HISTORIQUE 

DES SYSTEMES SHUI-DI / TUMAI-DI .... 

.... AUX STYLES DE KARATE

Entre l’extrême sud du Japon et l’Ile de Taïwan, au large de la Chine, se situe OKINAWA, endroit stratégique aux multiples iles, au nom de RYUKYU.

Depuis toujours les ports ont servi de plaque tournante aux commerces avec de nombreux pays d’Asie.

Cette partie du monde a connu  une histoire mouvementée, occupée successivement par les Chinois, puis  les japonais. Le commerce s'y est développé notamment avec la Chine, par des échanges culturels et spirituels.

De nombreux Okinawaiens sont partis étudier les différents Arts Martiaux en Chine, et après plusieurs années, en sont revenus pour les diffuser. Ces techniques étaient appelées To-Té (main de Chine)

 

-1-  ORIGINES DE SHUI-DI / TUMAI-DI

 

Le système administratif dans le gouvernement royal de Shuri (ère Ryukyu) :

La noblesse était scindée entre quatre localités importantes à l’époque : Shuri, Naha, Tomari et Kume.

Les relations entre les nobles de Shuri (château) et Tomari (port) étaient plus importantes, d'où se reflétaient des ressemblances au niveau des techniques. Il est à noter que Shuri et Tomari sont côte à côte.

En ce qui concerne ces systèmes, ces appellations désignent plusieurs écoles classifiées et dénommées selon leur région. (Shuri-te) et Tumai-di (Tomari-te) sont intimement liés.

Ce qui explique l'appellation générique « Systèmes  SHUI-DI / TUMAI-DI »

On peut dire que c'est l'une des caractéristiques des systèmes nommés SHUI-DI / TUMAI-DI

En 1409, le roi SHO HASHI qui unifia les iles, interdit la possession et l'usage des armes par crainte de révoltes populaires. En 1609 après l’invasion de l’archipel par le clan SATSUMA et par les samouraïs japonais, une résistance clandestine se développa, et les arts de combat se développèrent rapidement, les paysans, les pécheurs, les agriculteurs, l’ensemble des habitants s’entrainaient, dans le plus grand secret et la transmission des techniques se faisait de manière orale, par des récits des disciples, et d'histoires légendaires, il n'y avait guère de littérature documentée, très peu d’archives, et les experts les plus doués codifièrent leur enseignement.

Les techniques de combat à mains nues devinrent réputées et d'une efficacité meurtrière. D'où l'appellation de Okinawa-Té (Té signifiant main)

 

-2-  DES SYSTEMES..... AUX STYLES....


Les termes de SYSTEMES et KARATE sont des termes génériques, l'un rassemble les différents Systèmes d’Okinawa et l’autre rassemble l’ensemble des Styles : d’Okinawa et du Japon.

La fin du Royaume Ryukyu (1879) marque l'abolition des domaines féodaux, et l'établissement des Préfectures. C'est le début de l'Okinawa moderne.

Il existait différentes tendances, (Shuri, Naha Tomari) aux techniques si ressemblantes, qu’elles seront regroupées sous le nom de « SYSTEME ». Avec le temps on est passé du principe des SYSTEMES (SHUI-DI / TUMAI-DI), au principe des différents STYLES de KARATE, » ou « ECOLE » (RYU) que l’on connait aujourd’hui.

Le mot KARATE a été mentionné dans les années 1866.

 Les sources remontent pour le Shui-di à Matsumura Sokon et pour le Tumai-di  à  Matsumora Kosaku.

 

-3-  MATSUMURA SOKON, et MATSUMORA KOSAKU


Ces deux principaux personnages sont à l'origine des différents, « SYSTEMES », correspondant aux deux zones d’influences politiques et économiques.

 

MATSUMURA  SOKON, (1809-1899) pour le Shui-di (disciple de Sakugawa)

Il est à l’origine de plusieurs kata, dont : Naihanshi  (en référence à un grand Maitre Chinois)

Il excellait dans les Arts Martiaux, le Karaté, mais aussi dans l’Art du Sabre le KenJutsu

Ses principaux disciples :

Asato Anko (1828-1906*) (Funakoshi Gichin 1808-1957)

Itosu Anko (1831-1915) (Funakoshi Gichin 1808-1957) qui introduisit le Karaté dans les écoles, créa les Pinan (Kata éducatifs et pédagogiques) d'après 4 Kata anciens (Patsai, Chinto, Kushanku et Jiin) Il scinda le Kata "Naihanshi" en trois Kata évolutifs (shodan, nidan et sandan)

Kyan Chofu  (1843-(Père de Kyan Chotoku)

Chibana Chosho   (1847-1929)

Yoshimura Chogi (1866-1945)

 

MATSUMORA  KOSAKU (1829-1898) pour le Tumai-di, (disciple de Uku Karyu et de Teruya Kishin)  Il excellait dans les arts martiaux

Ses principaux disciples

Kinjo Kinin   (1856-1808)

Yamato Giki (1866-1946)

Kuba Koho (1870-1942)

Iha Kotatsu (1873-1928)

 

C’est avec MATSUMURA  SOKON, comme point d'origine, que l’on peut dire que ces principes forment une philosophie partagée dans les Systèmes SHUI-DI / TUMAI-DI transmis encore aujourd'hui, sous les différents Styles de Karaté d’Okinawa et des Styles de Karaté modernes Japonais.

Texte : " Sept vertus du Bu "

"Bu interdit la violence, maintient la discipline parmi les soldats, protège les gens, répand la vertu, rassure le population, aide à maintenir la paix entre les gens, et augmente la richesse.

Maxime janvier 1914: "Il n'y a pas de première attaque en karaté"

* dates  incertaines

-4-  PRATIQUES ET ENTRAINEMENTS


Les entrainements au Karaté d’Okinawa consistent à travailler au quotidien pour supporter les attaques adverses.

La pratique se faisait en respectant trois grandes lignes :

- La concentration momentanée de la Force.

- L’agilité dans l’exécution des Techniques.

- L’adaptation d’une Respiration naturelle, silencieuse, non sonore, (sans Ibuki)

 

 Cela par des méthodes de renforcement, et endurcissement de l’ensemble du corps :

- Le Makiwara (planche de frappe) endurcissement des mains et avants bras, pour être aussi durs que le sabre.

- Le Chishi (ustensile de renforcement, des poignets et bas du corps)

- Les Tetsu geta (Sabots de fer, pour le renforcement des jambes)

 

Autres caractéristiques des entrainements d’Okinawa, le renforcement des mains et des doigts car nombreuses sont les techniques Mains ouvertes, celles-ci devenaient des armes redoutables permettant de bloquer et d’attaquer. Les attaques se devaient être très efficaces, et pour cela, développer la rapidité et puissance pour atteindre les points vitaux, (yeux, gorge, tempe, cou)

 

-5- LES QUATRE GRANDS ASPECTS dans le KARATE (2)


Le KARATE est avant tout un Art Martial !

Il peut être vu et pratiqué sous différents aspects, (Ludique et Physique) (Individuel et Collectif) (Bien-Être / Santé et Sportif) (Historique et Culturel) 

Après avoir acquis les gestes et les mouvements et pour que ceux-ci deviennent des techniques, il est nécessaire d’avoir des entrainements  rigoureux et réguliers permettant au fil du temps la maitrise de son corps et le contrôle de son esprit, (gestion du doute et des émotions).

 

Aujourd’hui on peut recenser plusieurs aspects pour sa pratique et son étude :

a) -KIHON (techniques exécutées en répétition, fixes ou en déplacement, avec études des rythmes)

Les Kihon - Apprentissage des techniques de bases, avancées et supérieures.

- par répétition  de gestes, sur place ou en déplacement, qui deviendront des techniques à des rythmes plus ou moins soutenus.

- par enchainements : Successions de plusieurs techniques,  de bras ou de pieds, voire les deux ensemble, sur place ou en déplacement.

b)-KATA et KIHON-GATA (enchainements de mouvements codifiés, mémorisation, persévérance)

 KATA : Forme de corps.

Les Kata, parties essentielles des entrainements dans les Arts Martiaux en général et dans le Karaté en particulier.

Le Kata, c’est l’unité d’un esprit, d’un mental avec un corps, et cet ensemble sera relayé par une force et une énergie intérieure.

- Les Kata contiennent toutes les techniques crées ou recensées pas les Grands Maitres qui nous ont précédés.

- Les Kata ont trois fonctions :

- la conservation de la Culture et de l’Histoire.

- la transmission de Maitre à Elèves.

- l’évaluation des Pratiquants dans leurs progressions.

 

Les Kata portent souvent les noms des Créateurs, les noms des Villes, des endroits de création, ou ceux-ci ont été pratiqués afin de les identifier. Ils portent également le nom d’un phénomène naturel, (la lune, le soleil, une colline ou une montagne…)

Les Kata contiennent de nombreuses méthodes essentielles finement élaborées de défenses pour la survie et sont transmises au clan.

Les Kata servent, d’exercices physiques et mentaux, d’entrainements au quotidien en salle ou chez soi, afin de conditionner le pratiquant à  toutes éventualités.

Les Kata servent de bases de travail, de recherches, de techniques, d' enchainements permettant l’étude des Bunkai.

 

c) BUNKAI  : Explications et Applications d’un Kata.

- Analyser les techniques d’un Kata pour en comprendre le sens et l’essence

- Décomposer pour rendre le Kata à sa plus simple expression avec un ou de plusieurs partenaires.

 

d) -KUMITE (exercices en dynamique, libres et codifiés, et mise en situation, appréciation des espaces, travail des éventualités avec un ou plusieurs partenaires)

Les différents Kumité -

- Ippon-Kumité : Actions précises et contrôlées sur une technique d’assaut, au choix ou imposée.

- Nihon-Kumité : Actions précises et contrôlées sur deux techniques d’assaut au choix ou imposées.

- Sanbon-Kumité : Actions précises et contrôlées sur trois techniques d’assaut, au choix ou imposées.

- Ju-Kumité : Actions précises et contrôlées sur des techniques d’assaut, (libres et souples), au choix ou imposées.

- Kata-Kumité : Actions précises et contrôlées sur des techniques de Kata d’assaut, (libres et souples), au choix ou imposées.

- Kumité : Actions encadrées, précises et contrôlées sur des techniques d’assaut libres.


-6 - LES DEUX  GRANDS CONCEPTS dans le KARATE (3)


le TSUKI ou ZUKI (coup de poing) : TECHNIQUE d'ATTAQUE  et de DEFENSE :  

Le KAMAE (garde) :  DEPLACEMENTS et GARDES  

 

Le TSUKI : (est une attaque). Une technique de frappe, qui est destinée à détruire ou à mettre son adversaire hors d'état de nuire, c’est une action directe dans ses intentions, un Tsuki parfait dans l’absolu n’a pas de retour, les effets sont immédiats et irréversibles. Celui-ci peut se faire mains ouvertes, avec la même intensité, NUKITE

Le travail au quotidien permet d’en comprendre les différents paramètres :

La Situation, Le Corps, La Respiration, La Vitesse, Les Appuis, La Cible, Le Déplacement, Le Regard, ainsi que toutes les Phases de l’Esprit.

 

LE KAMAE : (est une Garde)  Prise de Garde, Attitude, en Japonais cela signifie se  « préparer », action de garder toute son attention à une situation donnée, en surveillant ou en protégeant.

Le Kamae peut être une forme naturelle, instinctive, innée.

Le Kamae est déjà un terme Martial, cette prise de garde, c’est un positionnement de l’esprit et du corps pour appréhender une situation dangereuse  ou pas, dans cet acte il y a quelque chose de naturel, un instinct de survie, et dans cette survie il y a des effets mécaniques d’une valeur  humaine.

Se mettre en Kamae est une étape importante et décisive dans les réactions de chacun.

 

-7-  DES SYSTEMES... AU STYLE  SHORINJI-RYU  D’AUJOURD’HUI (1)


Le Shorinji Ryu (Temple de la petite forêt) est issu  du Shorin ryu ( Shuri)

Grandes lignes :

1733-1815* : Sakugawa Kanga Tode (disciple de Takahara Slinun Ho pechin )

1809-1899* : Matsumura Sokon (Shui-di) (disciple de Sakugawa Tode)

Création de plusieurs Kata :

Chinto en référence à un marchand Chinois « ANNAN »,

Naihanshi (en référence à un Maitre Chinois « ASON »

et Gojushiho

1815 : Mort de Sakugawa Kanga Tode à l’âge de 82 ans.

1827-1905 : Oyadomari Kokan (Tumai-di) (disciple de Uku Karyu et Teruya Kishin ) (Passai)

1843 : Kyan Chobu (le père de Kyan Chotoku) date de décès inconnue, est un noble de Shuri. (Disciple de Matsumura Sokon)

1870-1945 : Kyan Chotoku (disciple de Matsumura Sokon et Oyadomari Kosaku ainsi que  de Kyan Chobu)

1895 : Kyan Chotoku rentre à Okinawa, et s’entraine à l’âge de 25 ans avec Matsumora Kosaku et Oyadomari Kokan

1922-2010 : Nakazato Joen (disciple de Kyan Chotoku)

1937 : Nakazato Joen étudie à l’âge de 15 ans avec Kyan Chotoku.

1955 : Nakazato Joen nomme son style « SHORINJI-RYU »

1954 : Oyakawa Hitoshi (disciple de Nakazato Joen depuis 1977) représentant d’OKINAWA KARATE-DO SHORINJI-RYU SHINKOKAI

1956 : Germon Dominique (élève de Oyakawa Hitoshi) représentant d'Okinawa Karate Do Shorinji Ryu Shinkokai France



Sources :

1.     Projet de recherches des styles de Karaté d'Okinawa Shui-di / Tumai-di - Préfecture d'Okinawa

2.     Karaté d'Okinawa Shorinji Ryu - Etude N°2  : Kata fondamentaux et Bunkai (DG)

3.     Karaté d'Okinawa Shorinji Ryu - Etude N°1 : Tsuki  / Etude N°3 : Kamae (DG)


Temple Shaolin érigé au 5ème siècle dans le province du Henan en Chine (détruit et reconstruit à plusieurs reprises) (source Wikipédia)