Infos utiles


Voici quelques conseils qui peuvent aider à mieux cerner les enjeux des ateliers de négociation et à les mettre en place:


*L'erreur

*La négociation

*Différenciation

*La constitution des groupes: pistes

*La posture de l'enseignant pendant les ateliers de négociation

*Le moment d'institutionnalisation

*La métacognition

*L'oral d'élaboration, problèmes et langage

*La manipulation

*Le climat de classe

*La catégorisation des problèmes (Ifé)


L'erreur

Au fil des mouvements pédagogiques, elle est passée du statut de faute à la bogue , puis à l'obstacle, où enfin elle est reconnue comme positive et utile à l'apprentissage.

Néanmoins, elle est aujourd'hui généralement encore redoutée et source d'insatisfactions, voire d'angoisses...

Astolfi, L'erreur, un outil pour enseigner

L'erreur est souvent vécue comme un échec par les élèves, les parents, les enseignants, opposée à la réussite et la performance. De ce fait, elle n'est pas assez utilisée comme un moyen d'apprendre. Et pourtant c'est précisément au moment de la compréhension de notre erreur qu'a lieu l'apprentissage...

A nous, enseignants, de la dédramatiser et de l'utiliser (la faire utiliser par les élèves eux-mêmes..) de manière plus habituelle, pour faire progresser nos élèves et leur donner ce réflexe..

Et puisque l'erreur est individuelle, faisons en sorte que chacun corrige ses propres erreurs, d'en faire un objet d'étude dans un climat serein, voire ludique.. Avec des pairs, par exemple... et en valorisant l'apprentissage, donc le traitement systématiquement actif (ou le plus actif possible) des erreurs.

Quand on ne se trompe pas, c'est qu'on savait déja, on n'a pas appris !

Si vous êtes intéressés, mon travail sur l'erreur et les ateliers est en ligne ici (annexes)

Les erreurs des élèves et les parents


Dédramatiser l'erreur et en faire un objet d'étude en classe est louable, puisqu'il permet l'apprentissage.

Mais si l'élève se fait réprimander à son retour à la maison parce qu'il s'est "trop trompé", il y a fort à parier que son seul objectif sera alors de se tromper le moins possible, quitte à moins chercher. (ne pas répondre est alors "moins grave")

D'où l'intérêt de prendre un moment avec les parents, par exemple lors de la réunion de rentrée, pour valoriser ce travail sur l'erreur et favoriser un discours commun entre l'école et "la maison".

Accepter les erreurs et celles de ses enfants n'a rien d'évident dans notre culture...

La négociation

*Elle est au coeur du dispositif et s'inscrit dans un travail de nature collaborative. (voir définition ci-dessous)

C'est un moment important où chacun exprime ses idées, ses démarches, tout en prenant en compte celles des autres. Le fait de formuler est une manière de donner corps à ses idées et de pouvoir intervenir sur elles.

Les études prouvent que le fait d'expliquer sa démarche permet à l'élève de mieux "visionner" sa compréhension, et de l'approfondir...

Enfin, négocier c'est apprendre à se "justifier", "démontrer", "s'expliquer". C'est une manière de valider (ou le contraire) des réponses avec des arguments, cela montre le caractère fiable et accessible des maths, ce qui est très important !

*Etre écouté donne de la valeur à la parole de "l'élève chercheur", qui "propose".

*La négociation est un moment de recherche collective et de remise en question pour évoluer ensemble. Les élèves comprennent que "plusieurs propositions valent mieux qu'une", et que chacun progresse en étudiant les propositions des autres, qu'elles soient justes ou erronées. Comprendre "ce qui ne va pas", et pourquoi, est une manière d'apprendre efficace...

Il est important de faire sortir de l'image du "bon" et du "mauvais élève" en prenant toutes les propositions en compte... et il y a parfois des surprises !

L'élève en difficulté

Il bénéficie d'explications, de justifications simples venant de ses pairs, dans un langage plus proche du sien que ne l'est celui de l'enseignant, dans un autre rapport également.

Le fait d'entendre des propositions d'élèves dans un groupe dont il fait partie le place en situation de "participant". C'est un premier pas important.

Faisons confiance aux élèves, laissons-les s'expliquer et débattre, ils le font très bien...


Une petite video de 3' sur la coopération: ici


Comprendre "ce qui va, et ce qui ne va pas" et dire pourquoi, c'est déja apprendre...

Différence coopération/collaboration:


  • Travail coopératif

« Dans le cadre d'un travail réalisé de façon coopérative, il y aura une répartition claire du travail entre ses participants. De façon concrète, il sera assigné à chaque élève une tâche claire et concrète. Par la suite, les travaux individuels de chaque élèves seront assemblés et formeront le travail final.

Dans cette forme de travail l'apprenant sera responsable de sa propre production, mais il devra néanmoins apprendre à interagir avec les autres participants afin que le travail final puisse être cohérent. »

  • Travail collaboratif

« Dans le cadre d'un travail réalisé de façon collaborative, il n'y aura aucune répartition du travail entre ses participants. En effet ces derniers travailleront tous ensemble à chaque étape de l'élaboration du travail. Il sera donc impossible, une fois le travail réalisé, d'identifier le travail fourni par chacun.

Ce type de travail se base sur les capacités de communication et d'interaction de chacun. »

source


Le dispositif ProblemaTwitt, l'élaboration des problèmes par les enseignants, la résolution en ateliers par les élèves, vive la collaboration !

Différenciation

Les étapes des ateliers de négociation sont communes à tous les élèves, néanmoins, le rôle (primordial) d'observation et d'écoute de l'enseignant pendant leur déroulement permet de situer précisément les difficultés, et apporter une remédiation personnalisée en aval.

Bien sûr, il est impossible de suivre ce qui se dit dans tous les ateliers et d'entendre la parole de chacun, mais en se déplaçant dans la classe, il est possible de suivre les négociations et prendre des notes. C'est un bon moyen pour effectuer ce retour.

L'élève est invité à identifier le type de ses erreurs et ses difficultés, afin d'intervenir pour progresser (grille d'auto-évaluation en cycle 3 et 4)

Il est intéressant de développer l'autonomie pour un maximum d'implication : l'élève essaie de se corriger et de ne pas répéter le même type d'erreurs d'un problème à l'autre, et peut demander l'intervention d'un tiers ou de l'enseignant s'il n'y parvient pas seul.

Lorsque l'élève ou l'enseignant a identifié une difficulté précise, des exercices de remédiation correspondant à cette difficulté sont proposés. (Travail sur la consigne, le choix du calcul, entrainement au calcul lui-même, etc.)

On voit bien et on devine l'intérêt de proposer très régulièrement des activités problèmes et des ateliers de négociation pour des progrès concrets sur du long terme...


La constitution des groupes: pistes

Le travail en groupe doit permettre à chacun d'apprendre mieux que tout seul.

En ce sens, il parait logique de ne pas faire des groupes de niveaux où des élèves en difficultés resteraient ensemble devant leurs difficultés, et où les élèves performants seraient tous en accord.

On peut donc être tenté de faire simplement des groupes hétérogènes, mais il est bon de se pencher sur la meilleure constitution possible. Voici quelques conseils:

  • constituer des groupes hétérogènes, mais avec peu d'écart entre les élèves

  • faire des groupes de 4 élèves maximum, 3 étant idéal. Il est tout à fait possible de faire quelques binômes : être souple !

  • si un élève refuse le travail en groupe (ça arrive!) il est invité à écouter les propositions des autres la première fois, et à participer la fois suivante.. En douceur.. Souvent ces élèves refusent d'abord, et se laissent prendre au jeu quand tout le monde participe...

  • les groupes doivent être "cohérents", c'est à dire faciliter les échanges. Ils peuvent être réalisés en fonctions d'affinités entre élèves... (ou pas!)

Rappel: la phase de négociation ne laisse aucune place à celle de "leader" qui impose son point de vue. Il est important d'intervenir et rappeler les règles, si cela se produit... Un élève ne peut participer que s'il accepte les règles de la négociation...



Posture de l'enseignant


1- Pendant les ateliers de négociation

Elle est primordiale ! Et elle ne "va pas de soi"...

En effet, l'enseignant n'est pas censé négocier avec les élèves ! :p

Ce sont eux les acteurs, ils ne reçoivent pas d'aide de l'enseignant, puisque tout l'enjeu vient des échanges entre élèves, justement...

Pendant les ateliers, l'enseignant écoute et observe afin de réguler. Il peut:

  • intervenir pour garantir le volume sonore qui aura tendance à monter au fil des négociations... (mais c'est du bruit de travail, du "bon bruit" ;-) ) D'où la nécessité de prévoir chuchotements et voix basse comme règle de base..

  • rappeler les règles des ateliers (pas de leader, et tout le monde donne son avis)

  • répondre à des questions sur la consigne, des problèmes "techniques", sur la matériel etc.

Ce qu'il ne doit pas faire:

  • aiguiller vers la réponse

  • aider

  • dire ce qui est juste ou faux


2- A l'issue des ateliers

C'est la phase de validation en groupe classe, des propositions de groupes.

Encore une fois, il est intéressant de laisser les avis se confronter entre les groupes..

Le conflit socio-cognitif est très riche, faisons confiance à nos élèves, laissons-les s'exprimer et écoutons... ;-)

Ainsi c'est un moment de: "qu'en pensez-vous ?", "pourquoi", "justifiez votre réponse", "comment en être sûr?", "y a-t-il une autre manière de faire ?" etc.

... jusqu'à l'obtention de la réponse juste (ou des réponses justes) et son écriture et affichage dans la classe (référence pour la suite)

Pour ceux qui n'ont pas l'habitude des ateliers, tout ça peut paraître effrayant: rassurez-vous, les élèves adorent qu'on leur fasse confiance et que l'enseignant les laisse chercher du début à la fin, ensemble !


Pour rappel, les postures enseignantes de D. Bucheton: allez, on oublie la posture de contrôle :-) on lâche prise, c'est agréable pour tout le monde... Vous voilà prêts pour les ANM ! (ateliers de négociation en mathématiques) Go!



Le moment d'institutionnalisation

Phase de validation: les pistes

La métacognition

C'est le fait de prendre conscience de ses connaissances: l'élève prend du recul sur ce qu'il sait et ce qu'il apprend, et de quelle manière: c'est un acte fondamental dans les apprentissages..

Elle se produit pendant les ateliers quand l'élève explique, utilise la classification des erreurs, utilise des codes, des outils...

Montrer la variétés des démarches et des approches, les exprimer clairement, favorise le recul des élèves..Ils s'interrogent sur ce qui est le plus efficace (pour eux, car on a des préférences..), font le liens avec d'autres problèmes, des recoupements...


Un article des Cahiers Pédagogiques ici


Le conflit sociocognitif:

« Une régulation socio-cognitive est définie par l’élaboration, parfois collective et parfois individuelle, de nouveaux instruments cognitifs, caractéristiques du progrès cognitif. Dans ce cas, la régulation du conflit ne s’effectue plus simplement par un changement de réponses socialement manifestes assurant la réduction du conflit, mais au contraire par un changement plus fondamental résultant d’une réorganisation cognitive de l’un ou de plusieurs des partenaires, consistant de fait en une coordination des points de vue ou des centrations initialement opposés. Cette transformation suppose donc une activité cognitive centrée sur la comparaison et l’intégration des systèmes de réponses, des définitions d’abord contradictoires de l’objet ou de la relation cognitive qui préside à la tâche » (De Paolis & Mugny, 1991, cité.e.s par Bourgeois & Nizet, 2005).



L'oral d'élaboration

Enjeux et problématiques (Eduscol)

Le langage oral n'est pas seulement un moyen de communication, d'expression, il est aussi, notamment à l'école, un outil d'élaboration de la pensée, des savoirs, de construction de soi, un moyen d'apprendre. Tout comme l'écrit, certains usages de l'oral permettent de développer des habiletés cognitives : argumentation, décentration, esprit critique, problématisation, conceptualisation, etc.

Ces formes d'oral réflexif instaurent le questionnement des expériences, des textes, des phénomènes et visent à transformer les objets du monde en objets d'étude et de savoirs. Il ne s'agit plus de parler de son vécu mais à partir de celui-ci. L'oral d'élaboration, qui permet un travail de reprise et de décentration, rend possible la production d'énoncés plus généraux et décontextualisés. De nouvelles acquisitions lexicales et syntaxiques sont alors rendues nécessaires pour mettre en œuvre ces usages typiquement scolaires du langage.

Toutes les pratiques d'oralité ne se valent pas pour apprendre à l'école. Les usages réflexifs de l'oral doivent faire l'objet d'un apprentissage systématique, inscrit dans la durée, notamment pour les élèves qui sont le plus éloignés des attendus scolaires.

suite...


Comprendre un énoncé de problème en mathématiques n’est pas toujours simple pour des élèves, mais c’est déterminant pour la réussite… Serge Petit et Annie Camenisch nous proposent ici quelques pistes pour travailler sur la langue en mathématiques en cycle 2 : article (Source: Au fil des maths 2018)


La manipulation

Elle est bénéfique et proposée lors des ateliers pour les élèves qui le souhaitent. C'est un bon moyen de mettre en évidence une démarche qu'on veut expliquer aux autres. N'hésitez pas à proposer du matériel et des moyens de tracer, entourer faire des paquets, etc.

L'enseignant qui observe comprend bien les cheminements, et peut proposer une remédiation efficace le cas échéant.

D'un point de vue pratique, prendre une photo montrant une démarche est très rapide dans le cadre de ProblemaTwitt.. Il est possible d'écrire le MathOutil sur feuille, la photographier et l'envoyer... en quelques minutes l'envoi pour tous les groupes est terminé (pratique notamment en cycle 2)



Le climat de classe

La coopération, l'interaction entre les élèves, la négociation induisent une réelle implication, favorable à un climat serein...

Les élèves qui pratiquent régulièrement la négociation prennent l'habitude de se justifier, d'être écouté et d'écouter. L'engagement est plus actif, l'attention est différente du fait d'être "entre élèves", sans contrôle de l'enseignant... C'est également une marque de confiance entre les élèves et l'enseignant très positive...

Le côté ludique, le fait d'avoir des destinataires d'une autre classe, d'une autre école, parfois sur une longue durée, permet de développer des liens, et présente un facteur de motivation indéniable.. (les "twictonautes" confirmeront !)

La règle "tout le monde parle, il n'y a pas de chef" a un impact qui dépasse les ateliers..

Enfin, le sentiment d'auto-efficacité, d'avoir progressé à l'issue des ateliers et pouvoir le mesurer crée un climat de satisfaction et d'apaisement, et les enfants le disent !

Filmer les ateliers est intéressant pour faire formuler les élèves qui osent le moins: quelle magie de leur montrer le moment de leurs: "ça y est, j'ai compris !" et leur faire dire ce qu'il ont appris.. C'est concret, et ça compte beaucoup !

Et... tous les élèves apprennent !!


D'autres ressources spécifiques aux problèmes mathématiques dans la partie "Problèmes/théorie"