DEFI13

Défi d'octobre 2007:

"Doit-on toujours respecter les autres ?"

défi d'octobre 2007:

"Doit-on toujours respecter les autres ?"

FAUT-IL TOUJOURS RESPECTER LES AUTRES ?
Une petite histoire en guise de commentaire, à lire et à dessiner, à mettre en scène…..
écrite pour les élèves coopérateurs de l'OCCE 24, par Xavier GOURRIN , professeur de philosophie au lycée Albert CLAVEILLE, à Périgueux.
Noémie : ma mère, elle dit qu’il ne faut même pas se poser la question. Le respect est un principe qui ne se discute pas. C’est comme se laver les dents ou regarder avant de traverser la rue. Il faut le faire, c’est tout.
Clara : mais ça n’a rien à voir ! Se laver les dents, c’est pour toi que tu le fais, pas pour les autres !
Lucien : moi, je ne respecte que ceux qui me respectent. Si quelqu’un m’insulte, je l’insulte aussi, c’est normal.
Clara : je ne suis pas d’accord. Si tu ne respectes que ceux qui te respectent, ce n’est pas pour eux que tu le fais, c’est pour toi. Ce n’est pas du respect.
Lucien : à quoi ça sert de respecter quelqu’un s’il ne te respecte pas ? Une fois j’ai prêté mon vélo à un voisin, et puis aussi mes bande dessinées, mais lui il ne voulait jamais me prêter ses affaires. Alors j’ai arrêté. Si tu donnes quelque chose, il faut qu’on te donne autre chose en échange. C’est normal. Sinon ce n’est pas rentable… Je n’aime pas me faire avoir.
Clara : mais ce n’est pas ça le respect ! Si tu fais quelque chose pour les autres parce que tu veux obtenir quelque chose en échange, tu te sers d’eux. Je trouve cela égoïste. Moi je pense qu’on peut faire attention aux autres même quand ça ne rapporte rien.
Lucien : qu’est-ce qu’on gagne à respecter les autres, alors ?
Noémie : rien du tout. Le respect cela ne rapporte rien. Cela demande des efforts. Il faut se retenir de dire ou de faire ce qui peut faire du mal à quelqu’un. Des fois c’est difficile mais c’est indispensable. Mes parents ils disent que ce qui fait la force et la beauté du respect c’est qu’il est gratuit et désintéressé. Ça veut dire que c’est comme un cadeau. Mais c’est comme un cadeau qu’on est obligé de faire aux autres, sans se poser de question. Il ne faut pas poser de conditions. Il faut toujours respecter les autres.
Lucien : l’autre jour, il y a un garçon qui m’a tapé dans la cour. Alors la maîtresse l’a puni. Vous voyez qu’il ne faut pas respecter ceux qui ne respectent pas les autres…
Clara : elle l’a puni mais ça ne veut pas dire qu’elle ne le respecte pas. Quand les adultes punissent un enfant, ils ne l’insultent pas, ne le frappent pas. Ils ne lui disent jamais qu’il ne mérite pas d’exister. Ce n’est pas parce qu’il a manqué de respect qu’il ne mérite plus aucun respect.
Paul : moi, je m’en fiche des autres ; mais comme je n’ai pas envie d’être puni, j’obéis aux adultes, j’applique le règlement de l’école et je suis gentil avec tout le monde !
Noémie : moi aussi je fais attention aux règles et aux consignes. Vous vous souvenez du « brevet de vie » en CP ? C’était la liste des règles pour apprendre le respect : il ne faut pas bousculer les autres, ni les taper, ni les insulter, ni se moquer d’eux…
Lucien : …il ne faut pas prendre les affaires des autres sans leur demander la permission…
Noémie : oui, et il y en avait plein d’autres. Les règles, elles servent à vivre ensemble. Parce que quand il y a beaucoup d’enfants dans une école, il y a parfois des disputes et des bagarres. Les règles, elles servent à vivre en paix. Tout le monde doit obéir aux règles. Toujours. Elles sont obligatoires.
Clara : je suis d’accord. Mais Paul dit qu’il obéit aux règles alors qu’il s’en fiche complètement, des autres. On peut donc respecter les règles sans pour autant respecter les autres. Ce n’est pas par respect qu’il est obéissant mais par crainte d’être puni.
Noémie : alors c’est quoi le respect ?
Lucien : c’est toi qui poses la question ? Tout à l’heure tu disais qu’il fallait respecter tout le monde, sans se poser de questions…
Clara : le respect, ce n’est pas un réflexe ou une habitude. Pour respecter vraiment les autres il faut savoir pourquoi on les respecte. En fait il ne faut pas seulement le faire, il faut le vouloir. Il faut faire attention à eux, pas seulement obéir aux règles qui disent de respecter tout le monde et qui nous forcent à le faire. Le respect ne s’impose pas par la force.
Noémie : moi je ne me sens pas forcée d’obéir aux règles. Je le fais volontiers parce que j’ai compris qu’elles sont importantes.
Léo : en fait le respect, c’est comme l’amour. C’est quelque chose qui doit venir de soi-même, sans effort. Les mamans n’ont pas besoin de loi pour aimer leurs enfants ; elles les aiment et c’est tout. Si elles se disent « une mère doit toujours aimer ses enfants » et qu’elles se forcent à appliquer cette règle, c’est trop nul. Ce n’est pas cela aimer. Pas besoin d’une consigne. Et bien le respect, c’est pareil : il faut que ce soit naturel.
Clara : sauf que le respect, ce n’est pas naturel. Cela s’apprend. Il faut se forcer à ne pas penser qu’à soi.
Lucien : oui mais pour quoi faire ? Tout ce qu’on fait, en général, on le fait parce que cela nous est personnellement utile. Pourquoi faire une chose qui ne sert à rien ? Respecter les règlements je comprends que cela sert à vivre en paix. Mais respecter les autres, même ceux qu’on n’aime pas, est-ce nécessaire ?
Clara : Le respect est nécessaire parce que c’est grâce à lui que nous pouvons être des humains, tout simplement. Pour être humain il ne suffit pas d’avoir un corps humain, comme les chats ont un corps de chat et les girafes un corps de girafe. Nous, en plus, il nous faut agir comme des humains. Il faut que dans nos comportements, nos paroles, nos manières de faire et de dire, nous inventions quelque chose qui nous rende différents. Ce que nous savons faire naturellement, sans effort, c’est nous servir des choses et même des personnes. Je me sers d’une chaise pour m’asseoir, du livre pour lire, du stylo pour écrire et de la maîtresse pour apprendre à lire et à écrire. Mais s’il n’y a que cela, quelle différence y a-t-il entre les choses dont je me sers et la maîtresse ? Quelle différence entre les choses et les êtres humains ? Si nous nous intéressons aux autres uniquement parce qu’ils nous sont utiles et qu’ils nous apportent quelque chose, c’est comme s’ils étaient pour nous des choses. Des choses qu’on utilise. Au contraire, si je suis capable de faire attention aux autres, de les respecter, simplement parce qu’ils sont humains, alors ils le deviennent vraiment, grâce à cela. Le respect, c’est fait pour faire de nous des humains.
Léo : je suis d’accord, mais pas tout à fait. Il faut aussi respecter ce qui n’est pas humain. Il faut respecter les animaux, la nature. Il faut respecter les lieux où l’on vit. Et même les choses. Casser tous ses jouets, ce n’est pas bien. Respecter, c’est ne pas se croire tout permis.
Noémie : il faut respecter tout ce qui a de la valeur.
Clara : c’est parce qu’on respecte quelque chose que cette chose a de la valeur.
Léo : mais est-ce que c’est à nous de décider que les choses ont de la valeur ?
Clara : je ne sais pas…