La subjectivité et le jugement professionnel

«Un acte professionnel ne peut revêtir un caractère de totale objectivité» - Lafortune, 2008

Le mirage de l'objectivité en évaluation

Il faut bien se rendre à l'évidence: Une objectivité totale est impossible lors de l'exercice du jugement professionnel. Gérard (2002) le mentionne bien en affirmant que « l’objectivité de l’évaluation est impossible, parce que la subjectivité est inévitablement présente dans tout processus d’évaluation, […] de plus, cette subjectivité est nécessaire pour que l’on puisse vraiment parler d’un processus d’évaluation ».

C'est donc dire qu'au-delà des chiffres, des notes, le professionnel exerce un jugement sur quelque chose de moins tangible, quelque chose qui s'inscrit dans la durée, dans des observations effectuées, une progression remarquée, des conversations marquantes et des productions laissées par l'élève.

Évidemment, on peut réduire cette subjectivité en appliquant certains critères énoncés précédemment (voir la section "Comment l'exercer ?").

CHAUMONT Marilyne et Julie Lyne LEROUX. LE JUGEMENT ÉVALUATIF. Pédagogie collégiale 2018 ,vol 31

Les biais du jugement professionnel

Comme exercer son jugement professionnel nécessite d'interpréter de multiples données, il devient difficile pour l'enseignant d'être totalement objectif. De plus, son interprétation des données recueillies est influencée par les caractéristiques de sa personnalité, son expérience personnelle de scolarisation, sa formation, etc. C'est pourquoi certains biais peuvent faire leur apparition lorsque vient le temps de porter son jugement professionnel.

De plus, la subjectivité dans l'exercice du jugement professionnel peut s'expliquer par le système de croyances et de valeurs de l'enseignant. Ce système se traduit par des biais cognitifs qui peuvent affecter le jugement. En voici des exemples :

Quelques biais cognitifs lors de l'évaluation des apprentissages

Ces biais cognitifs peuvent être contournés. Lafortune et Allal (2008) proposent différentes avenues en ce sens:

• Travailler en équipe d'enseignants et se concerter pour construire des outils d’évaluation.

• Expliciter aux élèves le contenu ainsi que les modalités des évaluations.

• Recueillir des informations sur la progression des apprentissages de chacun des élèves afin de porter un jugement plus éclairé.

• Enrichir les interprétations au sujet des apprentissages en sollicitant les avis d’autres professionnels (par exemple, un conseiller pédagogique).


Tiré de CHAUMONT Marilyne et Julie Lyne LEROUX. LE JUGEMENT ÉVALUATIF. Pédagogie collégiale 2018 ,vol 3

Et à distance ?

L'intégration des technologies dans l'évaluation à distance est la base d'interférences multiples. En voici quelques-unes:

  • Fatigue visuelle

  • Sentiment de solitude

  • Distraction

  • Surcharge cognitive

Pour aller plus loin