Quadrille

Héritier de l'ancienne contredanse française du XVIIIe siècle, le quadrille est une danse de bal et de salon en vogue dès le début du XIXe siècle et jusqu'à la première guerre mondiale.

Le mot quadrille a des acceptions très diverses. Dans le domaine de la danse de bal, il correspond à deux notions différentes.

– sous l’Empire et la Restauration, essentiellement, mais encore sous le Second Empire, il peut désigner une chorégraphie apprise par un nombre défini de participants et exécutée au cour d’un bal, à titre d’intermède (par exemple le quadrille des Incas, dansé au cours du bal du 11 février 1812 aux Tuileries, ou le quadrille de Marie Stuart dansé lors d’un bal chez la duchesse de Berry, aux Tuileries, le 2 mars 1829, ou encore le quadrille des abeilles, dansé, toujours aux Tuileries, en mars 1863). Ce type de divertissement valait avant tout par la richesse et l’originalité des costumes. Selon la reine Hortense, « un quadrille de société devait reposer uniquement sur l’éclat et sur l’élégance des costumes, l’harmonie des couleurs, le bon goût des danses et la perfection de l’ensemble. » (Mémoires, Paris, 1927, tome II, p. 138).

– plus largement, le mot désigne la danse de bal par excellence en France durant tout le XIXe siècle, formée d’une suite de cinq figures :

Pour le Grand Larousse du XIXe siècle (1866-1877), le mot « n’a fait que remplacer le terme de contredanse, dont on ne se sert plus depuis environ 40 ans, mais l’un et l’autre signifient exactement la même chose ». Jusque vers 1840, on parlait de « quadrille de contredanses » ; en 1847, Cellarius, dans sa Danse des salons utilise le terme de « quadrille français » qui semble s’être, à cette date, définitivement imposé.

Le quadrille est directement issu de la contredanse française telle qu’elle était dansée au XVIIIe siècle. Dans son Répertoire des bals (1762) La Cuisse notait qu’une contredanse était dansée neuf fois, formant une sorte de refrain alternant avec neuf entrées différentes (grand rond, moulinet des dames, moulinet des cavaliers, allemande, etc.). Vers la fin du siècle, on se lassa de répéter neuf fois la même contredanse, et apparurent les pots-pourris qui, tout en gardant les neuf entrées proposaient, à la place du refrain, neuf contredanses différentes du répertoire connu. Le quadrille de contredanse qui se mit en forme sous le Consulat et le Premier Empire, reprit la même structure, mais bientôt les entrées furent abandonnées, laissant place à huit mesures d’introduction, durant lesquelles on ne dansait pas, précédant chacune des figures.

À l’origine ni le nombre de contredanses ni leur choix n’étaient définis ; bientôt, leur nombre se fixa à cinq tandis que les trois premières figures devenaient quasi canoniques avec, dans l’ordre, le pantalon, l'été et la poule ; la quatrième figure fut plus longue à s’imposer et longtemps la pastourelle et la trénis se firent concurrence. Entre 1840 et 1850, la pastourelle triompha définitivement. La cinquième figure, ou finale n’était, au début, qu’une reprise de la figure de l’été, encadrée de chassés-croisés. Après l’introduction du galop en France, vers 1825, on la remplaça très souvent par la figure du galop, ou saint-simonienne, qui utile le pas de galop.

Le quadrille français pouvait être dansé par quatre couples formant un carré, ou par deux couples se faisant face, formant quadrette ; les couples se répartissaient alors, suivant les dimensions de la salle, en une ou plusieurs doubles lignes.

Dansé pendant plus d’un siècle, le quadrille français évolua très sensiblement au cours de son histoire. Né au moment où les « beaux danseurs » faisaient la loi, il avait d’abord prescrit des pas savants permettant de briller lors des cavaliers seuls, des balancés ou des traversés ponctuant les différentes figures. Vers 1840, le quadrille n’était plus dansé, mais marché, comme le constate avec désabusement Cellarius : « Les cavaliers [...] se bornent, pour la plupart, à marcher le plus souvent avec nonchalance et sans presque se préoccuper de la mesure » (La Danse des salons, 1847).

Voici la description sommaire du quadrille français selon Brunet (1839) :

Les musiques initialement composées pour les figures du quadrille avaient vite été remplacées par de nouvelles compositions adaptées aux figures préexistantes. Bientôt, à côté de compositions originales, on prit l’habitude de puiser dans les opéras ou les ballets à la mode des motifs qu’on adaptait au découpage préétabli. Guillaume Tell, Les Huguenots ou Don Carlos, Le Postillon de Lonjumeau, La Belle Hélène ou La Fille de madame Angot, Coppélia, Faust ou Carmen fournirent ainsi des motifs au quadrille dont les musiques devaient constamment être renouvelées. Les compositeurs de quadrilles les plus notables sont

À partir du Second Empire on vit apparaître de nouveaux quadrilles qui alternaient, au cours des bals, avec le quadrille français. Le seul qui s’imposa longuement est le quadrille des lanciers, apparu vers 1856 ; il est formé de cinq figures (tiroirs, lignes, saluts, visites, lanciers) et fut dansé régulièrement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il l’est encore sporadiquement et, notamment, en démonstration, chaque année au bal de l'X. Le quadrille du prince impérial, le quadrille des variétés parisiennes, le quadrille des dames, le quadrille russe sont d’autres quadrilles apparus sous le Second Empire. Ils requièrent tous des musiques spéciales.

Durant les années 1870 furent créés plusieurs quadrilles qui pouvaient se danser sur la musique de n’importe quel quadrille français, comme le polo, le quadrille américain (1879) et même le triangle, quadrille pour trois couples. Au cours d’un bal, les danseurs pouvaient donc danser, sur la même musique, l’un ou l’autre de ces quadrilles, et même mélanger les figures des uns et des autres. À la fin du siècle, le quadrille américain semble avoir souvent remplacé le vieux quadrille français, sinon dans les bals officiels, au moins dans les bals privés.

Par ailleurs, le quadrille français connut, dans les bals publics, une transformation radicale. Les figures se simplifièrent au point de n’offrir bientôt plus qu’une suite d’avant-deux et de traversés durant lesquels danseurs et danseuses pouvaient improviser des pas débridés. On désigna bientôt cet avatar du quadrille sous les noms de chahut ou cancan. Né dans les bals étudiants du Quartier latin, le cancan se répandit dans tous les bals publics parisiens ; sous le Second Empire, il était devenu une attraction pour les visiteurs étrangers.

De nos jours...

Le Quadrille, et plus généralement les danses Second Empire, ont connu un regain d'intérêt depuis une trentaine d'années. Sous l'impulsion notamment d'Yvonne Vart, de nombreuses associations ont vu le jour: on peut citer, entre autres, le Quadrille Phocéen (Marseille), Révérences (Lyon) ou Carnet de Bal (Paris). A la pratique traditionnelle s'ajoutent souvent des chorégraphies originales débouchant sur des bals, animations de soirées ou manifestations publiques. Les costumes, souvent confectionnés pour la cause avec un luxe de finitions et d'accessoires, y tiennent une place importante.

Source : Wikipédia

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