Histoire auvergnate

Histoire auvergnate

On s'aperçoit bientôt que la nature artiste a fait l'Auvergne, que l'art et l'architecture des hommes sont inséparables des grands bouleversements géologiques : à l'ère primaire, l'érection de massifs montagneux ; à l'ère secondaire l'aplanissement; à l'ère tertiaire, tumultes, chaos, éruptions volcaniques, érosion, renaissance des reliefs, cratères, coulées de lave, et voilà que naît un autre univers, qu'apparaissent ces matériaux que l'architecte recueillera pour construire, de siècle en siècle, des édifices composés de la chair du pays, de lui inséparables. Harmonie. Et l'on verra que l'œil humain ne peut séparer le trésor naturel du trésor archéologique, monumental et artistique. A se demander si ces panoramas, ces belvédères, ces vallées, ces gorges, ces cirques, cet entourage de vallées, de lacs, de sources, de gouffres, de forêts, dus à la fantaisie ou à l'art du Grand Architecte de l'Univers, n'ont pas été créées pour exciter les humains à ajouter une dernière touche à ce qui les dépasse, à répondre par cathédrales, abbayes et châteaux.

On nous parle plus volontiers d'Alésia que de Gergovie, et, pourtant, quelle victoire ! Sur ce plateau où fut la place de guerre des Gaulois, comment ne pas imaginer le fier Arverne repoussant les légions romaines avec sa cavalerie sauvage ? Si on a pris la lave de Volvic pour un monument commémoratif, il reste de quoi tenter l'archéologue et faire rêver le stratège. Autre grand centre gaulois, le puy-de-Dôme avec son temple de Mercure. Là, on peut aussi bien imaginer une civilisation que sauter quelques siècles pour apercevoir le beau-frère de Pascal, Périer, faire ses expériences sur la pesanteur de l'atmosphère.

Mais c'est l'Auvergne du XIIème siècle qui apportera ses plus rares émerveillements. Lorsque l'on me demande de conseiller un itinéraire auvergnat, plutôt que de me fier aux guides, je jette les noms des édifices romans, car je sais que le voyageur, sur sa route, trouvera tout naturellement le gothique, le renaissant ou quelque ouvrage d'art plus récent, et même l'artisanat local avec dentellières, verriers, ferronniers et autres. Qui ne trouverait pas l'éblouissement à Orcival, à Brioude ou à Clermont-Ferrand (Notre-Dame-du-Port), à Issoire, Saint-Nectaire, Saint-Saturnin, Ennezat ou Chauriat ? Ce sont les hauts lieux d'une école clermontoise qui fut sans doute influencée par les églises antérieures de Conques, de Saint-Martial de Limoges et de Saint-Sernin de Toulouse, mais qui, cependant, garde son originalité, comme c'est le cas à Ennezat dont la nef apparaît comme un prototype. Ce qui distingue cette architecture de la foi en basse Auvergne (en haute Auvergne, les églises sont plus frustes mais admirables par la beauté des pierres de taille), c'est souvent l'adaptation au site et l'esprit du lieu. A cela il faut ajouter l'art des sculpteurs clermontois, qui se manifeste dans les chapiteaux historiés, les Vierges en majesté, et je ne sais exprimer la fascination que je ressentis devant le buste-reliquaire de Saint-Baudime, dans le trésor de Saint-Nectaire: là, il m'apparut que mon Auvergne était univers, que ce chef-d'œuvre auvergnat portait en lui toute l'histoire de la chrétienté. Il est vrai qu'entre les régions septentrionales et méridionales, entre l'est et l'ouest, nous sommes à un carrefour. Ainsi, la ville du Puy-en-Velay, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, fut le carrefour par lequel passèrent les pèlerins d'Europe. La cathédrale du Puy est d'une tout autre nature que celles qui se groupent dans la région clermontoise. Il y a là des influences byzantines et mozarabes et l'art vellave a son originalité que l'on retrouve à l'église Saint-Julien de Brioude, dont on a pu dire que, auvergnate par l'élévation extérieure du chevet, elle était vellave en revanche par son volume intérieur.

Dans ce pays d'Oc, le pays d'Oïl n'est pas loin. Avec les armées de Philippe Auguste, l'art gothique sera introduit. On le verra à la cathédrale de Clermont-Ferrand. Est-elle construite à la mode du Nord ? Certes, mais elle n'en est pas moins auvergnate grâce à la pierre sombre de Volvic: « Je suis noire, mais je suis belle... » De Paris sont venus les protégés du mécène Jean de Berry, les architectes Hugues Joly et Guy de Dammartin. On construira la cathédrale de Saint-Flour ou la sainte chapelle de Riom. Dans cette ville si riche en églises, monuments, musées, il y a Notre-Dame-du-Marthuret, où se trouve la célèbre Vierge à l'oiseau, une des plus hautes œuvres de la statuaire du XIVème siècle, et n'oublions pas, ici ou là, de superbes vitraux ou ces Vierges noires vénérées en Auvergne.

Qu'il y ait annuellement à La Chaise-Dieu un célèbre festival musical n'est pas pour surprendre. Et c'est bien un chant de louanges qu'il faudrait élever pour saluer l'abbatiale. On pourrait la prendre pour une réponse du Sud au Nord, puisque là, c'est le Provençal Hugues Morel qui l'a dessinée pour le pape Clément VI (on y trouve son tombeau de marbre noir). La largeur de la nef surprend: l' œil n'est pas habitué à de tels volumes, mais on s'arrêtera longuement, pour le plaisir et la méditation, devant la Danse macabre, cette peinture du XVème siècle qui réunit tous les types d'humanité, et, des tapisseries aux stalles, des joies nous attendent.

Ne négligeons pas pour autant des églises plus humbles, disséminées dans les bourgs et les villages. Ainsi, dans ma ville de Saugues, en Haute-Loire, j'ai toujours plaisir à visiter l'église Saint-Médard ou la tour des Anglais, je m'attarde devant une Pietà ou un retable, et je garantis qu'il n'existe pas un lieu d'Auvergne sans surprise.

Des ruines de châteaux forts s'accordent si bien au paysage avec ses pics et ses escarpements qu'on a l'impression que les hommes, le temps et la nature se sont alliés pour créer des lieux romantiques (Mauzun, Nonette, Usson, Domeyrat..), mais si l'histoire a réduit l'orgueil féodal des seigneurs d'Auvergne, tout n'est pas que ruines. Que les rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV aient abattu quelques nids d'aigles réputés imprenables, il reste des constructions intéressantes, comme à Murol, par exemple, et dans certaines d'entre elles des décors muraux content de belles histoires issues des romans bretons ou des fabliaux. Pour les châteaux, on trouve des influences, du Nord et du Sud encore, mais qui ont dû s'adapter au relief local.

Au temps de la Renaissance, en certains endroits, on construisait encore gothique, mais le renouveau apparaîtra dans des hôtels particuliers notamment à Clermont-Ferrand, Montferrand et Riom: il y a là l'originalité de cages d'escaliers, ouvertes et desservies par des galeries à arcades, tandis qu'en d'autres villes, aux limites de l'Auvergne, on sera plus influencé par l'Italie. Même si, après le siècle classique, l'architecture sera marquée par des concepts venus d'ailleurs, il restera toujours quelque chose de rude, de grandiose, d'équilibré, de triste aussi, en toutes constructions.

Celui qui n'aime pas que les vieilles pierres pourra toujours visiter les ouvrages d'art. Ainsi, prendre le chemin de fer introduit à de subtiles découvertes, comme ces viaducs empruntés par le train « le Cévenol» entre Nîmes et Clermont, et je pourrais parler aussi d'imposants barrages, sans oublier du

côté de Saint-Chély-d'Apcher le premier en date des grands ouvrages d'art métalliques, le viaduc de Garabit, construit par Eiffel. Aussi impressionnant que la tour Eiffel ! Le visiteur cultivé, d'une ville à l'autre, verra s'effacer cette idée reçue d'une Auvergne fruste, voire misérable. Châteaux, hôtels particuliers, maisons consulaires, au même titre que les édifices de la foi, présentent un air de grandeur, de réserve et d'élégance discrète. Tout apparaît paisible, à l'image de ces anciens volcans, à cratère ou non, aujourd'hui sages et calmes tout en rappelant la puissance de la nature. Pour risquer quelques images, je dirai que la célèbre bourrée, que l'on danse en sabots, est à l'origine une danse de cour. Elle en a gardé le cérémonial et la grâce. Rappelons au passage qu'Emmanuel Chabrier, d'Ambert, la réinventera « fantasque ». De même, ce sont les mains des femmes habituées aux durs travaux de la ferme qui composaient les aériennes dentelles, traditions que reprend l'école de dentelle du Puy. Ainsi de l'Auvergne: cette dame de lave et de volcans porte à la fois ce raffinement, cette intelligence et ce fond de mélancolie qu'il m'est arrivé de découvrir dans les yeux du paysan auvergnat, le soir, après travaux, lorsqu'il regarde vers les montagnes et pense à des choses secrètes et qui sont la foi, la durée et le destin. Et le sommet de l'art n'est-il pas atteint lorsque, dans l'écrin d'un site, l'église ou le château nous apparaît d'une telle splendeur qu'on ne saurait imaginer qu'il ait pu être édifié d'une autre manière ?

Une leçon de vérité, c'est aussi cela, l'Auvergne !

Histoire de l’Auvergne

L’Auvergne est l’une des plus anciennes unités régionales de France.

La Préhistoire

Il semble que seules les vallées de la Cère et de la Jordanne dans le Cantal aient été habitées au début du Paléolithique.

La période néolithique voit apparaître un nouveau groupe d’hommes qui occupèrent toute l’Auvergne et ajoutèrent à la taille de la pierre un procédé nouveau, le polissage ; ils savaient même ensemencer les terres et cultiver l’orge et le blé.

Les témoins les plus impressionnants de cette civilisation sont les menhirs, les dolmens et les allées couvertes. Vers 4000 avant J.C., les hommes dressent des menhirs et enterrent leurs morts dans des dolmens.

Les menhirs sont généralement peu élevés. Les plus curieux sont ceux de Davayat – 4,66 m – et de la Pierre-Fichade, près de Champeix. Les dolmens sont nombreux dans la région de Saint-Nectaire et dans la Planèze de Saint-Flour. Les plus belles allées couvertes sont à voir à Cournon et à Unsac, commune de Saint-Gervazy.

Dolmen de Saint-Nectaire (63)

Dolmen de Cournols

près de Clermont-Ferrand

Menhir de la Pierre Piquée à Aubière

Restes du dolmen de la "Table du Loup",

commune de Sériers

(au sud de Saint-Flour, Cantal)

Cet âge néolithique prit fin par transformations progressives quand les métaux apparurent. L’or, le cuivre sans alliage, le bronze remplacèrent la pierre.

Les Celtes

Les Celtes ou Gaulois qui habitaient le territoire actuel de l’Auvergne étaient les Arvernes. C’est à cette tribu gauloise que l’Auvergne doit son nom. Les Arvernes occupaient un domaine étendu, leur lieu d’élection étant la vallée de l’Allier, principalement les plateaux basaltiques qui la dominaient à l’ouest. Là sur des plates-formes naturelles admirablement choisies dans une situation qui facilitait la défense s’élevaient les oppida (un oppidum est un lieu généralement élevé et fortifié) des côtes de Clermont, de Corent et de Gergovie.

L'oppidum de Gergovie près de Clermont-Ferrand

Les Arvernes commencèrent le défrichement des forêts, entreprirent le dessèchement et l’assainissement des contrées incultes et marécageuses qui s’étalaient près de l’Allier. Délaissant peu à peu leurs places fortes, ils bâtirent des villages sur l’emplacement des anciens marais. Les Arvernes excellèrent aussi dans la métallurgie et la fabrication de vases.

La conquête romaine et la résistance des Arvernes

Face aux armées de Jules César,Vercingétorix prend la tête de la résistance gauloise.

52 avant J.C. : c'est le siège puis la victoire de Gergovie, suivi de la défaite d'Alésia. La reddition de Vercingétorix fut une page glorieuse de l’histoire de l’Auvergne. La générosité du sacrifice étonna jusqu’à Jules César lui-même.

Lionel ROYER: Vercingétorix jette ses armes aux pieds de jules César, 1988

Vercingétorix devant Jules César

La reddition de Vercingétorix vue par le dessinateur d'Astérix

Vercingétorix demeure présent à Clermont-Ferrand : une statue équestre trône sur la Place de Jaude.

Le Musée d'Art Roger-Quilliot conserve des tableaux, des statuettes et des plâtres qui évoquent cet épisode et surtout montrent le regard d'artistes, et plus généralement, de la société française au 19e siècle, à la recherche de symboles nationaux forts après la défaite de 1871.

La statue équestre sur la Place de Jaude

Détail de la statue équestre

Une statuette conservée au Musée Bargoin à Clermont-Ferrand.

Elle est due au même artiste, BARTHOLDI.

L’Auvergne gallo-romaine

Les trois siècles de paix et de civilisation gallo-romaine qui suivirent la conquête de César furent une époque prospère pour la région placée sous le contrôle éloigné de Rome. C’est ce que l’on nomme « la Pax romana ». Les villes se développent. La plus importante fut Augustonemetum(« Temple d’Auguste ») qui devient la capitale de l’Arvernie intégrée à la nouvelle province d’Aquitaine.. Il en subsiste le Mur des Sarrasins (ainsi nommé depuis les Chansons de Geste du Moyen-Âge).

le Mur des Sarrasins à Clermont-Ferrand (près de la Place de Jaude)

Le Musée Bargoin de Clermont-Ferrand conserve de très nombreux témoignages de la vie quotidienne de l’époque gallo-romaine. Cet hiver, le pied d'une statue monumentale de cette époque a été découvert lors des fouilles préalables au chantier de la future Grande Bibliothèque sur le site de l'ancienne gare routière. Ce pied a été exposé au Musée Bargoin et sera présenté pendant le premier semestre 2008 au Palazzo Grassi à Venise, à l'occasion d'une exposition internationale : Rome et les Barbares.

Les sources médicinales restaient appréciées ; des voies romaines reliaient Augustonemetum à des établissements thermaux : Aquae Calidae (Vichy), Mont-Dore, Royat qui était le plus réputé.

Les bains romains à Royat (tout proche de Clermont-Ferrand)

La production agricole était intense, contribuant à la prospérité des Arvernes. Dès cette époque, la vigne fit son apparition en Auvergne ; Pline l’Ancien évoque les vins d’Auvergne dans son Histoire naturelle.(une édition de 1622 de cet ouvrage est conservée au Musée Lecoq de Clermont-Ferrand).

L’artisanat était également florissant, l’Auvergne gardant le premier rang en Gaule pour la production de céramique. Lezoux est alors le centre de production céramique le plus important de l’empire romain avec celui de Millau-La Graufesenque. Les nombreux potiers produisirent notamment la céramique sigillée (céramique à vernis rouge plus ou moins clair brillant), exportée massivement dans les différentes provinces romaines. Site archéologique important (des fouilles ont mis à jour non seulement des ateliers de potiers de l’Antiquité, mais aussi des tombes gallo-romaines et des nécropoles médiévales), Lezoux abrite de nos jours leMusée départemental de la Céramique, situé dans l’ancienne fabrique de céramique Bompard. ce musée a pour objectif de "mettre l'archéologie à portée de tous".

Vase en céramique sigilée du IIe siècle après J.C.

Dans le domaine religieux les Arvernes acceptèrent aussi l’assimilation des anciens dieux gaulois aux dieux des vainqueurs. Par exemple, Apollon fut confondu avec Borvo, dieu des sources que les Celtes vénéraient et qui a donné son nom à La Bourboule. Surtout la divinité Dumias, déjà vénérée avant l’arrivée des Romains et qui a donné son nom au puy de dôme, prit des traits du dieu latin Mercure.

La prospérité et la vie spirituelle se révèlent à travers deux temples :

- Au sommet du Puy de Dôme, un temple de Mercure fut édifié probablement au début du Ier siècle et qui était l’un des plus beaux monuments gallo-romains. Ce temple renfermait une statue de Mercure exécutée par le sculpteur grec Zénodore. Ce fut le centre d’un pèlerinage important dont le rayonnement s’étendait bien au-delà de toute la région arverne, dans toute la Gaule et jusqu’aux provinces rhénanes au bord du Danube.

- Dans la cité des Arvernes se dressait au IIe siècle de notre ère le temple que décrit Grégoire de Tours et qui s’appelait en langue celtique Vasso Galate (ce nom de Galate a donné après bien des déformations le nom de la place de Jaude).

Le christianisme en Auvergne

C’est vers les années 250-260 que commence l’évangélisation de la Gaule décrite par Grégoire de Tours.Saint Austremoine est le premier apôtre chargé de cette mission en pays arverne.

Saint Austremoine - Vitrail d'une chapelle de

l'église Saint-Priest de Volvic

La nouvelle doctrine se répandit vite dans les villes et Augustonemetum devint le siège d’un évêché. Parmi les évêques successeurs de saint Austremoine, le plus connu est Saint-Alyre (IVe siècle). Sur son tombeau on construisit une église qui donna son nom au quartier devenu Saint-Alyre. Dans une « memoria » (monument abritant la tombe d’un personnage important) reposait Saint-Vénérand (Ve siècle). Les précieuses reliques de martyrs et d’évêques firent de Saint-Alyre un lieu de pèlerinage. De cette époque subsistent encore des pots à libations et des sarcophages qui servent par exemple de fontaines ou de jardinières.

En 450 est construite la première cathédrale par l’évêque Saint-Namace (Namatius), ce qui contribue aussi à développer le christianisme dans la région. Elle sera détruite par Pépin le Bref en 761.

Déclin de l’empire romain – Les grandes invasions

Les grandes invasions du IVe au Ve siècle disloquent définitivement l'Empire Romain en renforçant dans la population un sentiment de précarité. Le pouvoir civil étant encore faible, ce sont les évêques qui organisent la défense des populations confiées à leur garde. Ainsi l’évêque Sidoine Apollinaire, à la fois chef religieux et chef civil, aida la population à repousser les assauts des Wisigoths. Malgré cette défense, la ville leur est cédée par l’empereur Julius Nepos. Sidoine était également un poète de talent et qui prononça à Rome le panégyrique d’Avitus, noble gaulois d’Auvergne qui devint empereur romain d’Occident (455-456).

Les conséquences des pillages en Auvergne sont multiples : les ateliers de céramique sont ruinés, les établissements thermaux disparaissent. La physionomie des villes se modifie, prenant l’aspect qu’elles auront au Moyen-Âge. L’habitat se transforme et se regroupe peu à peu autour des églises et des châteaux.

Entouré de murailles, Augustonemetum s’appelle désormais Arvernum ou Arverni, selon l’usage qui donnait aux capitales le nom du peuple qu’abritaient ses murs.

À l’époque mérovingienne, l’Auvergne passe peu à peu sous la domination des Francs. De nombreux détails sur cette époque troublée nous sont parvenus grâce à l’œuvre majeure de Grégoire de Tours, l’Histoire ecclésiastique des Francs qui nous renseigne sur la vie civile et surtout la vie religieuse de l’Auvergne au temps des Mérovingiens.

Grégoire de Tours était issu d’une famille aristocratique arverne. Il résida dans la basilique saint-Julien de Brioude jusqu’en 573, date à laquelle il est élu évêque de Tours.

Statue de Grégoire de Tours ornant un des bâtiments de la cour Napoléon du musée du Louvre à Paris.

C’est à cette époque et au cours des siècles suivants que sont fondées des abbayes (par exemple l’abbaye de Manglieu) et des églises (Saint-Genès en fonde cinq à Chamalières), qui seront détruites et/ou pillées lors des passages de chefs barbares, des Normands… Les villes aussi souffrent : Clermont (la ville porte désormais ce nom depuis 848 par référence au site défensif Clarus Mons, Clairmont) est dévastée à deux reprises par les Normands.

Evariste Luminais : Pirates normands au IXe siècle

Musée Anne de Beaujeu, Moulins

C’est alors l’évêque Étienne II qui entreprend de restaurer les ruines ou de faire construire divers édifices religieux. Il charge ainsi son clerc Alleaume de bâtir une cathédrale romane sur la butte volcanique où s’élèvera plus tard la cathédrale gothique. Alleaume dessine également la première Vierge en majesté, statue aujourd’hui disparue, mais dont la Bibliothèque de Clermont-Ferrand conserve un précieux dessin qui la représente.

On peut visiter la crypte de cette cathédrale d’ Étienne II sous le chœur de la cathédrale actuelle. On estime qu’elle a servi de modèle aux chœurs à déambulatoire et à chapelles rayonnantes caractéristiques de l’art roman auvergnat qui va plus tard embellir la région entière.

Une période de renouveau : Xe – XIIIe siècles

Le comté d’Auvergne est rattaché au duché d’Aquitaine. Les comtes d’Auvergne refusent de reconnaître l’autorité du roi Hugues Capet. C'est donc à cette époque que commencent les premières luttes entre les rois de France et les comtes d’Auvergne. Leur vie est batailleuse, les querelles de leurs vassaux sont continuelles. D’autres familles seigneuriales gagnent aussi en importance, telle la seigneurie des Mercoeur. Tous ces seigneurs de plus ou moins grande importance érigent des forteresses en tous genres. En effet, dès la fin du XI°s., tous les endroits stratégiques, chaque point de passage, vont se hérisser petit à petit de tours, fortifications, places d'armes, châteaux forts, pour surveiller l'horizon et le moindre chemin. Chaque vallée est mise sous garde, chaque piton rocheux fortifié, chaque hauteur transformée en tour de guet.

Château de Val (Cantal)

Château de Monastier-sur-Gazeille (Allier)

Château de Laroquebrou (Cantal)

Ruines d'un château

Château de Busséol (Puy-de-Dôme)

Intérieur du château de Busséol

L'élan religieux

L’Église connaît un nouvel essor. La vie monastique renaît avec une vigueur sans pareille. D’importantes abbayes sont fondées.

L'abbaye d’Aurillac (Cantal) est créée en 894 par le comte saint Géraud. Tandis que la ville d’Aurillac est une des premières sauvetés, l’abbaye est un foyer d’études de premier plan. C’est de ce monastère qu’est issu Gerbert qui fut successivement moine, écolâtre (c’est à dire directeur et enseignant) de l’école de Reims, abbé de Bobbio en Italie, archevêque de Reims puis de Ravenne (Italie). Il est devenu le premier pape français sous le nom de Sylvestre II, de 999 à 1003, année de sa mort. Gerbert était un des grands génies du Moyen-Âge, d’une érudition encyclopédique et d’une grande intelligence : il fut le premier à introduire Aristote en Occident, rapporta en Europe le système décimal et le zéro, vulgarisa l’usage de l’abaque (appareil mécanique facilitant le calcul). S’intéressant à la musique, il construisit une sorte d’orgue hydraulique dans l’église de Reims, actionné par la puissance de la vapeur. Il a laissé des Traités Ecclésiastiques et de Mathématiques, ainsi que des Lettres. Ses connaissances supérieures firent l’admiration notamment d’Otton Ier, roi de Germanie et empereur des Romains de 962 à 973, qui confie à Gerbert l’éducation de son fils Otton II.

statue de Sylvestre II à Aurillac (Cantal)

Une carte et un timbre à l'effigie du pape Sylvestre II.

Illustration évoquant le fait que l'on attribuait le grand savoir de Sylvestre II à un accord qu'il aurait conclu avec le diable.

Base de la statue de Sylvestre II

Base de la statue de Sylvestre II

L’Abbaye de Cluny, située en Bourgogne, a été fondée par le duc d’Aquitaine et Comte d’Auvergne Guillaume Ier. Né près de Lavoûte-Chilhac (Haute-Loire), Odilon de Mercoeur – 962-1029 – est le cinquième abbé de Cluny qui sous son instigation devient alors le centre d’un véritable empire religieux. Il fonda aussi de nouveaux prieurés dont ceux en Auvergne de Lavoûte-Chilhac et de Saint-Flour.

Au cœur du bocage Bourbonnais, dans le village de Souvigny, se dresse la plus belle église de la région. Classée "Grand Site National" grâce à son patrimoine exceptionnel, l’église prieurale de Saint-Pierre à la façade majestueuse fut l’une des cinq abbayes, "filles" de Cluny.

D’autres abbayes sont fondées dans le Cantal, celles de Montsalvy et de Vic-sur-Cère. Saint Robert de Tulande institue le monastère de La Chaise-Dieu qui se veut indépendant de l’abbaye de Cluny. Le monastère de Lavaudieu à quelques kilomètres de Brioude, en Haute-Loire, est fondé en 1048 : il est le seul en Auvergne à avoir conservé son cloître roman.

Le cloître roman du monastère

de Lavaudieu

Une des nombreuses fresques

du monastère

Ainsi toute l’Auvergne médiévale était couverte d’établissements religieux qui furent aussi des centres de civilisation. Les populations attirées par le droit d’asile se groupent autour des monastères. Des villages et des bourgs s’établissent donc près des édifices paroissiaux considérés comme plus sûrs, jusqu’à devenir parfois des sauvetés (ainsi Saint-Mamet-la-Salvetat dans le Cantal). Parfois, certaines églises sont elles-mêmes fortifiées, telle celle de Royat du XIe siècle. Ces églises, à l'instar des forteresses construites à la même époque, sont les contemporaines des premiers conflits entre les rois de France et les comtes d'Auvergne.

L'église Saint-Léger de Royat:

avec ses mâchicoulis

et ses créneaux, elle prend

l'aspect d'une forteresse.

Gravure du XIXe siècle

représentant l'église Saint-Léger

qui suscité l'intérêt

de plusieurs artistes à cette époque.

Pèlerinages en tous genres

Un immense espoir secoue donc le Massif central autour de l’an Mil et après. Des saints font tomber les carcans et les chaînes, ouvrent les prisons seigneuriales, ou protègent des violences. La Vierge et saint Pierre intercèdent également en devenant Notre-Dame-des-Fers (Orcival, Puy-de-Dôme), Notre-Dame-des-Miracles (Mauriac, Cantal) ou encore Saint-Pierre-aux-liens. Ces lieux de dévotion attirent les foules qui se pressent pour admirer les reliques de saints ou les statues de Vierge en majesté. Les pèlerins affluent aussi à Aurillac pour prier devant la sépulture du Comte Géraud.

De l’abbaye de Cluny sortirent des personnages importants tels que le Pape Urbain II. Celui-ci réunit le Concile de Clermont et prêche la Première Croisade. Le rôle considérable de l’Auvergne dans la vie religieuse dans la chrétienté et la situation géographique permettant un rendez-vous facile pour les hommes du Nord et ceux du Midi ont été des raisons décisives de ce choix. Le mouvement des Croisades conçues comme un pèlerinage armé (il ne faut pas oublier que les croisades représentèrent les entreprises militaires les plus importantes mais aussi les plus sanglantes de l’époque médiévale) est donc parti de Clermont qui semblait être en quelque sorte une des capitales du monde chrétien.

A la suite des croisés, les pèlerins firent aussi le voyage vers la Palestine.

Urbain II préside

le Concile de Clermont

(gravure de 1552)

Urbain II

préside

le Concile

de Clermont

Statue de Urbain II

sur la place

de la Victoire,

en face de

la cathédrale

1095-1096 : Pierre l’Ermite parcourt l’Auvergne où des foules considérables écoutent ses prédications.

Pierre l'Ermite, originaire des environs d'Amiens, est le principal prédicateur de la première croisade. Orateur éloquent, il entraîne les éléments populaires vers la Terre sainte en 1096 mais la plupart mourront avant d'atteindre leur but. En 1099, il participe au siège de Jérusalem en organisant des processions autour de la ville et en haranguant les croisés.

Sur le plateau du Cézallier

se dresse un rocher qui fait

l’objet d’une légende :

à cet endroit, Pierre l’Ermite

se serait arrêté pour se reposer.

Louis VII, roi de France meurt au château de Montpensier (Puy-de-Dôme) alors qu'il revenait de croisade contre les Albigeois ou cathares (un autre conflit religieux de l’époque qui est en même temps un conflit politique sous forme de conquête des terres du Midi par les seigneurs du nord).

Un autre pèlerinage important

Un autre pèlerinage religieux est celui menant à Saint-Jacques de Compostelle. L’évêque du Puy Godescalc est le premier pèlerin non hispanique à effectuer le pèlerinage à Compostelle. Le Puy-en-Velay est le point de départ d’une des quatre chemins de pèlerinage menant à Saint-Jacques, la Via Podiensis.

Au Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac est conservé un tableau d’Éloy Chapsal, Le Pèlerin, 1846

Les trois coquilles d’or qui figurent dans les armes de la ville d’Aurillac rappellent le fait que cette ville était un lieu d’étape pour les pèlerins.

Panneau représentant un pélerin de Saint-Jacques, église d'Ennezat

Villes et campagnes

Lors du Concile de Clermont, Urbain II voulut également mettre fin aux guerres privées entre seigneurs féodaux : c’est ce qu’on appelle la « trêve de Dieu ». L’idée était ancienne et d’origine auvergnate. Dès le Xe siècle, l’évêque de Clermont Étienne II et au XIe siècle son successeur Bégon avaient tenté d’imposer aux seigneurs un terme à leurs conflits privés.

Grâce à cette protection les paysans qui formaient l’énorme majorité de la population virent leur condition s’améliorer. De grands défrichements sont entrepris afin de permettre l’augmentation des espaces cultivés, même si les forêts restaient encore immenses. La vigne couvrit toute la Limagne.

Nouveaux maîtres des campagnes, le clergé et les seigneurs s'enrichissent et fondent de grands domaines agricoles.

Un facteur essentiel de la reprise économique fut la capacité des agriculteurs à produire plus que ce qu'ils avaient besoin pour leur subsistance. Les biens excédentaires pouvaient alors être vendus ou échangés sur les places des marchés ou encore dans les grandes foires commerciales. Cet afflux de marchandises redonna vie au commerce, et, en contrecoup, à l'artisanat et à l'industrie.

Les villes grandissent sous la sauvegarde d’une abbaye ou parfois d’un château. Celle de Montferrand naît ainsi en 1120 autour du château construit par le Comte d’Auvergne. Elle adopte un plan régulier inspiré des bastides du sud-ouest de la France.

En Haute-Loire les villes développent l’industrie qui dans un pays d’élevage disposait des matières premières, les peaux et les laines. Ces peaux étaient travaillées dans le Cantal, à Saint-Flour et à Aurillac.

A Maringues, l'artisanat de la tannerie commence à s'organiser. Il est probable que les pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle ont permis des contacts commerciaux avec l’Espagne où le travail du cuir était en effet fort développé. Ainsi, tanneurs, chamoiseurs (qui assouplissaient les peaux), mégissiers (qui tannaient le cuir avec une préparation à base d’alun) s'établissent sur la rive gauche de l'Allier. Un musée de la tannerie y retrace l'histoire de cet artisanat et présente documents et outils des tanneurs.

L'art roman en Auvergne

Cette relative prospérité s’accompagne de l’épanouissement d’un art roman. Aux XIe et XIIe siècle sont édifiées de nombreuses églises dont les principaux monuments de l’art roman arrivé à son apogée : la basilique Notre-dame du Port à Clermont, les églises d’Issoire, d’Orcival, de Saint-Nectaire et de Saint-Saturnin.

Une des cinq églises romanes majeures d'Auvergne : Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand

Détail du chevet de l'église Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand

A 30 km de Clermont-Ferrand le bourg de Surat abrite une très belle église romane.

L'intérieur de l'église romane de Suret est à la fois lumineux et coloré.

La principale caractéristique des églises romanes d'Auvergne, et plus particulièrement des églises majeures, est un plan très développé.

Il se compose en effet de :

- un narthex (très caractéristique de l'Auvergne) d'une seule travée précédant les trois nefs,

- une nef centrale et deux bas-côtés de quatre à sept travées (le nombre le plus répandu étant quatre),

- un transept débordant avec une chapelle orientée sur chaque croisillon,

- un choeur entouré d'un déambulatoire,

- de trois à cinq chapelles rayonnantes.

Dans les églises vouées à la Vierge leur nombre est pair, sinon leur nombre est impair et la chapelle axiale lui est alors dédiée.

Une autre caractèristique importante, exceptionnelle dans l'art roman, est la parfaite homogénéité de style existant au sein d'un même édifice.

Les voûtes :

Voûte en berceau en plein cintre

Le profil est en demi-cercle

Voûte d'arêtes

2 berceaux se recoupent selon des arêtes vives, sans s'interrompre mutuellement. La clé de voûte reste transversale.

Voûte en berceau brisé

2 portions de circonférences se rejoignent

Voûte en cul-de-four

La portion cintrée est égale à un quart de cercle.

Les coupoles :

Coupole su trompes (coniques)

Coupole sur pendentifs

Les portails :

Portail

Haut de portail

Les colonnes et chapiteaux :

Colonnes et chapiteaux

Art gothique en Auvergne

Le style gothique succède au style roman. Il a du mal à s'imposer en Auvergne, certains préférant continuer à bâtir selon les codes du style roman.

En Auvergne, le style gothique est de pure importation. Ce style qui a laissé tant de chefs d'oeuvre dans le nord de la France (cathédrales d'Amiens, de Chartres, de Reims, Notre-Dame de Paris) a surtout influencé la cathédrale de Clermont. En 1248,le chantier de cet édifice construit en pierre de lave qui donne une couleur si caractéristique débute sous la direction de l'architecte champenois Jean Deschamps (architecte aussi des cathédrales de Narbonne et de Limoges).

Façade de la cathédrale de Clermont-Ferrand

Comme la cathédrale de Cologne en Allemagne, elle ne fut terminée qu'au XIXe siècle.

La cathédrale possède un

ensemble remarquable de

peintures murales et de vitraux.

Les autres édifices religieux sont de style gothique méridional qui a donné entre autres:

- l'église Notre-Dame-de-Prospérité à Montferrand est édifiée du XIVe au XVIe siècle. Elle est également construite en pierre de Volvic.

- les églises d'Ambert, de Chanteuges.

- les Saintes-Chapelles de Riom, d'Aigueperse, de Vic-le-Comte.

- la cathédrale de Saint-Flour, dans le Cantal

- le Marthuret de Riom avec la Vierge à l'oiseau

Panneau central du triptyque

de la Vierge, Moulin

- la cathédrale de Moulins, en gothique flamboyant, abrite un magnifique tryptique de la Vierge peint par un anonyme, le Maître de Moulins. Il représente la Vierge et son enfant, le duc Pierre II de Bourbon à genoux et Anne de France, fille du roi de France Louis XI.

L'église d'Aigueperse est l'un des plus anciens édifices gothiques d'Auvergne.

Portail de l'église Notre-Dame-de-Prospérité à Montferrand

Parfois, des églises construites d'abord dans le style roman sont agrandies, les éléments ajoutés étant de style gothique. L'un des exemples les plus édifiants est l'église d'Ennezat, qui, à l'extérieur comme à l'intérieur, révèle au premier coup d'oeil une partie romane et une partie gothique.

L'église d'Ennezat

La fin du Moyen-Âge

Aux XIVe et XVe siècles, l'Auvergne connaît les années les plus terribles de son histoire. Outre les conflits entre les comtes d'Auvergne et les rois de France, d'autres évènements secouent la région.

Fresque évoquant la peste noire

(monastère de Lavaudieu)

L'Auvergne connaît ainsi des périodes de famines et d'épidémie.En particulier, une grande épidémie de peste bubonique, dite peste noire ravage la région :on estime qu'environ 30 % des habitants succombent de cette terrible maladie.

Peinture murale : hommes en prière

église de Jenzat, près de Vichy (Allier)

Certains portent les stigmates de la peste à laquelle ils ont survécu.

La guerre de Cent Ans n'épargne pas non plus l'Auvergne. De nombreux pillages sont commis ; des villes sont occupées, par exemple Brioude en 1364. Des châteaux sont envahis par des bandes organisées qui en font des forteresses où ils mènent grand train.

Le 9 novembre 1429, Jeanne d'Arc, qui vient de délivrer Orléans, envoie de Moulins une lettre aux habitants de Riom pour leur demander des secours. Cette lettre est précieusement conservée à l'hôtel de ville de Riom. Une lettre envoyée à Clermont-Ferrand a malheureusement disparu.

Renaissance et Temps Modernes

Après les destructions dues à la guerre de Cent Ans et à des tremblements de terre, la région se relève peu à peu.

En 1531, les possessions du connétable Charles III de Bourbon qui a trahi le roi, sont confisquées (Bourbonnais, Auvergne, Comtés de Montpensier, de Clermont, de Mercœur et le Forez) et font partie de la Couronne. À partir du règne de François Ier, la notion de domaine royal commence à se confondre avec celle de royaume tout entier. Seule Clermont reste une seigneurie épiscopale. Ironie de l'histoire, avec Henri IV, les Bourbons accèdent au trône de France. D'autres rois Bourbons lui succèderont: Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.

La vie économique a redémarré, s'accompagnant d'une reprise démographique. Les campagnes prospèrent à nouveau. le commerce est florissant, en témoignent par exemple les quatre foires annuelles organisées à Montferrand. Des activités artisanales ou pré-industrielles se développent : papeteries, coutelleries (surtout à Thiers dans le Puy-de-Dôme), tanneries (à Maringues dans le Puy-de-Dôme)

De riches bourgeois se font construire des demeures luxueuses à Clermont, Montferrand, Riom, Billom, Thiers, Besse... Ils sont souvent nommés "hôtels particuliers".

Un hôtel particulier dans la rue des Gras à Clermont-Ferrand

Détail de l'hôtel de Fontfreyde à Clermont-Ferrand

Salers dans le Cantal a conservé des édifices Renaissance regroupés pour la plupart sur la place Tyssandier d'Escous.

A Issoire, la Tour de l’Horloge, ancien beffroi communal du XVe siècle, propose une exposition consacrée à la vie quotidienne à la Renaissance.

De cette période subsistent aussi des maisons à pans de bois dont on peut admirer l'architecture à Aurillac dans le Cantal, ou dans le Puy-de-Dôme à Thiers, Pont-du-Château, Maringues ou à Montferrand notamment.

Maison

à Thiers

Maison

à Montferrand

Maison à

Pont-du-Château

Quelques maisons à colombages sont disséminées dans le centre-ville d'Aurillac (Cantal)

Malheureusement, la région connaît une fois de plus les tourmentes des guerres de religions qui durent en France de 1562 à 1598 et sont marquées par des massacres retentissants, dont celui de la Saint-Barthélémy à Paris (24 août 1572).

En Auvergne, ce sont les villes d'Aurillac et d'Issoire qui souffrent le plus de ces conflits entre catholiques et protestants. Premier foyer du protestantisme en Auvergne, Issoire est occupée et mise à sac par les troupes catholiques du Duc d'Anjou en 1577.

Chapelle d'Aurinques à Aurillac

Vitrail Chapelle d'Aurinques

C'est Henri IV de Bourbon qui, par sa conversion au catholicisme (on connaît son bon mot : "Paris vaut bien une messe"), met fin aux guerres de religions en 1592 en promulguant l'édit de Nantes qui accorde la liberté de culte aux protestants.

Au XVIIe siècle, Richelieu fait raser la plupart des forteresses édifiées au Moyen-Âge. Cette décision s'explique par le fait qu'elles servirent de repaires et de positions de repli aux Anglais pendant la guerre de cent ans, et plus tard aux huguenots sous les guerres de religions. Malgré tout, certains châteaux subsistent et sont remaniés pour correspondre au goût et à la sensibilité de l'époque. Ils perdent leur caractère strictement défensif et deviennent des palais d'agrément.

Le château de Busset (Allier)

Le château de Cordès, près d'Orcival (Puy-de-Dôme).

Les jardins de Cordès ont été créés et dessinés par Le Nôtre (qui a aménagé également le parc du château de Versailles)

En 1623, Blaise Pascal naît à Clermont. Des siècles après Gerbert, voilà un autre génie universel, à la fois mathématicien, savant, écrivain et fervent chrétien.

Pour en savoir plus sur Blaise Pascal, cliquez ICI.

    • Un édit royal de 1630, sous Louis XIII, réunit Montferrand à Clermont pour mettre fin à la rivalité entre ces deux villes. En 1731, suite à un second édit, les deux villes fusionnent définitivement : Clermont-Ferrand est né! Cette fusion marque la fin de Montferrand en tant que cité riche et prospère.

L'Auvergne et la Révolution française

La province historique de l'Auvergne (divisée en Basse-Auvergne et Haute-Auvergne) et celle du Bourbonnais disparaissent. A la place sont créés en 1790 les départements du Cantal, du Puy-de-Dôme, de l'Allier et de la Haute-Loire.

Une date importante dans l'histoire de France est gravée dans la pierre, dans le village de Sayat près de Clermont-Ferrand

L'Auvergne n'est pas trop affectée par la Révolution, même si de nombreux clochers d'églises sont détruits à cette époque. En 1794, Louis Guyardin, représentant de la Convention, fait brûler la statue de la Vierge noire sur la place de Martouret au Puy.

Avec la fin des privilèges seigneuriaux, des pigeonniers et des colombiers voient le jour, principalement dans la Limagne.

Par contre, plusieurs Auvergnats jouent un rôle actif au cours de la Révolution française.

Charles-Gilbert Romme, né à Riom, est chargé d'établir le calendrier républicain (ou calendrier révolutionnaire français). Puisque la France était désormais un Etat laïc, ce nouveau calendrier devait faire oublier le calendrier grégorien qui rappelait trop le christianisme aux yeux des révolutionnaires.

Le Marquis de La Fayette,

le "héros des Deux Mondes"

Son vrai nom est Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier. Il est né en 1757 au château de Chavaniac en Haute-Loire où est conservé un exemplaire de la Déclaration des Droits de l'Homme.

A vingt ans, La Fayette embarque pour l'Amérique où il combat aux côtés des insurgés.

George Washington confie le commandement d'une division à La Fayette qui contribue grandement à la défaite décisive des Britanniques à Yorktown, en Virginie et joue un rôle déterminant lors de la Guerre d'indépendance des Etats-Unis.

Washington et La Fayette

La Fayette fut le premier étranger à s'adresser aux deux Chambres réunies du Congrès américain en 1824; son portrait figure dans la Chambre des Représentants.

La Fayette a été élevé à titre posthume, « citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique », un privilège rare n'ayant été accordé qu'à quatre reprises dans l'histoire américaine.

En son honneur, un monument a été érigé dans le Parc Lafayette à Washington, face à la Maison Blanche.

Auréolé de ses faits d'armes prestigieux, La Fayette retourne en France où il joue un rôle lors de la Révolution française puis lors de la Monarchie de Juillet.

L'inscription sur une fontaine à Volvic: "1792 l'an de la Liberté", évoque la première République proclamée en France le 21 septembre 1792. Elle prendra fin en 1799 lors du coup d'Etat militaire du général Bonaparte. Celui-ci rédige la Constitution de l'an VIII qui instaure le Consulat. Bonaparte devient alors premier Consul et détient l'essentiel du pouvoir. En 1804, il se fait sacrer empereur des Français. Le Consulat et l'Empire sont très bien acceptés en Auvergne.

Louis Charles Antoine Desaix, né à Ayat-sur-Sioule, participe aux guerres de révolution et sert notamment dans l'armée du Rhin.

Il devient à 25 ans le plus jeune général de l'armée française lors de sa nomination en 1795. Il s'illustre ensuite sous les ordres de Napoléon Bonaparte et participe à la campagne d'Egypte (1798) où ses ennemis le surnomment le "sultan juste". En 1800, Desaix rejoint Bonaparte en Italie, où l'armée française affronte l'armée autrichienne à la bataille de Marengo. L'intervention de Desaix est décisive et permet la victoire des Français, mais il meurt, tué d'une balle en pleine poitrine.

Clermont-Ferrand honore son souvenir par une statue de Nantueil qui orne la place de Jaude, et par une obélisque au sommet du Boulevard Lafayette.

L'obélisque Boulevard Lafayette à Clermont-Ferrand

L'Auvergne au XIXe siècle

L'empereur Napoléon III vient cinq fois en cure à Vichy où il possédait trois chalets. La ville de Vichy devient alors une destination à la mode et sera même surnommée la "Reine des villes d'eaux". Le thermalisme se développe et les autres villes d'eaux de la région profitent ausssi de cet engouement. C'est ainsi que de nombreux édifices fastueux sont créés. L'impératrice Eugénie inaugure la station thermale de Royat ; une source porte son nom.

Source Eugénie à Royat

Source Saint-Mart à Royat

Passionné d'archéologie, Napoléon III s'intéresse aussi au site de Gergovie. Cet intérêt s'explique par l'essor des nationalismes dans les Etats européens qui se traduiront par des conquêtes coloniales. De plus, la défaite de 1871 face à l'Allemagne renforce le nationalisme français qui va se chercher des héros nationaux tels Vercingétorix et Jeanne d'Arc.

Chatrousse: Vercingétorix et Jeanne d'Arc,

plâtre teinté - Musée d'art Roger Quilliot, Clermont-Ferrand

En 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Cette guerre franco-allemande se termine par la défaite cuisante le 2 septembre de l'armée française à Sedan où Napoléon III est fait prisonnier avec cent mille hommes. Suite à cette défaite, la république est proclamée le 4 septembre, un gouvernement provisoire est formé. De septembre 1870 à janvier 1871, Paris est assiégé et finit par capituler. L'empire allemand est proclamé à Versailles le 18 janvier 1871 ; le 10 mai, le traité de Francfort donne à l'Allemagne l'Alsace et la Lorraine.

Monument de la guerre

de 1870 - 1871

à Aurillac

Après ces évènements, la France se relève. La Troisième République est instaurée. le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry créé des écoles sur tout le territoire, même dans les villages. Dès 1803, le premier lycée de France était ouvert à Moulins.

L'Auvergne connaît comme le reste du pays un essor industriel. Des mines sont exploitées, principalement la houille comme dans le bassin minier de Brassac. A Aurillac, l'industrie du parapluie se développe massivement.

L'industrie du sucre se développe: elle est la conséquence du blocus continental contre l'Angleterre mis en place en 1806 par Napoléon qui impose à la Limagne la culture de la betterave. Quatre licences sont accordées pour la fabrication du sucre en Limagne. La sucrerie d' Epinet est créée en 1829, puis viennent celles de Lavort et Grezin en 1930. Mais l'augmentation des impôts en 1843 provoque la fermeture progressive des petites usines dans le Puy-de-Dôme.

De nos jours il ne subsiste plus que la Sucrerie de Bourdon à Aulnat, dans le Puy-de-Dôme. Cest le duc de Morny, principal conseiller puis Ministre de l'intérieur de Napoléon III, qui en 1837 qui en fit un établissement agricole de premier ordre. Aujourd'hui, la sucrerie de Bourdon demeure la seule sucrerie française au sud de la Loire. Elle emploie environ 90 salariés et une soixantaine de saisonniers qui vient renforcer les effectifs en période de campagne.

Un autre ministre de Napoléon III, Eugène Rouher, favorise la création à Riom, sa ville natale, d'une Manufacture des tabacs.

A partir de 1892, on assiste à un net recul de la vigne à cause du phylloxera. Cela peut expliquer aussi la migration d'une partie des agriculteurs de la région vers les villes et Clermont-Ferrand en particulier. Ce déclin du vignoble auvergnat a mis fin aussi aux manifestations religieuses consacrées à Saint-Verny, honoré comme patron des vignerons, sauf dans quelques communes. Néanmoins, plusieurs églises possèdent encore une représentation de ce personnage.

Des villages vignerons conservent encore des maisons de vignerons typiques qui témoignent de ce passé vigneron: le rez-de-chaussée est consacré au travail du vin tandis que l'étage, accessible par un escalier extérieur, constitue la partie habitation.

La fin du XIXe siècle marque aussi le début de l'industrie du caoutchouc à Clermont-Ferrand. L'origine est une petite usine de balles de caoutchouc fondée en 1832 par Edouard Daubrée et Aristide Barbier. La firme Daubrée-Barbier devient des années plus tard Michelin & Cie. Les frères Michelin inventent successivement le pneu démontable pour la bicyclette, En 1891, la course Paris-Brest voit le succès du pneumatique démontable de Michelin.

Les frères Michelin créent aussi le fameux "Bibendum" qui deviendra l'un des logos les plus célèbres du XXe siècle.

La révolution des transports accélère le processus d'industrialisation en France.Le chemin de fer apporte un véritable bouleversement avec la création de tunnels, de gares et et de ponts.La voie ferrée Paris-Clermont est ouverte en 1855, d'autres lignes sont inaugurées dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Dans le Cantal, le viaduc de Garabit qui enjambe les gorges de la Truyère est construit en 1888 par l'ingénieur Gustave Eiffel à qui on doit les plans des viaducs de Rouzat et de Neuvial dans l'Allier, entre Vichy et Clermont-Ferrand. Quelques années plus tard, Eiffel termine la tour Eiffel pour l'exposition universelle à Paris (1889).

Le viaduc de Neuvial

Portrait de Gustave Eiffel

Le viaduc de Garabit : autrefois gris, a été repeint en rouge "poinsettia".

Le viaduc de Rouzat

Le premier tunnel du Lioran est percé dans le Cantal, suivi quelques années plus tard d'un tunnel ferroviaire inauguré en 1868.

Si le rail désenclave en partie la région, il provoque aussi un exode rural. Bon nombre d'Auvergnats émigrent et tentent leur chance, à Paris notamment où ils ouvrent notamment des restaurants ou des bistrots, et aussi en Espagne.

En 1888, Clermont-ferrand inaugure le premier tramway électrique français.

Cette plaque est visible à Montferrand, sur le bâtiment de la Mairie, sur celui de l'opéra Place de Jaude à Clermont-Ferrand, et à Chamalières.

Timbre émis en 1987 pour commémorer le centenaire du premier tramway

Dans le domaine des sciences aussi, beaucoup de découvertes voient le jour. Claude Bernard met au point des méthodes de vérification expérimentale qui permettent les découvertes de Robert Koch en Allemagne et de Louis Pasteur en France.

En 1865, Louis Pasteur a déjà étudié la maladie des vers à soie (1865).

Après une étude sur les vins, il est accueilli à Clermont-Ferrand par le physicien, chimiste et biologiste Emile Duclaux

(né à Aurillac)

Ensemble, ils effectuent des expériences sur la bière à la brasserie Kühn à Chamalières. Pasteur met alors au point une méthode de conservation des bières qu'on appellera plus tard la pasteurisation.

Quelques années plus tard, Pasteur découvrira le vaccin contre le charbon et surtout contre la rage qui le vaudra la gloire. Pasteur a eu aussi le mérite de créer l'institut Pasteur où de jeunes savants pouvaient eux aussi effectuer des recherches. A la mort de Louis Pasteur, Duclaux prend la direction de l'Institut Pasteur. Il fut nommé aussi vice-président de la Ligue des droits de l'homme, qu'il a contribué à créer.

L'Auvergne au XXe siècle

Le développement de l'automobile (1900 : fondation à Royat de l’Automobile Club d’Auvergne ; en 1905, une course automobile est organisée autour de la chaîne des Puys), puis plus tard de l'aéronautique, entraîne un essor formidable de l'industrie du caoutchouc à Clermont-Ferrand (Michelin) et à Montluçon (Dunlop). Michelin et Clermont-Ferrand sont ainsi étroitement liés au XXe siècle. Attirés par le besoin de main-doeuvre et de meilleurs salaires, les paysans quittent la Limagne et les montagnes pour venir grossir le nombre des ouvriers clermontois. Des quartiers entiers sont remodelés pour permettre l'extension des usines. des maisons individuelles sont construites pour les ouvriers. Ces modifications permettront de réunir de manière concrète le centre de Clermont et le quartier de Montferrand.

Une partie des usines Michelin

Deux symboles : les cheminées de chez Michelin et le Puy de Dôme

Un quartier de Montferrand

En 1912, l'Association Sportive Michelin est créée par Edouard Michelin, alors aux commandes de la manufacture. Elle prend le nom d'Association Sportive Montferrandaise (ASM) en 1922.

Dans le domaine de l'aviation aussi, Michelin est présent: la manufacture fabrique ainsi les premiers bombardiers. Construit pour les besoins de l'Etat français lors de la Première Guerre mondiale, l'aéroport dAulnat est le premier aéroport en dur. La production cesse après la mort accidentelle du fils aîné d'Edouard Michelin.

En 1911, Eugène Renaux et Albert Senoucque parviennent à couvrir la distance Paris - le sommet du puy de Dôme en moins de six heures et gagnent ainsi le Grand Prix Michelin et la somme de cent mille francs.

Stèle Eugène Renaux dressée sur le puy de Dôme

Née le 20 février 1875 à Aurillac, Marie Marvingt est une grande sportive.

Elle pratique toutes les disciplines dont l'athlétisme et bat plusieurs records mondiaux. Elle devient aussi championne du monde de bobsleigh féminin. Elle pensait (déjà à l'époque !) que les activités sportives étaient importantes pour la santé.

dessin d'Emile Friant:

Marie Marvingt avec un médecin secourant un blessé

Marie Marvingt s'illustre aussi pendant la première guerre mondiale: d'abord infirmière de la Croix Rouge, elle organise, à la demande de Clémenceau,le ravitaillement à ski et l'évacuation des blessés dans les Dolomites en Italie.

Persuadée aussi que l'aviation avait un rôle humanitaire à remplir, elle fonde l'aviation sanitaire en s'engageant dans le développement des avions ambulances,sauvant ainsi la vie de nombreux soldats.

Elle fut décorée de la Croix de Guerre 1914-1918 avec palmes, une des nombreuses décorations dont elle fut détentrice.

Celle que l'on a surnommée "la fiancée du danger" parlait également cinq langues, avait étudié le droit et pratiquait

les arts.

Actuellement, l'Auvergne est la quatrième région aéronautique de France. Les industries les plus importantes sont basées notamment à Clermont-Ferrand et à Issoire.

La guerre de 14-18 n'affecte pas le territoire de l'Auvergne, mais la région perd un grand nombre de ses habitants tués lors de ce premier conflit majeur du XXe siècle. De longues listes de morts couvrent les monuments aux Morts.

En 1917, le général Stanton rend hommage à La Fayette et aux combattants français de la guerre d'indépendance américaine en s'exclamant: "La Fayette, nous voici !".

Monument aux Morts de Sayat,

près de Clermont-Ferrand

En 1919, le journal La Montagne est créé par Alexandre Varenne. Il se situe aujourd'hui parmi les dix premiers quotidiens régionaux français. Un des plus grands écrivains du XXe siècle, Alexandre Vialatte, y a publié de nombreuses chroniques.

Les bureaux du journal La Montagne à Clermont-Ferrand

En 1920 débute la production de l'imprimerie de la Banque de France à Chamalières. Le papier est fourni par l'autre site industriel impliqué dans la fabrication des billets de banque et installé sur les bors de l'Allier à Vic-le-Comte (20 kilomètres au sud de Clermont-Ferrand).

Pierre-Jules Boulanger, collaborateur d'Edouard Michelin puis PDG de Citroën, imagine à Lempdes à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand, la TPV (très petite voiture) qui deviendrala 2 CV qui créera l'évènement au Salon de l'automobile de 1948.

En 1931, Paul Doumer, né d'Aurillac, devient Président de la République ; il est assassiné un an plus tard. D'autres Auvergnats occuperont à leur tour les plus hautes fonctions au cours du XXe siècle : Georges Pompidou, né à Montboudif dans le Cantal, a été premier ministre sous le général de Gaulle avant d'être Président de 1969 à 1974 ; Valéry Giscard d'Estaing, né à Cologne en Allemagne, mais issu d'une famille auvergnate, lui succède : il sera Président de 1974 à 1981. C'est ce qui fera dire à Alexandre Vialatte que l'Auvergne produit des fromages et des présidents !

Valéry Giscard d'Estaing

Paul Doumer

Georges Pompidou

Cette période entre les deux guerres est marquée également par de grands travaux d'électrification. Puis divers barrages sur la Truyère (Grandval, construit entre 1955 et 1959,et Lanau, construit en 1960 - 1962), sur la Cère (Saint-Etienne Cantalès, réalisé entre 1939 et 1946)) et sur la Dordogne (Bort-les-Orgues, à cheval sur le Cantal et le Limousin, construit entre 1942 et 1952)), transforment le paysage.

C'est une nouvelle mise en valeur de cette richesse précieuse de l'Auvergne : l'eau.

Barrage de Grandval

La Seconde Guerre mondiale (1939 - 1945)

La ligne de démarcation traverse le département de l’Allier et Moulins en son centre. Vichy est choisie pour accueillir le nouveau gouvernement. Plusieurs raisons ont emporté l’approbation du maréchal Pétain et de Pierre Laval : la bonne liaison avec Paris, la proximité de la ligne de démarcation, une ville peu peuplée habituée à recevoir des personnalités, une grande capacité d’accueil due aux nombreux hôtels et surtout un standard téléphonique moderne. Le 2 juillet 1940, l'Assemblée nationale, convoquée à Vichy, donne les pleins pouvoirs à Pétain: c'est la fin de la Troisième République.

Le gouvernement français va de plus en plus collaborer avec l'ocupant allemand et participer activement à la chasse aux Juifs et aux résistants. Celà entraîne des arrestations voire des exécutions par la Gestapo. Des déportations s'effectuent par train.

Des réseaux de résistance se forment dans la région. En 1944, les combats les plus durs se déroulent au mont Mouchet, dans la Margeride (sud de l'Auvergne), où était implanté un des maquis les importants de France. Un monument national à la Résistance et aux Maquis de France a été dressé sur le Mont-Mouchet. Un musée de la Résistance à la mémoire des maquisards du Haut Gévaudan a été créé dans la commune d'Auvers située près du Mont-Mouchet en Haute-Loire. A Chamalières près de Clermont-Ferrand,on peut aussi visiter un Musée de la Résistance, de l'Internement et de la Déportation.

Après la Seconde Guerre mondiale, la France connaît une période de croissance économique, les "Trente Glorieuses". Même si le revenu et la condition du monde agricole s'améliore, cette forte croissance économique ne profite pas à l'Auvergne qui est la grande oubliée de la diversification industrielle.

Dans les années 1960, des aménagements sont entrepris pour permettre la pratique du ski. Par exemple, les stations de sports d'hiver de Super Lioran dans le Cantal, et de Super Besse dans le massif du Sancy (Puy-de-Dôme) sont créées en 1961.

Station de Super-Besse (Puy-de-Dôme)

En 1972, les régions françaises sont créées dont la région Auvergne.

Elles deviennent peu à peu de véritables collectivités territoriales avec des compétences dans divers domaines.

La région Auvergne comprend quatre départements: le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Haute-Loire et l'Allier.

Carte des départements

constituant la Région Auvergne

En 1977, le Parc Naturel des Volcans d'Auvergne est créé. La création du second parc régional, le Parc naturel régional Livradois-Forez situé dans l'est de la région sur les départements de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, remonte à 1986.

Le Festival de court-métrage de Clermont-Ferrand voit le jour en 1979.

Il fête en 2008 ses 30 ans.

1998: Bibendum a cent ans et est toujours en pleine forme !

L'Auvergne de plein-pied dans le XIXe siècle !

La région auvergnate, à l'image de sa capitale, est entrée dans une phase très dynamique qui est loin d'être terminée. A Clermont-Ferrand, plusieurs projets d'envergure ont vu le jour ou sont en cours de réalisation. Quelques-unes des réalisations les plus notables :

Vulcania, qui a ouvert ses portes en 2001.

Un nouveau tramway sur pneumatiques est en service à Clermont-Ferrand. Il dessert notamment le campus universitaire des Cézeaux.

Le complexe Grande Halle (hall d'expositions) et Zénith d'Auvergne (salle de spectacles et de concerts) est inauguré le 5 décembre 2003 à Cournon-d'Auvergne.

Le nouveau bâtiment de l'Ecole Supérieure d'Art, au coeur du quartier universitaire, présente une architecture ambitieuse combinant cuivre, verre et béton.

Le Stadium Jean-Pellez a été inauguré en 2002.