Oral spontané, oral scriptural et écrit oralisé sont les trois formes de réalisation des interactions verbales. A chacune ses conditions de production propres, à chacune donc ses caractéristiques propres.
1. L’oral spontané
C’est le mode de réalisation de l’oral le plus naturel, celui qui se développe de façon privilégiée dans les interactions de la sphère privée. Il est marqué par des traits spécifiques, qui en font un mode de réalisation de la langue très différent de l’écrit. L’étude de ces traits spécifiques à l’oral spontané, leur présence, de manière plus ou moins perceptible, même dans les oraux scripturaux, devrait être menée avec rigueur parce que cette connaissance explicite est la seule garante de l’attention que pourront porter les élèves à la présence, dans leurs réalisations orales, de ces traits. C’est à partir de cette prise de conscience qu’il sera possible de les amener à développer des compétences caractéristiques de la maîtrise d’un oral plus formel. Ces traits, les plus caractéristiques de l’oral spontané, ne doivent pas être disqualifiés, perçus comme « somme d’écarts et d’incohérences » et jugés comme des « fautes ». Au contraire, on estime qu’ils dessinent une « grammaire » propre à ce mode de réalisation de la langue.
2. L’oral scriptural
Qu’on l’appelle oral formel, oral institutionnel ou oral scriptural ( cette dernière dénomination semble la plus appropriée ), il existe une forme d’oral qui a sa place entre l’oral spontané et l’écrit oralisé. Ce mode de réalisation est celui d’une production langagière très largement privilégiée par l’école, dans la pratique de l’exposé notamment ; la plupart des pratiques « institutionnelles » de l’interaction orale, lors d’une prise de parole en public, lors de réunions, de débats publics par exemple, privilégient également cette forme d’oral. L’oral scriptural présente de nombreuses analogies avec l’écrit. Ses conditions de production, les modalités de sa planification le distinguent nettement de l’oral spontané. Ses caractéristiques lexicales et syntaxiques sont plus ou moins calquées sur celles de structures écrites parce que le locuteur focalise son attention sur le lexique qu’il emploie et qu’il s’attache à produire des « phrases » très proches de celles de l’écrit. L’oral scriptural est donc un parler « contrôlé », qui s’élabore dans un registre cultivé ou académique, et dont l’école, souvent, privilégie la pratique. [...] En fonction des contraintes de la situation, du lieu et de la nature de l’interlocution, de la qualité des interlocuteurs, les caractéristiques formelles et structurelles de l’oral scriptural varieront, comme sur une échelle graduée, tout en conservant cependant, même s’il s’approche au plus près de l’écrit, des traces plus ou moins perceptibles de l’oral spontané. "Pour favoriser la réussite scolaire des élèves habituellement exclus du système éducatif, il importe de travailler avec eux la diversité des oraux, en les mettant en position de pratiquer à l’école à la fois l’oral pratique conversationnel qui leur est familier et l’oral scriptural privilégié par l’école" Bernard LAHIRE
3. L’écrit oralisé
Il s’agit toujours d’un texte écrit « mis en voix », qu’il soit lu ou restitué après mémorisation. Les activités de lecture et de récitation seront donc, à l’école, celles qui privilégient ce mode de réalisation orale ; les compétences liées à la maîtrise de la voix en relation avec la production de sens seront au cœur des apprentissages à réaliser.