Le 30 octobre 1919, l'École de médecine et de pharmacie de Rouen organise une cérémonie funèbre pour ses 48 morts de la Grande Guerre, présidée par le cardinal Dubois. Une plaque provisoire est inaugurée.
Deux nouvelles plaques, financées par l'Ordre des médecins, sont installées en 2014 pour préserver la mémoire.
Ce monument est démonté en septembre 2024.
Le souvenir des victimes de la Première Guerre mondiale est au cœur d'une grande cérémonie funèbre qu'organise l'École de médecine et de pharmacie de Rouen. Au lendemain d'un conflit qui coûte la vie à plus de 1,3 million de Français, l'École décide de rendre hommage aux étudiants, anciens élèves, médecins et pharmaciens « Morts pour la France » (MPLF).
La commémoration a lieu le jeudi 30 octobre 1919 et se divise en deux moments de recueillement.
La journée débute à 10h30 par un service solennel dans la majestueuse cathédrale de Rouen. Une foule nombreuse, incluant des personnalités civiles, militaires et de nombreux membres du corps médical et pharmaceutique, se presse pour y assister. Le catafalque, orné de couronnes, est dressé au haut de la nef. Le cardinal Dubois, archevêque de Rouen, préside la cérémonie. Au cours de l'office, l'abbé Georges Tamigi prononce un discours poignant, citant les noms des 48 héros honorés. La lecture émouvante de leur correspondance, carnets de route et journaux intimes vient ensuite illustrer « la belle âme qui animait ces jeunes gens ».
L'assistance se retrouve ensuite au jardin Sainte-Marie, jouxtant l'École, pour le dévoilement d'une plaque gravée des noms des 48 victimes. Le Docteur Raoul Brunon, Directeur de l'École, débute la deuxième phase de la cérémonie par un discours émouvant. Il évoque le lourd tribut payé par le corps médical et associe le souvenir des élèves aux noms éternels des batailles : Guise, la Marne, Verdun, les Dardanelles. Il salue ces « vaillants élèves » comme des « héros auxquels nous devons la Vie et la Liberté ».
Adrien Vignal, un étudiant en médecine décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire, prend la parole au nom des élèves. Enfin, M. Lucien Valin, maire de Rouen, déplore ces pertes considérables et souligne l'indispensable reconnaissance de la Nation envers le corps médical. Il affirme que les « braves » sont « la fleur de notre jeunesse » et « l'espoir des maîtres ».
La plaque commémorative, initialement provisoire en raison de la pénurie de métaux, est installée dans un écrin architectural monumental dans le jardin Sainte-Marie (devenu le petit jardin Beauvoisine). Ce monument en briques incorpore la composition sculpturale originale du couronnement du portail de l'Hôtel de Pontcarré, une œuvre de 1717.
Pourtant, pendant longtemps, ce témoignage historique est négligé, les noms s'effacent sous l'effet du temps et sont masqués par la végétation.
Ce n'est qu'à partir de 2006 que le Conseil départemental de l'Ordre des médecins, sous l'impulsion du Dr Jean-Luc Maupas, intervient pour raviver ce souvenir. Une nouvelle tradition voit le jour : honorer ces disparus lors d'une cérémonie officielle chaque 11 novembre.
Pour assurer la pérennité du souvenir au sein de la faculté, deux nouvelles plaques sont financées par le Conseil départemental de l'Ordre et inaugurées le 30 octobre 2014. L'une reprend 46 des noms originaux, l'autre rend hommage au « dévouement manifesté » par les étudiants en médecine et pharmacie.
Plus récemment, en septembre 2024, le monument et la plaque de 1919 sont démontés dans le cadre d'un vaste projet de rénovation des musées rouennais. La question du devenir de la plaque d'origine, qui précise les dates et lieux de décès des victimes, est aujourd'hui posée. Cent cinq ans après la cérémonie initiale, il est du devoir des représentants du corps médical rouennais d'œuvrer à la « sauvegarde et à la restauration de ce témoignage historique ».
Pour en savoir plus :
La cérémonie de 1919 en mémoire des médecins morts pour la France par Karl Feltgen