la différence entre elle-même et l'Essence divine. Qui pourrait décrire ce que l'âme apprend dans ce moment de transformation. Cela peut être décrit seulement par Jésus ou par une âme qui a subit cette transformation pendant sa vie et qui est parvenue à l'état de gloire parfaite.

Même si une âme revenue à son corps possédait la lumière divine et se sentait complètement absorbée en Dieu, elle aurait beaucoup de difficultés à dire comment on se sent quand on revient à son corps, plongé dans la plus sombre noirceur. Son essai serait difficile et imparfait, sinon tout à fait impossible.

Imaginons, par exemple, un aveugle de naissance qui, un beau jour, reçoit subitement la faculté de voir, et qui, dans un court laps de temps, voyage à travers l'univers et voit les choses les plus merveilleuses: les minéraux, les végétaux, les animaux et les voûtes célestes parsemées d'étoiles. Et supposons qu'après seulement quelques minutes, il est ramené à sa condition d'aveugle. Pourrait-il vraiment communiquer, dans un langage approprié, ce qu'il a vu? Ne risquerait-il pas de se couvrir de ridicule si, plutôt que de donner un bref aperçu de ce qu'il a vu, il essayait d'en donner une description détaillée.

Cette situation est similaire à celle d'une âme qui a voyagé partout sur la terre et au Paradis et qui, revenant à son corps, se sent comme notre aveugle retourné à sa cécité. Elle préfère se réfugier dans le silence plutôt que de parler, parce qu'elle a peur d'apparaître ridicule.

L'âme qui revient dans son corps est triste et inconsolable; elle se sent dans la situation d'un prisonnier. Elle languit de s'élancer vers son plus grand Bien et elle est plus malheureuse que celui qui a perdu l'usage de la vue. Elle aspire seulement à être unie à Dieu et n'a aucun désir de parler gauchement et d'une manière désordonnée de choses qui dépassent ses capacités humaines et charnelles.


Une deuxième manière   Audio

2. À cause de l'obéissance et au risque de faire des erreurs, j'expliquerai maintenant, du mieux que je peux, une autre manière dont Jésus parle à l'âme. Alors que l'âme est dans son corps, elle voit la Personne de Jésus apparaître comme un enfant ou un jeune homme, ou encore dans son état de Crucifié. Et les Paroles qu'il dit atteignent l'entendement de l'âme. L'âme, à son tour, parle à Jésus. Tout se passe à la manière d'une conversation entre deux personnes. Les Paroles de Jésus sont alors rares et d'à peine quatre ou cinq mots. Très rarement parle-t-il longtemps.

Une simple Parole de Jésus produisait une Lumière intense en moi et laissait mon âme absorbée par une vérité qui devenait mienne. C'était un peu comme de voir un petit ruisseau qui rapidement devient une vaste mer.

Si les sages du monde pouvaient entendre une simple Parole de Jésus, sûrement qu'ils resteraient stupéfaits, muets, confus et incapables de savoir quoi répondre. Quand Jésus veut manifester une Vérité à un être, il se sert d'un langage approprié à l'intelligence de cet être. Il n'est pas nécessaire de chercher des mots spéciaux pour pouvoir communiquer des Paroles de Jésus à d'autres personnes. On peut se servir des mêmes mots que lui.

D'un autre côté, l'âme se trouve embarrassée quand elle essaie de communiquer verbalement aux autres les vérités qu'elle a apprises par des communications intellectuelles [dans la première manière]. Jésus s'adapte à la nature humaine. En choisissant ses mots, il s'ajuste au langage et la capacité de chaque âme. Quant à moi, une petite créature, je ne peux pas adéquatement communiquer ces pensées à d'autres sans risque d'errance.

Bref, Jésus agit comme un enseignant très sage et très doué qui possède des connaissances supérieures dans toutes les sciences. Il utilise le langage compris et parlé par l'élève et, puisqu'il cherche la vérité scientifique, il enseigne pour être compris. Sinon, il enseignerait d'abord le langage et, par la suite, les sciences qu'il veut communiquer.

Jésus, qui est toute bonté et toute sagesse, s'adapte à la capacité de l'âme d'une façon qui ne méprise ni n'humilie la personne. À l'ignorant qui veut apprendre, il enseigne la vérité nécessaire pour atteindre la vie éternelle. Et au savant il communique ses Vérités d'une façon plus élaborée, son seul but étant d'être connu, apprécié et de ne priver personne de ses Vérités.


Une troisième manière  Audio

3. Une autre manière que Jésus utilise pour faire comprendre ses Vérités à l'âme, c'est par la participation à son Essence. Nous savons que Dieu créa le monde de rien et, à sa Parole, toutes les choses vinrent à l'existence. Puis, comme cela avait été prévu de toute éternité, la création fut mise en ordre par une autre Parole toute-puissante du Créateur. Ainsi, quand Jésus parle de vie éternelle à une âme, alors, dans le même acte, il infuse dans l'âme cette vérité.

S'il veut que l'âme devienne amoureuse de sa Beauté, il lui demande: «Veux-tu savoir à quel point je suis beau? Peu importe comment tes yeux scrutent toutes les belles choses répandues sur la terre et dans les cieux, tu ne verras jamais de beauté comparable à la mienne.»

Pendant que Jésus lui dit cela, l'âme sent que quelque chose de divin entre en elle. Et elle veut être près de lui parce qu'elle est attirée par sa Beauté qui surpasse toute beauté. En même temps, elle perd tout désir pour les choses belles de la terre, parce que peu importe combien ces choses peuvent être belles et précieuses, elle voit la différence infinie entre Jésus et ces choses. Ainsi elle se donne à Dieu et est transformée en lui. Elle pense continuellement à lui parce qu'elle est complètement enveloppée par lui, aimée par lui, pénétrée par lui. Et si Dieu ne faisait pas un miracle, l'âme cesserait de vivre: son coeur se transformerait en pur amour à la vue de la Beauté de Jésus et elle voudrait s'envoler vers lui pour jouir de sa Beauté.

Même si j'ai expérimenté toutes ces émotions, y inclus le magnétisme de la Beauté de Jésus, je ne sais pas comment décrire ces choses. Mes paroles ne peuvent donner que des mauvaises descriptions. Néanmoins, je dois admettre qu'une empreinte surnaturelle est restée en moi qui fait adhérer mon esprit à ces réalités.

Comparée à mon très aimable Jésus, chaque belle chose de la terre est éclipsée comme une étoile devant au (le) soleil. Ainsi j'en suis venue à considérer toutes les beautés terrestres comme des vétilles ou des jouets. Ce que j'ai dit de la Beauté de Jésus, je pourrais aussi bien le dire de sa Pureté, de sa Bonté, de sa Simplicité et de toutes les autres vertus et attributs de Dieu, parce que, quand il parle à l'âme, il lui communique ses Vertus de même que ses Attributs.

Un jour, Jésus me dit: «Vois-tu comme je suis pur? Je veux aussi cette pureté en toi.» J'ai senti que par ces mots Jésus avait transfusé sa Pureté en moi, et j'ai commencé à vivre comme si je n'avais pas de corps. Je me sentais comme assoupie et grisée par la céleste fragrance de sa Pureté.

Mon corps, qui participait maintenant à sa Pureté, devint très simple. La rectitude de Jésus et son dégoût pour l'impureté me possédaient à un tel point que, si je percevais une impureté, même à distance, mon estomac se rebellait avec de forts épisodes de vomissements. En résumé, l'âme à qui Dieu a parlé de pureté en devient toute transformée. Elle vit et agit seulement en Jésus, puisqu'il a établi sa résidence permanente en elle.

Je dois ici souligner que ce que j'ai dit de la Beauté et de la Pureté de Jésus, et de ce qui a été transformé en moi, est une simple approximation, puisque l'habileté et l'intelligence humaine sont incapables d'exprimer en langage humain ce qui est sublime et angélique. C'est ainsi qu'il m'est impossible de bien décrire les perceptions que j'ai eues de la Pureté, de la Beauté, et des autres vertus et divins attributs que mon bon Jésus communiquait de temps en temps à mon âme.

Comme il est désirable de participer aux vertus et aux attributs de Dieu que Jésus communique à l'âme d'une manière aussi originale! En ce qui me concerne, je donnerais tout ce qui existe en échange d'un simple moment d'une telle communication, par laquelle l'âme devient plus près de lui et est amenée à la compréhension des choses divines à la manière des anges et des saints du Paradis.


Une quatrième manière  Audio

4. Une autre façon utilisée par Jésus pour parler à l'âme est par une communication coeur à coeur. Et puisque l'âme est l'hôte du Coeur de Jésus, elle est toujours très attentive à procurer à Dieu le plus grand plaisir.

Intérieurement, Jésus est au repos, mais il est toujours vigilant dans l'abri intime du coeur. Puisque les deux coeurs sont fondus et ne font qu'un, il rappelle à l'âme son devoir sans articuler un mot. Pour se faire comprendre intérieurement à l'âme, il lui est suffisant de faire un simple geste. En d'autres mots, il utilise des paroles audibles par le coeur.

Cette manière de parler à l'âme qui fait de Jésus l'absolu propriétaire du coeur, survient quand il a pris la direction de l'âme. S'il la voit déficiente dans l'exercice de ses devoirs ou si, par négligence, elle a laissé échapper quelque chose, il la réveille en lui rafraîchissant doucement la mémoire. S'il la voit angoissée, triste, bouger lentement, manquer de charité ou autres, il la réprimande. Ses Paroles suffisent pour que, rapidement, l'âme rentre en elle-même pour se concentrer davantage sur Dieu et accomplir sa Sainte Volonté.

55.  Luisa revient sur la neuvaine de Noël dont il fut question au début.  Audio (AsaBern)

Maintenant, pour obéir, je reprends la neuvaine de Noël. 

Je veux ici poursuivre ce récit des grâces que mon très aimable Jésus m'accorda généreusement, à moi, la moindre de ses servantes, au cours d'à peu près 16 ans de ma vie, commençant au moment où je me suis proposée de faire la neuvaine préparatoire à la fête de Noël, avec neuf méditations par jour sur les grands mystères de l'Incarnation.

Quand j'ai commencé à rédiger ce manuscrit, mon confesseur vint me voir, et, concernant cette neuvaine, je lui ai dit: «Ainsi j'ai fait une deuxième heure de méditation, puis une troisième, jusqu'à neuf, lesquelles je passe sous silence pour ne pas être ennuyeuse.»

Cependant il m'avait ordonné de tout écrire en détails. Ainsi donc, je dois obéir même à l'encontre de mon propre raisonnement. Sans plus m'en faire et en faisant confiance à Jésus, je poursuis donc ma narration de ce que Jésus m'a fait vivre pendant cette neuvaine.


Troisième excès d'Amour 

"Regarde ma petite humanité"

De la deuxième méditation, j'ai rapidement passé à la troisième. Au commencement de cette méditation, la voix à l'intérieur de moi se fit entendre et me dit

«Mon enfant, mets ta tête sur le sein de ma Mère et médite sur ma petite Humanité qui se trouve là. Ici, mon Amour pour les créatures me dévore littéralement. L'immense feu de mon Amour, les océans d'Amour de ma Divinité, me réduisent en cendres et excèdent toute limite. Et ainsi mon Amour couvre toutes les générations.

Actuellement, je suis encore dévoré par le même Amour. Sais-tu ce que mon Amour éternel veut dévorer? Ce sont toutes les âmes! Mon enfant, mon Amour sera satisfait seulement quand il les aura toutes dévorées. Puisque je suis Dieu, je dois agir comme un Dieu en embrassant chaque âme qui est venue, vient ou viendra à l'existence, parce que mon Amour ne me donnerait aucune paix si j'en excluais une seule.

Oui, mon enfant, regarde bien dans le Sein de ma Mère et place ton regard sur mon Humanité fraîchement conçue. Là tu trouveras ton âme conçue aux côtés de la mienne, entourée des flammes de mon Amour. Ces flammes cesseront seulement quand elles t'auront consumée, toi avec moi! Combien je t'ai aimée, je t'aime et je t'aimerai éternellement!»

En entendant ces Paroles, je devins comme noyée dans tout cet Amour de Jésus, et je n'aurais pas su comment y répondre si une voix intérieure ne m'avait secouée et dit: «Mon enfant, cela n'est rien comparé à ce que mon Amour peut faire. Presse-toi plus près de moi, donne tes mains à ma chère Mère, de telle manière que tu puisses te tenir toute proche de son Sein maternel. Et en même temps, attarde-toi encore à ma petite Humanité, conçue là pour concevoir les âmes pour l'éternité. Cela te donnera une occasion de méditer sur le quatrième excès de mon Amour.»


Quatrième excès d'Amour 

« Viens et regarde mon amour »

«Mon enfant, si tu veux passer de mon Amour dévorant à mon Amour agissant, tu me découvriras dans un abîme sans fond de souffrances. Considère que chaque âme conçue en moi m'apporte le fardeau de ses péchés, de ses faiblesses et de ses passions. Mon Amour m'amène à porter le fardeau de chacun, parce que, après avoir conçu son âme en moi, j'ai aussi conçu la contrition et la réparation qu'il aura à offrir à mon Père. Aussi, ne t'étonne pas si ma Passion fut également conçue à ce moment-là.

Regarde-moi bien dans le sein de ma Mère et tu découvriras combien j'y vis de souffrances. Regarde bien ma petite Tête entourée d'une couronne d'épines, lesquelles, pendant qu'elles percent cruellement ma peau, me font verser des rivières de chaudes larmes. Oui, sois émue de pitié pour moi et, de tes mains qui sont libres, sèche mes larmes.

«Cette couronne d'épines, mon enfant, n'est autre qu'une couronne cruelle que les créatures tressent pour moi avec les pensées mauvaises qui remplissent leur esprit. Oh! comme ces pensées me transpercent cruellement, un long couronnement de neuf mois! Et comme si ce n'était pas assez, elles crucifient mes Mains et mes Pieds afin que soit satisfaite la Justice divine pour ces créatures, elles qui circulent sur des chemins pervers, qui commettent toutes sortes d'injustices et empruntent des voies illégales pour leur profit.

Dans cet état, il ne m'est pas possible de bouger, même une Main, un Doigt ou un Pied. Je reste immobile, soit à cause de l'atroce crucifixion que je subis ou à cause de l'espace réduit dans lequel je suis. Et j'ai vécu cette crucifixion pendant neuf mois! Sais-tu, mon enfant, pourquoi le couronnement d'épines et la crucifixion sont renouvelés en moi à chaque moment? C'est que le genre humain ne cesse de concevoir des desseins cruels qui, comme des épines ou des clous, transpercent sans cesse mes Tempes, mes Mains et mes Pieds.»

Jésus continua ainsi de raconter ce que sa petite Humanité souffrit dans le sein de sa Mère. J'en passe pour ne pas être trop longue et parce que mon coeur n'a pas le courage de tout raconter ce que Jésus souffrit par amour pour nous. Et moi je ne pouvais rien faire d'autre que de verser un flot de larmes. Cependant il me secoua et, d'une voix faible, il me dit dans l'intérieur de mon coeur:

«Mon enfant, j'ai hâte de t'embraser et de te retourner l'amour que tu me donnes. Mais je ne peux pas encore le faire, parce que, comme tu le vois, je suis enfermé dans cet endroit qui me garde immobile. J'aimerais venir à toi, mais j'en suis incapable puisque je ne peux pas encore marcher. Premier enfant de mon Amour souffrant, viens souvent m'embrasser. Plus tard, quand j'émergerai des entrailles de ma Mère, je viendrai à toi pour t'embrasser et pour rester avec toi.»

Dans ma fantaisie, je m'imaginais être avec lui dans le sein de sa Mère et je l'embrassais et le serrais sur mon coeur. Dans son affliction il me fit une fois encore entendre sa voix et me dit: «Mon enfant, c'est assez pour le moment. Va maintenant méditer sur le cinquième excès de mon Amour qui, malgré qu'il est rejeté, ne se retirera pas ni ne s'arrêtera. Plutôt il surmontera tout et continuera d'avancer.»


Cinquième excès d'Amour

"Mon amour veut de la compagnie"

Entendant l'appel de Jésus à méditer sur le cinquième excès de son Amour, j'ai prêté l'oreille de mon coeur pour entendre intérieurement sa faible voix me dire

«Observe qu'aussitôt que je fus conçu dans le sein de ma Mère, j'ai conçu la grâce pour toutes les créatures humaines en même temps, pour qu'elles puissent grandir comme moi en sagesse et en vérité. C'est pourquoi j'aime leur compagnie, je veux rester en correspondance continuelle d'Amour avec elles, et très souvent je leur manifeste mon Amour palpitant.

«Avec elles, je veux être continuellement en réciprocité d'Amour et partager à chaque jour mes joies et mes peines. Je languis pour qu'elles reconnaissent que la seule raison pour laquelle je suis venu du Ciel sur la terre, c'est de les rendre heureuses. Et comme un petit frère, je souhaite rester avec elles et parmi elles pour recueillir leurs bons sentiments et leur amour. Je languis de redonner à chacune mes Biens et mon Royaume, même au coût du plus grand des sacrifices: ma Mort pour leur vie. Bref, je languis de jouer avec elles et de les couvrir de baisers et de caresses amoureuses.

«Cependant, en échange de mon Amour, je ne récolte hélas que des chagrins. En fait, il y a celles qui écoutent mes Paroles sans bonne volonté, qui méprisent ma Compagnie, qui se détachent de mon Amour, qui essaient de m'échapper ou qui jouent aux sourds. Pire, il y a celles qui dédaignent et abusent. Les premières ne sont pas intéressées à mes Biens ni à mon Royaume; elles reçoivent mes Baisers et mes Étreintes dans l'indifférence. La joie que je devrais goûter avec elles se change en silences et en rejets. Les autres, en plus grand nombre, font que mon Amour pour elles résulte pour moi en larmes abondantes, lesquelles servent d'issue naturelle à mon Coeur si méprisé et outragé.

«Ainsi, alors que je suis parmi elles, je suis toujours seul. Comme elle est pesante cette solitude forcée résultant de leur abandon. Elles font la sourde oreille à tous les appels de mon Coeur! Elles ferment toute avenue à mon Amour. Je suis toujours seul, triste et silencieux! Oh! mon enfant, paie-moi de retour pour mon Amour en ne me laissant pas dans cette solitude! Permets-moi de te parler, et écoute attentivement mes Enseignements. Sache que je suis le Professeur des professeurs. Si tu veux m'écouter, tu apprendras beaucoup de choses et, en même temps, tu m'aideras à cesser de pleurer et tu jouiras de ma Présence. Dis-moi, aimerais-tu jouer avec moi?»

Je me suis alors abandonnée à Jésus en manifestant mon désir de toujours lui être fidèle et de l'aimer dans la tendresse et la compassion. Mais, malgré son désir de vouloir se réjouir avec moi, il est demeuré seul, sans soulagement. Pendant que je passais ainsi ma cinquième heure de méditation, la voix intérieure me dit: «Assez de cela. Médite maintenant sur le sixième excès de mon Amour.»


Sixième excès d'Amour

"Je suis la lumière éternelle, le soleil est l'ombre de ma lumière"

«Mon enfant, que mon Intimité soit avec toi! Viens plus près de moi et prie ma chère Mère pour qu'elle te fasse une petite place dans son Sein, pour que tu puisses observer dans quel état de douleurs j'y suis.»

En pensées, je m'imaginais que ma Mère Marie voulait me démontrer sa grande affection en me laissant rejoindre le doux et affable Jésus dans son Sein. Je m'imaginais que j'étais là dans son Sein très près de mon aimable Jésus. Mais comme la noirceur y était grande, il m'était impossible de voir ses Traits et je ne pouvais que sentir la chaleur de son Souffle d'Amour. À l'intérieur de moi il me dit:

«Mon enfant, médite sur une autre manifestation de la surabondance de mon Amour. Je suis la Lumière éternelle et il n'y a pas hors de moi de lumière qui soit plus resplendissante. Le soleil avec toute sa splendeur n'est qu'une ombre à côté de ma Lumière éternelle. Cependant, celle-ci s'est entièrement éclipsée quand, par amour pour les créatures, j'ai embrassé la nature humaine. Vois-tu la sombre prison dans laquelle l'Amour m'a conduit? Oui, c'est par amour pour les créatures que je me suis confiné à ce réduit et que j'ai attendu là après quelque rayon de lumière. J'ai attendu patiemment dans la grande noirceur, dans une nuit sans étoile ni repos, la lumière du soleil qui n'apparaissait pas encore.

«Quelle souffrance j'y ai endurée! Les murs étroits de cette prison ne me donnaient aucun espace pour remuer, et engendraient en moi de terribles angoisses. Le manque de lumière m'empêchait de voir et me coupait le souffle,  un souffle que je devais recevoir lentement par la respiration de ma Mère.

Sais-tu ce qui m'a amené à cette prison, qui m'a enlevé ma Lumière et m'a fait lutter pour ma respiration? C'est l'Amour que je ressens pour les créatures confronté à la noirceur de leurs péchés. Chacun de leurs péchés est une nuit pour moi. Je suffoque de ressentir leurs coeurs sans repentir et ingrats. Ils produisent un abîme sans fond d'obscurité qui me paralyse. Ô excès de mon Amour, tu m'as fait partir d'une plénitude de Lumière pour m'amener à la plus noire des nuits dans un étroit réduit qui annihile la liberté de mon Coeur.»

Pendant qu'il disait cela, Jésus gémissait péniblement à cause du manque d'espace. Pour l'aider, je voulais lui donner un peu de lumière par mon amour. À travers sa souffrance, il me fit entendre sa douce Voix et me dit: «Assez pour l'instant; passons au septième excès de mon Amour.»

 

Septième excès d'Amour

"À tant d'ingratitude mon amour"

Jésus ajouta: «Mon enfant, ne me laisse pas dans une telle solitude et une telle obscurité! Ne quitte pas le Sein de ma Mère et arrête-toi au septième excès de mon Amour. Écoute bien:

«J'étais parfaitement heureux dans le Sein de mon Père. Il n'y avait aucun bien que je ne possédais: joie, félicité, etc. Les anges m'offraient le culte de la plus grande adoration et étaient attentifs à chacun de mes Désirs. Mais l'excès de mon Amour pour le genre humain me fit changer de condition. Je me suis dépouillé de ces joies, ces félicités et ces biens célestes pour me revêtir des infirmités des créatures, afin de leur amener mon éternel bonheur, mes joies et mes avantages célestes.

«Cet échange aurait été facile pour moi si je n'avais pas trouvé chez l'homme l'ingratitude plus monstrueuse et la haine la plus obstinée. Oh! comme mon Amour éternel fut déçu par une telle ingratitude! Je souffre beaucoup de la méchanceté de l'homme, qui est pour moi la plus grande et la plus pointue des épines. Observe bien mon petit Coeur et vois les nombreuses épines qui le recouvrent. Observe les blessures qu'y font les épines et les rivières de Sang qui s'en échappent.

«Mon enfant, ne sois pas ingrate toi aussi, parce que l'ingratitude est ce qu'il y a de plus dur pour ton Jésus. L'ingratitude est pire que de claquer la porte de mon Coeur. Elle me garde dehors, sans amour et dans la froideur. Malgré la perversité du coeur de l'homme, mon Amour jamais ne cesse. Et il assume une attitude plus élevée m'amenant à supplier et à languir après lui. Et ceci, mon enfant, est le huitième excès de mon Amour.»


Huitième excès d'Amour

"Je suis le petit mendiant"

«Mon enfant, ne me laisse pas seul. Continue de reposer ta tête sur la poitrine de ma Mère et tu entendras mes gémissements et mes supplications. Tu verras que ni mes gémissements ni mes supplications n'amènent les créatures ingrates à ressentir de la pitié pour mon Amour bafoué. Ainsi tu me verras, encore bébé, tendre la main comme le plus pauvre des mendiants et demander la pitié et un peu de charité pour les âmes. J'espère de cette façon attirer les coeurs gelés par l'égoïsme.

«Mon enfant, mon Coeur veut gagner le coeur de l'homme à tout prix. Aussi j'ai décidé que si, après le septième excès de mon Amour, ils font encore la sourde oreille en se montrant désintéressés de Moi et de mes Biens, alors je vais aller plus loin. Mon Amour aurait dû s'arrêter après tant d'ingratitude. Mais non. Il veut dépasser ses limites et faire qu'à partir des entrailles de ma Mère, ma Voix suppliante atteigne chaque coeur. Pour toucher les fibres du coeur humain, j'utilise les méthodes les plus expressives, les mots les plus doux et les plus efficaces, ainsi que les prières les plus émouvantes. Je leur dis:

«Mes enfants, donnez-moi vos coeurs, qui sont miens. En échange, je vous donnerai tout ce que vous voudrez, y compris Moi- Même. Au contact de mon Coeur, je réchaufferai vos coeurs. Je les ferai éclater dans les flammes de mon Amour et je détruirai en eux ce qui n'est pas du Paradis. Sachez que mon but en quittant le Paradis pour m'incarner dans le Sein de ma Maman, était que vous puissiez entrer dans le Sein de mon Père Éternel. Oh! ne trompez pas mes espérances!

«En voyant les créatures résister à mon Amour et s'éloigner de moi, j'ai essayé de les retenir. Les Mains jointes et avec mes plus tendres supplications, j'ai essayé de les gagner en disant d'une voix sanglotante: «Voyez, mes enfants, le petit Mendiant que je suis, qui ne fait que réclamer vos coeurs. Ne pouvez-vous pas comprendre que cette façon d'agir m'est dictée par les excès de mon Amour?» 

«Pour attirer les créatures à son Amour, le Créateur a pris la forme d'un petit bébé, afin de ne pas faire peur. Quand il voit que la créature est récalcitrante et obstinée et ne se rend pas à sa requête, il insiste, se plaint et pleure. Ceci ne t'amène-t-il pas à la compassion? N'attendrit-il pas ton coeur?

«Mon enfant, ne semble-t-il pas que les créatures raisonnables ont perdu la raison. Alors qu'elles devraient se réjouir d'être submergées et réchauffées par les flammes de mon Amour divin, elles essaient de s'en détacher en allant à la recherche d'amours bestiaux aptes à les conduire dans le chaos infernal pour y pleurer éternellement

 À ces Paroles de Jésus, je me sentis fondre. J'étais terrifiée. Je tremblais en pensant aux dommages irréparables entraînés par l'ingratitude des hommes et à leurs éternelles conséquences. Et, alors que j'étais plongée dans ces considérations, la Voix de Jésus se fit entendre à nouveau dans mon coeur: «Et toi, mon enfant, ne veux-tu pas me donner ton coeur? Faut-il que je pleure, me lamente, et te supplie pour obtenir ton amour?»

Pendant que Jésus me disait cela, mon coeur était saisi d'une ineffable tendresse pour lui. Et sanglotant d'un vif amour jamais ressenti auparavant, je dis: «Mon bien-aimé Jésus, ne pleure plus. Oui, oui! Je te donne non seulement mon coeur, mais je me donne moi-même. Je n'hésite pas à tout te donner. Mais pour que mon don soit plus beau, je veux enlever de mon coeur tout ce qui n'est pas de toi. Aussi, s'il te plaît, donne-moi cette grâce efficace pour rendre mon coeur comme le tien, pour que tu puisses y trouver une demeure stable et permanente.»

 

Neuvième excès d'Amour

«S'agoniser et mourir d'amour continu pour la créature»

«Mon enfant, mon état devient toujours plus douloureux. Si tu m'aimes, garde ton regard fixé sur moi, de sorte que tu puisses bien apprendre tout ce que je t'enseignerai. Offre à ton petit Jésus un sursis pour ses pleurs et ses profondes afflictions — un mot d'amour, une caresse, un baiser affectueux — pour que mon Coeur puisse être réconforté par le sentiment d'un retour d'amour.

«Vois, mon enfant, après avoir pris connaissance des preuves de mon Amour décrites par les huit excès mentionnés jusqu'ici, l'homme devrait s'être incliné devant mon vrai et sublime Amour. Plutôt, il le reçoit mal et me fait passer à un autre excès qui, s'il ne trouve pas de retour, sera encore plus douloureux pour moi.

«Jusqu'ici, l'homme n'a pas capitulé. C'est pourquoi je poursuis avec mon neuvième excès d'Amour, qui est mon très vif désir de m'échapper du Sein maternel pour me mettre à la poursuite de l'homme. Et après l'avoir stoppé sur les pentes du mal, je languis de l'étreindre et de le baiser — lui si ingrat pour mon Amour — pour le rendre amoureux de ma Beauté, de ma Vérité et de mon éternelle Bonté.

«Ce grand dessein réduit ma petite Humanité, qui n'a pas encore vu le jour, à un état d'agonie suffisant pour mettre un terme à ma Vie. Si je n'étais pas aidé et soutenu par ma Divinité, inséparable de mon Humanité à cause de l'union hypostatique, sûrement que c'est ce qui m'arriverait. Ma Divinité me communique des fontaines de Vie nouvelle et fait que ma petite Humanité résiste à l'agonie continuelle de ces neuf mois où elle se sent plus près de la mort que de la vie.

«Mon enfant, ce neuvième excès de mon Amour n'est autre qu'une agonie continuelle qui a débuté à l'instant où ma Divinité a pris la forme humaine dans le Sein maternel, cachant ainsi son Essence divine. Si je n'avais pas ainsi caché ma divinité, j'aurais provoqué la peur plutôt que l'amour chez les créatures, qui n'auraient alors pas voulu s'abandonner à mon Amour. Quelle souffrance ce fut pour moi d'attendre là pendant neuf mois! Si ma Divinité n'avait pas donné à mon Humanité son soutien et sa force, mon Amour pour les créatures m'aurait dévoré. Mon Humanité aurait été réduite en cendres. J'aurais été consumé par mon Amour actif qui me fit prendre sur moi l'énorme fardeau de la punition que se sont mérité les créatures.

«C'est pourquoi ma vie dans les entrailles de ma Maman fut si douloureuse: je ne me sentais plus capable de rester loin des créatures. Je languissais après elles pour qu'à tout prix elles viennent dans ma poitrine pour sentir mes palpitations brûlantes. Je languissais de les embrasser de ma tendre et pure affection, de telle manière qu'elles deviennent éternellement seigneurs de mes Biens. Sache que si je n'avais pas été aidé par toi avant qu'il n'ait été le temps pour moi d'émerger à la lumière du jour, j'aurais été consumé par ce neuvième excès d'Amour.

«Regarde-moi attentivement dans les entrailles maternelles. Vois combien je suis devenu pâle. Écoute ma Voix angoissée qui faiblit de plus en plus. Sens les palpitations de mon Coeur qui, ayant déjà été vives, sont maintenant presque éteintes. Ne me quitte pas des yeux. Regarde-moi bien, parce que je suis mourant, oui, mourant de pur Amour

À ces mots je me sentis défaillir d'amour pour Jésus. Et il se fit un profond silence entre nous deux, un silence sépulcral. Mon sang se glaça dans mes veines et je ne sentis plus mon coeur battre. Ma respiration s'arrêta et, tremblante, je me suis écrasée sur le sol. Dans ma stupeur je balbutiai:

«Mon Jésus, mon Amour, ma Vie, mon Tout, ne meurs pas. Je t'aimerai toujours, et je ne te laisserai jamais, peu importe le sacrifice qu'il pourrait m'en coûter. Donne-moi toujours la flamme de ton Amour afin que je t'aime toujours et que, le plus tôt possible, je sois consumée d'amour pour toi, mon éternel Bien.» 

Je me suis alors sentie comme morte. Jésus était déjà né à notre vie mortelle pour nous amener à la mort de notre propre volonté et, plus tard, nous donner la vie éternelle. Puis Jésus me toucha et me réveilla de l'assoupissement dans lequel j'étais plongée. Doucement il me dit

«Ma fille, «renée» de mon Amour, lève-toi. Élève-toi à la vie de ma Grâce et de mon Amour. Imite-moi en tout. Comme tu m'as tenu compagnie pendant les neuf méditations sur les excès de mon Amour, dans cette longue neuvaine de ma Nativité, fais les autres vingt- quatre considérations sur ma Passion et ma Mort, en les distribuant parmi les vingt-quatre heures de la journée. En elles tu discerneras d'autres sublimes excès de mon Amour, et tu seras un continuel soulagement pour moi dans mes grands chagrins provenant des créatures ingrates.15 Dans la vie, tu seras la toute-aimante de ma sépulture et, à ta mort, tu auras la part optimum de ma Gloire.16


Pour recommencer la Neuvaine de Noël au début

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15 C'est alors que Luisa commença l'exercice des «Heures de la Passion» que, 32 ans plus tard, par obéissance, elle mettra sur papier.

16 À l'instar de sainte Marie-Madeleine, dont Luisa porta le nom en tant que membre du tiers ordre de Saint-Dominique.