Table des matières
13:22:59 Loi NOME, en particulier tarif de revente d'une part de sa production imposé en 2012 à EDF (ARENH) de 42€/MWh, selon H. Proglio «inférieur au coût de revient».
En réalité ce tarif, établi en 2012, est un cadeau (de plus) fait à EDF:
Le coût de production complet du MWh était en 2010 de 22€ (cf. rapport de la Cour des comptes «Les coûts de la filière électronucléaire», page 81). Le parc de production existant étant réputé amorti, les 20€ d'écart paient prolongation de sa durée d'exploitation (Grand Carénage) et renouvellement/extension donc le nouveau nucléaire (série d'EPR).
Selon EDF le prix spot moyen du MWh en 2014 était en base de 34,6€ et en pointe de 43,8€ (page 6).
La Société française d'énergie nucléaire publia en 2017 que le coût de production (intégrant le Grand Carénage) du MWh nucléaire en France était de 33€.
Le rapport de la Cour des comptes intitulé «L’ORGANISATION DES MARCHÉS DE L’ÉLECTRICITÉ» (2022) pose (page 114) qu'entre 2011 et 2021 « les revenus du parc nucléaire historique ont bien couverts ses coûts complets, les dépassant même de l'ordre de 1,75 Md€», et les contre-arguments connus ne sont pas étayés.
En 4:12:32 H. Proglio rappelle que vers 2013, durant négociations relatives au réacteur Hinkley Point C, le prix de marché au Royaume-Uni était de 40£, étayant l'adéquation d'un coût de production en France à cette époque, avec larges marges, de 42€.
L'ARENH n'est pas, comme parfois clamé, un instrument arbitrairement défini par l'Union Européenne mais le produit de la Commission Champsaur (2009). L'objectif poursuivi (ouverture à la concurrence) découlait de constats exposant légèreté de gouvernances passées donc mal exposés au public.
Les épisodes de cette odyssée sont connus, et bien analysés.
En 2015 et selon EDF même le prix de gros sur le marché était de 38€/MWh.
Le risque d'ordre financier induit par la loi NOME sur les finances d'EDF doit tout à... la politique de cette entreprise, par laquelle elle vend à l'avance sa production donc, à terme, perd si elle est plus faible que prévue et que le cours de l'électricité (qu'elle doit alors acheter) augmente.
Moody's détaille: "In accordance with its hedging policy, the group had sold forward substantially all of its anticipated 2022 output at a Moody's-estimated price of close to €55 per megawatt hour (MWh). For the year 2022, it has to now buy up to around 60 TWh of electricity at prevailing market prices to meet its obligations, and sell a total of 20 TWh in 2022 at €46.2/MWh and the rest of the power at hedged prices".
VF établie par Google Translate: Conformément à sa politique de couverture, le groupe avait vendu à terme la quasi-totalité de sa production prévue pour 2022 à un prix estimé par Moody's proche de 55 € par mégawattheure (MWh). Pour l'année 2022, il doit désormais acheter jusqu'à environ 60 TWh d'électricité aux prix du marché en vigueur pour honorer ses obligations, et vendre un total de 20 TWh en 2022 à 46,2 €/MWh, le reste étant vendu aux prix couverts.
Le risque induit pour EDF est nul car l'entreprise est systématiquement renflouée grâce à de l'argent public.
Recourir au gaz n'est pas un caprice de l'Allemagne, ni ne lui est propre: le prix de marché est indexé sur celui de la dernière ressource employée afin d'obtenir toute l'électricité voulue, car à défaut cette dernière ne produirait pas donc la consommation serait supérieure à la production, ce qui mènerait au mieux à des délestages (coupures de courant) et au pis à l'effondrement du réseau.
Du backup assuré par des équipements de production très souples est nécessaire, même en France, afin d'honorer les:
continuelles menues variations de la consommation (donc assurer le «suivi de charge»),
pointes de consommation, dépassant les capacités des autres moyens de production peu carbonés disponibles.
Ce backup est surtout assuré par du «thermique classique», en particulier des turbines à gaz, selon l'approche du «coût marginal»
Surdimensionner le parc de réacteurs afin d'endosser le suivi de charge et les pointes en laisserait beaucoup souvent inactifs donc serait ruineux, au point qu'aucune nation n'a seulement tenté de le faire.
3:23:35 Selon H. Proglio «on n'utilise pas» le gaz.
C'est faux, des centrales à flamme dites «thermique classique» (à présent surtout du gaz) épaulent en France le nucléaire depuis son avènement.
3:24:30 «affaiblissement historique des opérateurs allemands, quasi en ruine».
Il néglige qu'EDF, très favorisée et régulièrement renflouée par l'État, connaît le même sort.
3:26:46 «parti antinucléaire».
Le projet Superphénix de réacteur nucléaire de «génération 4» visant à industrialiser la surgénération (afin de se passer d'uranium) commença en 1974 sur des acquis antérieurs obtenus en laboratoire (réacteurs expérimentaux RAPSODIE et Phénix).
Le réacteur a démarré en 1984, puis pour la première fois brièvement atteint sa puissance maximale dès 1986.
Las, il n'a pu être exploité de façon industrielle (stable) en 53 mois d'efforts et pour un coût total d'environ 60 milliards de francs qui rendent difficile de prétendre que temps ou moyens manquèrent.
En 1997 l'arrêt de Superphénix n'impacta pas le parc de réacteurs existant et était défendable car son facteur de charge en 1996 était de 0,31 donc très inférieur au minimum viable pour un réacteur industriel. Certains évoquent son taux de disponibilité élevé mais cela néglige les arrêts prévus (en prévoir suffisamment l'améliore).
Il n'a pu atteindre son objectif à cause de défis d'ordre technique résumés par H. Curien dans le rapport pertinent de l'Assemblée Nationale: « le passage de Phénix à Superphénix correspond à une multiplication par cinq, ce qui est beaucoup – quels que soient les engins – : le facteur d’échelle ne jouant pas uniformément, on peut avoir des surprises».
Un autre coûteux projet naissait alors (fusion nucléaire: ITER). Nos ressources ne sont pas infinies donc il faut arbitrer, ici interrompre un coûteux projet ne livrant pas, afin de le reprendre si le contexte devient propice.
D'aucuns donnent le projet Superphénix pour couronné de succès mais aucun expert ni son exploitant n'affirma cela (en 1997 ils clamaient leur confiance quant à leur capacité à atteindre l'exploitation industrielle à une échéance non précisée) et son successeur nommé «ASTRID» lancé 12 ans après, qui devait concevoir et bâtir un réacteur pour 5 milliards d'€, dépensa plus de 700 millions d'€ en seules études (dont seulement 100 payés par EDF) avant d'être mis en pause, donc «cela fonctionnait mais il faut tout reconcevoir...».
Selon H. Proglio l'abandon de Superphénix «remettait en cause la logique du système nucléaire français». Il n'explique pas pourquoi. Peut-être s'en tient-il à la nécessité de ce que la Génération IV promet, qui présidait durant les années 1950 à l'électronucléaire alors naissant. En ce cas les implications de ce constat sont déterminantes car la surgénération industrielle n'est toujours pas maîtrisée, donc l'avenir de l'électronucléaire compromis.
Éclairage: «La transition n'aura pas lieu!» à partir de 30:16:
Affirmer que l'arrêt de Superphénix était arbitraire car seulement motivé par un accord entre le parti socialiste et Les Verts ne tient pas compte de la réalité: L. Jospin joua d'un calcul électoraliste ménageant l'un de ses objectifs (arrêt de Superphénix dont il n'espérait plus rien) comme sa vision résolument pro-nucléaire car il a maintenu tout ce qui importe à la filière (parc de réacteurs, projet EPR, budget de R&D...).
Arrêter le projet n'était nécessairement une erreur qu'à condition de considérer que tout ce que réclame la filière du nucléaire doit lui être inconditionnellement accordé. L. Jospin a ainsi, en juin 1997, «souhaité que les fonctions de contrôle ne soient pas confondues avec celles qui relèvent de l'exploitation», et que l'industrie nucléaire ne doit pas «poursuivre des projets dont le coût est excessif et la réussite très aléatoire : c'est pourquoi le surgénérateur qu'on appelle Superphénix sera abandonné. »
Aujourd'hui, 28 ans après l'arrêt de Superphénix, les autres nations qui tentèrent (auparavant et par la suite) d'obtenir la surgénération nucléaire industrielle ont échoué. D'énormes investissements consentis durant des décennies ne livrèrent pas de modèle de réacteur industriel déployable.
La Russie est de loin la plus avancée. Pour autant son réacteur «BN-800» reste unique et pose tant de problèmes qu'elle n'en déploie aucun, préférant les classiques modèles «VVER» (non surgénérateurs), et son successeur prévu, nommé «BN-1200», est reporté à 2035...
... cela ne procède pas d'un abandon de la surgénération car cette nation explore activement une autre piste: l'architecture «BREST» (caloporteur plomb plutôt que sodium dans le cas de la plupart des autres, Superphénix compris), avec un petit réacteur de démonstration, en un «retour à la case départ».
Par ailleurs certaines nations pourraient poursuivre cette voie sans nécessairement croire au succès de l'industrialisation car un surgénérateur est un excellent moyen d'obtenir du plutonium de qualité militaire. C'est vraisemblablement l'objectif réel du réacteur de démonstration pertinent (appelé «CFR») démarré fin 2024 en Chine.
Officiellement la surgénération industrielle n'est plus poursuivie en France parce que l'uranium ne coûte pas cher, ce qui est un piètre alibi car, si c'était le cas, pourquoi avoir cherché à grands frais durant des décennies, et dans diverses nations le faire encore (en France des experts demandent de relancer des projets), alors que le prix de l'uranium n'a jamais (hors courte bulle autour de 2007) été une menace?
Tenter d'industrialiser la surgénération est justifié car l'obtenir réduirait considérablement dépendance à l'uranium comme embarras causés par les déchets, au point que même des nations disposant d'uranium s'activent: la Russie est la plus avancée, or elle dispose de gisements via son vassal le Kazakhstan.
L. Jospin était favorable au projet EPR et l'a soutenu, et compte-tenu de l'échec du projet d'EPR tête de série (lancé en 2004) il est difficile de lui reprocher d'avoir refusé de le lancer dès 2000 car il le jugeait immature. Il déclara «La priorité est désormais l’EPR»:
H. Proglio prétend ensuite que les «morts de Fukushima n'ont jamais existé».
Les autorités japonaises imputent à la catastrophe nucléaire d'ores et déjà (hors effets à long terme) 2203 victimes, dont 2202 causés par le pan de l'évacuation déclenché par l'accident nucléaire.
3:27:31 Campagne présidentielle 2012: «fermeture annoncée de 28 réacteurs», «50% max d'électricité électronucléaire».
La PPE («max 50% d'électricité d'origine nucléaire») était, est et restera sans effet car (en 2018) son échéance a été repoussée à 2035, puis (début 2023) elle a été abrogée.
D'autre part même avant son abrogation elle ne menaçait pas le nucléaire car, outre que la repousser de nouveau ou abroger restait possible, environ 65% de l'énergie finale consommée en France est produite grâce à des combustibles fossiles auxquels il convient (dérèglement climatique oblige) de renoncer, et dans les grandes masses seule de l'électrification d'usages le permettra. Il faudra donc produire davantage d'électricité (probablement au moins 2 fois plus, peut-être jusqu'à 3x), ce qui offre à la filière une marge colossale pour étoffer d'autant le parc de réacteurs et remplacer ceux qui, trop âgés, seront déclarés inaptes au service, tout en respectant cette loi. C'est vraisemblablement pourquoi l'énorme programme « Grand Carénage» de prolongation des réacteurs démarra.
Le signal envoyé à la filière par des actions plutôt que par des mots était clair.
Cette limite n'était que l'une de ces promesses (visant à drainer des électeurs naïfs) n'engageant que ceux qui les croient.
3:28:16 Décroissance électrique, manque de nucléaire.
3:59:35 Échec du chantier de l'EPR tête de série. «la filière nucléaire française n'a plus construit de réacteur depuis 20 ans».
Dans la veine de la grande campagne pro-nucléaire en cours H. Proglio accuse élus/écolos d'avoir endommagé la filière, mais ne produit pas d'acte d'accusation digne de ce nom: quel acte (ou inaction) causa quel dommage, qui l'a commis, quand, avec quels effets...?
Citer leurs seules déclarations hostiles au nucléaire d'élus ou d'écologistes suffit semble-t-il, comme s'ils étaient autant de sorciers vaudou auxquels il suffit de maugréer pour abattre l'une des filières les mieux protégées et dotées par l'État.
Dès 1986 même EDF jugeait le parc nucléaire trop étoffé: «Nous aurons de deux à quatre réacteurs nucléaires de trop en 1990», ce que le rapport Rouvillois-Guillaume-Pellat de 1989 confirma. La principale cause en est connue: après le contre-choc pétrolier les prix des hydrocarbures avaient beaucoup et durablement diminué, ils concurrençaient l'électricité. Les incitations aux économies d'énergies et la grande panne de 1978 pesèrent vraisemblablement aussi.
Pour autant on a construit des réacteurs jusqu'à la fin des années 1990. Trois d'entre eux furent mis en chantier après 1985, et quatre furent construits dans les années 1990.
Les deux plus récent (Civaux-1 et 2) ont été respectivement livrés en 1997 et 1999 puis restèrent inactifs car étaient inutiles et ne furent mis en production qu'en 2002.
En 1998 M. Mandil, Directeur Général de l’énergie soulignait qu'il y avait alors en France un excédent de capacité de production en base d'environ 5 à 6 gigawatts, c'est-à-dire de l'ordre de quatre tranches nucléaires.
De plus la France était alors le plus gros exportateur d'électricité en Europe.
Puis, comme prévu, la consommation d'électricité en France se stabilisa au début des années 2000.
Malgré ce sur-dimensionnement aucun soutien n'était jugé excessif: EPR tête de série (Flamanville) commandé en 2004, parc de réacteurs resté en place (même l'arrêt de Fessenheim est en réalité hors-périmètre), Grand Carénage visant à le prolonger (budget: 55 à 95 milliards d'€...) planifié (2008) puis commencé (2014), budgets R&D maintenus (H. Proglio évoque, lui, une «baisse des efforts de recherche»)...
Par conséquent le lancement d'un projet d'EPR tête de série en 2004 puis de son chantier en 2006 n'était ni tardif, ni insuffisant... mais plutôt un cadeau supplémentaire. D'autant que le coût total réel du déploiement du nucléaire en France pèse encore sur la nation, et que le coût prévu de ces futurs réacteurs («EPR2»), colossal, augmente rapidement.
La spécialité de la filière est l’îlot nucléaire, mis en place dans une centrale en fin de chantier, et le reste est surtout l'oeuvre de sous-traitants relevant de l'industrie classique. Elle livra un réacteur (Civaux-2) en 1999 puis tenta dès 2000 de vendre un EPR à la Finlande, qui le commanda en 2003 (chantier démarré en 2005). Où sont les «décennies» sans projet de réacteur qui auraient, selon certains, endommagé la filière? Comment croire qu'il n'était pas considéré nécessaire de maintenir les compétences, dont une bonne part est de surcroît nécessaire à la maintenance du parc exploité?
L'EPR de Flamanville est officiellement une «tête de série». Il devait donc lancer... une série (surprise!). Son chantier peina... à qui la faute, sinon à la filière? Écarts ahurissants et surcoûts correspondants furent tolérés.
Cela ne découle pas de difficultés nées d'innovations telles qu'une nouvelle architecture de réacteur car l'EPR est similaire aux réacteurs existants dont il n'est qu'une «évolution».
L'argument selon lequel la France devait, en 2004, commander non pas un mais plusieurs EPR est inepte car le concept même de «tête de série» consiste à lancer un premier chantier, puis s'il progresse bien un second, puis un autre... afin de réduire coûts et retards causés par une erreur en ne la commettant que sur un chantier. Ce mode de lancement, adopté durant le Plan Messmer, est reflété par leur frise chronologique. Tous les chantiers EPR connurent d'emblée des difficultés qui interdirent de considérer possible d'en lancer un autre «dans la foulée».
Sur le plan industriel cette perspective perdura car François Roussely (alors président d'EDF) déclara en 2003: «Il est évident que nous avons tout intérêt, sur le plan financier et sur le plan industriel, à étaler le plus possible, la construction du parc futur ((...)) Le renouvellement commencera par le recours à la génération 3+, vers 2020, puis à la génération 4, après 2035, si celle-ci a tenu ses promesses et se révèle opérationnelle».
Si la filière doit impérativement ne pas cesser de bâtir afin de se maintenir il lui appartient (plutôt qu'à écolos ou élus) de trouver des débouchés à l'export qui offrent de surcroît (théoriquement) moyen de réduire le coût total.
Des élus s'impliquèrent afin de vendre ainsi, ce qui devait maintenir un souffle vital: avant 2000 l'EPR était en gestation (conception) puis son avant-vente à la Finlande commença et le chantier démarra en 2005. Le projet d'EPR à Flamanville (France) commença en 2004 et son chantier en 2007. Puis 2 furent vendus à la Chine, et un au Royaume-Uni. Ces projets sont tous des échecs coûteux (pour le contribuable français), pour autant rien n'est annulé et E. Macron, alors que nous attendons l'EPR de Flamanville qui devait être livré en 2012 et ne produira à pleine puissance (au mieux) que mi-2025, veut en commander 6 avant même de savoir ce qu'il achète.
En résumé non seulement nul n'a pu stopper ou seulement ralentir la filière, mais tous les puissants l'épaulèrent.
En France la faible production du parc nucléaire est la principale cause de la crise de 2021-2022, difficile à imputer à des groupes étrangers à la filière (tels qu'élus, écologistes, Allemagne...).
Sa cause première est la sous-production du parc nucléaire en France causée par:
corrosion sous contrainte
Contraignant fin 2021 à réparer de nombreux réacteurs, qui restèrent pour cela arrêtés durant des mois
échec du chantier de l'EPR tête de série en France
Bien mener son chantier aurait permis d'en lancer un autre dès 2010, et à la cadence du Plan Messmer 4 à 7 EPR auraient produit en 2022
indisponibilités de réacteurs découlant de visites décennales ou de travaux du Grand Carénage, prévus de longue date
Peu de moyens de compenser existaient car des centrales thermiques classiques furent réformées avant la crise, réduisant les marges. C'était justifié par le souci de décarboner et de ne pas maintenir d'installation lourde jugée désormais inutile.
Par conséquent EDF devait acheter de l'électricité afin de compenser cette sous-production
Au plan financier c'était désastreux car la guerre menée par la Russie en Ukraine a considérablement enchéri le gaz (naturel, méthane...) donc l'électricité dont le cours est fixé selon le coût de production marginal (celui de la dernière centrale appelée pour satisfaire la demande), qui est le plus souvent une centrale à gaz.
Pis: EDF vend sa production à l'avance sur les marchés. C'est parfois très rentable, lorsqu'elle vend à prix élevé puis peut fournir à coût de production faible, et elle encaisse alors des milliards (certains félicitent alors EDF). C'est parfois atrocement coûteux,et en ce cas contribuables et taxés français la sauvent.
Durant cette crise les renouvelables les renouvelables réduisirent le prix de l'électricité en Europe (de 3% en 2021, 8% en 2022 et 15% en 2023). Environ 100 milliards d'€ furent ainsi économisés selon l'Agence internationale de l'énergie.
La centrale de Fessenheim développait 2,8% de la puissance du parc nucléaire français, donc la maintenir active n'aurait pas été déterminant.
Dès 2012 EDF négociait sa fermeture, prévue pour au plus tard 2017, puis l'approche de S. Royal (attendre démarrage de l'EPR, échéance qu'EDF maîtrise) l'emporta.
En 2018 EDF a obtenu une dérogation grâce à laquelle l'exploitation de la centrale continua (alors qu'elle devait en théorie disposer de groupes électrogènes de secours dits «DUS» pour «diesel d'ultime secours»), puis fin 2018 l'échéance de la limitation de la part d'énergie nucléaire a été repoussée à 2035 donc ne condamnait plus Fessenheim. EDF pouvait alors lancer les travaux DUS (2 ans, donc compatibles avec la visite décennale prévue) mais décida de ne pas le faire.
L'histoire détaillée de cette fermeture est éclairante.
Selon certains D. Voynet aurait en 2000 «menti pour saborder le nucléaire français ».
En réalité, et comme décrit par CheckNews, il s'agissait de déterminer si classer l'énergie nucléaire en tant que source propre (au bénéfice de pays en voie de développement) était réaliste. Cela n'a nullement influé sur le nucléaire en France.
Contrairement à ce qui est parfois affirmé C. Lepage n'a pas déterminé le contenu du décret déterminant le mode d'exploitation de Superphénix établi en 1994 car ne fut nommée ministre (de l'environnement) qu'en 1995.
Elle n'a pas davantage bloqué Superphénix qui redémarra comme prévu en septembre 1995 (après réparations consécutives à un incident). Elle quitta le ministère en 1997.
3:46:51 EDF a financé le programme nucléaire.
4:00:36 Selon H. Proglio «il se construit 10 réacteurs chaque année en Chine».
4:33:47 A. Merkel aurait «lâché le nucléaire» afin de former coalition avec les Verts conservateurs.
Cette coalition n'a jamais existé: A. Merkel forma coalition avec le FDP durant 4 ans, et 12 ans avec le SPD (social-démocrate), qui lui-même (non «vert» et avant son alliance avec un parti écologiste en 1998) avait résolu de sortir du nucléaire dès Tchernobyl (1986) afin d'endiguer la forte progression du parti Vert. Bien entendu ce ne sera qu'une promesse et aucune mesure effective contre le nucléaire ne sera prise: production nucléaire stable de 1989 à 2006, participation au projet EPR maintenue, puis fin 2010 son gouvernement prolongea le nucléaire.
C'est la catastrophe nucléaire de Fukushima qui, l'année suivante, cassa net cet élan en faisant basculer l'opinion, de sorte que tous les gouvernements durent ensuite arrêter au plus vite les réacteurs (condamnés selon certains critères).
En Italie durant un référendum tenu en 2011 (après Fukushima) 94% des électeurs refusèrent construction de nouvelles centrales nucléaires. En France aucune consultation ne sera organisée, puis la loi de 2015 sera en pratique ineffective donc ménagera la filière.
Arrêter du nucléaire en activité ralentit la décarbonation, c'est indéniable, toutefois aucune décision n'est prise en fonction d'un seul critère donc les défauts pèsent (risque: d'accident/attentat/acte de désespéré ou guerrier, prolifération, lié aux déchets, ainsi que dépendance au combustible, difficulté lors du démantèlement...).
Il n'y a pas de solution, il n'y a que des arbitrages (T. Sowell).
La sortie du nucléaire trop rapide de l'Allemagne est imputable non à une arbitraire et impopulaire décision d'écologistes mais à l'accident majeur survenu à Fukushima conduisant au refus de l'opinion publique allemande de s'exposer au risque d'accident majeur, et au fait qu'aucun gouvernement n'a pu/voulu jouer de l'autoritarisme donc contraindre.
Voici le nombre de réacteurs nucléaires arrêtés en Allemagne depuis Fukushima par chaque parti politique au pouvoir (dénombrés par Hanno Klausmeier):
14 réacteurs: CDU / CSU (centre droit, démocrates-chrétiens)
11 réacteurs: FDP (libéraux de droite)
9 réacteurs: SPD (démocrates-sociaux, parti le plus ancien, démodé, une certaine proximité avec les syndicats)
3 réacteurs: Les Verts (gauche, des positions écologistes)
Le tort de l'Allemagne n'est pas de s'affranchir du nucléaire mais de le faire trop vite ou sans compensation (au pis de la sobriété). Les EnR réduisent les dégâts car l'électricité qu'elles produisent ne l'est pas en brûlant du combustible fossile.
Attribuer les embarras de l'Allemagne à son adoption des renouvelables est absurde, et c'est l'une des thèses-clé de la propagande visant à condamner la transition vers les renouvelables.
H. Proglio prête de sombres desseins à l'Allemagne à l'endroit de la France et souligne des effets fâcheux pour nous de l'Union Européenne.
C'est défendable, d'autant que certains ne distinguent pas la Realpolitik de la seule volonté de nuire, mais difficile à étayer dans le cas du nucléaire, en particulier de l'EPR.
Accuser l'Allemagne d'être cause de la fermeture de la centrale de Fessenheim est infondé.
Lui attribuer les échecs des récents chantiers de réacteurs par on ne sait trop quel sabotage du projet EPR est plus absurde encore. Ce projet, visant une fusion de nos réacteurs et des modèles allemands («Konvoi»), était durant son lancement (fin des années 1980) réaliste sur le plan industriel comme commercial. Cela devait faire de concurrents s'inter-épuisant (d'une part la Compagnie générale d'électricité donc Alcatel-Alsthom, qui possédait 44% de Framatome, et d'autre part Siemens) des partenaires unis face à des nations non membres de l'UE vendant du nucléaire (Russie, USA, Corée du Sud...).
Sur le plan du nucléaire ce genre de collaboration n'est pas nouveau car nos premiers réacteurs du Plan Messmer (lancé en 1974) sont des modèles américains (Westinghouse), aux plans par la suite peu à peu modifiés par des ingénieurs français dans le cadre d'une coopération (NTCA). D'autres coopérations entre nations européennes fonctionnèrent (astronautique, aéronautique, armement...)
Dès Tchernobyl (1986) l'opinion publique en Allemagne penchait de plus en plus pour l'arrêt du nucléaire. Un sursaut, par exemple grâce à un EPR couronné de succès était possible et au pis (arrêt du nucléaire en Allemagne prononcé) offrait perspective de marchés à l'export donc sauvait la filière allemande.
Elle y renonça en 1998, avant même l'étape de la conception détaillée (rapport Folz, pages 5, 6 et 21), car un nouveau gouvernement ne voulait pas construire de réacteur. Cela laissa champ libre à la filière française, 5 ans avant commande du premier client (Finlande), pour achever/corriger la conception ou, au pis, déterminer le délai pour cela nécessaire puis planifier.
En 2008 les dérapages du chantier en Finlande fragilisèrent ce projet commun, toutefois jusqu'à Fukushima (2011) rien n'était scellé et fin 2010 le gouvernement d'A. Merkel prolongea le nucléaire en Allemagne.
En 2011 l'accident survenu à Fukushima, couplé à l'essor des renouvelables industrielles capables de remplacer le nucléaire, tua en Allemagne ce dernier: Siemens douta vraisemblablement de l'avenir du nucléaire et renonça complètement en revendant ses parts à Areva (1 mois après la catastrophe).
À présent l'Allemagne, au sein de l'Union Européenne (dont elle est le plus gros financeur), refuse de payer pour du nucléaire dont elle ne veut pas chez elle et qui, déployé dans une nation voisine, l'expose à du risque. De surcroît financer ainsi rendrait plus difficile de contraindre une telle voisine à assurer comme il se doit son parc nucléaire (responsabilité civile).
D'autre part le prétendu travail de sape décisif mené par l'Allemagne se résume, comme rappelé par Bertaga, à «quelques articles dans Alter Eco et 2 livres confidentiels sur l'approvisionnement en uranium et les déchets nucléaires».