📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 24


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  19 mars 1928 — Répugnance à écrire. Petitesse. Retour à l’écriture. Comment la Divine Volonté étouffe au milieu des créatures parce qu’elle n’est pas connue. Grave responsabilité de ceux qui devraient la faire connaître ; comment ils font d’eux-mêmes des voleurs. Préparation à de grands événements.

           Jésus, ma vie et mon cœur, me voici à nouveau pour ce grand sacrifice de recommencer à écrire encore un nouveau tome. Mon cœur saigne sous l’effort, surtout à cause de l’état dans lequel se trouve ma pauvre petite âme. Mon amour, si tu ne m’aides pas, si tu ne m’engloutis pas en toi en usant de ton pouvoir et de ton amour sur moi, je ne pourrai pas continuer et je serai incapable d’écrire un seul mot. C’est pourquoi je prie pour que seul ton Fiat triomphe en moi ! Et si tu veux que je continue à écrire, ne m’abandonne pas à moi-même, poursuis ton travail d’enseignant qui dicte à ma petite âme. Mais si tu veux que je cesse d’écrire, j’embrasse et j’adore ta Divine Volonté, et je te remercie ; et je prie de pouvoir profiter des nombreuses leçons que tu m’as données, que je puisse les méditer continuellement et modeler ma vie sur tes enseignements. Céleste Maman, Reine Souveraine, étends sur moi ton manteau bleu pour me protéger ; guide ma main lorsque j’écris afin que je puisse accomplir la Divine Volonté.

            Après avoir écrit le vingt-troisième tome – et seul Jésus sait avec quelle difficulté et au prix de quels sacrifices – je me lamentais auprès de mon bienheureux Jésus de la rareté de ses enseignements, et de ce qu’il m’avait fait peiner pour n’écrire que quelques mots. Je me disais : « Je n’ai rien d’autre à écrire parce que si Jésus ne parle pas, je ne sais pas quoi dire et il me semble que Jésus n’a plus rien à me dire. Il est vrai que l’histoire de son Fiat est sans limites, qu’elle ne finit jamais, et que même éternellement, au Ciel, il aura toujours quelque chose à dire sur la Volonté éternelle ; et qu’étant éternelle, elle comprend l’infini et que l’infini a des choses et des connaissances infinies à raconter, de sorte que cela ne s’arrête jamais. Il est comme le soleil qui, en donnant sa lumière, a toujours plus de lumière à donner – sans que sa lumière jamais ne s’épuise… Mais se peut-il que pour moi il mette une limite à sa parole, et qu’il fasse une pause dans le récit de la longue histoire de son éternelle Volonté ? » Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, comme tu es petite ! Et l’on voit qu’à mesure que tu continues, tu deviens plus petite encore ; et, si petite, tu veux comparer notre grandeur à ta petitesse, notre parole éternelle aux limites de ta parole. Et la petite enfant que tu es se satisfait de ce que ton Jésus puisse ne rien avoir de plus à te dire ; tu voudrais te reposer et retourner à tes distractions d’avant, parce que tu n’as rien d’autre à faire. Pauvre petite ! Ne sais-tu pas que ce ne sont que de brèves pauses que fait ton céleste Jésus pour des raisons qui lui appartiennent, qui ne sont pas évidentes pour toi et que, lorsque tu t’y attendras le moins, il recommencera son très important discours sur la longue histoire de son éternelle Volonté ?

            Après bien des difficultés, les écrits sur la Divine Volonté sont finalement arrivés ici, de Messine, et j’en ressentais une certaine satisfaction parce que je pouvais enfin les avoir près de moi, et je remerciai Jésus du fond du cœur. Mais Jésus se manifesta en moi et, se faisant voir avec un air de tristesse, il me dit :

            Ma fille, tu es heureuse et je suis triste. Si tu savais quel poids énorme pèse sur ceux de Messine. Ils avaient manifesté de l’intérêt pour ces écrits, et ils les ont laissé dormir. Ils avaient la responsabilité d’une Divine Volonté et, en voyant leur inaction, j’ai permis que ces écrits vous soient renvoyés. Tout ce poids repose maintenant sur ceux qui ont tant insisté pour les ravoir : s’ils ne s’en occupent pas eux-mêmes, ils seront eux aussi responsables d’une Divine Volonté ; et si tu savais ce que signifie être responsable d’une si sainte Volonté… Cela veut dire la tenir entravée, alors qu’elle désire avec ardeur être libérée de ses liens ; et c’est en la faisant connaître que ces liens peuvent lui être enlevés. Elle est pleine d’une vie qui déborde partout en enveloppant toute chose, mais cette vie est comme étouffée au milieu des créatures parce qu’elle n’est pas connue. Et elle gémit, car elle veut la liberté de sa vie, et elle est contrainte de garder en elle les rayons de sa lumière éternelle, faute d’être connue.

            Or qui est responsable de tant de souffrances pour ma Divine Volonté ? Ceux qui doivent s’occuper de la faire connaître et qui ne le font pas. Mon dessein était-il de faire connaître tant de choses sur mon Fiat sans en désirer le fruit ? Non, non, je veux la vie de ce que j’ai dit, je veux faire briller le soleil, je veux le fruit de toutes les connaissances que j’ai manifestées, je veux que mon œuvre reçoive son effet tant désiré. En effet, combien n’ai-je pas travaillé pour te disposer à recevoir des connaissances si importantes sur ma Volonté ? Et toi-même, combien de sacrifices n’as-tu pas faits, et combien de grâces ne t’ai-je pas données pour que tu puisses les faire ? Mon travail a été long, et lorsque je te voyais sacrifiée, je regardais le grand bien que mes connaissances sur le Fiat produiraient parmi les créatures – la nouvelle ère qui devait se lever en vertu de ces connaissances ; et pendant qu’il souffrait en te sacrifiant, mon tendre Cœur éprouvait un immense plaisir en voyant le bien, l’ordre et le bonheur que mes autres enfants recevraient en vertu de ce sacrifice. 

            Lorsque je fais de grandes choses dans une âme, manifestant des vérités importantes et des renouveaux que je veux opérer dans la famille humaine, ce n’est pas pour cette créature seule que j’agis, car je veux inclure tout le monde dans ce bien – comme le soleil, je veux que mes vérités brillent sur chacun afin que tous ceux qui le veulent puissent recevoir leur lumière. N’est-ce pas ce que j’ai fait avec ma céleste Maman ? Si elle avait voulu garder cachée l’incarnation du Verbe, quel bien aurait apporté ma venue dans le monde ? Aucun – je serais parti au Ciel sans donner ma vie pour personne et la Reine souveraine, si elle m’avait caché, aurait été responsable et voleuse de tout le bien et des nombreuses vies divines que devaient recevoir les créatures. De la même manière, ceux-là seront déclarés responsables et voleurs de tout le bien que les connaissances sur mon divin Fiat apporteront, car il apportera bien des vies de lumière et de grâce, et les biens immenses que contient une Divine Volonté. Par conséquent, une lourde responsabilité repose sur ceux qui devraient s’en occuper – s’ils continuent à laisser inactifs les soleils, si bénéfiques, de tant de vérités sur ma Volonté éternelle. Et si toi, en premier, tu voulais t’opposer à faire connaître ce qui concerne ma Volonté, tu serais la première voleuse de ces nombreux soleils et de tous les biens que les créatures doivent recevoir par ces connaissances.

            Puis, d’un ton plus tendre, il ajouta :

            Ma fille, c’est comme si le monde était brûlant – et il n’y a personne pour verser sur eux l’eau pure qui pourrait étancher leur soif ; et le peu qu’ils boivent, c’est l’eau trouble de leur volonté qui les brûle encore davantage. Même les bons – les enfants de mon Église qui essayent de faire le bien – après l’avoir fait ne ressentent pas le bonheur de ce bien, mais plutôt son poids qui leur apporte tristesse et fatigue. Sais-tu pourquoi ? Parce que dans ce bien lui-même, la vie de mon Fiat est absente, celle qui contient la force divine qui ôte toute fatigue ; la lumière et la chaleur de ma Volonté sont absentes, qui ont la vertu d’enlever n’importe quel poids et d’adoucir toute amertume ; la rosée bénéfique de mon Fiat est absente, qui orne les actions des créatures et les rend belles au point d’apporter avec elles la vie du bonheur ; l’eau éternellement jaillissante de ma Volonté est absente, qui en fécondant d’une manière divine donne la vie et apaise leur soif. C’est pourquoi ils boivent, mais ils brûlent encore plus. Vois combien il est alors nécessaire que ses connaissances soient connues et fassent leur chemin parmi les créatures afin d’offrir à chacune la vie de ma Volonté, avec la source des biens qu’elle contient.

            Tous, même ceux que l’on dit être les meilleurs, sentent que quelque chose leur manque ; ils sentent que leurs œuvres ne sont pas complètes, et chacun languit après un autre bien, mais eux-mêmes ne savent pas ce que c’est. C’est la plénitude et la totalité de mon divin Fiat qui manque à leurs actes, et par conséquent leurs œuvres sont à moitié faites, car c’est uniquement avec ma Volonté et dans ma Volonté qu’on peut faire des œuvres complètes. C’est pourquoi ma Volonté aspire à être connue pour apporter sa vie et son accomplissement aux œuvres de ses créatures ; d’autant plus que je prépare de grands événements – tristes et heureux ; des châtiments et des grâces ; des guerres imprévues et inattendues – tout cela afin de les disposer à recevoir le bien des connaissances de mon Fiat. Et s’ils les laissent dormir sans les répandre parmi les créatures, ils rendront inutiles les événements que je prépare. De quoi ne devront-ils pas me rendre compte ! Par ces connaissances, je prépare le renouveau et la restauration de la famille humaine. Par conséquent, de ton côté, ne présente aucun obstacle et prie pour que le Royaume de ma Divine Volonté arrive bientôt.

2.  25 mars 1928 — Comment les connaissances sont les nombreuses étapes que la Divine Volonté a parcourues afin de revenir parmi les créatures. Comment ces étapes apportent la vie, la lumière et la sainteté. Les soupirs de Jésus pour qu’elles soient connues.

           En suivant le divin Fiat afin d’accompagner ses actes, mon pauvre esprit pensait aux nombreuses vérités que mon bien-aimé Jésus m’avait dites concernant la Divine Volonté, et avec quel amour et quel soin il me les avait manifestées. Je me disais en moi-même : « Les premières vérités qu’il m’a dites étaient comme des éclairs de lumière qui contenaient en eux-mêmes une lumière infinie. Puis, petit à petit, ce n’était plus des éclairs, mais des sources de lumière, et ma pauvre âme se trouvait sous le jet continu de ces fontaines de lumière. Finalement, elles étaient comme des mers de lumière et de vérités dans lesquelles ma pauvre âme demeurait submergée au point d’être incapable de tout prendre et de devoir laisser bien des vérités dans cette mer où je me sentais immergée. Mais il ne m’était pas donné de restreindre en moi-même cette lumière infinie qui, se convertissant en  paroles, me manifestait l’harmonie, la beauté et la puissance de la Volonté suprême. Et maintenant, il me semble que je suis dans la lumière, mais elle ne parle pas, et bien que je boive des mers de lumière, je suis incapable de dire quoi que ce soit. » Et tandis que je pensais cela, mon toujours aimable Jésus se manifesta en moi et, tout amour, il me dit :

            Ma fille, tu dois savoir que lorsque l’homme se retira de notre Volonté, notre paternelle bonté retira du milieu des créatures sa vie opérante. C’est pourquoi elles n’ont pu dire que peu de choses sur elle – puisque la mer de lumière opérante du divin Fiat ne coulait pas en elles telle une vie, car dans leur ingratitude, elles l’avaient rejetée. Et en raison de notre très grande bonté, nous leur avons laissé le bien de pouvoir suivre les ordres de notre Volonté – non pas la vie – dans laquelle elles pouvaient espérer le salut, car sans notre Volonté il n’y a ni salut ni sainteté. Mais notre paternelle bonté, notre Volonté et notre Amour soupiraient et se languissaient de revenir en vie opérante parmi les créatures. Nous voyions que les créatures ne pourraient accomplir le dessein parfait de la Création, ni devenir complètement à notre image et à notre ressemblance comme nous le voulions, tout comme nous les avions créées – sans la vie opérante de notre Fiat, car notre Fiat est l’acte primordial de la créature, et s’il fait défaut, elle demeure désordonnée, adultérée, parce qu’il lui manque l’acte primordial de son existence. 

            Or tu dois savoir qu’après bien des siècles de soupirs cachés, notre Être suprême débordait d’amour – un amour plus intense encore que dans la Création et la Rédemption elles-mêmes. Étant donné que notre amour jaillissant débordait hors de nous, nous avons ressenti le besoin que l’amour fasse les premiers pas vers la créature. Aussi, lorsque je commençai à te manifester les premières vérités sur la Divine Volonté, je la pressai fortement de faire les premiers pas parmi les créatures ; et j’ai centralisé ses pas en toi au moyen de ses connaissances. Et lorsque je vis que tu plaçais tes pas dans ceux du divin Fiat, je me suis réjoui et j’ai fêté ; et en te manifestant plus de vérités à son sujet, je poussais le divin Fiat à faire encore d’autres pas. Par conséquent, les nombreuses vérités que je t’ai dites sur ma Volonté sont autant de pas que j’ai fait faire à mon Fiat dans le but d’opérer son retour parmi les créatures comme vie opérante. C’est pourquoi je t’en ai dit autant, au point que l’on peut dire que le ciel et la terre sont remplis des pas des connaissances de ma Volonté ; et, réunis tous ensemble, ils forment la mer de lumière dans ton âme, qui déborde hors de toi pour faire son chemin parmi les créatures. Ces pas se multiplieront dans la mesure où les vérités sur ma Volonté seront reconnues, car je ne manifeste jamais une vérité sans vouloir en faire don, sans donner la vie et le bien qu’elle contient. C’est pourquoi, jusqu’à ce que ma Divine Volonté soit connue avec toutes ses connaissances, ses pas seront entravés, et le bien qu’elle veut faire aux créatures sera suspendu.

            Si tu savais combien il est douloureux de pouvoir faire le bien, de se mettre en position de le faire, et d’avoir à le laisser en suspens parce qu’il n’est pas connu, d’attendre et d’attendre encore, et de languir après celui qui voudra le faire connaître afin de pouvoir se libérer du poids de ce bien que l’on veut donner – oh ! comme tu te hâterais de faire connaître tous les pas de mon Fiat ! Et plus encore, étant donné que ces pas apporteront non pas des remèdes, de l’aide ou des médicaments – mais la plénitude de vie, de lumière, de sainteté et la totalité des biens ; et mon amour jaillissant et inondant le monde entier restaurera l’ordre de la Création et le règne de ma Volonté au cœur de la famille humaine. 

            Après quoi mon doux Jésus s’est fait voir avec son divin Cœur d’où partaient de nombreux rayons de lumière ; chaque connaissance sur la Divine Volonté était imprimée sur le point d’où sortaient les rayons, formant ainsi une merveilleuse couronne de gloire et de lumière autour du divin Cœur. Et mon bien-aimé Jésus ajouta : 

            Ma fille, regarde la belle couronne de gloire et de lumière que possède mon Cœur ! Il ne pourrait y en avoir de plus belle ni de plus resplendissante. Ces rayons sont toutes les connaissances sur ma Volonté ; pourtant, ces rayons sont entravés – ils ne peuvent se répandre parce que leurs connaissances ne sont pas connues, et c’est pourquoi ils ne peuvent s’étendre pour remplir la terre entière de leur lumière. C’est comme si les rayons du soleil, qui partent de sa sphère, étaient contraints de rester suspendus en l’air sans pouvoir s’étendre pour toucher la terre et la revêtir de sa lumière et de sa chaleur. Incapable d’étendre ses rayons, le soleil ne pourrait pas donner les effets que contient sa lumière et la terre ne pourrait pas non plus les recevoir. Il y aurait une certaine distance entre la terre et la lumière du soleil, et cette distance empêcherait le soleil de faire du bien à la terre qui resterait stérile et infertile. Telles sont les connaissances sur mon Fiat : si on ne les fait pas connaître, leurs rayons ne peuvent pas s’étendre et prendre pour ainsi dire les âmes dans leurs mains pour les réchauffer, les sortir de la torpeur de la volonté humaine, les remodeler, les transformer à nouveau dans la vie que mon Fiat veut leur insuffler ; car ces connaissances sont et contiennent la nouvelle création de transformation des créatures telles que sorties de nos mains créatrices.

3.  1er avril 1928 — Nécessité d’une mise l’épreuve ; ce que sera l’épreuve pour les enfants du divin Royaume. Celui qui vit dans la Divine Volonté offre à Dieu des actes royaux. La longue histoire de la Divine Volonté. Exemple.

           Mon abandon à la Divine Volonté est continuel ; mais alors que j’y étais tout entière abandonnée, je pensais en moi-même : « Quelle sera la preuve que demandera Jésus de ceux qui vivront dans le Royaume de la Divine Volonté ? Si Jésus veut de tous une preuve de loyauté pour confirmer l’état auquel il les appelle et pour être certain de pouvoir confier à la créature les biens qu’il veut lui donner, il exigera bien plus encore cette preuve des enfants de son Royaume, qui sera l’état le plus sublime qui puisse exister. » Je pensais à cela lorsque mon toujours aimable Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, il ne peut en effet y avoir de certitude sans mise à l’épreuve, et lorsque l’âme réussit cette épreuve, elle reçoit la confirmation de mes desseins avec tout ce qui lui est nécessaire et qui lui convient pour vivre dans l’état où je l’ai appelée. C’est pourquoi j’ai voulu mettre Adam à l’épreuve – afin de confirmer son heureux état et son droit de domination sur toute la Création ; et comme il n’a pas été fidèle dans l’épreuve, il est juste qu’il n’ait pas pu recevoir la confirmation des biens que le Créateur voulait lui donner. De fait, c’est par l’épreuve que l’homme acquiert le sceau de fidélité qui lui donne le droit de recevoir les biens que Dieu a établi de lui donner dans l’état auquel l’âme a été appelée par lui. On peut dire que celui qui n’a pas été mis à l’épreuve n’a aucune valeur – ni devant Dieu ni devant les hommes ni devant lui-même. Dieu ne peut pas faire confiance à l’homme sans l’éprouver, et l’homme lui-même ne sait pas qu’elle est sa propre force. 

            Si Adam avait réussi dans cette épreuve, toutes les générations humaines auraient été confirmées dans leur état de bonheur et de royauté. Moi-même, de la même manière, aimant ces enfants de ma Divine Volonté d’un amour tout spécial, j’ai voulu passer cette épreuve pour tous dans mon Humanité, en leur réservant comme seule épreuve de ne jamais leur permettre de faire leur volonté, mais uniquement et toujours ma Volonté, afin de reconfirmer pour eux tous les biens nécessaires pour vivre dans le Royaume de mon divin Fiat. Je leur ai ainsi fermé toutes les portes de sortie ; je les ai ointes d’une force invincible, de sorte que rien d’autre ne pourra franchir les très hautes barrières de mon Royaume. En fait, lorsque je commande que quelque chose ne devrait pas être fait, c’est une porte que je laisse par laquelle la volonté humaine peut trouver une sortie ; c’est une occasion qui reste toujours à la créature, et qui lui permet de sortir de ma Volonté. Mais lorsque je dis « Hors d’ici, il n’y a pas de sortie », toutes les portes restent fermées, sa faiblesse est réconfortée, et la seule chose qui reste à la créature, c’est la décision d’entrer pour ne jamais en sortir – ou de ne pas entrer du tout. Par conséquent, pour vivre dans le Royaume de ma Volonté, il n’y aura que la décision à prendre – c’est la décision qui produira l’acte accompli. N’est-ce pas ce que je fais avec toi ? Est-ce que je ne crie pas constamment des profondeurs de ton cœur « Que rien n’entre ici que ma seule Volonté » ? Centre de vie, avec sa force omnipotente et son éblouissante lumière, ma Volonté garde toutes choses à l’extérieur de toi, elle fait couler dans tous tes actes son mouvement primordial de vie, elle domine et règne en reine.

            Après quoi, je suivais les actes de la Divine Volonté dans toute la Création pour les apporter en hommage à mon Créateur. Un mouvement de vie coulait dans toutes les choses créées qui les réunissait toutes et mettait tout en mouvement. J’étais surprise et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, ce mouvement de vie dans toute la Création est ma Volonté qui fait se mouvoir toutes choses et les tient toutes comme en sa main de vie. Combien ce mouvement est long ! – et quoique multiple, il est un. Par conséquent, l’histoire de ma Volonté est longue, et ton travail en composant son histoire devient extrêmement long. Et autant tu aimerais abréger ton discours, autant il t’est difficile de le faire, car son mouvement qui fait se mouvoir continuellement toutes choses a tant à dire sur tout ce qu’elle a fait durant sa très longue histoire que malgré tout ce qu’elle a déjà dit, il semble que ce ne soit encore rien. Et comme tous les mouvements, toutes les vies et tous les domaines lui appartiennent, ma Volonté a bien des façons de raconter sa longue histoire. Tu seras la narratrice et la porteuse de l’histoire d’une Volonté éternelle qui, en te racontant son histoire, te mêlera à elle pour te donner la vie de ses actes et te communiquer, autant qu’il t’est possible, son mouvement et les biens qu’elle contient. Tu dois par conséquent savoir que celui qui vit dans ma Volonté offre des actes royaux à l’éternelle Majesté – des actes qui ne peuvent se trouver que dans le divin et royal palais de ma Volonté. Lorsque la créature apparaît devant nous avec les actes royaux que notre Volonté accomplit dans toute la Création, c’est alors seulement que nous nous sentons honorés par elle – ces actes sont divins, dignes de notre Majesté. Par contre, celle qui ne vit pas dans notre Volonté, quel que soit le bien qu’elle puisse faire, ne nous offre toujours que des actes humains et non divins – des actes qui nous sont inférieurs parce que l’acte royal de notre divin Fiat ne coule pas en eux.

            Il en est comme d’un roi servi par un de ses pages qui lui apporte des choses venues de son palais royal. Bien que ces choses viennent de lui, le roi se sent honoré, car s’il boit, il boit de son eau pure et claire venant de ses vases d’or bien propres ; s’il mange, ce sont des aliments dignes de lui, servis sur des plats d’argent ; s’il s’habille, on lui apporte des vêtements royaux qui conviennent à un roi. Le roi est heureux et satisfait, car on lui a servi des choses royales qui lui appartiennent. Par contre, il y a un autre page qui sert le roi, mais lorsque le roi veut boire, ce page va dans sa misérable demeure chercher une eau trouble qu’il rapporte dans des vases d’argile pas très propres ; si le roi veut manger, il lui rapporte des aliments grossiers, dans des plats dégoûtants ; si le roi veut se vêtir, il lui présente des vêtements rudimentaires, indignes d’un roi. Le roi n’est ni heureux ni honoré d’être servi par ce page ; il ressent plutôt une douleur dans le cœur et dit : « Comment cela se peut-il. J’ai mes propres biens royaux et celui-là ose me servir ces choses misérables de sa propre maison ?» Le premier page est celui qui vit dans ma Volonté ; le second vit dans la volonté humaine. Que la différence est grande entre les deux !

4.  4 avril 1928 — Comment la parole est toute en Dieu. La connaissance est porteuse de l’acte divin et de la possession des biens divins pour la créature. Remède que Jésus prescrivait.

           Je faisais ma ronde dans le divin Fiat et bien des choses au sujet de la suprême Volonté me passaient par l’esprit ; alors, je me disais : « Comment se fait-il que si les connaissances sur la Divine Volonté deviennent connues, le Royaume pourra alors venir ? S’il a tant fait pour la venue du Royaume de Rédemption – la simple connaissance de la Rédemption n’a pas suffi et il a dû travailler, souffrir, mourir, faire des miracles… –  les connaissances seules seront-elles suffisantes pour le Royaume du divin Fiat qui est plus grand que la Rédemption ? » Je pensais à cela lorsque mon aimable Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, pour former la plus petite chose, les créatures ont besoin de matière première, de travail, et doivent procéder par étapes ; mais Dieu, ton Jésus, n’a besoin de rien pour créer et former les plus grandes œuvres et l’univers entier. Pour nous, la parole est tout. L’univers tout entier n’a-t-il pas été créé par une seule parole ? Et pour que l’homme puisse jouir de l’univers tout entier, il suffisait de le connaître. Telles sont les voies de notre sagesse : pour donner, nous nous servons de la parole ; et l’homme, pour recevoir, doit savoir ce que nous avons dit et fait avec notre parole. En fait, si un peuple ne connaît pas toutes les variétés des plantes répandues sur toute la terre, il ne peut pas profiter ni être le propriétaire des fruits de ces plantes, parce que dans notre Parole, il n’y a pas seulement la puissance créatrice, mais unie à celle-ci, se trouve la puissance communicative – la puissance de communiquer aux créatures tout ce que nous avons dit et fait. Mais si elles ne le savent pas, rien ne leur est donné. Qu’est-ce que l’homme a ajouté afin de jouir de la lumière du soleil et d’en recevoir les effets ? Rien. Et il n’a rien ajouté non plus à l’eau qu’il boit, au feu qui le réchauffe et à toutes les autres choses créées par moi. Cependant, il avait besoin de les connaître, sinon cela aurait été pour lui comme si elles n’existaient pas. 

            La connaissance est porteuse de la vie de notre acte et de la possession de nos biens pour les créatures. C’est pourquoi les connaissances sur ma Volonté ont la vertu de former son Royaume parmi les créatures, car tel était notre dessein en les manifestant. Et si dans la Rédemption j’ai voulu descendre du Ciel pour prendre chair humaine, c’est parce que je voulais descendre dans tous les actes humains afin de les réordonner. De plus, comme Adam s’était retiré de notre Volonté pour satisfaire son humanité, et qu’en faisant cela il s’était lui-même désordonné complètement, il avait perdu son état originel ; et il m’a fallu suivre le même chemin : descendre dans une Humanité afin de la réordonner ; et tout ce que j’ai fait dans cette Humanité devait servir de remède, de médication, d’exemple, de miroir, de lumière afin de pouvoir remettre en ordre une humanité en ruine. Or, ayant fait tout ce qui était nécessaire, et plus encore, si bien que je n’avais plus rien d’autre à faire – j’avais tout fait, et je l’avais fait comme Dieu, de façon surprenante et avec un amour invincible afin de réordonner cette humanité en ruine ; et l’homme ne peut pas dire : « Jésus n’a pas fait cela pour guérir, nous remettre en ordre et nous mettre en sûreté » – et tout ce que j’ai fait dans mon Humanité n’était que la préparation et les remèdes que je prescrivais pour que la famille humaine puisse se rétablir et revenir à l’ordre de ma Divine Volonté.

            Ainsi, après deux mille ans de remède, il est juste et convenable pour nous et pour l’homme qu’il ne soit plus malade, mais de nouveau en bonne santé afin de pouvoir entrer dans le Royaume de notre Volonté. C’est pourquoi les connaissances sur notre Volonté étaient nécessaires – afin que notre puissance créatrice qui parle et crée, parle et communique, parle et transforme, parle et gagne, puisse parler et former de nouveaux horizons, faire se lever de nouveaux soleils pour chaque connaissance qu’elle manifeste, de façon à former un si grand nombre de doux enchantements que la créature, stupéfaite, sera conquise et revêtue de la lumière de mon éternelle Volonté. De fait, il ne manque rien d’autre à la venue de son Royaume que l’échange d’un baiser entre les deux volontés, l’une se dissolvant dans l’autre, ma Volonté qui donne, et la volonté humaine qui reçoit.

            Par conséquent, tout comme ma parole a suffi pour créer l’univers, elle sera suffisante pour créer le Royaume de mon Fiat. Mais il est nécessaire que les paroles que j’ai dites et les connaissances que j’ai manifestées soient connues pour pouvoir communiquer le bien que contient ma parole créatrice. C’est pourquoi j’insiste tellement pour que les connaissances sur ma Volonté et le dessein en vue duquel je les ai manifestées soient connus – afin de pouvoir réaliser le Royaume que je désire tant donner aux créatures. Et je remuerai Ciel et terre pour atteindre ce but. 

5.  6 avril 1928 — Comment l’âme peut se placer dans la divine unité. L’exemple du soleil. Répétitrice du Créateur. Comment Dieu donne à petites gorgées. Nécessité pour les connaissances de faire leur chemin.

            Je pensais au divin Fiat pour m’unir à son unité afin de pouvoir compenser pour cette unité des volontés qui manque entre le Créateur et la créature. Et je me disais : « Est-ce qu’il m’est possible d’aller jusqu’à pénétrer dans l’unité de mon Créateur ? » Et Jésus, se manifestant en moi, me dit : 

            Ma fille, lorsque l’âme se place dans l’unité de ma Volonté, c’est comme si elle se plaçait dans la sphère du soleil. Regarde le soleil, il est un ; de la hauteur de sa sphère, il ne fait qu’un seul acte, mais la lumière qui descend embrasse toute la terre, et par les effets de sa lumière, il produit des actes innombrables et multiples. Il revêt pratiquement chaque chose, chaque plante ; il lui donne son étreinte de lumière et il lui dit : « Que désires-tu, de la douceur ? Je te la donne. Et toi ? De la chaleur ? La voici. Et toi, du parfum ? Je te le donne également. Sa lumière se déverse avec passion presque sur chaque chose, et il lui donne ce qui convient à sa nature pour former sa vie et croître en accord avec l’ordre créé par Dieu. Et pourquoi tout cela ? Parce que sa sphère contient tant de lumière ainsi que toutes les semences et tous les effets de toutes les choses et de toutes les plantes répandues sur la surface de la terre. 

            Or cela symbolise l’âme qui veut vivre dans l’unité de notre Volonté. Elle s’élève alors dans la sphère de l’éternel Fiat qui contient tant de lumière que rien ne peut lui échapper, et qui possède toutes les semences des vies des créatures. Sa lumière revêt et façonne chacune d’elles, et prie que toutes puissent recevoir la vie, la beauté et la sainteté voulues par leur Créateur. Et l’âme, de cette sphère, fait partie de toutes les créatures et se donne à toutes. Elle répète notre acte qui est un, mais cet acte unique a la vertu de tout faire et de se donner à toutes, comme si chacune l’avait à sa disposition et le possédait pleinement en propre. En fait, l’unité est en nous une nature, et dans l’âme, elle peut être une grâce ; et nous nous sentons multipliés dans l’âme qui vit dans notre unité. Oh ! comme il nous plaît de voir la petitesse de la créature monter, puis descendre et se répandre dans notre unité pour être la répétitrice de son Créateur !

            Après quoi, je me demandais comment mon bienheureux Jésus ferait venir le Royaume de sa Volonté : comment la créature pourrait embrasser tout ensemble et presque d’un seul coup tant de connaissances sur sa Volonté, des biens si grands, des manières si divines, une beauté et une sainteté qui contiennent le reflet de la ressemblance avec son Créateur ? Je pensais à tout cela lorsque mon bien-aimé Jésus se manifesta en moi et me dit : 

            Ma fille, de par sa nature, la créature ne peut recevoir tout ensemble un si grand bien, une lumière sans limites ; elle doit le prendre par petites gorgées et attendre d’avoir avalé la première avant d’en prendre une autre. Et si elle devait tout prendre d’un seul coup – la pauvre serait noyée et forcée de reverser ce qu’elle ne peut contenir en attendant d’avoir digéré le peu qu’elle a pris, afin qu’il puisse circuler comme du sang dans ses veines et que son humeur vitale se répande dans toute sa personne pour la disposer à prendre une autre gorgée. N’est-ce pas l’ordre que j’ai suivi avec toi en te manifestant petit à petit ce qui concerne mon éternel Fiat en commençant par la première leçon, puis la seconde, la troisième, et ainsi de suite ? Et après avoir bien mâché et avalé la première, la laissant couler comme du sang dans ton âme, je préparais la seconde leçon et ma Volonté formait en toi les premiers actes de vie. Et je célébrais sa gloire en accomplissant le dessein de la Création, attendant impatiemment de pouvoir te donner d’autres sublimes leçons et te comblant tellement que tu ne savais plus où prendre pour les répéter.  

            Je ferai la même chose pour former le Royaume de ma Divine Volonté. Je commencerai par les premières leçons que je t’ai données, et si je veux qu’elles commencent à être connues, c’est pour qu’elles puissent faire leur chemin, préparer et disposer les âmes afin que peu à peu elles puissent désirer ardemment entendre d’autres leçons en raison du grand bien qu’elles ont reçu des premières. C’est pourquoi j’ai préparé d’aussi longues leçons sur ma Volonté – car elles renferment le dessein primordial pour lequel l’homme et toutes choses ont été créés, et la vie même que l’homme doit mener dans ma Volonté. Sans ma Volonté, c’est comme si l’homme ne possédait pas la vie véritable, mais une vie qui lui est presque étrangère et par conséquent pleine de dangers, de malheurs et de misères. Le pauvre, sans la vie de ma Volonté, il aurait mieux valu pour lui qu’il ne soit pas né. Mais pour son plus grand malheur, il ne connaît même pas sa vraie vie, car jusqu’à présent, il n’y a eu personne pour briser le pain véritable des connaissances de ma Volonté de façon à former le sang pur et permettre à sa vie véritable de croître dans la créature. Ils ont brisé pour lui un pain rassis et médicamenteux qui, s’il ne l’a pas tué, ne lui a pas permis de grandir en bonne santé, vigoureux et fort d’une force divine, comme le fait le pain de ma Divine Volonté. Ma Volonté est la vie, et elle a la vertu de donner sa vie ; elle est lumière et elle dissipe les ténèbres ; elle est immense et elle prend l’homme de tous côtés pour lui donner force, bonheur, sainteté, de telle sorte que tout est sécurité autour de lui. Ah ! tu ne sais pas quels trésors de grâce se cachent dans ces connaissances – tout le bien qu’elles apporteront aux créatures, et c’est pourquoi tu ne montres pas d’intérêt à ce qu’elles commencent à faire leur chemin pour donner le départ à la formation du Royaume de ma Volonté.

6.  12 avril 1928 — Analogie entre le Paradis et le Calvaire. Un royaume ne peut pas être formé par un seul acte. Nécessité de la mort et de la résurrection de Notre Seigneur.

            Je faisais ma ronde dans le divin Fiat et j’accompagnais mon doux Jésus dans les douleurs de sa Passion, en le suivant jusqu’au Calvaire. Mon pauvre esprit s’arrêta pour penser aux atroces souffrances de Jésus sur la Croix, et lui, se manifestant en moi, me dit : 

            Ma fille, le Calvaire est le nouveau Paradis terrestre où l’humanité retrouve ce qu’elle avait perdu en se retirant de ma Volonté : au Paradis, l’homme a perdu la grâce, sur le Calvaire, il l’acquiert. Au Paradis, le Ciel lui a été fermé, il a perdu son bonheur et s’est rendu l’esclave de l’ennemi infernal ; ici, dans le nouveau Paradis, le Ciel lui est ouvert à nouveau, il retrouve la paix et le bonheur perdus, le démon est enchaîné alors que l’homme est délivré de son esclavage. Au Paradis, le soleil du divin Fiat s’est assombri et il a fait toujours nuit pour l’homme – symbole du soleil qui s’est retiré de la face de la terre durant les trois heures de ma terrible agonie sur la Croix. Incapable de soutenir le tourment de son Créateur – causé par la volonté humaine qui, avec une grande perfidie, avait réduit mon Humanité à cet état – horrifié, le soleil s’est retiré et, lorsque j’eus poussé mon dernier soupir, il apparut de nouveau et poursuivit sa course de lumière. De la même manière, le soleil de mon Fiat, mes souffrances, ma mort, rappelèrent le soleil de ma Volonté pour régner sur les créatures.

            C’est pourquoi le Calvaire forma l’aube qui rappela le soleil de mon éternelle Volonté afin qu’elle brille de nouveau au milieu des créatures. L’aube veut dire la certitude que le soleil va se lever ; de la même manière, l’aube que j’ai formée sur le Calvaire assure, bien que deux mille ans soient passés, qu’elle rappellera le soleil de ma Volonté pour régner à nouveau parmi les créatures. Au Paradis, elles ont vaincu mon Amour ; ici, c’est lui qui triomphe et conquiert les créatures. Dans le premier Paradis, l’homme reçoit la condamnation à mort de son âme et de son corps ; dans le second Paradis, il est relevé de sa condamnation, et la résurrection des corps est reconfirmée par la résurrection de mon Humanité. Il y a de nombreux rapports entre le Paradis terrestre et le Calvaire – ce que l’homme a perdu là-bas, il le réacquiert ici. Dans le Royaume de mes souffrances, tout est rendu, et l’honneur et la gloire de la pauvre créature sont reconfirmés par mes souffrances et par ma mort. 

            En se retirant de ma Volonté, l’homme a formé le royaume de ses maux, de ses faiblesses, de ses passions et de ses misères ; et j’ai voulu venir sur terre, j’ai voulu souffrir grandement, j’ai permis que mon Humanité soit lacérée, sa chair déchirée, qu’elle ne soit qu’une plaie. Et j’ai même voulu mourir pour former, par mes nombreuses souffrances et ma mort, le Royaume opposé aux nombreux maux que la créature avait formés pour elle-même. Un royaume n’est pas formé par un seul acte, mais par de nombreux actes qui se succèdent ; et plus il y a d’actes, plus le royaume devient grand et glorieux. C’est pourquoi ma mort était nécessaire à mon amour ; par ma mort, je devais donner le baiser de vie aux créatures, et par mes nombreuses plaies, je devais laisser sortir tous les biens afin de former le Royaume des biens pour les créatures. Ainsi, mes plaies sont des sources d’où jaillissent des biens, et ma mort est une source de vie jaillissante pour toutes les créatures.

            Et tout comme ma Mort, ma Résurrection était nécessaire à mon Amour, car en faisant sa volonté, l’homme avait perdu la vie de ma Volonté et je voulais ressusciter afin de former non seulement la résurrection du corps, mais en elle la résurrection de la vie de ma Volonté. Si je n’étais pas ressuscité, la créature n’aurait pas pu ressusciter dans mon Fiat ; il lui aurait manqué la vertu – le lien de sa résurrection dans la mienne, et mon Amour se serait senti incomplet. J’aurais eu le sentiment que je pouvais faire quelque chose de plus que je ne faisais pas, et je serais resté avec le dur martyre d’un amour qui n’est pas complet. Si donc l’homme ingrat ne profite pas de tout ce que j’ai fait, le mal est tout entier le sien, mais mon Amour connaît son triomphe et en jouit pleinement.

7.  16 avril 1928 — La volonté humaine est symbolisée par une semence gâtée. Comment la Divine Volonté possède la vertu de restaurer la vie originelle de cette semence. Écho divin parmi les créatures.

            Je réfléchissais à la Divine Volonté et mille pensées me trottaient dans la tête : comment son Royaume peut-il venir ? Comment les créatures seront-elles capables de recevoir un bien si grand et de s’élever aussi haut pour entrer dans ce Fiat d’où est sortie la Création ? Mais je pensais à tout cela lorsque mon bien-aimé Jésus se manifesta en moi et me dit : 

            Ma fille, ma Volonté possède la vertu de purifier, nettoyer, embellir et changer la nature elle-même. La volonté humaine est comme une semence gâtée en dedans, alors qu’elle semble bonne à l’extérieur. Le vêtement qui la recouvre semble en bon état, mais si on le retire, on s’aperçoit que telle semence est à moitié pourrie, et telle autre vide. D’autres encore qui possèdent la vie ne l’exposent pas au soleil et au vent, et elle finit par pourrir. Par contre, si elle est exposée au soleil et au vent, la lumière, la chaleur et le vent détacheront la partie gâtée, purifieront la semence et lui donneront une vie nouvelle. 

            Telle est la volonté humaine – une semence gâtée, pleine de fumée et de pourriture, à moitié putréfiée. Cependant, toutes les semences ne sont pas complètement mortes – certaines ont encore un filet de vie ; et si celles-là sont exposées au soleil de ma Divine Volonté, sa lumière, sa chaleur et son vent pénétrant investiront la semence de la volonté humaine et la lumière et la chaleur nettoieront la semence en retirant ce qui est gâté. Ils la rempliront de vie, et le vent dominant de mon Fiat jouera avec elle, l’élevant jusqu’à l’enclore dans ce Fiat d’où il est sorti ; et avec sa vertu, il changera la nature de la semence en lui rendant sa vie originelle. Il lui suffit pour cela de s’exposer au soleil de ma Volonté et aux rayons brûlants et éclatants de ses connaissances, de se laisser investir, caresser par sa lumière, réchauffer par sa chaleur, transporter par la force de son vent afin que le Royaume de ma Volonté puisse venir sur terre.

            Ces prérogatives sont aussi celles de l’ordre naturel. Si l’air que l’on respire est lourd et oppressant, un souffle de vent suffit pour vider l’air de ce poids et nous permettre de respirer un air pur. Si l’on ressent une chaleur excessive ou un froid glacial, un souffle de vent suffit pour tempérer cette chaleur ou atténuer ce froid. Si d’épais nuages recouvrent l’horizon, le vent et le soleil suffisent à les dissiper et à faire réapparaître le bleu du ciel, plus beau que jamais. Si un champ menace de pourrir à cause des eaux stagnantes, un fort vent suffit à le sécher, et la lumière et la chaleur du soleil peuvent lui redonner vie. Si la nature peut faire cela, animée par la puissance de ma Volonté, ma Volonté le peut plus encore sur les âmes qui se laissent investir par elle. Ma Volonté va les remodeler par sa chaleur, elle détruira ce qui était gâté en elles ; et soufflant sur elles avec sa lumière, elle leur enlèvera le poids de la volonté humaine en les ramenant à leur nature originelle. Lorsque Adam a péché, corrompant la semence de sa volonté, si ma Volonté ne s’était pas retirée de lui, sa lumière et sa chaleur auraient pu le restaurer immédiatement ; mais la justice exigeait qu’il ressente les effets de sa semence corrompue et, par conséquent, lorsque ma Volonté se retira, il ne ressentit plus dans son âme la lumière et la chaleur pour être restauré et protéger de la corruption la semence de sa volonté. N’est-ce pas là le Royaume de ma Volonté – son ardent désir de revenir parmi les créatures et, mieux qu’un soleil, de chasser la corruption hors de leurs semences afin de pouvoir régner et dominer au sein de la famille humaine ?

            Je continuais après cela à penser au suprême Fiat et mon aimable Jésus ajouta:

            Ma fille, en prononçant le Fiat de la Création, ma Divine Volonté en forma l’écho. En se répercutant à travers l’espace vide de l’univers tout entier, cet écho divin portait avec lui toutes nos qualités, et il remplit le Ciel et la terre de notre amour. En sortant de notre Fiat, cet écho créa les choses les plus belles – les cieux, les soleils, les vents, les mers et beaucoup d’autres choses. Cet écho demeura en chaque chose créée, et il maintient la vie du ciel bleu avec toutes les étoiles ; il maintient la vie du soleil et, poursuivant son écho de lumière et de chaleur, il le garde plein de lumière, entier et magnifique, tel qu’il le créa. Chaque chose créée garde ainsi l’écho de notre Fiat qui est son commencement et sa préservation. C’est pourquoi elle préserve l’ordre, la puissance, l’harmonie et la magnificence de nos œuvres. Chaque fois que la Divinité veut opérer et reproduire, serait-ce notre vie même, notre Fiat forme l’écho et cet écho crée et forme tout ce que nous voulons. Tu le vois aussi dans l’institution du sacrement de l’Eucharistie où notre Fiat a formé l’écho ; l’écho investit le pain et le vin pour former en eux mon Corps, mon Sang, mon Âme et ma Divinité. Cet écho résonne encore en chaque hostie, et ma vie sacramentelle est continuellement perpétuée.

            Or cet écho résonnait dans la création de l’homme ; mais en se retirant de notre Volonté, l’homme a perdu l’écho – il n’a plus ressenti à l’intérieur et à l’extérieur de lui le son doux, puissant et harmonieux qui avait la vertu de le préserver tel qu’il était sorti de nos mains créatrices ; il est alors devenu faible et disharmonieux. Pauvre homme, sans l’écho de notre Fiat qui lui avait donné la vie, il était incapable de se réordonner, il ne sentait plus en lui l’écho de la lumière de son Créateur, l’écho de l’amour, de l’ordre, de la puissance, de la sagesse, des douceurs et des bontés divines. Sans l’écho de notre Fiat, l’homme devenait comme un enfant qui grandit sans une maman, qui n’a personne pour lui apprendre à parler et à marcher ; ou comme un élève qui n’a pas de maître pour lui apprendre à lire et à écrire ; et s’il fait quelque chose par lui-même, ce sera désordonné. Tel est l’homme sans l’écho de notre Fiat – un enfant sans mère, un élève sans maître. Mais si l’âme continue à appeler ma Volonté comme commencement de tout son être, elle sentira son écho divin. Cet écho la rappellera à son commencement et, résonnant en elle, il réordonnera à nouveau ; et tout comme notre écho s’est retiré de l’homme parce qu’il s’est soustrait à notre Volonté, de la même manière, alors que les âmes le reconnaissent, l’aiment et ne veulent rien d’autre que notre divin Fiat, l’écho de notre Volonté reviendra parmi les créatures. Le Royaume de notre divin Fiat est exactement cela : le retour de notre écho divin ; non pas l’écho lointain qui a souvent résonné aux oreilles de l’homme lorsqu’il se retira de notre Volonté, mais l’écho continuel qui résonnera dans les profondeurs des âmes et qui, en les transformant, formera en elles une vie divine pour rendre l’homme à l’ordre dans lequel il a été créé.

8.  22 avril 1928 — Lorsque les vérités ne sont pas prises en considération, leur vie est avortée. Comment l’amour de la Reine souveraine est répandu dans toute la Création parce que, dans son mouvement infini, le Fiat le diffusa partout. Les maux de la volonté humaine.

           Je continue mon abandon dans la Divine Volonté, avec le tourment presque continuel de la privation de mon doux Jésus. Je sentais couler dans mon pauvre esprit la mer de lumière du Fiat qui semblait vouloir dire quelques vérités. Mais la douleur que je ressentais de la privation de Jésus était si grande que je ne voulais pas porter attention à la lumière qui voulait me parler. Et mon bien-aimé Jésus se manifesta en moi et, me serrant dans ses bras, il me dit : 

            Ma fille, lorsque la lumière de mon Fiat veut se manifester et que l’âme ne la prend pas en considération, la lumière à laquelle elle veut donner naissance pour la communiquer aux créatures est avortée, et elles ne reçoivent pas la lumière de cette naissance de lumière ; et si tu savais ce que signifie être la cause d’un avortement de notre lumière !...

            Tu dois savoir que lorsque notre Fiat veut manifester une vérité, il met tout notre Être en activité et, débordant d’amour, de lumière, de puissance, de sagesse, de bonté et de beauté, il forme la naissance de la vérité qu’il veut livrer. Et comme toutes nos qualités se mettent en action, nous ne pouvons pas contenir cette vérité et nous lui donnons naissance afin d’en faire don à la créature. Et si la créature ne prend pas cette vérité en considération, elle provoque l’avortement de notre amour et de notre lumière ; elle cause l’avortement de notre puissance, de notre beauté, de notre sagesse et de notre bonté en les faisant mourir à leur naissance. Elle perd cette chère naissance et ne reçoit pas de nous la vie que nous voulions lui donner au moyen de cette vérité ; et il nous reste la tristesse d’avoir avorté et le sentiment de voir revenir en nous le bien que nous voulions donner aux créatures. En fait, si la créature avorte, elle perd cette naissance, alors que nous ne la perdons pas, car elle rentre en nous, et c’est pour la créature qu’elle est avortée. Par conséquent, sois attentive lorsque tu sens que la mer de lumière de mon Fiat forme ses vagues pour déborder à l’extérieur et donner naissance à ses vérités.

            Après cela, je ne me sentais plus bonne à rien et j’ai prié la Reine souveraine de venir à mon secours – de me prêter son amour pour que je puisse aimer mon doux Jésus avec son amour de Mère. Et Jésus ajouta : 

            Ma fille, l’amour de la Céleste souveraine est répandu dans la Création tout entière, car ce Fiat, à peine prononcé, qui avait libéré dans tout l’univers la grande variété de nos œuvres et leur avait donné vie, demeurait en elle. Elle a exhalé son amour et tous ses actes dans ce divin Fiat qui, ne sachant pas faire de petites, mais uniquement de choses grandes, et sans limites, diffusa dans son mouvement infini l’amour et tous les actes de la céleste Maman dans les cieux, dans les étoiles, dans le soleil, dans le vent et dans la mer – partout et en toutes choses. Son amour est répandu partout, ses actes se trouvent en tous lieux, car mon Fiat les diffusa partout et anima toute chose de son amour et de ses actes. Je ne serais pas satisfait et je ne me sentirais ni aimé ni honoré si je ne trouvais pas en toute chose, et même sous la terre, l’amour et la gloire que ma Maman m’a donnés. Ce serait un amour brisé et une gloire divisée si je ne la trouvais pas dans toute la Création ; de plus, comme je l’avais aimée en toutes choses, il était juste que je trouve son amour diffusé partout et dans l’acte de m’aimer et de me glorifier. Et un amour brisé qui ne me poursuivrait pas partout n’aurait pas pu faire en moi son chemin, et elle n’aurait pas pu me faire descendre du Ciel sur la terre dans l’étroite prison de son sein maternel.  

            Ses chaînes d’amour étaient aussi nombreuses que les choses que j’avais créées, de sorte que je descendis du Ciel comme un roi, tout orné et entouré des chaînes d’amour de la Reine du Ciel. Et si son amour a atteint une telle étendue, elle le doit à mon divin Fiat qui, régnant en elle en Souverain, a capturé son amour dans ma Volonté pour le répandre partout, et tous ses actes ont reçu l’ombre des actes divins. Par conséquent, si tu veux l’amour de la Maman Reine, laisse mon Fiat régner en toi, diffuse en lui ton amour et ton être tout entier afin que mon Fiat, capturant ton petit amour et tout ce que tu fais, puisse l’étendre ; et en l’apportant là où il est présent – c'est-à-dire partout – mon Fiat puisse trouver ton amour uni à l’amour de ma Maman. De cette façon, tu me donneras la satisfaction de ce que la petite fille de ma Volonté ne me donne pas un amour brisé et divisé, mais un amour en toutes choses en en tous lieux.

            Après quoi, je me disais : « Mais quel mal la créature peut-elle faire quand elle fait sa volonté ? » Et Jésus ajouta : 

            Ma fille, ce mal est grand. Ma Volonté est lumière, alors que la volonté humaine est ténèbres ; ma Volonté est sainteté, alors que la volonté humaine est péché ; ma Volonté est beauté et contient tous les biens, alors que la volonté humaine est laideur et contient tous les maux. Par conséquent, en ne faisant pas ma Volonté, l’âme fait mourir la lumière et donne la mort à la sainteté, à la beauté et à tous les biens ; et en faisant sa volonté, elle fait surgir les ténèbres et donne vie au péché, à la laideur et à tous les maux. Et pourtant, faire sa propre volonté ne semble rien aux créatures, alors qu’elles se creusent elles-mêmes un abysse de maux qui les conduit au précipice. Or, cela te semble-t-il de peu d’importance qu’alors que ma Volonté leur apporte sa lumière, sa sainteté, sa beauté et tous ses biens, et uniquement parce qu’elle aime ses créatures – elle reçoit l’affront de voir sa lumière, sa sainteté, sa beauté et tous ses biens mourir en elles ? Mon Humanité a tant ressenti cette mort que la volonté humaine a donnée à la lumière et à la sainteté de sa Volonté dans les créatures qu’on peut dire que ce fut la vraie mort qu’elle ressentit, car elle éprouvait le tourment et le poids de la mort d’une lumière et d’une sainteté infinies que les créatures avaient osé détruire en elles-mêmes. Et mon Humanité gémissait et se sentait écrasée par autant de morts que les créatures avaient osé donner la mort à la lumière et à la sainteté de ma Divine Volonté en elles. Quel mal ne serait-il pas fait à la nature si elles faisaient mourir la lumière du soleil, le vent qui purifie et l’air qu’elles respirent ? Le désordre serait si grand que toutes les créatures en mourraient. Pourtant, la lumière de ma Volonté est plus qu’un soleil pour les âmes – plus que le vent qui purifie et plus que l’air qui forme leur respiration. Ainsi, par le désordre causé si elles pouvaient faire mourir la lumière du soleil, le vent et l’air, tu peux comprendre le mal que produit le fait de ne pas faire mon adorable Volonté, qui est l’acte de vie primordiale et le centre de toutes les créatures.

9.  26 avril 1928 — Ce que l’on donne à Dieu avec le Je t’aime. Le prodigieux secret : comment il a formé de nombreuses naissances divines.  Comment rien de ce que fit Notre-Seigneur n’a échappé à la Très Sainte Vierge. Comment la Divine Volonté est le souffle de l’âme.

           Je faisais ma ronde dans le divin Fiat et, selon mon habitude, j’investissais toute la Création de mon refrain : « Je t’aime, je t’adore, je te bénis… » Et en faisant cela, je me disais : « Qu’est-ce que je donne à mon Dieu avec tous ces Je t’aime ? » Mon doux Jésus se manifesta alors en moi et me dit :

            Ma fille, un amour pur, saint et droit est une naissance divine. Il vient de Dieu et il a la vertu de s’élever et d’entrer en Dieu, de multiplier ses naissances et d’apporter Dieu lui-même à toutes les créatures qui aspirent à l’aimer. Par conséquent, lorsque l’âme est investie par cet amour et reçoit cette naissance, elle peut former d’autres naissances autant de fois qu’elle dit son « Je t’aime » ; de telle sorte que son « Je t’aime » vole vers Dieu ; et l’Être suprême, regarde dans ce « Je t’aime » de la créature et il se voit lui-même tout entier dans ce petit « Je t’aime » ; et Dieu sent que c’est lui tout entier qui lui est donné par la créature. 

            Ce petit « Je t’aime » contient un prodigieux secret : dans sa petitesse il contient l’infini, l’immensité, la puissance, si bien qu’il peut dire : « Je donne Dieu à Dieu. » Dans ce petit « Je t’aime » de la créature, l’Être infini sent que toutes ses divines qualités sont doucement caressées, car comme cette naissance est de lui, il se trouve en elle tout entier. Voilà ce que tu me donnes avec tes « Je t’aime » ; tu me donnes chaque fois à moi-même. Tu ne pourrais rien faire de plus grand, de plus beau ni de plus agréable que de me donner tout entier à moi-même. Mon Fiat, qui forme pour moi la vie de ton « Je t’aime » en toi, fait ses délices en formant de nous ces nombreuses naissances ; il garde ainsi le rythme des « Je t’aime » en toi, avec l’ardent désir de toujours frapper cette monnaie divine de tes « Je t’aime » pour chaque chose créée. Il regarde ensuite pour voir si toutes les choses créées sont ornées de la perle du prodigieux secret de ton « Je t’aime ». Ma fille, nous ne regardons pas pour voir si ce que fait la créature est grand ou petit : nous regardons pour savoir si le prodige de notre secret est présent – si ses actes, ses pensées et ses soupirs les plus minuscules sont investis de la puissance de notre Volonté. Tout est là, et c’est tout pour nous. 

            Après quoi je continuai ma ronde dans le Fiat, pour accompagner tout ce que Jésus avait fait dans la Rédemption ; et je me disais : « Comme je voudrais avoir fait tout ce que la souveraine Maman a fait lorsqu’elle était avec Jésus ; elle a certainement suivi tous ses actes et n’en a laissé aucun lui échapper. » Je pensais à cela et à d’autres choses lorsque mon toujours aimable Jésus ajouta : 

            Ma fille, il est vrai que rien n’a échappé à ma Mère, car tout ce que j’ai fait et souffert résonnait comme un écho dans les profondeurs de son âme. Elle était si attentive dans l’attente de l’écho de mes actes que cet écho, avec tout ce que j’ai fait et souffert, demeurait imprimé en elle. Et la Reine souveraine émettait son écho dans le mien, le faisait résonner dans les profondeurs de moi-même, de sorte que des torrents dévalaient entre elle et moi – des mers de lumière et d’amour qui se déversaient entre nous ; et je faisais le dépôt de tous mes actes dans son Cœur maternel. Je n’aurais pas été satisfait si je ne l’avais pas eue toujours avec moi – si je n’avais pas senti son écho continuel qui, résonnant dans le mien, recueillait même mon souffle et mes battements de cœur pour les déposer en elle. De la même manière, je ne serais pas satisfait si, de temps en temps, je ne t’avais pas toi pour suivre tous mes actes dans la Divine Volonté. En fait, j’ai depuis ce temps fait mon dépôt en toi, déplaçant l’écho de ma Maman dans les profondeurs de ton âme. Et j’ai, à travers les siècles, regardé l’écho de ma Maman en toi afin de réaliser le Royaume de ma Divine Volonté. C’est pourquoi tu te sens poussée à suivre tous mes actes – c’est son écho maternel qui résonne en toi ; et je saisis l’occasion pour faire son dépôt dans la profondeur de ton être, pour te donner la grâce de laisser régner en toi mon éternel Fiat.

            Je sentis ensuite mon pauvre esprit comme immergé dans la mer du divin Fiat. Sa lumière m’investissait tout entière et je ne pouvais distinguer ni la hauteur ni la profondeur de ses limites. Je la sentais couler en moi plus que la vie, et mon bien-aimé Jésus, se manifestant en moi, me dit : 

            Ma fille, ma Volonté est la vie, l’air et la respiration des créatures. Elle n’est pas comme les autres vertus qui ne sont ni la vie ni la respiration continuelle des créatures, et qui par conséquent ne s’exercent que selon le temps et les circonstances. La patience ne s’exerce pas toujours, parce que souvent il n’y a personne pour vous permettre de l’exercer, et la vertu de patience reste donc oisive sans donner sa vie continuelle à la créature. L’obéissance et la charité ne forment pas non plus leur vie, parce que celui qui a l’acte continuel de commander, ou celui sur qui la charité pourrait s’exercer peut ne pas être présent. Par conséquent, les vertus peuvent constituer l’ornement de l’âme, mais non la vie. Par contre, ma Volonté est l’acte primordial de tous les actes de la créature ; ainsi, soit qu’elle pense, parle ou respire, c’est ma Volonté qui forme la pensée et la parole ; et en lui donnant le souffle, elle maintient la circulation, les battements du cœur et la chaleur. Et tout comme personne ne peut vivre sans respirer, personne ne peut vivre sans ma Divine Volonté. Elle est toujours nécessaire pour continuer à vivre ; pourtant, alors que tous reçoivent son souffle continuel, elle n’est pas reconnue. Ma Volonté est si nécessaire que personne ne peut s’en passer, même pour un instant, car elle est porteuse non seulement de tous les actes humains, mais de toutes les choses créées.

            Mon Fiat est l’acte primordial du soleil, et il fait que les créatures respirent la lumière ; elle est l’acte primordial de l’air, de l’eau, du feu et du vent, et les créatures respirent ma Divine Volonté dans l’air qu’elles respirent, dans l’eau qu’elles boivent, dans le feu qui les réchauffe, dans le vent qui les purifie ; il n’est rien en quoi elles ne respirent ma Volonté. C’est pourquoi en toutes choses, qu’elles soient grandes ou petites, et même en respirant la créature peut faire ma Volonté ; et en ne la faisant pas, c’est un acte de Divine Volonté qu’elle perd – c’est sa respiration qu’elle étouffe continuellement. Elle reçoit sa vie, son souffle, mais pour les convertir en vie et en souffle humains au lieu d’être, elle-même, transformée en ma Divine Volonté.

10.  29 avril 1928 — Comment les vertus sont des semences, des plantes, des fleurs et des fruits, tandis que la Divine Volonté est la vie. Les merveilles du Je t’aime ; comment l’amour ne se fatigue jamais. Celui qui vit dans la Divine Volonté ne peut pas aller au Purgatoire – l’univers se révolterait.

           Mon pauvre esprit est toujours la proie du Fiat suprême. Il me semble que je ne peux penser à rien d’autre, et que rien d’autre ne m’intéresse. Je sens en moi un courant qui m’arrête tantôt à un point, tantôt à un autre de la Divine Volonté, mais je finis toujours sans jamais pouvoir tout prendre de sa lumière infinie, parce que j’en suis incapable. Et mon aimable Jésus, se manifestant en moi pour me faire une surprise, me dit : 

            Ma fille, lorsque l’âme pratique une vertu, le premier acte qu’elle pratique forme la semence, et en pratiquant le second, le troisième et ainsi de suite, elle cultive la semence, l’arrose, et elle devient une plante qui produit ses fruits. Si l’âme ne pratique cette vertu qu’une seule fois, ou un petit nombre de fois, la semence n’est ni arrosée ni cultivée – elle meurt, et l’âme reste sans plante et sans fruits, car une vertu n’est jamais formée par un acte seul, mais par des actes répétés. Cela se passe comme sur la terre : il ne suffit pas de semer la graine en terre, il faut la cultiver souvent et l’arroser si l’on veut avoir la plante et les fruits de cette semence ; sinon la terre durcit et la recouvre sans lui donner la vie. 

            Celui qui veut acquérir une vertu comme celle de patience, d’obéissance, ou autre, doit semer la première semence pour ensuite l’arroser et la cultiver avec d’autres actes. De cette façon, l’âme formera un grand nombre de plantes belles et diverses. Par contre, ma Volonté n’est pas une semence comme les vertus – elle est la vie ; et à mesure que l’âme commence à être résignée, à voir ma Volonté en toute chose et à vivre en elle, la petite vie divine se forme en elle. Et en progressant dans la pratique de la vie dans ma Volonté, cette vie divine continue à croître et à s’étendre, au point de remplir toute l’âme de cette vie, de telle sorte qu’il ne reste plus d’elle qu’un voile qui la recouvre et la cache en elle-même. Et il en est de ma Volonté comme de ces vertus : si la créature ne donne pas l’aliment naturel de ses actes à la vie divine qui est en elle, cette vie ne grandit pas et ne la remplit pas entièrement. C’est ce qui arrive à un nouveau-né qui n’est pas nourri après sa naissance et qui meurt. En fait, puisqu’elle est la vie, ma Volonté a besoin, plus que les vertus qui sont les images des plantes, d’être continuellement nourrie pour grandir et devenir une vie entière, autant que la créature en est capable. C’est pourquoi il est nécessaire que tu vives toujours en elle, que tu prennes ses délicieux aliments de ma Volonté elle-même afin de nourrir en toi sa vie divine. Tu vois donc combien grande est la différence entre les vertus et ma Volonté : les premières sont des plantes, des fleurs et des fruits qui embellissent la terre et ravissent les créatures, alors que mon Fiat est le ciel, le soleil, l’air, la chaleur et les battements du cœur – toutes choses qui forment la vie, et une vie divine, dans les créatures. Par conséquent, aime cette vie et nourris-la continuellement afin qu’elle puisse te remplir entièrement et qu’il ne reste plus rien de toi. 

            Après quoi je continuais ma ronde dans la Divine Volonté et, en répétant le refrain des  Je t’aime, je disais : « Jésus, mon amour, je veux laisser tout mon être dans ton Fiat afin de pouvoir me trouver dans toutes les choses créées pour les orner de ton Je t’aime. » Plus encore, je veux placer mon cœur au centre de la terre et, par ses battements, je veux embrasser tous ses habitants ; et en suivant tous leurs battements de cœur de mes Je t’aime, je veux te donner l’amour de chacun d’eux. Et avec mes battements de cœur répétés au centre de la terre, je veux placer mon Je t’aimedans toutes les semences que la terre contient en son sein ; et à mesure que les semences germent et que les plantes, les herbes et les fleurs se forment, je veux placer en elles mes Je t’aime afin que je puisse les voir enfermés dans mes Je t’aime pour Jésus… » Mais alors que je disais cela, ma pensée interrompit le refrain de mon Je t’aime en me disant : « Quelles bêtises tu es en train de dire. Jésus lui-même doit être fatigué de t’entendre psalmodier tes Je t’aime, Je t’aime… »

            Et Jésus, se manifestant très rapidement en moi et regardant partout dans la Création pour voir si en toutes choses, grandes et petites, il y avait la vie de mes Je t’aime, me dit : 

            Ma fille, quelle merveille, quel enchantement de voir toutes les choses ornées de tes Je t’aime. Si les créatures pouvaient voir tous les atomes de la terre, toutes les plantes, les pierres, les gouttes d’eau ornées de tes Je t’aime, et la lumière du soleil, l’air qu’elles respirent, le ciel qu’elles voient, remplis de tes Je t’aime, et les étoiles qui brillent de tes Je t’aime – quel émerveillement ne naîtrait pas en elles ! Quel doux enchantement dilaterait la pupille de leurs yeux pour te voir psalmodier tes Je t’aime ! Et elles diraient : « Comment est-il possible que rien ne lui échappe ? Nous nous sentons nous-mêmes ornées de ses Je t’aime ! » Et elles iraient partout vérifier pour voir si, de fait, rien ne t’a échappé, et profiter de l’enchantement de tes Je t’aime. Or si ce merveilleux enchantement demeure caché aux créatures, il ne l’est pas au Ciel où les habitants peuvent profiter de l’enchantement et des merveilles de voir la Création tout entière remplie et ornée de tes Je t’aime. Ils sentent que leurs Je t’aime s’harmonisent avec les tiens : ils ne se sentent pas séparés de la terre parce que l’amour les réunit, formant les mêmes notes et les mêmes harmonies. De plus, tu dois savoir que lorsque furent créées toutes les choses, grandes et petites, je ne me suis pas fatigué de les orner pour toi de mes incessants et répétés Je t’aime ; et tout comme je ne me suis pas lassé de placer mes Je t’aime, je ne me fatigue pas non plus de les entendre répéter par toi. Au contraire, je suis heureux que mon Je t’aime ne reste pas isolé et profite de la compagnie du tien ; et comme le tien fait écho au mien, ils se fusionnent et vivent une vie commune. Et puis, l’amour ne se fatigue jamais ; il est porteur de joie et de bonheur pour moi.

            Alors, je ne sais pas comment, mais une pensée m’est venue : « Si je mourais et que j’allais au Purgatoire, que vais-je y faire ? Si déjà ici, emprisonnée dans un corps, enfermée plus que dans une étroite prison, ma pauvre âme souffre tant lorsque Jésus la prive de son adorable présence que je ne sais pas ce que je pourrais faire et souffrir pour le retrouver – que se passerait-il si, mon âme libérée de la prison de mon corps, prenait rapidement son envol et ne trouvait pas Jésus, le centre en qui je cherche refuge pour ne plus en sortir jamais ? Et si au lieu de trouver ma vie, le centre de mon repos, je me trouvais jetée dans le Purgatoire ? Quels seraient alors mon tourment et ma souffrance ? » Je me sentais oppressée par ces pensées lorsque mon bien-aimé Jésus me serra contre lui et ajouta : 

            Ma fille, pourquoi vouloir t’oppresser toi-même ? Ne sais-tu pas que la créature qui vit dans ma Volonté possède un lien d’union avec le ciel, avec le soleil, avec la mer, avec le vent et avec toute la Création ? Ses actes sont fusionnés avec toutes les choses créées parce que ma Volonté a placé tout en commun avec elle comme si tout lui appartenait, de sorte que toute la Création ressent la vie de cette créature. Et si elle pouvait aller au Purgatoire, ils en seraient tous offensés, l’univers tout entier se rebellerait et ils ne la laisseraient pas aller seule au Purgatoire. Les cieux, le soleil, le vent, la mer…  – tous voudraient la suivre, ils quitteraient leur place et, offensés, diraient à leur Créateur : elle est tienne et elle est nôtre – la vie qui nous anime tous l’anime elle aussi. Comment cela, au Purgatoire ? ! Les cieux la revendiqueraient avec leur amour, le soleil parlerait avec sa lumière, le vent avec des voix de lamentations, la mer avec le murmure de ses vagues – tous auraient un mot pour celle qui a vécu une vie commune avec eux. Mais comme la créature qui vit dans ma Volonté ne peut absolument pas aller au Purgatoire, l’univers restera à sa place, et ma Volonté connaîtra le triomphe d’amener au Ciel celle qui a vécu dans le Ciel sur cette terre d’exil. Par conséquent, continue de vivre dans ma Volonté, et ne cherche pas à assombrir ton esprit et à t’accabler avec des choses qui ne t’appartiennent pas.

11.  30 avril 1928 — Trouble et ordonnance nouvelle. Comment est décrété le Royaume de la Divine Volonté. La Rédemption est l’armée ; la Parole divine est le générateur.

           Je pensais à la Divine Volonté et, oh ! combien de pensées me venaient à l’esprit ! Me faisant sortir de moi-même, mon toujours aimable Jésus m’avait montré les nombreux châtiments dont il voulait frapper les générations humaines ; et moi, toute secouée, je me disais : « Comment le Royaume du divin Fiat peut-il venir si la terre est remplie de maux et si la justice divine arme tous les éléments pour détruire l’homme et ce qui sert l’homme ? De plus, ce Royaume n’est-il pas venu lorsque Jésus est descendu sur terre avec sa présence visible ? Comment peut-il venir maintenant ? Vu l’état actuel des choses, cela me semble difficile. » Et mon doux Jésus, se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, tout ce que tu as vu servira à purifier et à préparer la famille humaine. Les troubles serviront à réordonner, et les destructions à construire de plus belles choses. Si un bâtiment qui s’écroule n’est pas détruit, on ne peut pas en former un nouveau et plus beau sur ses ruines elles-mêmes. Je ferai tout servir à l’accomplissement de ma Divine Volonté. 

            Par ailleurs, quand je suis venu sur terre, notre Divinité n’avait pas décrété la venue du Royaume de ma Volonté, mais de la Rédemption ; et en dépit de l’ingratitude humaine, elle a été accomplie. Cependant, elle n’a pas encore parcouru toute sa route ; bien des régions et des peuples vivent comme si je n’étais pas venu, et il faut donc qu’elle fasse son chemin et aille partout, car la Rédemption est la voie préparatoire au Royaume de ma Volonté. Elle est l’armée qui marche devant pour préparer les peuples à recevoir le régime, la vie, le roi de ma Divine Volonté. Ainsi, ce qui n’a pas été décrété alors, nous le décrétons aujourd’hui pour l’accomplissement du Royaume de notre Fiat. Et lorsque nous décrétons quelque chose, tout est fait ; en nous, il suffit de décréter pour que s’accomplisse ce que nous voulons. C’est pourquoi ce qui te paraît difficile sera rendu facile par notre Puissance. Elle agira comme ces vents impétueux après de longs jours d’épais nuages de pluie ; la puissance du vent dispersera les nuages, chassera la pluie, fera revenir le beau temps et le soleil embrassera la terre. De la même manière, et mieux qu’un vent dominant, notre Puissance chassera les ténèbres de la volonté humaine et fera réapparaître le soleil de mon éternelle Volonté pour embrasser les créatures. Et toutes les vérités que je t’ai manifestées sur elle ne sont que la confirmation de ce que nous avons décrété.

            De plus, si le Royaume de mon divin Fiat et le temps de son accomplissement qui vient n’avaient pas été décrétés par la Divinité, il n’y aurait eu ni besoin, ni raison, ni nécessité de te choisir, de t’imposer ce sacrifice durant tant d’années et de te confier, comme à sa petite fille, les connaissances sur lui-même, ses admirables vérités, ses secrets et ses souffrances cachés. De plus, la Divinité a agi avec toi d’une manière toute paternelle et maternelle afin de semer en toi la semence de filiation divine pour que tu prennes à cœur ses intérêts plus que s’ils étaient les tiens. Cela indique la réalité de ce qui a été décrété par nous, au point de choisir le sujet, d’utiliser les moyens et de donner les enseignements en vue de descendre dans la famille humaine et d’établir en son sein ce qui a été décrété au Ciel. Si le Royaume de ma Volonté n’avait pas été décrété, je ne t’en aurais pas parlé autant et je ne t’aurais pas non plus choisie d’une manière toute spéciale pour ce dessein. S’il n’en était pas ainsi, ma parole aurait été sans vie et sans fruit, et sans vertu génératrice et fécondante – ce qui ne se peut. Ma parole possède la vertu de générer et de former, par sa fécondité, sa descendance de vies infinies. C’est ce qui s’est produit dans la Rédemption, parce qu’elle avait été décrétée par nous au Ciel. Une Vierge fut créée qui devait être la Mère du Verbe éternel. Si la Rédemption n’avait pas été décrétée, il n’y aurait eu aucune raison ni nécessité de créer cette Vierge, pleinement unique et spéciale ; ni de donner tant de manifestations aux prophètes qui ont parlé en détail de la vie du Verbe dans son Humanité, décrivant de manière si vivante ses souffrances – comme s’il était là présent devant eux. 

            C’est pourquoi, lorsque notre divine Bonté daigne choisir et se manifester elle-même, c’est le signe certain et le commencement de l’accomplissement de ses œuvres, tel que décrété. Aussi, sois attentive et laisse faire ton Jésus en toute chose, car il ne me manque ni les moyens ni la puissance pour faire ce que je veux, et accomplir ce que j’ai décrété.

12.  6 mai 1928 — Les enfants de la Divine Volonté ne toucheront pas la terre. Amertume de Jésus. Le fil électrique.

            Comme d’habitude, je suis immergée dans ce divin Fiat qui, plus que le soleil, brille dans ma pauvre âme. Et mon toujours aimable Jésus, se manifestant en moi, me dit : 

            Ma fille, mon amour envers les enfants de ma Volonté sera si grand que je ne permettrai pas qu’ils touchent la terre. Je mettrai mes pas sous leurs pieds afin que s’ils marchent, ils puissent toucher mes pas et non la terre – de telle sorte qu’ils sentiront en eux la vie de mes pas qui communiquera la vie des pas de la Divine Volonté à ceux des enfants de ma Volonté. S’ils travaillent, ils sentiront le toucher de mes œuvres qui, l’une après l’autre, communiqueront à leurs travaux la vertu de ma Volonté. S’ils parlent, s’ils pensent, ils sentiront la vie de mes paroles et de mes pensées qui, en les investissant, communiquera à leur esprit et à leurs paroles la vertu de mon Fiat. Je serai ainsi moi-même le porteur des enfants de ma Volonté ; je veillerai jalousement à ce qu’ils ne touchent à rien, qu’ils ne participent à rien, et à ce qu’ils puissent sentir ma vie couler continuellement en eux, formant dans leur vie celle de la Volonté éternelle. Ils seront par conséquent les plus belles œuvres de mes mains créatrices. Oh ! comme l’œuvre de la Création se réfléchira en eux ! Ils seront le triomphe de ma Rédemption – tout triomphera en eux. C’est alors que je pourrai dire : « Mes œuvres sont complètes, et je prendrai mon repos parmi les enfants de mon Fiat suprême. »

            Après ce qui a été écrit ces derniers jours, mon esprit était encore harcelé par la crainte et le doute : …Ce n’était pas mon bienheureux Jésus qui m’avait dit toutes ces choses, c’était plutôt le fruit de mon imagination. Et je me disais : « Si ce n’était pas Jésus qui me parlait, ces écrits seront sans vie, parce que c’est uniquement lorsque Jésus parle que la vie court dans sa parole. Et lorsque j’écris, la vie des vérités que Jésus m’a dites demeure en elles, de sorte que ceux qui les liront sentiront la vertu communicative de la vie infusée en elles, et ils se sentiront transformés en la vie même de la vérité qu’ils liront. Mais si ce n’est pas Jésus, ces écrits seront sans vie, vides de lumière et de biens – alors, pourquoi faire le sacrifice de les écrire ? »

            Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus sortit de moi et, plaçant sa tête près de la mienne avec un air de tristesse, me dit : 

            Ma fille, tu mets de l’amertume dans ma fête. En fait, lorsque je manifeste une vérité, je le fais parce que je veux fêter avec la créature ; mais si elle n’a pas pleine confiance en moi et commence à douter, la fête est interrompue et se transforme en amertume. J’agis comme celui qui a un ami intime : aimant beaucoup cet ami, il veut déverser dans le cœur de son ami tout ce que contient le sien ; et en lui confiant ses secrets et ses joies cachés, il lui révèle tout ce qu’il possède. Mais l’ami qui l’écoute montre qu’il ne le croit pas, et il doute de ce que lui dit son ami. Il remplit son ami d’amertume et tourne son effusion en tristesse ; alors, dans sa peine, il regrette presque ses confidences et, avec chagrin, il se retire. Par contre, s’il le croit, non seulement cet ami ne le remplit d’amertume, mais il participe à ses biens ; c’est ensemble qu’ils célèbrent les joies que son ami possède et leur amitié est liée d’un double lien d’amour. Je suis comme cela – et plus encore qu’un ami. J’aime tant celle que j’ai choisie comme ma petite secrétaire que je veux vider mon Cœur et lui confier mes secrets, mes joies, mes chagrins cachés, mes vérités surprenantes, pour fêter avec elle et lui communiquer autant de vies divines que je lui manifeste de vérités. Si je vois qu’elle me croit, je me réjouis et je sors en fêtant les joies et le bonheur d’une vie divine qui possède l’infinité de tous les biens ; et l’âme est comblée et fête avec moi. Mais si je la vois hésitante, je suis dans l’amertume, et elle reste privée de la vie que je voulais lui confier. Tu répètes souvent ces scènes de méfiance envers moi. Aussi, sois attentive, et ne transforme pas mes joies en chagrins.

            Je demeurais toute confuse et ne savais que répondre. Après quoi j’ai continué mes rondes dans la Divine Volonté et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, lorsque l’âme entre dans ma Volonté elle y branche son fil électrique qui peut aller partout où l’on veut former de la lumière. En fait, la lumière n’est pas formée là où se déroule le fil, mais à son extrémité en concentrant l’électricité de lumière en une ampoule lumineuse. Lorsque la volonté humaine entre dans la mienne, les reflets du soleil de mon Fiat la convertissent en lumière et elle forme sa petite lumière ; et l’électricité de ma Volonté étend le fil de la volonté humaine et, plus qu’une ampoule électrique, forme sa petite lumière sur le point que l’âme voudrait atteindre devant Dieu. Et Dieu, voyant la petite lumière de la volonté humaine, l’investit, et avec l’électricité de sa lumière divine, il la convertit en soleil et forme le plus bel ornement de son trône divin. Cela est si beau et si admirable à voir que l’âme de la terre, en entrant dans ma Divine Volonté, met en elle son fil électrique pour le Ciel. Et ce fil s’étend jusqu’à atteindre le centre de ma Volonté, qui est Dieu, pour former son ornement de lumière ; et ces lumières se convertissent en soleil.

13.  10 mai 1928 — L’âme qui fait la Divine Volonté entre dans l’ordre divin. Comment la souffrance ne peut entrer dans la Divinité. L’exemple du soleil.

           J’avais le sentiment d’être dans un cauchemar d’un poids infini. Mon pauvre esprit suffoquait en gémissant sans pouvoir trouver de soulagement à cause de la privation de mon doux Jésus. Et alors que je me sentais consumée par la terrible souffrance d’être privée de ma vie et de mon Tout, cette souffrance même, me rendant intrépide, détruisait en moi la vie de la douleur. Et si je me trouvais immergée dans la souffrance, incapable de m’exprimer, c’était cependant une souffrance sans douleur, un chagrin sans peine ; et dans mon amertume, je me disais : « Pourquoi suis-je incapable d’avoir de la peine ? Je sens en moi une souffrance infinie, aussi infinie que celui qui m’a quittée ; et pourtant, lorsque j’essaie de pénétrer dans une souffrance si juste et si sainte – la privation de mon Jésus – je reste sans la vie de la souffrance. Mon Jésus, aie pitié de moi – ne me laisse pas dans un si triste état. » Je pensais à cela lorsque mon aimable Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, l’âme qui vit dans ma Volonté entre dans l’ordre divin. Et comme notre Divinité est incapable de souffrance, rien, pas même la plus petite chose, ne peut le moins du monde assombrir notre perpétuel et infini bonheur ; et les créatures peuvent bien nous offenser tant qu’elles veulent, la souffrance, les offenses restent à l’extérieur de nous – jamais en nous. Et si une souffrance pouvait entrer en nous, elle perdrait immédiatement sa nature de souffrance et se transformerait en joie. De la même manière, pour la créature qui vit dans ma Volonté, la souffrance ne peut pas entrer dans son âme ; d’autant plus que, ressentant en elle la lumière, la force, le bonheur de ma Divine Volonté, elle se sent déjà en possession de ce Jésus dont elle semble être privée. Comment peut-elle souffrir si elle le possède déjà ? La souffrance, par conséquent, reste à l’extérieur de l’âme – c'est-à-dire dans la nature humaine – et si l’âme ressent tout le spasme de ma privation et le poids d’une souffrance infinie, qui est la privation de moi, elle semble incapable de souffrir, car elle est investie par le divin Fiat. Elle éprouve ainsi une souffrance sans souffrance, un chagrin sans chagrin, parce que la souffrance et les chagrins ne peuvent pénétrer le sacrarium de ma Volonté – ils sont forcés de rester à l’extérieur. L’âme peut les sentir, les voir et les toucher, mais ils n’entrent pas en son centre. Et s’ils le faisaient, ma Volonté perdrait sa nature heureuse en toi, ce qui ne se peut. 

            Il en va comme du soleil qui est incapable d’obscurité. Toutes les forces humaines réunies ne pourraient faire entrer un atome d’obscurité dans sa lumière ; l’obscurité, cependant, peut s’étendre à l’extérieur de la lumière. Mais le soleil ne perd rien, ni sa chaleur ni ses admirables effets ; il est toujours triomphant dans son état de lumière – l’obscurité ne peut pas l’affaiblir ni rien enlever à sa lumière. Cependant, si le soleil pouvait souffrir, il serait malheureux d’être entouré d’obscurité, bien qu’elle ne puisse faire du tort à son centre ni à son bonheur. Mais ceci est une douleur qui surpasse toute autre douleur, car c’est une douleur d’ordre divin. Combien de fois mon Humanité l’a éprouvée ! Je me sentais écrasé – toutes les douleurs pesaient sur moi, mais à l’intérieur de moi, ma Divine Volonté était intouchable par toutes mes souffrances, et elle possédait des bonheurs immenses et des béatitudes sans fin. On peut dire qu’il y avait en moi deux natures – l’une était opposée à l’autre : l’une de bonheurs, l’autre de douleurs. Oh ! combien ma nature humaine a ressenti plus vivement les douleurs que les immenses joies de ma nature divine !

            C’est la raison pour laquelle tu es incapable de t’exprimer – car ce sont des douleurs d’ordre divin – et si auparavant, lorsque je me cachais de toi, tu avais l’impression que tout devenait souffrance en toi, c’est parce que la vie de ma Volonté n’était pas en toi dans sa totalité. Par conséquent, ces vides étaient remplis de souffrance et tu étais sensible à une douleur qui te rendait non pas imperturbable et en paix comme aujourd’hui, mais agitée et sans cette fermeté que donne le Divin. Et je venais immédiatement te soutenir, car je ne voyais pas les caractères indélébiles de ma Volonté. En fait, ce que place ma Volonté n’est jamais effacé, et moi, lui faisant confiance, je laisse ce travail à mon divin Fiat.

14.  13 mai 1928 — L’âme qui vit dans ma Divine Volonté a tout en son pouvoir ; elle est la nouvelle répétitrice des actes de la Vierge, des Saints et de Notre-Seigneur.

   Je priais, et j’avais le sentiment que je ne savais pas comment prier, aimer et remercier Jésus. Alors, je me disais : « Comme je voudrais avoir en mon pouvoir l’amour et les prières de la Dame souveraine et de tous les Saints afin d’être capable d’aimer et de prier Jésus avec son amour et ses prières, et avec ceux du Ciel tout entier. » Et mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit : 

            Ma fille, lorsqu’une âme vit dans ma Volonté, tout est en son pouvoir, car ma Volonté est dépositaire et gardienne de tout ce qu’ont fait ma Maman et tous les Saints. Il lui suffit de le vouloir, et de vouloir prendre ce qu’ils ont fait, pour que l’amour accoure vers elle, que les prières l’investissent, que les vertus se mettent en place, attendant celles qui auront l’honneur d’être appelées à donner vie à leurs actes et à former leur magnifique et éclatante couronne. La Reine du Ciel sent alors que son amour et ses prières sont répétés, et les Saints leurs vertus, par la créature sur la terre – et, oh ! comme ils aiment voir leurs actes répétés ! Il n’est pas de plus grande gloire qui puisse être accordée aux habitants du Ciel que de répéter leur amour, leurs prières, leurs vertus ; et je ressens à nouveau l’amour et les prières de ma Maman. Leur écho résonne en toi et en le répétant, tu le répercutes dans le Ciel et tous reconnaissent leurs actes dans tes actes. Ne te sentirais-tu pas honorée si quelqu’un répétait tes actes et modelait ses œuvres sur les tiennes ? Avec quel amour ne le regarderais-tu pas ?

            Si tu savais combien je suis heureux de t’entendre dire : « Je veux m’unir aux pensées de Jésus, à ses paroles, à ses œuvres et à ses pas, pour me placer moi-même dans ses pensées, ses paroles, etc., sur chaque pensée, parole, œuvre et pas des créatures afin de répéter avec lui, pour toutes et pour chacune, ce que Jésus a fait avec ses pensées, ses paroles… et tout ce qu’il a fait d’autre. Il n’est rien que tu aies fait que je ne veuille faire moi aussi, afin de répéter l’amour et tout le bien que Jésus a fait. » Je me sens alors moi-même sur la terre, je sens mes actes répétés par toi et j’attends la répétition de mes actes avec tant d’amour que je deviens moi-même acteur et spectateur en toi, pour m’en réjouir et recevoir la gloire de ma propre vie. C’est pourquoi la créature qui vit et opère dans ma Volonté est reconnue par le Ciel tout entier comme porteuse de joies divines pour tout le Ciel ; et en gardant ouvert le Ciel, elle fait descendre sur terre et sur toutes les créatures la rosée céleste de grâces, de lumière et d’amour.

15.  20 mai 1928 — Messagers divins. La circulaire céleste. Les actes accomplis dans la Divine Volonté forment l’extase du Créateur. Nécessité de la continuation des actes ; comment ils constituent de nombreuses heures pour appeler l’aube. La Vierge, Aube de la Rédemption.

            Je m’inquiétais à propos d’une circulaire que j’avais reçue de la Maison de la Divine Volonté, cette Maison que désirait tant le vénérable père Di Francia, qu’il attendait avec impatience et qu’il n’a pas eu la consolation de voir terminée et ouverte selon son désir. Voilà que finalement, d’après ce que disait cette circulaire, ce jour allait venir. Et je me disais : « Est-ce vraiment la Volonté de Dieu que j’aille là-bas ? Et les membres de cette Maison seront-elles de vraies petites filles de la Divine Volonté ? » Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, chaque parole, chaque œuvre et chaque sacrifice accompli dans ma Volonté est fait pour obtenir son divin Royaume. De nombreux messagers sont envoyés vers la patrie céleste porter la divine circulaire et la faire circuler parmi les Saints, les Anges, la Reine Souveraine et le Créateur lui-même, pour assigner à chacun la tâche de préparer les différentes choses nécessaires pour un Royaume si saint, afin que tout puisse être fait avec bienséance, comme il se doit, et avec une divine noblesse. Ainsi, tous les habitants de la Patrie céleste, cette circulaire en main, se mettent au travail pour accomplir leur tâche et préparer tout ce qui leur a été confié.

            Cette circulaire sur la terre fait écho à la circulaire céleste, et le Ciel et la terre se mettent en branle avec comme unique objet le Royaume de ma Divine Volonté : la terre, pour tout ce qui concerne l’ordre naturel ; la Cour céleste, pour tout ce qui relève de l’ordre surnaturel. On dirait que le Ciel et la terre marchent main dans la main et rivalisent entre eux pour voir qui mettra plus de hâte à préparer un Royaume si saint. Si tu connaissais la valeur d’un acte accompli dans ma Volonté ; comment il peut remuer Ciel et terre ; comment il peut se frayer partout un chemin… Il se met en communication avec tout le monde et obtient tout ce qui n’a pu être obtenu par tous les autres actes ensemble, et cela depuis des siècles. Ces actes ne sont pas un seul soleil, mais autant de soleils que d’actes accomplis et ils forment le jour radieux et éclatant du Royaume de ma Volonté sur la terre. Les actes accomplis dans ma Volonté sont des aiguillons pour l’Être suprême ; ce sont des aimants qui l’attirent ; ce sont de douces chaînes qui le lient ; ce sont des ravissements dans lesquels la créature a le pouvoir de former l’extase de son Créateur qui, ravi comme en un doux sommeil par l’extase formée par sa créature bien-aimée, concède ce qu’il voulait donner depuis des siècles, mais sans pouvoir trouver celui qui, le faisant tomber en extase par son propre divin pouvoir, serait le vainqueur du Royaume de sa Divine Volonté. Lorsque la créature agit dans mon Fiat et forme son acte, Dieu se sent ravi et, dans sa douce somnolence, il se sent désarmé et conquis, et la créature devient le vainqueur de son Créateur. 

            Ces préparatifs sont semblables à ceux d’un marié qui prépare la maison, la chambre nuptiale et tous les objets nécessaires afin que rien ne manque. Puis il passe à la tenue de cérémonie pour le mariage et les invitations sont envoyées. Tout cela décide le marié à faire ce que lui-même voulait. Mais si rien n’est préparé, le marié prend du temps et ne se décide jamais ; il se sent lui-même embarrassé et il se dit : « Je dois me marier et je n’ai pas de maison, je n’ai pas de lit où dormir, je n’ai pas la tenue pour me présenter en futur marié – quelle impression est-ce que je vais faire ? Et nécessairement, il abandonne toute idée de devenir un époux. De la même manière, ces préparatifs, les actes accomplis dans ma Volonté, les circulaires, sont des aiguillons qui poussent ma Volonté à venir régner parmi les créatures ; et mes connaissances sont comme le futur marié qui vient pour épouser les créatures avec des liens nouveaux, tout comme elles sont sorties de nos mains créatrices. »

            Après quoi je me sentais fatiguée – épuisée par les privations de mon doux Jésus. Je sentais que ma pauvre petite âme ne pouvait plus tenir sans celui en qui j’avais concentré tous mes espoirs et toute ma vie. Sans lui, tout ce que je faisais et qui m’avait été enseigné par Jésus me semblait être un jeu, des prières sorties de l’imagination et non à la gloire de Dieu. Et je ressentais si peu d’ardeur en faisant mes rondes que je pouvais à peine continuer. Mais alors que, épuisée, je poursuivais mes rondes, je sentis Jésus qui me soutenait et me poussait dans le dos en disant :

            Ma fille, continue, tu ne dois pas vouloir arrêter. Tu dois savoir que tout a été déterminé par l’Être suprême : les prières, les actes, les souffrances, les soupirs qui doivent être ceux de la créature pour qu’elle obtienne ce que nous-mêmes voulons lui donner, et qu’elle désire tant recevoir. Et si tout cela n’est pas accompli, le soleil tant désiré ne se lève pas en nous pour briller au milieu de la longue nuit de la volonté humaine et former le jour du Royaume du divin Fiat. C’est pourquoi il arrive souvent que bien des actes et des prières soient faits sans que rien ne soit obtenu ; mais alors, à cause d’un autre petit soupir et d’une prière, on obtient ce qu’on attendait depuis si longtemps. Était-ce peut-être ce dernier acte qui a obtenu la grâce ? Ah, non ! C’était la continuation de tous les actes de prières ; et si l’on voit que c’est par ce dernier acte qu’on obtient, c’est parce que cet acte était nécessaire pour compléter le nombre établi par nous. 

            Par conséquent, si tu veux recevoir le Royaume de la Divine Volonté, n’arrête pas, sinon, faute de cette longue chaîne d’actes qui va jusqu’au trône de Dieu, tu n’obtiendras pas ce que tu veux et que nous voulons aussi te donner. Les actes sont comme les heures qui forment le jour et la nuit : certaines heures forment le soir, d’autres la nuit profonde, d’autres l’aube, d’autres le lever du soleil et d’autres le plein jour. Et s’il est minuit, c’est en vain que tu attendrais de voir le jour se lever. Il faut au moins que vienne l’aube pour appeler le jour qui s’approche, pour pouvoir admirer la majesté du soleil qui disperse les ténèbres par son empire de lumière et, mettant fin à la nuit, orne toute la nature et la fait se lever à nouveau dans sa lumière et sa chaleur, façonnant toutes choses de ses bienfaisants effets. Or, serait-ce peut-être l’aube qui aurait tout l’honneur de faire se lever le soleil ? Ah, non ! L’aube a été la dernière heure, mais si elle n’avait pas été précédée par les autres heures, l’aube n’aurait jamais pu dire : « Je suis celle qui appelle le jour. » Tels sont les actes et les prières pour obtenir le lever du jour du Royaume de ma Divine Volonté. Tous ces actes sont de nombreuses heures, et chaque acte a sa place d’honneur ; et c’est la main dans la main qu’ils appellent le soleil radieux de ma Divine Volonté. L’acte final peut être comme l’aube ; et s’il n’est pas accompli, l’aube est absente et il est inutile d’espérer que son jour de lumière puisse se lever bientôt sur la terre, un jour qui, façonnant et réchauffant toutes choses, plus qu’un soleil, fera sentir ses effets bienfaisants et son régime divin – un régime de lumière, d’amour et de sainteté. 

            La même chose s’est produite dans la Rédemption. La Rédemption n’est pas venue avant bien des siècles parce que les patriarches et les prophètes se trouvaient par leurs actes dans les heures de la nuit, et c’est de loin qu’ils attendaient le jour. Lorsque la Vierge Reine est venue, elle a formé l’aube et, embrassant toutes ensemble les heures de la nuit, elle a fait apparaître sur la terre le jour du Verbe – et la Rédemption a été accomplie. Par conséquent, n’arrête pas ; la série des actes est si nécessaire que, si tous ne sont pas accomplis, il y a risque que le bien désiré ne soit pas obtenu.

16.  26 mai 1928 — Dieu est ordre, et lorsqu’il veut accorder un bien, il établit l’ordre divin parmi les créatures. Comment Notre-Seigneur, en formant le Notre Père, s’est placé lui-même en tête du Royaume du divin Fiat.

            Je continue ce qui est écrit ci-dessus. Je m’inquiétais concernant tout ce qui concerne le Royaume de la Volonté de Dieu, et mon toujours aimable Jésus ajouta : 

            Ma fille, Dieu est ordre, et lorsqu’il veut accorder un bien aux créatures, il établit toujours son ordre divin, et tout ce qui est fait pour obtenir un si grand bien commence par Dieu, puisqu’il se place lui-même en tête pour prendre l’engagement et il ordonne ensuite les créatures dans le même but. C’est ce que j’ai fait moi-même pour accorder la Rédemption afin que les créatures puissent la recevoir. En formant le Notre Père, je me suis mis placé à sa tête et j’ai pris l’engagement de former ce Royaume ; et en l’enseignant à mes apôtres, j’ai disposé l’ordre dans les créatures afin qu’elles puissent obtenir un bien si grand. C’est ainsi que prie l’Église tout entière – il n’est pas une âme qui lui appartienne et qui ne récite pas le Notre Père. Et même si beaucoup le récite sans être intéressées à vouloir et à demander un Royaume si saint – que la Divine Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel – puisque l’intérêt est en Celui qui l’a enseigné, c’est mon intérêt qui est renouvelé lorsqu’elles le récitent, et j’entends ma propre prière qui demande : « Que votre Règne arrive, que votre Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. » Et si la créature, en récitant le Notre Père, avait cet intérêt de vouloir et de désirer ardemment mon Royaume, sa volonté serait fusionnée avec la mienne dans le même but. Toutefois, ma Volonté et mon intérêt demeurent toujours en chaque Notre Père.

            Vois quel est l’ordre divin : toutes demandent une même chose. Parmi celles qui demandent, il y a celles qui veulent faire ma Volonté, et celles qui la font. Tout cela est entrelacé, et les créatures frappent à la porte de ma Volonté – elles continuent à frapper, certaines avec force, d’autres plus doucement. Cependant, il y a toujours quelqu’un qui frappe pour demander que les portes soient ouvertes afin que ma Volonté puisse descendre et régner sur la terre. Et comme tout est établi et ordonné par la Divinité, elle attend celle qui doit donner le plus grand coup qui forcera les portes d’une force invincible – la force même de ma Divine Volonté ouvrira toutes grandes les portes et, avec ses douces chaînes d’amour, attachera la Volonté éternelle pour la faire venir et régner parmi les créatures. Elle sera comme une mariée qui, parant le marié de ses chaînes d’amour, le transporte triomphante parmi les créatures. Et tout comme la Sainte Vierge a mis fin aux heures de la nuit des patriarches et des prophètes, et a formé l’aube pour que se lève le soleil du Verbe éternel, celle-ci formera aussi l’aube qui fera se lever le soleil du Fiat Voluntas Tua  sur la terre comme au Ciel. 

            Penses-tu que ma Volonté qui s’est fait connaître avec tant d’amour et a manifesté tant d’intérêt à vouloir venir régner sur la terre, te faisant partager sa tristesse, a fait cela sans que personne n’ait prié ? Ah, non, non ! On a continuellement frappé à la porte de mon Église, et c’est moi-même qui frappait dans ces coups, mais je m’en servais pour frapper à la porte du divin Fiat qui, fatigué d’entendre frapper à ses portes divines, s’est servi de toi pour cogner plus fort ; et t’ouvrant les portes, il t’a fait partager ses connaissances. Car les vérités qu’il t’a fait connaître sont autant de moyens qu’il t’a donnés pour former les chaînes d’amour avec lesquelles on peut l’attacher pour venir régner sur la terre. Et toutes les fois où il t’appelle à vivre dans sa Divine Volonté, te faisant connaître ses qualités, ses puissances, ses joies, ses immenses richesses, ce sont autant de promesses qu’il te donne et par lesquelles il t’assure de sa venue sur terre. En fait, il existe en nous cette prérogative : si nous faisons connaître un bien, une vérité, une connaissance qui est nôtre, c’est parce que nous voulons en faire don à la créature. Vois donc combien de dons a pu te faire ma Volonté, combien de connaissances sur elle-même ma Volonté t’a fait connaître ! Elles sont si nombreuses que tu es toi-même incapable de les compter !

            Et moi : « Mon bien-aimé Jésus, qui sait quand viendra ce Royaume ! » Et lui :

            Ma fille, dans l’ordre de la Rédemption annoncée, il a fallu quatre mille ans, parce que le peuple qui priait et attendait le futur Rédempteur était petit, limité en nombre. Mais ceux qui appartiennent à mon Église forment plusieurs peuples, et – ô combien plus élevé en nombre que celui-là ! Par conséquent, le nombre raccourcira le temps ; d’autant plus que la religion fait son chemin partout, et cela n’est rien d’autre que la préparation du Royaume de ma Divine Volonté.

17.  30 mai 1928 — La Création, divine armée ; le Fiat, céleste drapeau. Exemple de l’enfant et du riche père. Comment Jésus veut que tous les peuples prient ; qui sont ces peuples. 

           Je faisais ma ronde dans le divin Fiat et rassemblais la Création tout entière pour l’apporter devant la suprême Majesté comme le plus bel hommage, la plus profonde adoration et l’amour le plus intense et le plus étendu pour celle qui l’avait créée. Il me semblait que je ne pouvais rien apporter de plus beau à mon Créateur que la magnificence et le continuel prodige de ses propres œuvres. Je faisais cela lorsque mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, il n’y a pas d’hommage plus beau ni plus digne de notre adorable Majesté que de nous offrir nos propres œuvres. En parcourant la Création, tu rassembles notre divine armée pour nous l’envoyer comme notre gloire, telle une terrible armée qui demande avec insistance et force le Royaume de notre Divine Volonté. Ainsi, en faisant ta ronde, tu places le divin Fiat devant chaque chose créée, tel un noble et divin drapeau, et dans leur langage tacite elles demandent avec une force divine le Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Oh comme il est beau de voir la Création tout entière arborer la bannière du divin Fiat ! Des plus petites aux plus grandes, toutes les choses possèdent le drapeau du Fiat placé là par ma petite fille ! Elles ressemblent réellement à une formidable armée ; et brandissant leur drapeau avec autorité, elles demandent sans cesse qu’on leur donne ce qu’elles possèdent – le Royaume de ma Volonté sur la terre.

            Puis je continuais ma ronde, non seulement dans toute la Création, mais aussi dans tous les actes accomplis par Adam dans son état d’innocence, puis dans ceux de la Vierge Reine et de Notre-Seigneur. Je plaçais en eux mon divin Fiat, les envoyant telle une armée en rang entourer la Divinité pour lui demander son Royaume, et Jésus ajouta : 

            Ma fille, le Ciel et la terre prient. Tous mes actes, tous ceux de la Reine souveraine ainsi que ceux de l’Adam qui étaient tous investis de mon divin Fiat – tous ont une voix qui, résonnant en eux comme un très doux et très puissant écho, demande : « Que Votre Règne arrive ! » Ma fille, en créant l’homme, j’ai agi comme un père richissime qui, après avoir donné le jour à son enfant, voudrait s’amuser avec son petit en lui donnant toutes ses richesses ; et il lui répète continuellement : « Fils, prends tout ce que tu veux et autant que tu le veux. » Son petit se remplit les poches et ses petites mains, si bien qu’incapable de tout contenir, il en laisse tomber par terre ; et le père l’incite encore en lui disant : « C’est tout ce que tu as pris ? Viens, prends-en encore ; prends tout ! » L’enfant se sent impuissant ; il retourne bravement pour essayer d’en reprendre, mais il n’a plus de place et le père s’amuse avec son enfant. C’est ce que j’ai fait avec l’homme. Je lui ai fait don de toutes mes richesses et lui, comme un petit enfant, était incapable de tout prendre ; et pour m’amuser de lui disais : « Prends, prends mon fils ; prends beaucoup, prends tout si tu le peux ; plus tu prendras, plus je serai heureux et plus je me réjouirai. »

            N’est-ce pas ce que je fais avec toi, au point de vouloir te donner le Royaume de ma Divine Volonté ? C’est pourquoi je te fais faire ta ronde dans la Création tout entière, dans les œuvres de ma Rédemption, et je ne te prive pas non plus des possessions de la souveraine Reine du Ciel. Et alors que tu fais ta ronde dans nos œuvres et nos possessions, je te murmure continuellement à l’oreille : « Prends tout ce que tu veux, ma petite fille. » Et pour t’en donner le droit, je te fais marquer toutes nos œuvres et toutes nos possessions de tes Je t’aime. Dans ce Je t’aime, qui redit son refrain « Donnez-moi votre divin Fiat », le Fiat et le Je t’aime  semblent entrelacés, et je sais que tu veux et que tu demandes la chose la plus grande – un Royaume divin dans lequel non seulement toi, mais tous ceux qui seront dans ce Royaume pourront tous être des rois et des reines. 

            Si tu savais ce que tu me demandes !... Le Ciel et la terre sont dans l’étonnement, et tous regardent la bravoure de ta demande ainsi que ma bonté toute paternelle qui se languit de toi et te sourit avec un amour excessif pour te donner encore plus confiance en demandant mon divin Fiat avec plus de courage encore. En fait, ma fille, comme le Royaume que je dois donner est si grand, je veux qu’un peuple tout entier me le demande, et le premier peuple est la Création tout entière ; et en la parcourant, tu pousses chacun à demander la venue du Royaume de ma Divine Volonté sur la terre. Le deuxième peuple, ce sont toutes mes œuvres et celles que ma céleste Maman a accomplies sur la terre. Ces deux peuples sont des peuples divins et interminables. Puis il y a le peuple de la terre d’en bas, qui est formé de ceux qui récitent le Notre Père, et des quelques-uns qui d’une manière ou d’une autre connaissent ma Divine Volonté et demandent qu’elle vienne régner sur la terre. Lorsque des peuples entiers me prient, avec à leur tête celle à qui une si grande mission a été confiée, ce que nous voulons donner et qui nous est demandé avec insistance est plus facilement concédé. N’est-ce pas ce qui se passe dans le monde d’en bas ? Si un roi ou le chef d’un pays doit être élu, il y a ceux qui incitent le peuple à crier : « Nous voulons que tel ou tel soit roi, ou que tel ou tel soit le chef de notre pays. » Si certains veulent une guerre, ils font crier par le peuple : « Nous voulons la guerre ! » Il n’est pas une chose importante qui soit faite dans un Royaume sans qu’ils aient recours au peuple pour le faire crier et même manifester bruyamment afin de se donner des raisons et de pouvoir dire : « C’est le peuple qui le veut. » Et souvent, alors que le peuple dit vouloir quelque chose, il ne sait ni ce qu’il veut ni les conséquences bonnes ou mauvaises qui peuvent en résulter. Si c’est là ce qu’ils font dans le monde d’en bas, à plus forte raison puis-je le faire moi aussi. Lorsque je veux donner des choses importantes, des biens universels, je veux que des peuples entiers me les demandent – premièrement, en communiquant toutes les connaissances sur ma Volonté ; deuxièmement, en allant partout et en remuant Ciel et terre pour demander le Royaume de ma Divine Volonté.

18.  3 juin 1928 — Les vérités sont des escaliers pour monter vers Dieu. Isolement. La Divine Volonté révélatrice de l’homme. Exemple de l’enfant qui dort.

           Je continue mon abandon dans la Divine Volonté et en faisant ma ronde, mon pauvre esprit s’est transporté en Paradis, alors que Dieu était dans l’acte de former la nature de l’homme avant de lui insuffler une âme. Je pensais au grand amour avec lequel le Créateur suprême formait le corps humain ; au fait qu’avant même l’existence d’Adam, en formant son corps, il l’aimait de l’amour d’un père qui aime son premier-né ; et cela, même si l’âme d’Adam n’existait pas encore. Adam ne lui a pas rendu son amour, et l’amour divin est resté seul, sans la compagnie de l’amour de sa créature. Il n’était pas juste que son amour demeure sans le retour du petit amour de celui que Dieu aimait tant ; je me dis alors : « La Divine Volonté est éternelle et tout ce qui est fait en elle est toujours en action. Par conséquent, dans le Fiat, je veux devancer l’amour d’Adam et amuser mon Créateur avec mon amour. Dans l’acte par lequel il forma le corps humain, je veux faire écho à son amour et lui dire : ‘Dans ta Volonté, je t’ai toujours aimé, même avant l’existence de toutes choses.’ » Et je pensais à cela et à beaucoup d’autres choses lorsque mon toujours aimable Jésus me serra bien fort et me dit :

            Ma fille, comme je suis heureux de t’avoir manifesté tant de vérités sur ma Divine Volonté. Toutes les vérités que je t’ai dites sur ma Volonté sont des escaliers ; pour toi, afin de monter jusqu’aux actes de ma Volonté éternelle et de trouver notre premier acte en action, lequel possède la vertu d’être toujours présent, et de nous donner le bonheur et la joie du retour de ton amour ; pour nous, afin de descendre jusqu’à toi pour chercher la compagnie de celle pour qui nous agissions, et que nous aimions tant. Combien douce est la compagnie de l’aimée – elle est remplie de joies inoubliables. Et comme l’isolement est amer – privés de la présence de celle que nous aimons et désirons tant, elle que l’on aime et pour qui l’on agit. En formant la nature de l’homme, avant d’insuffler la vie en lui, nous étions comme un père ou une mère devant leur enfant qui dort. Saisis de tendresse, d’un amour irrésistible, ils rêvent de leur enfant qui dort, ils l’embrassent et le pressent contre leur sein ; et l’enfant, parce qu’il dort, n’en sait rien. Si tu savais, ma fille, combien de baisers, combien d’étreintes amoureuses nous avons donnés à la nature humaine avant de lui donner la vie… Et c’est dans l’ardeur de notre amour que, soufflant sur elle, nous lui avons donné la vie en lui donnant l’âme, le souffle, le battement de cœur et la chaleur de son corps. C’est pourquoi le souffle que tu ressens est le nôtre ; le battement qui bat dans ton cœur est le nôtre ; la chaleur que tu ressens est le toucher de nos mains créatrices qui, en te touchant, ont infusé en toi de la chaleur. Et lorsque tu respires, nous sentons notre souffle respirer en toi ; lorsque ton cœur palpite, nous sentons le battement de notre vie éternelle qui bat en toi, et quand tu ressens la chaleur, c’est notre amour qui circule en toi et continue son œuvre créatrice et préservatrice, en te réchauffant…

            Tu dois savoir, ma fille, que notre Volonté est la révélatrice de l’œuvre de la Création. Elle seule peut révéler tous les secrets d’amour cachés dans l’œuvre de la Création. Adam ne savait pas tout – de combien de finesses et de stratagèmes amoureux nous avons usé en le créant, corps et âme…Nous avons agi comme un père qui ne dit pas tout d’un seul coup à son petit enfant, mais petit à petit, à mesure que l’enfant grandit, il veut lui faire des surprises, lui dire combien il l’aime, combien de choses il a faites pour lui, combien de finesses amoureuses, combien de baisers… tandis que l’enfant, étant tout petit, était incapable de comprendre ce que le père lui donnait, et pouvait lui donner. Alors le père lui fait tantôt une surprise, tantôt une autre, et cela permet d’entretenir la vie de l’amour entre le père et le fils, et d’augmenter leur joie et leur bonheur à chaque surprise. Quelle ne serait pas la tristesse de ce père qui, pendant que son enfant dormait l’a couvert de baisers, serré sur son cœur, et dont la tendresse amoureuse était si intense et si grande au point d’inonder de ses larmes le visage de son enfant endormi – si en se réveillant l’enfant ne sourit pas à son père, ne saute pas à son cou pour l’embrasser ; et que s’il le regarde, c’est avec froideur ? Quelle douleur pour ce pauvre père ! Toutes les surprises qu’il se préparait à manifester à son enfant, il les enferme dans son cœur, avec la douleur de ne pas pouvoir partager son bonheur, ses joies très pures ; au point de ne pas pouvoir lui dire combien il l’a aimé et l’aime encore.

            C’est ce qui nous est arrivé, ma fille. Notre bonté plus que paternelle préparait bien des nouvelles surprises pour notre enfant bien-aimé et notre Divine Volonté prenait l’engagement d’en être la révélatrice pour lui. En se retirant de notre Volonté, Adam perdit la révélatrice, et c’est pourquoi on ne sait pas combien nous l’aimions et tout ce que nous avons fait pour lui en le créant. C’est pourquoi nous ressentons l’irrésistible désir que notre Fiat vienne régner sur la terre comme au Ciel afin qu’après tant d’années de silence et de secrets, notre Fiat puisse laisser libre cours à ses flammes et revenir pour agir en révélateur de la Création, car on sait peu de choses sur tout ce que nous avons fait en créant l’homme. Combien de surprises il a à révéler, combien de joies et de bonheurs à communiquer ! N’entends-tu pas toi-même combien de choses il te dit concernant ma Divine Volonté, ainsi que sur les surprises d’amour de toute la Création et, tout spécialement, de la création de l’homme ? Ma Volonté est le livre de la Création, par conséquent, son règne au sein des créatures est nécessaire pour savoir comment le lire et être capable de le lire. La volonté humaine garde le pauvre homme comme en un sommeil ; il dort, et ce sommeil l’empêche de sentir et de voir toutes les caresses et les finesses amoureuses que lui donne son Père céleste, ainsi que les surprises qu’il veut lui faire connaître. Son sommeil l’empêche de recevoir les joies et les bonheurs que son Créateur veut lui donner, et de comprendre le sublime état de sa création.

            Pauvre homme, endormi au vrai bien, sourd à l’écoute de ma Volonté qui est sa révélatrice, sa noble histoire, son origine, sa grandeur et sa beauté merveilleuse. Et s’il se réveille, il écoute soit le péché, soit ses passions, ou des choses qui n’ont pas une origine éternelle. Il agit comme cet enfant endormi qui, s’il se réveille, crie, fait du tapage et tourmente le pauvre père qui a presque du regret d’avoir un enfant si nerveux. C’est pourquoi ma Divine Volonté révèle un si grand nombre de ses connaissances – pour sortir l’homme de son long sommeil afin que, se réveillant dans mon Fiat, il perde le sommeil de la volonté humaine, qu’il puisse acquérir de nouveau ce qu’il a perdu, et sentir les baisers, l’amour, les étreintes amoureuses au sein de son Créateur. Ainsi, chaque connaissance concernant ma Volonté est un appel, une voix que j’émets, c’est un cri que j’envoie pour faire sortir l’homme du sommeil de la volonté humaine.

19.  7 juin 1928 — Comment Dieu, en créant l’homme, infusa en lui trois soleils. L’ardeur de son amour. Exemple du soleil. 

           Ma ronde dans les actes de la Divine Volonté continue toujours ; et en arrivant au Paradis, il me semble que Jésus veut me dire quelque chose. Les souvenirs, l’endroit où il a créé l’homme, sa Volonté créatrice, ses manifestations d’amour, les prérogatives, la beauté avec laquelle il a créé l’homme, les biens, la grâce avec laquelle il l’a enrichi… sont les plus doux et les plus chers souvenirs de son Cœur paternel et il est submergé d’amour. Et pour donner libre cours à ses flammes, il veut parler de ce qu’il a fait en le créant ; si bien qu’en écrivant, je sens son Cœur qui bat très fort. Commençant avec joie, il me saute au cou et en m’embrassant avec énormément d’affection, il s’enferme dans mon cœur comme s’il était blessé par l’ardeur de l’amour qui fut le sien dans la Création ; et en adoptant une attitude de fête mêlée de tristesse, il veut être le spectateur de ce que je suis sur le point d’écrire. Et Jésus me dit : 

             Ma fille, combien de nos prodiges ont concouru à créer l’homme ! Par notre souffle, l’âme a été insufflée en lui et dans l’âme, notre Bonté paternelle infusa trois soleils par lesquels furent formés en l’âme le jour perpétuel et resplendissant – qui ne connaît jamais la nuit. Ces trois soleils ont été formés par la Puissance du Père, la Sagesse du Fils et l’Amour du Saint-Esprit. Étant formés dans l’âme, ces trois soleils restaient en communication avec les Trois Personnes divines, de sorte que l’homme possédait la voie par laquelle il pouvait monter jusqu’à nous, et nous possédions la voie par où descendre en lui. Ces trois soleils sont les trois puissances : l’entendement, la mémoire et la volonté. Tout en étant distinctes entre elles, elles se tiennent par la main et arrivent à former une puissance unique, symbole de notre adorable Trinité, puisque tout en étant Trois Personnes distinctes, nous formons une seule Puissance, un seul Entendement et une seule Volonté. Notre amour en créant l’homme était si grand que je n’ai été satisfait qu’en lui communiquant notre ressemblance. Ces trois soleils furent placés dans les profondeurs de l’âme humaine, tout comme le soleil est dans la profondeur de la voûte des cieux d’où il garde la terre en fête par sa lumière, donne vie à toutes les plantes par ses admirables effets, accordant à chacune la saveur, la douceur, la couleur et la substance qui lui conviennent. Dans son silence tacite, le soleil guide la terre, instruit tout le monde – non par des paroles, mais avec des faits et une éloquence que personne ne peut atteindre ; et sa lumière pénétrante devient la vie de tout ce que la terre produit. 

            Regarde : pour la terre tout entière, il n’y a qu’un seul soleil, mais pour l’âme, notre Amour ne voulait pas se contenter d’un unique soleil. Et dans l’ardeur de notre Amour pour donner et donner… Nous avons formé trois soleils par qui tous les actes humains devaient être dirigés, animés, et recevoir la vie. Quel ordre, quelle harmonie nous avons placés dans ce cher et bien-aimé fils !

            Or, ma fille, ces trois soleils existent dans l’homme, mais ils se trouvent dans la même condition que le soleil qui brille dans les cieux lorsqu’il est entouré d’épais nuages et ne peut pas remplir la terre de l’éclat de sa lumière. Bien que les communications ne soient ni interrompues ni brisées par les nuages, la terre reçoit ses effets avec difficulté et elle ne profite pas de tous les biens que le soleil pourrait lui donner. Aussi, ne recevant pas toute la lumière du soleil, il est comme malade, ses fruits sont verts et insipides, et beaucoup de plantes ne donnent pas de fruits. La terre est par conséquent mélancolique, sans air de fête, parce que les nuages l’ont empêchée de recevoir la plénitude de la lumière du soleil pour être couronnée de gloire et d’honneur. Telle est la condition de l’homme : tout est en place ; entre nous et lui rien n’est brisé ou interrompu, mais la volonté humaine a formé d’épais nuages, et c’est pourquoi on voit l’homme sans la gloire, l’ordre et l’harmonie de sa création. Ses œuvres sont infructueuses, gâtées et sans beauté ; ses pas sont incertains. On peut dire qu’il est un pauvre malade, et c’est parce qu’il ne se laisse pas diriger par les trois soleils qu’il possède en son âme. C’est pourquoi, en venant régner, la première chose que ma Volonté viendra rabattre, c’est la volition humaine. En soufflant, elle dispersera les nuages, et l’homme se laissera alors dirigé par les trois soleils qu’il possède dans les profondeurs de son âme, et qui détiennent notre communication ; notre Volonté s’élèvera alors immédiatement jusqu’à notre origine, et tout sera fête et gloire pour nous et pour lui.

20.  12 juin 1928 — Comment Dieu ressent à nouveau la joie des premiers jours de la Création. L’enchantement que la Divine Volonté produira pour la volonté humaine, exemple du soleil. Quand et où eut lieu le mariage avec l’humanité, et quand il sera renouvelé.

           Je continue ma ronde dans les actes accomplis par le divin Fiat dans la Création et qu’il conserve dans sa main jusqu’à maintenant, avec autant de puissance et de sagesse que s’il répétait l’acte déjà accompli, alors que ce n’est pas autre chose que la continuation d’un acte unique. Mon esprit se transportait dans le Paradis lorsque mon doux Jésus me dit : 

            Ma fille, lorsque tu fais ta ronde dans ma Volonté pour retracer tous ses actes, les courtiser, les aimer et les rendre un avec les tiens, et que tu arrives au Paradis, les joies, les fêtes et le bonheur éprouvés par Notre Divinité dans la Création sont renouvelés. Oh ! comme te voir te couler dans le soleil, le vent, la mer et dans les cieux nous rappelle avec force les vols rapides de la première créature lorsqu’elle sortit de nos mains créatrices ! De fait, comme Adam était dans l’unité de notre Volonté, de tous nos actes accomplis dans la Création pour l’amour de lui, son acte était unique et par ce seul acte, il nous apportait tous les nôtres comme en triomphe. Il nous apportait ainsi toutes les joies et toutes les choses que nous avions répandues, ordonnées et harmonisées dans l’univers tout entier. Oh ! comme nous étions heureux de le voir, si riche, si fort, si puissant et d’une beauté ravissante, venir vers nous, doté de toutes nos œuvres, et nous les apportant pour nous rendre heureux et nous glorifier, et pour vivre heureux avec nous ! Aussi, en te voyant continuer ses envols et aller partout faire ta ronde, nous voyons combien peut être belle la vie de la créature dans notre Volonté. Il semble qu’elle veuille entrer dans tous nos actes ; elle veut tout prendre – mais pour en faire quoi ? Pour tout nous donner et pour nous rendre heureux, et nous lui donnons tout en retour, en disant : « Toutes ces choses sont à toi – c’est pour toi que nous les avons créées et sorties de nous-mêmes. » Et en voyant cela, nous ressentons le désir de restaurer la création de l’homme et de lui donner le Royaume de notre Volonté.

            Puis, d’un ton plus tendre, il ajouta : 

            Ma fille, je ne manque ni de Puissance ni de Volonté ; c’est donc à moi de relever l’homme décadent et de le restaurer, car la volonté humaine a fait de l’œuvre de nos mains créatrice une ruine.

            Ému aux larmes et rempli de tristesse pour le malheureux homme, il garda le silence, et je me disais : « Comment pouvons-nous revenir à l’état originel de la Création étant donné que l’homme est tombé dans un abysse de misères, déformant presque la manière dont il a été créé ? » Et mon doux Jésus ajouta : 

            Ma fille, ma Volonté peut tout – et tout comme j’ai créé l’homme à partir de rien, elle peut aussi retirer l’homme de ses misères – et sans changer la méthode de la manière dont nous l’avons créé. Lui laissant sa volonté libre, nous utiliserons une autre combinaison amoureuse : la lumière de notre Volonté libérera avec plus de puissance ses plus éclatants rayons ; elle se rapprochera de lui de façon à regarder face à face sa volonté humaine, laquelle recevra l’enchantement d’une lumière pénétrante qui, en l’éblouissant, l’attirera doucement à elle. Et la volonté humaine, attirée par une lumière si radieuse et d’une aussi rare beauté, aura le désir de voir ce qui est si beau dans cette lumière. En regardant, elle subira l’enchantement, elle se sentira heureuse et elle aimera – sans être forcée, mais spontanément – vivre dans notre Volonté. Le soleil n’a-t-il pas cette vertu – que si on veut le regarder, la pupille de l’homme reste éblouie par sa lumière ; et si l’œil veut regarder, il ne voit rien d’autre que de la lumière, car la puissance de la lumière empêche la pupille de voir toutes les choses qui l’entourent ? Et si l’homme est obligé de baisser les yeux pour se libérer de la lumière, c’est parce que l’excès de lumière le gêne et il ne se sent pas bien ; mais s’il se sentait bien, il ne retirerait pas facilement ses pupilles de la lumière du soleil. Par contre, la lumière de ma Volonté ne gênera pas les pupilles de l’âme ; au contraire, l’âme aura le bonheur de voir les actes mêmes de la volonté humaine transformés en lumière, et elle désirera ardemment que cette lumière libère plus puissamment ses rayons afin de voir ses actes dans l’enchantement et la beauté de cette divine lumière. Ma Volonté a le pouvoir de résoudre le problème de l’homme, mais elle doit utiliser un acte plus excessif de plus grande magnanimité de notre Fiat suprême ; toi, par conséquent, prie et plaide en faveur d’une cause si sainte au nom des pauvres créatures.

            Après cela, comme c’était le jour de la Fête-Dieu, je me disais que ce jour était la fête du mariage que le bienheureux Jésus a fait avec les âmes dans le Très Saint Sacrement de l’amour. Et mon bien-aimé Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, le vrai mariage avec l’humanité a été fait dans la Création. Rien ne manquait, ni à l’âme ni au corps – tout était fait dans une somptuosité royale. Un immense palais était préparé pour la nature humaine, un palais tel que nul roi ni empereur ne pouvait en avoir de semblable, qui est l’Univers tout entier : un ciel étoilé et sa voûte, un soleil dont la lumière ne s’éteindrait jamais ; un jardin florissant dans lequel un heureux couple, Dieu et l’homme, devait se promener, s’amuser et maintenir la fête continuelle et ininterrompue de notre mariage ; des vêtements tissés non pas de matière, mais formés de la lumière la plus pure par notre Puissance, comme il convient à des personnes royales… Tout était beauté en l’homme, corps et âme, car celui qui préparait le mariage et le formait était d’une inatteignable beauté. Ainsi, compte tenu de la somptuosité extérieure de tant de beautés ravissantes présentes dans la Création, tu peux imaginer les mers intérieures de sainteté, de beauté, de lumière, de science, etc., que l’homme possédait intérieurement. Tous les actes de l’homme, extérieurs et intérieurs, étaient comme autant de clés musicales qui formaient les plus merveilleuses mélodies, douces, mélodieuses et harmonieuses, qui maintenaient les joies du mariage. Et chaque acte supplémentaire qu’il se disposait à accomplir était comme une petite sonate qu’il préparait pour inviter son épouse à s’en délecter avec lui.

            Ma Divine Volonté qui régnait sur l’humanité lui apportait l’acte nouveau et continuel, et la ressemblance avec celui qui l’avait créée et épousée. Mais dans cette grande fête, l’homme brisa le lien le plus fort en qui reposait l’entière validité de notre mariage et par lequel il avait été valable : il s’est retiré de notre Volonté. À cause de cela, le mariage fut brisé, et comme tous les droits étaient perdus, il n’en restait que la mémoire, mais la substance, la vie et les effets avaient disparu. Or le Sacrement de l’Eucharistie dans lequel mon amour surabondait de toutes les façons imaginables ne peut pas être appelé le premier ou le véritable mariage de la Création, car je ne fais rien d’autre que continuer ce que je faisais lorsque j’étais sur terre. Selon les besoins des âmes, je me fais, avec certains, médecin compatissant afin de les guérir, avec d’autres, maître pour les instruire, avec d’autres, père pour leur pardonner, et avec d’autres, lumière pour leur donner la vue. Je donne de la force aux faibles, du courage aux timides, de la paix aux inquiets – en somme, je continue ma vie rédemptrice et de vertu ; cependant, toutes ces misères excluent le mariage. Un jeune homme n’épouse pas une jeune femme  malade – tout au plus, il attendra qu’elle recouvre la santé ; ni une jeune femme faible et qui l’offense très souvent. Et si le jeune marié est un roi et qu’il l’aime, tout au plus attendra-t-il que la mariée soit en bonne santé, qu’elle l’aime, que sa condition devienne un peu plus satisfaisante et ne soit plus aussi inférieure à la sienne. Or la condition dans laquelle se trouve cette pauvre humanité est encore celle d’une pauvre malade, et j’attends que ma Volonté soit connue et qu’elle règne parmi les créatures, car c’est elle qui lui rendra la santé véritable, les vêtements royaux et une beauté digne de moi. C’est alors que je formerai de nouveau le véritable et originel mariage.