Sur cette carte, il manque les 10 derniers km que Gmaps ne connait pas...
Nous prenons tout notre temps ce matin pour arpenter le site dans tous les sens.
Nous n’avons pas entendu les geysers cette nuit mais avons très bien dormi grâce à la chaleur géothermique.
La fumerolle qui a cuit nos œufs est en pleine forme ce matin.
Il faut dire que comme toutes les nuits, la température descend légèrement en-dessous de zéro. Heureusement le vent tombe systématiquement au coucher du soleil, pour réapparaitre le lendemain dès que la terre se réchauffe. Je pense (à vérifier) qu’il s’agit de thermiques entre l’océan rafraichi par le courant de Humbolt et les terres ocres chauffées par le soleil. Des thermiques à grande échelle puisque l’altiplano se situe aux environs de 4000 m et à 150 km en moyenne de la mer. En tout cas nous aurons eu une majorité de vent d’ouest, sauf un jour ou deux où il a soufflé du sud et apporté quelques gouttes de pluie.
Le site est bien sûr moins spectaculaire que certains autres mais l’isolement et la beauté des paysages alentours nous enthousiasment.
Au retour la piste parait plus courte et plus facile (comme toujours !) https://fr.wikiloc.com/itineraires-tout-terrain/puchuldiza-lupe-site-44129751
Pour ceux qui n’auraient pas de 4X4, c’est tout-à-fait faisable à pied : une jolie balade à plat (mais à plus de 4000 m) de quelques km dans une vallée dont la rivière attire pas mal de faune : vigognes, viscachas et nandous.
Voilà le village abandonné de Lupe.
Après quelques km, nous apercevons au loin le site sud-est (que l’on peut atteindre avec une voiture normale).
Un dernier petit gué très amusant, dans une rivière d’eau chaude et fumante,
puis un passage sous le geyser permanent (pas très efficace pour laver la voiture…)
Puis nous rejoignons la route 15 que nous quittons très vite après 1 ou 2 km vers l’ouest pour prendre la très belle A455 vers Cariquima.
Elle serpente entre de jolies formations rocheuses, nommées ici Penitentes.
Nous abandonnons la voiture
pour les découvrir sous toutes leurs facettes.
Plus loin d’autres roches tarabiscotées, il en faudrait du temps pour explorer tout ça !
Cette valle de Amora est vraiment très belle, avec vers le sud un impressionnant canyon
et plus en amont une verte prairie où paissent chevaux, mulets, ânes, lamas et guanacos.
Dans le village endormi de Cariquima, nous espérons acheter du pain : on nous indique l’hôtel qui accepte de nous vendre quelques pains de la fournée du jour.
Puis nous continuons vers Ancovinto,
un village près duquel ma carte indique un mystérieux Bosque de cactus, sur lequel je trouve assez peu d’infos. Il s’agirait d’une « forêt » de cactus géants, que je ne parviens pas à repérer sur google earth… A Ancovinto, il y a bien quelques cactus sur un versant nord mais de « forêt »…point. Alors on continue vers le nord pour aller explorer le versant nord de la montagne voisine…et on les trouve !
D’abord un « éclaireur » qui semble dominer le volcan Isluga (5218 m !) puis le gros de la troupe !
Tous en fleurs !
Au Nord le salar de Coïpasa.
Ils sont en effet géants, plus de 10 m pour certains !
Quel âge peuvent-ils bien avoir ? Sans doute environ 1000 ans pour les plus grands ! A cette altitude (3600 m) ils ne poussent que de 0 à 2 cm/an selon la pluviométrie.
Voilà la forêt puis de gauche à droite, le volcan Isluga, le salar de Coïpasa et le Cerro Cabarray (5869 m) en Bolivie.
Nous passons à Colchane pour y faire un ravitaillement en essence. Un peu naïfs, nous interrogeons quelques autochtones qui nous indiquent d’un geste vague la frontière (rappelons que notre vocabulaire en espagnol est des plus réduits : « Gasolina por favor… » )
Nous savons bien qu’il y a une station- service à Pisaga côté bolivien, mais nous ne pouvons pas franchir la frontière avec notre voiture de location (peu de loueurs autorisent le passage en Bolivie et même pour l'Argentine, il eût fallu anticiper pour faire des papiers notariés, facturés environ 140 $ et on a pris le parti de rester au Chili pour ne pas perdre de temps en passages de frontières). Nous nous rapprochons de la frontière, avisons une ribambelle de charrettes à bras alignées le long d’un mur, sans nul doute destinées à « l’import/export », entrons dans une boutique adjacente sans plus de succès…on commence à comprendre que l’importation d’essence depuis la Bolivie et la revente « hors taxes » prélevées par l’état chilien est bien sûr illégale…Alors que nous calculons si nous pouvons réaliser le parcours prévu sans reprendre de carburant, quelqu’un vient finalement à la fenêtre …et nous demande de le suivre…il grimpe avec un autre homme dans sa voiture et nous guide - nous sommes à moitié rassurés, après tout nous suivons des dealers !… - à quelques dizaines de mètres de là, dans une petite cour et nous verse d’un geste assuré 20l de gasolina dans le réservoir (900 pesos le litre, alors qu’il est à 800 dans les stations- service du Chili, et sans doute beaucoup moins en Bolivie)
Voilà une bonne chose de faite ! On espère juste que le carburant est de bonne qualité mais on se dit que ces 20l seront dilués par les 30l encore présents dans le réservoir, et puis les gars avaient l’air très « pro »…
On devait être arrêtés par là quand les « dealers » nous ont abordés : 19° 16.634'S 68° 37.540'O
Quelle hypocrisie de la part du gouvernement chilien de laisser toute cette population de l’altiplano se débrouiller pour trouver de l’essence…il y a d’ailleurs très peu de véhicules dans tous ces villages perdus, alors que les pistes, souvent excellentes, sont destinées aux camions des mines, qui ont leurs propres stations de ravitaillement. Sans doute les pistes sont-elles entretenues par les compagnies minières, mais quand même…
Cette opération rondement menée, nous quittons Colchane (pas très glamour cette ville frontière poussiéreuse qui s’étire le long d’un long ruban de bitume) vers le nord et le Parque Nacional Volcan Isluga.
Encore une jolie petite église (elles sont presque toujours fermées)
Petite pause pic nic près d’un ruisseau : l’eau est si rare dans ce désert d’Atacama qu’il faut en profiter ! Quel plaisir d’entendre le gazouillis du ruisseau…
C’est difficile de trouver de l’eau saine dans cette partie des Andes : elle peut être souillée par les animaux - concentrés dans les rares vallées fertiles car alimentées par un ruisseau - et/ou trop riche en sels minéraux voire métaux lourds. Pour une fois nous ne boirons que de l’eau en bouteille mais utiliserons l’eau des rivières et des sources pour la vaisselle et la toilette (mais rien de tel que les Termas et les Aguas Calientes pour se baigner et ces sources chaudes sont nombreuses dans cette partie du Chili !)
Nous traversons le petit village d’Isluga
et faisons un petit détour vers les Termas de Enquelga, au charme desquelles Fred ne résiste pas !
15 ou 20 km plus loin nous quittons la piste A95 vers l’ouest en direction de la Laguna Roja.
La piste n’est pas toujours très roulante mais traverse des paysages assez différents, fait de douces ondulations, alors que nous traversons plusieurs fois (une dizaine, gués faciles à cette époque)) le lit d’une jolie rivière.
A Alpajeres (à peine 1 ou 2 cabanes insignifiantes), nous prenons une piste qui file vers le nord, d’abord mauvaise puis encore pire, du moins pour notre SUV 4X4 équipé de pneus de ville.
Rien de difficile, ni dévers, ni forte pente, mais de la grosse caillasse pas rassurante quant au risque de crevaison. Alors on va tout doucement, presqu’au pas !
On aperçoit de loin la fameuse lagune (on la voit sur google earth, à chercher au nord de Camina et au SE du lac de Caritaya), tout là-bas de l’autre côté de la vallée…
15 km de piste dans la caillasse à flanc de montagne (en plus d’une heure) puis enfin on descend dans la vallée sableuse, ouf…
Il est bien tard quand nous traversons le gué (facile à cette époque) du Rio Caritaya, si bien que nous décidons de bivouaquer ici car le coin est superbe et en plus ailleurs ce n’est que caillasse et pierriers.
Nous continuerons la piste demain, frais et dispos…
Vue vers le nord et l’aval et l’Embalse (lac de barrage) Caritaya.
On aperçoit la tente et la voiture au bord de la rivière...
En aval le Rio Caritaya a sculpté la valle Camarones où nous irons dans quelques jours.
Vue vers l’amont de la rivière : je me dis qu’il doit être possible d’y aller en longeant le Rio jusqu’à la Laguna Roja. Nous verrons demain…
A l’est le Cerro Pumiri (5485 m) se cache dans les nuages.
Le soleil se couche, le vent et le froid tombent d’un coup.
La journée a été longue et la piste nous a épuisés nerveusement. Nous allons d’ailleurs assez mal dormir, inquiets quant à la piste du retour, car bien que la pente ne soit pas très importante, nous savons que notre 4X4 est très poussif et manque de puissance quand ça grimpe, sans doute du fait de l’altitude. L’isolement est total, depuis que nous avons quitté Enquelga, nous n’avons vu personne…
https://fr.wikiloc.com/itineraires-tout-terrain/vers-laguna-roja-bivouac-riviere-44129740