Le New-Orleans, le Dixieland

Le vieux style

 Début du XXe siècle

Le style naît du regroupement (loi ségrégationniste de 1894) des créoles, bons lecteurs, accoutumés aux harmonies et orchestrations européenne et des noirs nourris du blues naissant, des worksongs, des inflexions, des blue notes, du sens de l’initiative individuelle... Les Caraïbes proches auront aussi leur influence.

La musique de la Nouvelle-Orleans était dominée par les fanfares, du fait de la démobilisation après la guerre de sécession, on trouvait beaucoup d’instruments à bas prix. L’instrumentation type était le résultat d’une évolution très éclectique : les cuivres et les percussions venaient des orchestres militaires, la clarinette des créoles bien éduqués, le banjo et la guitare des minstrels.

Peu à peu les musiciens prirent toujours plus de libertés avec la mélodie originale, ainsi vit le jour la collective, le cornet jouait la mélodie, la clarinette brodait par dessus avec virtuosité, le trombone soulignait l’ensemble d’un contrepoint vigoureux et de ses fameux glissandi. On notera souvent la présence d’une washboard et plus rarement d’un piano.

Si le style porte le nom de jazz New-Orleans, c’est à Chicago qu’il s’est véritablement épanoui. En 1915 l’afflux de musiciens néo-orléanais se précise à Chicago. Leur musique prend le nom de JASS (plus ou moins la désignation de l’acte sexuel) pour devenir JAZZ.

La prohibition déclenche une explosion de la criminalité qui donna naissance à tout un réseau de bars clandestins qui réclamaient des musiciens. Les musiciens noirs de la Nouvelle-Orléans commencèrent à se faire connaître, assurant à Chicago la réputation de capitale du jazz jusqu'à l'avènement de New-York à la fin des années 20.

New-Orleans et Dixieland sont deux termes pour un même style de jazz, il semblerait que le New-Orleans soit joué par des musiciens noirs, et le Dixie par des blancs qui furent les premiers à attirer l'attention du public pour la musique néo-orléanaise. Il faudra attendre les premiers enregistrements autour de 1923 grâce à l'implantation de studio d'enregistrement à Chicago même (jusque là seule la ville de New-York disposait de studio d'enregistrement) pour que la musique des musiciens noirs, notamment King Oliver et le Créole jazz band, soit diffusée et plébiscitée par le public.

Dans les années 20 on utilisera l'adjectif hot pour différencier le vrai jazz du ragtime. Plus tard on parla de swing. Le vrai jazz est donc une musique qui chauffait et qui balançait. 

Quelques premiers grands noms du jazz

Le roi du ragtime, dont des compositions telles que Maple Leaf Rag et The Entertainer furent d'énormes succès au XIXe siècle. Puis aigri et malade il devient obsédé par son opéra ragtime Treemonisha.

Ecoute : The entertainer (1902)

Piano - Chef d'orchestre

Pianiste et compositeur, affirme avoir personnellement inventé le jazz en étant lepremier à adoucir la rythmique du ragtime.

Ecoute : The pearls (1927)

Cornettiste très en vue à la Nouvelle-Orléans, monte ensuite à Chicago en 1918, forme le Créole Jazz Band et y intègre Louis Armstrong.

Ecoute : Dippermouth Blues (1923)

Tromboniste de jazz et chef d'orchestre américain. Également compositeur, notamment des standards Muskrat Ramble, Ory's Creole Trombone et Savoy Blues, il est l'un des acteurs principaux du jazz Nouvelle-Orléans des années 1910 et 1920.

Ecoute : Ory's Creole Trombone (1922)

Le roi Louis !

Trompette - Chant

L'un des plus formidable trompettistes de tous les temps, par la puissance et l'intensité de sa sonorité, par la profondeur de son lyrisme. Il fut le premier à organiser l'orchestre autour du soliste, à s'éloigner de la simple variation sur la mélodie en exploitant consciemment les accords proposés par l'accompagnateur, à concevoir le solo comme une architecture. Enfin, par la qualité de ses mises en place et la variété de ses idées rythmiques, il fut considéré comme le premier grand swingman de l'histoire du jazz.

L'influence d'Armstrong sur le développement du jazz est sans pareil. Son charisme d'homme de scène et de personnalité publique était si fort vers la fin de sa carrière qu'il éclipsait parfois ses contributions de musicien ou de chanteur.

Armstrong était un virtuose de la trompette et un improvisateur inspiré. Grâce à son jeu, la trompette est devenue un instrument soliste de jazz. Il était également un accompagnateur et un musicien d'ensemble.

Ecoute : Tight Like This (1928) - St. James Infirmary (1928) - When the Saints Go Marching In (1938)

It Don't Mean A Thing (avec Duke Ellington - 1961)

L'impératrice du blues émerge du circuit des minstrels pour devenir la plus grande chanteuse noire du début des années 20. 

Ecoute : I Ain't Got Nobody (1925) 

Saxophone soprano - Clarinette 

Sa vie instable (expulsion, incarcération) jusqu'à la fin des années 30 fait qu'on l'oublie lorsqu'on présente injustement Louis Armstrong comme le premier soliste de jazz.

Virtuose clarinettiste, passé ensuite au saxophone soprano, il projette une sonorité d'une violence et d'une puissance extraordinaire, animé d'un ample et rapide vibrato qui magnifie le lyrisme extraverti de ses phrases. 

Ecoute : Shag (1932) - Summertime (1939) - I've found a new baby (1958) - Si tu vois ma mère (1958) 

 Piano - Chef d'orchestre 

Pianiste et chef d'orchestre il formera le premier big-band à New-York au début des années 20.

Il engage Louis Armstrong et King Oliver. De nombreux grands solistes sont passés par son orchestre : Coleman Hawkins, Benny Morton, Benny Carter... 

Écoute : The Stampede (1926) 

Le jeu de cornet de Bix Beiderbecke tranchait avec celui de ses contemporains, majoritairement influencé par le style de Louis Armstrong, par son phrasé legato et par une douceur de timbre (un son rond et chaud) qui préfigure ce qui, après-guerre, sera le style cool. Son lyrisme mélancolique fait de lui un des musiciens les plus touchants de l'histoire du jazz.

Ecoute : Jazz me Blues (1924) 

 Earl Hines est le premier grand virtuose de piano jazz. Avec lui la main droite s'affranchit du ragtime pour s'inspirer du phrasé plus libre des solos de cuivres. Technicien remarquable, il contribue à galvaniser de nombreux orchestres de Chicago.

Écoute : A Monday Date (1928)