randonnée en courant

La randonnée en courant

Principe

Vouloir faire une grande randonnée en courant exige d’avoir un autre état d’esprit que lorsqu’on court en compétition ou à l’entrainement. C’est ce que j’ai découvert et expérimenté petit à petit lors de mes périples. Il faut toujours être à l’écoute de son corps, attentif à ses muscles, qui vous permettront d’agréables voyages... par le plus simple de moyen de locomotion. Celui-ci demandant de l'endurance et de l'énergie, il faut s'organiser pour bien répartir l'effort physique sur une journée sans dépasser ses limites : lors de mes périples, une journée normale de course commence très tôt (4 ou 5 heures) pour répartir l'effort et accessoirement éviter la chaleur estivale de l'après-midi. Après deux heures de course, je fais une première pause de deux heures pour prendre le petit déjeuner. Ensuite je repars pour deux à trois heures de course, entrecoupées d'une pause d'une à deux heures. Je fait une halte vers 12 heures, après avoir parcouru plus un marathon (45 à 50 km). Après un repas et une sieste régénératrice, évitant les fortes chaleurs, je recours en fin d’après-midi, en deux fois, pour accomplir un total journalier de 80 km environ, suivant les difficultés du parcours et les rencontres en route. Car je n'hésite jamais à m’arrêter lorsque l'on m'y invite, n'ayant pas l'obsession du total de kilomètres à parcourir chaque jour. Je cours en général trois jours de suite, le quatrième jour étant réservé au repos et à la visite de la ville ou village étape. Pour ma randonnée de Palaiseau au Cap Nord, je fis ainsi les 3200 km en 40 jours de course de 80 km avec 15 jours de repos.

Le principal risque d’échec est la blessure, qui peut faire échouer tout projet de randonnée en courant. En 1995, je fus contraint de me reposer cinq jours en Suède, suite à un début de tendinite. Les petites routes suédoises n'étant pas goudronnées, il y avait beaucoup de "nids de poule" qui ont trop sollicité mes muscles. Il faut donc bien être à l'écoute de son corps durant un tel effort physique et ne pas forcer au-delà de ce qui est tolérable.

Il est possible de partir seul ou avec des suiveurs en vélo. La course sans accompagnateur m'impose de transporter mes affaires personnelles dans un sac (4 à 5 kg). Dans ce cas, je me charge du strict nécessaire : deux tenues de rechange, une veste et pantalon de survêtement, une veste imperméable, les cartes du trajet et un demi litre d'eau. Ayant déjà pratiqué ce "mode de transport", celui-ci n'est pas très contraignant et apporte certains avantages : l'absence de suiveur m'oblige à faire plus appel aux personnes rencontrées en chemin pour mon hébergement, mes repas et me permet ainsi plus de contacts humains. Mais l’aide de suiveurs en vélo apporte aussi des avantages indéniables pour réussir un tel périple. L’aide matériel et le plaisir de partager en commun la découverte de pays est toujours très enrichissante.

Les 10 règles de la randonnée en courant

- La devise de la randonnée en courant : « ne jamais forcer » ;

Il faut toujours penser à repartir le lendemain, donc si un jour la fatigue est trop forte, il faut limiter les kilomètres pour se préserver pour le lendemain.

- Ne pas surveiller sa vitesse de course, ses kilomètres parcourus, sa fréquence cardiaque, ...

Il est inutile de se mettre la pression : ce n'est pas une course ! Le plaisir est ailleurs que dans des chiffres...

- Ne jamais transporter beaucoup d’eau ou boisson énergétique, un demi litre suffit.

Inutile de porter trop d'eau ! En France comme en Europe, il est toujours aisé de se procurer de l’eau dans les petits villages traversés : à la boulangerie pâtisserie, au café, s’il y en a. Et si ce n'est le cas, c'est l'occasion de demander aux habitants, surtout si vous n’êtes pas pressé : on risque de vous questionner et de vous inviter pour le repas... Et si le village est vraiment désertique, sachez qu'il y a toujours un robinet au cimetière !

- Il faut répartir l’effort de course sur le plus grand nombre d’heures dans une journée ;

Le planning idéal sur une journée est le suivant : deux heures de course très tôt, deux heures de repos avec petit déjeuner, deux heures de course, trois heures de repos avec repas et sieste, deux heures de course, deux heures de repos et une à deux heures de course pour finir sur un diner copieux

- Ne jamais se fixer un horaire et une distance à respecter ;

Il ne faut pas hésiter à s’arrêter quand on court : dès qu’un lieu est touristique, dès que pouvez rencontrer des habitants et obligatoirement, dès que vous sentez un début de blessure.

- Pour une randonnée à plusieurs, il ne faut courir qu’à son rythme, donc randonner à deux ;

Que se passe t-il si on court à trois ou plus, et non à deux : quand un coureur s’arrête, à trois les deux autres coureurs continueront de courir, le retardataire devra forcer pour les rattraper ! A deux, on se sent obliger d’attendre l’autre !

- les équipements indispensables pour une randonnée en courant : la paire de chaussure, un short, un tee-shirt et une bouteille d’eau, contenance : un demi litre !

Si vous prenez un litre d’eau ou plus, vous ferez peu de rencontres sympathiques ! Bis repetita.

- Quel est le coefficient multiplicateur entre la distance du trajet par des petites routes et la distance à vol d’oiseau ? Réponse : toujours 1,25 !

Valeur toujours trouvée lors de mes trajets en Europe où la densité de petites routes permet ce rapport de distance.

- Il faut courir sur (petite) route goudronnée et non sur chemin de terre, surtout s'il est peu carrossable ;

Le risque de blessure est amplifié lorsque l’on court dans un chemin peu carrossable, les muscles travaillant trop différemment. Remarque subsidiaire : tout chemin paraissant carrossable peut devenir non carrossable rapidement ! J'en ai fait trop souvent la cruelle expérience.

- Quelle différence y a-t-il de courir de Paris à Pékin par rapport courir de Paris à Londres ? Il faut juste plus de temps, l’effort étant le même quotidiennement !

Il faut bien comprendre qu'au bout d'une semaine, le corps s'adapte à l'effort demandé. Si on reste dans ses propres limites, la randonnée en courant peut alors se prolonger. Seules, une sur-charge d'effort ou une blessure seront un obstacle pour continuer de courir... jusqu'au bout du monde.