Les Frères musulmans appellent à manifester mardi en Égypte

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 08.07.2013 à 05h11 • Mis à jour le 09.07.2013 à 09h49

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Les Frères musulmans ont appelé à manifester mardi 9 juillet à travers l’Égypte pour protester contre la mort de plusieurs dizaines de partisans du président déchu Mohamed Morsi sous les balles de l'armée, lundi à l'aube, au Caire.

Dans l'après-midi, l'armée avait présenté ses "condoléances" au peuple égyptien. Ces violences ont fait 51 morts et 435 blessés, selon le dernier bilan des services d'urgence, qui n'ont pas précisé s'il s'agissait exclusivement de manifestants islamistes.

Après avoir blâmé un "groupe terroriste", l'armée a affirmé avoir été surprise à l'aube "par une foule qui jetait des pierres" et des cocktails Molotov vers l'enceinte du quartier général de la garde républicaine, où serait détenu M. Morsi depuis cinq jours. Certains auraient tenté d'escalader les grilles du club de la garde. Un officier a été tué, selon l'armée, d'une balle dans la tête. Les Frères musulmans accusent l'armée d'avoir tiré sur des manifestants assis, avant la fin de la première prière du matin.

CARNAGE DÉLIBÉRÉ

Dans un hôpital du Caire, les témoignages de médecins et de blessés recueillis par notre envoyé spécial, Benjamin Barthe, évoquent un carnage délibéré de l'armée, destiné à faire reculer les pro Morsi.

Lire le reportage " Ils tiraient, ils avançaient, ils tiraient, ils avançaient"

Selon le chef des urgences de cet hôpital, Seifeddin Abdel Shakour, la localisation des impacts de balle, relevés sur les cadavres, ne trahit aucune consigne de tir spécifique. "On a trouvé des impacts sur toutes les parties du corps, pas seulement dans la tête ou le thorax, dit-il. Cela montre qu'il n'y avait pas d'intention de 'tirer pour tuer'. Mais cela témoigne aussi du fait qu'aucun effort n'a été fait pour épargner des vies humaines."

L'armée a appelé les partisans de M. Morsi qui campent toujours sur plusieurs places du Caire à lever leurs sit-in, affirmant qu'elle ne tolérerait aucune "menace à la sécurité nationale". Elle précise que les manifestants ne seront "pas poursuivis" en justice.

LE POUVOIR PROMET UNE ENQUÊTE

Le président par intérim, Adly Mansour, a ordonné l'ouverture d'une enquête indépendante, comme l'avaient réclamé Mohamed El-Baradei, l'un des principaux opposants, ainsi que le Front de salut national (FSN), une coalition laïque.

"CE JOUR NE PEUT PAS ÊTRE EFFACÉ"

Les Frères musulmans ont réitéré leur appel à se soulever contre l'armée – "ceux qui sont en train d'essayer de voler la révolution avec des chars" – mais de manière "pacifique". Le Parti de la justice et de la liberté (PLJ), vitrine politique de la confrérie, "presse la communauté internationale, les groupes internationaux et tous les hommes libres du monde d'intervenir pour empêcher d'autres massacres".

"Ce jour ne peut pas être effacé. Il restera comme une tache indélébile sur les militaires qui ont ouvert le feu contre des citoyens égyptiens", a tonné un porte-parole des Frères. Mohamed Badie, chef de file de la confrérie, a insisté sur le fait que le chef d'état-major Abdel Fattah Al-Sissi voulait faire de l’Égypte la nouvelle Syrie du monde arabe. Lundi, le siège du parti a été fermé après la découverte de "liquides inflammables, de couteaux et d'armes", selon un responsable du gouvernement.

Dénonçant un "massacre", le principal parti salafiste, Al-Nour, qui avait soutenu le renversement de M. Morsi, a annoncé son retrait des discussions sur le choix d'un premier ministre et d'un gouvernement de transition.

Lire nos explications Le parti salafiste Al-Nour est "isolé dans le champ islamiste"

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      • De nombreux témoignages conduisent à penser, que, l'armée, dans sa volonté de disperser les manifestants, n'a pas craint de commettre un carnage.

      • Crédits : AFP/-