Andrea Mondani: Nous sommes aujourd'hui le 17 mars, fête de Saint Patrice, saint patron de l'Irlande, nous savons que vous allez participer à une célébration dédiée au saint aujourd'hui à Bobbio, quel lien historique a-t-il avec Bobbio et avec l'Irlande et quel rôle peut-il jouer aujourd'hui encore pour l'image de Bobbio dans le futur ?
Don Aldo Maggi: Aujourd'hui c'est la Saint-Patrice et la Saint-Patrice, le 17 mars, c’est le jour de la mort du saint patron irlandais. Nous organisons normalement une conférence qui inaugure le début de l’année de notre ‘Association des amis de Saint Colomban’ , qui fait 150 associés environ. Nous commençons notre année d’activité ce jour-là, en se souvenant de Patrice. C'était un jeune homme de Grande-Bretagne qui a été séquestré et emmené en Irlande, y reste pendant 6 ans. Ce sont ces enlèvements pour ensuite avoir des rançons et ce jeune chrétien est enlevé et emmené en Irlande où il vit pendant 6 ans, puis il parvient à se libérer. Mais entre-temps la vocation à la vie religieuse mûrit chez lui et il devient prêtre, puis il devient évêque et on lui demande de retourner en Irlande où il avait été prisonnier et là il commence un travail d’ évangélisation, c'est-à-dire une proclamation de l'Evangile, c’est donc le premier grand évangélisateur de l'Irlande. Puis il y a un certain Saint Colombe, qui n'est pas notre Saint Colomban, à l'époque il y a une femme Brigide, Sainte Brigide. Il y a même une église dédiée à Sainte Brigide à Plaisance. Patrice évangélise l’Irlande d'où part Saint Colomban. Ce dernier est né en 1543, il vit 50 ans en Irlande dans un monastère, notamment au monastère de Bangor, et demande alors à avoir cette expérience d'errances. Il y avait des moines qui entraient dans un monastère et y mouraient normalement, c'est-à-dire qu'en y restant ils ne bougeaient pas, ils faisaient un vœu appelé de stabilité. Les moines irlandais ont cette prérogative qu'ils peuvent demander de devenir pèlerins, c'est-à-dire devenir itinérants, évidemment ils deviennent pèlerins pour proclamer l'Évangile où qu'ils se trouvent. Colomban, avec d'autres compagnons, demande à devenir pèlerin en 1590, après sa formation, il demande à faire cette expérience d'errance et s'en va. Donc pour revenir à la question, Saint Patrice, on pourrait dire que c’est le premier grand évangélisateur de cette terre. Saint Patrice, bien qu'évêque, donne naissance à des monastères car ils seront alors les points focaux en Irlande autour desquels il y a des clans, voire des villages de personnes qui se réfèrent aux monastères. Aujourd'hui nous allons faire précisément une intervention sur la figure de Saint Patrice, avec le directeur des archives,je fais quelque chose à propos d'un antiphonaire, appelé l'antiphonaire de Bangor, qui est un ancien manuscrit qui vient de la bibliothèque Ambrosienne de Milan, nous devrions ouvrir un chapitre parce que les manuscrits de Bobbio, au début du Moyen ge, étaient plus de 700 et qu'ils n'étaient pas seulement sur des sujets religieux, je commente un manuscrit religieux là-bas, mais il y avait des œuvres de l'antiquité classique, par Cicéron, par Plaute, par Sénèque, puis il y avait des travaux juridiques, donc c'était vraiment un centre important, Bobbio, au début du Moyen ge. Donc, aujourd'hui je commente cet antiphonaire de Bangor qui est un texte irlandais écrit en 680 et arrivé à Bobbio, puis de Bobbio parti à la bibliothèque Ambrosienne de Milan, c'est-à-dire de Saint Ambrose.
A.M.: En tant qu’ancien directeur du bureau liturgique du diocèse de Piacenza et Bobbio, que pouvez-vous nous dire sur l'attrait de Bobbio dans le domaine du tourisme religieux et dévotionnel par rapport aux pèlerins dévoués à Saint Colomban?
Don A.M.: Alors je ne suis plus directeur de l' office liturgique. Depuis quelques mois un jeune a pris la relève, je l’ai été pendant de nombreuses années, mais c'était trop long et je n'en pouvais plus. Mais à part ça la question c'est ce qu'on peut faire ou ce qui a été fait. Je vais commenter ensuite par rapport à ce que nous avons fait dans ces années d'écriture. Evidemment, je parle de mon point de vue qui est clairement religieux. Maintenant à Bobbio les gens arrivent, je dis, du monde, pour dire, certainement, de l'Irlande, d'où il est parti, mais Colomban a passé vingt ans en France, où il a fondé trois monastères: Luxeuil, Annegray, Fontaine. Il a été renvoyé, puis il est revenu et il était près du Lac de Constance à la frontière entre la Suisse, l'Autriche et l'Allemagne. Là-bas il a fondé un autre monastère, Bregenz, puis il est passé par la Suisse, il y a laissé un moine qui s'appelle Saint Gall qui a fondé un monastère et enfin, il est arrivé en Italie. Il a évidemment traversé 6 ou 7 pays.
Puis, en tant que fondateur de monastères et évangélisateur, il est évident qu'il a touché ces pays, ces nations. Alors quelle est la réponse? Il y a eu un réveil - disons - ces dernières années vraiment à propos de la figure de Colomban et on a aussi voulu le proposer, alors ça n'a pas été le cas, comme saint patron de l'Europe car en fait, par rapport aux autres, il a aussi traversé physiquement l'Europe de l'Ouest de l'époque: il a tout touché, depuis l'Irlande, il s'est arrêté en Angleterre, il est passé en France, puis il est revenu en Irlande, après il est allé à Paris et est revenu en France et a visité ces pays dont je vous ai parlé. Alors évidemment les gens qui viennent à Bobbio, beaucoup d’entre eux viennent pour le tourisme, évidemment, mais vous avez dit religieux, et il y a en a beaucoup qui viennent pour des raisons qui ne sont pas strictement religieuses, mais beaucoup viennent aussi pour des raisons religieuses. Alors que pouvons-nous offrir et que devons-nous offrir? Par exemple, je sais qu'au fil des ans, certains d'entre vous sont venus jouer le rôle de guide à certains moments, par exemple, il y a quelques jours, rappelez-vous, vous étiez déjà ici ou même dans le musée de la Cathédrale que nous avons fait il y a 10 ans, en 2014. Et voilà une manière de faire vivre le territoire dans lequel nous vivons et d'encourager ce tourisme religieux, c'est-à-dire un lieu où arrivent des personnes d'horizons différents, mais aussi religieux, à qui il faut offrir non seulement l'hospitalité de la réceptivité - qui pose problème - mais peut-être même une possibilité de revoir ces lieux, d'apprécier l'art et aussi de voir ce qu'il y a au-delà du monastère de Saint Colomban à Bobbio. Vous pensez, par exemple, qu'il y a un couvent de Saint François qui a été abandonné depuis, ce qui veut dire qu'il y avait des moines franciscains, il y a un endroit qui est maintenant une oenothèque, qui est une église consacrée à Saint Nicolas, il y avait les Augustiniens près de la ville, il y a un couvent de Sainte Claire là où aujourd’hui on trouve une amphithéatre, il y avait les soeurs Clarisses… Donc, dans un si petit endroit, il y avainte de si nombreusescongrégations religieuses et le siège d’un diocèse qui existe depuis mille ans, alors il est clair que les gens viennent ici pour pour voir le pont, et autres, mais certains viennent aussi pour les églises qui sont toujours le témoignage d'un passé glorieux de Bobbio. Elles contiennent des richesses artistiques, que parfois nous, qui vivons à Bobbio, on ne connaît pas, mais que les touristes viennent de loin pour visiter. [...] Pour en finir avec cette question, d'un point de vue religieux nous essayons aussi de proposer des moments culturels, des conférences, d'un point de vue aussi bien religieux que spirituel. Pour ce qui concerne l'accueil de ceux qui viennent à Bobbio avec des motivations spirituelles et religieuses, eh bien, le Diocèse joue un rôle de soutien et d'initiative sur le sujet, pensons au chemin de Saint Colomban le long du ‘Chemin des Abbés’, ou à la fête du Saint Patron de Bobbio le 23 novembre, donc le 23 novembre on fait toujours de belles choses, on accueille des personnalités religieuses, évidemment, une fois, en 2014, on a eu l’honneur d’avoir ici le Secrétaire d'état du Vatican, qui s'appelait M. Parolin, le Cardinal de Milan en 2015, ou autres. Donc nous nous occupons des célébrations du 23 novembre, et des pèlerinages. De plus, le Chemin des Abbés a été découvert par un certain Magistretti, qui habitait ici à Bobbio. Cette voie, qui relie Pavie à Pontremoli, en passant par ici, puis en allant jusqu'à Borgotaro, était la voie alternative à la Via Francigena, elle partait de Pavie peut-être et elle était empruntée pas seulement par des abbés, mais par tout le monde car à Pavie il y avait le quartier général des Lombards. Colomban reçoit des Lombards de Pavie et de Milan le territoire de Bobbio, ici il fonde le monastère, donc il y avait une connexion. Pour aller à Rome ils faisaient parfois ce tronçon de route qui se connecte ensuite à la Francigena. Ces dernières années, cela a été redécouvert, vous avez mentionné le Chemin de Saint Colomban, qui part du côté suisse d'où Colomban est descendu et arrive ici également, en passant par Milan Depuis plusieurs années il y a un mouvement qui va à la redécouverte de ces chemins de pèlerinage qui sont vraiment en vogue aujourd'hui [...]
A.M.: Vous êtes ici aujourd'hui aussi en tant que directeur de l'hebdomadaire ‘La Trebbia’. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit et comment est né ce moyen de communication? Alors il est né en 1903. Voila c'est le témoignage de cette première page du 9 juillet 1903, quand commençait cette petite publication. Le diocèse de Bobbio était géographiquement étendu mais il était petit et pauvre en habitants. On trouve un hebdomadaire catholique dans les grands diocèses pour garder les liens entre les habitants d'un point de vue religieux. La Trebbia est donc né avec une intention religieuse de garder les liens afin que les gens qui vivent dans les montagnes puissent vivre en communion. [...] Le diocèse a donc une configuration géographique folle, très hétérogène et celui-ci essayait de garder les liens cependant c'était aussi le seul outil pour connaître certaines nouvelles. Pensez, en 1903 et jusqu'en 50 60 il n'y avait aucun autre moyen de communication.
à suivre…