J9 & 10 : Vendredi 17 et samedi 18 mai 2019
Notre voyage se poursuit, toujours en zigzags. Par conséquent et logiquement après le Sud, c'est à nouveau le Nord qui a notre faveur, plus précisément la région de La Canée.
Initialement c'est là qu'Hervé souhaitait plonger. Il avait notamment repéré une plongée incontournable sur la côte nord, Elephant Cave, à proximité du cap de Drapanos. C'est pourquoi nous avons choisi de nous poser trois nuits à Douliana, au centre de cette péninsule à l'est de La Canée.
A la réflexion, notre plongeur, pas au top de sa forme, préfère renoncer à plonger, ce qui n'affecte en rien nos plans. La région de La Canée dispose de suffisamment d'atouts pour satisfaire toutes nos envies.
Première envie : ne pas nous précipiter à la mer mais profiter de la montagne que nous allons traverser pour y faire un arrêt de quelques heures, d'autant que notre maison à Douliana n'est disponible qu'en début d'après-midi.
Le trajet vers La Canée passe par le plateau d'Omalos d'où un très court détour conduit à Xyloskalo qui est à la fois la porte d'entrée des gorges de Samaria mais aussi le point de départ vers le Gingilos (2080 mètres) et le Melindaou (2133 mètres) dans les montagnes Blanches.
Depuis le temps qu'on contemple ce massif de loin, autant s'en approcher un peu !
Le guide Rother, dans sa description de la randonnée 13 vers le sommet du Melindaou, précise que "la montée tranquille jusqu'au refuge de Kallergi est déjà belle à elle seule, 2 h 20 pour l'aller et le retour".
Voilà exactement ce qu'il nous faut !
Depuis Moni nous mettons une bonne heure pour atteindre le plateau où paissent de nombreux troupeaux.
A notre arrivée à 9 h 30, le ciel partagé entre nuages et éclaircies se couvre plus largement, nous faisant d'abord hésiter sur la pertinence d'une telle expédition.
Altitude du point de départ : 1230 mètres, du point d'arrivée : 1592 mètres. La température n'a ici rien à voir avec celle de la côte, il faut immédiatement se couvrir en conséquence.
La beauté des cimes l'emporte néanmoins sur nos craintes. Avec un peu de chance, nous devrions disposer d'une fenêtre météo suffisante de 2 à 3 heures. Au pire, on fera demi-tour si le temps se gâte.
Au bout d'une petite demi-heure, on a déjà une très belle vue sur l'imposant sommet du Gingilos, 2080 m, flanqué à gauche par le Volakias qui le domine de quelques mètres et à sa droite par le Psilafi, 1984 m. Entre les deux, le col d'Afchenas est le point de départ de l'ascension finale du Gingilos.
Comme le laissait entendre notre documentation, la montée sur une large piste carrossable ne présente aucune difficulté.
Néanmoins, quand le chemin prend de l'altitude, des paquets de neige persistent sur les bas-côtés. Un dernier névé plus résistant empêche d'ailleurs la voiture du gardien d'arriver jusqu'au refuge.
Cherchez la voiture bloquée par le névé et profitez-en pour admirer la vue fantastique sur les sommets environnants, sous un ciel à présent bien bleu !
Dernier lacet avant le col, ça y est, le refuge est en vue !
Le parcours vers le sommet du Melindaou se poursuit au delà du chalet, mais il est réservé à des randonneurs endurants plus tard dans la saison car impraticable pour le moment en raison de la hauteur de neige.
En ce qui nous concerne, c'est ici que nous faisons demi-tour mais pas avant d'avoir contemplé la vue panoramique sur le massif, exploré les zones humides qui entourent les lieux, nous rappelant les bodefales boliviens ou les pozzines corses, et craqué pour un broownie au chocolat plus gros que notre appétit.
Nous avons juste le temps de descendre de la montagne. La pluie nous cueille à notre arrivée à la voiture alors qu'au loin résonnent les premiers coups de tonnerre.
En tout, nous avons mis 2 heures pour faire l'aller-retour, agrémentées d'un arrêt de 45 minutes au refuge, une petite incursion dans le centre de l'île pour nous confirmer qu'au delà de l'arrière-pays c'est toute la montagne crétoise qui mérite d'être explorée.
Depuis les hauteurs du plateau d'Omalos, notre documentation nous promettait un parcours panoramique. Hélas, dès 500 mètres d'altitude, les nuages bas nous obligent à naviguer sans vue jusque sur la côte.
En bord de mer, le soleil refait son apparition entre deux averses, mais la taille des flaques d'eau sur les routes ne fait pas de doute sur l'intensité de l'orage.
Dans ces conditions, autant rejoindre directement la presqu'île de Drapanos, où autour de Vamos un groupe de villageois travaille depuis 1995 à préserver le mode de vie traditionnel, l'artisanat et les produits de la région, avec le soutien de l'Union européenne. Ainsi ont été converties en pensions de vieilles bâtisses de pierre restaurées avec des matériaux et des techniques traditionnels.
C'est le cas de la maison de Manolis, menuisier à l'entrée du village de Douliana, dont nous avons loué le rez-de-jardin à défaut de celui du premier niveau déjà occupé à nos dates.
Bilan : il est un peu sombre et humide et contrairement à nos hébergements précédents n'offre aucune vue dégagée. En revanche, il possède un poulailler qui nous prodiguera des œufs frais tous les matins et une piscine dans laquelle nous ne manquons pas de plonger immédiatement pour oublier notre petite déconvenue.
Distance parcourue dans la journée : 109 kilomètres
Le lendemain…
Pas besoin d'aller bien loin ce matin. Notre guide préféré décrit dans son chapitre 10 une randonnée en boucle autour de Douliana. Nous n'allions pas rater ça !
Sur la petite place du bourg commence un charmant sentier qui descend dans une vallée verdoyante puis revient à travers oliveraies et maquis.
Partout des fleurs, dont on retiendra les couleurs éclatantes, les formes étonnantes et les senteurs délicates.
Chrysanthemum coronarium ?
Carline laineuse = Carlina lanata
Chèvrefeuille
Egalement des arbres fruitiers…
… et ce drôle d'arbre-cerf ;-)
Bref une promenade bucolique agréable, mais pas incontournable, dans la campagne toute proche où la vue fait malheureusement défaut.
Changement de décor dans l'après-midi, quand nous arrivons à proximité de Ombros Gialos, où ces bouquets d'arbustes aux teintes cuivrées donnent ponctuellement à ce versant une touche automnale.
Pourtant, quand surgit la crique du même nom avec ses eaux turquoise sous une température ambiante de 28 degrés, c'est indéniablement l'été qui s'annonce.
Voilà par conséquent l'endroit idéal pour étrenner palmes, masque et tuba (que nous trimballons depuis le début du voyage) pour voir ce que cette baie cache sous ses flots.
A part quelques petits poissons et de gros rochers dans une eau encore trop fraîche (rappelons que nous sommes en mai), rien d'exceptionnel !
Alors rien de mieux que de lézarder au soleil tout en profitant de ce cadre exceptionnel pour le reste de l'après-midi ! Un agréable moment de farniente que seul Hervé interrompt le temps de seconder un touriste suédois dont l'appareil photo a glissé du bord pendant qu'il s'équipait. Malgré les recherches inlassables des deux plongeurs, rien n'y fait, l'appareil a dû sombrer dans les profondeurs de l'océan. Nous compatissons !
Avant le retour à Douliana, nous passons par la station balnéaire d'Almyrida qui, avec ses alignements de chaises longues et de parasols ainsi que sa musique internationale à plein tube tranche radicalement avec le calme et le caractère sauvage de notre crique précédente. Par conséquent, nous ne pouvons que nous féliciter de notre choix.
Des félicitations que nous réitérons en soirée pour l'établissement retenu pour le dîner, le Kyma Restaurant à Kalyves, pour sa situation face à la mer et ses bons plats de seiche et fritures grillées.
Distance parcourue dans la journée : 50 kilomètres.