la clôture électrique

On distingue la clôture temporaire (destinée à des changements de parc, en fil synthétique) et la clôture permanente. Nous abordons celle-ci, que nous avons adoptée.

Premier élément constitutif : les piquets. Il faut choisir un bois à forte longévité, qui supporte au mieux le séjour prolongé dans la terre. Incontestablement l’acacia remporte le challenge ;

Le châtaignier, souvent cité, n’atteint pas les performances de son rival !

On estime une durée de vie de 20 ans pour le piquet d’acacia, à condition que les bonnes pratiques de coupe aient été respectées : tronçonnage en période de repos végétatif et en lune descendante.

Pour enfoncer les piquets : soit manuellement, soit avec l’enfonce pieux ou le tractopelle.

La pose d’1 km de clôture dans le bois n’autorisait pas le passage d’un tracteur compte tenu de la forte déclivité. L’accès dans le taillis a nécessité des travaux préalables de débroussaillage afin de préparer l’emprise de la clôture. Cette partie inculte constituait il y a 25 ans un pâturage. Comme il n’était plus pâturé, les jeunes pousses de prunelliers, ronces, aubépines, églantiers… ont envahi le pré qui a été transformé en une réserve de gibier, difficilement pénétrable par l’homme. Pour mettre en valeur ce breuil, et permettre aux chèvres de se protéger de la chaleur, grignoter écorces, feuilles, brouter de nouveaux espaces enherbés, nous l’avons quadrillé de sentiers et allées. Après ce travail de longue haleine, nous aimons regarder les chèvres déambuler parmi les prunelliers et les aubépines, se mettre à l’ombre et rechercher le végétal appétent, ce qui, probablement, bonifiera la saveur des fromages.

Il a fallu consommer beaucoup d’huile de coude pour enfoncer les 200 piquets de la partie boisée. Avant que l’on assène des coups de masse sur les piquets intermédiaires, nous pratiquions des avant trous à la barre à mine. Concernant les piquets de coin et ceux d’angle, qui supportent de fortes tensions, il faut creuser au préalable un trou de 40 cm de profondeur et de 40 cm de côté, et au fond de ce trou, effectuer un avant trou de 30 cm selon la même méthode que précédemment. En période humide, ce n’est pas très compliqué si on ne rencontre pas de pierres, voire des dalles. Quelques coups de masse sur le piquet, puis blocage de celui-ci, ou mieux du poteau de 12 cm de diamètre, avec 4 pierres disposées judicieusement autour du poteau ; à nouveau des coups de masse sur les pierres : voilà un pieu solidement ancré au sol.

En période sèche et qui plus est, en période de sécheresse comme celles de 2018, 2019, 2020, inutile de se lancer dans le creusement de trous. Sur notre terrain argilo-calcaire, une mini pelle de 2,5 tonnes peinait au-delà de 70 cm de profondeur !

2e élément constitutif : les isolateurs et le fil de fer.

Comme la chèvre repèrera la moindre brèche pour prendre la poudre d’escampette, 3 rangs de fil électrifiés s’avèrent indispensables. Nous le verrons un peu plus loin, la qualité de l’électrification reste essentielle pour décourager l’animal de franchir la clôture.

La chèvre a des qualités de grimpeuse : au maroc, elles montent à plusieurs mètres de hauteur dans les arganiers pour manger le fruit dont elles raffolent.

En France, la chèvre productrice de lait, dotée d’une mamelle bien développée, ne grimpe pas aux arbres et n’a pas l’aptitude de sauter. De ce constat découle l’inutilité de placer le 3e fil à plus d’1 mètre.

Tant qu’au 1er fil, le tendre à 40 cm pour éviter de devoir couper l’herbe dessous tous les 8 jours en mai et juin.

Le 2e fil sera disposé, logiquement, à mi distance entre le 1er et le 3e.

Les isolateurs ont pour rôle de soutenir le fil conducteur en l’isolant du piquet ; c’est un anneau fendu en plastique, monté sur une vis en acier galvanisé. Si le fil touchait le piquet, cela constituerait un retour à la terre avec baisse d’efficacité de l’électrification, au même titre que si la végétation rentre en contact avec la clôture.

Ceci explique combien la surveillance d’une clôture électrique s’impose presque tous les jours ; un arbre ou une branche qui se casse, un gibier qui traverse, autant de détériorations, surtout dans la partie boisée, auxquelles il faut remédier sans tarder, car les biquettes comprendront rapidement qu’il y a dysfonctionnement !

3e élément constitutif : les barrières

Elles permettent l’accès aux différents enclos ; compte tenu de leur nombre important (20), nous éliminons l’idée de poser des barrières en tubulaire. Nous optons pour des barrières électrifiées composées de 3 ressorts reliés à une poignée pour l’ouverture et à une attache 3 points pour la connexion à la clôture. Le maniement de ce ressort nécessite cependant quelque prudence ; lors des manipulations, tenir fermement la poignée, car le lâchage du ressort pourrait entraîner de graves blessures si celui-ci venait heurter le visage.

Il existe également des bobines de sandow électrifié que l’on peut couper à la longueur souhaitée. Bonne visibilité ; néanmoins, assez rapidement le sandow se distend et pour peu que sévissent givre, fortes précipitations, neige, le sandow risque de toucher le sol.

À certaines périodes de la saison, des barrières restent ouvertes. Pour permettre la continuité électrique, nous creusons une mini tranchée pour enfouir le fil électrique préalablement protégé par un insultube, tuyau de faible diamètre en plastique fortement isolant, lui-même protégé par une gaine électrique.

4e élément constitutif : l’électrificateur et les piquets de terre

L’électrificateur branché sur le secteur, délivre des impulsions électriques qui se propageront instantanément sur les 8 km de fil conducteur (2,7 km X 3 fils). Si 1 fil de clôture touche le sol ou un grillage, ou un fil barbelé ou encore de la végétation, le voltage diminuera et l’efficacité avec ; atténuation du choc perçu par l’animal et possible tentative de franchissement de la clôture.

L’élagage, la fauche de l’herbe sous le fil électrifié constituent des tâches incontournables et qui évitent le désagrément de découvrir son troupeau en train de faire un festin dans une parcelle de vigne voisine. Un collègue retraité me racontait avoir été surpris, il y a plusieurs décennies, de constater assez subitement une augmentation de la production laitière de ses 10 chèvres. Jusqu’au jour où l’exploitant situé sur l’autre versant de la colline, s’adressa au propriétaire des chèvres en le priant de garder ses fugitives ! l’explication de la bonne production a été élucidée : elles parcouraient 1,5 km et pénétraient dans la réserve de céréales du voisin spolié !

Le ou les piquets de terre représentent une pièce maîtresse de l’ensemble que nous venons de décrire. L’idéal consiste à disposer 5 piquets, reliés entre eux et à l’électrificateur. En période sèche, le courant peine pour atteindre les piquets. D’où le conseil d’enfoncer les piquets de 80 cm à 1 mètre et de verser de l’eau dessus quand la sécheresse s’installe. Pour préserver cette humidité, nous avons procédé ainsi : creusement de 5 trous de 80 cm ; sur le fond argileux, dépôt de débris végétaux, morceaux de bois, branches fragmentées (environ 15 cm) ; enfoncement du piquet dans le lit végétal puis remise en place de la terre. En période humide, l’eau se concentre sur les 15 cm de végétaux et persistera, à moins d’un déficit hydrique estival prolongé.