LIFAR Serge

Danseur, chorégraphe et pédagogue russe

Lifar fut souvent décrit comme un danseur d'une grande beauté physique et doté d'une présence rayonnante, l'un des plus importants de sa génération.

Réformateur du mouvement et de la technique de la danse à laquelle il ajouta deux positions de pied, Serge Lifar a été l'un des créateurs qui imposèrent le style néo-classique, terme qu'il employa pour qualifier notamment son ballet Suite en blanc de 1943.

Nommé maître de ballet de l'Opéra de Paris, de 1930 à 1944 et de 1947 à 1958, il s'employa à restaurer le niveau technique du Ballet de l'Opéra de Paris pour en faire, dans les années 30 et jusqu'à aujourd'hui, l'un des meilleurs du Monde. Yvette Chauviré, Janine Charrat, Roland Petit ont incontestablement subi son influence.

Biographie :

Serge Lifar est un danseur, chorégraphe et pédagogue russe, qui obtint la nationalité française.

Né à Kiev le 2 avril 1904 (date réelle 1905) et mort à Lausanne le 15 décembre 1986.

Fils d'un fonctionnaire russe, il partagea son enfance avec sa sœur Evguenia (1903-1968) et ses frères Basile (1904-1982) et Leonid (1906-1982). Il suivit des études classiques jusqu'à l'âge de 15 ans et subît les affres de la révolution bolchévique.

Après avoir été l'élève de Bronislava Nijinska, la sœur du grand Vaslav Nijinski, à Kiev, il quitta, tout comme elle, l'Union soviétique en 1921. Il se présenta chez Diaghilev qui l'embaucha immédiatement pour ses Ballets Russes et qui, subjugué par sa beauté physique et par son ardeur, eut une brève liaison avec lui.

Sur indication de Diaghilev, Lifar se rendit à Turin où il travailla à l'amélioration de ses connaissances techniques, sous la direction de Enrico Cecchetti (1850-1928). Il débuta en 1923 au sein des Ballets russes et devint rapidement premier danseur.

Il créa ensuite les principaux rôles dans des ballets de George Balanchine et composa sa première chorégraphie, une reprise de Renard, en 1929.

La mort de Diaghilev entraîna la disparition des Ballets Russes. Pendant que d'autres comme Kouchno ou Balanchine s'efforcèrent de recréer de nouveaux Ballets Russes, Lifar se fit engager par l'Opéra de Paris. Au cours de sa double carrière d'interprète et de chorégraphe, il passa 16 ans à l'Opéra de Paris, comme premier danseur d'abord en 1929, puis comme danseur étoile, enfin comme maître de ballet de 1930 à 1944 et de 1947 à 1958.

À partir de 1930, Serge Lifar connut un immense succès, essentiellement dans ses propres créations de ballets, avec notamment Les Créatures de Prométhée (1929), une vision personnelle du Spectre de la rose (1931) et de L'Après-midi d'un faune (1935), Icare (1935) avec des décors et costumes de Picasso Istar (1941), ou Suite en Blanc (1943) créés pour l'Opéra de Paris.

Il fut aussi très rapidement reconnu comme une des stars de la capitale, par le « Tout-Paris » artistique, qui le choya et l'adula. Les journaux et hebdomadaires illustrés rendaient compte de ses moindres activités ou déclarations. Peu avant le début de la Seconde guerre mondiale, il eut une liaison avec Mary Marquet.

Lorsque la France capitula en 1940, Lifar considéra comme sa mission première de veiller à la continuation des activités de la scène lyrique et du ballet de l'Opéra. Dans ce but, il prit des risques de bonne entente avec les forces de l'Occupation.

Il devint l'une des "vedettes" de la vie culturelle et mondaine parisienne, où officiers allemands et collaborateurs se côtoyaient. Il s'engagea dans une amitié avec le sculpteur allemand Arno Breker. En bon Ukrainien, il félicita l'Allemagne après la prise de Kiev. Il entra en correspondance avec Goebbels. Il fit des tournées en Allemagne.

De surcroît, il vécut avec l'une des "comtesses" de la Gestapo, Sonia Olinska (de son vrai nom Irène Blache), espionne pour le compte de la Gestapo. L'aveu qu'elle en fit à Lifar signifia la fin de leur liaison.

Olinska tourna avec sa fille Bijou dans le film de Guillaume Radot Le loup des Malveneur avec Pierre Renoir, Madeleine Sologne et Gabrielle Dorziat. Lifar lui, réalisa deux documentaires sur la danse Symphonie en blanc et La danse éternelle qui ne connurent pas le succès.

Déjà pendant la guerre, Radio Londres s'en était pris à Lifar et lui avait promis la mort. Inévitablement, à la Libération, il fut sans autre forme de procès licencié de l'Opéra et rayé à vie des scènes nationales. Il se cacha dans Paris chez plusieurs amies ballerines. Une instruction judiciaire fut ouverte afin d'examiner sa conduite. Elle se termina par un non-lieu. Il avait entre-temps échappé à l'arrestation.

Afin de se faire oublier, Lifar se fit engager comme Directeur des Ballets de Monte Carlo. Pas pour longtemps, car dès 1947 il rentrait en grâce et reprenait ses activités de maître des ballets de l'Opéra. Il obtint de la direction de l'Opéra de Paris quelques réformes importantes, dont la création d'une classe d'adage et l'instauration d'une soirée hebdomadaire réservée exclusivement à la danse. En 1955, une chaire lui sera confiée à la Sorbonne pour l'étude de la chorégraphie-chorélogie, soit la science de la danse. Il fit ses adieux à la scène en 1956 dans le rôle d'Albert dans Giselle.

Il poursuivit son activité chorégraphique à travers le monde jusqu'en 1969, puis fonda et anima avec passion l'Institut chorégraphique de l'Opéra et l'Université de la danse. En 1967, il dirigea les ballets lors du couronnement impérial à Téhéran du Shah d'Iran.

Le duel

Rapporté abondamment dans les journaux de l'époque, un duel entre le Marquis de Cuevas et Serge Lifar eut lieu le 30 mars 1958. Les deux hommes réglaient ainsi à l’épée un différend artistique, en présence de nombreux photographes de presse et d'une caméra. La querelle avait pour origine un désaccord au sujet de la reprise du ballet de Serge Lifar, "Noir et Blanc" (ou "Suite en blanc" ) par les Ballets du Marquis de Cuevas. Au cours d'une discussion assez vive le marquis avait asséné une gifle à Lifar, qui exigea réparation sur le pré. Cuevas avait alors 73 ans, Lifar 54.

La date fut fixée au 30 mars et la rencontre eut lieu à Blaru près de Vernon en Normandie. Au bout de trois reprises, Lifar se laissa toucher à l'avant bras. "J'ai cru percer mon fils" déclara le marquis, et ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre. L'un des témoins du marquis était, bandeau sur l'œil, Jean-Marie Le Pen. Les témoins de Lifar étaient deux danseurs-étoiles, Lucien Duthoit (1920-2008) et Max Bozzoni (1917-2003).

Lillian Ahlefeldt-Laurvig

En 1958 Lifar fit la connaissance de Inge Lisa Nymberg (9 août 1914 - 27 août 2008) qui devint son amie et son "ange gardien". Elle se présentait sous le nom de comtesse d'Ahlefeldt-Laurvig, suite à un mariage de courte durée avec un comte danois Christian d'Ahlefeldt-Laurvig. Elle avait eu ensuite des liaisons avec le prince héritier du Népal, le prince Vladimir de Russie et un milliardaire américain.

Sa liaison avec Lifar perdura et après sa mort, elle s'attacha à perpétuer son souvenir.

Dernières années

S'estimant trop peu apprécié à Paris, Lifar habita une dizaine d'années à Monte-Carlo, puis, après un bref retour à Paris, le couple alla s'installer à Lausanne. Il s'y préoccupa principalement de la rédaction de ses mémoires.

C'est dans cette ville qu'il mourut. Il fut enterré au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.

Sa compagne créa une "Fondation Internationale Serge Lifar" ayant pour but de perpétuer sa mémoire. Elle contribua entre autres à l'organisation du concours international de danse Serge Lifar, fondé à Kiev en 1994.

Ayant dépassé les quatre-vingts ans, elle se remaria avec un Moldave, plus jeune d'un demi-siècle. Mariage de courte durée. Elle fut enterrée aux côtés de Lifar à Sainte-Geneviève-des-Bois.

Le collectionneur

Très jeune, Lifar débuta une collection de tout ce qui avait trait à la danse, activité qu'il poursuivrait toute sa vie. La mort de Diaghilev fut à l'origine de l'importance que prit la collection. Après la mort et l'enterrement de celui-ci, Lifar, de concert avec Kouchno, "dévalisa" l'appartement parisien de son maître. Des choses qu'il n'avait pu récupérer il fit plus tard l'achat ou elles lui furent offertes par leurs propriétaires. La collection augmenta en permanence, car rien, jusqu'au plus modeste bout de papier, ne semblait échapper à sa rage de collectionneur. De temps en temps, Lifar vendait, poussé par des besoins d'argent. C'est ainsi qu'en 1933 il vendit près de 300 pièces de sa collection au Hartford's Wedsworth Atheneum Museum of Art. En 1975, il vendit par l'intermédiaire de Sotheby's à Monte-Carlo la bibliothèque de Diaghilev: plus de 800 livres, parmi lesquels des imprimés du XVIe siècle et beaucoup de premières impressions. Environ un huitième fut acquis par la bibliothèque de Harvard University. En 1985, il légua une partie de ses archives aux archives communales de Lausanne (bibliothèque, collection d'affiches, programmes, l'argus de presse qui lui était consacré, correspondances, ainsi que ses œuvres peintes). L'année précédente, il avait vendu chez Sotheby's à Londres, 227 pièces qui atteignirent des prix record. En 1991, Sotheby's vendit 51 lettres datant de 1924 à 1928, adressées par Lifar à Diaghilev. Elles furent acquises par la New York Public Library. Le 6 décembre 2002, Sotheby's à Londres vendit le "lot 92" consistant en trois coffres contenant des milliers de documents concernant Diaghilev, les Ballets Russes et Lifar. Le tout fut vendu en un seul lot pour 140 000 livres sterling. Le vendeur était quelqu'un "dans l'entourage immédiat du danseur", donc sans doute sa compagne.

Le 13 mars 2012, l'Hôtel des ventes de Genève disperse une importante collection de lettres, de photos et de peintures ayant appartenu à Serge Lifar, plusieurs manuscrits autographes de Jean Cocteau, ainsi qu'une lettre de Coco Chanel, adjugée elle seule à 430.000 CHF. Tous les lots étaient issus de la succession de la comtesse Lilian Ahlefeldt-Laurvig et ont atteint un montant total de 7,25 millions de francs suisses (six millions d'euros).

Honneurs

La ville de Kiev s'est, depuis l'indépendance nouvellement acquise de l'Ukraine, souvenue de Lifar, lui donnant un nom de rue et celui d'une école. La marque la plus importante d'hommage est constituée par le Concours international de danse, tenu à Kiev pour la première fois en 1994. La septième édition a eu lieu à Donetsk en mars-avril 2011.

En 2004, l'UNESCO organisa à Paris une séance d'hommage à Lifar, à l'occasion du centenaire de sa naissance.

Source : Wikipédia

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