Sefora Susino: Bonjour Jessica Lavelli, fondatrice et présidente de Cooltour, coopérative culturelle basée à Bobbio et active sur tout le territoire provincial de Piacenza, mais pas que. Bienvenue à l’Istituto Tecnico Commerciale San Colombano de Bobbio, je suis Sefora Susino et, avec mes camarades Edoardo Levonja et Alessio Cirignotta, nous aimerions vous poser quelques questions au nom de la classe 4^ AFM de l’I.T.C. S. COLOMBANO, avec laquelle nous menons un projet sur le thème du marketing territorial, intitulé 'Un plongeon dans la Trebbia. La promotion touristique du territoire de Bobbio et de la Haute vallée de la Trebbia à destination des touristes francophones'.
Edoardo Levonja: Vous êtes ici aujourd’hui pour représenter Cooltour, pourriez-vous d’abord nous expliquer ce que vous faites?
Jessica Lavelli: Certainement, merci pour votre invitation. Cooltour est une coopérative culturelle, comme on le peut facilement comprendre à partir du jeu de mots contenu dans son nom. Nous sommes nés en 2006 pour promouvoir le territoire, principalement celui de Bobbio, où nous sommes nés pour faire connaitre d'un point de vue historique et artistique le village médiéval. Ensuite, notre aventure a commencé et avec le temps, nous nous sommes étendus sur tout le territoire de la province de Plaisance et même hors province. Nous nous occupons précisément de la promotion et de la valorisation culturelle, à bien des égards: la gestion des musées, la gestion des offices de tourisme, nous organisons des itinéraires culturels, nous nous occupons de la didactique, on s’adresse à toutes les écoles de tous les niveaux et nous nous occupons aussi d’organisation d’événements, donc je dirais une promotion du territoire à 360º et j’ajoute, nous gérons aussi le centre d’éducation environnementale du Val Trebbia, donc nous nous occupons aussi de ce secteur. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus sensibles aux thèmes de l’agenda 2030 et donc nous nous adressons aussi aux écoles avec des parcours sur ces thèmes.
Alessio Cirignotta: Puisque nous sommes une école de commerce, comment fonctionne une coopérative et pourquoi choisir cette forme organisationnelle? Combien d’associés et de collaborateurs Cooltour compte-t-elle aujourd’hui?
Jessica Lavelli: Ok, aujourd’hui on est 10 partenaires, les associés fondateurs étaient trois, donc déjà on peut voir comment au fil du temps l’équipe sociale a augmenté. Pourquoi avons-nous choisi la coopérative? Nous avons choisi la coopérative pour avoir à l’intérieur une véritable équipe, c’est-à-dire un groupe, qui soit soudé et disons cohésif, de tous les points de vue, donc aussi bien de la conception de toutes les activités que de leur réalisation. La société nous semblait un peu plus stérile que la coopérative, parce que la coopérative exige de toute façon une présence intellectuelle directe de la part de tous les associés, c’est-à-dire les associés, ils travaillent pour eux-mêmes et mettent donc tout ce qu’ils peuvent donner, c qui n’est pas le cas dans une 'srl', parce qu’il y a l’employeur, le patron qui donne les ordres et les tâches à tous les employés, donc ça a été un choix, lié au mode de travail.
Sefora Susino: Sur votre site, comme vous l’avez déjà rappelé, nous lisons que vous êtes actifs dans différents secteurs liés à la culture : valorisation, éducation, tourisme. Si vous deviez résumer votre travail en une devise, laquelle serait-elle?
Jessica Lavelli: Donc, notre devise est 'Nous vous accompagnons à travers la beauté': notre idée est de conduire tous les touristes, les visiteurs, les étudiants, les jeunes, tous ceux qui entrent de toute façon en contact avec nous, à découvrir le beau, le beau qui est derrière tout; qui peut être à la fois un patrimoine culturel avec des monuments, des œuvres artistiques mais aussi un patrimoine naturel, ici dans la vallée, vous savez bien qu’il y a une grande richesse environnementale et naturaliste aussi. Donc, le plus beau ici aussi à 360°. Parce que nous croyons fermement que l’éducation, l’enseignement et la présentation de la beauté ont une forte valeur sociale, de sorte qu’elles peuvent réellement changer les esprits et les faire raisonner de manière plus active et créative.
Edoardo Levonja: Quels sont donc les services offerts par Cooltour et quels sont les différentes compétences professionnelles que vous intégrez?
Jessica Lavelli: Les services sont nombreux, comme je vous l’ai dit au début et aussi les compétences. Notre équipe sociale est composée d’architectes, de conservateurs, nous avons donc plusieurs associés diplômés en conservation des biens culturels, guides touristiques, guides environnementaux, historiens de l’art et même des restaurateurs, car dernièrement, depuis 2018, nous avons également activé une branche, qui s’occupe précisément de restauration, de restauration d’œuvres d’art. Comme vous le voyez, ce sont toutes des compétences assez humanistes - nous n’avons aucune compétence scientifique -, mais diverses.
Alessio Cirignotta: Votre activité commence à Bobbio, dans un lieu symbole du village de la Vallée de la Trebbia : le cloître du monastère de Saint Colomban. Quels sont les points forts de l’attractivité touristique de notre territoire?
Jessica Lavelli: Les points forts sont multiples, je commencerais par l’histoire, parce que c'est de là même que Cooltour est née, pensez que lorsque nous nous sommes constitués en 2006, Bobbio était peu connu, il y avait très peu de touristes, les seuls touristes que l’on voyait dans la vallée à l’époque étaient les amateurs de la rivière. Maintenant, les choses ont beaucoup changé, je ne dis pas que ce soit grâce à nous, absolument pas, je n’ai pas cette velléité, beaucoup a fait aussi la récomponse en tant que Borgo dei Borghi 2019, mais certainement notre action, menée surtout envers les écoles, pas seulement locales, parce que nous nous sommes adressés avec nos laboratoires aux écoles de tout le Nord Italie, en fait chaque année viennent des écoles de tout le Nord. La connaissance du village s’est considérablement répandue, surtout du point de vue historique. Donc, nous sommes partis de là, de l’histoire de Saint Colomban, de la fondation du Monastère, aussi parce que le Monastère de Bobbio, dans la période du Haut Moyen Âge, fut l’un des centres de culture les plus importants d’Europe et donc jusqu’alors, des informations que seuls connaissaient les initiés, car à l’Université San Colombano on étudie Saint Colomban et son Scriptorium, mais disons que les gens ordinaires ne le connaissent pas, ce qui est l’histoire de ce lieu de grand intérêt, parce que je vous assure que tous les touristes qui arrivent à Bobbio sont enchantés, aussi bien par la visite du monastère que par l’histoire de son fondateur. Je dirais certainement, la partie historique, puis aussi la nature, ce qui est évident, la richesse naturaliste du territoire, la beauté du fleuve, de ses méandres, entre autres l’un des rares fleuves encore baignables, avec cette formation particulière et donc ces deux aspects : l’aspect historique et l’aspect naturaliste sont les points forts.
Sefora Susino: En plus de Bobbio, Cooltour pousse son regard aussi vers la province de Plaisance et au-delà. Comment intervenez-vous, même en tant qu’organisme privé, pour promouvoir le territoire de Bobbio et de l’a Haute Vallée de la Trebbia et la province de Piacenza?
Jessica Lavelli: Alors, comment faisons-nous la promotion? Alors, je dirais, l’utilisation des réseaux sociaux est très forte, je dois dire que depuis que nous avons justement un agent de communication qui s’occupe de la gestion des réseaux sociaux et de la mise à jour continue du site, nous avons vu une nette différence des résultats. Nous avons donc compris que les réseaux sociaux sont importants, que la communication arrive et qu’il y a une personne dédiée à la communication externe, donc, qui informe tous les médias de l’initiative qui est faite, les médias locaux et même nationaux, quand les initiatives sont plus importantes. Puis, en ce qui concerne les écoles, nous utilisons encore le papier, parce que nous avons vu que les enseignants sont encore assez attachés à la brochure, donc chaque année nous envoyons à 5000 écoles les brochures de Bobbio et Piacenza et les activités que nous effectuons et nous le faisons avec une mailing-list, nous avons cette mailing-list très riche, de différents contacts que nous nous sommes construits au fil des années et nous utilisons également celle-ci pour communiquer toutes nos activités.
Edoardo Levonja: Comme vous l'avez mentionné, parmi les services gérés par Cooltour, il y a celui du IAT de Bobbio. À partir des données de l’Office de Tourisme, est-il possible de dresser le portrait-robot du touriste type qui arrive dans le Val Trebbia? Quelles expériences sont les plus recherchées?
Jessica Lavelli: Alors, juste un portrait du touriste typique, il n’est pas possible de le tracer, dans le sens où ils sont variés. On va des jeunes couples qui viennent principalement pour la rivière, mais ensuite font aussi une promenade dans le village. Il y a des familles qui viennent et peuvent rester pendant quelques jours, qui viennent et sont intéressés à la fois la partie culturelle et la partie naturelle, donc ils passent aussi les jours à faire de la randonnée ou sur la rivière. Je dois dire que les familles se déplacent de plus en plus avec le camping-car, depuis l’ouverture de la zone de camping-car ici à Bobbio, il y a eu une forte augmentation de ce type de tourisme. Les sentiers de randonnée sont également de plus en plus demandés, le touriste est vraiment passionné de marche et puis il y a toujours, il y a toujours eu, le tourisme des groupes de seniors, qui viennent juste pour l’histoire, pour faire le tour du bourg et peut-être acheter les produits typiques du lieu. Donc, ce n’est pas possible du tout, un touriste type n’est pas là. Je peux vous dire cela cependant, que le type de tourisme a un peu changé après le COVID, il y a eu un changement là-bas parce que par exemple, les touristes viennent en semaine maintenant, ceux qui veulent visiter la ville, mais qui ne veulent peut-être pas trouver le chaos, ce chaos qui peut-être existe le week-end, alors ils viennent le lundi et le mardi, des jours que nous appelons "morts", pour visiter le village.
Alessio Cirignotta: Pour essayer de se faire une idée chiffrée, disposez-vous de données sur le nombre de touristes arrivés à Bobbio en 2022 ?
Jessica Lavelli: Je n'ai malheureusement pas cela, dans le sens où un registre de tous ceux qui accèdent et s'informent est tenu à l'IAT (Office du Tourisme) mais nous n'avons pas de données à jour et surtout ils ne sont en fait qu'une petite partie de tous ceux qui arrivent, en arrivant dans la vallée à Bobbio, parce que pas tout le monde ne se tourne vers l'office du tourisme et je ne peux pas vous donner de chiffres précis.
Sefora Susino: En se concentrant sur l'avenir, pensez-vous qu'il pourrait y avoir une amélioration supplémentaire ? Si oui, lié à quels sous-secteurs du tourisme ou mettant en œuvre quelles stratégies ou améliorations ?
Jessica Lavelli: Alors certes une amélioration est toujours possible, une action qui à mon avis devrait être faite est d'encourager deux types de tourisme, celui des jours ouvrés, qui n'est donc évidemment lié qu'à certains secteurs(écoles, seniors, ...), car le problème de Bobbio comme de tous les lieux touristiques est qu'il y a surpopulation le week-end, le samedi et le dimanche et puis pour le reste de la semaine personne ne vient, ou très peu de touristes viennent de manière sporadique.
Alors pour encourager les activités des attractions mais aussi une communication à destination de ces groupes scolaires et des personnes âgées, je pense aussi à l'université du troisième âge. L'autre chose qui à mon avis devrait être encouragée est de rester plusieurs jours, avec la création de formules et forfaits qui peuvent amener le touriste à rester plusieurs jours dans la région: une proposition culturelle, une proposition d'excursion, tout en se déplaçant dans la vallée, une chose à Travo, une chose dans le Val Boreca. Bref , créer des paquets qui permettent au tourisme de rester plusieurs jours et donc aussi pendant la semaine pour couvrir ce vide en milieu de semaine.
Edoardo Levonja: Quels sont vos projets en cours en matière de services touristiques culturels ? Par exemple, visites et visites guidées, événements, etc.?
Jessica Lavelli: Nous avons un format qu'on a consolidé au fil des années, donc nous organisons des visites guidées de la ville et du monastère généralement sur une base mensuelle pour découvrir Bobbio, pour découvrir le monastère, le tour 'Bobbio mystérieux'. Ensuite nous avons des angles différents, mais ça c'est un service que nous offrons chaque année. Nous proposons également des événements culturels en été à l'intérieur des musées, à l'intérieur du monastère toujours pour promouvoir les deux choses et puis toujours notre proposition d'enseignement se poursuit avec divers ateliers liés à la fois à l'histoire de Bobbio. Notre fleuron est 'L'abc dell'amanuense' (= le béaba du scribe), dans lequel nous conduisons les garçons à essayer l'expérience des moines copistes, c'est un laboratoire qui est très populaire et qui amène chaque année 2000/2500 garçons et filles du Nord de l'Italie à Bobbio, et nous poursuivons notre gestion des musées avec aussi des propositions de visites spécifiques, liées par exemple à des auteurs particuliers de la collection Mazzolini, nous faisons des visites spécifiques sur les courants artistiques ou sur certains thèmes et c’est un des projets que nous avons en chantier et que nous reproposons annuellement parce qu’ils fonctionnent de toute façon.
Alessio Cirignotta: Notre projet vise à faire une reconnaissance des besoins de ceux qui s’occupent de tourisme dans la Haute Vallée de la Trebbia, avec un accent spécifique par rapport aux visiteurs francophones. Que pouvez-vous nous en dire? Avez-vous des statistiques ou tout simplement des épisodes ou des anecdotes pour nous permettre d’avoir une image de ce qu’est la population touristique internationale qui arrive dans notre Vallée?
Jessica Lavelli: La population internationale est encore très faible et je dois dire qu’il n’y a pas beaucoup de touristes francophones, malheureusement, là aussi, en revenant à la question précédente, il me vient à l’esprit que vous pourriez faire une promotion sur le chemin de Saint Colomban, parce que ça part d’Irlande, traverse la France, donc ça pourrait être un bon moyen de faire connaître Bobbio aux Français. Ceux qui sont sur la route de Saint Colomban, Bobbio, ils la connaissent, mais, ils ne viennent pas pour le moment ou en tout cas ne viennent pas en masse, c’est-à-dire que peut arriver le passionné de l’histoire ou le dévot de San Colombano, mais ils sont encore vraiment très faibles, en ce qui concerne les francophones. En ce qui concerne les autres nationalités, les chiffres sont très faibles aussi, je dirais que ceux que l’on voit le plus sont les Allemands, les familles, qui viennent et restent quelques jours en pensant surtout à un séjour naturaliste. Ils cherchent plutôt ce genre d’expérience.
Sefora Susino: En conclusion, comme Cooltour, avez-vous des demandes particulières concernant des produits promotionnels et publicitaires qui pourraient contribuer à faire connaître les richesses de notre territoire, notamment auprès d’un public francophone?
Jessica Lavelli: On n’est jamais assez de guides du territoire, puis en langue française, ils manquent de musées et même de chaînes, ce pourrait être une page Facebook, en langue française et qui donc soit prêt à capturer ce type de public. Je pense qu’on n’a jamais fini de promouvoir un territoire, il y a toujours une possibilité de développement, de croissance et donc tout ce qui vient à l’esprit de pouvoir faire est tout à fait bienvenu, surtout en s’adressant à l’étranger.
Andrea Alessandrini: Entre-temps, j’avais une curiosité, en ce sens que jusqu’à présent nous avons interviewé des acteurs plus institutionnels (GAL del Ducato, Commune de Bobbio, Commune de Travo,...) et je voulais comprendre s’il y a un réseau de collaboration aussi entre le public et le privé.
Jessica Lavelli: Nous essayons évidemment de travailler en réseau, avec non seulement l’institution mais aussi avec d’autres acteurs, d’autres entreprises privées qui travaillent sur le territoire, aussi parce que la constitution de réseaux est de plus en plus demandée pour participer à des appels d’offres, pour avoir les financements, pour avoir les contributions, une récompense est accordée par la constitution de réseaux sur le territoire. Je dois dire que la construction de réseaux avec le privé est un peu plus simple qu’avec l’institution publique, que ce soit pour un discours bureaucratique, qui fait que les institutions soient toujours un peu plus lentes dans les processus... Nous travaillons pour la mairie de Bobbio depuis 2006, parce qu'on nous a toujours confié des services, il n’est pas facile de travailler avec les institutions, même si des progrès ont été réalisés. Par exemple, le calendrier partagé, je pense au IAT (Office du toursime). Lorsque nous avons commencé à gérer le IAT, il n’y avait pas de calendrier commun des initiatives de la vallée. Maintenant, à nous y sommes arrivés et bien ou mal aussi les autres Communes et les autres particuliers qui vivent dans les autres Communes ont compris que le IAT de Bobbio est en réalité le seul Office du tourisme de toute la Haute Vallée. Ils fournissent toutes les communications et les brochures pour la promotion de la vallée. Jusqu’à il y a quelques années, ce n’était pas le cas, Bobbio restait un peu une bulle et les autres municipalités étaient plus marginales, ce qui n’est heureusement plus le cas. On a aussi la contribution de Destinazione Turistica Emilia, du GAL del Ducato, puis d’autres organismes institutionnels, qui ont vraiment agi pour construire ces réseaux. Ils ont donc mis des ressources et aussi des efforts. On travaille également avec les écoles: nous sommes toujours très disponibles pour ceux qui sont intéressés à activer un parcours de stage (PCTO) chez nous, que ce soit au IAT ou dans les musées. Comme vous êtes à l’école, ce serait principalement en été ou le week-end. Mais il se trouve que c’est la période où nous travaillons le plus, parce que le secteur du tourisme - préparez-vous psychologiquement - si vous voulez travailler dans ce secteur touristique et culturel, vous devrez travailler quand les autres sont en vacances. Je dis vraiment cela parce qu’il est de plus en plus difficile de trouver des gens qui sont prêts à le faire, parce que nous sommes précisément habitués à avoir le samedi et le dimanche libres pour nos affaires mais, le secteur touristique, c'est un secteur qui travaille principalement à cette période de l’année. Donc oui, ma réponse est: si vous êtes intéressé, nous sommes là, nous construisons un projet sur vous, si vous avez un intérêt particulier, nous sommes tout à fait disponibles et nous le faisons volontiers.
Andrea Alessandrini: Alors on vous remercie.
Classe 4^ AFM: Merci!
Jessica Lavelli: Il n'y a pas de quoi, merci à vous.