Charlotte DELBO - racines du 93 - histoire locale & familiale

   (1913-1985,  matricule 31601 auschwitz)

Charlotte Delbo naît  le 10 août 1913, en Seine & Oise à Vigneux-sur-Seine, d’une famille d’immigrés italiens. Elle est l'aînée de quatre enfants. Son père, Charles, est chef monteur, spécialisé dans les ouvrages en fer.

Son engagement de jeunesse

Sténo-dactylo bilingue en anglais, dans le Paris des années 30, elle fait la connaissance d’Henri Lefebvre qui l’introduit auprès d’un groupe de jeunes philosophes qui réfléchissent autour de Georges Politzer et Paul Nizan. A leurs côté, Charlotte découvre le marxisme et rejoint les Jeunesses Communistes en 1934, puis, à partir de 1936, l’Union des Jeunes Filles de France, créée et dirigée par Danielle Casanova. Sur les bancs de l’Université ouvrière, elle fait la connaissance de Georges Dudach (1914-1942), fervent militant communiste. Ils se marient le 17 mars 1936. A partir de 1937, pour le compte du journal communiste "Les Cahiers de la Jeunesse" que dirige Dudach, Charlotte fait des piges culturelles. A cette occasion, elle interviewe Louis Jouvet qui lui propose de devenir son assistante dans la troupe de son Théâtre de l’Athénée. 

Paris - Buenos Aires - Paris

En 1940, après l’arrivée des Allemands à Paris, les limites imposées aux acteurs par les occupants deviennent insupportables à Jouvet. Il décide donc d’emmener sa troupe en tournée, en Suisse d’abord, puis en Amérique latine.  Charlotte les accompagne mais lorsque le Patron décide de ne pas rentrer en France, en septembre 1941, elle refuse de le suivre et revient seule à Paris où elle retrouve son mari, Georges Dudach. Entré dans la clandestinité, dans le réseau Politzer, il s’occupe notamment de la publication de la revue clandestine "La pensée libre". Pour le compte du Comité National des Écrivains qui donnera naissance aux Lettres Françaises, il est également le lien avec Louis Aragon et Elsa Triolet, réfugiés en zone libre. Charlotte intègre le réseau et est chargée de l’écoute de Radio Londres et Radio Moscou et  de la dactylographie des tracts et revues. Ces actions lui vaudront, après la guerre, d'être homologuée adjudant-chef au titre de la résistance française. 

L’arrestation

Le 2 mars 1942, cinq policiers des brigades spéciales font irruption dans leur studio du 93 rue de la Faisanderie. C'est un vaste coup de filet qui décapite le mouvement intellectuel clandestin du PCF. Avec eux sont arrêtés Georges et Maï Politzer, Danielle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier et beaucoup d’autres. Après interrogatoires, Georges et Charlotte sont transférés à la Santé. Lui est condamné à mort, elle est déportée. Le matin de son exécution au Mont Valérien, le 23 mai 1942, Charlotte peut lui dire adieu.

Romainville, Auschwitz, Ravensbrück

Le 24 août, Charlotte est transférée au fort de Romainville. Elle fera partie du convoi des 31000. A son arrivée à Auschwitz-Birkenau, elle est tatouée sous le n°31601. De janvier à août 1943, elle voit ses compagnes tomber, les unes après les autres. Elle survit pourtant à l’épidémie de typhus qui les décime. Elle est envoyée à Rajsko, un des camps annexes, spécialisé dans la culture et la récolte du kok-sagyz, un pissenlit dont on extrayait la sève pour tenter d'en faire un substitut du latex. Peu de temps après, en janvier, elle est transférée à Ravensbrück. Elle y restera jusqu’à sa libération par la Croix Rouge Internationale, le 23 avril 1945. Après un bref séjour en Suède, elle revient à Paris le 23 juin 1945.

Après la guerre

De retour à Paris, Charlotte Delbo reprend sa place aux côtés de Jouvet.  Mais, très éprouvée, elle doit quitter Paris début 1946 pour rentrer en clinique en Suisse. Son état de santé est délicat car son cœur est atteint d’une myocardite parcellaire. Pendant cette période de repos forcé, elle écrit "Aucun de nous ne reviendra", le récit des mois passés à Auschwitz. Puis elle l’enferme dans un tiroir.  

Après sa convalescence, elle reprend son travail à l’Athénée aux côtés de Jouvet. Elle choisit ensuite d'aller travailler à l’ONU.  En 1960, elle devient l’assistante de son vieil ami, Henri Lefebvre, au CNRS. Dès lors, elle entre dans son équipe, jusqu’à sa retraite en 1978. Parallèlement, elle écrit sur la guerre d’Algérie en 1960 "Les Belles Lettres" et publie enfin en 1965 "Aucun de nous ne reviendra", son manuscrit écrit en Suisse, 20 ans auparavant .  Il constitue le premier tome d’une trilogie. Elle ne cessera plus d'écrire pièces de théâtre, poèmes, tribunes et récits témoignant de son expérience concentrationnaire. Elle devient une grande voix littéraire, inflexible sur le sort de l’homme dans les violences auxquels il se trouve confronté.

Charlotte Delbo décède d’un cancer, le 1er mars 1985. Elle est enterrée dans le cimetière de son village natal de Vigneux-sur-Seine (Essonne).

Charlotte DELBO - racines du 93 - histoire locale & familiale

   (1913-1985,  matricule 31601 auschwitz)

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