BEJART Maurice

Chorégraphe et Danseur français

Auteur, Directeur, Metteur en scène, Librettiste

Biographie :

Maurice Béjart, de son vrai nom Maurice-Jean Berger, est un danseur et chorégraphe français, né à Marseille le 1er janvier 1927 et mort à Lausanne (Suisse) le 22 novembre 2007, naturalisé suisse en 2007.

Il a été membre de l'Académie des beaux-arts française (section des membres libres) de 1994 jusqu'à sa mort. En hommage à Molière, il a pris comme pseudonyme le patronyme de son épouse, Armande Béjart.

Maurice-Jean Berger est le fils du philosophe Gaston Berger. Sa mère décède lorsqu'il a 7 ans. Il prend alors des cours de danse sur les conseils d'un médecin pour se fortifier et rêve de devenir toréro. Il fait parallèlement ses études secondaires et universitaires et obtient une licence de philosophie.

Fasciné par un récital de Serge Lifar, il décide de se consacrer entièrement à la danse. Il entre à quatorze ans à l'opéra de Marseille puis part en 1946 à l'Opéra de Paris où il suit les cours de Lioubov Egorova, de Rose Sarkissian, et de Léo Staats. Il se forme également auprès des danseuses Janine Charrat et Yvette Chauviré, puis avec Roland Petit à partir de 1948.

En 1951, il collabore avec Birgit Cullberg et crée son premier ballet, L’Inconnu, à Stockholm, puis règle L’Oiseau de feu. En 1955, il crée Symphonie pour un homme seul sur une musique de Pierre Henry et Pierre Schaeffer, avec sa première compagnie fondée en 1953, les Ballets de l'Étoile, qui lui vaut les honneurs de la presse et du public.

En 1959, n'obtenant pas l'aide de l'État français pour établir sa troupe dans un théâtre, il quitte la France pour la Belgique où il travaillera durant vingt-sept ans. À la demande de Maurice Huisman, alors directeur du Théâtre royal de la Monnaie, il crée en 1959 à Bruxelles sa plus fameuse chorégraphie, Le Sacre du printemps. Le contrat temporaire qui lie Béjart à la Monnaie va se transformer en un contrat de plusieurs années et entraîner la naissance du Ballet du XXe siècle en 1960. Béjart va parcourir le monde entier avec celui-ci et initier un vaste public de néophytes à la danse moderne. L'année même de la création de la compagnie, Béjart monte avec la danseuse Duska Sifnios le Boléro de Maurice Ravel qui devient une de ses chorégraphies emblématiques. Après Tania Bari, Suzanne Farrell, Louba Dobrievic, Anouchka Babkine, Angèle Albrecht, Shonach Mirk… Jorge Donn reprendra le rôle qui sera alors dansé indifféremment par un homme ou par une femme.

En 1966, le Festival d'Avignon s'ouvre à la danse et invite Maurice Béjart et son Ballet du XXe siècle à se produire dans la cour d'honneur du palais des Papes.

À la fin des années 1960 et durant la décennie suivante, Maurice Béjart s'investit en outre dans le répertoire chorégraphique persan. Ses créations vont dès lors être présentées au Rudaki Hall Opera House (Hall Roudaki) de Téhéran et bénéficier du soutien de la Shahbanou Farah Pahlavi. De cette relation avec l'impératrice d'Iran naissent deux créations qui sont présentées dans le cadre des Célébrations du 2500e anniversaire de la monarchie iranienne à Persépolis, en octobre 1971. Le premier ballet, intitulé Golestan (« La roseraie »), s'inspire du chef d'œuvre de Saadi, tandis que le second est un hommage à la Shahbanou : Farah. Pour la circonstance, l'artiste français travaille avec les musiciens iraniens Nur Ali Brumand, Nourredine Razavi Sarvestan et Dariush Tala'i. Influencé par son expérience iranienne, il se rapproche de l'islam chiite suite à sa rencontre avec Ostad Elahi et se convertit à cette religion en 1973 (bien qu'il déclarera en 2006 : « se convertir est un verbe qui ne me convient pas »). Maurice Béjart reconnaît que cette expérience a joué un rôle déterminant dans sa carrière, tant d'un point de vue artistique que spirituel.

En 1987, au terme d'un conflit ouvert avec le directeur de La Monnaie Gérard Mortier, Béjart, en pleine tournée à Léningrad, décide de ne plus revenir en Belgique. Peu de temps après, la Fondation Philip Morris (établie à Lausanne) lui propose de venir s'installer en Suisse. Béjart dissout alors le Ballet du XXe siècle et fonde six semaines plus tard à Lausanne une nouvelle compagnie, le Béjart Ballet Lausanne.

Tant au Ballet du XXe siècle qu'à Lausanne, Béjart accueille des danseurs de haut niveau, de toutes nationalités. S'attachant à réhabiliter la danse masculine, il exige de ses interprètes une parfaite maîtrise de la danse académique et une grande faculté d'adaptation aux courants néoclassiques. Adepte d'un spectacle total, il mêle les univers musicaux, lyriques, théâtraux et chorégraphiques, mettant en valeur les qualités individuelles de ses solistes, tout en étant très exigeant pour les mouvements d'ensemble. Les thématiques qu'il aborde sont souvent universelles et il n'hésite pas à mettre en scène les grandes questions de l'actualité, comme le sida ou l'écologie.

En 1998, il est condamné pour plagiat. Son spectacle Le Presbytère contient une scène copiée de La Chute d'Icare du chorégraphe belge Frédéric Flamand. Béjart n'a jamais vraiment réussi à imposer son nom dans les pays anglo-saxons. Même s'il a eu beaucoup de détracteurs, notamment ses pairs qui le jugeaient trop classique ou tout du moins lui reprochaient de s'être arrêté dans ses recherches chorégraphiques pour satisfaire le plus grand nombre, il a par contre énormément contribué à la naissance de la danse moderne en France et en Belgique dans les années 1960 notamment grâce aux générations de chorégraphes qu'il a formées à Mudra. Toute l'œuvre de Maurice Béjart aura été inspirée par les tourments de l'âme et par sa fascination pour la mort. Son style fut aussi profondément nourri par son goût pour les danses du monde. Si dans ses ballets on retrouve une base classique, l'esthétique béjartienne innove par le refus des costumes et la modernité des décors. Avant son décès, Maurice Béjart a créé la Fondation Maurice Béjart, qu'il a instituée héritière par testament de tous ses biens et en particulier des droits d'auteur sur ses œuvres (chorégraphie, livres, etc.). Par la gestion et les revenus de ces droits, la Fondation Maurice Béjart réunit les moyens financiers destinés à remplir les buts qu'a définis Maurice Béjart, soit de contribuer financièrement à la formation de danseurs peu fortunés dans des écoles professionnelles de danse et de ballet, soutenir financièrement des artistes des milieux de la danse et du ballet tombés dans le besoin, de contribuer financièrement à des productions dans le domaine du ballet et de la danse, soutenir des compagnies de danse et de financer des projets de recherche médicale au profit d'hôpitaux et universités dont les travaux pourraient concerner particulièrement les danseurs.

Sa naturalisation

Bien qu'il ait quitté définitivement la Belgique en 1987, il lui reste profondément attaché. Peu avant son décès, il forme le projet de demander sa naturalisation belge. À ce titre, Michel Robert révèle une lettre de Maurice Béjart destinée (mais jamais parvenue) au consulat de Belgique à Genève : « Si je demande aujourd'hui ma naturalisation belge, c'est parce que je me suis toujours senti proche de la Belgique, bien plus proche que de la France qui est pourtant le pays où je suis né. J'ai vécu en Belgique la plus longue période de ma vie, 30 ans ! Je pense qu'aujourd'hui est venu le temps d'officialiser cette relation indéfectible. Que je puisse enfin lire dans les dictionnaires et les biographies qui me sont consacrés, Maurice Béjart, chorégraphe belge, c'est là mon souhait le plus sincère ». Aucun dossier de naturalisation belge n'a été instruit, ce qui laisse planer un doute sur la véracité de cette demande.

Maurice Béjart a en revanche demandé et obtenu la nationalité suisse en janvier 2007. En raison du titre de « bourgeois (citoyen) d'honneur » de la ville de Lausanne précédemment octroyé, son dossier ne nécessitait plus que l'aval de la Confédération et du canton de Vaud. Il n'a pas pu prendre part à la prestation de serment devant le gouvernement du canton de Vaud, différée à deux reprises en raison de la mauvaise santé du chorégraphe. Mais son décès ne remet pas en question le fait qu'il avait acquis la nationalité suisse, la prestation de serment n'étant pas une condition résolutoire à sa naturalisation. Il conserve également la nationalité française.

Écoles Mudra et Rudra

Dans les années 1960-1961, Maurice Béjart propose la création à Bruxelles, dans le cadre du Théâtre de la Monnaie et dans le prolongement du Conservatoire de danse, d'une école de danse pour les « petits rats », intégrant, outre les cours de danse, la formation scolaire obligatoire et une éducation artistique. Ce projet n'aboutira pas (plusieurs années plus tard, des options danse sont ajoutées à l'enseignement scolaire traditionnel, ce qui a donné les « humanités chorégraphiques »).

En 1970, il fonde l'École Mudra à Bruxelles sous la direction artistique de Micha van Hoecke afin de dispenser des cours de danse à des jeunes talents dans cet art. Cet enseignement formera de nombreux danseurs et chorégraphes qui participeront activement à l'essor de la danse contemporaine en Europe. On peut par exemple citer Maguy Marin ou Anne Teresa De Keersmaeker. Il ouvre ensuite son école Mudra à Dakar, avant de se déplacer à Lausanne pour ouvrir en 1992 l'École-atelier Rudra, qui dispense depuis cette date une formation complète de danseur sur deux années. Elle est une des écoles les plus prestigieuses dans le milieu de la danse classique et contemporaine.

Chorégraphe très impliqué dans le milieu de la danse, il parcourt le monde entier avec sa compagnie. Plusieurs documentaires lui ont été consacrés. Malade depuis plusieurs années, il est hospitalisé à l'Hôpital universitaire de Lausanne (CHUV), en novembre 2007 pour des affections cardiaques et rénales. Malgré tout, il suit les répétitions de son dernier spectacle Le tour du monde en 80 minutes, spectacle dont il ne verra pas la première. Il meurt dans la nuit du 22 novembre 2007 en présence notamment du poète François Weyergans. Incinéré, ses cendres seront dispersées à sa demande sur les plages d'Ostende en Belgique, son pays d'adoption.

Son oeuvre

  • 1955 : Symphonie pour un homme seul (Paris)

  • 1957 : Sonate à trois (Essen)

  • 1958 : Orphée (Liège)

  • 1959 : Le Sacre du printemps (Bruxelles)

  • 1960 : Boléro (Bruxelles)

  • 1961 : Les Quatre Fils Aymon (Bruxelles)

  • 1964 : IXe Symphonie (Bruxelles)

  • 1966 : Roméo et Juliette (Bruxelles)

  • 1967 : Messe pour le temps présent (Avignon)

  • 1968 : Bhakti (Avignon)

  • 1971 : Chant du compagnon errant (Bruxelles)

  • 1972 : Nijinski, clown de Dieu (Bruxelles)

  • 1975 : Pli selon pli (Bruxelles)

  • 1976 : Heliogabale (Iran)

  • 1976 : Isadora (Opéra de Monte-Carlo)

  • 1976 : Le Molière imaginaire (Paris, Comédie-Française)

  • 1975 : Notre Faust (Bruxelles)

  • 1977 : Petrouchka (Bruxelles)

  • 1980 : Eros Thanatos (Athènes)

  • 1982 : Wien, Wien, nur du allein (Bruxelles)

  • 1983 : Messe pour le temps futur (Bruxelles)

  • 1986 : Arepo (Opéra de Paris)

  • 1987 : Souvenir de Léningrad (Lausanne)

  • 1988 : Piaf (Tokyo)

  • 1989 : 1789… et nous (Paris)

  • 1990 : Ring um den Ring (Berlin)

  • 1990 : Pyramide (Le Caire)

  • 1991 : La Mort subite (Recklinghausen, Allemagne)

  • 1991 : Tod in Wien (Vienne)

  • 1992 : La Nuit (Lausanne)

  • 1993 : Mr C... (Tokyo)

  • 1995 : À propos de Shéhérazade (Berlin)

  • 1997 : Le Presbytère... (Bruxelles)

  • 1999 : La Route de la soie (Lausanne)

  • 2000 : Enfant-roi (Versailles)

  • 2001 : Lumière (Lyon)

  • 2001 : Tangos (Gênes)

  • 2001 : Manos (Lausanne)

  • 2002 : Mère Teresa et les enfants du monde

  • 2003 : Ciao Federico, en hommage à Fellini

  • 2005 : L’Amour - La Danse

  • 2006 : Zarathoustra

  • 2007 : Le Tour du monde en 80 minutes

Source : Wikipédia

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