Danielle CASANOVA (née Vincetella Peri) - racines du 93 - histoire locale & familiale

Danielle CASANOVA , née Vincentella PERINI (1909-1943,  matricule 31655 Auschwitz)  

 

La dirigeante des Jeunesses Communistes

Vincentella Perini naît à Ajaccio le 9 janvier 1909, fille de deux instituteurs, Olivier Perini et Jacinthe Versini. Elle vient au monde dans une famille “Républicaine” qui devient par la suite sympathisante du PCF. Elle suit des études à Ajaccio, puis au Luc dans le Var, avant de partir à Paris en 1927, chez son frère journaliste, pour faire "Dentaire" à l'Ecole Garancière. 

En octobre 1928, elle s'engage dans les Jeunesses Communistes.  Vincentella se fait alors appeler “Danielle” et devient très vite secrétaire du groupe de la Fac de médecine. Elle rencontre Laurent Casanova, un étudiant en droit, fils de cheminot, fréquentant les cercles Corses et elle l'entraîne au Parti Communiste. Ils se marient en décembre 1933.  Il sera secrétaire de Maurice Thorez et en 1946 ministre des anciens combattants.

Danielle, alors qu'elle commence à exercer à la clinique dentaire de la coopérative "la Belleviloise", devient membre de la direction des JC en février 1934. Elle y est la seule femme.

En 1935, elle est déléguée à Moscou au Congrès de l’Internationale communiste des jeunes (ICJ). Face à la très rapide augmentation de ses effectifs, elle est chargée en 1936 de fonder l'UJFF, Union des jeunes filles de France, pour créer un mouvement de jeunes filles, pacifiste et antifasciste.  En décembre 1936, elle en est élue Secrétaire-Générale. Elle organise des actions humanitaires à destination des Républicains espagnols victimes de la guerre civile. 

Clandestinité

Conséquence de l'entrée en guerre et de l'alliance du moment entre Staline et Hitler, l’interdiction du PCF en septembre 1939 pousse Danielle à continuer le combat, mais dans l'ombre. Avec des femmes de l’UJFF, elle organise la liaison entre les dirigeants et les militants plongés dans la clandestinité. À partir d’octobre 1940, elle met en place des Comités féminins en région parisienne et en zone Nord. Avec Politzer et Solomon elle contribue à la presse clandestine et fonde La Voix des femmes. Elle organise avec d'autres les manifestations des 8 et 11 novembre 1940 contre l’arrestation du professeur Langevin, puis celle du 14 juillet 1941.

Arrestation, Dépôt, Romainville, Déportation

Le 15 février 1942 à Paris, elle est arrêtée par les inspecteurs des Brigades Spéciales, alors qu’elle vient ravitailler dans leur planque Georges Politzer et sa femme Maï, mais ils viennent d’être arrêtés. Identifiée aux RG, elle est envoyée au Dépôt.

Le 23 mars, elle est remise aux Allemands avec tous les camarades de son affaire et incarcérée à la Santé où elle est maintenue au secret. Elle réussit pourtant à transmettre des nouvelles et à communiquer par le vasistas avec Politzer qui est dans une aile située en face. Elle est punie et envoyée au cachot. 

Elle est transférée au fort de Romainville le 24 août 1942. Elle continue à militer, organisant manifestations clandestines et publications aux Lilas, avec "le Patriote du Fort de Romainville", un journal écrit et recopié à la main.

Après 5 mois d'internement, le 22 janvier 1943, elle est transférée du Fort au camp de Royallieu-Compiègne, puis au camp de concentration d'Auschwitz, par le convoi des 31000.

Auschwitz

A son arrivée, Danielle est enregistrée sous le matricule 31655. Pendant qu'elle attend pour être déshabillée, tondue et tatouée, une SS demande s’il y a une dentiste parmi les nouvelles arrivées et elle se désigne. Elle rejoint alors la baraque réservée aux soins dentaires, au Revier (infirmerie). Devenue une personnalité (Prominent), elle n'est pas tondue mais seulement tatouée. Sa place lui offre des possibilités dont elle tire profit: par les kapos des différents commandos, par l’administration du Revier, elle cherche à placer ses camarades dans des conditions moins atroces. Tout au début, elle réussit à faire admettre Maï Politzer comme médecin, puis une douzaine d'autres comme infirmières. Souvent le soir, après l’appel, elle vient au Block 26 pour distribuer ce qu’elle a pu glaner: du pain, un lainage, quelques cachets de charbon pour les dysentériques, trop peu, mais c’est sans prix. Jusqu'au bout elle restera fidèle à ce programme. 

En avril, l’épidémie de typhus, endémique à Birkenau, prend une tournure effrayante. La mortalité passe de 300 à 500 par jour. Les SS avaient une grande peur du typhus pour eux-mêmes et essayaient de s’en préserver en se vaccinant. Le 1° mai 1943, Danielle est prise d'une fièvre violente. Le médecin chef SS la fait vacciner, trop tardivement.  

Danielle Casanova meurt dans la nuit du 9 au 10 mai 1943.  Sa mère, restée en Corse n'apprend le décès de sa fille que 6 mois après, par une lettre de Marie-Claude Vaillant-Couturier écrite en juillet.

La sépulture familiale se trouve en Corse, à Vistale, un hameau de Piana. Son nom y est gravé. Une stèle érigée en sa mémoire domine la mer. 

Il existe ainsi en France, des dizaines de rues, d'écoles, d’hôpitaux, qui portent son nom.

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