La mastication

représente la première phase de la digestion.

La cavité buccale de la chèvre compte, à l’état adulte, 32 dents.

· 8 incisives implantées sur la mâchoire inférieure, partie médiane ; la mâchoire supérieure n’en comporte pas, à la place, un bourrelet de consistance cartilagineuse.

· 24 molaires, à raison de 6 par demi-mâchoire.

La chèvre, à l’instar du mouton ou de la vache, fait partie des ruminants herbivores.

Citons d’autres ruminants :

· Chameau, dromadaire, lama, alpaga

· Caribou, cerf, daim, élan, antilope, gazelle, mouflon, wapiti

· Bison, buffle, yak, zébu

· Girafe, okapi

De son aptitude à ruminer découle la morphologie de son estomac ou panse. En fait, la panse, appelée aussi rumen, ne constitue qu’une partie de l’estomac, la plus grande (environ 80% du volume total). Bonnet ou réseau et feuillet forment les 2 autres poches « pré gastriques », la caillette quant à elle s’assimile à l’estomac des organismes mono gastriques comme l’homme. Cet organe volumineux (environ 25 litres) occupe les 2/3 de la cavité abdominale (comme le montrent les photos d’autopsie).


La panse s’apparente à une cuve de fermentation, milieu propice à la digestion de la cellulose :

- Absence d’oxygène

- 85% d’eau

- Température de 39,5°C

- pH légèrement acide (6,5)

- population de micro-organismes très dense (10 milliards par ml de liquide ruminal).

Ces nombreux protozoaires et bactéries attaquent les fibres cellulosiques des aliments grossiers grâce aux enzymes qu’ils secrètent.

Il s’établit une véritable symbiose entre l’animal et la population microbienne. Celle-ci se nourrit et se multiplie grâce aux aliments ingérés par la chèvre et la digestion de ces bactéries et protozoaires apporte des vitamines, des protéines à la chèvre.

La fermentation intra ruminale de la cellulose produit de grandes quantités de CH4 (méthane), de CO2 (gaz carbonique), N2 (azote), environ 100 litres par jour.

La rumination va permettre une seconde mastication des aliments fibreux avec forte production de salive, nécessaire au milieu aqueux du rumen. En effet, la première mastication de l’herbe, lorsque le ruminant pâture, est brève ; l’animal se trouve à découvert, exposé aux prédateurs, et il doit absorber le maximum de végétaux en un minimum de temps, puis se diriger vers un milieu plus sûr pour la rumination. Vestige d’une adaptation aux dangers ancestraux.

Nous envisagerons dans un autre chapitre, l’histoire de la chèvre.

La rumination se définit comme un phénomène réflexe, déclenché par la rugosité des fourrages contre la paroi de la panse.

La 2e poche (le bonnet) agit comme un filtre : il ne laisse passer que les plus petites particules.

Dans le feuillet ou 3e poche, se produit une nouvelle fermentation avec absorption d’eau.

Les particules inférieures à 2 mm peuvent pénétrer dans la caillette qui secrète de l’acide chlorhydrique et de nombreuses enzymes, réalisant la digestion que l’on rencontre chez les non ruminants.

Au terme de ce long périple, les aliments pénètrent dans l’intestin grêle puis le gros intestin dans lesquels ils subiront l’action des enzymes vésiculaires et pancréatiques.

Envisageons la destination des aliments ingérés par la chèvre.

· Besoins d’entretien : énergie nécessaire au fonctionnement de l’organisme (respiration, digestion, battements cardiaques, métabolisme hépatique, filtration rénale, maintien de la température corporelle, reconstitution des tissus), à la vie cellulaire, au travail musculaire, à la croissance, à la fabrication des phanères (onglons, poils : particulièrement important chez la chèvre angora et la chèvre cachemire)

· Lactation : produire plusieurs litres de lait par jour nécessite de l’eau, des matières grasses, des matières azotées, du lactose, des minéraux.

· Gestation : pour nourrir 1 ou 2 fœtus, voire 3, il faut de l’eau, des matières grasses, des matières azotées, du glucose, des minéraux.

· Constitution de réserves de graisses (3 à 6 kg) qui permettra à la chèvre de puiser de l’énergie durant des périodes déficitaires.

En tant qu’herbivore, la chèvre se nourrit essentiellement d'HERBE,

qui se décline de différentes façons;


- Herbe fraîche (pâturée ou distribuée en stabulation)

- Foin

- Ensilage

- Enrubanné

- Fourrage déshydraté,

de ramilles, d’écorce, de fruits, de légumes, de racines et tubercules, accessoirement de paille.

Une alimentation uniquement à base de fourrages ne suffirait pas pour une production lactée. Il faut adjoindre des aliments appelés « concentrés », riches en énergie et en azote : céréales et tourteaux de soja, colza, lin, tournesol.

LISTE DES ALIMENTS consommés par la chèvre :

+ céréales : blé, orge, seigle, avoine, maïs (canne de maïs, épi, spathe), triticale, sarrasin, sorgho, millet, riz, moha

+ graminées : dactyle, fétuque, fléole, ray grass, brôme, sorgho, moha, froment, canne à sucre, crételle, fromental, agrostide, pâturin, bambou

+ légumineuses : trèfle, luzerne, sainfoin, lotier, féverole, lupin blanc, pois, soja

+ crucifères : choux, colza

+ tourteaux : lin, colza, tournesol, soja, arachide, cacao, coprah, palmiste, sésame

+ protéagineux : pois, féverole, lupin, vesce, fève, coton décortiqué

+ racines / tubercules : betteraves, carottes fourragères, raves, navets, rutabaga, topinambour, pommes de terre, endives, manioc

+ drêche de brasserie (résidu de l’orge)

+ lactosérum

+ pulpe d’agrumes

+ glands et marrons d’inde en petite quantité, châtaignes

+ pain rassis (non moisi) : contient 72% de matières sèches (MS) ; la quantité de matières azotées et d’énergie apportée par 1 kg de pain rassis est voisine de celle d’1 kg d’orge. Deux écueils à signaler concernant cet aliment : le travail préparatoire pour le distribuer et son coût. En l’absence d’une trancheuse de pain au prix prohibitif, il faut le couper en petits bouts, manuellement, ce qui est très astreignant. Deuxième aspect qui limite son utilisation, le prix. Les invendus de boulangerie en sac de 10 kg pour un montant de 7 euros, cela représente 700€ la tonne ! Pour cette somme, on peut obtenir plus de 4 tonnes d’orge ! L’utilisation du pain rassis se conçoit dans le cadre de dons de la part de boulangers qui ne supporteraient pas de déverser dans la benne à ordures des sacs de pains.

+ sel ou chlorure de sodium (NaCl) : la chèvre en est très friande ; le plus souvent, l’apport de sel se fait sous forme de blocs de 10-12 kg qu’elle consomme à volonté, mais elle régule sa consommation. Le sel est une combinaison de chlore et de sodium ; le sodium agit au niveau de la physiologie cellulaire, de l’équilibre acido-basique . Il y a 2000 ans, un naturaliste romain affirmait : « rien ne stimule mieux que le sel l’appétit des moutons, du gros bétail et des bêtes de somme ; leur lait est plus abondant et leur fromage est même d’une qualité supérieure ». Le chlore entre dans la composition de l’acide chlorhydrique, qui se trouve dans la caillette. Le sel apporté aux caprins provient d’une source marine ou d’une source minière (sel gemme).

+ les minéraux et les vitamines : les premiers se divisent en macro-éléments (besoins quotidiens exprimés en grammes) et oligo-éléments (besoins quotidiens exprimés en mg).

Macro-éléments : le calcium et le phosphore, indispensables pour le squelette ; le magnésium agit au niveau du muscle et de l’influx nerveux ; sodium et chlore déjà envisagés ; le potassium intervient dans la contraction musculaire ; le soufre, rôle au niveau des bactéries du rumen et de la production de poils.

Oligo-éléments : le cuivre (défense immunitaire, synthèse des globules rouges) ; le zinc (défense immunitaire, synthèse protéique) ; le manganèse (synthèse du cartilage, fonctionnement de l’ovaire) ; le sélénium (détoxification cellulaire) ; iode (composant des hormones thyroïdiennes) ; le cobalt (participe à la synthèse de la vitamine B12).

Trois vitamines ne sont pas synthétisées par la chèvre : A, D, E : il faut donc les apporter.

La chèvre recevra les minéraux et vitamines soit à l’auge, sous forme de semoulette, soit incorporés aux concentrés, soit par pierres à lécher.

L’alimentation de nos chèvres se compose :

· De l’herbe pâturée sur les différentes parcelles

· De ramilles, d’écorce, de fruits glanés sur leur parcours

· De foin, produit sur l’exploitation

· Occasionnellement de pain rassis

· D’un mélange d’aliments concentrés : sainfoin déshydraté, maïs, son de blé, tourteau de tournesol, graines de lin extrudées, drèches de distillerie de maïs, orge, tourteau de colza, auquel minéraux et vitamines sont ajoutés

· Pierres à sel.