La Prière de Jésus et nous

( icône du Christ bénissant par Joëlle Nicolas-Randegger ) 


Les évangiles nous disent par petites touches discrètes combien la prière habite Jésus tout au long de sa vie, et de son ministère. Il se met à l’écart,  prend du temps pour des rencontres qu’on ressent tissées d’affection et de communion. Les mentions de lieu et de temps  nous indiquent encore  la persévérance  que Jésus mettait à entretenir sa relation d’amour avec Dieu : « Jésus se retira sur la montagne pour prier ; Il passa la nuit avec Dieu. ». On pourrait déjà, méditer longtemps ces simples mots pour en saisir le poids. 

Que partageait-il dans ce face à face avec Dieu, son Père ? Pendant toute une nuit ? Où à son baptême ? Avant de choisir les douze disciples ? Lors de sa Transfiguration ? Quand il bénit des petits enfants ? Quand il lève les yeux au ciel et qu’il gémit ?…..

Par ci par là, quelques paroles nous sont  confiées :

Celles prononcées dans l’allégresse de l’Esprit, et l’émerveillement: «  Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre… » Celles  de la certitude : « Père je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé…» ou  celles prononcées dans le bouleversement et la détermination: « Père, sauve-moi de cette heure …», dans le trouble intérieur : «Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! » ou dans l’obéissance et l’abnégation : « Non ma volonté, mais la tienne ! » ou encore cette prière pour les autres : « Père, pardonne-leur…ils ne savent pas ce qu’ils font !» et ce cri déchirant l’univers : « Mon Dieu mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?  Et encore celle du dernier souffle, celle de la confiance ultime : « Père, je remets mon esprit entre tes mains ». 

Si la plupart des prières échangées avec son père  sont tenues secrètes, car elles relèvent de l’intimité, nous découvrons cette longue prière de Jean 17 où Jésus prie pour ses disciples, devant eux : « Père Saint, garde-les… préserve-les du mal… sanctifie-les par ta vérité… »  Merveille de pouvoir s’appuyer sur ces mots qui nous portent de jour en jour. Et puis il y a le Notre Père que Jésus nous offre, qu’il prononce avec nous, cette prière qui les contient toutes, qui nous élargit à la dimension des autres,  comble nos manques, et répare nos défaillances.

Dans la prière, le plus difficile est de s’échapper du temps qui court,  d’apprendre à veiller, de trouver sa « montagne » à l’écart des fascinations multiples et du vacarme qu’impose le monde, pour se tourner vers Dieu en solitude ; pour  ouvrir en soi l’espace de l’Esprit.

Alors, le temps de la prière, est comme une étoile dans la nuit, une forteresse qui  abrite, une douce rosée sur l’ âme si souvent malmenée,  une boussole pour retrouver un chemin de  lumière , le sel qui redonne goût  à la vie, une fleur parfumée d’un bonheur à partager. 

Ce temps béni de la prière, est celui qui  permet la rencontre avec l’Ami quotidien, qui est présent au cœur des journées et des  nuits, et qui intercède pour chacun, comme il l’a fait pour Pierre : «  J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. » 

Mystère de la prière de Jésus qui  nous enseigne, nous éclaire, nous fortifie, nous élève, nous réjouit, nous dynamise, et nous conduit à l’adoration. Elle permet au cœur de désirer Dieu dans une réelle communion filiale et sans oublier la fraternité humaine.

Quelles que soient les circonstances de notre vie, il est précieux pour nous, de  persévérer dans  l’aventure de cette relation d’amour avec  la  certitude que Jésus poursuit sa prière pour nous et  que Dieu par sa grâce , nous maintient dans sa main, et nous dévoile peu à peu son visage et son mystère.

Seigneur Jésus, en te regardant, en t’écoutant prier, en méditant tes paroles et tes silences,  nous ne pouvons que  dire : 

« Apprends-nous à veiller et à prier, encore et encore…. »