J4 : Vendredi 17 octobre 2025
Après avoir donné la priorité à la nouveauté durant ces premiers jours, nous avons décidé aujourd’hui de mêler du nouveau et du connu. Pour être plus précis, nous avons prévu de faire une randonnée que nous n’avions encore jamais faite dans un lieu que nous connaissons déjà. Il s’agit de Xerocampos, l’un des derniers bouts du monde de la partie orientale de la Crète, à dix kilomètres au sud de Zakros. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un village mais plutôt d’un groupe d’habitations disséminées dans des oliveraies bordées d’une succession de très jolies plages de sable fin ou de galets.
En 2022, nous avions rejoint Xerocampos via Palékastro et Zakros. Aujourd’hui, nous optons pour un trajet inédit en suivant le chemin des écoliers à travers l’arrière-pays de Sitia entre villages reculés et paysages sauvages. En cours de route, un arrêt s’impose entre Karydi et Adravasti en plein milieu de ces immenses étendues arides. On se croirait presque au Far West sauf qu’ici nous sommes dans le Far… East ! 😊
Concernant la randonnée, nous comptons emprunter le sentier côtier qui relie Xerocampos à Kato Zakros. Nous n’avons néanmoins pas l’intention d’aller jusqu’à Kato Zakros que nous connaissons déjà pour y avoir fait deux belles randonnées (voir ici). Nous voulons juste marcher un peu en direction du nord autant qu’il nous plaira puis rebrousser chemin.
Depuis le parking à proximité de la plage d’Alona, nous nous dirigeons tout droit vers la rangée de falaises calcaires qui la domine. Nous pouvons y observer ces rainures naturelles causées par les propriétés érosives de l’eau ruisselant le long des surfaces karstiques. Un phénomène appelé lapiaz qu’on retrouvera également au sol sur une partie de l’itinéraire.
C’est par une très étroite sente qui serpente le long de la côte que nous tentons de nous frayer un passage entre les innombrables coussinets de buissons épineux. Je me félicite avant tout de porter un pantalon long 😉.
En nous retournant, nous constatons que la très belle plage de sable d’Alona est encore déserte et la mer incroyablement calme à cette heure (9 h 30). L’endroit est également connu sous le nom de Krinakia Beach, krinakia signifiant lys en grec, car les dunes à l’arrière-plan sont couvertes de lys de mer à cette période de l’année.
Au bout d’une demi-heure, quand la côte dessine une profonde échancrure, le sentier épouse lui aussi le contour de cette baie, nous dévoilant alors une surprenante palette de couleurs. Le bleu intense de la mer associé aux tons beige clair et brun caramel des couches sédimentaires apportent une touche de gaieté à un décor par ailleurs assez austère.
Baie de Rousa Spasma
En effet, partout à la ronde, la couleur gris argent domine, ponctuée çà et là d’un soupçon de vert. Pourtant, en y regardant de plus près, on peut aussi trouver quelques pointes violettes, celles très discrètes des bouquets de bruyères.
Cherchez les bruyères !
Dans ce contexte, nous sommes d’autant plus surpris de trouver un arbre solitaire, perdu en plein milieu de cet univers minéral. En nous approchant, nous réalisons qu’ils sont deux. Seraient-ce des tamaris, derniers survivants d’une ancienne futaie ?
Cherchez les arbres solitaires !
Sur ces réflexions, nous continuons à avancer tant bien que mal en direction du nord. Kato Zakros est encore très loin derrière cette succession de caps.
Nous traversons ensuite une terrasse rocailleuse au bout de laquelle se dresse un imposant rocher à l’allure de forteresse. Nous le désignons comme but ultime de notre marche. Une fois que nous l’aurons atteint, nous rebrousserons chemin.
Cherchez la "forteresse" !
A ce moment-là, nous ne savons pas encore que notre itinéraire va momentanément quitter le bord de mer pour se diriger vers l’intérieur des terres, grimper en direction d’une selle pour passer derrière une barre rocheuse. Nous perdons définitivement la forteresse de vue.
Il nous faut alors définir un nouvel objectif. Au bout de 2.5 kilomètres (depuis le départ), à hauteur de la vallée du Kalo Potami, un cours d’eau ayant creusé une large brèche pour accéder à la mer, aujourd’hui asséché, nous décidons de faire demi-tour.
Le trajet du retour est l’occasion de profiter de larges vues sur la localité de Xerocampos avec ses deux îlots de Kavali faisant face au rivage.
Cherchez la plage d’Alona !
Nous avons parcouru en tout 5 kilomètres en 2 heures sur un terrain parfois un peu compliqué (lapiaz, phrygane) dans une contrée rude et aride qui nous est apparue un peu monotone à la longue. Heureusement, pour terminer, la blancheur des lys de mer recouvrant les dunes de la plage d’Alona vient apporter un peu de douceur à ce monde brut.
Lys de mer
Encore de la douceur pour continuer, celle du sable fin constituant la plage d’Alona sur laquelle nous étalons nos serviettes en cette fin de la matinée après avoir fait quelques brasses dans une eau très claire et étonnamment moins froide qu’ailleurs.
Pour le déjeuner, nous ne cherchons pas midi à quatorze heures, nous nous installons tout simplement à la taverne Akrogiali comme en 2022. Lapin à l’origan et chèvre sauce au vin viennent garnir nos assiettes, suivis d’une petite pâtisserie offerte par la maison.
Après ce repas roboratif, une petite sieste à l’ombre est bienvenue mais pas avant d’avoir nagé avec palmes, masque et tuba dans les eaux calmes de la plage d’Ambelos. Température : 25 degrés à l’ombre ! Le mercure grimpe de jour en jour pour notre plus grand bonheur !