Résumé
Tant que nous:
savions déployer vite et à bon compte du nucléaire fiable (ce n'est plus le cas),
ignorions ou négligions certains de ses défauts: risque d'accident/attentat/acte de désespéré ou guerrier/de prolifération/lié aux déchets, démantèlement difficile (des accidents, Tchernobyl et Fukushima étant les plus connus, ainsi que les affres des démantèlements au Royaume-Uni, imposent de prendre en compte ces défauts),
jugions l'industrialisation de la surgénération à portée, offrant moyen de ne pas rester dépendants des fournisseurs d'uranium donc menacés par l'équivalent d'un choc pétrolier (en 2025 aucun réacteur surgénérateur industriel satisfaisant donc déployable n'existe, malgré de nombreux projets),
considérions nécessaire, compte-tenu des techniques maîtrisées, de n'installer que des moyens de production d'électricité «pilotables», donc utilisable en régime de base (dit baseload), par lequel ils produisent en continu ce qui est quasi en permanence consommé. Cet impératif n'est plus d'actualité, et ce constat n'est pas neuf,
ne disposions d'aucune autre option (les «renouvelables» industrielles apparurent durant les années 2000),
... il était une bonne solution, comme l'a montré le Plan Messmer.
Rien de tout cela n'est plus vrai.
L'effet de ces constats est patent dans le monde, dans l'UE (27) et même en France où le nucléaire ne fournit qu'environ 70% de l'électricité, qui n'est elle-même qu'environ 25% de notre énergie finale (source), donc il produit seulement environ 18% de l'énergie que nous utilisons.
Pourquoi tenter à grands frais de bâtir de nouveaux réacteurs alors que les renouvelables donnent satisfaction?
Donner le nucléaire pour seul capable de réduire rapidement la consommation de combustible fossile ou même seulement lui attribuer le gros de ce résultat est impossible: en France, leader sur ce plan, la quantité consommée annuellement per capita en passe de 28,7 en 2002 (le parc étant complet, aucun réacteur ajouté jusqu'à 2024) à 17,8 en 2003 (source), alors même qu'une bonne part des gains induits par l'efficacité («chasse au gaspi») était acquise en 2002.
Les «renouvelables» nous épaulent efficacement, comme même la pro-nucléaire Agence Internationale de l'Énergie le reconnaît et malgré la propagande. Ni sa progression rapide, ni l'incapacité à déployer du nucléaire ne sont propres à la France.
Les défis (pollution, dérèglement climatique, dépendance à des puissances potentiellement hostiles fournissant pétrole ou uranium, risque d'accident nucléaire...) sont majeurs et urgents. Nos ressources sont limitées donc il faut éviter d'en gâcher et privilégier le moyen le plus rapide, sûr et efficace: les renouvelables.
Adéquation des «renouvelables»
Rendement
Le rendement (ou toute autre grandeur similaire telle que facteur de charge ou durée d'exploitation d'un équipement) est critère saillant dans le cas d'une source d'énergie consommant des matériaux ou du combustible sans les recycler (comme exposé par l'expert J. Percebois), ou produisant des déchets en quantité ou durablement dangereux... donc ne concerne guère les renouvelables.
Un rendement faible enchérit le déploiement mais, considéré seul, n'est pas rédhibitoire: un mix de renouvelables produisant adéquatement (quantité, permanence, impacts, coût total recyclage compris...) est une bonne solution quel que soit son rendement.
Le rendement du nucléaire d'aujourd'hui (à fission et non surgénéré) est ridicule car il ne convertit que 0,7% de l'énergie de l'uranium (qu'il faut extraite et enrichir, opérations dissipant de l'énergie) en chaleur afin de produire une vapeur dont au mieux 41% de l'énergie est convertie en électricité.
Densité énergétique
La densité énergétique importe lorsqu'un combustible est nécessaire. Elle facilite transport, stockage..., mais ne réduit pas la dépendance au fournisseur. Même si tout l'uranium nécessaire tenait dans un dé à coudre nous continuerions à dépendre de qui dirige son fournisseur (donc une superpuissance). Vent et soleil, eux, ne peuvent être confisqués ni faire l'objet d'un blocus.
Acheter énormément d'uranium afin de constituer un stock suffisant à long terme (en France 40 ans de consommation du parc en place nécessitent environ 340000 tonnes d'uranium, donc environ 6 ans de production mondiale annuelle, en privant les autres nations) est impossible car, comme tout secteur stratégique alimenté par le secteur minier, il s'agit d'un marché à terme dont les acteurs interdisent les à-coups.
Emprise foncière
Le gros du gisement des renouvelables industrielles est l'éolien en mer (potentiel: 18 fois la consommation électrique mondiale de 2019) dont l'emprise foncière est quasi nulle (sites nécessaires à terre peu nombreux et étendus). De plus il ménage quasi-sanctuaire à un océan épuisé, sur-exploité car les grands navires ne peuvent s'y aventurer (même les petits sont concernés car certains fermes éoliennes interdisent toute navigation, d'autres réservant 50 mètres autour de chaque mât).
L'emprise foncière de l'éolien terrestre et du solaire de toit/parking/friche industrielle/agrivoltaïsme/zones cultivées ou prairies entre mâts d'éoliennes ... sont elles aussi faibles.
Une escroquerie intellectuelle répandue consiste à comparer les surfaces de terrain sain occupées par les centrales nucléaires (ainsi rendus totalement inutilisables pour une quelconque autre activité) à ces modes d'utilisation ne confisquant pas la surface occupée voire la protégeant, en négligeant leurs annexes tels qu'usines de la filière du combustible, centres de stockage de déchets...
Remplacer Fessenheim
Exemple: centrale de Fessenheim (2 réacteurs).
Puissance nominale électrique développée: 1760MW, facteur de charge 0,85.
Donc 144 éoliennes marines de 26MW au facteur de charge effectif de 0,4 (elles sont vendues pour 0,6) produisent autant que la centrale de Fessenheim.
En retenant un modèle déjà déployé (Siemens Gamesa 14-222 DD) 268 éoliennes suffisent.
On réserve environ 1km² à chaque éolienne. La superficie du domaine maritime français territorial en Europe (façades Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée et Corse) est de 57223 km².
Victimes
Le nombre de victimes (et plus généralement les impacts sanitaires) du nucléaire dépend du mode de dénombrement, qui fait polémique, et ceci vaut pour Tchernobyl et Fukushima (où l'accident nucléaire majeur causa officiellement 2203 victimes).
Même la portée maximale potentielle des accidents est débattue.
Le bilan du nucléaire ne sera au mieux connu qu'après tous démantèlements terminés et dernier déchet froid (avant cette échéance tout pépin ou déchet divagateur peu coûter cher), dans quelques milliers d'années.
Exemple: Fukushima
« Le jour où le Japon a failli disparaître », témoignage du premier ministre
2013 UNSCEAR Report on Fukushima: a critical appraisal, critique du rapport officiel
Critical Analysis of the UNSCEAR Report..., autre critique
Help Wanted in Fukushima: Low Pay, High Risks and Gangsters, réalité du suivi sur le terrain
UN Special Rapporteur Anand Grover on Fukushima: A Stunning Report Brushed Aside by the Japanese Government, il suffit de négliger ce qui dérange...
Downplaying and denial of health effects, ... et de minimiser
Soldats américains impliqués: Le Japon et Tepco ont en effet tout fait pour éviter un procès
What price?, coût réel
Nos Voisins Lointains (paroles des sinistrés)
Reportage TF1 (fin 2024)
Cas de l'hydraulique
L'argument prêtant énormément de victimes à l'hydraulique repose sur une confusion consistant à dénombrer toutes les victimes de barrages (même non hydro-électriques, qui sont les plus sûrs et surveillés), certains très anciens. Exemples:
Malpasset (Fréjus) et Mobi: n'étaient pas des barrages hydro-électriques
DniproHES (Dniepr, Ukraine): dynamité par l'Armée Rouge en 1941. À moins de préférer voir un réacteur bombardé...
Vajont (Longarone): le barrage a tenu, débordement prévisible et dûment prévu, mais peu écoutèrent
Beaucoup retiennent la catastrophe de Banqiao (Chine) survenue pendant la Révolution Culturelle, dans un désordre général effarant durant lequel une centrale nucléaire serait au moins aussi dangereuse.
Cette Révolution suivait le «Grand bond en Avant», durant lequel le programme de déploiement de barrages était inepte et des famines frappèrent très durement la région (Henan). Elle suivait elle-même une guerre civile et une invasion (par le Japon): des barrages furent bombardés, ce qui causa d'énormes inondations dans cette région.
Prévoir voire éviter cet accident était possible, car un barrage donne des signes de fatigue longtemps avant de céder et ne «dérape» pas aussi vite qu'un réacteur nucléaire actif, toutefois le contexte l'a interdit durant des décennies et toute installation (réacteur nucléaire compris) ainsi malmenée et durablement négligée, alors qu'un expert donneur d'alerte sonna longuement et très à l'avance le tocsin, est exposée.
Selon le directeur de l'agence de l'ONU chargée du nucléaire l'attaque de drone subie par la centrale de Tchernobyl en février 2020 souligne la persistance des risques pour la sûreté nucléaire durant le conflit militaire.
De façon réciproque l'argument selon lequel à Tchernobyl l'architecture du réacteur était fondamentalement viciée au point de le condamner ne tient pas puisque de nombreux autres exemplaires de ce modèle, dit "RBMK" continuent de fonctionner après des modifications (l'arrêt de certains d'eux est prévu après 2038) sans que cela perturbe les organisations internationales concernées dont les nations exploitantes (Russie et Lituanie) sont membres. Quasiment tous les réacteurs connaissent de temps à autres des modifications visant à les rendre plus sûrs issues du «retour d'expérience» d'incidents/accidents.
Police d'assurance
En matière d'impact de sinistre les experts sont les assureurs, et aucune usine (hors nucléaire) ne peut en Europe fonctionner sans contracter police d'assurance adéquate (responsabilité civile). Seul le nucléaire forme exception. Une couverture ridicule en résulte, et la Cour des comptes fustige cela depuis longtemps (page 147).
Spécificités du nucléaire
Un accident épandant sur grande zone géographique des substances durablement dangereuses difficiles à recouvrer (ou des déchets de ce type) est propre au nucléaire, aucun renouvelable ne menace ainsi.
Une autre est l'urgence (de par les impacts) conjuguée à la difficulté des modifications des centrales rendues nécessaires par le «retour d'expérience», autrement dit les corrections de bugs. Modifier ou réparer panneaux solaires ou éoliennes est plus facile qu'intervenir sur un réacteur, et entraîne une moindre diminution de la production du parc. Les effets de cela sont non négligeables.
Autres sources de danger
L'existence d'autres dangers faisant des victimes (foudre, chutes...) ne rend pas le nucléaire tolérable lorsque nul ne peut les supprimer, tandis que nous pouvons décider de nous contenter de renouvelables (donc de plus être exposés aux risques induits par le nucléaire), et parce que s'en prémunir est dans certains cas possible tandis que le nucléaire menace au loin, y compris dans le temps (déchets), et que s'en protéger est très difficile.
Même les menaces dont on ne peut se garantir ne compensent rien car défauts et turpitudes des uns (par exemple de certains déchets de la chimie) ne forment pas circonstance atténuante pour les autres (déchets nucléaires). Un accusé se défend bien mal en déclarant au juge «je ne suis pas le seul coupable d'homicide!».
Avifaune
L'éolien cause des dommages à l'avifaune (oiseaux, chauves-souris...), toutefois son impact absolu comme relatif est mal perçu. Comme rappelé par P. Neau les principales causes de décès d'oiseaux sont, quantitativement et loin devant les éoliennes:
baies vitrées
chats
lignes électriques
véhicules
pesticides
chasse (17 millions/an en France, et certaines espèces menacées y sont chassables)
Dans une synthèse de suivis de fonctionnement de parcs éoliens localisés en zones sensibles (proximité de zones Natura 2000), la Ligue de Protection des Oiseaux conclut en 2017 à une «mortalité médiane de 4,5 oiseaux et une mortalité moyenne de 7,0 oiseaux par éolienne et par an». Celle des lignes électriques (90000 km) et des routes nationales et autoroutes (en tout environ environ 24000 km) est de 10 à 100 oiseaux par km/an.
Si la mortalité des oiseaux est faible, elle pèse davantage sur certaines espèces, selon leurs comportements et les emplacements des éoliennes. Un suivi à Tarifa (sud de l'Espagne) a montré que 2 espèces (parmi environ 250 présentes) représentaient 85% de la mortalité.
Suivi et bases de données pertinentes sont en place.
Des dispositifs réduisant le risque (effarouchement sonore, fort contraste des couleurs de pales, arrêt d'urgence de la rotation des pales...) existent et progressent.
Un autre fil de P. Neau traite du cas des chauves-souris.
Causes de mortalité accidentelle d'oiseaux (consécutive à activité humaine) au Canada, en 2019, alors que les éoliennes y alimentaient 3,3 millions de foyers.
«Intermittent»? Non, «variable»!
L'intervalle de puissance développée (quantité d'énergie produite) d'une éolienne (ou d'un panneau solaire) a une borne minimum (correspondant au plus faible vent/rayonnement solaire exploitable) et une autre maximum, valeurs intermédiaires comprises.
C'est pourquoi qualifier sa production de variable (entre 0 et sa puissance nominale) est plus adéquat que la déclarer intermittente (tout-ou-rien).
C'est déterminant car facilite le déploiement d'un parc de production adéquat.
De plus «intermittent» (définition usuelle: «Qui est discontinu et reprend par intervalles») est trompeur car ne reflète rien d'utile ici puisque aucun équipement ne fonctionne en permanence: un réacteur nucléaire, par exemple, ne peut produire en continu car doit parfois être arrêté (chargement de combustible, inspection périodique, incident, avarie...).
D'aucuns souhaitent distinguer les arrêts délibérés (prévisibles) des autres, mais au plan de la production c'est sans intérêt puisqu'elle est nulle quelle que soit sa cause, et certaines raisons d'arrêter d'un réacteur ne sont pas prévues (panne, impossibilité de refroidir, prolongation d'arrêt planifié après découverte d'un embarras...).
Seul un équipement parfait produit sans interruption donc n'est pas intermittent, et rien n'est parfait donc tous sont intermittents.
L'intermittence n'est pas rédhibitoire.
«Pilotable»
«Pilotable» exprime que l'on peut ajuster la quantité d'électricité produite par une unité de production en fonctionnement et qualifie (entre autres) le nucléaire.
Deux modes d'ajustement (dans le jargon appelé «modulation») coexistent: l'un consiste à réduire la puissance fournie (non nécessaire sur le moment), l'autre à l'augmenter (lorsque la consommation augmente).
Le premier est techniquement parfois difficile mais conceptuellement trivial, au pis l'énergie est perdue, donc ne distingue pas les types de sources (nucléaire, éolien...).
L'autre, consistant à augmenter la quantité d'électricité produite sur le moment, est plus difficile pour l'éolien et le solaire car nous ne commandons pas vent ou soleil.
Donner le caractère «pilotable» pour nécessaire valait tant que le système électrique reposait sur une «production de base» correspondant à la charge (consommation électrique) quasiment permanente minimale, car les moyens techniques (acheminement massif à longue distance, smartgrid, stockage, outillage de stabilisation de tension et de synthèse de fréquence du courant...) offrant moyen d'adopter une autre approche étaient insuffisants voire n'existaient alors pas.
À présent des experts affirment que ce n'est plus nécessaire, donc qu'au plan technique un système électrique fondé sur les renouvelables aux plus gros gisements (éolien et solaire) est possible. Un article de P. Gauthier détaille bien, et un professeur de génie civil/environnemental à l'université de Stanford a lui aussi vulgarisé.
Suivi de charge
Le suivi de charge, garantissant respect de la loi d'airain «à tout moment quantité fournie = quantité consommée», était jusqu'à récemment difficile à assurer autrement que grâce à du «pilotable» parce que le thermique, alors seul utilisé, ne démarrait pas rapidement à froid (c'est toujours le cas), parce que le maintenir chaud n'était pas rentable sauf s'il servait au baseload (dans le jargon: «en base»), et parce que l'on ne disposait pas de moyens d'acheminement de l'électricité (grâce auxquels l'électricité surproduite quelque part peut servir ailleurs) et de stockage constamment disponibles et adéquats (latence, puissance, débit...) qui existent à présent après l'amélioration phénoménale de leurs caractéristiques pertinentes (capacité rapportée au coût/volume, latence, durée d'exploitation...) et de l'(U)HVDC depuis les années 2000.
Stabilisation de la fréquence et tension
Il était difficile de maintenir à court terme fréquence et tension du courant malgré de brusques augmentations de la consommation autrement que grâce aux lourds arbres (cylindres tournant transmettant l'énergie mécanique) des énormes alternateurs dont l'énergie cinétique endosse une part du manque de production, offrant un délai grâce auquel l'unité de production peut augmenter sa puissance développée.
Ces «masses tournantes» servaient de volants d'inertie, ce qui contraignait à produire une part de l'électricité grâce à des centrales thermiques (nucléaire ou «à flamme» brûlant du combustible fossile) car toutes emploient un turbo-alternateur afin de convertir en électricité l'énergie de la vapeur sous pression, ce qui est mauvais sur le plan du rendement mais intéressant de par l'inertie ainsi ajoutée au système.
Les renouvelables n'offrent pas ce genre d'inertie bienfaisante, toutefois la solution est connue car on sait déployer des volants d'inertie ad hoc (d'ores et déjà au Royaume-Uni, au Danemark...) à coût faible (moins d'1€/MWh selon RTE, lire page 89).
Il était difficile de restaurer la fréquence après un incident, à présent des synthétiseurs de fréquence le font.
La pilotabilité n'est plus nécessaire.
Pilotabilité du nucléaire
Aucun réacteur n'est souple au point d'offrir à tout moment moyen d'ajuster sa production suffisamment rapidement, souvent et finement afin qu'elle corresponde exactement à la consommation (« suivi de charge »): un réacteur peut varier de 100 % à 20 % de puissance en une demi-heure, et remonter aussi vite après un palier d’au moins deux heures, et ce deux fois par jour (source: SFEN).
Par conséquent même durant une phase de production normale il n'est pas parfaitement «pilotable» (il est pilotable par intermittences!).
C'est pourquoi en France cette mission d'ajustement fin (la «dentelle» du suivi de charge) est depuis l'avènement du nucléaire surtout celle de l'hydraulique et de centrales à gaz qui fonctionnent en permanence.
Construire suffisamment de réacteurs pour compenser ces limitations ne serait pas réaliste sur le plan économique car le faible facteur de charge de ce parc surdimensionné (de nombreux réacteurs seraient souvent sous-employés) le rendrait extrêmement coûteux. Espérer réduire ce coût en stockant les surplus condamnerait le nucléaire puisque produire de l'électricité grâce aux renouvelables coûte moins.
Le nucléaire n'est pas complètement pilotable, donc même en jugeant cela nécessaire (ce qui est faux) le donner pour parfaitement adéquat ne fait pas sens.
Le nucléaire est capable de «produire sur stock» car nous décidons à tout moment de l'emploi de l'uranium disponible, toutefois ce dernier est limité par les gisements d'uranium à coup sûr exploitables: au mieux 2 siècles aux conditions du moment et pour le seul parc de réacteurs existant, et aucun gisement adéquat n'existe sur le sol national. Nous ne gérons pas les flux de vent ou d'ensoleillement mais leurs gisements sont à notre échelle infinis.
La filière du nucléaire en Allemagne n'avait pas hésité à affirmer, en 1993, que solaire et éolien ne pourraient produire plus de 4% de l'électricité... ils en ont fourni près de 10 fois plus en 2023!
Adéquation du système électrique
En tant que type de source ce qui distingue le nucléaire des renouvelables intermittentes (éolien, solaire...) est la proportion de sous-production qui ne peut être prévue à long terme, c'est d'ordre quantitatif et non qualitatif: la nature du nucléaire ne le rend pas à 100% disponible (aucun équipement ne l'est).
C'est pourquoi une façon classique de présenter le défi façon «le nucléaire est parfaitement pilotable et c'est nécessaire» (deux mensonges) est une distorsion.
L'escroquerie intellectuelle majeure consiste à considérer les caractéristiques d'un type de source d'énergie (renouvelable, nucléaire...) alors que seule importe l'adéquation du système électrique, donc pour commencer sa capacité à satisfaire la demande.
Au plan du gisement (quantité absolue d'énergie disponible) les renouvelables n'induisent pas défi car le seul éolien maritime pourrait aujourd'hui fournir 18 fois la consommation mondiale.
Au plan de l'imperfection des sources et équipements interdisant de les espérer toujours prêtes à produire la solution est connue, vaut pour tous les types de sources et équipements, et déjà en place: c'est un parc de production recelant un nombre d'unités réduisant suffisamment l'effet de leurs variabilités (quelle qu'en soit la cause) individuelles.
Le parc nucléaire français est ainsi constitué de réacteurs suffisamment nombreux (57, en 2025) pour rendre peu probable de les voir tous simultanément arrêtés, et pour que leurs souplesses cumulées augmentent sa «pilotabilité».
Cela lisse l'effet d'impondérables parce qu'il est possible d'approximer la probabilité de panne de chaque réacteur (sa fiabilité) et parce qu'ils ne sont pas identiques donc que la découverte d'un défaut n'implique pas nécessairement l'arrêt de l'ensemble du parc.
L'impérieuse nécessité (d'ordre financier) de construire les réacteurs en série (d'exemplaires aussi identiques que possible, afin de réduire le coût unitaire) réduit leur hétérogénéité donc la robustesse du parc, au point de faire d'un «défaut générique» l'une des hantises de la filière car la découverte d'un défaut peut impliquer la mise à l'arrêt de l'ensemble des réacteurs du modèle concerné. C'est ce qui est arrivé en France fin 2021 avec les arrêts de réacteurs du palier N4 pour cause de corrosion sous contrainte. Si tous les réacteurs du parc étaient des N4 ils auraient tous été arrêtés! Durant et peu après l'accident nucléaire majeur survenu à Fukushima tous les autres réacteurs nucléaires du Japon furent arrêtés, par précaution, et le restèrent durant des années (la plupart d'entre eux le sont encore en 2025).
Les «renouvelables» (éolien, solaire...) ne menacent pas ainsi car ne peuvent déclencher de catastrophe, donc la découverte d'un problème n'implique pas d'arrêter toutes les unités du type incriminé. L'hétérogénéité des types de sources renouvelables (solaire, éolien, géothermie, biomasse...), celle des constructeurs et modèles d'équipements (éoliennes, panneaux photovoltaïques...) ainsi que les tailles unitaires inférieures à celle d'un réacteur nucléaire de ces derniers et leur dispersion géographique augmentent la robustesse du parc de renouvelables: la probabilité qu'une grande partie du parc tombe en panne, présente un défaut, ne produise rien... est infime.
Un parc de renouvelables est plus robuste.
Système fondé sur des renouvelables
Un système électrique européen fondé sur les renouvelables est possible, voici les moyens nécessaires. Une tromperie répandue consiste à le condamner au prétexte que l'un de ces moyens n'est pas suffisant, en un sophisme de la solution parfaite qui condamne aussi le nucléaire puisqu'il nécessite hydraulique (barrages) et backup (centrales électriques toujours prêtes à produire afin d'ajuster la production à la consommation, dans le cas-type en brûlant du gaz) même en France.
Des études étayent l'adéquation de cette approche (celle de Lappeenranta-Lahti (LUT) est l'une des plus connues en Europe, Wikipedia en anglais en publie une liste), qui est en cours de mise en application (y compris en France).
Foisonnement
Selon des scientifiques les régimes venteux sont peu corrélés au plan continental et cela a un effet net sur la variabilité d'un grand parc.
De nombreuses études scientifiques publiées l'établissent, après avoir mesuré ce qui importe donc les régimes venteux sur les sites propices, pour l'Europe, la Chine, les USA... voici une vulgarisation.
En d'autres termes un parc d'éoliennes déployé selon un foisonnement adéquat, fournirait beaucoup en quasi permanence: superposer la courbe reflétant la capacité de production de toutes les nations et celle de leur consommation agrégée montre la rareté et courte durée de l'état global «trop peu d'électricité produite».
Le foisonnement ne compense toutefois pas toute la variabilité de l'éolien, donc certains usent du sophisme de la solution parfaite afin de le donner pour inutile.
Voici les autres dispositions nécessaires:
Mix
Flanquer l'éolien d'autres «renouvelables» (solaire, biomasse, géothermie...) afin de constituer un mix compensant davantage la variabilité.
Stockage
Stocker les surplus de la production, afin de fournir lorsqu'elle est insuffisante, compense davantage. C'est déjà possible grâce aux barrages hydrauliques (une source «renouvelable» sur laquelle le nucléaire s'appuie), ainsi que par d'autres approches, en particulier smartgrid couplé à V2G.
Une batterie de voiture-type stocke 60 kWh (la capacité moyenne des modèles augmente) donc, chargée durant le jour grâce à de l'électricité renouvelable (en particulier solaire) peu chère, peut alimenter un foyer français (qui consomme en moyenne 14 kWh d'électricité par jour) durant l'une des rares nuits d'hiver trop peu venteuses.
Les capacités de nos voitures électriques dépasseront 500 GWh avant 2035 et 2000 GWh entre 2040 et 2050, camions, utilitaires et batteries statiques (domestiques et industrielles) viendront en sus.
Même l'hydraulique pertinent (STEP) peut être étendu.
Backup
Le reliquat sera compensé par du backup (moyen de produire de l'électricité rapidement), comme c'est déjà le cas avec du combustible fossile, toutefois il sera propre car constitué de turbo-alternateurs (ou piles à combustible) brûlant de l'hydrogène vert obtenu durant surproduction d'électricité renouvelable car des turbines capables de cela existent depuis longtemps et progressent, même en Europe.
Des surproductions d'électricité peuvent être acheminées vers quelques grandes unités de production d'hydrogène par électrolyse de l'eau (vraisemblablement fondées sur des PEM tolérant la variabilité, déjà exploitées par l'Air Liquide) réparties sur le continent, ce qui en augmente leur facteur de charge (paramètre déterminant pour leur coût total), sur des sites accueillant aussi les turbo-alternateurs (donc sans devoir transporter l'hydrogène) dont la chaleur dégagée augmente le rendement.
Le véhicule à hydrogène est facile à critiquer car masse et encombrement du réservoir sont rédhibitoires, et les solutions passant par la compression augmentent considérablement le coût. Cela mène certains à condamner tous les modes d'utilisation de l'hydrogène, or dans le cas du backup électrique ne pas devoir le transporter et pouvoir le stocker en réservoir industriel statique (dont masse et volume importent peu) est non seulement possible mais déjà fait et, accessoirement, améliore le rendement.
Lire aussi, à ce propos, la section «Surcoûts» du présent.
D'autres types de sources renouvelables (biomasse, géothermie...) épauleront.
Acheminement et interconnexion
Bénéficier du foisonnement présuppose acheminement longue distance du courant (qui progresse rapidement) et interconnexions grâce auxquelles les zones géographiques produisant sur le moment peuvent faire parvenir leurs surplus d'électricité à celles qui en manquent. L'interconnexion progresse depuis les années 1960 car profite à tous les types de moyens de production (nucléaire compris): garantie de fourniture, optimisation, économie durant une pointe de consommation, réduction des émissions...
Effacement
En complément l'effacement offre moyen d'optimiser.
Au pis brûler parfois un peu de combustible fossile est tolérable: en France depuis l'avènement du nucléaire et aujourd'hui encore entre 6 et 10 pourcents de l'électricité, selon l'année, sont produits en brûlant du combustible fossile. Même des pétroliers adhèrent à cette approche
Efficacité du foisonnement
Certains exhibent la production du parc d'éoliennes existant (incomplet, car le plus gros en est seulement prévu), et en concluent que le foisonnement est inefficace. Les plus habiles se contentent d'analyser la production de quelques nations voisines, ou négligent complètement l'éolien marin. Cela tiendrait si les effets fâcheux sur la production de la variabilité aujourd'hui observés ne diminuaient pas à mesure du déploiement.
Des spécialistes (ci-devant cités) établissent au contraire le fort impact bénéfique du foisonnement d'un parc continental.
De la même façon on pouvait vers 1980 prétendre que le nucléaire ne satisferait pas le gros de la demande d’électricité en France... car il était en cours de déploiement.
D'aucuns prétendent que les sites des éoliennes en place sont les meilleurs, donc que le foisonnement diminuera faute de nouveaux emplacements suffisamment rentables. C'est faux car la quantité totale d'électricité produite n'est que l'un des critères de choix d'un site. Sa rentabilité préside au choix et intègre force autres critères (accessibilité, subsides, connivences, proximité de voies d'acheminement ou de consommateurs, potentiel hydrogène vert et de cogénération...). La variabilité de la production globale deviendra de plus en plus déterminante car il est de plus en plus rentable de produire lorsque la demande est forte parce que le gros des autres producteurs ne fournit alors pas suffisamment. Produire 2 fois fois moins et vendre 3 plus cher est rentable. Donc le taux de corrélation des régimes venteux importe, et est de moins en moins négligé.
Précédent
Juger préférable de pas être les premiers à adopter un nouveau type de système électrique condamne les décideurs français des années 1970 car l'électronucléarisation massive d'une nation (plan Messmer) était et reste une première.
De nombreux défauts prêtés aux renouvelables reposent sur des conceptions erronées.
Coût total
LCOE
Histoire des coûts de production de l'électricité (qui ne constituent qu'une partie de son coût total) de divers types de sources:
En France le coût de production établi en 2023 de l'électricité nucléaire des réacteurs du parc, tous amortis (donc hors investissement, ce qui le réduit considérablement) est de 60€/MWh.
En France le contribuable paie une bonne part de l'électricité nucléaire, donc son coût réel est d'ores et déjà supérieur et pourrait augmenter (démantèlement plus difficile que prévu, interruption de l'approvisionnement en uranium, accident grave, déchet en promenade...).
Surcoûts
Certaines des dispositions nécessaires à un système fondé sur les renouvelables impliquent d'investir.
Une part des coûts correspondants est de toutes façons nécessaire (même avec un absurde 100% nucléaire):
le plus gros de l'acheminement et des interconnexions, dont seules les dimensions changent (surcoût limité),
la décarbonation de l'hydrogène utilisé dans le monde par l'industrie (100 millions de tonnes/an aujourd'hui produites en brûlant du combustible fossile) offre des débouchés à l'infrastructure nécessaire au «Backup» (lire la section du présent ainsi intitulée),
les batteries de véhicules.
En retenant les hypothèses les plus favorables au nucléaire et les plus défavorables à l'éolien et au solaire industriels, le coût de production (LCOE) d'un MWh d'électricité est de 86 (renouvelables) et de 129 (nucléaire). En d'autres termes chaque MWh produit par les renouvelables laisse 43 crédits pour les moyens compensant leur «intermittence». Cela laisse en France, pour l'investissement strictement spécifique aux renouvelables, 21,5 milliards d'euros/an si nous consommons 500TWh. L'écart se creusera vraisemblablement davantage, augmentant ces provisions. Ceci vaut à l'échelle continentale.
La vitesse de déploiement des renouvelables ménage des gains (argent comme émissions) rapides déjà effectifs:
Hypothèses de RTE
L'étude pertinente de RTE (filiale d'EDF, chef de file du nucléaire) lancée en 2019 donne le coût total d'un scénario comprenant du nucléaire pour moindre mais repose sur des hypothèses peu étayées et de moins en moins vraisemblables, pour certaines détaillées par Mathieu Van Vyve:
Le coût de production de 70€/MWh du nucléaire ne vaut que pour le parc existant (réputé amorti) flanqué de l'EPR tête de série. Ce coût, pour ce seul EPR, est considérablement plus élevé et la Cour des comptes détermina en 2025 (page 29) qu'atteindre une rentabilité faible (4%) impliquera de vendre le MWh 122 € (de 2023), même avec un facteur de charge élevé (0,85) et 138€ (de 2023) avec celui prévu par EDF (0,75). De surcroît rien ne laisse espérer que le coût du Grand Carénage rendant cela potentiellement durable est pris en compte.
Le coût de construction retenu par RTE (4,7€/W installé) est très inférieur à celui des 4 EPR européens qui augmente: 6,9€ (Finlande, chantier lancé en 2006), 14,3€ (France, chantier lancé en 2007) et au moins 11,4€ (Royaume-Uni, chantier lancé en 2012 et en cours)
le coût du capital reflète le risque de l'investissement (retards et surcoûts de construction forment risque financier majeur). RTE retient 4% pour toutes les filières, ce qui n'a pas de sens car ce risque est beaucoup plus élevé que celui d'un chantier de renouvelable. 4% ne sont justifiables qu'en mobilisant de l'argent public, autrement dit en en enferrant l'État afin de laisser le contribuable endosser les effets d'ordre financier de toute malfaçon ou retard durant un chantier et, même sans surcoût, enchérit tous les emprunts publics. C'est dangereux.
RTE présuppose un coût imputable aux batteries de 300€/kWh (réserves) et 200€/kWh (équilibrage) en 2050, cinq fois plus élevé que les estimations actuelles pour 2030 avec des moyens existants (certains projets de batteries Fe-Air annoncent même 20€/kWh). L'évolution du secteur est depuis longtemps révélatrice.
des batteries disséminées sur le territoire lisseraient le besoin en distribution/acheminement donc réduiraient le coût du réseau. Le compromis/équilibre retenu par RTE entre réseau, sur-dimensionnement de l'outil de production renouvelable variable (éolien, solaire...) et stockage repose sur un rejet de ces deux derniers moyens, ce qui augmente beaucoup le coût réseau. Il est très discutable.
les coûts des réseaux acheminant le courant de zones ensoleillées/ventées vers les autres comprennent l'écrêtement (électricité surproduite perdue) de 0,9% envisagé par RTE, ce qui est très faible par rapport à d'autres études qui l'établissent à environ 20%. Si le coût de production est très faible (solaire...) cela n'augmente guère le coût total et réduit la quantité de courant à transporter.
les hypothèses portant sur le coût de production en 2050 de l'hydrogène vert (2,5€/kg) sont très pessimistes car Bloomberg NEF retient environ 1,2€/kg
le scénario stress test de RTE, censé représenter le risque maximal, reprend une hypothèse d'EDF par laquelle le coût de l'EPR de Flamanville sera de 12,4 milliards d'€ (lire page 456) alors même qu'il est de 23,7 milliards d'€ (rapport de la Cour des comptes, page 28) avant sa mise en exploitation complète (prévue mi-2025). RTE néglige pour cela, entre autres, les intérêts intercalaires (découlant des retards du chantier), qui doivent être payés donc compris dans un scénario stress test, sauf en considérant qu'aucun futur chantier n'aura de retard ou bien que le surcoût causé sera compensé sans qu'EDF emprunte donc grâce aux caisses publiques (exsangues).
recours au biogaz très modéré et facteur de charge de l'éolien terrestre discutable (P. Quirion).
Ce rapport montre surtout que sur le plan du coût les scénarios 100% renouvelables sont parfaitement compétitifs face aux scénarios nucléaires, à moins de retenir des hypothèses excessivement favorables à ce dernier et défavorables aux renouvelables.
Le scénario le plus fondé sur le nucléaire en 2050 (dit «NO3») repose sur 24GW de nucléaire historique (39% de sa puissance en 2025, le reste étant très âgé donc réformé dans l'intervalle car 30GW en auront 60 ans avant 2045) et 27GW de nouveau nucléaire composé de 14 EPR2 et de SMR (petits réacteurs modulaires). Nul n'espère plus disposer de plus de 3 nouveaux EPR vers 2035: 11 autres 15 ans après est ambitieux. Ces 14 EPR développeraient 23GW, donc si chaque SMR développe 300MW il en faudra 14. Il n'en existe aucun modèle en Occident, pas même à l'état de prototype. La Russie dispose d'un vieux modèle de réacteur militaire utilisé ainsi sur une barge, l'imiter serait aventureux car les conditions opérationnelles (la mer offre une «source froide» donc facilite le refroidissement, et en cas d'accident un réacteur est le plus souvent loin des zones peuplées) et le coût total d'un réacteur militaire (embarqué dans un sous-marin) diffèrent de celles d'un réacteur civil. Les militaires acceptent de payer fort cher des avantages pour eux décisifs (silence, compacité, autonomie, nécessité moindre de faire surface...) sans intérêt dans le civil. Même si le SMR devient réalité industrielle le seul effet NIMBY pourrait l'annihiler.
Tout cela néglige les risques (coût d'un potentiel accident nucléaire, d'une interruption de la fourniture d'uranium...).
P. Neau résuma l'impact financier du risque induit par les chantiers:
... ainsi que le pessimisme des prévisions de RTE quant au développement du solaire, déjà patent début 2025.
Adéquation du nucléaire
Modulation à la baisse
La «modulation à la baisse» (réduction temporaire de la production nucléaire), parfois pratiquée car la production solaire ou éolienne du moment serait sinon perdue («fatale») est jugée saine par EDF pour des raisons objectives: produire grâce à des renouvelables est sur de nombreux plans préférable, et cela préserve des charges d'uranium placées dans les réacteurs souvent utiles durant l'hiver.
RTE (filiale d'EDF chargée du réseau de transport d'électricité) éclaira tout cela.
Sauf à considérer le nucléaire comme une fin plutôt qu'un moyen la «nécessaire relance», accusant des boucs émissaires (élus, écolos...), est un piètre voile masquant mal inadéquation croissante du nucléaire face à la concurrence des renouvelables, et errements de la filière.
Mix renouvelables-nucléaire
Les experts (Agence Internationale de l'Énergie, McKinsey...) sont formels: les renouvelables produiront en 2050 le plus gros de l'électricité, c'est inéluctable (aucune autre possibilité n'est réaliste) et vaut pour la France où RTE (filiale d'EDF gérant le réseau électrique) rappelle que le 100% nucléaire y est hors de question, et que plus de 60% de nucléaire serait utopique.
Cette tendance est déjà nettement perceptible et saluée par des investisseurs.
Le coût de production de l'électricité renouvelable est de plus en plus inférieur à celui du nucléaire. Durant leur fonctionnement elles ne consomment pas de combustible ni ne produisent de déchet ou exposent à un accident majeur, donc lorsqu'elles produisent elles lui sont et seront préférées.
D'autre part les capacités de stockage augmentent, donc de l'électricité produite en surplus par des renouvelables se substituera elle aussi à de la production nucléaire, d'autant que dernier ne peut ajuster sa production suffisamment rapidement et fréquemment.
Tout cela réduira le facteur de charge du nucléaire donc augmentera son coût de production (il n'est rentable qu'avec un facteur de charge élevé), avec une forte rétro-action (plus ce sera le cas, plus ce sera le cas).
Cela favorisera le déploiement d'un système surtout fondé sur des renouvelables, ce qui réduira sans cesse davantage le caractère variable de sa production. L'électricité nucléaire sera donc de moins en moins utile et de plus en plus chère, ce qui rend sa destinée (donc la rentabilité des investissements nécessaires à son infrastructure) facile à prévoir.
Un mix renouvelables-nucléaire condamnera ce dernier.
Construction
Parmi les grands chantiers ceux du nucléaire accusent, partout, les plus grands retards et surcoûts.
L'impact est majeur car ils sont d'ordinaire pour bonne part financés par des emprunts, que la valeur de l'électricité produite rembourse. Tout retard du chantier augmente son coût, de plus le réacteur ne produit pas l'électricité dont la valeur devait permettre ce remboursement, donc les intérêts augmentent via des intérêts intercalaires (il faut de nouveau emprunter afin de rembourser le premier emprunt).
Le contribuable endosse ces effets des retards (EDF est une entreprise publique), épargnant la filière.
Les dérives de ces chantiers atteignent des proportions telles que seule une garantie publique d'emblée accordée offre moyen de rassurer les sous-traitants (soucieux d'être payés!), d'éviter des catastrophes telles que la faillite d'Areva (plombée par les surcoûts du chantier de l'EPR en Finlande) ou celle de Westinghouse (ruinée par les surcoûts de deux chantiers, ce qui cela coula même son repreneur Toshiba), et de laisser croire que l'électricité nucléaire est peu chère (puisque le contribuable, plutôt que le consommateur, en paye une bonne part).
Les montants colossaux conjugués à des échéances lointaines en font une potentielle bombe à retardement, décrite par la Cour des comptes, alors même qu'ils pourraient et devraient payer le déploiement de renouvelables.
Le nucléaire est une épée de Damoclès suspendue au-dessus des contribuables.
«Relance»
La thèse selon laquelle le nucléaire doit être relancé en France implique qu'il a été ralenti ou stoppé, ce qui est très discutable car le nucléaire a toujours été inconditionnellement soutenu par l'État. L'histoire d'EDF le montre.
D'autre part les errements de la filière ne doivent rien à une prétendue insuffisance des commandes de réacteurs.
Prétendre une «relance» nécessaire pose abusivement la filière en victime, immobilisée malgré elle. Il s'agit en réalité d'une restructuration.
Consensus scientifique
Le GIEC ne préconise pas l'emploi du nucléaire, ni d'une quelconque autre technique, et constate le potentiel de décarbonation considérablement supérieur des renouvelables.
Le consensus scientifique favorable au nucléaire parfois évoqué n'existe pas et les scientifiques rejetant cette option ne manquent pas:
USA: Committee for Nuclear Responsibility (co-fondé par quatre prix Nobel)
France: GSIEN (document: Les Experts du GSIEN, poils à gratter) et son Appel de scientifiques contre un nouveau programme nucléaire
Individus: John Gofman, Harry Bernas, Amory Lovins, Arjun Makhijani, Katsumi Furitsu, M. V. Ramana, Joe Romm...
Errements et malversations
Les errements graves prêtés à divers écologistes, le cas-type étant une relation secrète entre Greenpeace et l'industrie gazière en Russie, ne sont pas étayés. Ceux de l'industrie nucléaire, peu connus en France, ne manquent pas:
Incroyable négligence menant à fraudes et tricheries, coupable dissimulation, travail dissimulé (France)
Dans un rapport traitant de l'EPR (page 53) la Cour des comptes résume l'importance majeure de l'hypothèse d'«exclusion de rupture» et rappelle « Sur le chantier de Flamanville, dès octobre 2013, des écarts au référentiel d’exclusion de rupture concernant les soudures de traversées ont été identifiés. EDF a informé tardivement (en octobre 2017) l’ASN.» (France)
Les lanceurs d'alerte sont tenus sous le boisseau (Wikipedia en français ne documente guère tout cela).
Moyen terme
En 2022 en France 63% de l'énergie finale a été obtenue en brûlant du combustible fossile. Les 56 réacteurs nucléaires actifs en produisirent 17,8% (70,6% de l'électricité, qui constitue 25,3% de l'énergie finale).
Même en admettant possible de construire des réacteurs fiables selon délais et coûts réalistes (aucun chantier depuis les années 2000 n'est encourageant) nul n'espère plus disposer en France (l'un des leaders en la matière) de plus de 3 nouveaux réacteurs vers 2040.
Est-ce compatible avec l'urgence du dérèglement climatique et nos moyens limités, rendant préférable de mobiliser au plus vite les moyens les plus rapides et sûrs que sont aujourd'hui les renouvelables?
Chaque euro dépensé pour le nucléaire ne l'est pas pour ces moyens plus efficaces.
Les 413 réacteurs déployés dans le monde produisent aujourd'hui 10% de l'électricité, elle-même 20% de l'énergie finale, donc le nucléaire produit au mieux 2% de l'énergie consommée. Par conséquent le nucléaire fournirait 10% de l'énergie, ce qui serait loin d'être suffisant puisqu'il faut électrifier des usages (afin de réduire la quantité de combustible fossile brûlé) donc produire davantage d'électricité, si nous pouvions multiplier la puissance du parc par 5 donc bâtir environ 1500 nouveaux réacteurs et maintenir actif le parc en place. Espérer cela avant 2100 serait absurde.
De plus les gisements d'uranium exploités dans les bonnes conditions du moment peuvent alimenter le parc actuel durant au mieux 2 siècles. Pour le prolonger au-delà il faut espérer procédé d'obtention révolutionnaire (en vain poursuivi depuis des décennies), capacité à exploiter des gisements d'uranium moins prometteurs donc tolérer augmentation des émissions et du coût, ou découverte de grand gisement. Espérer une telle découverte est osé car la prospection intensive commença dès la fin de la deuxième guerre mondiale (quête de l'arme atomique), et la rapide et forte augmentation du cours de l'uranium (une bulle) survenue autour de 2007 déclencha force investissements côté prospection dont les résultats (15%) sont très insuffisants.
Par conséquent multiplier le parc par 5 ne lui laisserait qu'au mieux 40 ans d'uranium certainement disponible dans les conditions du moment, donc serait un investissement inepte.
Matériaux
La quantité de matières premières nécessaire à un système fondé sur des renouvelables est supérieure à celle requise par le nucléaire, toutefois dans le cas des renouvelables elles ont des substituts, pour certaines des gisements existent en Europe et elles se recyclent. En France 95% de la masse d'une éolienne doit être recyclée (obligation légale), et le socle en béton n'est pas épargné. Des pales recyclables existent (RecyclableBlade, ZEBRA, PECAN...) et même l'existant (aujourd'hui les pales réformées sont brûlées dans des cimenteries, donc fournissent de l'énergie) est considéré.
Selon EDF 94% d'un panneau solaire est recyclable.
L'uranium est quant à lui un combustible (disparaît à mesure) et en obtenir causera vraisemblablement sans cesse davantage d'émissions de gaz à effet de serre (lire ci-après). Il n'a pas de substitut, peu de gisements en Europe et ne se recycle en pratique guère.
La transition énergétique augmentera le nombre de mines de métaux et réduira le nombre total de mines.
Émissions
Une étude de l'UNECE (une agence de l'ONU collaborant avec une autre agence de l'ONU qui gère et promeut le nucléaire nommée IAEA) souvent citée intitulée "Carbon Neutrality in the UNECE Region: Integrated Life-cycle Assessment of Electricity Sources" attribue au nucléaire européen des émissions de 5,1g équivalent CO2/kWh, les valeurs retenues partout ailleurs étant comprises entre 10 et 15. Elle repose sur des données fournies par la "World Nuclear Association" (qui promeut le nucléaire) et en matière d'émissions ses auteurs citent des études de M. Lenzen ainsi que d'E. Warner et G. Heath, alors même que le premier retient "between 10 and 130 g CO2-e/kWhel, with an average of 65 g" (hop, un ordre de grandeur!) et le second projette "9 to 110 g CO‐eq/kWh by 2050".
Les larges intervalles sont surtout causés par l'impact croissant de l'extraction (l'uranium facile à obtenir se raréfiant, il faut à mesure davantage polluer pour l'obtenir). L'«étude» de l'UNECE le précise (cf. "Box 6. Ore grad") en termes clairs ("a lowering ore grade may lead to tripling life-cycle GHG emissions by 2050 in case of a sustained growth of installed nuclear capacity") mais n'en tient pas compte et retient une valeur deux fois inférieure au plancher optimiste: 5,1 g eq CO2/kWh.
Electricy Maps
Electricity Maps attribue ces 5,1g à l'ensemble des réacteurs européens.
EDF (France)
Une étude «interne» d'EDF, qui n'est pas publiée dans une revue scientifique à comité de lecture, prête au nucléaire des émissions inférieures à 4g équivalent CO2/kWh, assertion publiée par l'ADEME non après étude de leur part mais parce que cet organisme reprend ainsi une donnée publiée par le CEA portant non sur l'ensemble de l'uranium employé par le parc de réacteurs en place mais sur le seul uranium recyclé dit «MOx», lequel ne l'est qu'une seule fois, ne constitue qu'environ 12% des charges d'uranium des réacteurs en France, n'a jamais (où que ce soit) pu constituer plus de 50% d'une charge de réacteur industriel... Donc pour atteindre le niveau d'émissions vanté il faudra disposer d'un parc entièrement constitué d'EPR (conçus pour fonctionner avec une charge 100% MOx), dûment testés, admettre que le «gisement» de MOx les alimentera toujours donc déployer la coûteuse et complexe filière industrielle permettant de multiples recyclages, négliger l'augmentation de la radioactivité et radiotoxicité des déchets... Prévoir un délai.
Aucun de ces «menus détails» n'interdit à propagandistes et naïfs d'affirmer que le nucléaire français émet 3,7g eqCO2/kWh!
Une étude scientifique dûment publiée en 2021 portant sur un EPR lui attribue 17 à 25g.
Astuces
Des astuces consistent ainsi à calculer les émissions d'un parc n'existant (au mieux) pas encore, ou celles relevées durant le seul fonctionnement normal d'un réacteur (donc à ignorer le plus gros de celles du cycle de vie: construction, obtention et traitement de l'uranium, déchets, démantèlement...), et plus habilement à picorer en sélectionnant pour chaque poste d'émissions le procédé le moins émetteur, même s'il ne peut être toujours employé.
Les émissions des renouvelables, elles, tiennent pour bonne part à l'électricité nécessaire à leur fabrication (aujourd'hui pour le plus gros en Chine, grâce à une électricité trop carbonée) donc diminueront à mesure que cette dernière sera de plus en plus décarbonée.
Géostratégie
Au plan stratégique si le nucléaire connaît une renaissance nous procurer de l'uranium pourrait devenir difficile car les superpuissances (Russie, Chine et US) auront volonté comme moyens de se le réserver. Le gros des nations en produisant (Australie, Canada, Kazakhstan, Ouzbékistan...) leur obéiront immédiatement. En Namibie la Chine donne le la. Le Niger est instable, de plus en plus hostile à la France (Orano en a été chassée), et l'ampleur de nos actions militaires en Afrique, créant une dépendance, diminue vite tandis que l'influence de la Chine augmente.
Un pan de l'apparente récente nouvelle renaissance du nucléaire (la précédente date des années 2000 et la catastrophe à Fukushima l'interrompit) est un village Potemkine car certaines nations ne feignent de s'y intéresser qu'afin de faire pression sur les fournisseurs de renouvelables qui, sinon, se jugeraient d'emblée seuls pertinents donc seraient moins dynamiques et avenants (certaines nations usent de cette astuce depuis deux décennies). Il convient de ne considérer adhésion acquise qu'après lancement d'un chantier de réacteur.
D'autre part un réacteur électrogène est un moyen pour son fournisseur de créer de la dépendance via dette et fournitures (uranium prêt à l'emploi, maintenance...), et la méfiance des nations potentiellement victimes de cela s'aiguise.
Un autre pan, le dynamisme apparent de la Chine en matière de nucléaire, est à mettre en perspective.
Si cette renaissance avorte nos espoirs à l'export s'amoindriront encore, et même si elle progressait on peut douter de notre capacité à exporter avec profit notre savoir-faire en concurrençant des superpuissances dans un secteur stratégique (l'affaire des sous-marins australiens est révélatrice). La justification même d'une volonté d'exporter est fragile car les projets vendus depuis l'an 2000 (EPR en Finlande, Chine, Royaume-Uni...) causent perte massive d'argent public. Tandis que nous poursuivons à grands frais ces espoirs déclinants, bénéfices comme perspectives des entreprises vendant du renouvelable progressent (malgré le féroce dumping mené par la Chine).
D. Trump annonça en janvier 2025 sa volonté de développer le nucléaire aux USA, ainsi que celle de disposer du Groenland qui recèle de grands gisements d'hydrocarbures et de minerais, en particulier d'uranium et n'a (hors pêche) quasi pas d'autre ressource.
Responsabilité civile
Si, à terme, peu de nations exploitent du nucléaire nos voisins refusant le risque induit pourront, après avoir disposé du leur, nous quereller.
Une explosion d'hydrogène ou de vapeur, cause de la fuite de matières durablement dangereuses et difficiles à recouvrer à Tchernobyl comme à Fukushima, est possible dans une centrale nucléaire française (même dans une centrale équipée de recombineur catalytique, lire page 4). Considérer cela impossible n'est pas réaliste.
Nous devrons contracter police d'assurance «responsabilité civile» adéquate, au coût vraisemblablement colossal car la filière même (IRSN) estima qu'un seul accident majeur pourrait coûter 420 milliards d'€ (l'effet cumulé à terme sur le tourisme et l'exportation de produits exportés, surtout d'origine agricole, serait redoutable).
Prolifération
Un réacteur à eau sous pression (REP), tel que ceux déployés en France, rend possible d'obtenir du plutonium de qualité militaire (riche en plutonium-239 et pauvre en autres isotopes), il suffit de limiter la durée d'utilisation de l'uranium donc de le décharger tôt, après quelques semaines de fonctionnement (au lieu d'attendre afin d'exploiter au mieux le combustible).
Aucun équipement ou savoir-faire spécifique n'est nécessaire.
C'est la raison pour laquelle l'agence de l'ONU chargé de cela (IAEA) mène des inspections et déploie des instruments de mesure capables de détecter déchargement précoce.
Une nation dotée d'un REP décidant de ne plus obéir à l'ONU peut grâce à lui obtenir du plutonium de qualité militaire.
Long terme
Déchets
«Cigéo» (acronyme de centre industriel de stockage géologique) est un projet français de centre d'enfouissement de déchets radioactifs.
Les véritables experts ne jugent pas nul le risque induit par la sismotectonique (tremblements de terre causés par la tectonique des plaques, qui de surcroît pourraient gagner en fréquence et intensité), ainsi que par de potentielles intrusions.
Un courrier de l'ASN éclaire des doutes.
Pour autant certains avis publiés prétendant vulgariser donnent Cigéo pour sûr, en arguant souvent du cas d'un site naturel nommé «Oklo» abusivement donné pour un modèle garantissant l'adéquation de Cigéo (aucun scientifique n'a prétendu cela car ce site fournit d'utiles informations mais ne garantit rien).
Un rapport de l'IAEA (agence de l'ONU chargée du nucléaire civil) rappelle qu'il est considéré impossible de prédire modalité comme probabilité d'une intrusion humaine: Internationally, it is understood that there is no reliable scientific basis for predicting the process or likelihood of inadvertent human intrusion.
En outre il est jugé nécessaire de ventiler des gaz explosifs de façon permanente pendant au moins 150 ans, de déterminer comment gérer un incendie dans le sous-sol... Des voisins du site ne sont pas enchantés.
Négligeant tout cela des industriels incapables de prédire la date de livraison de leurs propres réacteurs et laissant parfois certains d'entre eux vomir des matières dangereuses prétendent être certains de ce qu'il adviendra durant les quelques centaines de milliers d'années à venir. Tout est prévu et maîtrisé pour les siècles des siècles.
Des incidents survenant dans des sites existants (par exemple à La Hague) rappellent que rien n'est parfait, donc la supériorité à ce titre de moyens n'induisant pas ce genre de risque.
Démantèlement
La Cour des Comptes détaille depuis longtemps ses doutes quant à la transparence et adéquation du modèle de détermination des coûts du démantèlement.
Comme souvent en matière de nucléaire les plans semblent d'emblée au point puis, dans la réalité, tout se corse: dès que les démantèlements commencent délais et coûts explosent.
C'est le cas au Royaume-Uni, où de nombreux démantèlements sont en cours (UK’s nuclear sites costing taxpayers ‘astronomical sums’, say MPs, UK’s nuclear waste cleanup operation could cost £260bn, Sellafield cleanup cost rises to £136bn amid tensions with Treasury ...).
En France les démantèlements (Brennilis, Superphénix) ne sont guère encourageants. Les futures dérives seront toutefois vraisemblablement moindres car le gros du parc est à présent homogène (séries de réacteurs REP quasi identiques).
Autres documents
Analyse de propos adressés à la Commission Européenne par S. Knafo en septembre 2024
The World Nuclear Industry Status Report 2023 (version française)
Auteur: https://x.com/natmakar , https://bsky.app/profile/natmaka.bsky.social