En novembre 1954, les premiers renforts de police et six bataillons d’élite accompagnés de la 75eCRD, arrivent de France, suivis de Tirailleurs et de Tabors acheminés vers les Aurès et la Kabylie.
En juillet 1955 les choses s’accélèrent. Deux nouveaux dépôts de munitions (MoulayIsmaël et Telergma) sont mis en chantier, ainsi qu’un atelier ALAT à Sétif. La réorganisation du Service amène : la création d’une série de CMRM44 , la transformation de la 802eCOSM qui arme le DMu d’Oran en 751eCMu avec un détachement au DMu de Moulay-Ismaël, la concentration de nouvelles unités dans le Constantinois et l’ouest Oranie où les troubles sont les plus importants. La disparition des pelotons de réparation de Légion Étrangère (PRLE) entraîne la création de la 10e compagnie saharienne du Matériel (CSM), unité adaptée au milieu Saharien, rattachée directement à la DRM de la 10eRM d’Alger. Malgré ces changements, il apparaît rapidement que ce nouveau dispositif ne résout en rien le poids des charges. De nombreuses difficultés apparaissent en matière de subordination technique et dans le domaine de la répartition des effectifs et des matériels car les tableaux d’effectifs et de dotation des CRD et des CMRM sont inadaptés à leur emploi sur le terrain. Sur place la 10eDP est mise sur pied et de nombreuses grandes unités font mouvement vers l’Algérie. Mais cette fois les unités du Matériel assurent le soutien au plus près en transformant les nombreuses CMRM/CMRA en CRD. 342 - la refonte de l’organisation du Service à partir de mars 1957 Si les années 1956-57 ne voient pas la mise en place d’une tactique offensive, la perspective d’un conflit de grande ampleur conduit le gouvernement de Guy Mollet à rappeler les classes disponibles et à allonger le service national à 27 mois (ce qui permet d’atteindre 450000 hommes en 1957). Simultanément le commandement militaire en place en Algérie remanie et redéploye le dispositif en place alors que se déclenche « l’affaire de Suez ».
En 1956 c’est au tour des unités de réserve générale du Matériel, unités de mobilisation mises sur pied à base de « rappelés » et dont les lots de chargement sont pour le moins non adaptés, de rejoindre les corps d’armée d’Alger, de Constantine, d’Oran constitués en mars 1957 à partir des trois divisions territoriales. 44 407, 410, 428 et 436e en remplacement des 345 & 248eCMRA et 483eCLRM 45 DI n° 9, 11, 12, 13, 15, 20, 29 ; 5eDB ; 7e division mécanisée rapide (DMR) 124 Chaque CA étant subdivisés en zones opérationnelles (échelon divisionnaire) et secteurs, le Service est contraint d’épouser le nouveau découpage permettant d’accroître la décentralisation des décisions et leur rapidité d’exécution. Chaque DSM de CA contrôle et coordonne l’ensemble du soutien de son secteur et bénéficie de la décentralisation logistique permettant au corps d’armée d’assurer son approvisionnement en munitions à partir des entrepôts de réserve générale munitions et CMu associées. Les CRD sont déchargées du soutien des aéronefs de l’ALAT à la suite de la création (sur place ou venant de métropole) de deux CRALAT (la 674e à Sétif en soutien du 101eGALAT et du GH2, la 675e à Sidi bel Abbès en soutien du 102eGALAT). Indépendamment de leur section commandement, ces compagnies disposent de six sections (magasins, ateliers-généraux, réparations hélicoptères, réparations avions, récupérations, récupérations « contact-party »). Mais le manque cruel de cadres spécialistes se fait durement sentir. Une troisième CRALAT (676e ) sera mise sur pied en 1959 à AlgerChéragas en soutien du 105eGALAT. La DRM du 10 eRM/CA d’Alger contrôle directement les ERGM ALAT de Chéragas et d’engins-blindés de Boufarik, la 191eCMRP, le CISM n°3 de l’Alma. Les ateliers dispersés en marges des agglomérations d’Alger, d’Oran et de Constantine sont regroupés afin de former de véritables établissements régionaux et sont associés à des dépôts de rechanges auto (DRA) et des dépôts de matériels complets (DMC), ces derniers étant soutenus par des compagnie de gestion de parc (CGP), des CLRA et des CMRM. Au niveau des zones divisionnaires les DRM chapeautent tous les autres organismes du Matériel de leur zone de responsabilité. Dans les territoires du sud, alors que les anciens établissements sont remaniés, à côté de la 10eCSM renforcée, sont mises sur pied deux nouvelles CSM (11e&12) ainsi que trois directions. A partir de 1958 toutes les unités du Matériel participent aux activités opérationnelles, en particulier lors de la bataille des frontières qui dura jusqu’en 1962, en soutien des unités mobiles qui vont et viennent le long des lignes de barrage électrifiées en fournissant d’énormes quantités de mines et fils pour le piégeage.
A partir de 1959, à Alger et Oran, les compagnies seront regroupées en groupements gestion-réparation (GGR), les 60e&75eCRD, complétées de sections spécialisées dans le soutien des automitrailleuses Ferret et des AMX13 participent à l’opération « Jumelles » en grande Kabylie aux côtés des 10e & 25eDP. Les CRD se transforment pour les besoins en compagnies magasins afin d’approvisionner les unités en renfort. Il en est de même pour le soutien des parachutes lorsque la 191eCMRP détache une section de récupération des parachutes dans les opérations offensives.
En 1960, époque de son plein développement, la DSM en Algérie et au Sahara disposait de 95 organismes répartis sur 172 points : 25 directions (3 de CA, une du Sahara , 19 de grande unité ou de zone dont 2 du Sahara, 3 de groupement ALAT), 9 établissements (2 de réserve générale et 7 régionaux), 3 entrepôts régionaux de munitions dont dépendaient 22 dépôts opérationnels, un centre d’instruction, un détachement d’inspection, 3 centraux ou batteries mécanographiques, un service cinématographique, 53 compagnies (17 CRD, 4 CSM, 16 CRRG « compagnie de réparation de réserve générale », 3 CRALAT, 1 CRP, 3 CM, 3 CMu, 3 GCP, 3 COSM). 125 343 - du référendum à la proclamation d’indépendance (1960 au 3 juillet 1962) Le 8 janvier 1961, le référendum sur l’autodétermination du peuple algérien est approuvé par la majorité des français. Un mois avant l'ouverture de la conférence d'Evian, le 20 mai 1961, le putsch des généraux échoue à Alger. Un profond malaise apparaît dans l’armée. Sur le terrain, les 10e & 25eDP sont dissoutes et remplacées par trois brigades. Pour le Matériel, ces dissolutions se traduisent par : la dissolution de la 60eCRD dont certaines sections de réparation rejoignent les 471e , 472e et 473eCQG), la transformation de la 75eCRD en 61eCRD qui soutiendra la 11eDivision légère d’intervention (DLI). Mais une nouvelle crise se prépare car les ultras de l'Algérie française entrés dans la clandestinité au sein de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) et les pourparlers entre le FLN (front de libération national) et le gouvernement français à Evian sont difficiles. On assiste à une recrudescence d’attentats en métropole et en Algérie. Le Matériel n’est pas épargné. Plusieurs organismes sont visés afin de s’approprier des munitions. La crise de Bizerte. Profitant des difficultés rencontrées par la France, le 6 juillet 1961, le président tunisien Habib Bourguiba exige que la France retire ses troupes de la base de Bizerte (base dont elle disposait malgré l’indépendance du pays en 1956). La France n’obtempère pas, l’armée tunisienne attaque les 18 et 19 juillet. Les parachutistes français accompagnés de la 191eCREP, en provenance d’Algérie débarquent le 19, ripostent durant trois jours et gardent la base jusqu’en octobre 1963 malgré la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Tunisie. En août 1961, la crise de Berlin accélère le départ d’Algérie des 11eDLI et 7eDLB. Les déflations d’unités du Matériel sont plus progressives. Si la 61eCRD rejoint Metz en juillet 1961, les 57e & 443eCRD soutenant la 7eDLB ne sont dissoutes qu’en 1962. 344 - de la déflation au départ définitif (1962 - 196846) Les accords d’Evian du 18 mars 1962 prévoyaient trois phases : une période transitoire du cessez le feu au référendum permettant de mettre en place une politique d’évacuation, une période intermédiaire : du référendum à juin 1963 constituant la principale phase de déflation et enfin une période stabilisée de 3 ans marquée par une réduction progressive des effectifs. Au cours de ces trois phases, le Service joue un rôle majeur dans la gestion des unités dissoutes ou renvoyées en métropole bien qu’il connaisse lui aussi une baisse de ses effectifs. Environ 50000 véhicules sont débordés entre avril 1962 et juillet 1963. Un important contingent est également aliéné sur place ou cédé gratuitement à la république algérienne. Durant cette période, le Service maintient le potentiel des unités demeurant en Algérie. Six CRD constituent la base du dispositif de soutien direct alors que sont rapatriées 18 CRD, 6 CLRM et 3 CMRM, les autres unités étant dissoutes sur place. En septembre 1962, le groupement de gestion de réparation (GGR) de Rouïba assure le déménagement des partants. Cette situation rend vite très problématique la poursuite des activités dans les établissements. Les ports de Mers-el-Kébir, Alger et Bône fonctionnent à plein régime jusqu’à la fin de l’année 1963. Année de la disparition de la base stratégique de Mers-el-Kébir. Au Sahara, la 12eCSM se replie sur l’ERM de Colomb-Béchar, sauf une section qui soutient successivement le centre d’essais atomique d’Im Amguel et une unité de la Légion Étrangère à Reggan. Le sud algérien sera abandonné en juillet 1967.
A partir de novembre 1962, le soutien ALAT est uniquement assuré par la 675eCRALAT. Elle quittera l’Algérie en avril 1964. La suppression des grands établissements du Matériel est plus progressive. La plupart cessent leur activité en octobre 1962, dissouts trois mois plus tard. Les groupements d’Alger et de Constantine disparaissent entre avril et juillet 1963. Le groupement de Bône disparaît en octobre à la dissolution de la 2e division. Les ERGMu et les CMu sont également supprimés au cours du premier trimestre 1963. L’exploitation des dépôts est assurée par les COSM et les ERM. L’organisation début 1963 revient sensiblement à celle qui existait en 1954. Les derniers éléments du Service du Matériel quittent le sol algérien en février 1968. (Source : Amicale du Matériel)