Norvège 2 - de Ålesund au Cercle Polaire Arctique

en passant par Trondheim

Nous vous avions laissé après notre changement d’hélice, prêt à partir pour la découverte des côtes Norvégiennes .


Une fois remis à l’eau, nous revenons au ponton d’Ulsteinvick et prenons tout notre temps pour décider des étapes à venir. Remi avait anticipé ses escales aux Orcades et aux Shetlands mais la Norvège était encore loin pour nous. Nous comptions y arriver autour du 15 juin.

Le temps est gris mais pas question de rater l’île de Runde au large d’Ålesund : c’est une des grandes réserves ornithologique de Norvège. Nous en faisons le tour par l’Est ce qui nous permet d’apercevoir pour la première fois 2 grands labbes, malheureusement trop loin pour les photographier. Cet oiseau, proche des goélands, a des allures de rapace.

C’est en arrivant sur la côte Ouest de l’île de Runde que nous découvrons les falaises où nichent des fous de bassan par milliers. La colonie, ici, est moins impressionnante que celle de l’île Rouzic des Sept iles dans les Côtes d’Armor que nous avons découverte l’année dernière. Mais cela reste toujours un grand moment d’avoir le privilège de passer avec notre voilier si près de tels endroits. L’observation aux jumelles est fascinante.


Plus loin, Rémi navigue au plus près des dizaines de guillemots et pingouins torda, (tous en habit d’été). Les macareux se font plus timides et malheureusement pour nous, sont à contre jour. Dommage !

Vous reconnaissez maintenant comme nous les guillemots et pingouins torda

Nos amis de Rêve de Lune qui connaissent la Norvège, nous incitent à faire un arrêt à Ålesund, ville incontournable pour son architecture Art Nouveau qui de manière paradoxale, résulte d’une catastrophe. En 1904, la majeure partie d’Alesund est détruite par un grand incendie. Il a été décidé de reconstruire la ville dans un style art nouveau, très à la mode à cette époque. Bombardée pendant la 2nde guerre mondiale, une grande partie de ces bâtiments ont été conservés.

Et puis Ålesund est aussi le point de départ des excursions vers le célèbre et magnifique fjord de Geiranger. Nous n’hésitons pas plus longtemps.

En cette avant veille de l’Ascension, la marina jointe par téléphone nous invite à nous placer là où nous voulons car il y a beaucoup de place libre.

Ålesund est une ville bâtie sur 7 îles dont 3 en centre ville ce qui fait que nous naviguons entre deux îles pour aller nous amarrer en plein centre ville, en longeant des maisons toutes plus colorés les unes que les autres. Nous avons une impression de « petite Venise ».

Une découverte de la ville s’impose, surtout que les soirées sont longues (le soleil se couche vers minuit pour se lever vers 4 h du matin) et la soirée s’annonce sans pluie.

Avez vous remarqué qu'aucune enseigne de magasin ne vient gâcher les façades des maisons ? Pourtant nous sommes dans une rue commerçante.

Il est trop tard pour aller demander des renseignements à l’Office du tourisme pour notre excursion du lendemain vers le Geiranger. Remi, très doué pour trouver les infos sur internet et avec l’aide d’un chauffeur de bus norvégien nous concocte notre sortie pour la journée du lendemain. Nous devrons prendre 3 bus et 2 ferries à l’aller et 4 bus et 1 ferry au retour ! Départ prévu à 8h20 à la gare routière juste derrière la marina à côté des quais des paquebots de croisière, désertés ce soir là.

Surprise en arrivant le matin de trouver 2 énormes paquebots arrivés pendant la nuit et déversant leur 12 000 passagers dans Ålesund. Nous sommes bien contents de nous échapper en bus loin de ce flot de touristes dont la plupart sont masqués. C’est vrai qu’avec nos navigations, nous avions oublié le Covid !

En chemin nous empreinterons 2 ferries comme celui-ci

Vu des bus, le paysage coloré de Norvège au printemps !

lac de montagne encore gelé et les tourbières parsemées de bouleaux

arrêt de notre 3ème bus à Stranda le temps d'un rapide pique-nique, puis descente du Geirangerfjord par ferry. C'est toujours surprenant de trouver ces gros paquebots de croisière dans les fjords.

cascade de Stranda

remontée du Geiranger fjord en ferry

le meilleur moment de l'année pour admirer les cascades des 7 soeurs, en pleine fonte des neiges

toit végétalisé très répandu dans le nord de l'Europe

toits végétalisés

l'église en bois et le cimetière du village de Geiranger

Réaliser ce tour au mois de mai est un régal des yeux : le vert des premières feuilles, les montagnes enneigées, la multitude de cascades, les reflets des montagnes dans l'eau, le fjord encaissé...


Superbe journée qui nous a permis d’avoir nos premières impressions de ce coin de Norvège, différentes de celles ressenties en voilier, d’autant plus que nous avons fait une grande boucle avec tous nos bus et nos ferries et non un aller-retour.

le petit village de Geiranger au fond du fjord

Notre voyage retour

Nous passons 3 nuits à la marina d’ Ålesund : cette pose va nous permettre d’assister au grand défilé annuel de toutes les fanfares des environs, à l’occasion des fêtes de l’Ascension. Vous en avez eu un extrait dans notre mail. Il fait froid, il pleut mais qu’importe : après avoir défilé dans les rues de la vieille ville, musiciens et majorettes restent plus ou moins concentrés en attendant de passer individuellement devant la mairie.

Nous profitons de l’après midi ensoleillée pour prendre de la hauteur et gravir les 418 marches qui mènent au sommet du mont Aksla, au cœur de la ville : superbe panorama et rencontre insolite avec notre premier skipper du voilier australien " Supertramp" qui se propose d’ immortaliser l’instant.

Alesund vu du mont Aksla

derrière nous le Queen Mary 2 quittant Alesund

Alesund de nuit (photo publicitaire)

D’Ålesund nous cabotons vers le nord : nous passons Kristiansund et nous dirigeons vers Brekstad, à l'entrée du fjord de Trondheim.

Nous alternons navigation calme dans les chenaux à l’abri des nombreuses îles et plus mouvementée quand nous sommes obligés de ressortir en mer retrouvant houle, mer courte et vent de l’Océan.

C’est l’occasion de découvrir le balisage norvégien (cairn, perches, phares…)

A babord : rouge sur rouge,

rien ne bouge..

A tribord : vert sur vert,

tout est clair !

perche tribord et cairn sur îlot

passage très étroit : pas question de croiser le ferry !!!


Une majorité de phares est sur ce modèle dans le chenal intérieur de Norvège

mouillage de Auken sur l'île de Grisvagoya

Nous décidons de nous arrêter à la marina de Brekstad-Orland à l’entrée du Tromdheimsfjorden pour nous rendre à Trondheim par ferry rapide.

Départ de Brekstad à 6h, arrivée à Trondheim à 7 h : à cette heure ci, nous pouvons dire que nous sommes les seuls touristes. Cela nous permet de faire un tour de la ville au moment où les Norvégiens commencent leur journée : hommes d’affaires, étudiants, enfants partant à l’école, rien de bien différent de chez nous, mais tellement loin des foules de touristes.

A 9h, changement de décor : Hurtigruten, le célèbre croisiériste norvégien a débarqué ses passagers. Nous les reconnaissons de loin : ils ont presque tous en ce début de matinée un peu fraîche, leur ciré rouge à capuche jaune ou leur Pass autour du cou !

Le vieux pont de la ville, le Gamle Bybro, reconnaissable avec ses arches rouges, enjambe la riviere Nivelda et délimite l’ancien quartier de Bakklandet. De ce pont, la vue est imprenable sur les maisons de bois colorés posées sur pilotis, anciens entrepôts transformées aujourd’hui en maison d’habitation, restaurants, cafés…


Fondée en 997 par le roi viking, Olaf Tryggvason, Trondheim est restée la capitale de la Norvège pendant 200 ans. Elle est aujourd’hui l’une des plus grandes villes de Norvège.

Impossible de visiter Tromdheim sans aller voir la cathédrale de Nidaros surnommée “Notre Dame de Norvège”. Construite dans la deuxième moitié du XI ème siècle , elle est la toute dernière étape du pèlerinage menant au tombeau de Saint Olaf. C’est le bâtiment le plus sacré de toute la Norvège.

Jouxtant la cathédrale, se trouve le Palais de l’Archevêché où sont exposés les joyaux de la couronne norvégienne. Étant arrivés trop tôt, ces 2 monuments seront malheureusement fermés.

la cathédrale de Nidaros : mélange de style gothique et roman

le palais de l'Archevêché

la statue du roi Olaf sur la grande place du Marché

Et puis quoi de plus agréable que de déambuler :

  • dans les vieilles rues et ruelles étroites datant du Moyen Âge qui ont échappées à l’incendie ravageur de 1681

  • ou les quartiers rénovés de Tromdheim, notamment près de l’ancien port qui est devenu le quartier très branché de la ville.

  • et de finir par les ensembles modernes autour du complexe gare ferroviaire-maritime, avant de reprendre notre ferry pour Brekstad.

Au large de Tromdheim, se trouve l’îlot de Munkholmen : cet îlot très prisé des touristes et des locaux pour aller se baigner quand il fait beau, a successivement servi de lieu d’exécution, de monastère, de forteresse, de prison et même durant la 2nde guerre mondiale de station de défense antiaérienne

De Trondheim nous continuons notre remontée des côtes norvégiennes avec pour objectif d’approcher le Massif du Svartisen et son immense glacier.


Un grand jour le 3 juin, alors que nous naviguons en pleine mer, nous pêchons notre premier poisson : un beau lieu noir de 3kg. Depuis notre retour sur les côtes françaises, il y a 2 ans, c'est notre première belle prise. vous imaginez la joie à bord !


C’est aussi notre première navigation de “nuit” : en réalité, nous sommes arrivés à l’époque de l’année (du 2 juin au 10 juillet environ) où le jour est sans fin ici.

Pas une seconde de nuit : le soleil descend, rase l’horizon et remonte. C'est bien pratique pour les "navigations de nuit", on y voit comme en plein jour !

à 22h30 le 5 juin...

à minuit le 6 juin...

Nous nous arrêtons chaque soir dans des mouillages signalés dans nos livres de navigation ou sur nos cartes : nos critères de choix sont basés sur la protection du mouillage par rapport aux vents prévus par la météo mais aussi sur la qualité et la profondeur des fonds. Ici pas question de plonger pour aller voir si notre ancre est bien accrochée ou pour aller la décoincer si jamais elle s’est prise dans des roches. Nous privilégions les fonds de sable ou de boue toujours très largement recouverts d’algues ( kelps et algues fils en paquets). Cela nous vaut de bonnes séances de nettoyage d’ancre avec notre pic à poisson quand nous décidons de quitter notre mouillage.

mouillage de Gyltingen

mouillage de Tranoya

difficile quelquefois de distinguer l'horizon !

la montagne de Lovund vue de notre mouillage, prise à différents moments de la journée

l'île de Lovund (cette photo est un montage) : c'est un peu notre grand regret. Nous nous y sommes arrêtés sur les conseils de Nicolas pour aller voir de près les macareux. Nous y arrivons par 25 nds de vent et ne trouvant pas de place à l'intérieur du port, nous décidons d'aller mouiller à l'extérieur à l'abri de roches. Nous avons passés 2 nuits et 2 jours un peu rock and roll, la montagne amplifiant la force du vent ( rafales de 35 à 40 nds de vent). Un bateau copain qui était dans la petite marina nous a raconté que nous avions fait des frayeurs aux locaux qui étaient très inquiets de nous savoir ancrés à cet endroit !

Quand aux macareux, nous n'avons pas pu les voir. Il n'était pas question de laisser Belissima seul sur son ancre.

Et puis, l’extase… c’est que nous sommes toujours seuls dans nos mouillages !

Il est même extrêmement rare, même si nous voyons des maisons, que l’on aperçoive ne serait-ce qu’un norvégien dehors. A se demander si toutes les maisons que l’on voit sont habitées ou seulement des résidences secondaires ?

La météo est capricieuse, vent parfois violent, pluie, froid, mais toujours du soleil au moment où le moral retombe,

et là tout devient magique : merci les trolls…

Le Massif du Svartisen est immense et nous profitons du spectacle en fond d’horizon pendant deux jours complets. Même à minuit les glaciers nous font des clins d’œil !

Souvent, nous regardons l’heure : il est déjà minuit alors que nous avons l’impression qu’il est 20h.

Le cercle polaire arctique est passé le 5 juin : 66.33 degrés N soit près de 8000 km au nord de l’équateur.

Nous attendons une superbe fenêtre météo avec soleil pour préparer notre arrivée au pied de l’énorme glacier du Svartisen, laissant passer 2 jours de mauvais temps.


Un peu de patience, pour découvrir très bientôt en photos, notre inoubliable balade au pied du glacier du Svartisen...