Le modèle
« Le modèle a l’avantage sur le dessin d’ingénieur, souvent fort difficile à lire par un non-initié, d’être à trois dimensions. Il a l’avantage sur le film, la télévision et tous les moyens modernes audiovisuels, d’être tactile. Le non-initié peut faire fonctionner le mécanisme jusqu’à ce que la compréhension intervienne. Le modèle peut être compris par l’analphabète comme par le savant. »[1]
La maquette a été utilisée dans l’histoire de la transmission des connaissances techniques depuis l’Antiquité : Héron d’Alexandrie réalisa des modèles réduits de ses machines. Mais il s’agissait là d’automates plutôt destinés au divertissement[2].
Plus tard, le modèle remplit plusieurs fonctions : aboutissement du travail de conception, élément de persuasion (pour le commanditaire), et simulation.
« Il [L’instrument] sert à faire des expériences. Il reproduit le phénomène en petit et l’isole des facteurs parasites. Mais des expériences pour quoi faire ? La manipulation peut être un moyen d’investigation. Elle peut être aussi un moyen de démonstration et d’enseignement en illustrant une théorie par des exemples frappants.[3] »
C’est ici le travail lié à la simulation qui nous intéresse : réaliser en « petit » une expérience que l’on ne pourra pas réaliser en « grand », mais qui nous aidera à imaginer ce que ça pourrait être en « grand ». En termes plus scientifiques, c’est une initiation à l’extrapolation.
Aujourd’hui, on peut voir des « modèles », des maquettes de machines au Musée des Arts et Métiers à Paris, au Clos-Lucé, au Musée des Sciences de Florence (Paolo Galluzzi), et dans l’ouvrage de Fuat Sezgin, « Science et Technique de l’Islam ». Certaines de ces machines sont dites fonctionnelles : elles font ce qu’on leur demande de faire, à savoir agir et réagir comme prévu lors de la conception.
Un modèle pour la classe
Pour nous se posait la question du sensitif chez l’enfant : comment lui faire sentir ce qui se joue dans le mécanisme, comment lui faire réaliser avec ses propres sens l’avantage qu’il peut tirer de la machine. Le modèle réduit semblait pertinent pour des enfants dont la force musculaire n’est pas très grande.
Cette partie est présentée au chapitre Notre machine.
[1] Jean GIMPEL, in Le Moyen-Âge, pour quoi faire ? Stock, Paris, 1986.
[2] Bertrand GILLE, Les Mécaniciens grecs, Seuil,
[3] Robert HALLEUX : Le savoir de la main, Armand Colin, Paris, 2009