Le travail de l’enseignant, dans le cadre des préconisations de La Main à la Pâte, consiste à amener les enfants à s’interroger sur le monde qui les entoure et à proposer des réponses à certaines questions qu’ils peuvent se poser.
Ordinairement, nous travaillons autour de thèmes « classiques » qui forment les programmes de l’école primaire : l’eau, l’air, l’électricité,…
La démarche pédagogique proposée s’articule alors en plusieurs temps : découverte de la situation-problème, expression de la perception qu’en ont les enfants, proposition de leur part d’ébauches d’explications, expérimentation, comparaison, mesure, conclusion.
Pour nous, tous ces temps de la démarche pédagogique sont essentiels : néanmoins, le temps de l’échange et de la réflexion collective nous paraît être celui qui peut poser le plus de difficultés parce qu’il est celui qui est le plus sensible. Chacun de nous a pu éprouver le sentiment qu’il était facile, dans cette phase, d’influer sur l’opinion des élèves pour la faire aller là où nous le souhaitions.
C’est pourquoi nous avons privilégié des situations dans lesquelles, le plus possible, les enfants ne pourront trancher que par l’expérimentation. Cette démarche n’est pas neuve :
Extrait
La pression ou traction, la vitesse, la durée de l’action peuvent dans chaque cas avoir une infinité de valeurs relatives différentes ; mais toutes les combinaisons de ces valeurs ne sont pas également avantageuses : il en existe une entre elles, qui donne le plus grand produit possible, que l’on désigne sous le nom de maximum. La théorie, sans l’expérience, est insuffisante pour déterminer ce maximum, et l’expérience, dans ce cas et dans tous ceux qui concernent l’effort continu, ne peut être d’une utilité réelle, et ne peut donner de résultats positifs :
1. si elle ne s’exerce directement sur les machines mêmes ou sur les organes mécaniques dont on veut connaître l’effet ;
2. si elle n’est prolongée régulièrement pendant plusieurs journées entières de travail ;
3. si l’on y a employé successivement plusieurs individus de force analogue. ;
4. si enfin le travail n’a été surveillé consciencieusement avec toute l’attention et l’assiduité possibles. A ces quatre conditions il serait important d’en ajouter une cinquième, qui n’est pas cependant indispensable. Cette utile condition consisterait dans l’emploi de plusieurs machines de même espèce, sur chacune desquelles on renouvellerait les expériences.
Cette méthode expérimentale est sans doute longue et coûteuse, elle exige une persévérance peu commune, mais elle est la seule qui puisse contribuer avec efficacité au perfectionnement de cette branche si importante de la mécanique, qui, maintenant dépourvue de données positives, est dans un état d’imperfection qui réclame vivement les soins des savans (sic) qui ont pour but de rendre leurs travaux utiles à la société.[1]
Le travail qui suit est pluridisciplinaire : il y est question d’histoire, de géographie, de lecture et d’écriture, de technique, de sciences, de mathématiques,… bref chacun peut développer son projet dans les directions qu’il souhaite.
Mais ce qu’il importe de faire comprendre, c’est la continuité de la pensée technique dans l’histoire de l’humanité, et les modes de transmission de cette pensée.
Et pour permettre aux enfants d’effleurer cette histoire, nous avons mis au cœur du projet deux moyens de transmission utilisés depuis au moins deux millénaires : l’écrit et le modèle.
[1] J.A. Borgnis : Traité complet de mécanique appliquée aux arts, Paris, 1818.