Mon premier achat

Achat de ma première culotte imperméable :

Nous sommes au début juillet 1966, j'ai eu 13 ans en mai, mes résultats scolaires ne correspondent sans doute pas aux attentes de mes parents, je pensais pourtant avec plus de 12 de moyenne annuelle n’avoir pas si mal fait cette année là, ce qui était un exploit pour moi. Il est décidé que je passerai le premier mois de vacances seul avec mes grands parents maternels, chez qui nous habitons, occupant le dernier étage de leur grande maison, et que le fils, universitaire, d’amis voisins me donnerait, quatre demi journées par semaine, des cours particuliers de math et de français. Je suis très libre de mes mouvements, allant souvent jouer chez des copains, et la maison est grande et vide mis à part mes grands parents.

 Le besoin pressant de mettre des couches est de plus en plus présent.

 Je ne me souviens plus comment m’est venue l’idée d’acheter une culotte imperméable pour moi ni comment j’ai su que c’est dans la pharmacie de la ville que j’en trouverai. Sans doute en avais-je vu en vitrine en passant un jour devant, allant prendre le train pour le collège. Toujours est-il que par un chaud après midi de semaine je casse ma tirelire pleine de pièces de 5, 10, 20 et cinquante centimes représentant plus d’une année d’économies. Je reçois alors un franc par semaine soit un pouvoir d’achat de vingt carambars ou de dix mistral gagnants, voire d’une tablette de chocolat noir Suchard avec une demi baguette, mes repères économiques de l’époque, repères qui sont ce jour là sur le point d’évoluer.

L’argent avait tendance à brûler les poches de mon éternelle culotte de cuir et à ne pas y rester longtemps, c’est donc un miracle de pouvoir compter plus de quinze francs. Les poches lourdes de pièces j’enfourne mon vélo et me précipite vers la pharmacie de la gare.

Mes souvenirs de ces instants sont restés gravés dans ma mémoire comme un film au ralenti. J’étais plutôt timide et réservé avec une tendance à rougir facilement. Je  n’aurais pas détonné dans un champ de coquelicots quand, après avoir laissé passer plusieurs clients entrés après moi , « comme il est courtois ce gamin ! », je demande à la pharmacienne sans respirer et en récitant d’une traite ma tirade mainte fois répétée dans ma tête ces quinze dernières minutes:

« Jevoudraisuneculotteimperméablepourmonpetitfrère »

…………. !!!!!!! Silence interloqué, le temps, sans doute, que ce long mot soit disséqué et transformé en quelque chose de compréhensible.

« Quelle taille fait ton frère ?»

Quelle question piège qui aggrave encore l’intensité du rouge écarlate de ma figure.

« Heuuuu……il a douze ans »,

 « Tien je ne savais pas que tu avais un frère de douze ans, je pensais qu’il en avait cinq et en plus qu’il était maintenant propre!»

Quelle erreur monumentale j’ai fait en allant à la pharmacie souvent fréquentée par la famille !

« Humpffff…… heuuuuu……si si M’man m’a dit d’ acheter une culotte taille douze ans »

Je ne sais plus ou me mettre et ai l’impression, sans doute juste, d’être le centre de la curiosité de toute la clientèle et du personnel de cette vénérable institution de notre petite ville.

« Alors une taille de moins que toi ? »

« oui oui, m’enfin, non non presque comme moi »

Je m’enfonce encore plus, la main droite remuant nerveusement et bruyamment les pièces dans ma poche sans que je m’en rende compte.

« Bon » dit-elle en ouvrant un tiroir derrière elle. Celui-ci révèle un contenu qui est pour moi un trésor. Elle sort une culotte fermée en plastique blanc satiné,

« Celle-ci devrait lui aller à ton petit frère »

Elle l’ouvre et l’étend devant moi bien en vue de tous, mais je n’y fait plus attention, mes yeux sont fixés sur cette culotte, ma culotte, alors qu’un merveilleux parfum envoûtant de lanoline qui restera dès lors, pour moi, toute ma vie associé aux culottes imperméables et aux couches se répand dans la pièce.

« Ouuuuui, oui je pense » dis-je dans un semi état de transe.

Puis, tout d’un coup, paniqué, car jusqu’à maintenant pas un instant ne m’a effleuré l’esprit l’idée que ma fortune, qui me permettrait d’acheter trois cent carambars, pourrait ne pas être suffisante pour acheter une culotte.

« Concon…..bienj’vousdois ! »

« Douze francs trente cinq » mon bonhomme!

Ouf, je suis sauvé ! Et sans réfléchir je sors les poignées de pièces jaunes de mes poches et les pose brusquement sur le comptoir.

« Eh bien, elle veut se séparer de sa ferraille ta maman ! »

Maladroitement et sans dire un mot, mais toujours aussi rouge, je tente de commencer à compter les pièces.

« Laisse moi faire !»  « voilà, douze francs trente cinq, tu peux reprendre le reste »

Elle me tend ensuite le sachet en papier brun dans laquelle elle a glissé la culotte après l’avoir replié.

« Mmmmerci M’dam » et arrachant pratiquement le sac de ses mains je me rue vers l’extérieur tremblant littéralement à l’idée d’avoir maintenant ma culotte imperméable et impatient de vouloir la toucher et respirer ce merveilleux parfum.

Je n’ose cependant pas le faire dans la rue et, ayant mis le sachet dans une des sacoches de ma bicyclette je vais au Prisunic voisin pour acheter un rouleau d’ouate de cellulose pour couches de bébé. « Youppiii, deux francs cinquante, j’ai juste de quoi en acheter un » me dis-je en m’en emparant d’un.

Mais de retour à la maison, quelle déception, la culotte est trop petite pour moi. Tout à fait logique si j’y pense après ma démonstration clownesque à la pharmacie pour tenter de faire croire que c’étais pour un petit frère qui n’existe pas.

Je n’ai pas d’autre solution, si je veux pouvoir mettre ma couche, que d’y retourner la changer. Pas un instant je ne pense que si elle avait été pour mon petit frère ce n’est que le soir qu’on aurait pu se rendre compte que la culotte est trop petite. Moins d’une heure après m’être rué hors du magasin j’y suis de retour.

« Il y a quelque chose qui ne va pas ! » Ce n’est même pas une interrogation dans la bouche de la pharmacienne mais plutôt une affirmation.

« Elle est trop petite » dis-je en lui tendant le sachet avec la culotte.

« Je m’en serais douté , c’est cette taille qui t'ira ! » dit-elle en sortant une culotte deux tailles au dessus bien en vue de tous.

Toute la honte de la situation m’envahit et je tourne de nouveau couleur rouge coquelicot, mais j’ai enfin ma culotte imperméable qui va m’aller.

« Memermerci beaucoup » dis-je en sortant pratiquement en courant.

Mon cœur bat très fort, j’ai ma culotte, elle me va, c’est pour moi, pour mettre une couche.

J’ai du battre tous les records de vitesse et d’imprudence pour parcourir le kilomètre qui me sépare de la maison et me voilà dans ma chambre avec ma sacoche de vélo à la main pour que ma grand mère ne voit pas ce que j’ai acheté.

Après être allé fouiller dans l’armoire aux chiffons pour un carré de vieux drap assez grand et dans le tiroir à couture pour y prendre des épingles à nourrices je prépare fébrilement « ma » première couche à moi en coupant deux épaisseurs de ouate.

Tout nu je m’allonge sur cette couche qui m’attend et me lange, m’y reprenant encore à plusieurs fois pour attacher les épingles, et enfin je glisse mes jambes dans « ma belle culotte de bébé qui sent si bon ».

Mes mains caressent ce plastique tout neuf et si doux qui entoure mon bas ventre et qui crisse, quelle sensation merveilleuse, quels confort et sécurité.

J’entends soudain ma Grand Mère qui m’appelle :

« ouh ou mon chéri, tu es là ? C’est l’heure du goûter »

« Oui Grand Mère, j’arrive »

Ma culotte de cuir est un peu juste et fait beaucoup ressortir les épaisseurs de ma couche, mais j'enfile rapidement ma culotte courte scoute en velours côtelé marine achetée en septembre dernier, pour mon passage de la meute à la troupe, elle est très large car prévue pour que je puisse la porter au moins quatre années ce qui rend beaucoup moins visible le fait que je suis langé.

C'est cette première journée, encore gravée dans ma mémoire si longtemps après, qui m’a permis de retrouver ces couches qui me manquaient depuis si longtemps et se termine ainsi et passablement trempée. Je me change avant d’aller au lit et je passe ma première nuit de bébé depuis plus de onze ans. Au matin suivant j'expérimente un premier caca dans ma couche déjà bien mouillée,  autre découverte qui génère de nouvelles sensations de plaisir entre mes petites fesses, expérience très souvent renouvelées depuis.Je me rends compte rapidement, à l'occasion de mes expériences suivantes en couches, que je n'aime pas que celles-ci fuient, mon lit ou mes vêtements doivent rester propre et sec, je suis un petit garçon "propre".