SALEZ Raymonde -  racines du 93

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Raymonde SALEZ, dite "Mounette"   (1919-1943,  matricule 31645 Auschwitz)   

Raymonde Marcelle Salez naît le 6 mai 1919, aux Lilas. Fille d’Eugène et de Marthe, serrurier et couturière, nordiste et tourangelle. Elle a une sœur de sept ans son aînée, Yvette. Ils habitent au 68 rue de Paris.

MILITANTE COMMUNISTE

Mounette va à l’école primaire des Lilas jusqu’au brevet élémentaire, puis elle apprend le métier de secrétaire. Elle est employée de bureau au 17 rue Meslay en 1936.  Quand la guerre éclate, elle est aux Jeunesse Communistes avec le groupe gervaisien d'André Jouineau. Dès l’occupation elle rejoint une organisation clandestine qui regroupe et entraîne les jeunes dans la lutte contre l’occupant. Le 14 juillet 1941, elle participe à une manifestation étudiante au quartier latin. Une petite jeune fille déplie soudain un drapeau tricolore, qui s’élève au-dessus des têtes, bd Saint-Michel. Celle qui tient le drapeau, c’est Mounette. Les agents l’arrêtent. Elle passe 24 heures au commissariat avant d'être relâchée. La police vérifie son domicile. Elle en change : sous un nom d'emprunt, elle loue une chambre au 203 bis av Daumesnil à Paris 12° et continue de plus belle. Début 1942, avec son groupe de FTP, elle prend part à l’attaque de la librairie allemande, au coin du bd Saint-Michel et de la place de la Sorbonne.

ARRESTATION

Le 18 juin 1942, alors qu’elle rentre chez elle au retour d’une mission en zone occupée, elle est arrêtée par les brigades spéciales. Tous les dirigeants de ce groupe de jeunes FTP sont pris ce jour-là, mais son fiancé, Bob Gueusquin s'échappe du “coup de filet”. Le 11 août, les garçons sont fusillés au Mont-Valérien. Bob sera hélas repris puis fusillé au champs de tir d'Issy-les-Moulineaux, un an plus tard.  Avec les autres femmes de son “affaire”, Mounette est écrouée au dépôt de la préfecture de police, sur l’île de la Cité.

INTERNEMENT, DÉPORTATION & MARSEILLAISE

Le 10 août 1942, elles sont incarcérée comme otages au camp allemand du Fort de Romainville. Raymonde Salez y est enregistrée sous le matricule n°631. Le 22 janvier 1943, elle fait partie des cent premières détenues du prochain convoi des 31000 à destination d'Auschwitz. Au matin du 27 janvier 1943, à la descente du train, les 230 déportées sont conduites vers le camp de femmes de Birkenau. Mounette marche alors en tête de la colonne avec Jackie Quatremaire et Paulette Gourmelon. C’est elle qui entonne La Marseillaise que toutes les autres reprennent : la première -et la seule- fois que des femmes sont entrées à Birkenau en chantant!

BIRKENAU

Raymonde est enregistrée et tatouée sous le matricule 31645.

Après une quarantaine de deux semaines, les 31000 sont réparties dans des commandos de travail. Les conditions sont inhumaines, elle ne tient pas longtemps. Épuisée, atteinte par la dysenterie, elle entre début mars au Revier, l'infirmerie de Birkenau. 

Elle y meurt le 9 mars 1943 (état-civil français; le 4 selon l’administration SS d'Auschwitz).   Mounette, la rebelle, du convoi dit des 31000, n'avait que 24 ans .

MÉMOIRE

En juillet 1943, celles qui ont tenu jusque là ont eu le droit d'écrire. L'un des survivantes fait aviser Yvonne, la sœur de Mounette. Celle-ci attend des mois avant de parler à sa mère, qui ne veut pas la croire. N’ayant pas reçu d’avis de décès, elle espérera jusqu’au retour des dernières rescapées.

Après la guerre,  le Conseil municipal des Lilas donne son nom à une rue de la ville. Une plaque sera apposée à son premier domicile du 68 rue de Paris, indiquant:  "Ici habitait la patriote Raymonde Salez, âgée de 24 ans tombée face à l’ennemi en mars 1943".

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