Nov 2022 : Traversée vers Madère
surnommée " l'île aux fleurs "
surnommée " l'île aux fleurs "
La Route du Rhum programmée le 4 novembre 2022 au départ de St Malo est partie retardée, en raison de météo exécrable. Belissima a attendu le lendemain de leur départ, le jeudi 10 novembre pour larguer les amarres du Crouesty, port situé à la sortie du Golfe du Morbihan au sud de Vannes.
La fenêtre météo est bonne pour 3 jours mais il va falloir faire vite car ensuite de nouvelles dépressions s’enchaînent.
Les dauphins nous accompagnent à la sortie de la Baie de Quiberon pour notre plus grand plaisir.
Après avoir croisé le 3 mâts français le Belem au large de Belle-île nous faisons une curieuse rencontre vers 23h45 avec l’Ultim Banque Populaire (course Route du Rhum) qui remonte sur Lorient et nous croise à la vitesse de 33nds ! Nous apprenons par la suite qu’il a eu plusieurs problèmes techniques à régler.
Notre deuxième nuit, vendredi 11 novembre sera marquée par le passage des rails montant et descendant des cargos et paquebots qui remontent vers le nord : un vrai slalom pour les éviter !
Samedi 12 novembre : le passage de la queue de la première dépression passé, nous devrions pouvoir aller plein sud, direction Madère !
Eh bien non cela ne se passe pas comme cela…
Tout d’abord dans la nuit de samedi à dimanche Banque Populaire repasse derrière nous après avoir réparé à Lorient…
La première queue de dépression descend bien plus sud et la bascule de vent nous cueille après une nuit rock and roll dans un force 7 bien musclé (28-34 nds de vent réel à 50 degrés du vent pendant toute la nuit).
Virement de bord et descente au plus près du vent vers le sud pendant 3 jours.
La deuxième queue de dépression nous entraîne vers le sud-est et nous ne voyons pas la bascule de vent prévue nous rattraper : mardi 15 novembre après 24 h de force 7 au près serré nous commençons à fatiguer.
Sylvie me réveille après ma sieste, nous mettons à la cape (bateau stabilisé face au vent) et repartons vers l’ouest pour sortir de cette dépression qui avance à la même vitesse que nous. L’Ultim Banque Populaire passe 1 mille derrière nous à 19 noeuds de vitesse (la bascule de vent l’oblige à faire du plein nord pendant 1h pour préparer son virement - il est seul à bord !) Le vent commence à refuser et deux heures après nous pouvons revirer et faire route au sud une fois sortis de cette maudite dépression.
En pointillés marrons : notre trajet… nous aurions dû virer 2 h plus tôt !
Le reste de la traversée devient plus aisé et nous arrivons jeudi 17 novembre à 4h30 au mouillage de l’île de Porto Santo au nord de Madère… bien fatigués !
8 jours, 1276 milles, 2 belles dépressions et rien de cassé !
Juste beaucoup d’eau embarquée dans nos coffres extérieurs et par l'écubier …
...et découverte 3 semaines plus tard d'un pack de lait explosé dans les fonds !
Nous cherchions une odeur bizarre dans le bateau.
Après la version du capitaine de vaisseau, voici la version étendue de l'amiral :
Nous avons eu à peine le temps de nous remettre du passage de la 1ère dépression subie au large du Cap Finisterre (cap le plus nord de l’Espagne) samedi 12 novembre, qu’une 2ème dépression nous arrive dessus le lundi 14 novembre dans l’après midi. Rémi me montre, carte météo à l’appui, qu’elle devrait durer jusqu’à 1h du matin et nous devrions ne ressentir que la queue de la dépression, donc un vent pas trop fort ! En réalité, la dépression durera jusqu’à 15h le mardi 15 novembre avec des vents de 30-35 nds.
Jamais nous n’avons vécu un force 7 au près serré aussi longtemps !
Ceux qui connaissent la mer savent que ce n’est pas spécialement confortable !
« Ca souffle, ça hurle, ça tape, ça tape même fort, la mer se forme, devient chaotique. Le vent monte jusqu’à 30 nds réels ce qui veut dire 40 nds apparents sur le bateau avec la vitesse. On peut se dire que ce n’est pas si fort que cela. Mais nous sommes au plus près du vent et le bateau gîte beaucoup malgré nos 2 puis 3 ris pris dans nos 3 voiles. Belissima lutte comme elle peut, trouvant son chemin entre les vagues qui sont dans tous les sens… et puis ces moments que les navigateurs redoutent le plus, ceux où son bateau au plus haut d’une déferlante bien pointue retombe d’un seul coup, 3-4 m plus bas dans un grand BANG… et ça s’enchaine, ça tape de plus en plus, les vagues viennent s’éclater contre la coque faisant trembler, gémir la structure du bateau; ce n’est pas pour nous que nous craignons mais bien pour Belissima. Sans elle, nous ne sommes rien. Les déferlantes sont de plus en plus nombreuses, déferlant avec une force inouïe sur le pont pour venir s’éclater sur nos pare brises… et là l’eau de mer s’infiltre partout. Sylvie lutte avec ses lingettes pour absorber toute cette eau qui rentre dans notre cockpit malgré la présence du taud complet.
Ça gicle, ça craque, ça cogne, ça déferle, ça tape, ça hurle. Ce bruit du vent infernal qui n’existe qu’en mer, qui monte, monte et n’en finit plus… Nous allons chacun notre tour dans la couchette de la coursive où tous ces bruits sont un peu atténués pour nous reposer tant la vue que l’ouïe.
Tout déplacement dans le bateau devient acrobatique et même dangereux si l’on ne prend pas le soin de bien nous tenir : Sylvie se prend un bon choc à la tempe G en allant aux toilettes et voit 36 chandelles (comme dans les dessins animés) et Rémi s’amoche le dessus de la main et le bras en se faisant valdinguer à l’intérieur du bateau par une déferlante.
Et puis les heures passent, la fatigue est là car le sommeil se fait rare allongé dans notre couchette pendant que l’autre veille, mais toujours à l’écoute des bruits environnants.
C’est toujours dans ces moments là que la loi des emmerdements maximum s’applique : Sylvie découvre que le bac à douche de l’avant est rempli d’eau alors que nous avions pris la précaution de fermer les vannes d’arrivée d’eau douce. C’est de l’eau de mer qui arrive directement de notre puits à chaîne : le tuyau d’évacuation du puits à chaîne est bouché et toute l’eau des déferlantes qui passe par l’écubier (tuyau par lequel la chaîne passe) va directement à l’intérieur des coffres sous le plancher de la cabine avant et de la salle de douche avant. Nous commençons par écoper ( une dizaine de seaux sont sortis puis Rémi branche une pompe de cale qui évacue l’eau directement du bac à douche au puisard qui se trouve dans la cale moteur).
Il ne faut pas oublier que dehors ça continue de souffler fort !
Nous sommes mardi midi : cela fait 20h que nous sommes secoués dans tous les sens et nous n’en voyons toujours pas la fin. L’intérieur du bateau a bien piteuse mine. 95% d’humidité. Quand à notre cockpit, ce n’est pas mieux. Tout est trempé et le taud qui nous protège commence à prendre l’eau. La fatigue est là et Rémi accuse le coup en disant qu’il en a ras le bol de se faire mouiller et qu’il rentre se coucher.
Selon les prévisions météo, nous devrions être sortis depuis longtemps de cette dépression ! Mais voilà, Belissima marche trop bien et avance en même temps que la dépression. C’est là, à 13h, que nous décidons de nous mettre à la cape ( bateau stabilisé face au vent) et de laisser passer la dépression.
Et là : MIRACLE : tout devient calme, les hurlements du vent s’atténuent immédiatement et la mer s’aplanit : cela nous permet, de déboucher les tuyaux d’évacuation du puits à chaîne, de mettre le générateur en route pour recharger nos batteries et surtout prendre le temps de nous restaurer au calme. Ensuite nous tirons un bord pendant 2h vers le nord. Ces 2h vont nous permettre d’attendre l’évacuation de la dépression vers l’est et de voir la bascule du vent tant attendue depuis 3h du matin.
Nous reprenons notre route vers le sud. Et là, 2ème MIRACLE : le vent est descendu autour de 20-25 nds et surtout la mer commence à se calmer. Nous voyons sur notre bâbord (gauche) toute la barre de nuages qui s ‘éloignent vers les côtes portugaises. Nous retrouvons un cap favorable pour nous diriger vers les îles de Madère dans une allure beaucoup plus confortable.
Sylvie redonne un semblant de normal à l’intérieur du bateau pendant que Rémi prend une nouvelle météo pour tracer sa nouvelle route. Et puis, cerise sur le gâteau : un rayon de soleil apparaît, la température monte dans le cockpit (22°).
Nous constatons que notre cagnard bâbord est déchiré sur 1m (taud vertical installé dans les filières de côté)
La vie reprend son cours…
C’est incroyable : quelques heures après, 2h de sommeil plus tard, notre habitacle asséché… nous avons déjà presque oublié ce qui vient de se passer.
C’est ça la MAGIE de la mer : le pire et le meilleur.
C’est pour cela que 13 ans après, nous continuons à naviguer, oubliant les unes après les autres les épreuves les plus dures et Dieu sait que sur le coup ce n’est vraiment pas drôle…
Nous apprenons à notre arrivée à Porto Santo que les bateaux de la Route du Rhum ont aussi beaucoup souffert pendant ces dépressions.
Dans le même temps dans l'hémisphère sud, nos amis Mathilde et Jean Luc de Pythéas parcouraient la même distance 1200 milles de Mar del Plata à Ushuaïa. Ce que nous avons vécu n'est rien à côté de leurs aventures.
voici leur lien : levoyagedepythéas
Nous sortons tout courbaturés de ces dernières 24h.
Sylvie a même attrapé des cloques aux mains à force d’essorer ses lingettes pleines d’eau de mer !
Il nous faut trois jours pour nous reposer tout en vidant tous les coffres extérieurs du bateau qui ont pris de l’eau pendant cette traversée sportive !
Heureusement le temps est ensoleillé et sec.
Après 4 jours passés au mouillage nous trouvons une place, bien qu’un peu petite pour la taille du bateau en bout de ponton dans la marina de Porto Santo.
Après des nuits de petit roulis au mouillage, nous goûtons les nuits bruyantes de crissements au ponton : la houle arrive à rentrer légèrement dans le port et le bateau bouge énormément malgré un savant amarrage de gardes avant et arrière !
Nous prenons nos marques et faisons un tour à vélo dans la seule ville de la petite île de Porto Santo, Vila Baleira. Nous sommes en saison creuse touristique, il n’y a plus que 3500 habitants résidents permanents sur l’île qui peut en accueillir 10 fois plus en période de vacances dans des structures hôtelières mais aussi dans bon nombre de maisons secondaires actuellement toutes fermées !
Nous profitons d’une journée ensoleillée pour faire le tour de l’île en minibus. Nous découvrons les différents paysages de cette île volcanique où il ne pleut pratiquement pas.
plage de la Calheta à la pointe ouest de l'île.
falaises abruptes et arides de la côte nord avec son ancienne fontaine, Fonte de Areia, aujourd’hui polluée,
vue aérienne sur Vila Baleira du Pico de Castelo et du Miradouro de Portela avec ses 3 anciens moulins à vent
La température varie de 20 à 25 degrés toute l’année et les nuages se déversent plutôt sur l’île voisine : Madère. L’île est très sèche et la reforestation tentée il y quelques années a échoué à 90%.
Du point de vue énergétique :
- une usine de dessalinisation d’eau de mer approvisionne toutes les maisons et hôtels.
- près du port se trouve également l’usine électrique avec ses générateurs qui tournent en fonction de la demande, sans compter quelques éoliennes et panneaux solaires installés sur l’île.
Egalement une station de production de microalgues marines fournit les usines de cosmétiques européennes.
A notre grande déception, les promoteurs n’ont pas chômés à l’ouest de Vila Baleira pour défigurer les bords de la grand plage de 9 km de sable fin et blond aux vertus curatives (paraît-il), atout majeur de cette petite île…
L’île de Porto Santo fut découverte un an avant Madère en 1418. Christophe Colomb y séjourna et y épousa la fille du 1er gouverneur de l’île, Bartolemeu Perestrelo qui n’était autre que l’un des 3 découvreurs de l’archipel de Madère. Ce mariage lança la carrière du jeune Christophe Colomb…
Cette île était autrefois considérée comme un point faible, impossible à surveiller et à défendre contre les attaques de pirates. La plus terrible d’entre elle est perpétrée en 1617 par des navires algériens. 900 habitants sont capturés afin d’être vendus comme esclaves. Il faut attendre le 18ème siècle pour que soit construit au Pico de Castelo un petit fortin pour protéger la ville.
Le lendemain ayant retrouvé un peu de forme nous partons à pied sur les sentiers de l’île du côté sud est, pour rejoindre un endroit sauvage, très coloré et pittoresque. Le restaurant étape de notre parcours ne nous servira que des boissons car hors saison la cuisine ne fonctionne plus !
Tant pis nous terminons notre boucle pour retrouver la marina.
En chemin nous avons bien failli rester coincés dans une gorge étroite formée par les ravinements d’érosion.
La météo nous annonçant des vents faibles pendant quelques jours et Belissima étant au ponton sous la bonne garde d’un navigateur présent à la marina, nous décidons de prendre le ferry pour découvrir Madère, (surnommée « l’île aux fleurs ») par la terre pendant 2 jours.
Au fait savez vous d’où vient le nom de Madère ?
En 1418, les explorateurs qui découvrirent l’île lui donnèrent son nom en s’exclamant « madeira, madeira ! » (bois en portugais). Madère abrite encore la plus vaste forêt laurifère de la planète. Outre les lauriers nous découvrons des forêts d’eucalyptus, de mimosas, de conifères, de cèdres à l’exception de la pointe orientale de Sao Lourenço qui elle est désertique.
Pointe de Sao Lourenço
Nous arrivons avec le ferry en début de soirée, directement à Funchal, la capitale de Madère.
Départ de Porto Santo
Nous logeons dans le magnifique Pestana Casino Park Hotel construit en 1976 par Oscar Niemeyer le célèbre architecte brésilien dont nous avions apprécié cet été, son « Volcan » la grande médiathèque du Havre.
L’ensemble Hôtel et Casino est absolument magnifique, les volumes grandioses à l’image des reliefs majestueux de l’île, notre chambre superbe avec vue sur le Casino, Funchal, ses marinas et l’océan atlantique.
Notre première matinée est consacrée à la découverte de la partie Est de l’île, sans oublier, avant de quitter Funchal de passer par le fameux marché dos Lavradores, le marché le plus grand de l’île :
Impossible pour Sylvie de ne pas prendre de photos
A l’entrée la fleuriste en costume local attire les touristes alors qu’à l’intérieur c’est une profusion de légumes et de fruits exotiques tous plus colorés les uns que les autres.
Sylvie ressort avec un échantillon de fruits de la passion aux formes, couleurs et saveurs toutes différentes : orange, citron, banane, ananas, tomate… du jamais vu pour nous. Nous en ferons notre repas de midi.
Et puis au rez-de-chaussée, ceux sont les étals de poissons avec surtout le fameux sabre noir appelé ici, espada (à ne pas confondre avec l’espadon).
Drôle de poisson des profondeurs, avec une mâchoire assez effrayante et une peau noire qui quand on la frotte laisse découvrir des longs filets blancs, servis souvent frits dans tous les restaurants de Madère.
Nous sommes vendredi, et nous sommes surpris du peu de poissons sur les étals ! En dehors du sabre noir, de quelques thons, bonites et quelques dorades d’élevage, il n’y a pas grand choix. La mer se dépeuplerait elle ?
Nous continuons par la 4 voies qui longe la mer.
Nous passons près de la fameuse piste de l’aéroport de Funchal très connue par les navigateurs puisque c’est sous cette piste montée sur pilotis dans l’océan que se trouve la zone à sec des voiliers ou autres navires.
Direction Machico, petit port de plaisance avec sa plage de sable noir et son mouillage quelque peu rouleur du moins ce jour là.
N’ayant pas pu nous garer près du centre ville, nous continuons notre route vers la pointe orientale de l’île, la pointe de Sao Lourenço, réputée pour sa fameuse randonnée de 9 km , le long de falaises arides, vertigineuses faites de cendres volcaniques compactées de différentes couleurs.
En 2 jours nous n’avons pas le temps d’entreprendre de longues randonnées mais nous nous promettons de revenir mouiller au seul mouillage de l’île de Madère protégé des vents du nord, au pied des falaises et qui semble assez idyllique car peu fréquenté.
Ce sera chose faite 3 jours plus tard, quand ayant récupéré Belissima sur l’île de Porto Santo, nous allons pouvoir profiter seuls, durant 3 jours, de ce somptueux mouillage aux eaux turquoises sous le soleil.
Marina Quinta del Orte
Nous repassons par la marina de Quinta Del Orte, conseillée par l’ancien propriétaire de Belissima : c’est une marina qui fait partie de tout un complexe résidentiel magnifique qui n’a jamais été habité et qui cherche repreneur aujourd’hui.
La marina, quand à elle, est bien ouverte et Johanna dans un parfait français répond à toutes les interrogations de Sylvie. C’est ainsi que nous apprenons que cette marina offre des tarifs préférentiels très intéressants en cette période (-40%) aux adhérents de « Sail the World ». Nous n’irons pas à la marina mais nous savons pour la prochaine fois que c’est une escale possible à Madère en dehors des marinas de Funchal, souvent bondées.
Nous trouvons que « l’île aux fleurs » mérite bien son nom. Nous qui venions de quitter la France en cette fin d’automne, nous apprécions de voir autant de fleurs ici : bougainvillés, oiseaux de paradis, poinsettias, daturas, agapanthes en fin de floraison, hortensias, … et surtout partout, mais vraiment partout les aloe vera en fleurs. Sur Madère les fleurs des Aloe Vera sont oranges.
Porto Da Cruz sur la côte NE, au pied d’une énorme table rocheuse culminant à 590m, la Penha de Aguia, nous accueille le temps de notre pique nique : plage de galets et belles vagues font la joie de surfeurs et des touristes. Nous ne manquons pas d’acheter une bouteille de rhum agricole de Porto da Cruz, histoire de se servir à bord, une poncha, apéritif traditionnel de Madère (jus de fruit et rhum).
Côte Nord-Est vu de Porto da Cruz
Nous continuons notre route en longeant la côte nord profitant des nombreux points de vue, appelés ici miradouros, sur toute la côte NE de Madère.
Santana et ses fameuses maisons triangulaires traditionnelles aux couleurs vives et aux toits de chaume sont incontournables. On dirait des maisons de poupée !
Retour vers Funchal par le centre de l'île en prenant des routes de montagne pour rejoindre le Pico de Ariero qui culmine à 1810m : nous sommes chanceux, les nuages nous laissent entrevoir la beauté du site.
Comme il n’est pas trop tard, nous rentrons par les hauts de Funchal pour assister aux fameuses descentes en traineaux d’osier : ce moyen de transport insolite, inspiré des grandes corbeilles dans lesquelles les paysans faisaient glisser leurs récoltes des champs en terrasses jusqu’au port, a été imaginé par un Anglais souhaitant se rendre rapidement de sa quinta (belle propriété sur les hauts de Funchal pour jouir de la fraîcheur des hauteurs) au bureau. Ces paniers en osier, entièrement fabriqués à la main, montés sur patins de bois sont pilotés par 2 « carrieros », vêtus de blanc et coiffés d’un canotier.
Aujourd’hui, ces descentes ne sont que pour les touristes,
Bonne descente du « toboggan » sur 2 km à 38 km/h ! Sensations garanties…
Nous terminons cette superbe journée par une soirée spéciale Madère à l’hôtel avec groupe folklorique et buffet des spécialités de Madère dont le fameux filet de sabre noir frit et du thon cuisiné au miel et aux oignons.
Le lendemain, nous complétons notre visite par toute la partie Ouest de Funchal et de l’île.
Nous sommes très étonnés en allant vers l’ouest de trouver très vite au milieu des maisons et immeubles des bananeraies en terrasse. Nous n’en avions pas vu dans l’est et comprenons mieux d’où proviennent ces délicieuses bananes que nous mangeons depuis 10 jours.
Camara Dos Lobos est notre premier stop : petit port de pêche aux barques colorées et aux bougainvillés lumineux. C’est ici que Winston Churchill y trouva en 1949 un havre de paix « chaud, baignable, peignable, confortable et fleuri ».
Puis traversée de l’île de Ribiera Brava au sud à Ribiera de Janela au nord, dans un paysage de vallées encaissées, de cultures en terrasses de bananes et de vignes en passant par le grand plateau madérien et ses nombreuses levadas (canaux d’irrigations construits dans toute l’île).
Ribeira de Janela
Notre arrivée à Porto Moniz tout au nord ressemble étrangement aux paysages des Açores avec ses piscines naturelles installées dans des anciennes coulées de laves et ses points de vue superbes sur les falaises de la côte nord de Madère.
Porto Moniz et ses piscines naturelles
Puis retour sur la côte sud toujours en traversant l’île, direction La Calheta : petite marina, maisons en terrasses et musée d’art contemporain (fermé ce jour là, dommage !)
Petite halte à Ponta Do Sol : nous nous installons au petit café qui surplombe la plage de galets et le village. C’est calme et reposant surtout en cette période de basse saison touristique.
Marina de La Calheta
Ponta do Sol
Nous terminons ce survol de l’île, suspendus à 580 m au dessus du vide sur le plancher de verre du mirador du Cabo de Girao, l’une des plus hautes falaises d’Europe : vertigineux et impressionnant !
2 jours à Madère, c’est vraiment court sachant que l’île s’apprécie réellement à pied par monts et par « eaux » le long des levadas et autres randonnées le long de la côte.
Nous avons apprécié l’accueil, la gentillesse et la propreté inégalable des portugais que nous avions déjà goutés aux Açores. Et puis ses fleurs, partout présentes, donnant à l’île une douceur de vivre.
La variété des paysages naturels, mais aussi les cultures en terrasses témoignant de la lutte pour dompter le relief de l’île, le réseau routier et sa multitude de tunnels permettant de faire le tour de l’île en 1 h contre 4 h auparavant, nous ont surpris.
Nous sommes admiratifs de toutes ces constructions à flanc de montagne, de ces murs de pierre montés à la main, du courage de ces hommes qui ont su s’installer sur ce caillou volcanique.
Sans compter les 1987 km du vaste réseau de canaux d’irrigation, les fameuses levadas qui ont été conçues dès le 16ème siècle, pour acheminer d’importantes quantités d’eau des versants nord-ouest de l’île, plus arrosés, vers les pentes sud-est, plus sèches mais plus propices à l’habitat et à l’agriculture.
Nous qui avions déjà passé plus d’une semaine sur l’île de Porto Santo appréciant son calme, nous avons été presque choqués de retrouver ce caillou si sec en comparaison avec l’île de Madère si verte.
Retour tôt dimanche matin par le ferry pour retrouver notre petit appartement flottant dans la marina de Porto Santo.
La météo s'annonçant plutôt venteuse pour les jours à venir, nous décidons de quitter la marina de Porto Santo dès le lendemain pour rejoindre le mouillage bien abrité des vents du nord de la pointe de Sao Lourenço à l'Est de Madère. Nous profitons de ce cadre unique pour nous seuls durant 3 jours ...
C'est de là que nous nous préparons pour notre traversée vers les îles Canaries, avec l' intention de visiter plusieurs des îles de cet archipel. Mais une fois de plus, cela ne se passera pas tout à fait comme prévu...