Les Racines

XVIIe – XVIIIe


Sur les navires des négriers en partance pour le Nouveau Monde, les captifs chantaient les naissances, les deuils, les jeux, les prières…La construction de ces chants préfiguraient quelques uns des aspects de ce que sera le jazz plus tard.

L’esclavage brasse de nombreuses ethnies africaines, les forçats emportaient avec eux certains instruments comme le balafon, le marimba, le banjar.

Les rituels catholiques et africains se sont imbriqués pour donner naissance aux prédications chantées et rythmiques de type "revival"

Dans la musique africaine le rythme prévalait sur la mélodie et l’harmonie alors dominante dans la musique européenne.

Le rôle des percussions dans les cérémonies religieuses africaines a permis d’atteindre une sophistication rythmique impensable en Occident.


Le spiritual

Héritée d’une pratique anglicane destinée à enseigner oralement les psaumes, le lining out consistait à faire répéter en cadence par les auditeurs les paroles de l’orateur. Ce principe de question/réponse sera très courant dans le gospel et le jazz.

Le worksong

La musique en tant qu’art n’a aucune signification en Afrique, on chante pour courtiser, raconter, injurier, naviguer, pour la guerre ou le culte... Les worksongs étaient des chants improvisés sur le rythme des marteaux et des pioches. 

Les minstrels

Les minstrels étaient en premier lieu des "clowns" blancs qui se peignaient le visage et caricaturaient les noirs (blackface). Par la suite des musiciens noirs ont intégré ces shows en singeant les attitudes des aristocrates blancs – le cakewalk fut un succès.

Le Ragtime

Contraction de Ragged time, tempo irrégulier, déchiqueté.

Le ragtime introduit la "pompe" : les basses sur les temps forts et les accords sur les temps faibles (poum tchack, poum tchack) qui deviendra le principe de base des premiers jazz bands et du style pianistique des années 20-30 connu sous le nom de stride.

L’écriture du ragtime met en valeur une belle virtuosité héritée du piano romantique. Les morceaux sont généralement construits sur une suite de quatre mouvements de 16 mesures, le troisième s’appelant "trio" s’écartant de la tonalité originale.

Le ragtime se joue de façon binaire (croches égale) ce qui le différencie du jazz qui se jouera de manière ternaire (croches décalées) 

Le Blues

Le blues est issu du holler (chant dans les plantations).

D’origine rurale, il témoigne de l’émancipation des noirs fuyant leur condition de paysans du sud pour se rendre dans les villes.

Le bluesman est souvent marginal, inadapté, infirme, vagabond, bagarreur, et lorsqu’il prend sa guitare c’est pour lui confier les vicissitude de son existence à la première personne.

Né dans la région du Delta, joué à la guitare, souvent au "bottleneck", le rythme est obsédant, le chant âpre et tendu, souvent en voix de tête, d’une poésie riche en sous-entendus et métaphores enchaînées sans logique apparente. 

W.C Handy St Louis blues 

Si à l’origine la forme est libre, quelques chefs d’orchestre s’emparèrent du style en lui donnant une structure hybride d’un couplet de 20 mesures et un blues de 12 mesures. Plus tard pour les besoins de l’édition et des interprétations orchestrales le blues se fixa sous la forme de 12 mesures et 3 accords, devenu un standard adopté dans le monde entier 

Le jubille, le gospel

Le Jubilee voit le jour à Nashville ou un ensemble d’étudiants de la Fisk University constitua un répertoire de chant choral classique et de negro spiritual arrangés selon les normes du chant classique et de l’harmonie européenne.

Cette chorale eut un succès jusqu’en Europe et fut repris par de nombreuses formations.

Les Jubilee singers furent ensuite essentiellement composés en quartette.

A l’aube du XXe une foule d’églises dites sanctifiées apparurent, les instruments de musique firent irruption, on encouragea les prêches exaltés, les repons improvisés, la danse et la transe.

Le Spiritual cédait progressivement la place au Gospel Hymn.