Mercredi 21/07/10
On décolle de bonne heure pour avancer vers le fond du Billefjorden avant que le vent ne forcisse au cours de la journée.
En route donc vers Pyramiden, une incroyable ville fantôme russe.
On longe quelques montagnes très colorées au pied desquelles on remarque une tente identique à la nôtre! Les 2 tentes sont protégées par une clôture anti-ours...
Enfin on reconnaît sans hésitation la forme caractéristique de la montagne qui surplombe la ville de Pyramiden.
Cette ville a compté jusqu'à 1000 habitants en 1990. C'était la 2ème ville minière soviétique du Spitzberg (la première, Barentsburg, à l'entrée de l'Isfjord est toujours en activité)
La concession est fermée depuis 1998, et il a ensuite fallu attendre 2 ou 3 ans avant que ses habitants soient enfin évacués par un bateau russe, sous la pression internationale.
En effet, après la Perestroika et la dissolution de l'Union Soviétique en 1991, puis la fermeture de la mine par son propriétaire l'Arktikugol en 1998, les gens de Pyramiden ont été littéralement oubliés par le gouvernement russe et totalement abandonnés à leur sort.
Ils ont pendant des années survécu grâce à l'aide de la Norvège.
Finalement, les russes ont enfin décidé d'évacuer les habitants de Pyramiden, dans l'urgence, si bien qu'en se baladant dans la ville on a souvent l'impression que la vie s'est arrêtée d'un coup, comme après un holocauste nucléaire.
Paysage en face de Pyramiden
On estime que compte-tenu du climat froid et sec, il faudra au moins 500 ans avant que le fjord ne retrouve son aspect naturel.
Ce chiffre me paraît très optimiste quand on considère la quantité de ferraille, béton, machines-outils, produits chimiques accumulée au pied de la Pyramide.
La ville est abandonnée depuis 20 ans et seule une poignée d'hommes (4 ou 5) de l'Arktigugol y maintiennent une présence « stratégique ».
Dans ce décor de décadence post-industrielle, on remarque de suite 2 conteneurs rouges vif posés sur le quai, ils appartiennent à une mission scientifique tchèque.
Un peu plus loin 3 conteneurs bleus pimpants abritent des français, chercheurs de fossiles, qui sont là pour quelques semaines.
Nous avons eu la chance de visiter Pyramiden sous le soleil.
Je vous laisse imaginer l'impression qu'elle peut donner par mauvais temps!
A peine le bateau laborieusement amarré au quai branlant, Arnaud part en exploration.
Nous sommes bien à l'abri du quai, la nuit devrait être calme.
C'est vraiment une expérience incroyable de se balader librement dans un tel endroit.
L'accès aux bâtiments fermés est interdit (bah oui, n'oublions pas que ce sont des « vestiges ») mais autrement on peut aller partout à sa guise, avec prudence toutefois car tout est un peu déglingué et rien n'est sécurisé bien sûr.
Ici, le propriétaire est toujours -depuis 1931- la Cie Russe Arktikugol dont un représentant viendra nous faire payer 200 kr pour passer la nuit amarrés à ce quai délabré...
Le pilote d'un hélicoptère chargé de transporter du matériel pour construire une antenne sur une montagne du coin viendra très gentiment nous recommander de tout bien fixer sur le bateau.
La vue en hélico doit être éblouissante. Les vols touristiques sont fort heureusement interdits au Spitzberg mais les Cies minières semblent avoir tous les droits.
Le temps de prendre le repas de midi, les passagers du Polargirl, arrivé peu après nous, ont déjà fini leur petit tour à Pyramiden. Pas de temps à perdre pour ce bateau de croisière qui organise des virées à la journée depuis Longyearbyen.
La ville est à nous!
Premiers pas sur le quai...
1ères bouteilles...
Sur le site de Pyramiden, le sol est complètement pollué entre autres par le charbon. Avec la fonte estivale de la couche superficielle du sol, le terrain devient absolument dégueulasse (c'est pareil à Longyearbyen) et les « conduites de vie » sont bien pratiques pour se déplacer. Ces tunnels de bois acheminaient l'eau, le chauffage et l'électricité dans chacun des bâtiments de la ville. On retrouve d'ailleurs le même système, à plus petite échelle, à Ny Alesund.
On a vraiment regretté de ne pas lire le cyrillique!
Cette maison donne l'impression d'être encore parfois habitée. Grosse rigolade des enfants en découvrant le PQ : un livre de math en russe!
A quoi donc ces outils pouvaient-ils servir?
Il faut croire qu'après le boulot, les ouvriers avaient encore de l'énergie... C'est sûr, on n'est pas chez des fillettes!
Ce ne sont pas des bouteilles de vodka...