Mercredi 27 juillet J8 (suite)
Comme nous sommes garés à l'ombre des cottonwoods nous prenons soin avant de partir de regonfler le pneu avec la crevaison lente. Nous refaisons aussi le plein d'eau.
La piste n'est pas bien loin : Arnaud y prend le volant. Seul un adolescent de 16 ans encore ingénu vis-à-vis de la conduite automobile peut avoir la patience de rouler à moins de 20 miles à l'heure sur cette piste facile mais aux pierres réputées tranchantes. C'est LA piste où l'on crève à Death Valley.
Quel flegme !
Nous arrivons finalement vers 16h à Teakettle Junction (plus que 3 théières sur le panneau, un fétichiste est passé par là. Pas glop!)
Je propose à Arnaud de le relayer, il en a tout de même un peu marre....
Quelques minutes plus tard apparaît la playa. C'est beau.
Inconsciemment j'accélère l'allure et soudain nous voyons la pression diminuer lentement mais sûrement. J'ai juste assez d'air pour arriver jusqu'au parking du Racetrack. Pfff ! 2ème crevaison et celle-là est une vraie de vraie.
Coup de chance, c'est le côté à l'ombre de la voiture (il fait 40°C, on est à 1000 m)
On décide de changer la roue de suite, le temps de laisser le soleil baisser un peu pour avoir une plus belle lumière.
Quelle chance, le trou paraît sympathique, tout-à-fait accessible à une réparation. Je sors le kit de réparation et merdum : il manque la colle (pas vérifié depuis sa dernière utilisation en 2009)
Grmbl !
Bon on verra plus tard.
Allons déjà voir de plus près ces fameuses sailing stones (pierres qui naviguent)
J'ai lu qu'elles se situent à l'extrémité sud du lac asséché et qu'elles viennent d'une falaise située à l'est. On les trouve très vite : d'abord 1 puis 2 puis PLEIN !
Les trajectoires sont complètement farfelues : 10 m vers l'ouest puis plein nord sur 20 m puis demi-tour.
Je remarque soudain un nuage inhabituel dans le ciel (bah oui il fait 100% beau depuis notre arrivée à San Francisco!) : sapristi ! Il doit y avoir un incendie à l'ouest et la fumée se rapproche dangereusement du soleil ! M...flûte ! Je me dépêche de faire quelques photos avant que le soleil ne soit voilé.
Atmosphère étrange ! Le soleil est orange en pleine après-midi !
Nous remontons jusqu'à la « source » au pied de la falaise.
Qui sait combien de temps il a fallu pour que cette grosse pierre arrive jusqu'ici ?
Le mécanisme exact de ces déplacements de pierres reste flou : on suppose qu'il se produit quand le lac- presque parfaitement plat (4 cm de différence d'une extrémité à l'autre alors qu'il mesure 4,5 km de long) - est recouvert d'une fine pellicule de boue et qu'il y a des vents puissants. Peut-être la glace joue-t-elle aussi un rôle ? Personne n'a jamais pu filmer le déplacement de ces pierres.
Point le plus déclive
Alors que nous regagnons la voiture sans trop savoir que décider pour la suite, nous remarquons vers le nord un petit nuage de poussière : une voiture arrive !
Pour une fois on est content de voir du monde !
C'est un gros 4X4 et j'espère bien qu'il aura un kit de réparation complet lui !
Raté, ils n'ont rien (mais n'ont pas crevé eux!) : le gars nous explique qu'il sera derrière nous pour le retour et nous aidera en cas de problème. C'est sympa mais nous avons prévu de ne pas revenir sur nos pas mais de continuer vers le sud par la piste de Hunter Mountain Road et South Pass jusqu'à Panamint Springs. Il nous dit aussi qu'il pense que l'on peut utiliser les mèches de réparation sans colle. On avait bien l'intention d'essayer mais du coup le moral remonte en flèche.
La nuit porte conseil, il est déjà 18h, donc trop tard pour envisager maintenant la piste montagneuse. On décide de dormir là, du moins environ 1 mile plus au sud où il y a un primitive campground (toilettes sèches, pas d'eau) un peu cracra (on fait le ménage en arrivant) : un comble dans ce coin perdu (rien de dramatique non plus, qq canettes en fait)
On recycle la roue crevée en table basse, on dîne puis on répare (ça prend exactement 2 sec 3 dixièmes) et on part se coucher en croisant les doigts. On laisse « sécher » pendant la nuit...
Jeudi 28 Juillet J9
Très bonne nuit pas trop chaude. L'altitude est vraiment LE facteur déterminant de Death Valley. Au-dessus de 1000 m ça nous a semblé tout-à-fait gérable.
Victoire !
Après regonflage nous ne décelons aucune fuite. Yesss !
L'incendie est maîtrisé, le ciel est pur : on repasse par Racetrack Playa avant d'attaquer Hunter Mountain Road.
Il est 7h15, la lumière est très belle, on s'en met plein les yeux. Quel endroit incredible !
Cerise sur ce magnifique gâteau, une île noire (le Grandstand) offre un contraste presque maléfique avec le reste du site. Envoûtant !