Guérilleros, Guerrilleros, Résistance espagnole : site de l'AAGEF-FFI
L’ Amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en France – Forces Françaises de l’Intérieur (AAGEF-FFI) est une association d’anciens combattants reconnue comme telle par les autorités françaises depuis 1976.
Elle continue l’Amicale des Anciens FFI et Résistants Espagnols, formée en 1945, officiellement autorisée par arrêté ministériel en 1946 comme association étrangère, avec à sa tête les généraux FFI Luis FERNÁNDEZ JUAN et Joan BLÁZQUEZ ARROYO et de nombreux autres grands résistants, souvent titulaires de la Légion d'Honneur, la Croix de Guerre et autres décorations, reçues à titre militaire.
Cette association fut indignement interdite par le gouvernement français, à l’automne 1950, sous la pression du gouvernement franquiste.
Elle ne fut autorisée à se reconstituer qu’au lendemain de la mort du Caudillo, sous le nom actuel : AAGEF-FFI. Pour les résistants espagnols ce furent 26 ans de privation des droits fondamentaux, d'association, réunion, expression, manifestation.
Le siège national de l'AAGEF-FFI est à Toulouse. Conformément à la loi du 1er juillet 1901, article 5, l’AAGEF-FFI dispose de sections départementales ou interdépartementales qui agissent sous sa responsabilité.
La Résistance espagnole en France a été largement stimulée et vertébrée par la Unión Nacional Española (UNE), mouvement politique pluraliste, lancé à la mi-1941 pour continuer en France le combat antifasciste vécu en Espagne.
Dès l’hiver 1941 en Zone Occupée et au printemps 1942 en Zone Libre, des comités locaux de la UNE sont constitués autour du journal clandestin Reconquista de España. Chaque comité désigne des militants pour former des groupes de guérilleros. Il s’agit d’abord de récolter armes et explosifs, organiser des sabotages, plus tard des attentats.
Fin 1941 et début 1942, des responsables de plusieurs départements se réunissent pour constituer le noyau du XIV Cuerpo de Guerrilleros Españoles en Francia (par référence au XIV Cuerpo de guerrilleros de l'armée de la République, qui avait combattu à l'arrière des lignes fascistes en Espagne). Cette formation militaire devient le bras armé de la UNE. En décembre 1943, l’état-major du XIVe Corps contrôle les unités espagnoles d’une trentaine de départements. Début mai 1944, le XIVe Corps prend le nom de Agrupación de Guerrilleros Españoles (AGE). A la mi-mai, la AGE est directement rattachée aux Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), créées sous ce nom depuis février seulement.
Les unités de la AGE, organisées en brigades et divisions exclusivement commandées par des Espagnols, ont participé très activement aux combats de la Libération en coordination avec les états-majors FFI régionaux et national.
Le mot français "guérilla" vient de l'espagnol guerrilla (petite guerre). De même, le mot français "guérillero" vient de l'espagnol guerrillero. On peut s'étonner que la langue académique française n'ait pas retenu comme écritures : "guerrilla" et "guerrillero", avec 2 "r" et sans accent, comme dans "guerrier". Mais c'est ainsi. Dans un texte en français, les termes étrangers sont souvent écrits en italiques : guerrilla, guerrillero.
Les troupes napoléoniennes ont eu l'occasion d'affronter des guerrilleros ou guérilleros en Espagne en 1808-1814.
Pendant la Guerre d'Espagne de 1936-1939, le gouvernement républicain créa un corps d'armée spécialisé dans la lutte derrière les lignes ennemies : le XIV Cuerpo de Guerrilleros. Certains des pionniers espagnols de la lutte armée en France, sous l'Occupation, provenaient de cette unité ; le terme guerrillero a servi à désigner non seulement ceux qui combattirent au sein du XIV Cuerpo de Guerrilleros Españoles en Francia, mais aussi les Espagnols qui s'engagèrent dans d'autres formations pratiquant la guérilla : la M.O.I. (Main d'Oeuvre Immigrée) en 1941-1942, les F.T.P. - M.O.I (Francs-Tireurs et Partisans de la Main d'Oeuvre Immigrée) en 1942-1944, les F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans Français) en 1942-1944, essentiellement.
En 1976, quand les anciens résistants espagnols furent autorisés à reconstituer leur association interdite en 1950, ils décidèrent de placer les mots "guérilleros espagnols" dans le nouvel intitulé. Bien entendu, la qualification "guérillero espagnol" n'a jamais été réservée aux seuls membres de l'AAGEF-FFI.
Longtemps, pour être membre de l’AAGEF-FFI, il fallait avoir combattu soi-même dans la Résistance. A la fin des années 1990, l’AAGEF-FFI décida d’accueillir hommes et femmes des générations suivantes. Les statuts actuels permettent l’adhésion pleine et entière de toutes personnes, quels que soient l’âge et l’origine, attachées à l’histoire et aux idéaux des résistants espagnols.
L’AAGEF-FFI et ses sections ne concurrencent pas les associations qui s’investissent sous des formes diverses pour la mémoire de l’Espagne républicaine. L’AAGEF-FFI et ses sections oeuvrent avec les spécificités liées à leurs origines – résistance armée aux fascismes en Espagne et en France – et les responsabilités propres qui en découlent.
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En 1944-45-46, l'Espoir exalté par André Malraux en 1937, renaquit. A l'automne 1944, le projet de Reconquista de España, porté clandestinement depuis 1941 par l'Union Nationale Espagnole (UNE), put être consolidé au grand jour. L'opinion publique française était favorable au renversement de la dictature incarnée par Franco. Les foyers de guérilleros qui résistaient déjà en Espagne depuis 1939, reçurent des renforts.
A l'automne 1944, 31 brigades comptant chacune environ 300 hommes pénétrèrent en Espagne : la Ofensiva de los Pirineos était dirigée par les généraux FFI Luis FERNANDEZ JUAN et Joan BLAZQUEZ ARROYO ; le point d'orgue fut la Operacion del Valle de Aran, où 11 brigades furent engagées sous le commandement du colonel FFI Vicente LOPEZ TOVAR. En l'absence de soutien militaire ou simplement politique de la part du gouvernement français, l'offensive échoua, mais des maquis persistèrent de l'Aragon aux Asturies, du Levant à l'Estrémadure...
En février et décembre 1946, la toute nouvelle Organisation des Nations Unies (ONU) adopta des résolutions qui condamnaient le régime franquiste, solennellement dénoncé comme fasciste. L'espoir continua de croître en dépit de la répression qui continuait en Espagne.
Hélas, les intrigues géopolitiques rétrogrades commencèrent. Les Alliés optèrent pour abandonner les Républicains espagnols. En septembre et octobre 1950, répondant aux pressions de Franco, le gouvernement français interdit les organisations espagnoles qui appuyaient la guérilla. En 1953, l'Espagne sous la botte était admise à l'UNESCO, au grand dam des démocrates du monde, et en 1955 à l'ONU.
Dès septembre 1944, la Agrupación de Guerrilleros Españoles - Forces Françaises de l'Intérieur, bras armé de la Unión Nacional Española (UNE) est renommée : Agrupación de Guerrilleros "Reconquista de España". Ci-contre, carte d'appartenance.
Alfonso GUTIÉRREZ JURADO, guérillero de la UNE, arrêté le 7/9/1942 en Dordogne, s'évade du camp de concentration du Vernet le 11/5/1944. Commandant du 2e Bataillon de la 3e Brigade de guérilleros d'Ariège, il participe à la Libération de Foix le 19/8/1944. Quelques semaines plus tard il traverse les Pyrénées dans le cadre de la Ofensiva de los Pirineos. Il en revint, périlleusement, à la fin 1944. Le document ci-contre est signé de Pascual GIMENO RUFINO, comandante Royo, chef de la 3e Brigade, reparti lui aussi en Espagne, fait prisonnier, abattu dans des conditions tragiques en juillet 1945 à Valencia.