Lucas Sonzogni, Trois Poèmes Doubles
2024, création mondiale. Commande éOle.
2024, création mondiale. Commande éOle.
La rencontre d’un chœur et des machines est une parfaite métaphore de notre société contemporaine. Corps de chair et boites de plastique. Voix et lignes de code. La chaleur du profondément humain et la froideur de l’exécutif informatique face à face : caricature commune faite de ce monde agité qui nous dépasse. Mais, le profondément humain est-il si chaud ? À l’heure des inégalités les plus sévères l’humanité n’a semble-t-il jamais été aussi injuste avec elle-même, se lançant dans diverses guerres patriotiques, communautaristes, religieuses, essaimant obscurantismes de toutes natures et souffrances incommensurables. La froideur de l’humain qui massacre est d’une actualité brûlante. Les chairs calcinées par les bombes, conséquences du grand jeu d’un pouvoir toujours aussi glacial.
Et l’exécutif informatique est-il si froid ? Quand des familles communiquent leur amour autour du globe par satellites, quand tout le savoir du monde est accessible sous le pouce, quand il faut des IA conversationnelles pour combler le vide affectif laissé par les siens, quand des programmes génèrent peintures, poèmes et symphonies ; ces machines viennent compenser la froideur de nos existences par un feu qui n’apparait plus si artificiel. Qui de l’homme ou de la machine domine sur l’autre ?
Par une forme de spiritualité contemporaine, les textes de Paul d’Antoine illustrent à merveille ces sensations de submersion et d’impuissance qui nous accablent à l’orée de ces perceptions ambivalentes. Comprendre notre monde semble impossible, mais malgré tout, pourvus d’une poésie très symbolique, ces textes laissent une place significative à l’espoir en l’humanité, et en la possibilité du bonheur.
En collaboration avec le GMEM, le Chœur Philharmonique de Marseille s'est prêté au jeu des sessions d'enregistrements du matériau sonore nécessaire à cette œuvre. Lucas Sonzogni et éOle remercie chaleureusement ces deux structures, ainsi que Martin Laskawiec et Mathilde Lavignac pour l'encadrement vocal de ces sessions.
Bien qu'en contact avec le piano maternel depuis toujours, l'enfant est d'abord séduit par le saxophone : un saxophone, ça brille, c'est joli, et puis, il veut jouer la panthère rose... Tout jeune, il tombe dans le spectacle vivant avec la compagnie du Théâtre Réel dirigée par Luc Montech. Il intègre ensuite un cursus de Musicologie à l’Université Toulouse Jean Jaurès, et les classes de composition du Conservatoire de Toulouse, puis le Conservatoire National Supérieur de Musique. Aujourd'hui professeur agrégé, il fonde le Transcontemporain et poursuit ses activités de compositeur. Autant inspiré par Dutilleux que Palestrina, le matériau musical polymodal de Lucas Sonzogni syncrétise la richesse des textures contemporaines et la finesse des contrepoints anciens.
Vers où
Quel chemin ?
Quel destin ?
Dépassée, la vertu
Oublié, le sensible.
L’abject devenu
Joie bien dicible.
L’Être nu,
L’Être tu,
L’Être humain,
C’est nous.
Demain,
Votre faim,
Notre soif.
La pupille grande ouverte, des pétales de l’iris
Tu absorbes l’abysse infini du cosmos.
De ces éclats fleurissent les nuances de noirs
Qui hantent ta rétine.
Il germe des miroirs
À ce vide absolu.