⬇️ Carte du Médoc de 1634
Médoc sauvage, sans foi ni loi.
Au 17ème, un homme arpente sans relâche les côtes atlantiques. C'est Claude Masse, ingénieur-géographe de Vauban sous Louis XIV, qui a pour mission d'en dresser les cartes les plus précises afin d'en organiser la défense. Homme de science, il en profite pour cartographier l'arrière-pays, des Landes que la forêt n'a pas encore couvertes.
Durant trente-cinq ans, parcourant les routes du littoral, logeant chez l’habitant et encadrant des chantiers, Claude Masse ne se cantonna pas à ses missions officielles ; ses voyages, au contact des populations, l’amenèrent à développer des observations et analyses personnelles en décrivant les contrées en fonction des habitants et de leur façon de vivre, pas souvent à leur avantage.
Mais il se passionne pour eux, pour leurs vies, leurs moeurs et l'histoire de leurs communautés. D'où ses mémoires qui nous disent le caractère indépendant des bergers des landes, la cruauté des pilleurs d'épaves, la lutte perpétuelle contre les éléments naturels, sur un trait de côte qui est, comme aujourd'hui, en constante évolution.
Dans son récit de voyage sur la côte du médoc indiquant la présence des étangs de Lacanau et Cartignac (ancien étang de Carcans-Hourtin), il parle de ces gens qui mènent une vie des plus solitaire, par exemple de "ces malheureux qui s'appellent vulgairement cotegeaires, qui n'ont point d'autre métier que de chercher de l'ambre qu'ils trouvent rarement.
Et l'on à mille peine à joindre ces espèces de brigants qui se cachent dans les dunes et qui ont toujours peur d'être surpris, et plus on les appelle, moins ils viennent.
Et l'on raconte dans le païs plusieurs aventures de leur inhumanité quand ils sont les plus forts." Et c'est pas fini : "après avoir essuyé ces dangers, si l'on tombe dans les bois, quoy que celuy qui est dans cette carte soit peu large, on n'est guère plus avancé, a moins par hasard d'y rencontrer quelque pescheur ou rousinaire, à qui il ne faut pas se fier.
Ils ne font pas grand scrupule de donner un coup de hache sur la tête, pour peu qu'ils voyent quelqu'apparence de profit au pauvre malheureux qui leur demande le chemin." De notre vaste terrtoire lacustre et ses environs, il dit : "les habitants du païs où est le grand étand de Cartignac, le nomment selon vis-à-vis des endroits où il se trouve, car les uns l'appellent Dourtin, les autres Carquan, autres de Ste Hélène et autres en patois du Païs Cartgnac.
Le lac immense où l'on pèche quantité de diverses espèces de poisson d'eau douce surtout des carpes qui sont exellentes que l'on transporte à Bordeaux."
Et pour les gens du coin : "ils sont la plus part si rustiques que tant plus on les appellent, plus ils s'enfuyent, surtout quand ils voyent des chapeaux." en précisant que "si la pluspart que si les habitans, les bergers ou cothegeaires ou raisiniers étoient un peu plus charitables, ils sont aussi plus avides du profit de leurs dépouilles que de les secourir."
Quant au littoral, c'était pas mieux : "malgré les grands risques qu'il y a à aborder sur cette côte, on ne laisse pas que d'y voir nombre de vestiges de bâtiments qui y échouent fort souvent.
Ils périssent souvent, ce qui faisait autrefois l'attente de plusieurs malheureux qui couroient autrefois le long de cette côte pour profiter des débris des Vaisseaux et au lieu de secourir les mariniers, ils étaient à les assommer pour qu'ils ne révélassent point où étoient péris leurs bâtiments si ils faisoient tant de pouvoir pénétrer aux paroisses voisines."
Charmants nos ancêtres du Médoc !
Source : Le Musardin, l'observateur de nos pensées