1) Que représente le cinéma pour vous?
Le cinéma est avant tout un voyage à peu de frais. C’est un ballade intimiste dans un univers singulier. Je trouve parfois cela encore plus agréable que ces forfaits tout compris qui te confinent dans une classe de touristes à une très grande distance de l’autre culture.
C’est aussi une langue, avec ses métaphores, ses mots, ses ellipses. C’est au spectateur d’en traduire la résonnance poétique dans ses propres mots.
Je me suis formé aux grands courants avec des films qui m’ont profondément marqué : principalement l’expressionnisme allemand (Métropolis), le néo-réalisme (le voleur de bicyclette), la nouvelle vague (les 400 coups), le Dogma (festen) etc. J’ai, au fil des années, suivi l’œuvre de cinéastes, dont Éric Rohmer et Théo Angelopoulos. Et avec le club vidéo la boite noire, je me suis fait mes propres petits festivals, entre autres, un festival Patrick Dewaere très couru par mon cercle d’amis. Mes livres de référence sont : le dictionnaire du cinéma Larousse, les catalogues du festival des films du monde (qui sont en soit, l’une des plus belles encyclopédies du cinéma), le dictionnaire du cinéma de Georges Sadoul, le dictionnaire du cinéma québécois, la revue 24 images.
2) Quels sont vos critères d'appréciation d'un film?
Il faut que le film porte une charge émotive, qu’il me fasse ressentir quelque chose, que ce soit un divertissement ou non. S’il traite d’un sujet qui ne m’intéresse pas, mais que le film réussisse néanmoins à me faire ressentir un inconfort, un dégoût ou un désillusionnement, même si j’ai trouvé l’expérience pénible, je vais l’apprécier pour ses attributs qui ont su créer l’émotion. Ces attributs, relevant autant de la forme que du contenu, peuvent être la photographie, la beauté des décors naturels, (synthétique ou de studio) et parfois l’absence de décors. J’ai beaucoup aimé Dogville de Lars Von Trier ainsi que Thérèse de Alain Cavalier, pourtant ces films n’avaient pas de décors. D’autres attributs peuvent être : la musique, le jeu des acteurs, le scénario, la mise en scène, les effets spéciaux, le bruitage, etc.
Un autre critère est la nature de l’œuvre qui se doit d’être originale, singulière, personnelle. On peut refaire un vieux film, mais sa relecture à avantage à être innovatrice.
Troisièmement, est-ce que le film me fait réfléchir, m’apprend quelque chose; est-ce qu’il me dérange au point de me pousser à prendre position sur des sujets tels que les conflits interethniques, les questions écologiques, etc.
Finalement, le film ajoute-t-il à la mémoire collective ? Est-ce que j’en apprends plus sur un pays, une ville ou un quartier ? Par exemple, sur le quartier Hochelaga Maisonneuve de la ville de Montréal dans le film de Denise Filiatrault sur une pièce de Michel Tremblay, C’est à ton tour Laura Cadieux. C’est une œuvre de fiction qui participe à la mémoire de ce quartier. Un film peut également porter sur un évènement historique, être un documentaire ou un pamphlet politique.
3) Quels sont vos 10 films préférés?
Solaris d’Andreï Tarkovsky
Au clair de la Lune d’André Forcier
Le bois de bouleaux d’Andrzej Wajda
La bête lumineuse de Pierre Perrault
Mémoire battante d’Arthur Lamothe
Léolo de Jean-Claude Lauzon
Le procès d’Orson Welles
Umberto D de Vittorio de Sica
Le rayon vert d’Éric Rohmer
Sue perdue dans Manhattan d’Amos Kollek